lundi 14 août 2023

Portugal : Avertissement émis après que du pain ait été lié à près de 200 cas de maladie

«Portugal : Avertissement émis après que du pain ait été lié à près de 200 cas de maladie», source article du 14 août 2023 paru dans Food Safety News.

Les responsables de la Santé au Portugal ont mis en garde contre la consommation d'un type de pain après que près de 200 personnes sont tombées malades ces dernières semaines.

La Direction générale de la Santé (DGS) a déclaré que 187 cas suspects d'intoxication alimentaire ont été enregistrés associés à la consommation de broa de milho (un type de pain de maïs) dans certaines régions du pays entre le 21 juillet et le 9 août. Les régions touchées sont Leiria , Santarém, Coimbra et Aveiro.

Le Broa de milho fait et doit continuer à faire partie intégrante du régime alimentaire portugais. Toutefois, dans le cadre d'une suspicion d'intoxication alimentaire, il est recommandé d'arrêter la consommation de ces aliments dans les zones géographiques identifiées ci-dessus, dans l'attente d'une enquête des autorités», précise la DGS.

Les patients présentaient des symptômes similaires, notamment une bouche sèche, des changements visuels, des étourdissements, une confusion mentale et une diminution de la force musculaire. Les symptômes ont été observés entre 30 minutes et deux heures après avoir mangé de la nourriture. Dans la plupart des cas, les symptômes ont été classés comme légers, mais 43 patients suspects ont nécessité des soins hospitaliers. Cependant, l'agent responsable n'a pas été révélé.

Focus sur la farine

Une enquête épidémiologique est en cours et implique les directions régionales de la santé publique, l'Autorité économique et de sécurité alimentaire (ASAE) et la Direction générale des affaires alimentaires et vétérinaires (DGAV).

Les autorités ont restreint les matières premières utilisées dans la fabrication du broa de milho soupçonné d'être impliqué et surveillent la situation.

Les personnes concernées avaient consommé du broa de milho produit et distribué dans les districts de Santarém, Leiria, Coimbra et Aveiro. Les soupçons initiaux sont tombés sur la farine utilisée pour fabriquer le produit.

Pour faire face à l'incertitude existante, les autorités effectuent des analyses sur les aliments et les matières premières ainsi que des inspections dans les entreprises pour identifier les lots de matières premières utilisées.

La DGS a déclaré que la recommandation d'éviter le broa de milho dans les quatre régions énumérées est une mesure préventive qui resterait en place jusqu'à ce qu'il y ait une garantie que tous les aliments potentiellement contaminés ont été retirés du marché et que l'enquête soit terminée.


Commentaire
Cette situation rappelle une situation bien connue, celle que l’on a appelé en son temps, l'affaire du pain maudit ...

L'affaire du pain maudit est une série d'intoxications alimentaires qui a frappé la France pendant l'été 1951, dont la plus sérieuse à partir du 16 août à Pont-Saint-Esprit (Gard) où elle fera cinq, voire sept morts, cinquante personnes internées dans des hôpitaux psychiatriques et deux cent cinquante personnes atteintes de symptômes plus ou moins graves ou durables. Soixante-dix ans après les événements de Pont-Saint-Esprit, on ne sait toujours pas à quoi les attribuer. Cliniquement, les symptômes étaient ceux d'une forme mixte d'ergotisme, mais ce diagnostic n'a pu être prouvé. Pour la justice, la cause est une farine avariée. Source Wikipédia.

Il faut pour comprendre cette affaire lire le livre encyclopédique de Steven L. Kaplan, Retour sur la France des années oubliées, Paris, Fayard, 2008, 1129 p.(source Cairn.info).

Steven Kaplan s’attache à reconstituer précisément le fil du drame spiripontain. Il part logiquement de Roch Briand, «boulanger dans la tourmente» qui a cuit la fournée incriminée, leader syndical engagé politiquement à droite et qui fait l’objet de toutes les rumeurs après l’intoxication. Les médecins retrouvent vite l’origine alimentaire de la maladie, et le maire Albert Hebrard gère la crise avec sang-froid. Très rapidement aussi, la police remonte la piste de la farine jusqu’au moulin de Saint-Martin-la-Rivière dans la Vienne, où elle s’aperçoit que pour faire la soudure de l’été 1951, on est allé chercher les « fonds de grenier » et qu’on a fait de la farine avec des grains mêlés et abîmés. Cependant, le commissaire, qui n’est pas un spécialiste de la meunerie, trop pressé d’annoncer qu’il a résolu le mystère, va semble-t-il un peu vite. Le meunier et un boulanger poitevins sont incarcérés à Nîmes, mais ensuite leurs avocats démontent fort habilement les faiblesses d’une instruction précipitée et obtiennent un non-lieu. À Pont-Saint-Esprit, la terreur persiste devant l’incapacité des spécialistes à déterminer la cause de l’intoxication. Les médecins sont d’abord persuadés d’être en présence d’un retour de l’ergotisme et s’accrochent à cette hypothèse, bien qu’elle soit démentie par l’absence du parasite cryptogamique dans les échantillons analysés. Le parquet retient ensuite la piste d’une souillure par un produit chimique au mercure lors du transport de la farine, démentie ensuite par une thèse de pharmacie. Le flou favorise l’émergence de toutes les explications, jusqu’aux plus farfelues. La faillite des experts qui secondent la justice suscite des interrogations sur leurs compétences et sur le statut même de l’expertise. De leur côté, les victimes qui paraissent oubliées par la Justice s’organisent et obtiennent au Civil la condamnation pour faute lourde de l’Association professionnelle de la Meunerie. Celle-ci, que l’affaire expose aux critiques, concède, par la voie de ses dirigeants, la nécessité d’une réforme de son organisation corporatiste, mais sans toutefois s’empresser de l’engager. Le gouvernement libéral d’Antoine Pinay renonce lui aussi à une refonte globale. Cependant, ce corporatisme, mal vécu par les boulangers comme par la nouvelle génération des meuniers, finit par céder progressivement la place à un retour à la concurrence.  

Déjà cette époque, on avait des preuves épidémiologiques, mais pas de preuves microbiologiques ...

NB : La photo est une illustration du broa de milho.

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