vendredi 30 septembre 2022

Mes 5 minutes avec la FDA, par Bill Marler

C’est toujours intéressant de lire les articles de Bill Maler, l’avocat bien connu aux Etats-Unis en sécurité des aliments, car il dit vrai et parle avec franchise de ce qui va mais aussi et surtout de ce qui ne va pas bien. Voici ci-après son dernier article paru dans le Marler blog, «Mes 5 minutes avec la FDA».

C'est un long vol depuis «l'autre Washington» (Bill Marler vit à Seattle dans l’État de Washington -aa) pour mes 5 minutes de témoignage devant la Fondation Reagan-Udall pour le groupe d'experts indépendants de la FDA, mais voilà :

Depuis près de 30 ans que je viens à Washington D.C. (la capitale des Etats-Unis -aa) pour des questions de sécurité des aliments, il y a toujours eu une discussion sur la meilleure façon de faire efficacement la réglementation et de la surveillance en sécurité des aliments.

J'étais ici alors avec les parents de Brianne Kiner, un enfant qui a survécu à l'épidémie à E. coli de Jack in the Box de 1992/1993 après six mois à l'hôpital, des mois de dialyse, l'ablation de son gros intestin et la laissant avec des lésions cérébrales. et le diabète.

J'étais ici en 2006, 2007 et 2008 à l'approche de l'adoption de la loi sur la modernisation de la sécurité des aliments (FSMA pour Food Safety Modernization Act), amenant des dizaines de clients à mettre un visage humain sur les épidémies à E. coli liées aux légumes verts à feuilles et les épidémies à Salmonella liées au beurre d’arachide.

Les administrations Clinton, Bush, Obama et Trump, et presque tous les congrès au cours de ces trois décennies, et de multiples rapports gouvernementaux, industriels et de consommateurs, le refrain résonne toujours pour une seule agence de sécurité des aliments.

Comme l'a dit avec justesse une administration, il est plus que temps de s'attaquer à la «division fragmentée et illogique de la surveillance fédérale» de la sécurité des aliments.

Pendant des décennies, plusieurs experts ont cité la nécessité de réorganiser la sécurité sanitaire et la qualité de l'approvisionnement alimentaire américain, car il est désormais «régi par un système très complexe résultant d'au moins 30 lois fédérales administrées par 16 agences fédérales.»

Oui, je comprends que nous ne sommes pas ici pour revenir sur cette discussion qui dure depuis des décennies. Je le signale uniquement pour souligner que la discussion sur l'organisation, la réorganisation et la culture des agences est antérieure à bon nombre d'entre nous ici.

Au cours des dernières décennies, la discussion a porté sur la manière de rendre parfaite la sécurité des aliments. Je suis ici pour demander que nous ne fassions pas de la perfection l'ennemi du bien. Cependant, il est plus que temps pour nous de faire le bien.

En pensant à la charge que le commissaire a confiée à la Fondation Reagan-Udall et à cet auguste groupe d'experts, j'ai rappelé une décision déterminante prise en 1994 par l'administrateur du Food Safety and Inspection Service (FSIS) de l’USDA d'alors considérant E. coli O157:H7 comme un contaminant dans la viande hachée bovine.

Une décision parfaite, non. Tous les pathogènes présents dans toutes les viandes doivent-ils être considérés comme des adultérants ? Pour moi ce serait parfait. Mais cette décision de 1994 était suffisamment bonne pour que, lentement, au cours de la décennie suivante, les cas à E. coli liés à la viande bovine aient chuté, et ont tellement chuté que ce qui avait été l'essentiel du travail de mon entreprise s'est presque complètement évaporé. Le gouvernement et l'industrie m'ont essentiellement mis à l'écart de E. coli dans le commerce de la viande bovine.

Je crois que la décision de 1994 a fonctionné pour deux raisons, premièrement, la catastrophe du Jack in the Box était peut-être trop importante pour être ignorée et deuxièmement, l'organisation de l'USDA a placé une autorité claire sur la politique liée à la sécurité des aliments et les inspections entre les mains de l'administrateur de l'agence. . Cela a permis à la décision et à la mise en œuvre de se produire rapidement, pas parfaitement, mais suffisamment bien pour avoir un impact significatif sur la santé publique.

Dans la décennie qui a suivi Jack in the Box, avant la décision de considérer que des souches supplémentaires contaminantes de E. coli se soient solidifiées, je pouvais compter presque comme sur des roulettes les cas à E. coli survenant dans la viande bovine au printemps et en été. Cela s'est arrêté en 2003, et pendant un moment, j'ai volontiers concédé que j'avais choisi la mauvaise profession.

Mais bon nombre de produits alimentaires réglementés par la FDA, en particulier les légumes verts à feuilles, ont comblé ce vide.

L'épidémie d'épinards à E. coli de 2006, avec 205 malades, des dizaines d'insuffisance rénale et 5 décès, l'industrie l'a qualifiée de «son Jack in the Box». Cette épidémie, ainsi que plusieurs autres épidémies à E. coli liées à la laitue romaine et aux épidémies à Salmonella liées au beurre d’arachide, ont fait avancer la FDA et le Congrès sur la FSMA.

L'idée derrière la FSMA était de rendre la FDA et les industries qu'elle supervise, plus proactives et non réactives. Cependant, il suffit de regarder l'épidémie à E. coli de 2018 liée à la laitue romaine (encore) avec plus de 240 malades aux États-Unis et au Canada, des dizaines d'insuffisance rénale et 5 décès, que l'espoir de la FSMA n'est pas encore une réalité.

La FSMA est-elle parfaite, probablement pas. Sa mise en œuvre depuis 2010 a-t-elle été trop lente et inégale, oui. Cependant, je pense que les échecs de la FSMA ne sont pas dus à la législation elle-même, mais au manque de leadership soutenu, cohérent, efficace et responsable à la FDA en raison de la culture et de la fragmentation des fonctions essentielles de sécurité alimentaire entre les quatre principaux centres, CFSAN, ORA, CVM et OFPR.

En terminant, mon conseil est de créer des commissaires distincts, un pour les aliments et un pour les médicaments. Les deux doivent être des subordonnés directs au secrétaire à la Santé. Le côté alimentaire doit être dirigé par un expert reconnu en sécurité alimentaire chargé de tous les aspects de l'alimentation et l'ensemble de l'organisation doit être coordonné et responsable de la sécurité sanitaire de 80% de l'approvisionnement alimentaire qui relève de sa compétence.

Serait-ce parfait, probablement pas. Serait-ce assez bon? J'espère que ce serait assez bon pour faire ce que le FSIS a fait pour E. coli et la viande bovine. Il est temps de me mettre au pâturage.

Ce dont nous n'avons pas tous besoin, c'est d'un autre Lucas Parker, âgé de 4 ans, qui, en raison de la consommation de laitue romaine contaminée par E. coli en 2019, ne marchera jamais, ne parlera jamais et ne se nourrira jamais.

Il est temps pour nous tous de faire le bien.

Commentaire
Petite paranthèse, on va avoir une police sanitaire chez nous en France, c’est très bien, même si je crois que d’autres administrations vont encore conserver certaines prérogatives, mais on n’a toujours pas une seule agence chargée de la sécurité des aliments.

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