mardi 9 juin 2020

Impossible Foods oblige Nestlé à cesser de vendre des 'Incredible Burgers' en Europe


Selon une information de La France Agricole du 9 juin 2020 (réservée aux abonnés) « Nestlé a été condamné, le 27 mai 2020, à retirer de la vente, en Europe, ses «Incredible burgers» à base de végétaux. »

Impossible Foods oblige Nestlé à cesser de vendre des 'Incredible Burgers' en Europe, source CNN.

Nestlé cessera de commercialiser ses hamburgers à base de végétaux comme « incroyables » ou « incredible » en Europe après qu'un tribunal néerlandais ait constaté que l'utilisation du mot porte atteinte à une marque Impossible Foods.

Le tribunal de district de La Haye a rendu la semaine dernière une injonction en faveur de la startup américaine, qui s'apprête à lancer son Impossible Burger en Europe, selon des documents judiciaires.

Selon une décision préjudicielle, Nestlé a enfreint la marque Impossible Burger, qui a été enregistrée dans l'Union européenne l'année dernière, en appelant son produit Incredible Burger. Le tribunal a déclaré que les mots « impossible » et « incroyable » sonnaient et semblaient similaires, et le chevauchement pouvait dérouter les clients.

Nestlé dispose de quatre semaines pour retirer ses produits « Incredible » des distributeurs ou encourir une amende de 25 000 euros par jour pour chacune de ses 10 filiales impliquées dans l'affaire.

« Nous sommes déçus par cette décision provisoire car nous pensons que quiconque devrait pouvoir utiliser des termes descriptifs tels que « incroyable » qui expliquent les qualités d'un produit », a dit Nestlé dans un communiqué. « Nous respecterons bien sûr cette décision, mais en parallèle, nous interjeterons appel ».

Nestlé a dit qu'il se préparait à lancer une nouvelle recette de burger en utilisant le descripteur « Sensational ». Il appliquera ce nom à tous les produits qui utilisaient auparavant le mot « Incredible » en Europe, y compris son faux steak de viande, qui devient le « Sensational Burger ». La société utilise la marque Awesome Burger aux États-Unis. 'Awesome' signifie Impressionnant.

La consommation croissante de protéines végétales a entraîné des producteurs alimentaires établis comme Nestlé dans la bataille pour la part de marché, tout en permettant aux nouveaux venus comme Impossible Foods et Beyond Meat de se développer rapidement. Impossible Foods a obtenu environ 500 millions de dollars de nouveaux financements en mars, signe que les investisseurs parient que la tendance est là pour durer. Aux États-Unis, les pénuries de viande liées aux perturbations causées par la pandémie de coronavirus ont fait augmenter encore plus la consommation de substituts de viande.

Nestlé a contacté Impossible Foods à l'été 2018 pour négocier un éventuel accord de licence concernant Impossible Burger, selon la décision, qui cite des observations juridiques faites par Impossible Foods.

Le géant mondial de l'alimentation a annoncé le lancement de Incroyable Burger alors que ces négociations étaient toujours en cours, ce qui fait soupçonner qu'il essayait de « contrecarrer le lancement réussi » de Impossible Burger en Europe, a constaté le tribunal.

Nestlé, qui avait précédemment tenté de déclarer la marque Impossible Burger invalide, a lancé son Incredible Burger en Europe en avril 2019 sous sa marque Garden Gourmet. Cela a été suivi par le lancement en septembre du Awesome Burger aux États-Unis. Selon le jugement, Impossible Foods a écrit à Nestlé USA en janvier 2019 pour avertir que Incredible Burger violait la marque américaine Impossible Burger.

Impossible Foods attend que les services réglementaires européens de la sécurité des aliments approuvent les ingrédients génétiquement modifiés contenus dans son hamburger, selon l'arrêt. Impossible Burger contient de la léghémoglobine de soja (hème), une levure génétiquement modifiée, qui lui donne un goût de viande.

La start-up américaine a déposé des injonctions similaires contre Nestlé devant les tribunaux régionaux allemands l'année dernière, mais les a retirées après que les tribunaux leur ont dit qu'elles ne seraient pas accordées.

Impossible Foods a dit dans un communiqué qu'il applaudissait les efforts pour développer des produits à base de végétaux mais ne voulait pas que les consommateurs soient confus. « Nous sommes reconnaissants au tribunal d'avoir reconnu l'importance de nos marques et d'avoir soutenu nos efforts pour protéger notre marque contre les incursions d'un puissant géant multinational », a déclaré le chef du contentieux, Dana Wagner.

L'Australie voit décliner les infections à Campylobacter et à Salmonella pendant le confinement lié au COVID-10. Quid en France ?


Publication du bulletin de l'Australie sur la sécurité sanitaire des aliments à l'occasion de la Journée mondiale de la sécurité alimentaire des Nations Unies le 7 juin 2020.

Le Food Safety Information Council a publié un rapport sur le bilan de la sécurité alimentaire en Australie en reconnaissance de la deuxième Journée mondiale de la sécurité alimentaire des Nations Unies du 7 juin 2020 sous le thème «Sécurité sanitaire des aliments:c'est l'affaire de tous».

La présidente du Conseil, Cathy Moir, a déclaré que dans une année normale, il y a environ 4,1 millions de cas d'intoxication alimentaire en Australie chaque année qui entraînent 31 920 hospitalisations, 86 décès et en moyenne 1 million de visites chez le médecin.

La bonne nouvelle est que, depuis le confinement lié au COVID-19 en mars 2020, les taux signalés d’infections à Campylobacter et à Salmonella pour 100 000 habitants en Australie ont presque diminué de moitié par rapport aux deux années précédentes.

Il y a eu des baisses dans d'autres maladies infectieuses telles que la grippe et la rougeole au cours de cette période, ce qui montre à quel point un bon lavage des mains et une distanciation sociale peuvent être efficaces pour contrôler les maladies infectieuses.

En outre, l'intoxication alimentaire est plus souvent identifiée lorsque l'aliment est préparée en grande quantité et qu'il y a eu moins de divertissements et de sorties avec de plus grands groupes de personnes pendant le confinement.

Mais nous ne devons pas devenir complaisants - notre étude sur le lavage des mains de 2019 a révélé que 29% des Australiens ont déclaré qu'ils ne se lavaient pas toujours les mains après être allé aux toilettes et plus d'un tiers admettent qu'ils ne se lavent pas toujours les mains avant de toucher des aliments. Maintenant, nous avons un meilleur lavage des mains grâce au COVID-19, nous exhortons les personnes à continuer de se laver les mains souvent même après la fin de la pandémie.

Nos récentes recherches auprès des consommateurs ont mis en évidence certains domaines dans lesquels nous devons nous améliorer. Par exemple, chez les Australiens:
  • un tiers de tous les ménages ont au moins une personne vulnérable à risque de maladie grave en cas d'intoxication alimentaire, par exemple les femmes enceintes, les personnes âgées et les personnes à immunité réduite;
  • 70% des gens ne connaissent pas la température de cuisson sûre pour des aliments tels que la volaille et les plats aux œufs, qui peuvent être contaminés par Salmonella et Campylobacter; et
  • un adulte sur quatre prend un risque pour la sécurité des aliments en consommant des plats d'œufs crus ou insuffisamment cuits, d'autant plus que 12% d'entre eux en consomment au moins une fois par mois.
NB : En France aussi, l'Anses parle des salmonelles mais seulement pour nous dire que la situation continue d'augmenter lentement mais sûrement ; en revanche, pas de données sur l'effet du confinement sur la sécurité des aliments, vous avez dit surveillance ou réseau de surveillance ...

COVID-19: Il paraît qu'il y a désormais trop de masques en France, il paraît ...


Avant, quand on en avait besoin, on nous a dit que c'était pas nécessaire …

Après, on nous a dit qu'il n'y avait pas assez de masques et qu'il fallait les réserver aux soignants …

Puis après, le fiasco des masques a tourné au cauchemar pour les Français et ... le gouvernement ...

Encore après, parce que les masques arrivaient tardivement, les braves gens ont appris, malgré l'Afnor et sa normegratuite, à confectionner des masques en tissu faits maison …

Désormais les masques faits maison ont presque supplanté les masques industriels jetables que l'on retrouve souvent à terre dans les rues de Paris, par exemple …

Oui mais voilà, il paraît que « Bercy en appelle aux entreprises pour écouler les stocks de masques en tissu fabriqués en France », selon BFMTV du 8 juin 2020.
Consciente de la surproduction de masques lavables «made in France», la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Economie Agnès Pannier Runacher a vanté les qualités de la production hexagonale. Elle souhaiterait que les grandes entreprises préfèrent ces masques à ceux qui sont importés de Chine.
«J'avais alerté dès le 15 mai la filière sur le risque de surproduction» a explique sur l'antenne de RTL, Agnès Pannier Runacher à propos de la production textile française de masques de protection, qui commence à avoir du mal à écouler ses stocks. La secrétaire d'État auprès du ministre de l'Economie a soutenu que «cette production de masques a sauvé des centaines d'entreprises et des milliers d'emplois en France», et précise qu'il n'y avait «que 10% des entreprises», ayant participé à l'effort de guerre, qui se retrouvent «avec des stocks sur les bras».

On ne manquera pas de lire les FAQs sur les différents types de masques du ministère de l'économie ...

Mise à jour du 10 juin 2020. Une nouvelle qui tombe vraiment mal selon France info du 5 juin 2020,

L’Etat a commandé 10 millions de masques en tissu au Vietnam juste après avoir appelé les entreprises à produire en France. Pourquoi ? On a posé la question à la secretaire d’Etat. « Au moment où la commande a été passée pour répondre à des besoins aucun fournisseur français n'était capable de fournir. C'est une commande qui remonte au mois d'avril, et c'est une commande qui n'est pas récurrente », se défend Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie.

lundi 8 juin 2020

L'Anses communique sur le plan scientifique sur Salmonella mais pendant ce temps, les infections à Salmonella spp. continuent d'augmenter


L'Anses communique le 7 juin 2020, 
A l’occasion de la deuxième journée mondiale de la Sécurité sanitaire des aliments, l’OMS et la FAO souhaitent sensibiliser l’opinion publique sur le thème : « La sécurité sanitaire des aliments, c’est l’affaire de tous ».
L’Anses a souhaité prendre part à cette initiative. A travers un exemple concret, celui de Salmonella – bactérie responsable d'environ 72 décès, 4 400 hospitalisations et plus de 198 000 cas par an en France.

Ces données utiles sont à comparer avec une étude parue dans le BEH de janvier 2018,
Les infections à Salmonella spp. arrivent en 3e position en nombre de cas (183 002 cas, 12% du nombre total), en 2e position en nombre d’hospitalisations (4 106 hospitalisations, 24% du nombre total) et en 1ère position en nombre de décès (67 cas décédés, 26% du nombre total).

Globalement, l'Anses arrive au même constat que l'étude parue en 2018, mais avec le temps, les données ont légèrement augmenté ...

Santé publique de France note de son côté qu'il y a 198 000 cas annuels de salmonelloses en France dont 183 000 par transmission alimentaire.

Constat pas terrible de ces données, alors qu'il manque des inspections et des contrôles sur le terrain ... n'est-ce pas l'Anses ?

Deuxième édition de la Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments, où l'Anses ne parle qu'anglais !



Mais pour l'Anses, le slogan devient, Food Safety, every'one business ...

L'Anses ne parle-t'elle que l'anglais ?
Heureusement que le Français est une des langues de l'OMS ... c'est de tout de même mieux, merci à la com de l'Anses de procéder rapidement au changement !

Vers la fin du gaspillage alimentaire ? Une startup du MIT enveloppe les aliments de soie pour une meilleure durée de conservation


Photos gracieusement fournies par Cambridge Crops.
« Une startup du MIT enveloppe les aliments de soie pour une meilleure durée de conservation », source MIT News.

Cambridge Crops a développé un revêtement comestible et imperceptible qui pourrait remplacer les emballages en plastique afin de préserver les viandes et les produits.

Benedetto Marelli, professeur de génie civil et environnemental au MIT, était postdoctorant au laboratoire d'Omenetto de l'Université Tufts lorsqu'il est tombé sur une nouvelle utilisation de la soie. En se préparant à un concours de cuisine à l'échelle du laboratoire dont l'unique exigence était d'incorporer de la soie dans chaque plat, Marelli a accidentellement laissé une fraise trempée de soie sur son banc: «Je suis revenu presque une semaine plus tard, et les fraises enrobées étaient encore comestibles. Celles qui n'étaient pas enduites de soie étaient complètement pourries.» Marelli, dont les recherches antérieures portaient sur les applications biomédicales de la soie, a été stupéfait. «Cela m'a ouvert un nouveau monde», ajoute-t-il. Marelli a vu sa découverte par inadvertance comme une opportunité d'explorer la capacité de la soie à résoudre le problème des déchets alimentaires.

Marelli s'est associé à plusieurs scientifiques basés à Boston, dont Adam Behrens, alors post-doctorant dans le laboratoire du professeur Robert Langer de l'Institut afin de créer Cambridge Crops. La société vise à répéter et à étendre la découverte initiale, en utilisant de la soie comme ingrédient de base pour développer des produits qui prolongent la durée de conservation de toutes sortes d'aliments périssables. La technologie de l’entreprise a un impact considérable sur la prolongation de la durée de conservation des produits entiers et coupés, des viandes, du poisson et d’autres aliments. Avec le soutien pour le démarrage et d'un capital-risque subséquent, Cambridge Crops est équipé pour accroître l'accès mondial aux aliments frais, améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et même permettre de nouveaux produits.

Une solution simple pour un problème complexe
Un tiers de l'approvisionnement alimentaire mondial est gaspillé chaque année, mais plus de 10% de la population souffre de la faim.

Le gaspillage alimentaire a des implications sociales, économiques et sanitaires massives qui affectent aussi bien les pays développés que les pays en voie de développement. Bien que de nombreuses technologies soient apparues visant à prolonger la longévité des aliments frais, elles utilisent souvent des modifications génétiques, des matériaux d'emballage nocifs pour l'environnement ou sont coûteuses à mettre en œuvre. «Jusqu'à présent, la majorité des innovations dans les technologies agroalimentaires sont basées sur le génie génétique, le génie végétal, le génie mécanique, l'IA et l'informatique. Il y a beaucoup de place pour innover en utilisant des matériaux, comme les nanomatériaux et les biomatériaux», explique Marelli.

Le professeur considère la technologie de la soie comme une opportunité pour réduire bon nombre de problèmes auxquels est confrontée l'industrie alimentaire sans modifier les propriétés innées des aliments eux-mêmes.

Les atouts de la soie proviennent de la simplicité naturelle du matériau, affinée par des millénaires de biologie évolutive. Cambridge Crops utilise un procédé exclusif et efficace utilisant uniquement de l'eau et du sel pour isoler et réformer les protéines naturelles de la soie. Cela rend les enduits en soie de Cambridge Crops faciles à intégrer dans les lignes de transformation des aliments existantes sans avoir besoin de nouveaux équipements coûteux ou de modifications. Une fois déposé à la surface des aliments, le revêtement en soie forme une barrière insipide, inodore et autrement imperceptible qui ralentit les mécanismes naturels de dégradation des aliments. Selon l'aliment, le résultat peut montrer une augmentation de 200% de la durée de conservation. Non seulement cela permet de réduire le gaspillage alimentaire, mais cela réduit également la pression sur les chaînes du froid, permettant aux expéditeurs de réduire les gaz à effet de serre dans les transports.

Liens avec le MIT
Cambridge Crops a acquis une avance précoce dans l'industrie après avoir remporté la première place au Rabobank-MIT Food and Agribusiness Innovation Prize en 2017, un concours pour les start-ups en démarrage parrainé par Rabobank et le laboratoire Abdul Latif Jameel Water and Food Systems (J-WAFS) et soutenu par le club étudiant MIT Food and Agriculture.

Les commentaires techniques et les relations avec l'industrie que Cambridge Crops a tiré de sa participation au concours se sont révélés inestimables pour identifier les principaux problèmes et opportunités de marché dans l'industrie alimentaire qui pourraient être résolus grâce à sa technologie de base. «C'était génial pour nous», explique le directeur général Adam Behrens. «[Le prix] était important pour faire la validation technique en plus d'avoir des propositions précoces

Cambridge Crops a depuis levé deux rounds de financement, dirigés ou codirigés par The Engine, qui aident à incuber les startups travaillant sur des «technologies difficiles». Ceux-ci ont été combinés avec des récompenses d'AgFunder et de plusieurs subventions du Massachusetts Clean Energy Center. Les premiers succès ont même mérité une mention dans les «Notes Gates» de Bill Gates et par une entreprise qui s’attaque naturellement au gaspillage alimentaire.

Behrens soutient que les contributions des investisseurs dépassent strictement leur valeur monétaire. «Nos investisseurs ont fait partie intégrante de notre succès initial… en ajoutant de la valeur de toutes sortes de manières - du positionnement de la marque à la stratégie globale.»

Prochaines étapes
Behrens et Marelli considèrent la technologie de Cambridge Crops comme une véritable plate-forme, allant bien au-delà de cette fraise initiale. Non seulement la technologie peut prolonger la durée de conservation des produits entiers, mais elle voit également un effet dramatique sur les les produits découpés, viandes, poissons et aliments transformés. Cambridge Crops tire parti de son large éventail d'applications pour répondre aux besoins plus larges de l'industrie alimentaire grâce à des partenariats stratégiques.

Cambridge Crops est optimiste quant au potentiel de la soie pour réduire bon nombre des défis auxquels sont confrontés les réseaux alimentaires complexes. «Nous pensons que notre technologie est une technologie qui peut réellement permettre [l'élimination des emballages alimentaires en plastique]», ajoute Behrens.

Dans la salle de classe, Marelli essaie de susciter un sentiment d'excitation au sujet du rôle de la technologie dans l'avenir de l'alimentation et de l'agriculture, comme dans sa classe au Department of Civil and Environmental Engineering class, Materials in Agriculture, Food Security, and Food Safety. «Ils voient un angle sur l'agriculture et la science des aliments auquel ils n'ont jamais pensé», explique-t-il, «et ils voient à quel point il peut s'agir d'un secteur axé sur la technologie.» Alors que Cambridge Crops se prépare au lancement commercial de sa propre technologie brevetée, elle est prête à surmonter certains des obstacles les plus difficiles auxquels sont confrontés les réseaux alimentaires mondiaux pour réduire les déchets et rendre les aliments nutritifs plus accessibles à tous.

dimanche 7 juin 2020

Intérêt des phages ARN F-spécifiques comme indicateurs du danger à norovirus dans les coquillages


Voici un article d'une équipe française paru dans Applied and Environmental Microbiology, une revue de l'ASM, dont le titre est 'Modèle des bactériophages à ARN F-spécifiques afin d'étudier le comportement des norovirus humains lors de la purification des huîtres: le mécanisme principal est probablement l'inactivation plutôt que la libération'.

Résumé
Les norovirus (NoV) sont responsables de nombreuses éclosions liées aux coquillages. Des processus de purification peuvent être appliqués aux huîtres avant leur commercialisation afin de réduire la pollution fécale potentielle. Cette étape est rapidement très efficace pour réduire Escherichia coli; néanmoins, l'élimination des génomes viraux a été décrite comme beaucoup plus lente. Il est donc important d'identifier (i) les conditions de purification qui optimisent l'élimination du virus et (ii) le mécanisme impliqué. À cette fin, les effets du stress des huîtres, des nutriments et de la présence d'un concurrent potentiel à l'adhésion des NoV pendant la purification ont été étudiés à l'aide d'huîtres naturellement contaminées.

Les concentrations de NoV (génomes) et de bactériophages à ARN F-spécifiques comme indicateur viral (FRNAPH pour F-specific RNA bacteriophage; génomes et particules infectieuses) ont été régulièrement surveillées. Aucune différence significative n'a été observée dans les conditions du test. La cinétique de diminution des deux génomes viraux était similaire, montrant à nouveau le potentiel des FRNAPH comme indicateur du comportement des NoV pendant la purification.

Les valeurs de T90 (temps nécessaire pour réduire 90% du titre initial) étaient de 47,8 jours pour le génome de NoV génogroupe I, 26,7 jours pour le génome de NoV génogroupe II et 43,9 jours pour le génome des FRNAPH-II.

Inversement, la surveillance des génomes viraux n'a pas pu être utilisée pour déterminer le comportement des virus infectieux car les valeurs de T90 étaient plus de deux fois inférieures pour les FRNAPH infectieux (20,6 jours) par rapport à leurs génomes (43,9 jours). Enfin, cette étude a mis en évidence que les virus sont principalement inactivés dans les huîtres plutôt que libérés dans l'eau lors des processus de purification.

Importance
Cette étude fournit de nouvelles données sur le comportement des virus dans les huîtres en cours de purification et sur leur mécanisme d'élimination. Premièrement, une forte corrélation a été observée entre les bactériophages à ARN F-spécifiques du sous-groupe II (FRNAPH-II) et les norovirus (NoV) chez les huîtres touchées par la contamination fécale lorsque les deux sont détectés à l'aide d'approches moléculaires.

Deuxièmement, lors de l'utilisation de la RT-PCR quantitative et de la culture afin de détecter les génomes respectivement des FRNAPH-II et des FRNAPH infectieux dans les huîtres, il semble que la détection du génome fournit des informations limitées sur la présence de particules infectieuses.

La comparaison des génomes et des particules infectieuses montre que le principal mécanisme d'élimination du virus chez les huîtres est l'inactivation. Enfin, cette étude montre qu'aucune des conditions testées ne modifie la suppression du virus.

Complément
Pour ceux que cela intéresse, une réunion est organisée le le 14 septembre 2020 sur «Comment estimer le caractère infectieux des norovirus dans les coquillages ?» et découvrir les avancées du projet FEAMP OXYVIR.
Le projet a pour objectif de mettre au point une méthode permettant d’estimer la présence de norovirus infectieux dans les coquillages.
Les partenaires du projet FEAMP OXYVIR ont travaillé sur une méthode innovante qui permettra de limiter les retraits injustifiés de lots du marché, d’optimiser les systèmes de purification pour améliorer la qualité sanitaire des coquillages et d’améliorer la surveillance des produits pour les consommateurs.

Je reste septique sur « les retraits injustifiés de lots du marché », il ne suffit pas de le dire mais il faut aussi les dénoncez, dans tous les cas, programme et inscription, ici.

La sécurité sanitaire des aliments, c’est l’affaire de tous, slogan de la deuxième édition de la Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments


« Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments 2020 », source OMS.

La sécurité sanitaire des aliments, c’est l’affaire de tous
La deuxième édition de la Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments (JISSA) sera célébrée le 7 juin 2020 afin d’attirer l’attention et d’inspirer l’action en matière de prévention, de détection et de gestion des risques d’origine alimentaire, contribuant ainsi à la sécurité sanitaire des aliments, à la santé humaine, à la prospérité économique, à l’agriculture, à l’accès aux marchés, au tourisme et développement durable.

À la suite du succès de la première célébration de 2019, la JISSA de cette année réitère une fois de plus son appel à renforcer l’engagement visant à accroître la sécurité sanitaire des aliments, comme annoncé par la Conférence d’Addis-Abeba et le Forum de Genève en 2019, avec pour thème commun «L’avenir de la sécurité sanitaire des aliments». L’OMS, en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a le plaisir de soutenir les efforts déployés par les États Membres pour célébrer la Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments.

Ayant pour slogan «La sécurité sanitaire des aliments, c’est l’affaire de tous», cette campagne orientée vers l’action visera à sensibiliser à la sécurité sanitaire des aliments à l’échelle mondiale, tout en appelant les pays et les décideurs politiques, le secteur privé, la société civile, les organisations des Nations Unies et le public à agir.

La sécurité sanitaire des aliments est une responsabilité collective que partagent les gouvernements, les producteurs et les consommateurs. Chacun a un rôle à jouer, de bout en bout du circuit de la ferme à la table, afin de garantir que les aliments que nous consommons sont sains et ne nuisent pas à notre santé. Avec la Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments, l’OMS poursuit ses efforts visant à conférer une place importante à la sécurité sanitaire des aliments dans les politiques publiques, ainsi qu’à réduire la charge des maladies d’origine alimentaire à l’échelle mondiale.

Parmi toutes les très nombreuses infographies proposées, j'ai souhaité reprendre celle qui est constante dans ses conseils, la règle des cinq clés pour des aliments sûrs, sans oublier cette vidéo complémentaire en Français !

Lorsque vous achetez des aliments prêts à consommer sur les marchés, assurez-vous que les vendeurs mettent en pratique les cinq clés de l'OMS pour des aliments sûrs qui sont:
Saviez-vous qu’on estime que 600 millions de personnes dans le monde - près d’une personne sur 10 - tombent malades après avoir consommé des aliments contaminés, et que 420 000 en meurent chaque année ?

Les enfants de moins de 5 ans supportent 40% de la charge de morbidité imputable aux maladies d’origine alimentaire.

Mais quelle idée de faire cette deuxième édition de la Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments un dimanche, excuse toute trouvée pour nos ministères de la santé de l'agriculture et de l'alimentation, voire de l'Anses et de la DGCCRF, pour ne pas en parler, mais lundi, il sera trop tard !

Encéphalite à tiques : première description d'un foyer de contamination d'origine alimentaire en France


L'Anses nous a informé le 18 mai 2020 de CiTIQUE : la nouvelle version de l’application est désormais disponible.

Pour améliorer la prévention des risques liés aux piqûres de tiques, l’INRAE et ses partenaires ont créé en 2017 l’application participative « Signalement Tique » dans le cadre du projet CiTIQUE auquel l’Anses participe. A partir d’aujourd’hui, une nouvelle version, plus pratique pour les utilisateurs et plus utile pour les chercheurs, est accessible à tous.

L’application gratuite « Signalement Tique » a vocation à améliorer la connaissance des tiques et des maladies associées. Impliquant citoyens et chercheurs, cette application permet de collecter des données sur la répartition géographique, le contexte des piqûres de tiques (date, zone du corps piquée, nombre de tiques implantées, type d’environnement, motif de la présence sur le lieu de piqûre, photo de la piqûre et/ou de la tique…) et les agents pathogènes qu’elles transportent.

Depuis 2007, plus de 23 500 piqûres ont déjà été recensées à l’échelle française et plus de 20 000 tiques ont été déposées dans la première et unique tiquothèque participative française. Grâce à ces données, les chercheurs savent désormais que :
  • les périodes les plus à risques sont le printemps et l’automne,
  • 15 % des tiques analysées sont porteuses de la bactérie à l’origine de la maladie de Lyme,
  • 1/3 des piqûres signalées ont lieu dans des jardins privés ou des parcs publics.
Mais c'est d'une autre information que j'aimerais partager avec vous, grâce à une internaute vétérinaire, il s'agit d'un article paru dans La Dépêche Vétérinaire le 4 juin 2020 par la Pr Jeanne Brugère-Picoux, « Encéphalite à tiques : première description d'un foyer de contamination d'origine alimentaire en France ».
Des fromages au lait cru de chèvre seraient à l'origine d'un foyer de cas d'encéphalite à tiques chez des habitants dans l'Ain, selon l'Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes et la préfecture du département. C'est la première fois qu'un foyer d'encéphalite à tiques d'origine alimentaire est décrit en France. La transmission de cette maladie par des produits laitiers non pasteurisés semble augmenter ces dernières années en Europe.
L'annonce, le 28 mai, d'un foyer de cas d'encéphalite à tiques (EAT) confirmé (10 cas dont un décès qui ne semble pas être directement lié à cette virose) ou probable chez 26 habitants dans l'Ain, par l'Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes et la préfecture de l'Ain, a surtout surpris par le caractère exceptionnel de l'origine de l'infection : des fromages au lait cru de chèvre d'une exploitation agricole du bassin d'Oyonnax (ces produits auraient été consommés par au moins 50% des personnes malades).
En effet, l'EAT est l'une des zoonoses virales les plus importantes transmises par la morsure d'une tique infectée. Elle est due à un flavivirus (Tick Borne Encephalitis virus ou TBEV).
Il existe trois sous-types principaux de TBEV (européen, sibérien et extrême-oriental), le sous-type européen étant transmis principalement par la tique Ixodes ricinus (Ixodes persulcatus transmettant les autres sous-types).
La transmission alimentaire par la consommation d'un lait ou d'un produit laitier non pasteurisé provenant d'un ruminant infecté, considérée comme rare, n'avait jamais été décrite en France jusqu'à cette suspicion récente.
Exceptionnellement, une contamination au laboratoire par piqûre ou par aérosols est également possible. 


Trente-deux cas de méningite lymphocytaire, encéphalites et syndromes infectieux, ont été recensés depuis le 14 avril 2020 dans une zone limitée de l'Ain chez des personnes habitant sur le bassin de la commune d’Oyonnax, dans un rayon de 30 km environ. Le pic épidémique des cas est survenu dans la semaine du 20 au 26 avril 2020. Parmi ces 32 cas, le diagnostic d'infection par le virus TBE (Tick-Borne Encephalitis) a été confirmé par le Centre National de référence des Arbovirus le 27 mai 2020 pour 14 cas. Ce virus est l’agent responsable de l’encéphalite à tiques. Les 18 autres cas sont en cours d’investigation et des tests biologiques sont réalisés pour confirmer ou infirmer le diagnostic d’encéphalite à tiques.

L’âge médian des cas est de 48 ans et 17 (53%) sont des femmes. Vingt-huit cas ont été hospitalisés ou ont consulté aux urgences, dont 2 ont été admis en unités de soins intensifs. Un cas possible présentant des comorbidités est décédé. Parmi les cas investigués, les signes les plus fréquemment rapportés sont : fièvre (78%), céphalées (52%), myalgies (35%), vertiges (30%), asthénie (21%), diarrhées (13%), vomissements (13%), troubles de la vigilance (9%) et tremblements (9%).

Trente et un des 32 cas (97%) rapportent avoir consommé du fromage ou de la faisselle de chèvre à base de lait cru en provenance du même producteur de fromages situé dans la zone de résidence des cas. La cause alimentaire de ces infections a été confirmée le 2 juin 2020 par le Centre National de référence des Arbovirus. En effet, la présence de génome du virus TBE a été identifiée dans un fromage de chèvre du producteur concerné. Un retrait-rappel des produits laitiers de ce producteur a été effectué avant même la connaissance de ce résultat. Des investigations vétérinaires sont en cours. Cet épisode de cas groupés d’encéphalite à tiques est le premier identifié en France lié à la consommation alimentaire. En revanche, la documentation de cas d’encéphalites à tiques n’est pas nouvelle en Auvergne Rhône-Alpes. Quelques rares cas sont décrits chaque année dans la région d’Annecy depuis 2003 et plus récemment dans le massif du Livradois-Forez avec la détection de 3 cas en Loire et Haute-Loire durant les étés 2017 et 2018.

L'encéphalite à tiques en augmentation constante en Europe
De 1990 à 1994, on a pu observer une augmentation des cas d'EAT dans les pays de l'espace économique européen, peut-être du fait d'une surveillance accrue, puis, de 1995 à 2009, une certaine stabilité, avec 2 000 à 4 000 cas déclarés par an.

En 2012, la maladie accompagnée de troubles nerveux est devenue à déclaration obligatoire dans l'Union européenne.

Une enquête concernant l'EAT a été réalisée sur la période de 2012 à 2016 en Europe : 23 pays de l'Union européenne ont déclaré 12 500 cas d'EAT (l'Irlande et l'Espagne ne déclarant aucun cas), dont 93% ont été confirmés (11 623) et 7% considérés comme probables (783).

Les Pays-Bas ont déclaré des cas à partir de 2016. Deux pays (République tchèque et Lituanie) ont représenté 38,6% de tous les cas signalés, malgré un effectif ne représentant que 2,7% de la population sous surveillance.

Le taux annuel de notification a fluctué entre 0,41 cas pour 100 000 habitants en 2015 et 0,65 en 2013, sans modification significative. La Lituanie, la Lettonie et l'Estonie avaient les taux de notification les plus élevés avec respectivement 15,6, 9,5 et 8,7 cas pour 100 000 habitants.

Au niveau infranational, six régions avaient des taux de notification annuels moyens supérieurs à 15 cas pour 100 000 habitants, dont cinq dans les pays baltes.

Augmentation des cas en France en 2016
Plusieurs pays avaient signalé l'augmentation des cas d'EAT sur leur territoire, notamment la Suisse qui, de 100 cas annuels déclarés ces 5 dernières années, a notifié 251 cas à la fin du mois d'octobre 20196.

En France, depuis 1968 avec la description du premier cas humain, on a surtout observé une dizaine de cas par an en région alsacienne puis, à partir de 2003, un ou deux cas en Haute-Savoie et, en 2006, un premier cas dans le Sud-Ouest (soit 1 cas pour 100 000 habitants).

Une augmentation marquée des cas d'EAT en France a été observée en 2016 : 54 cas dont 46 avec des troubles nerveux (9 malades ont gardé des séquelles pendant les 15 jours à 8 mois suivants) et une enquête sérologique montrant 5,89% de séropositifs sur 1 643 échantillons sanguins.

La région alsacienne est ainsi passée de 0,5 cas à 1,33 cas pour 100 000 habitants.

Selon l'évaluation de l'ECDC sur l'encéphalite à tiques (EAT),
L'EAT est présent dans de grandes régions d'Europe avec des taux de notification les plus élevés dans les pays d'Europe du Nord, centrale et orientale. L'EAT suit une tendance saisonnière, la plupart des cas étant généralement signalés entre juin et septembre. Le vecteur Ixodes ricinus est largement distribué en France et est présent dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Bien que la transmission d'origine alimentaire soit rare, elle peut survenir par la consommation de lait non pasteurisé et de produits laitiers provenant d'animaux infectés. Des investigations complémentaires sont nécessaires pour définir l'étendue de la circulation du virus dans la région.
Les personnes qui vivent ou voyagent dans des régions où l'encéphalite à tiques est endémique doivent être conscientes du risque d'exposition aux tiques, se protéger contre les piqûres de tiques et envisager la vaccination avant l'exposition, qui offre la protection la plus efficace.
La vaccination est recommandée pour les personnes qui vivent dans des zones à risque TBE ou qui visitent fréquemment les forêts et les prairies. Il a conseillé d'éviter la consommation de lait et de produits laitiers non pasteurisés dans les zones à risque à EAT.

NB : L'article s'est largement inspiré de celui de la Pr Jeanne Brugère-Picoux et je conseille vivement la lecture intégrale de l'article qui est en accès libre.

Sur le sujet on lira de l'Anses, Tiques et maladie de Lyme. Mieux connaître et combattre les agents pathogènes transmis par les tiques.

Mise à jour du 2 juillet 2020. On lira le volet encéphalite à tique dans le Bulletin de l'IHU de Marseille du 30 juin 2020, où il est rapporté,
En pratique : L’encéphalite est endémique, de mai à octobre, dans les zones rurales de plusieurs pays d’Europe Centrale et du NordL’encéphalite à tiques est rare en France, une vingtaine de cas sont diagnostiqués chaque année essentiellement en Alsace et en Haute Savoie. La transmission du virus se fait par piqure de tique infestée.de façon exceptionnelle une contamination peut se faire par consommation de lait cru de chèvre ou de brebis. Cette transmission n’avait jamais été décrite en France.
Il existe deux vaccins : Ticovac  et Encepur.

samedi 6 juin 2020

Une infection bactérienne mortelle chez le porc déchiffrée


« Une infection bactérienne mortelle chez le porc déchiffrée », source Université de Berne.

Les porcelets nouveau-nés meurent souvent douloureusement d'une infection d'une bactérie intestinale. Une équipe de chercheurs de trois facultés de l'Université de Berne a maintenant découvert comment la bactérie provoque des saignements intestinaux mortels. Ils ont ainsi fait une percée dans la recherche vétérinaire. Des perspectives prometteuses de vaccinations et de médicaments à usage humain se sont également ouvertes.

La bactérie Clostridium perfringens fait partie du grand genre Clostridium qui peut provoquer diverses maladies mortelles chez les animaux et les humains. Les infections à Clostridium sont répandues. Ces bactéries sont dangereuses car elles produisent des poisons extrêmement puissants (toxines) qui causent des dommages ciblés aux cellules de l'hôte. Les maladies redoutées causées par Clostridium comprennent le botulisme, le tétanos, la gangrène gazeuse et les infections intestinales, par exemple.

Le groupe d'Horst Posthaus de l'Institut de pathologie animale de l'Université de Berne étudie une infection intestinale chez les porcs causée par Clostridium perfringens. Il y a 10 ans, ils étaient déjà en mesure de démontrer que la toxine produite par la bactérie, dite toxine bêta, tue les cellules vasculaires et provoque ainsi des saignements dans l'intestin du porcelet. Jusqu'à présent, cependant, on ne savait pas pourquoi la toxine attaquait spécifiquement ces cellules et pas d'autres.

Julia Bruggisser, biochimiste et doctorante à l'Institut de pathologie animale, a maintenant réussi à résoudre l'énigme de ce mécanisme dans une collaboration interdisciplinaire entre trois facultés. Les résultats de l'étude ont été publiés dans la revue spécialisée Cell Host & Microbe.

Une molécule clé
Il y a environ cinq ans, la technicienne de laboratoire Marianne Wyder de l'Institute of Animal Pathology a découvert une molécule appelée Platelet-Endothelial Cell Adhesion Molecule-1 (PECAM-1 ou même CD31 pour faire court). Elle est située à la surface de diverses cellules et joue un rôle central dans les saignements intestinaux chez les porcelets. Le rôle réel de la molécule CD31 est de réguler l'interaction entre les cellules inflammatoires et les vaisseaux sanguins. Elle survient principalement sur les cellules situées à l'intérieur des vaisseaux sanguins (les cellules dites endothéliales).

Au cours des expériences, il a été remarqué que CD31 et la toxine bêta sont distribués presque à l'identique sur ces cellules. « Notre projet résulte de cette première observation », explique Horst Posthaus. Julia Bruggisser de l'Institute of Animal Pathology a découvert que la toxine libérée par la bactérie dans l'intestin s'attache au CD31. Comme la toxine bêta compte parmi les toxines formant des pores ou porogènes, elle perce ainsi la membrane cellulaire et tue les cellules endothéliales. Cela entraîne des dommages aux vaisseaux et des saignements dans l'intestin.

Des chercheurs de l'Université de Berne unissent leurs forces
La collaboration entre plusieurs groupes de recherche de l'Université de Berne a été essentielle à la réussite du projet. « Pour mes recherches, je travaille dans trois laboratoires de l'université. Bien que ce soit difficile, j'apprends beaucoup et surtout, c'est amusant », explique Julia Bruggisser. En plus de la pathologie animale, elle travaille également avec des groupes dirigés par Britta Engelhardt (Theodor-Kocher Institute) et Christoph von Ballmoos (Département de chimie et biochimie). «Ils avaient les bonnes questions et les bonnes idées. Nous avons pu apporter notre savoir-faire concernant CD31 et les méthodes et réactifs que nous avions développés dans l'étude», explique Britta Engelhardt. «Cela s'est parfaitement assemblé», ajoute Christoph von Ballmoos.

Meilleure prophylaxie et médicaments
La découverte permet de développer de meilleurs vaccins afin de prévenir la maladie mortelle chez le porc. «Mais nous voulons également déterminer si la fixation de la toxine bêta au CD31 sur les cellules endothéliales permet également le développement de nouvelles formes de thérapie, pour les maladies vasculaires chez l'homme par exemple. Nous avons déjà entamé plus de collaborations au sein de l'Université de Berne à cette fin», explique Horst Posthaus.