vendredi 9 juin 2023

Pesticides : Des fabricants n'auraient pas fourni à l'UE toutes leurs études

Plusieurs grands fabricants de pesticides, dont Bayer et Syngenta, n'auraient pas remis aux autorités sanitaires européennes des études sur la toxicité de leurs produits pour le cerveau, ont rapporté jeudi des chercheurs. Les entreprises concernées assurant avoir respecté leurs obligations Réglementaires.

Cette attitude semble être un "phénomène récurrent" à et remet en cause le sérieux de l'évaluation par l'Union européenne (UE) des risques sanitaires associés aux pesticides, selon une étude publiée dans la revue Environmental Health.

Les auteurs, les chercheurs suédois Axel Mie et Christina Ruden, se sont penchés sur les études menées par les producteurs de pesticides pour évaluer leurs risques en matière de développement du cerveau. Ces tests, réalisés en exposant des souris enceintes puis en étudiant leurs petits, font partie des données remises aux autorités sanitaires pour qu'elles décident de les approuver ou non.

"Nous avons étudié si les études remises à l'agence américaine de protection de l'environnement (EPA) ont aussi été communiquées aux autorités de l'Union européenne (UE)", explique l'étude.

Neuf études non transmises
Or, sur 35 études réalisées de 1993 à 2015, neuf ont été remises aux Etats-Unis mais pas dans l'UE. Chacune concernait un pesticide différent et certaines ont mis en avant des problèmes de développement chez les animaux testés, comme une puberté tardive.

Interrogés par l'AFP, Bayer et Syngenta n'ont pas démenti que certaines études n'avaient pas été remises à l'UE, mais ont assuré que ce choix n'enfreignait pas leurs obligations en matière d'informations à donner aux autorités.

Bayer, notamment, a justifié son choix par des différences de réglementations entre les Etats-Unis et l'UE, assurant que les études en question "n'auraient pas changé l'évaluation" des autorités européennes.

Pour autant, à l'heure actuelle, sur les neuf pesticides évoqués par l'étude, la plupart ont soit été finalement retirés du marché par les autorités de l'UE, soit sont à nouveau examinés par celles-ci.

Règles durcies
L'une d'elles, l'EFSA, a notamment souligné auprès de l'AFP que ses règles s'étaient durcies en 2021 et exigeaient désormais des entreprises de communiquer "toutes les études" en matière de risques sanitaires.

Mais ce cadre réglementaire reste insuffisant pour M. Mie et Mme Ruden, selon lesquels ce sont les autorités sanitaires qui devraient être chargées de mener ces études et non les entreprises.

Sans même aller jusque-là, il serait "à portée de main" pour les autorités européennes de demander à partager les données de leurs homologues américaines ou d'autres pays, estime auprès de l'AFP Mme Ruden.

Même le BfR est monté au créneau avec ce communiqué 023/2023 du 7 juin 2023, Étude sur l'approbation transparente des produits phytopharmaceutiques : les fabricants doivent soumettre toutes les études disponibles sur une substance active.

Les procédures respectives au sein de l'Union européenne (UE) sont parmi les plus strictes au monde. Une étude suédoise publiée dans la revue scientifique "Environmental Health" a maintenant examiné la question de savoir si les études qui étaient à la disposition de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) ont également été portées à la connaissance des autorités européennes correspondantes.

On attend incessamment une réaction de l'Anses ...

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