Affichage des articles dont le libellé est pesticides. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est pesticides. Afficher tous les articles

lundi 6 mars 2023

A propos d'un rappel d'oranges de Tunisie en France

L’information sur un rapppel d’orange maltaise de Tunisie de la marque Orsero, El Hana et en vrac le 3 mars 2023 par RappelConso a suscité chez moi une interrog, à propos du motif du rappel : «Décision des autorités suite à la mise en place de la MUS (mission des urgences sanitaires) dans le cas d'un dépassement de LMR avec ARFD non applicable.» Quézaco pour le consommateurs ?

Hum, hum, s’agit-il de pesticide ? Pourquoi ne dit-on pas clairement !

La notification au RASFF de l’UE par la France le 3 mars 2023 est plus explicite : chlorpyrifos et imazalil au-dessus de la LMR dans des oranges de Tunisie.

Ce que ne dit pas la notification au RASFF de l’UE, c’est que produit a été aussi rappelé au Luxembourg le 3 mars en raison de la résence d’une «teneur élevée d’un résidu phytopharmaceutique».

Autre curiosité, l’affichette du rappel par les distributeurs qui est identique, tant en France qu’au Luxembourg, ne mentionne pas le motif du rappel, jugez plutôt.
Enfin, et c’est à noter, les organges ont été commercialisées du 10 au 20 février 2023 et le rappel a eu lieu le 3 mars 2023, étonnant, non ?

Le libellé du motif du rappel de RapppelConso demandant des précisions et un éclairage, le blog vous propose, dans un but d’information, des précisions ...

LMR: Limite Maximale De Résidus
Une denrée conforme à la législation européenne est considérée saine pour la santé du consommateur. Dans ce cas-là, les résidus éventuels se trouvent au-dessous de la limite maximale de résidus (LMR). Dans le cas d’un dépassement de la LMR, il est très important de vérifier si ce dépassement pose un problème pour la santé publique. En utilisant la valeur de l’ARfD et les outils de l’Agence Fédérale Belge pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA), il est possible d’évaluer s’il existe un risque réel imminent pour la santé publique. L’AFSCA dispose d’un outil en ligne afin que vous puissiez vous-même effectuer l’analyse des risques. Pour accéder à cet outil, cliquez au lien «Calcul PSTI* - Evaluation du risque pour le consommateur en cas de dépassement d’une limite maximale en résidus de pesticides (LMR)» à cette page web de l’AFSCA**.

Qu'est-ce qu'une dose de référence aiguë (ARFD)?
L’ARfD représente la quantité de résidus de pesticides qu’un individu ne doit pas dépasser au cours d'un repas ou d’une journée et est exprimée en kg de poids vif.

Pourquoi le concept de dose de référence aiguë?
Avec l’évaluation des pesticides on a découvert qu’une seule ingestion de certains végétaux avec un taux relativement élevé de résidus pouvait conduire dans certains cas à des intoxications aiguës. Pour évaluer la possibilité d'une telle intoxication, le concept de dose aiguë (ARfD) a été mis en place. Ce concept a été ajouté à l’évaluation des effets des contaminants. Auparavant, seuls les effets chroniques étaient évalués, à partir desquels on ne faisait que mesurer les effets à long et moyen terme d’une consommation de contaminants.

La valeur estimée de consommation (PSTI, Predicted Short Terme Intake / IESTI, International Estimate of Short-Term Intake) et la donnée toxicologique de référence (ARfD) sont ensuite comparées :
Si PSTI < ARfD : Absence de risque pour le consommateur.
Si PSTI > ARfD : Risque pour le consommateur.

*Les paramètres ci-dessous permettent d’évaluer la quantité du pesticide en dépassement qui serait ingérée par le consommateur (PSTI ou IESTI):
LP : Large Portion, elle est exprimée en kg/jour et correspond à la consommation au 97,5 percentile pour la denrée considérée.
U : Poids unitaire de la denrée exprimée en kg.
FV : Facteur de variabilité dépendant du poids unitaire de la denrée.
PF : Facteur de transformation ou Facteur d’épluchage (déterminé comme le ration des résidus dans le produit transformé/pelé divisé par la concentration en résidus dans le produit non transformé/non pelé). Cette donnée n’est pas disponible pour tous les couples pesticides/produits.
pc: Poids corporel moyen.

** Ce fichier permet de d'évaluer si une denrée ne respectant pas une LMR représente un risque sérieux pour la santé des consommateurs. L'estimation de l'ingestion d'un pesticide donné au cours d'un repas/journée (Predicted Short Terme Intake [PSTI]) est effectué suivant les méthodes de calcul actuellement en vigueur dans l'UE.

Références

Mise à jour du 7 mars 2023
Patatras, RappelConso signale désormais le rappel d'orange maltaise le 7 mars en lieu et place du 3 mars indiqué dans l'article, voir aussi le rappel chez Auchan le 3 mars. Totalement incompréhensible !
Le résultat est que le Luxembourg a eu quatre jours d'avance sur la France.

mercredi 1 mars 2023

Vos fraises sont-elles fades ? Des pesticides pourraient en être la cause

«Vos fraises sont fades ? Les pesticides pourraient en être la cause», source ACS News.

«Insights into the Mechanism of Flavor Loss in Strawberries Induced by Two Fungicides Integrating Transcriptome and Metabolome Analysis» (Aperçus du mécanisme de la perte de saveur de fraises induite par deux fongicides intégrant l'analyse du transcriptome et du métabolome).

Avez-vous déjà mordu dans une fraise rouge dodue, pour la trouver fade et aqueuse ? Certains pesticides pourraient être responsables. Une équipe rapportant dans Journal of Agricultural and Food Chemistry de l'ACS a découvert que deux fongicides communs aux fraises peuvent avoir un impact sur les mécanismes cellulaires, créant des baies avec une saveur et une douceur modérées, ainsi qu'une valeur nutritionnelle inférieure.

Le profil de saveur de tout produit, y compris les baies, est le résultat de son goût et de son odeur - la douceur provient souvent de la quantité de glucose ou de fructose dissous, et un arôme unique provient de composés volatils, tels que les esters et les terpènes. De plus, de nombreux fruits regorgent également de nutriments, notamment de vitamine C, d'acide folique et d'antioxydants. Mais parce que les fongicides sont conçus pour perturber les processus cellulaires des champignons nuisibles, ils pourraient accidentellement interférer avec ces processus dans les cultures, inhibant la production de ces composés aromatiques et nutritionnels importants. Ainsi, Jinling Diao et ses collègues ont voulu étudier comment deux pesticides couramment utilisés sur les fraises, le boscalide (BOS) et le difénoconazole (DIF), qui affectent des voies moléculaires spécifiques dans les baies.

Les chercheurs ont cultivé trois groupes de fraises (Fragaria x ananassa Duch) dans des conditions identiques, en appliquant du BOS ou du DIF à deux des groupes lorsque les baies étaient encore vertes. Même après traitement, les baies adultes étaient identiques en taille et en couleur à celles cultivées sans pesticide. Pourtant, sous la surface, l'équipe a trouvé un certain nombre de changements chimiques causés par les deux fongicides :

- Les niveaux de sucres solubles et de nutriments, tels que le saccharose et la vitamine C, ont été réduits.
- Les sucres ont été convertis en acides, réduisant davantage le goût sucré.
- La quantité de composés volatils a changé, atténuant le goût et l'arôme de la baie.

En regardant de plus près, l'équipe a découvert que le BOS avait un effet direct sur la régulation des gènes impliqués dans les voies cellulaires liées à la production de sucres, de composés volatils, de nutriments et d'acides aminés. Enfin, lors d'un test de goût à l'aveugle, les personnes ont toujours préféré les fraises non traitées. Les chercheurs disent que ce travail pourrait fournir des conseils aux agriculteurs sur l'utilisation des pesticides.

mardi 28 février 2023

Echos du salon de l'Agriculture

Madame Ducros précise que le graphique vient de la FAO, données 2016, les consommations françaises ont encore baissé depuis.

Un rapport met en évidence des problèmes de sécurité des aliments au Vietnam

«Un rapport met en évidence des problèmes de sécurité des aliments au Vietnam», source Food Safety News.

Un rapport a examiné la sécurité sanitaire des produits alimentaire au Vietnam et a suggéré des moyens d'améliorer la situation.

L'étude, Imperatives for improvement of food safety in fruit and vegetable value chains in Viet Nam, publiée par la Banque asiatique de développement (BAD), s'est concentrée sur les chaînes de valeur des fruits et légumes dans le pays et comprenait une analyse en laboratoire d'échantillons prélevés sur le terrain.

La plupart des consommateurs achètent des fruits et légumes sur des marchés humides traditionnels, où la production n'a pas de labels de sécurité sanitaire et n'est pas certifiée ou traçable jusqu'aux exploitations agricoles. Les chambres froides des marchés pourraient réduire les pertes après récolte et le risque de contamination microbienne, selon le rapport.

La collecte de données comprenait une revue de la littérature publiée, des entretiens avec des agriculteurs, des fournisseurs et des informateurs clés et l'échantillonnage des fruits et légumes à plusieurs points de la chaîne de valeur. Toutes les données ont été collectées de juin à juillet 2021.

Le gouvernement du Vietnam a désigné des zones de production de légumes en toute sécurité sanitaire. Les agriculteurs de ces zones ont été encouragés à former des coopératives de producteurs. Le gouvernement analyse régulièrement la qualité du sol et de l'eau ainsi que les légumes pour les résidus de pesticides une fois par an. L'élevage n'est pas autorisé pour réduire le risque de contamination croisée. Des chercheurs ont recommandé d'étendre cette idée à d'autres parties du pays pour promouvoir la sécurité sanitaire des fruits et légumes.

Résultats sur les agents pathogènes d'origine alimentaire
Une enquête menée pour l'étude a révélé que 91% des 32 répondants étaient préoccupés par la contamination des aliments en raison de l'utilisation de pesticides. Les entretiens ont également confirmé les problèmes d'utilisation abusive des pesticides dans les exploitations.

Les consommateurs sont moins préoccupés par les agents pathogènes d'origine alimentaire, en partie à cause de leur manque de connaissances et de sensibilisation, et aussi parce qu'ils pensent que le problème peut être résolu en lavant, en épluchant et en cuisinant correctement.

Les feuilles de moutarde, le concombre et le fruit du dragon ont été évalués pour les pesticides, les agents pathogènes d'origine alimentaire, les métaux lourds et les nitrates. Au total, 156 échantillons ont été testés pour la contamination microbienne, 60 ont été analysés pour les résidus de pesticides, 136 pour les métaux lourds et 116 pour les nitrates.

Salmonella a été détectée dans l'un des 32 échantillons de feuilles de moutarde prélevées dans les champs des agriculteurs et dans l'un des 15 échantillons provenant des marchés de gros.

Dix échantillons de feuilles de moutarde provenant de champs d'agriculteurs et de marchés de gros avaient des taux de E. coli supérieures au niveau maximal autorisé, tout comme neuf des 11 échantillons provenant du marché de détail.

Des entretiens avec des membres des coopératives de production et de distributeurs ont montré qu'aucun d'entre eux ne comprenait bien le risque lié aux agents pathogènes d'origine alimentaire.

Accent sur les autorités et la réglementation
L'utilisation excessive de pesticides est un facteur important de contamination des aliments au Vietnam. Les agriculteurs doivent être récompensés pour des produits sûrs tout en étant soumis à une application plus stricte des réglementations existantes, indique le rapport.

Le pays dispose d'un comité national de sécurité des aliments, mais pas d'agence centrale de sécurité des aliments. Les responsabilités sont réparties entre les ministères de l'agriculture, du commerce et de la santé, ce qui peut entraîner des contradictions et de la confusion lors de l'adoption de réglementations liées à la sécurité sanitaire des aliments.

Environ les deux tiers des personnes interrogées ont qualifié d'insuffisante la capacité du secteur public à gérer la sécurité sanitaire des aliments. Plus de la moitié pensaient qu'il était nécessaire de restructurer certaines lois et réglementations car le cadre juridique était trop vaste et complexe, ce qui compliquait son application.

Il a également révélé que les conclusions sur les capacités montraient la nécessité de renforcer les autorités de sécurité sanitaire des aliments en termes de ressources humaines, de meilleures installations et de budgets plus élevés.

Les autorités en charge de la sécurité des aliments se concentrent sur l'inspection et le contrôle des produits finis, mais pas autant sur la prévention de la contamination dans les processus de production et de commercialisation. Cette approche devrait être modernisée, selon le rapport.

Les chercheurs ont déclaré qu'il était nécessaire d’analyser plus systématiquement les contaminants et de rendre les résultats publics.

«Il existe également un besoin évident de renforcer la capacité des autorités de sécurité sanitaire des aliments, tant au niveau national qu'infranational. La gestion de la sécurité sanitaire des aliments doit être guidée par une compréhension claire et axée sur les facteurs de risque, une utilisation systématique des données, des responsabilités partagées entre les acteurs des secteurs privé et public et des mesures préventives mises en œuvre tout au long de la chaîne de valeur.»

vendredi 17 février 2023

L'Anses entend interdire les principaux usages du S-métolachlore. Quid de nos production agricoles ?

«S-métolachlore : vers l’interdiction des principaux usages pour préserver la qualité des eaux souterraines», source Anses du 15 février 2023.

L’Anses a mené une expertise sur le risque de contamination des eaux souterraines par la substance herbicide S-métolachlore et ses métabolites. L’évaluation montre que les concentrations estimées des trois métabolites métolachlore-ESA, métolachlore-OXA et métolachlore-NOA dans les eaux souterraines sont supérieures à la limite de qualité fixée par la législation européenne en la matière. Afin de préserver la qualité des ressources en eau, l’Anses engage la procédure de retrait des principaux usages des produits phytopharmaceutiques à base de S-métolachlore.

Le S-métolachlore est l’une des substances actives herbicides les plus utilisées en France. Elle se dégrade en métabolites qui migrent dans les milieux : les sols et les eaux de surface et eaux souterraines.

Lors des contrôles des eaux destinées à la consommation humaine, les métabolites du S-métolachlore ont été fréquemment détectés à des concentrations dépassant les normes de qualité.

Dans ce contexte, l’Agence a collecté toutes les données de présence des métabolites du S-métolachore dans les eaux (souterraines, de surface et distribuées pour la consommation humaine) à travers son dispositif de phytopharmacovigilance et publié son rapport en 2021. A l’issue de ce rapport, l’Agence a introduit des mesures de restriction dans les autorisations de mise sur le marché des produits à base de S-métolachlore, en particulier une réduction des doses maximales d’emploi pour le maïs, le tournesol, le soja et le sorgho.

Selon Les Echos,
Les producteurs de maïs, principaux utilisateurs de ce désherbant, mais aussi les planteurs de betteraves, d'oléagineux ou encore de pommes de terre ont fait part de leur inquiétude face à ce retrait. «C'est un nouveau coup de semonce pour le secteur agricole», ont fait savoir 5 organisations de producteurs. Cette procédure d'interdiction «intervient alors même que la procédure européenne de réexamen de l'autorisation de mise en marché de la molécule n'est pas arrivée à son terme», notent-ils.
Un décalage qui va provoquer selon elles des distorsions de concurrence avec les autres Etats membres. Ils appellent donc l'Anses à attendre la décision des autorités européennes.

mercredi 28 décembre 2022

A propos des «approximations» anxiogènes du lobby du bio sur les pesticides

Complément
Changement de position de l'agence Bio ...
Mise à jour du 4 janvier 2023

jeudi 17 novembre 2022

De l'usage des pesticides en agriculture conventionnelle et en agriculture biologique

mercredi 31 août 2022

Idée reçue n°5 : les pesticides tuent les abeilles (et la faune en général)

«Idée reçue n°5 : les pesticides tuent les abeilles (et la faune en général)», source Alerte Environnement.

Depuis plusieurs années, il est impossible d’évoquer les abeilles sans entendre parler de la surmortalité qui les frappe. Le grand public, conscient de l’importance de ces insectes dans les équilibres écologiques, s’émeut d’apprendre qu’elles mourraient en nombre à cause des… pesticides. Une cause de mortalité fixement indiquée par des écologistes, qui fait pourtant fi d’une réalité beaucoup plus complexe.

ONG, apiculteurs et grands médias se donnent souvent la main pour dénoncer les effets dévastateurs qu’auraient les pesticides sur les colonies d’abeilles. Un cri commun qui ne peut toutefois cacher la réalité scientifique. Oui, il y a des surmortalités dues à des pesticides. Non, ils ne sont pas les seuls responsables et leurs effets s’inscrivent dans un contexte plus large où les abeilles doivent faire face à de multiples menaces parfois venues des apiculteurs eux-mêmes.

Une surmortalité aux causes multiples
Depuis la fin des années 1990, la mortalité des abeilles a atteint des chiffres alarmants (jusqu’à environ 30% en 2018), à tel point que l’on parle désormais de surmortalité. Des ruchers entiers sont parfois perdus malgré les soins prodigués par les apiculteurs. Ainsi, la production de miel en France aurait diminué de 50% au cours des vingt dernières années. Les pesticides comme seuls responsables de cette effroyable évolution ? Gilles Salvat, directeur général délégué chargé de la santé et du bien-être des animaux à l’Anses (Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale) répond explicitement à cette question : «Le phénomène de mortalité des abeilles est multifactoriel, ce qui rend d’autant plus difficile son étude et sa prévention».

Les études scientifiques n’étant pas trop la tasse de thé des écologistes, il faut donc s’employer à rétablir quelques faits à défaut d’avoir toutes les réponses. L’ANSES a répertorié pas moins de 29 sources de mortalité connues chez les abeilles. Prédateurs, parasites, champignons, bactéries et virus : les dangers sont multiples et peuvent se conjuguer avec des conséquences très lourdes pour les ruches. Colonies affaiblies, voire perdues, les abeilles souffrent de maux multiples peu connues du grand public à l’image du varroa, une espèce d’acariens parasites de l’abeille (et de ses larves) originaire d’Asie. L’abeille domestique européenne ne résiste pas aux attaques de varroa et seuls des traitements entamés peu de temps après son apparition dans la ruche permet de sauver la colonie. Moins destructeur en nombre, mais dangereux et spectaculaire, le frelon asiatique est une menace qui n’existait pas pour l’abeille avant son apparition en France en 2004.

Les pesticides comme seuls responsables selon les écologistes
Sources directes ou indirectes du décès des abeilles, les «pesticides» sont pointés du doigt par les écologistes quand bien même seuls quelques-uns d’entre eux jouent un rôle prouvé dans la surmortalité des abeilles et sont progressivement retirés du marché. La chasse aux pesticides est souvent menée tambour battant par les écologistes sans réel fondement scientifique. Sous leur pression, le Gaucho avait été interdit, car supposément très nocif pour les abeilles. Or, plusieurs décisions de justice ont innocenté cet insecticide avec un point final mis par la cour de Cassation en janvier 2017. Une remise à l’endroit judiciaire et scientifique qui n’a pas refroidi les lobbies anti-produits phytosanitaires. Déjà vainqueurs au poing sur le plan médiatique, ils ont pu donner, un temps, l’illusion que les abeilles connaitraient des lendemains radieux sans un insecticide pourtant sans danger quand utilisé correctement et selon les normes établies par les autorités sanitaires…

Le Gaucho a pour grave faute morale, selon les écologistes, d’appartenir à la famille des substances néonicotinoïdes. Une famille honnie par les ONG pour ses «sévères effets négatifs sur les espèces non-cibles qui fournissent des services écosystémiques incluant la pollinisation et la lutte intégrée». Une critique de l’Anses reprise par les écologistes qui oublient toujours les conclusions de l’Agence : «il existe toujours un manque de connaissances concernant l’impact des néonicotinoïdes sur les abeilles».

Il existe donc des coupables idéals accusés à tort et souvent sans preuve, mais dont les ravages supposés sont bien mis en évidence dans des articles à charge. Ainsi, on va dénombrer des centaines de milliers d’abeilles mortes d’une exposition (réelle ou fantasmée) à un pesticide sans préciser qu’une ruche contient plus de 50 000 abeilles en moyenne. On joue avec les émotions et les chiffres sans se soucier de la réalité du terrain alors qu’il faut se pencher sérieusement sur l’exposition chronique aux produits phytosanitaires. Une tâche longue et ardue qui revient à des autorités sanitaires pointilleuses, mais qui n’enthousiasme guère des ONG avides de buzz.

Changement climatique et biodiversité en péril comme principaux maux
La raison principale de la surmortalité des abeilles reste peut-être à explorer. Il s’agit de l’appauvrissement des sources d’alimentation. Les abeilles ont besoin d’une nourriture abondante et de qualité. Les abeilles privilégient certaines plantes riches en pollen ou nectar, mais ont de plus en plus de difficulté à les trouver en raison de la baisse de la biodiversité. On assiste également à un raccourcissement de la période pendant laquelle diverses plantes mellifères en fleurs sont disponibles. Une plante mellifère sécrète du nectar ou du miellat, substances à partir desquelles l’abeille fait son miel. Cette rareté de plus en plus marquée contribue à la dégradation de l’état de santé des abeilles. Des abeilles plus fragiles et donc plus susceptibles de tomber sous les coups des parasites et autres menaces évoquées précédemment.

Le changement climatique met également à mal les colonies d’abeilles. Les grosses chaleurs, par exemple, ont tendance à diminuer le nombre de pollinisateurs et leur travail se fait à un rythme plus réduit. Les hivers de plus en plus doux peuvent aussi expliquer une surmortalité inquiétante. Une expérimentation dans laquelle des ruches ont été placées dans des conditions hivernales normales (moins de 12°C) montre une forte diminution de la mortalité.

Par ailleurs, les abeilles domestiques sont parfois victimes des apiculteurs. Ils ne sont que 3% (soit environ 2 000) à être professionnels en France. Cet engouement pour l’apiculture est une chance, mais tous les propriétaires de ruches ne manipulent pas toujours correctement leurs colonies. Le diagnostic de maladies ne sont pas forcément faits dans les temps et les traitements administrés pas toujours recommandés pour les abeilles elles-mêmes. Faute de connaissances assez poussées, certains apiculteurs contribuent – à leur insu – à la surmortalité de leurs petites protégées.

Enfin, l’Anses rappelle que de nombreux cas de mortalité ont aucune origine déterminée. La science, en l’état actuel, n’a pas toutes les réponses et ne peut donc pas penser des méthodes et gestes susceptibles de préserver les colonies d’abeilles. Le fait que les abeilles évoluent dans un environnement entièrement ouvert explique en partie cette difficulté. Cause(s) simple ou multiples, il est souvent difficile de déterminer avec certitude la mortalité des abeilles. La vigilance est donc de mise, car tout mettre sur le compte des produits phytosanitaires, c’est faire le choix de nier les autres et nombreuses causes de mortalité des abeilles. Pour régler les problèmes, il faut commencer par les identifier et les nommer…

Aux lecteurs du blog
La revue PROCESS Alimentaire censure pour une triste question d’argent les 10 052 articles initialement publiés gracieusement par mes soins de 2009 à 2017 sur le blog de la revue, alors que la revue a bénéficié de la manne de la publicité faite lors de la diffusion de ces articles. La revue PROCESS Alimentaire a fermé le blog et refuse tout assouplissement. Derrière cette revue, il faut que vous le sachiez, il y a une direction aux éditions du Boisbaudry, pleine de mépris, et un rédacteur en chef complice !

lundi 29 août 2022

La production de faux pesticides en hausse dans l'UE

«La production de faux pesticides en hausse dans l'UE», source Europol.
Dix arrestations et 1 150 tonnes de pesticides illégaux saisies dans le cadre de l'opération Silver Axe VII.

L'opération Silver Axe VII, coordonnée par Europol, s'est déroulée du 25 janvier au 25 avril 2022 et a impliqué les autorités répressives de 31 pays (25 États membres de l'UE et six pays tiers). L'Office de l'Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO), l'Office européen de lutte antifraude (OLAF), la DG SANTÉ de la Commission européenne, CropLife Europe et CropLife International ont soutenu l'opération.

La septième édition de Silver Axe, l'opération annuelle d'Europol ciblant les pesticides illégaux, a identifié les nouvelles tendances émergentes sur le marché noir européen des produits phytopharmaceutiques. Les activités opérationnelles de Silver Axe VII se sont concentrées sur les ports, aéroports et autres points d'entrée où l'importation et l'exportation de pesticides illégaux et contrefaits pouvaient être détectées. Ces actions ont conduit à dix arrestations, à la saisie de 1 150 tonnes de pesticides illégaux et contrefaits et au ciblage d'une usine où des pesticides étaient contrefaits.

Au cours de Silver Axe VII, les autorités ont détecté une augmentation du trafic de pesticides illégaux dans le sud de l'Europe et dans la région de la mer noire. Le nombre de cas de pesticides illégaux, provenant de Turquie, a fortement augmenté pendant Silver Axe VII.

Cependant, la Chine reste le premier pays source. On note également une augmentation des saisies de petits envois (jusqu'à 10 litres/kilogrammes). Le trafic de ces petits envois a augmenté au fil des ans. Outre les contrôles aux frontières, les autorités surveillent également les boutiques en ligne, qui fournissent une adresse physique pour la collecte des produits achetés en ligne. Bien que le trafic d'herbicides, d'insecticides et de fongicides contenant des substances interdites reste stable, l'opération a également révélé que la contrefaçon des marques couramment utilisées pour ces produits est désormais en augmentation.

En hausse, les produits contrefaits fabriqués dans l'UE
L'augmentation des saisies d'équipements de production et de matières premières expédiés vers l'Europe suggère une augmentation des activités de contrefaçon au sein de l'UE. Les services répressifs des États membres de l'UE détectent désormais plus souvent ces opérations de contrefaçon sur le sol de l'UE. Dans ce cadre, ils ont détecté un certain nombre de modus operandi. Le premier est l'importation de produits presque finalisés dans des conteneurs ressemblant à des marques connues. Une fois importés, ils n'ont qu'à être étiquetés avant d'être mis sur le marché noir. Le second est l'importation d'ingrédients illégaux pour la production de pesticides. Pour réduire les risques de détection, les produits chimiques ne sont utilisés qu'au stade final de la production, là où l'emballage est également contrefait. Au cours de l'opération Silver Axe VII, les autorités bulgares ont ciblé l'un de ces emplacements, dans une opération rare ciblant une installation de production. Au cours de l'opération, les agents ont saisi des matériaux d'emballage contrefaits et des pesticides illégaux, ce qui a conduit à l'ouverture d'une enquête pénale.

Un autre modus operandi est l'utilisation abusive du système de commerce parallèle, qui facilite les procédures d'approbation des pesticides vendus au sein de l'UE. Dans le cadre de ce système, un produit phytopharmaceutique autorisé dans un État membre (État membre d'origine) peut, sous réserve de l'octroi d'une autorisation de commerce parallèle, être introduit, mis sur le marché ou utilisé dans un autre État membre. Certains criminels abusent de ce système en introduisant des produits phytopharmaceutiques produits illégalement dans un État membre, prétendant frauduleusement qu'ils ont déjà été approuvés dans un autre État membre et supprimant ainsi la nécessité d'autres approbations.

4 921 tonnes, total des saisies de l'opération Silver Axe
Silver Axe a été initialement développé pour répondre de manière coordonnée au dangereux trafic de pesticides illégaux. Les efforts des secteurs public et privé ont permis la saisie d'un total de 4 921 tonnes de pesticides illégaux au cours des six dernières opérations Silver Axe. Europol a coordonné l'opération, facilité l'échange d'informations et fourni un soutien analytique opérationnel et stratégique.

NB : L'image est issue d'Europol.

Aux lecteurs du blog
La revue PROCESS Alimentaire censure pour une triste question d’argent les 10 052 articles initialement publiés gracieusement par mes soins de 2009 à 2017 sur le blog de la revue, alors que la revue a bénéficié de la manne de la publicité faite lors de la diffusion de ces articles. La revue PROCESS Alimentaire a fermé le blog et refuse tout assouplissement. Derrière cette revue, il faut que vous le sachiez, il y a une direction aux éditions du Boisbaudry, pleine de mépris, et un rédacteur en chef complice !

dimanche 14 août 2022

Idée reçue 2 : Il n’y a jamais eu autant de pesticides utilisés en France

Je vous propose cet article, «Idée reçue 2 : Il n’y a jamais eu autant de pesticides utilisés en France», source Alerte Environnement du 11 août 2022. cet article fait suite à «Idée reçue 1 : L’agriculture biologique n’utilise pas de pesticides» que le blog vous avait proposé, il y a quelque jours.

Les champs et cultures seraient «biberonnés», «aspergés» aux pesticides. Cette affirmation est un leitmotiv chez les écologistes à l’image de Yannick Jadot, candidat malheureux à l’élection présidentielle qui déclarait de plateau en plateau qu’ «on avait jamais utilisé autant de pesticides que sous le quinquennat Macron». Un tableau particulièrement effrayant pour les décroissants qui voient dans les produits phytosanitaires, la source de tous les maux de notre modèle agricole. Certains médias se sont chargés de démentir de tels propos, mais l’idée que les pesticides sont toujours plus utilisés reste imprimée dans l’inconscient collectif. Or, cela est faux. Les chiffres montrent qu’au cours des deux dernières décennies, la tendance de fond est bien à une réduction (importante) de l’usage des pesticides.

Des chiffres sur de courtes périodes à pendre avec des pincettes…
Pour affirmer le contraire, il suffit pour des associations environnementalistes comme Générations Futures de zoomer sur une année particulière. Ainsi, 2018 a connu une forte hausse des ventes de pesticides en France. C’est bien la preuve qu’il n’y en a jamais eu autant dans nos champs crient en cœur les ONG militantes. Pourtant, en prenant juste un petit peu de recul, on s’aperçoit que la réalité est plus complexe et surtout pas du tout en phase avec les discours des écologistes.

Si 2018 a connu une hausse des ventes de pesticides, c’est parce que les agriculteurs ont anticipé une forte augmentation de la redevance pour la pollution diffuse dont l’entrée en vigueur le 1er janvier 2019 a rendu plus coûteux le prix des produits phytosanitaires. Les professionnels ont préféré constituer des stocks pour ne pas subir une hausse des prix et ont donc moins acheté de pesticides en 2019. La vente de produits phytosanitaires a d’ailleurs enregistré une baisse de 12 % entre 2018 et 2019 en moyenne triennale. Décidément, la réalité est très différente de l’univers dans lequel évoluent les écologistes.

… Et des usages à analyser dans le détail
En plus du rapport au temps qu’il s’agit de bien apprécier pour déterminer les évolutions réelles du recours aux pesticides, il faut s’intéresser aux usages qui en sont faits. En 2021, 55 389 tonnes de matières actives ont été vendues en France. Un chiffre en augmentation de 7,9% par rapport à l’année précédente selon Phyteis, l’organisation professionnelle qui fédère 19 entreprises mettant sur le marché des solutions de protection des plantes à usage agricole (et représentant 96% du marché français en valeur). L’usage des pesticides a donc bien augmenté entre 2020 et 2021. Cette hausse est liée à deux facteurs. La hausse du prix des matières premières (comme le cuivre) a été anticipée par de nombreux agriculteurs. Un réflexe somme toute classique qui vient mettre en évidence l’utilisation de pesticides dans l’agriculture…biologique.
En effet, le cuivre et le soufre sont abondements utilisés en agriculture biologique, et ont connu une hausse importante de leurs ventes. Ces deux produits sont particulièrement pondéreux et viennent augmenter le tonnage annuel des ventes. En 2021, ils ne représentaient pas moins de 34,9% des volumes de matières actives commercialisées. Une réalité qui échappe là encore à des écologistes qui font semblant de ne pas savoir que les pesticides font partie intégrante de l’agriculture biologique.
Une tendance de fond en forte baisse
Une fois les phénomènes annuels expliqués, il convient de s’intéresser aux vagues de fond. Et là encore, la tendance se confirme : l’usage des pesticides est en (forte) baisse sur le temps long. Depuis 1999, les quantités de pesticides vendues ont baissé de 54%. La baisse est constante puisque les quantités ont diminué de 29,5% depuis 2008. La tendance de fond est donc bien à la baisse et ce, de manière marquée.

D’autres données gouvernementales vont dans le même sens. Les substances actives les plus préoccupantes (classées CMR) ont vu leur part baisser de 28% à 12% entre 2009 et 2020. Par ailleurs, le nombre de produits phytopharmaceutiques autorisés en France est passé de 3 036 à 1 660 entre 2008 et 2020. Le nombre de substances actives homologuées a elle aussi diminué passant de 425 à 323 au cours de cette même période.
La baisse du nombre de produits phytosanitaires et molécules autorisés n’est pourtant pas sans conséquence. Les bioagresseurs – à savoir les maladies, les ravageurs et les adventices – peuvent devenir résistants. A l’image des antibiotiques qui ne font plus effet, les pesticides peuvent voir leur intérêt s’amenuiser si un bioagresseur a développé une forme de résistance. C’est pourquoi il est important d’utiliser un panel varié de substances phytosanitaires.

Des solutions alternatives aux pesticides qui fonctionnent, mais incapables de les supplanter totalement
L’agriculture française est donc engagée vers une utilisation toujours moindre des pesticides. Cette réduction s’inscrit dans le cadre d’exigences réglementaires et européennes de plus en plus fortes. Les agriculteurs prennent soin des sols et privilégient des substances qui n’ont pas ou peu d’impact sur leur qualité et rendements à long terme. Pourtant, on en arrive parfois à des paradoxes qui passent en dehors des radars médiatiques. Le cuivre en est la parfaite illustration puisqu’il vient augmenter sensiblement les volumes de vente des produits phytosanitaires alors que cette solution prisée de l’agriculture biologique est de plus en plus décriée pour ces effets sur l’environnement.

La baisse du recours aux produits phytosanitaires est une réalité statistique et dans les champs. Les pouvoirs publics – sous la pression des ONG écologistes – appellent à poursuivre cette évolution qui n’est possible que grâce à l’engagement des agriculteurs. Cette évolution est-elle cependant pérenne ? La fin du recours aux produits phytosanitaires est-elle une fin en soi ? Cet objectif poussé par les seuls écologistes ne tient pas compte de la réalité du travail agricole et des enjeux en termes de rendements, de sécurité alimentaire, de coûts pour les consommateurs et même de qualité. L’agriculture française est une des plus productives et respectueuses de l’environnement. Vouloir remettre en cause les produits phytosanitaires, c’est sacrifier une partie des récoltes et voir une partie de la population se priver de produits sains et indispensables. Un pari plus que risqué…

Aux lecteurs du blog
La revue PROCESS Alimentaire censure pour une triste question d’argent les 10 052 articles initialement publiés gracieusement par mes soins de 2009 à 2017 sur le blog de la revue, alors que la revue a bénéficié de la manne de la publicité faite lors de la diffusion de ces articles. La revue PROCESS Alimentaire a fermé le blog et refuse tout assouplissement. Derrière cette revue, il faut que vous le sachiez, il y a une direction aux éditions du Boisbaudry, pleine de mépris, et un rédacteur en chef complice !

vendredi 5 août 2022

Idée reçue 1 : L’agriculture biologique n’utilise pas de pesticides

Je relaie bien volontiers l’article du blog Alerte Environnement, «Idée reçue 1 : L’agriculture biologique n’utilise pas de pesticides».

Faites un sondage autour de vous, il est à parier que 95 % des répondants associeront «bio» à l’absence de recours aux «pesticides» par les agriculteurs. Cette idée reçue est bien ancrée, car entretenue par un lobby du bio actif, et trouvant un certain écho dans une partie des médias à l’image de la presse féminine, Femme Actuelle et Madame Figaro étant de bons exemples. Or, aucune production destinée à faire vivre son producteur ne peut se passer de produits phytosanitaires, c’est-à-dire de pesticides. Et oui, contrairement aux idées reçues, les ravageurs et maladies ne s’arrêtent pas aux portes des champs bio…

Naturels / chimiques : une différence pas évidente…
Qu’ils soient dits «naturels» pour l’agriculture biologique ou «de synthèse» dans le cadre de l’agriculture conventionnelle, les pesticides sont absolument indispensables. Par «naturel», il faut comprendre des molécules présentes à l’état naturel et qui n’ont pas été développées en laboratoire. L’agriculture biologique dispose ainsi de plusieurs dizaines de substances «naturelles» homologuées. Ça c’est la théorie, parce qu’en pratique, c’est bien sûr plus compliqué. Dans les faits, les substances homologuées en bio sont souvent élaborées par les mêmes entreprises qui développent et commercialisent les pesticides dits «de synthèse». Tout simplement parce que trouver ces substances dans la nature est presque impossible, à l’exemple du sulfate de cuivre, la bonne vieille «bouillie bordelaise».

Des substances «naturelles» loin d’avoir des effets anodins
«Naturel» ne signifie pas sans risque. Les pesticides utilisés par les producteurs bio sont eux aussi soumis à des autorisations de mise sur le marché et à un encadrement très strict notamment en termes de dosage.

Le cuivre, principal fongicide utilisé en agriculture biologique, a vu par exemple son autorisation renouvelée fin 2018 pour une durée de sept ans. Cependant, les quantités de cuivre autorisées ont été réduites de 6 kg/ha/an à 4 kg/ha/an avec un lissage sur sept ans. Autrement dit, son usage par les agriculteurs ne peut pas excéder 28kg/ha sur un septennat (avec des variations possibles d’une année à l’autre).

Autre exemple de pesticide «bio» pas anodin pour la faune, la flore et l’Etre humain : le Neemazal, un insecticide d’origine végétale. Sa substance active, l’azadirachtine issu du margousier (arbre qu’on retrouve sous les climats tropicaux et semi-tropicaux) est connue pour sa toxicité pour les pollinisateurs et ses effets de «perturbation endocrinienne». En France, son usage est soumis à des demandes de dérogations que doivent solliciter les filières chaque année.

Dernier exemple bien connue : la roténone. Cette molécule issue de racines de plantes tropicales a été utilisée comme insecticide en agriculture biologique pendant des décennies. Or, d’après de nombreuses études, son usage est associé à un risque multiplié par 2,5 de développer la maladie de Parkinson. Son usage a été interdit à partir de 2009.

Une caricature du bio et du conventionnel savamment entretenue par le lobby du bio
Les molécules naturelles ne sont sans risque. Cette réalité rarement mise en avant vient percuter l’image caricaturale entretenue par le lobby du bio. Des agriculteurs jeunes (pardon des «paysans»), cultivant de petites surfaces, «sans recours aux pesticides» et vendant leurs récoltes dans les AMAP. L’image d’Epinal est séduisante, mais tout aussi fausse que celle d’une agriculture conventionnelle de plus en plus inhumaine et vouée à polluer l’environnement.

Au-delà de ces murs artificiels, la réalité est bien plus complexe : beaucoup d’agriculteurs conventionnels font aussi du bio. Les pratiques mises en place pour un mode de culture peuvent l’être aussi pour l’autre. Les méthodes de biocontrôle (ex. : confusion sexuelle) qui permettent une moindre utilisation des produits phytosanitaires sont par exemple utilisées dans les deux modèles.

Les producteurs savent gérer le risque
Qu’elle soit utilisée en bio ou en conventionnel, chaque substance phytosanitaire représente un danger, à l’image d’ailleurs de nos médicaments. L’enjeu est de gérer le risque, c’est-à-dire d’utiliser ces substances quand il le faut, à la bonne dose, et suivant des bonnes pratiques… ce que savent parfaitement faire nos producteurs. Tous les rapports des autorités sanitaires européennes (EFSA) et française (ANSES) le disent et le redisent : nos productions agricoles n’ont jamais été aussi saines.

Aux lecteurs du blog
La revue PROCESS Alimentaire censure pour une triste question d’argent les 10 052 articles initialement publiés gracieusement par mes soins de 2009 à 2017 sur le blog de la revue, alors que la revue a bénéficié de la manne de la publicité faite lors de la diffusion de ces articles. La revue PROCESS Alimentaire a fermé le blog et refuse tout assouplissement. Derrière cette revue, il faut que vous le sachiez, il y a une direction aux éditions du Boisbaudry, pleine de mépris, et un rédacteur en chef complice !