lundi 16 janvier 2023

France : Quelques rappels de produits alimentaires pour la semaine du 9 au 14 janvier 2023

Dans un précédent article, il avait été signalé les 31 rappels du 1er au 6 janvier de 2023. Voici ceux de cette semaine du 9 au 14 janvier avec au passage encore un oubli de RappelConso, soit 20 rappels, dont 5 rappels chacun pour cause de présence de Listeria et de Salmonella, et encore 3 rappels de coquillages pour cause de norovirus. 
22 rappels cette semaine, si l’on ne compte pas l’oubli de RappelConso.

9 janvier 2023
Des petit pois doux Bio surgelés pour cause de présence de morelle, rappel signalé la semaine dernière.
Clams pour cause de norovirus
Moules de bouchot pour cause de norovirus
Fromage Grand Duc pour cause de présence de Listeria monocytogenes.
Saucisson sec bio pour cause de Salmonella.
Saucisson sec bio pour cause de Salmonella, commercialisé du 21/11/2022 au 28/01/2023.
Saucisson sec bio pour cause de Salmonella, commercialisé du 21/11/2022 au 24/01/2023.
g>Saucisson sec bio pour cause de Salmonella, commercialisé du 25/11/2022 au 28/01/2023.

10 janvier 2023
Grignot’ de poulet saveur chorizo pour cause de présence de Listeria monocytogenes, commercialisé du 09/12/2022 au 30/12/2022.

11 janvier 2023
Claousou, fromage, pour cause de présence de Listeria monocytogenes, commercialisé du 12/12/2022 au 09/01/2023. Ce rappel en France a fait l’objet d’une notification au RASFF de l’UE, voir ci-dessous. Rappel en Belgique.
Potimarron pour cause de pesticides, commercialisé du 18/12/2022 au 28/12/2022.

12 janvier 2023
Steak haché à la demande au rayon traditionnel boucherie pour cause de Salmonella, commercialisé du 03/01/2023 au 08/01/2023.
Salmon Queen B pour cause de présence de Listeria monocytogenes, commercialisé  09/01/2023 au 14/01/2023.
Bouchées vapeur Shumai recette au porc pour cause de Salmonella, commercialisé du 15/12/2022 au 09/01/2023.
Saumon rouge du Pacifique fumé sauvage 4 tranches, 120g pour cause de présence de Listeria monocytogenes, commercialisé du 15/12/2023 au 06/01/2023.

13 janvier 2023
Conserves les bonnes recettes de Vanessa et Grégory (Pâté de campagne, Pâté de campagne à l'ail des ours, Pâté de campagne aux cèpes, Pâté de lapin à la sarriette, Pâté grand mère, Pâté grand mère aux cèpes, Joue de porc confites, Pâté de canard à la fève de Tonka) pour cause de problème de stabilité des conserves, commercialisé du 01/06/2021 au 31/12/2022. Cela ressemble étrangement à un rappel similaire du 6 janvier 2023.
Riz gluant pour cause de dépassement des limites autorisées de pesticides.
Huîtres creuses de Bretagne pour cause de norovirus, commercialisé du 28/12/2022 au 29/12/202. Ce rappel a été imposé par arrêté préfectoral.
Boisson concentrée à diluer Bitter. La teneur en colorant rend ce produit non conforme à la réglementation en vigueur. Il y a tout de même 24 lots.

14 janvier 2023
Petit reblochon de Savoie en raison de la possible présence de staphylocoques (principe de précaution), commercialisé du 26/12/2022 au 14/01/2023. Des analyses microbiologiques existent, donc s’il y a une mesure à évoquer c’est celle de la prévention et non pas du principe de précaution ! Voir l’article du blog de 2019, Quand on confond mesure de précaution et principe de précaution, à propos des avis de rappels de produits alimentaires en France. De plus, ce fromage était commercialisé depuis 19 jours, où est la précaution ?
Spécialité végétale au lait d'amande et noix de cajou pour cause de suspicion de Listeria monocytogenes.18 références, cela fait beaucoup ...

Oubli de RappelConso
Il s’agit du rappel le 11 janvier 2023 de sucre de coco bio vrac suite à la présence possible de sulfites, source CarrefourMagasins U et Casino. Pour information, il ne s'agit pas du sucre de coco bio rappelé le 9 décembre 2022.

RASFF 2023
8 notifications pour les produits d’origine France depuis le début de l'année 2023.

- 10 janvier 2023, notification 2023.0216 par la France, détection de Listeria monocytogenes dans un fromage de brebis au lait thermisé, Claousou.
- 10 janvier 2023, notification 2023.0215 par la France, détection de norovirus dans des huîtres
- 10 janvier 2023, notification 2023.0209 par la France, détection de corps étrangers dans du thon tartinable.
- 9 janvier 2023, notification 2023.0156 par la France, retrait du marché des huîtres à la suite de la fermeture de la zone de production en raison de la détection de norovirus et d’intoxication alimentaire.
- 6 janvier 2023, notification 2023.0127 par l’Italie, norovirus dans des huîtres de France
- 6 janvier 2023, notification 2023.0126 par la Belgique, Salmonella dans des aliments à base poisson de France.
- 5 janvier 2023, notification 2023.0101 par la France, norovirus dans des huîtres de France
- 3 janvier 2023, notification 2023.0043 par la France, E. coli (STEC) détecté dans des croissants surgelés de France.

NB : Photo d'illustration

samedi 14 janvier 2023

La science contre les oiseaux de malheur. Merci M. Alain Aspect !

Après ses encouragements dans La science n'est pas l'ennemi des problèmes actuels, la science est la solution. Lancez-vous dans la science ...

Il me plaît bien Alain Aspect, notre prix Nobel de physique, il faut que la science l’emporte sur tous les oiseaux de malheur, les naturopathes, les charlatans, les elfes, les gnomes, etc.

Brésil : Les mauvais nouveaux premiers pas de Lula en matière de sécurité sanitaire

Cela ne va pas dans la bonne direction, «Les changements de Lula au ministère brésilien de l'agriculture suscitent des critiques», source Reuters du 13 janvier 2023.

Les changements apportés par le nouveau gouvernement du président Luiz Inacio Lula da Silva à une agence fédérale chargée de faire respecter les normes sanitaires des produits agricoles brésiliens suscitent les critiques des fonctionnaires du ministère de l'Agriculture, selon des documents.

Une note interne du ministère vue par Reuters avertit qu'un décret publié le 1er janvier réorganisant le personnel de l'agence pourrait saper les services d'inspection des aliments et un réseau critique de six laboratoires fédéraux chargés de contrôler les vaccins, les médicaments vétérinaires et les pesticides phytosanitaires.

Le ministère n'a pas commenté ces changements, qui s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges de la nouvelle administration pour réduire les dépenses publiques.

Les changements au ministère, qui ont touché 84 postes selon un document interne distinct, surviennent alors que le monde est aux prises avec des épidémies de grippe aviaire et que le secteur brésilien de la viande est en état d'alerte après des cas signalés dans cinq pays d'Amérique du Sud.

Dans le mémo, signé par un groupe de fonctionnaires opposés aux changements, ils demandent instamment que le remaniement soit reconsidéré «au nom de la santé publique».

Le syndicat ANFFA, qui représente les auditeurs fédéraux qui inspectent les usines alimentaires du plus grand exportateur de poulet au monde, a dénoncé la refonte.

«Le réseau des laboratoires fédéraux a lutté contre des réductions budgétaires drastiques et des pénuries critiques de personnel pendant des années», a déclaré l'ANFFA dans un communiqué à Reuters. «Les tensions sont montées après la publication du décret.»

Le lobby de la viande ABPA, qui représente des entreprises telles que JBS et BRF a déclaré à Reuters qu'il soutenait le maintien du budget de l'agence de sécurité alimentaire et le renforcement des services d'inspection.

Merci à Joe Whitworth de m'avoir fourni cette information.

NB : La photo est issue de Wikipédia.

«Affaire du lait contaminé : l'étau judiciaire se resserre sur Lactalis», selon Le Figaro

«Affaire du lait contaminé : l'étau judiciaire se resserre sur Lactalis», source article d’
Olivia Détroyat paru dans Le Figaro du 14 janvier 2023.

Plus de cinq ans après l'affaire du lait infantile infecté à la salmonelle, qui avait contaminé 37 nourrissons (Selon cet article paru dans Eurosurveillance le 28 mars 2019, «33 cas confirmés ont été signalés dans l'UE : 31 en France, 1 en Belgique et 1 au Luxembourg.» -aa), l'étau judiciaire se resserre sur Lactalis. Selon nos informations, le géant laitier, dont l'usine Celia de Craon (Mayenne) avait été identifiée comme la source d'un des plus grands scandales sanitaires de la dernière décennie, est sur le point d'être mis en examen.

Plus précisément, deux des sociétés du groupe propriétaire des marques Milumel et Picot viennent d'être convoquées le 16 février prochain par le juge d'instruction du tribunal judiciaire de Paris. Cela en vue d'une possible mise en examen, pour «inexécution de mesures de retrait et rappels», ainsi que« tromperie aggravée» et «blessures involontaires». Des motifs non cumulatifs pour lesquels le géant aux 22 milliards d'euros de chiffre d'affaires encourt une sanction de 3,75 millions d'euros (au titre du non retrait-rappel).

Fin 2017, un nombre anormalement élevé de contaminations de bébés à la salmonelle avait alerté les services de Santé Publique France. Rapidement, l'usine Lactalis de Craon est identifiée comme la source, amenant à un premier retrait-rappel de douze lots de lait infantile le 2 décembre, puis à l'arrêt du site le 8 décembre pour nettoyage. (Selon l’article paru dans Eurosurveillance, «Suite à la détection d'une épidémie le 18 janvier 2019, la consommation de préparations pour nourrissons à base de riz fabriquées dans une usine en Espagne a été identifiée comme la cause probable, entraînant un rappel le 24 janvier.» -aa). Quelques jours plus tard, jugeant ces mesures insuffisantes, Bercy avait lancé un retrait plus massif de 620 lots. Jusqu'à ce que Lactalis finisse par rappeler tous ses laits fabriqués à Craon sur l'année précédente. Le lendemain, une enquête préliminaire est ouverte contre le groupe et cinq sites du géant laitier sont perquisitionnés dans la foulée. Depuis octobre 2018 et l'ouverture par le parquet de Paris d'une information judiciaire contre X, l'enquête, ralentie par le Covid et le changement d'un juge instruction, n'avait que peu avancé.

Commentaire
L’article pointe ainsi «la source d'un des plus grands scandales sanitaires de la dernière décennie». Je ne le crois pas.
Selon l’EFSA, l’épidémie à E. coli O104:H7, en 2011, probablement pas liée à des graines de fénugrec d’Egypte, a été responsible de 48 décès en Allemagne et un en Suède. Le nombre total de cas rapportés dans l’UE, la Norvège et la Suisse a été de 4 178.

A ma connaissance le dernier point d’information de Santé publique France est «Cas de salmonellose de sérotype Poona chez des nourrissons : point au 18 février 2019», d(où jextrais ce qui suit :

Le 24 janvier 2019, l'entreprise Sodilac a procédé au retrait et au rappel de toute sa gamme de produits de nutrition infantile à base de protéines de riz et, de manière élargie, de l'ensemble des fabrications issues dusite de production espagnol concerné. Il s’agissait de produits de la marque Modilac.

Le 25 janvier 2019, Lactalis a procédé à un retrait et au rappel de la référence Picot Anti Régurgitation, seule référence produite sur le même site espagnol que les laits Modilac.

Douze bébés ont été hospitalisés pour leur salmonellose et sont sortis depuis. Tous les enfants vont mieux ou sont guéris.

Quant à «inexécution de mesures de retrait et rappels» concernant les deux sociétés mises en cause, il faudrait aussi voir du côté de l’information sur les rappels par nos autorités sanitaires …

Par ailleurs, au sujet des rappels en France, comment peut-on exécuter une mesure de rappel, quand le consommateur est informé du rappel d’un produit commercialisé plusieurs jours voir plusieurs mois auparavant ?

A propos de la campagne Alcool et «Bonne santé»

Intéressante cette campagne de Santé publique France, d'autant qu'elle ouvre tout un champ des possibles en matière de limitations ou d'interdictions, c'est comme on veut, 'Alcool et «Bonne santé»'
, une association paradoxale dénoncée dans la nouvelle campagne de Santé publique France.

Avec la période des fêtes, le mois de janvier est souvent synonyme de célébrations accompagnées de consommations d’alcool, pour se souhaiter une bonne année et trinquer «à la santé» de ses proches et de sa famille. Pourtant, l’alcool n’a rien à voir avec la bonne santé.

J’aimerais pouvoir dire qu’il n’y a pas seulement au moment des vœux de «Bonne santé» que l’on peut être amener éventuellement à boire de l’alcool, pourquoi dès lors s'arrêter à la nouvelle année. Ainsi en va-t-il pour le pot de départ en retraite, le sujet est d’actualité en ce moment ...

Autre aspect souvent mis en avant, la victoire d’un sportif de haut niveau, ainsi «Le tennisman Richard Gasquet remporte à Auckland le 16e titre de sa carrière ...» A 36 ans, c’est pas mal, mais la question n'est-elle pas, demain, va-t-on bannir ce genre d'image ?
A suivre ...

Mise à jour du 25 janvier 2023
On lira dans FigaroVox cet article de Jean-Robert Pitte: «N’ayons pas honte de trinquer à la santé d’autrui!».
Une campagne de Santé publique France, diffusée du 9 au 31 janvier, interpelle sur le caractère absurde de se souhaiter une «bonne santé» en trinquant avec des verres d’alcool. L’académicien raconte l’histoire millénaire de cette pratique et défend les plaisirs et les vertus du bon vin.

Les plasmides et la propagation des gènes de résistance aux antibiotiques, même sans pression antibiotique

Transfert d'un plasmide (boucle verte) entre deux cellules bactériennes par le processus de conjugaison. Source : Getting et al. Microbiology Spectrum, janvier 2018.

Les bactéries partageant leurs gènes de résistance aux antibiotiques sont l'un des principaux vecteurs de la crise actuelle de la résistance aux antimicrobiens. Vilhelmiina Haavisto explore comment Salmonella Typhimurium utilise un plasmide pour partager des gènes de résistance dans l'intestin des mammifères, même sans pression antibiotique. Source tweet de l’ASM.

«Les plasmides et la propagation des gènes de résistance aux antibiotiques», source article de Vilhelmiina Haavisto paru ASM News du 13 janvier 2023.

Bien que l'utilisation des antibiotiques soit l'une des innovations humaines les plus importantes, leur efficacité est continuellement érodée par la ruse de leurs cibles microbiennes. Une fois qu'une seule bactérie a muté pour devenir résistante aux antibiotiques, elle peut transférer cette résistance à d'autres bactéries autour d'elle grâce à un processus connu sous le nom de transfert horizontal de gènes. L'un des principaux véhicules de transfert de gènes entre bactéries sont de petits morceaux circulaires d'ADN ou plasmides. Les plasmides peuvent être transférés par contact physique direct entre les bactéries dans un processus connu sous le nom de conjugaison, qui aide les bactéries à partager leurs gènes de résistance aux antibiotiques avec leurs voisins.

Bien que la conjugaison soit bien comprise au niveau moléculaire, la façon dont elle se déroule dans les environnements que les bactéries habitent réellement, plutôt qu'en laboratoire, est beaucoup moins claire. Un pathogène gastro-intestinal particulièrement polyvalent, Salmonella enterica serovar Typhimurium, est particulièrement intéressant pour les études sur le partage de gènes de résistance car il forme des réservoirs dits persistants chez ses hôtes. Dans ces cas, des cellules résistantes aux antibiotiques se cachent dans le tissu intestinal ou d'autres organes après une infection et migrent vers la lumière intestinale pour provoquer des réinfections après la disparition de la pression antibiotique.

Les plasmides ‘helper’ facilitent la conjugaison
Comme S. Typhimurium rencontre fréquemment des bactéries intestinales, le partage de plasmides et la propagation de gènes de résistance sont une réelle préoccupation. Une étude récemment publiée dans Journal of Bacteriology de l'ASM a découvert qu'une souche particulière de S. Typhimurium, connue sous le nom de SL1344, partage ses plasmides avec d'autres bactéries à l'aide d'un autre plasmide. L'étude, dirigée par des chercheurs de l'ETH Zurich en Suisse, s'est concentrée sur un plasmide qui code pour les gènes de résistance à la streptomycine et aux sulfamides, appelé P3 en abrégé. Cependant, P3 n'a pas les gènes pour la machinerie de conjugaison elle-même, ce qui signifie qu'il a besoin d'un plasmide ‘helper’ pour se déplacer entre les cellules ; chez S. Typhimurium, ce plasmide helper est appelé P2.

Au niveau de la séquence, P3 ressemble très étroitement à un autre plasmide connu sous le nom de pRSF1010, qui a une large gamme d'hôtes, ce qui signifie qu'il peut se répliquer dans une grande variété d'espèces bactériennes. Ainsi, les chercheurs ont émis l'hypothèse que P3 pourrait être transféré de S. Typhimurium à diverses espèces bactériennes dans l'environnement intestinal des mammifères, propageant potentiellement des gènes de résistance aux antibiotiques au fur et à mesure. L'hypothèse a été testée sur des souris.

Les souris ont d'abord été infectées par l'une des espèces bactériennes réceptrices, parmi lesquelles des représentants de la flore intestinale humaine, puis par S. Typhimurium 24 heures plus tard. Les chercheurs ont ensuite surveillé la croissance du receveur et de S. Typhimurium, ainsi que la fréquence de transfert de P3, en analysant les matières fécales des souris pendant 3 jours. Ils ont identifié le transfert de P3, médié par P2, se produisant entre S. Typhimurium et 4 receveurs appartenant à la classe des Gammaproteobacteria, représentant les commensaux intestinaux ainsi que les bactéries associées aux plantes.

Dans l'ensemble, P3 semble être très «partageable» entre diverses bactéries, à l'intérieur et au-delà de l'intestin des mammifères. Cependant, les chercheurs ne s'attendaient pas à ce que le plasmide soit transféré s'il n'y avait pas de pression antibiotique, car cela ne profiterait pas directement aux bactéries pour héberger des gènes de résistance. Ils ont été surpris par leurs découvertes. «Pour moi, la chose la plus frappante était que… le plasmide était absorbé par d'autres bactéries même sans la pression sélective [des antibiotiques]», explique Marla Gaissmaier, premier auteur de l'étude et actuellement doctorante au LMU de Munich, Allemagne. «Je n'ai même pas attaqué la bactérie avec de la streptomycine, il n'y avait donc aucun avantage physique directement visible à prendre le plasmide.»

Le paradoxe du plasmide
Cependant, on ne sait toujours pas si P3 persiste chez ses receveurs sur le long terme et pourquoi il a été transféré en premier lieu, même lorsqu'il n'a pas directement profité aux bactéries. C'est ce qu'on appelle le ‘paradoxe du plasmide’, auquel plusieurs solutions ont été proposées. Par exemple, le plasmide peut présenter des avantages de remise en forme inconnus en plus de la résistance aux antibiotiques. En effet, une étude récente utilisant un autre plasmide de résistance à large gamme d'hôtes a montré qu'il peut avoir un large éventail d'effets sur différentes souches réceptrices, certaines obtenant un avantage de forme physique en maintenant le plasmide. Alternativement, le plasmide peut également agir comme un ‘ADN purement égoïste’, uniquement concerné par sa propre persistance et réplication.

Le transfert de plasmide conjugatif s'est également avéré être perpétué par des produits pharmaceutiques non antibiotiques, tels que certains analgésiques et bêta-bloquants. Dans une étude de 2022, des chercheurs ont découvert que des médicaments courants tels que l'ibuprofène et le propranolol peuvent stimuler le transfert d'un plasmide multirésistant à large spectre, RP4, de Pseudomonas putida à des bactéries phylogénétiquement diverses dans les boues activées. Les chercheurs ont également montré que la surproduction d'espèces réactives de l'oxygène par les bactéries en présence de produits pharmaceutiques a probablement contribué à cette activité conjugative améliorée.

Gérer la crise de la résistances aux antimicrobiens (RAM)
Les guides de bonnes pratiques recommandent de réduire l'utilisation et l'abus d'antibiotiques dans les milieux cliniques et agricoles afin de réduire la pression sélective pour le transfert des gènes de résistance. Par conséquent, la propagation de plasmides tels que P3 et RP4 en l'absence de cette pression est préoccupante, car elle suggère que la réduction de l'utilisation d'antibiotiques et de la pollution pourrait ne pas suffire à freiner la résistance croissante. «Cela signifie que la résistance aux antibiotiques peut se propager même lorsque les antibiotiques ne sont pas impliqués», a expliqué Gaissmaier, une «pensée effrayante».

Dans l'ensemble, les études qui sondent les mécanismes et la dynamique du transfert de plasmides entre les bactéries sont d'une importance vitale. En comprenant où, comment et à quelle fréquence les plasmides sont partagés, nous pouvons continuer à rechercher et à développer des solutions pour les agents pathogènes multirésistants émergents, ainsi qu'à quantifier les risques et à gérer les populations mondiales sans cesse croissantes d'agents pathogènes résistants aux antibiotiques. De plus, nous pouvons également comprendre ce qui rend un plasmide ‘partageable’ et même comment arrêter la conjugaison de se produire pour freiner la propagation de la résistance aux antibiotiques. La célèbre phrase de Sun Tzu, «connais ton ennemi», prend un nouveau sens face à la crise de la résistance aux antimicrobiens.

France : Retour sur une épidémie nationale à Salmonella liée à des saucisses sèches

Eurosurveillance nous propos un article qui revient sur une épidémie
nationale de plusieurs sérotypes à Salmonella Bovismorbificans ST142 et de Salmonella Typhimurium ST34 monophasique associée à des saucisses sèches de porc en France, septembre 2020 à janvier 2021.

Message clé de santé publique
Que vouliez-vous aborder dans cette étude ?
Salmonella enterica subsp. enterica est la principale cause d'infections diarrhéiques d'origine alimentaire en Europe. Les protocoles de diagnostic actuels ciblent les infections à agent unique, mais pas les infections à sérotypes multiples. Nous avons voulu décrire une récente épidémie de Salmonella à sérotypes multiples chez l'homme en France en 2020, qui a donné lieu à une enquête internationale.
Qu'avons-nous appris de cette étude ?
L'épidémie a touché 44 personnes en association avec la consommation de produits secs de charcuterie (saucisse sèche droite et saucisse sèche courbe) de porc contaminées par deux sérotypes différents de Salmonella. Les investigations identifiant plusieurs sérotypes de Salmonella dans les aliments étaient compliquées et nécessitaient la collaboration de sept institutions différentes. L'identification des deux sérotypes n'a été possible que dans un seul échantillon alimentaire.
Quelles sont les implications de vos découvertes pour la santé publique ?
Cette étude met en évidence la nécessité d'améliorer les procédures pour mieux détecter les contaminations mixtes des produits alimentaires par différents sérotypes de Salmonella, qui, selon nous, peuvent passer inaperçues avec les procédures de laboratoire standard actuelles.

Pour mémoire,
- le communiqué du ministère de l’agriculture du 26 novembre 2020, «Retrait et rappel de saucisses sèches et de rosettes tranchées contaminées par des salmonelles» parlait de 26 cas de salmonellose dont 17 enfants.
- Le rappel de rosette a eu lieu le 18 novembre 2020 en Belgique.
- Le blog avait publié le 26 novembre 2020 un article, France: Epidémie de salmonellose liée à des produits de charcuterie, 26 cas dont 17 enfants.

Dans la discussion de l’article, les auteurs notents (extraits) :
Nous décrivons une épidémie nationale de salmonellose impliquant 44 cas dans deux groupes microbiologiques par deux sérotypes : 33 cas avec S. Bovismorbificans ST142 et 11 cas avec le variant monophasique de S. Typhimurium ST34. Les deux clusters étaient associés à la consommation de saucisses sèches de porc produites par le même fabricant entre septembre et novembre 2020. Les enquêtes épidémiologiques ont pointé la consommation de saucisses de marque A commercialisées par la chaîne de supermarchés 1. De plus, l'enquête sur les cartes de fidélité des supermarchés a renforcé cette association, en enregistrant l'achat du produit suspect quelques jours avant la date d'apparition des symptômes dans la plupart des registres.

Des mesures de contrôle ont été mises en œuvre à la suite des enquêtes épidémiologiques du cluster S. Bovismorbificans avec trois rappels/retraits en novembre 2020. Le cluster S.4,12:i:- a été identifié fin décembre, mais l'apparition des symptômes de la plupart des cas s'est produite avant le 30 novembre (sauf un cas en décembre). Suite aux rappels et retraits des produits suspects, la détection des cas humains a rapidement décliné. Les agences de santé internationales ont été informées du premier groupe d'épidémies (S. Bovismorbificans) par le biais des notifications au RASFF et à EpiPulse en raison de l'exportation du produit dans d'autres pays européens. Aucun cas appartenant au premier groupe n'a été signalé hors de France et aucun génome appartenant au deuxième groupe n'a été identifié sur EnteroBase pour aucun autre pays.

S. Bovismorbificans n'a été isolé qu'à partir d'un échantillon alimentaire fourni par un patient. Bien qu'une contamination post-achat par le patient soit possible, les données épidémiologiques et l'absence de nouveaux cas suite aux rappels et retraits ont fortement soutenu l'hypothèse d'une contamination du produit avant la vente.

Dans cette éclosion, bien qu'il n'ait pas été possible d'isoler les deux sérotypes de Salmonella à partir d'un seul échantillon alimentaire ou humain, une qPCR a identifié les deux sérotypes dans le même échantillon alimentaire. Ceci a suggéré que les produits alimentaires pouvaient avoir été contaminés à des taux différents par les deux sérotypes, simultanément, échappant aux procédures standards des laboratoires de microbiologie pour l'identification des contaminations multi-souches. À cette fin, la détection d'un signal Salmonella positif par qPCR dans un échantillon de pré-enrichissement peut être une approche puissante pour une détection et une enquête rapides. Néanmoins, la méthode devrait être standardisée et une confirmation devrait toujours être effectuée par isolement, identification et caractérisation génomique des souches.

Conclusion
Nous présentons ici deux épidémies simultanées à Salmonella enterica liées à la consommation de saucisses sèches de porc produites pendant une courte période par le même fabricant : la première causée par S. Bovismorbificans et la seconde par le variant monophasique de S. Typhimurium, 4,12 :je:-. Cependant, les méthodes moléculaires ont révélé une double contamination d'un même échantillon alimentaire analysé. Les éclosions multi-souches peuvent ne pas être détectées par les approches de détection bactériologique actuelles. Nous pensons que les protocoles de laboratoire standard, tant au niveau clinique qu'au niveau du contrôle alimentaire, devraient inclure des procédures pour améliorer la détection des contaminations de sérotypes mixtes de Salmonella. De plus, notre rapport met en évidence l'utilité des tests qPCR spécifiques au sérotype pour enquêter sur les épidémies d'origine alimentaire.

Référence
Pardos de la Gandara Maria, Fournet Nelly, Bonifait Laetitia, Lefèvre Sophie, Chemaly Marianne, Grastilleur Charlotte, Cadel-Six Sabrina, Fach Patrick, Pignault Agnès, Brisabois Anne, Jourdan-Da Silva Nathalie, Weill François-Xavier. Countrywide multi-serotype outbreak of Salmonella Bovismorbificans ST142 and monophasic Salmonella Typhimurium ST34 associated with dried pork sausages in France, September 2020 to January 2021. Euro Surveill. 2023;28(2):pii=2200123. https://doi.org/10.2807/1560-7917.ES.2023.28.2.2200123

vendredi 13 janvier 2023

France : Hépatite A en 2021

Deux documents à consulter, «Hépatite A en France : les chiffres et résultats clés 2021» et «Hépatite A en France : les chiffres clés 2021», source Santé publique France du 13 janvier 2023.

Santé publique France publie les données annuelles de surveillance du virus de l’hépatite A en France. Publiées également en open data sur Géodes, les données indiquent, un niveau bas du nombre des déclarations en France, pour la seconde année consécutive,probablement dû aux effets de la pandémie de Covid-19.

Maintien à un niveau bas du nombre de cas des déclarations, marqué par les effets de la pandémie de COVID-19
En 2021, le nombre de cas déclarés d’hépatites aiguës A s’est maintenu à un niveau bas après une année 2020 déjà marquée par les effets de la pandémie de COVID-19.  En effet, 423 cas d’hépatite aiguë A ont été notifiés (contre 411 en 2020 et 1 379 en 2019) avec un taux de déclaration inchangé par rapport à 2020 de 0,6 pour 100 000 habitants.
Ce faible niveau d’incidence était, comme en 2020, lié notamment à :
- une proportion plus faible de cas en lien avec un voyage à l’étranger par rapport aux années précédant la pandémie (28 % en 2021, 21 % en 2020 et 39 % entre 2006 et 2019) et ce malgré les moindres restrictions de déplacement internationaux lors de l’année 2021.
- Une meilleure hygiène des mains et les mesures de distanciation sociale promues dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19, qui pourraient avoir contribué à une plus faible circulation du virus de l’hépatite A.

Quel était le profil des cas déclarés d’hépatite A en France en 2021 ?
En 2021, les taux de déclaration étaient comparables chez les femmes et les hommes (0,6/100 000 habitants).

La moyenne d’âge des cas rapportés était de 37 ans (de 1 à 95 ans). Les taux d’incidence par classe d’âge étaient plus élevés chez les 6 à 15 ans (1,1 pour 100 000 habitants) et les 0 à 6 ans (1 pour 100 000 habitants) comme observé habituellement (à l’exception de l’année 20171).

Cas d’hépatite A : les principales expositions à risque
En 2021, les principales expositions à risque rapportées dans les 2 à 6 semaines avant le début des signes étaient, dans l’ordre : 
- un séjour à l’étranger (sans qu’il soit possible d’affirmer le caractère importé de l’infection) (28% des cas) ;
- la consommation de fruits de mer (28 %) ;
- un contact avec un cas dans l’entourage (22 %) ;
- le fait de vivre dans le foyer d’un enfant de moins de 3 ans (20 % des cas).

Quelles sont les mesures pour prévenir l’hépatite A ?
Afin de limiter toute reprise épidémique de l’hépatite aigüe A, l’application des recommandations vaccinales reste de vigueur, préconisant un renforcement de la vaccination des HSH (hommes qui ont des rapports sexuels avec d'autres hommes) suite à l’épidémie de 2017, mais également dans l’entourage familial d’un cas confirmé, et lors d’un séjour dans une zone de moyenne ou haute endémie.

Le respect de l’hygiène personnelle et collective, en particulier le lavage fréquent des mains à l’eau et au savon, reste également primordial pour limiter le risque de transmission de l’hépatite A.