Je vous propose cet article, «Idée
reçue 2 : Il n’y a jamais eu autant de pesticides utilisés
en France», source Alerte Environnement du 11
août 2022. cet article fait suite à «Idée
reçue 1 : L’agriculture biologique n’utilise pas de pesticides»
que le blog vous avait
proposé, il y a quelque jours.
Les champs et cultures seraient «biberonnés», «aspergés» aux
pesticides. Cette affirmation est un leitmotiv chez les écologistes
à l’image de Yannick
Jadot, candidat malheureux à l’élection présidentielle qui
déclarait de plateau en plateau qu’ «on avait jamais utilisé
autant de pesticides que sous le quinquennat Macron». Un tableau
particulièrement effrayant pour les décroissants qui voient dans
les produits phytosanitaires, la source de tous les maux de notre
modèle agricole. Certains médias se sont chargés de démentir
de tels propos, mais l’idée que les pesticides sont toujours
plus utilisés reste imprimée dans l’inconscient collectif. Or,
cela est faux. Les chiffres montrent qu’au cours des deux dernières
décennies, la tendance de fond est bien à une réduction
(importante) de l’usage des pesticides.
Des chiffres sur de courtes périodes à pendre avec des
pincettes…
Pour affirmer le contraire, il suffit pour des associations
environnementalistes comme Générations Futures de zoomer sur une
année particulière. Ainsi, 2018 a connu une forte hausse des ventes
de pesticides en France. C’est bien la preuve qu’il n’y en a
jamais eu autant dans nos champs crient en cœur les ONG militantes.
Pourtant, en prenant juste un petit peu de recul, on s’aperçoit
que la réalité est plus complexe et surtout pas du tout en phase
avec les discours des écologistes.
Si 2018 a connu une hausse des ventes de pesticides, c’est parce
que les agriculteurs ont anticipé une forte augmentation de la
redevance pour la pollution diffuse dont l’entrée en vigueur le
1er janvier 2019 a rendu plus coûteux le prix des produits
phytosanitaires. Les professionnels ont préféré constituer des
stocks pour ne pas subir une hausse des prix et ont donc moins acheté
de pesticides en 2019. La vente de produits phytosanitaires a
d’ailleurs enregistré une baisse
de 12 % entre 2018 et 2019 en moyenne triennale. Décidément, la
réalité est très différente de l’univers dans lequel évoluent
les écologistes.
… Et des usages à analyser dans le détail
En plus du rapport au temps qu’il s’agit de bien apprécier pour
déterminer les évolutions réelles du recours aux pesticides, il
faut s’intéresser aux usages qui en sont faits. En 2021, 55 389
tonnes de matières actives ont été vendues en France. Un chiffre
en augmentation
de 7,9% par rapport à l’année précédente selon Phyteis,
l’organisation professionnelle qui fédère 19 entreprises mettant
sur le marché des solutions de protection des plantes à usage
agricole (et représentant 96% du marché français en valeur).
L’usage des pesticides a donc bien augmenté entre 2020 et 2021.
Cette hausse est liée à deux facteurs. La hausse du prix des
matières premières (comme le cuivre) a été anticipée par de
nombreux agriculteurs. Un réflexe somme toute classique qui vient
mettre en évidence l’utilisation de pesticides dans
l’agriculture…biologique.
En effet, le cuivre et le soufre sont abondements utilisés en
agriculture biologique, et ont connu une hausse importante de leurs
ventes. Ces deux produits sont particulièrement pondéreux et
viennent augmenter le tonnage annuel des ventes. En 2021, ils ne
représentaient pas moins de 34,9% des volumes de matières actives
commercialisées. Une réalité qui échappe là encore à des
écologistes qui font semblant de ne pas savoir que les pesticides
font partie intégrante de l’agriculture biologique.
Une tendance de fond en forte baisse
Une fois les phénomènes annuels expliqués, il convient de
s’intéresser aux vagues de fond. Et là encore, la tendance se
confirme : l’usage des pesticides est en (forte) baisse sur le
temps long. Depuis 1999, les quantités de pesticides vendues ont
baissé de 54%. La baisse est constante puisque les quantités ont
diminué
de 29,5% depuis 2008. La tendance de fond est donc bien à la
baisse et ce, de manière marquée.
D’autres données gouvernementales vont dans le même sens. Les
substances actives les plus préoccupantes (classées CMR) ont vu
leur part baisser de 28% à 12% entre 2009 et 2020. Par ailleurs,
le nombre de produits
phytopharmaceutiques autorisés en France est passé de 3 036 à
1 660 entre 2008 et 2020. Le nombre de substances actives homologuées
a elle aussi diminué passant de 425 à 323 au cours de cette même
période.
La baisse du nombre de
produits phytosanitaires et molécules autorisés n’est pourtant
pas sans conséquence. Les bioagresseurs – à savoir les maladies,
les ravageurs et les adventices – peuvent devenir résistants. A
l’image des antibiotiques qui ne font plus effet, les pesticides
peuvent voir leur intérêt s’amenuiser si un bioagresseur a
développé une forme de résistance. C’est pourquoi il est
important d’utiliser un panel varié de substances phytosanitaires.
Des solutions alternatives aux pesticides qui
fonctionnent, mais incapables de les supplanter totalement
L’agriculture française est donc engagée vers une utilisation
toujours moindre des pesticides. Cette réduction s’inscrit dans le
cadre d’exigences réglementaires et européennes de plus en plus
fortes. Les agriculteurs prennent soin des sols et privilégient des
substances qui n’ont pas ou peu d’impact sur leur qualité et
rendements à long terme. Pourtant, on en arrive parfois à des
paradoxes qui passent en dehors des radars médiatiques. Le cuivre en
est la parfaite illustration puisqu’il vient augmenter sensiblement
les volumes de vente des produits phytosanitaires alors que cette
solution prisée de l’agriculture biologique est de plus en plus
décriée pour ces effets sur l’environnement.
La baisse du recours aux produits phytosanitaires est une réalité
statistique et dans les champs. Les pouvoirs publics – sous la
pression des ONG écologistes – appellent à poursuivre cette
évolution qui n’est possible que grâce à l’engagement des
agriculteurs. Cette évolution est-elle cependant pérenne ? La fin
du recours aux produits phytosanitaires est-elle une fin en soi ? Cet
objectif poussé par les seuls écologistes ne tient pas compte de la
réalité du travail agricole et des enjeux en termes de rendements,
de sécurité alimentaire, de coûts pour les consommateurs et même
de qualité. L’agriculture française est une des plus productives
et respectueuses de l’environnement. Vouloir remettre en cause les
produits phytosanitaires, c’est sacrifier une partie des récoltes
et voir une partie de la population se priver de produits sains et
indispensables. Un pari plus que risqué…
Aux lecteurs du blog
La revue PROCESS
Alimentaire
censure pour une triste question d’argent les 10 052 articles
initialement publiés gracieusement par mes soins de 2009 à 2017 sur
le blog de la revue, alors que la revue a bénéficié de la manne de
la publicité faite lors de la diffusion de ces articles. La revue
PROCESS
Alimentaire
a fermé le blog et refuse tout assouplissement. Derrière cette
revue, il faut que vous le sachiez, il y a une direction aux éditions
du Boisbaudry, pleine de mépris, et un rédacteur en chef complice !
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