Je relaie bien volontiers
l’article du blog Alerte Environnement, «Idée
reçue 1 : L’agriculture biologique n’utilise pas de pesticides».
Faites un sondage autour de
vous, il est à parier que 95 % des répondants associeront «bio» à
l’absence de recours aux «pesticides» par les agriculteurs. Cette
idée reçue est bien ancrée, car entretenue par un lobby du bio
actif, et trouvant un certain écho dans une partie des médias à
l’image de la presse féminine, Femme
Actuelle et Madame
Figaro étant de bons exemples. Or, aucune production destinée à
faire vivre son producteur ne peut se passer de produits
phytosanitaires, c’est-à-dire de pesticides. Et oui, contrairement
aux idées reçues, les ravageurs et maladies ne s’arrêtent pas
aux portes des champs bio…
Naturels / chimiques : une différence pas évidente…
Qu’ils soient dits «naturels» pour l’agriculture biologique ou
«de synthèse» dans le cadre de l’agriculture conventionnelle,
les pesticides sont absolument indispensables. Par «naturel», il
faut comprendre des molécules présentes à l’état naturel et qui
n’ont pas été développées en laboratoire. L’agriculture
biologique dispose ainsi de plusieurs dizaines de substances
«naturelles» homologuées. Ça c’est la théorie, parce qu’en
pratique, c’est bien sûr plus compliqué. Dans les faits, les
substances homologuées en bio sont souvent élaborées par les mêmes
entreprises qui développent et commercialisent les pesticides dits
«de synthèse». Tout simplement parce que trouver ces substances
dans la nature est presque impossible, à l’exemple du sulfate de
cuivre, la bonne vieille «bouillie bordelaise».
Des substances «naturelles» loin d’avoir des effets
anodins
«Naturel» ne signifie pas sans risque. Les pesticides utilisés par
les producteurs bio sont eux aussi soumis à des autorisations de
mise sur le marché et à un encadrement très strict notamment en
termes de dosage.
Le cuivre, principal fongicide utilisé en agriculture biologique, a
vu par exemple son autorisation renouvelée fin 2018 pour une durée
de sept ans. Cependant, les quantités de cuivre autorisées ont été
réduites de 6 kg/ha/an à 4 kg/ha/an avec un lissage sur sept ans.
Autrement dit, son usage par les agriculteurs ne peut pas excéder
28kg/ha sur un septennat (avec des variations possibles d’une année
à l’autre).
Autre exemple de pesticide «bio» pas anodin pour la faune, la flore
et l’Etre humain : le Neemazal, un insecticide d’origine
végétale. Sa substance active, l’azadirachtine issu du margousier
(arbre qu’on retrouve sous les climats tropicaux et semi-tropicaux)
est connue pour sa toxicité pour les pollinisateurs et ses effets de
«perturbation endocrinienne». En
France, son usage est soumis à des demandes de dérogations que
doivent solliciter les filières chaque année.
Dernier exemple bien connue : la roténone. Cette molécule issue de
racines de plantes tropicales a été utilisée comme insecticide en
agriculture biologique pendant des décennies. Or, d’après de
nombreuses études, son usage est associé à
un risque multiplié par 2,5 de développer la maladie de Parkinson.
Son usage a été interdit à partir de 2009.
Une caricature du bio et du conventionnel savamment
entretenue par le lobby du bio
Les molécules naturelles ne sont sans risque. Cette réalité
rarement mise en avant vient percuter l’image caricaturale
entretenue par le lobby du bio. Des agriculteurs jeunes (pardon des
«paysans»), cultivant de petites surfaces, «sans recours aux
pesticides» et vendant leurs récoltes dans les AMAP. L’image
d’Epinal est séduisante, mais tout aussi fausse que celle d’une
agriculture conventionnelle de plus en plus inhumaine et vouée à
polluer l’environnement.
Au-delà de ces murs artificiels, la réalité est bien plus complexe
: beaucoup d’agriculteurs conventionnels font aussi du bio. Les
pratiques mises en place pour un mode de culture peuvent l’être
aussi pour l’autre. Les méthodes de biocontrôle (ex. : confusion
sexuelle) qui permettent une moindre utilisation des produits
phytosanitaires sont par exemple utilisées dans les deux modèles.
Les producteurs savent gérer le risque
Qu’elle soit utilisée en bio ou en conventionnel, chaque substance
phytosanitaire représente un danger, à l’image d’ailleurs de
nos médicaments. L’enjeu est de gérer le risque, c’est-à-dire
d’utiliser ces substances quand il le faut, à la bonne dose, et
suivant des bonnes pratiques… ce que savent parfaitement faire nos
producteurs. Tous les rapports des autorités sanitaires européennes
(EFSA) et française (ANSES) le disent et le redisent : nos
productions agricoles n’ont jamais été aussi saines.
Aux lecteurs du blog
La
revue PROCESS
Alimentaire
censure pour une triste question d’argent les 10 052 articles
initialement publiés gracieusement par mes soins de 2009 à 2017 sur
le blog de la revue, alors que la revue a bénéficié de la manne de
la publicité faite lors de la diffusion de ces articles. La revue
PROCESS
Alimentaire
a fermé le blog et refuse tout assouplissement. Derrière cette
revue, il faut que vous le sachiez, il y a une direction aux éditions
du Boisbaudry, pleine de mépris, et un rédacteur en chef complice !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.