Les
responsables de la Santé au Portugal ont mis en garde contre la
consommation d'un type de pain après que près
de 200 personnes sont tombées malades ces dernières semaines.
La
Direction générale de la Santé (DGS) a déclaré que 187 cas
suspects d'intoxication alimentaire ont été enregistrés associés
à la consommation de broa de milho (un type de pain de maïs) dans
certaines régions du pays entre le 21 juillet et le 9 août. Les
régions touchées sont Leiria , Santarém, Coimbra et Aveiro.
Le Broa de milho fait et doit continuer à faire partie intégrante
du régime alimentaire portugais. Toutefois, dans le cadre d'une
suspicion d'intoxication alimentaire, il est recommandé d'arrêter
la consommation de ces aliments dans les zones géographiques
identifiées ci-dessus, dans l'attente d'une enquête des autorités»,
précise la DGS.
Les
patients présentaient des symptômes similaires, notamment une
bouche sèche, des changements visuels, des étourdissements, une
confusion mentale et une diminution de la force musculaire. Les
symptômes ont été observés entre 30 minutes et deux heures après
avoir mangé de la nourriture. Dans la plupart des cas, les symptômes
ont été classés comme légers, mais 43 patients suspects ont
nécessité des soins hospitaliers. Cependant, l'agent responsable
n'a pas été révélé.
Focus
sur la farine
Une
enquête épidémiologique est en cours et implique les directions
régionales de la santé publique, l'Autorité économique et de
sécurité alimentaire (ASAE) et la Direction générale des affaires
alimentaires et vétérinaires (DGAV).
Les
autorités ont restreint les matières premières utilisées dans la
fabrication du broa de milho soupçonné d'être impliqué et
surveillent la situation.
Les
personnes concernées avaient consommé du broa de milho produit et
distribué dans les districts de Santarém, Leiria, Coimbra et
Aveiro. Les soupçons initiaux sont tombés sur la farine utilisée
pour fabriquer le produit.
Pour
faire face à l'incertitude existante, les autorités effectuent des
analyses sur les aliments et les matières premières ainsi que des
inspections dans les entreprises pour identifier les lots de matières
premières utilisées.
La
DGS a déclaré que la recommandation d'éviter le broa de milho dans
les quatre régions énumérées est une mesure préventive qui
resterait en place jusqu'à ce qu'il y ait une garantie que tous les
aliments potentiellement contaminés ont été retirés du marché et
que l'enquête soit terminée.
Commentaire
Cette situation rappelle une situation bien connue, celle que l’on a appelé en son temps, l'affaire du pain maudit ...
L'affaire du pain maudit est une série d'intoxications alimentaires
qui a frappé la France pendant l'été 1951, dont la plus sérieuse
à partir du 16 août à Pont-Saint-Esprit (Gard) où elle fera cinq,
voire sept morts, cinquante personnes internées dans des hôpitaux
psychiatriques et deux cent cinquante personnes atteintes de
symptômes plus ou moins graves ou durables. Soixante-dix ans après
les événements de Pont-Saint-Esprit, on ne sait toujours pas à
quoi les attribuer. Cliniquement, les symptômes étaient ceux d'une
forme mixte d'ergotisme,
mais ce diagnostic n'a pu être prouvé. Pour la justice, la cause
est une farine avariée. Source Wikipédia.
Il faut pour comprendre cette affaire lire le livre encyclopédique de Steven L. Kaplan, Retour sur la France des années oubliées, Paris, Fayard, 2008, 1129 p.(source Cairn.info).
Steven Kaplan s’attache à reconstituer précisément le fil du
drame spiripontain. Il part logiquement de Roch Briand, «boulanger
dans la tourmente» qui a cuit la fournée incriminée, leader
syndical engagé politiquement à droite et qui fait l’objet de
toutes les rumeurs après l’intoxication. Les médecins retrouvent
vite l’origine alimentaire de la maladie, et le maire Albert
Hebrard gère la crise avec sang-froid. Très rapidement aussi, la
police remonte la piste de la farine jusqu’au moulin de
Saint-Martin-la-Rivière dans la Vienne, où elle s’aperçoit que
pour faire la soudure de l’été 1951, on est allé chercher les «
fonds de grenier » et qu’on a fait de la farine avec des grains
mêlés et abîmés. Cependant, le commissaire, qui n’est pas un
spécialiste de la meunerie, trop pressé d’annoncer qu’il a
résolu le mystère, va semble-t-il un peu vite. Le meunier et un
boulanger poitevins sont incarcérés à Nîmes, mais ensuite leurs
avocats démontent fort habilement les faiblesses d’une instruction
précipitée et obtiennent un non-lieu. À Pont-Saint-Esprit, la
terreur persiste devant l’incapacité des spécialistes à
déterminer la cause de l’intoxication. Les médecins sont d’abord
persuadés d’être en présence d’un retour de l’ergotisme et
s’accrochent à cette hypothèse, bien qu’elle soit démentie par
l’absence du parasite cryptogamique dans les échantillons
analysés. Le parquet retient ensuite la piste d’une souillure par
un produit chimique au mercure lors du transport de la farine,
démentie ensuite par une thèse de pharmacie. Le flou favorise
l’émergence de toutes les explications, jusqu’aux plus
farfelues. La faillite des experts qui secondent la justice suscite
des interrogations sur leurs compétences et sur le statut même de
l’expertise. De leur côté, les victimes qui paraissent oubliées
par la Justice s’organisent et obtiennent au Civil la condamnation
pour faute lourde de l’Association professionnelle de la Meunerie.
Celle-ci, que l’affaire expose aux critiques, concède, par la voie
de ses dirigeants, la nécessité d’une réforme de son
organisation corporatiste, mais sans toutefois s’empresser de
l’engager. Le gouvernement libéral d’Antoine Pinay renonce lui
aussi à une refonte globale. Cependant, ce corporatisme, mal vécu
par les boulangers comme par la nouvelle génération des meuniers,
finit par céder progressivement la place à un retour à la
concurrence.
Déjà cette époque, on avait des preuves épidémiologiques, mais pas de preuves microbiologiques ...
NB : La photo est une illustration du broa de milho.