vendredi 25 janvier 2019

Le Royaume-Uni veut réduire de 15% les antibiotiques dans un plan quinquennal contre la résistance aux antimicrobiens


« Le Royaume-Uni veut réduire de 15% les antibiotiques dans un plan quinquennal contre la résistance aux antimicrobiens », source article de Chris Dall paru dans CIDRAP news du 24 janvier 2019.

Le gouvernement britannique a publié un nouveau plan de lutte contre la résistance aux antimicrobiens (RAM) qui vise à réduire le nombre d'infections résistantes aux antibiotiques, à réduire l'utilisation des antibiotiques chez l'homme et l'animal et à inciter les sociétés pharmaceutiques à développer de nouveaux antibiotiques.

Le plan d'action national quinquennal préconise une réduction de 10% du nombre d'infections résistantes aux antibiotiques chez l'homme d'ici 2025, une diminution de 15% de l'utilisation d'antibiotiques chez l'homme d'ici 2024 et une réduction de 25% de l'utilisation d'antibiotiques dans les aliments. d’élevage d’ici 2020. Pour encourager le développement de nouveaux antibiotiques, le gouvernement testera un nouveau modèle de paiement qui remboursera les sociétés pharmaceutiques en fonction de la valeur de leurs médicaments pour le National Health Service (NHS), plutôt que sur la quantité d’antibiotiques vendus.

« Grâce à ce plan, nous indiquons à nous-mêmes et aux autres pays le défi à poursuivre sur l'excellent travail que nous menons ensemble pour préserver et développer ces médicaments essentiels pour les générations à venir et nous aider à relever l'un des défis les plus pressants en matière de santé mondiale auquel nous sommes confrontés au cours de ce siècle », ont écrit Michael Gove, secrétaire d'Etat britannique chargé de l'environnement, de l'alimentation et des affaires rurales et Matt Hancock, secrétaire à la santé et aux affaires sociales, dans l'avant-propos du plan.


Réduire les infections, optimiser les antibiotiques
Le plan définit trois moyens principaux par lesquels le gouvernement agira contre la RAM: réduire le besoin d'antibiotiques en allégeant le fardeau des infections chez l'homme et les animaux, optimiser l'utilisation des antibiotiques chez les humains et les animaux par une meilleure gestion et investir dans la recherche et le développement de nouveaux antibiotiques, diagnostics et vaccins.

Dans chacun de ces domaines se trouvent des stratégies spécifiques. Ces actions comprennent le renforcement de la prévention et du contrôle des infections dans les hôpitaux, l’élaboration de données en temps réel sur le traitement des patients et les antécédents de résistance, la promotion de meilleures pratiques d’élevage, le renforcement des programmes d'utilisation des antimicrobiens, la limitation de la contamination de l’eau et du sol par des antibiotiques et la collecte de meilleures données sur les pathogènes résistants aux antibiotiques chez l'homme et l'animal.

Le gouvernement affirme qu'il mettra en œuvre le plan en utilisant une approche basée sur les risques et ciblera les interventions susceptibles d'avoir le plus grand impact.

Le plan vise à tirer parti du succès de la stratégie quinquennale précédente de lutte contre la RAM au Royaume-Uni, lancée en 2013 dans le but d'améliorer la connaissance et la compréhension de la résistance aux antibiotiques, de conserver les antibiotiques et de stimuler le développement de nouveaux traitements pour les infections résistantes aux antibiotiques. Depuis 2013, les ventes d'antibiotiques vétérinaires au Royaume-Uni ont chuté de 40%, tandis que les ventes d'antibiotiques médicalement importants ont diminué de 52%. En outre, l'utilisation d'antibiotiques chez l'homme a diminué de plus de 7% entre 2014 et 2017.

En dépit de ces réductions chez les humains et les animaux, le nombre d'infections dans le sang résistantes aux antibiotiques au Royaume-Uni a augmenté de 35% entre 2013 et 2017. L'un des objectifs du nouveau plan est de réduire de moitié le nombre d'infections sanguines à gram négatif d'ici 2025.

Dans le cadre de la vision sur 20 ans, le gouvernement a annoncé qu'il utiliserait une série de plans quinquennaux pour atteindre des taux d'infections résistantes parmi les plus faibles au monde, démontrer l'utilisation optimale des antibiotiques chez l'homme et les animaux, stimuler l'innovation et garantir l'accès durable aux antibiotiques anciens et nouveaux.

Nouveau modèle de paiement
L'intention de tester un nouveau modèle de paiement pour les antibiotiques suggère également le souhait du gouvernement de promouvoir la recherche et le développement de nouveaux antibiotiques.

Hancock a déclaré à la BBC que le modèle de paiement actuel, qui repose sur le volume de médicaments vendus, encourage les sociétés pharmaceutiques à vendre autant d'antibiotiques que possible. Dans le même temps, cela décourage les entreprises de développer de nouveaux antibiotiques, car tout nouveau médicament resterait probablement en réserve tant que les antibiotiques actuels resteront efficaces.

« Si vous achetez les médicaments directement auprès des fabricants de médicaments, les incitations commerciales consistent à continuer à extraire les vieux antibiotiques », a déclaré Hancock. « Mais les microbes deviennent progressivement résistants à ces antibiotiques, nous devons donc changer la façon dont nous achetons des antibiotiques afin d'encourager le développement de nouveaux antibiotiques. »

Selon le nouveau modèle, a expliqué Hancock, le NHS va expérimenter l'achat d'un « service » antibiotique auprès des sociétés pharmaceutiques, en le payant d'avance pour avoir accès à des antibiotiques efficaces. « Nous allons acheter des antibiotiques qui fonctionnent chez vous et nous veillerons à ce que le financement soit disponible. Ainsi, si nous avons besoin d'antibiotiques, ils seront disponibles », a-t-il déclaré.

Un modèle de paiement qui minimise les bénéfices tirés du volume d'antibiotiques vendus et paye les entreprises pour la valeur d'un nouvel antibiotique pour la santé publique est le type d'incitation « attractive » que les défenseurs du développement d'antibiotiques estiment nécessaire pour obtenir davantage de nouveaux antibiotiques.

Selon une analyse récente du Pew Charitable Trusts, seuls 11 antibiotiques qui ciblent les agents pathogènes les plus graves résistants aux antibiotiques font actuellement l'objet d'essais cliniques. Et à cause des difficultés économiques, de nombreux fabricants de médicaments ont abandonné leurs programmes de recherche sur les antibiotiques.

Le directeur général de CARB-X, Kevin Outterson, affirme que le modèle démontre un « leadership mondial sérieux » du gouvernement britannique, qui a travaillé avec l'industrie pharmaceutique ces deux dernières années pour développer l'idée.

« Ce projet pilote au Royaume-Uni sera la première incitation au monde pour les antibiotiques », a déclaré Outterson à CIDRAP News. « L'étape révolutionnaire consiste à payer pour de nouveaux antibiotiques basés non sur le volume des ventes, mais sur l'intérêt des patients et de la société. L'utilisation des antibiotiques peut être la priorité dans ce modèle, tout en soutenant l'innovation. »

Etats-Unis : Il est de nouveau question de cas de listériose après avoir mangé des pommes au caramel


Il va être de nouveau question de cas de listériose après avoir consommé des pommes au caramel.

Selon le CDC, en 2017, trois personnes ont eu une listériose après avoir mangé des pommes au caramel.

Morbidity and Mortality Weekly Reports (MMWR) a publié le 25 janvier 2019 des informations sur un groupe de patients atteints de listériose qui sont devenus malades après avoir mangé des pommes au caramel à l'automne 2017.

Les pommes ont été vendues dans un emballages dans des chaînes de magasin à travers le pays. Les cas se sont produits dans l’Illinois, l’Iowa et le Michigan. Tous les patients étaient des hommes âgés de 55 à 71 ans. Tous trois ont été hospitalisés pour une listériose, mais aucun n'est décédé.

Les investigateurs n'ont pas trouvé la souche épidémique de Listeria monocytogenes sur des pommes au caramel recueillies au cours de l'enquête sur l'éclosion, ni au cours des tests menés dans des environnements de production de pommes. Néanmoins, les auteurs ont déclaré que les preuves épidémiologiques indiquaient que les pommes au caramel étaient la cause de l'épidémie.

Les recettes dans les magasins recueillies auprès des patients ont montré que les trois avaient mangé les mêmes pommes au caramel au cours des semaines précédant l’apparition des symptômes.

« Toutes les personnes malades associées à une éclosion ont consommé une marque spécifique d'un produit alimentaire relativement peu commun au cours du mois qui a précédé l'apparition de leur maladie, et elles ont toutes été infectées par des souches de L. monocytogenes indiscernables », ont déclaré les auteurs du Centers for Disease Control et des services de santé des Etats.

« Les pommes au caramel ont déjà été impliquées dans une importante épidémie de listériose dans plusieurs Etats en 2014-2015, provoquée par la contamination de pommes entières. » voir des articles, ici et ici.

Rappel de produits de nutrition infantile de marque Modilac : La com se met en place


La DGCCRF informe le 24 janvier 2019 dans la sobriété avec l'« Avis de rappel de produits de nutrition infantile de la marque Modilac ».
Marque : MODILAC
Risque : suspicion d’infection à Salmonella Poona
Commentaire : Les références concernées, distribuées aux consommateurs exclusivement en pharmacies et dans plusieurs associations caritatives, ou commercialisées sur des sites de vente en ligne, sont rappelées sans distinction de lot ni de date de fabrication.
Le communiqué du ministère le santé du 24 janvier 2019 lance la com du gouvernement avec le « Rappel de produits de nutrition infantile de la marque Modilac en raison d’une suspicion d’infection à Salmonella poona »
Le dispositif français de veille sanitaire a permis d’identifier un excès de cas de salmonelloses à Salmonella Poona chez des nourrissons de moins de 2 ans. Les investigations menées par Santé publique France ont permis d’identifier 4 nourrissons ayant été infectés par une même souche de cette salmonelle. Tous avaient consommé quelques jours avant la survenue des symptômes des produits de nutrition infantile à base de protéines de riz de marque Modilac, fabriqués dans une usine implantée en Espagne. Ces nourrissons vont aujourd’hui mieux et sont tous sortis d’hospitalisation. Trois autres cas sont en cours d’investigation.
En conséquence, l’entreprise Modilac qui commercialise ces produits a procédé ce jour, en lien avec la DGCCRF et la DGS, au rappel de toute sa gamme de produits de nutrition infantile à base de protéines de riz et, de manière élargie, de l’ensemble des fabrications issues du site de production espagnol concerné.
Modilac met également à disposition des parents un numéro vert 0 800 800 970 pour répondre à leurs interrogations.

La question que l'on peut se poser à la lecture de ce communiqué est ne pouvait-on pas prévenir et informer plus tôt ?
Les communiqués interviennent un jour après celui de l'entreprise Modilac ...

A noter que Santé publique France investigue actuellement des cas de salmonellose de sérotype Poona chez des nourrissons. C'était le 23 janvier 2019.


Le 24 janvier, Santé publique de France rapporte :

Santé publique France investigue ces cas de salmonellose en interrogeant les parents des bébés malades sur les symptômes et les consommations avant leurs symptômes.
Ces 7 bébés, 5 garçons et 2 filles, résidant dans 5 régions différentes, âgés de 2 à 18 mois au moment des symptômes, ont été malades entre fin août 2018 et le 10 Janvier 2019. Tous ont présenté de la diarrhée dont deux avec du sang dans les selles et 6 ont eu de la fièvre. Quatre bébés ont été hospitalisés pour leur salmonellose et sont sortis depuis. Tous les enfants vont mieux ou sont guéris.
Le communiqué de l'entreprise Modilac date du 23 janvier, soit un jour avant nos autorités, le temps sans doute de préparer la com :
Principe de précaution : retrait / rappel de formules infantiles fabriquées en Espagne, distribuées en pharmacies.
A la suite du signalement de 4 cas de présence de Salmonella poona confirmée dans les selles de nourrissons ayant consommé des formules infantiles à base de protéines de riz sous marque Modilac, MODILAC, en accord avec la DGCCRF, a décidé de rappeler :
L’ensemble des formules à base de protéines de riz au-delà des 2 lots concernés à date,
Par précaution, l’ensemble des formules infantiles fabriquées dans l’usine concernée en Espagne, en attendant que l’origine du problème soit établie.
Afin d’éviter tout risque de confusion, et de faciliter la gestion du retrait/rappel, nous avons décidé de procéder à un large rappel, sans distinction de lot, ni de date :

MODILAC EXPERT RIZ 1er âge
MODILAC EXPERT RIZ AR 1er âge
MODILAC EXPERT RIZ AR 2ème AGE
MODILAC EXPERT RIZ 2ème AGE
MODILAC EXPERT RIZ CROISSANCE
MODILAC EXPERT PREMA
PREMODILAC EXPERT
MODILAC EXPERT SL
MODILAC EXPERT HA
MODILAC EXPERT TRANSIT +
MODILAC EXPERT AR 1er AGE
MODILAC EXPERT AR 2eme AGE
MODILAC - MON PREMIER DESSERT SANS-LAIT CACAO
MODILAC - MON PREMIER DESSERT SANS-LAIT CARAMEL
MODILAC - MON PREMIER DESSERT SANS-LAIT VANILLE
MODILAC - MON PREMIER DESSERT SANS-LAIT BANANE
MODILAC 1er AGE distribués par les associations caritatives
MODILAC 2ème AGE distribués par les associations caritatives
MFODILAC regrette sincèrement cette situation et vous présente toutes ses excuses pour l’inquiétude générée.

Le communiqué indique ensuite une série de questions-réponses.

La phrase « Afin d’éviter tout risque de confusion, et de faciliter la gestion du retrait/rappel », montre une certaine confusion, et sans doute, ne sait-on pas quel lot est contaminé, donc on rappelle le tout …

Le recours au principe de précaution est abusif puisque d'une part il y a présence d'un danger par un pathogène, Salmonella, et d'autre part, il y a un lien épidémiologique avec quatre cas de maladies ...


Complément du 26 janvier 2019. La DGCCRF communique le 25 janvier 2019 sur un « Avis de rappel de produits de nutrition infantile de marque PICOT AR ».

La DGCCRF prend note de la décision de l’entreprise Lactalis Nutrition Santé de procéder au rappel du produit Picot AR, ce produit étant fabriqué dans la même usine espagnole que celle dont sont issus les produits ayant fait l’objet d’un rappel, en date du 24 janvier 2019, susceptibles d’être contaminés par Salmonella Poona. 
Le retrait/rappel concerne 16 300 boites de lait Picot AR vendues exclusivement en pharmacie depuis le 29 novembre 2018. 
Les autorités sanitaires demandent aux parents qui disposeraient de boîtes concernées par cette mesure de rappel de ne pas les utiliser dans la mesure du possible, qu’elles soient neuves ou déjà entamées, et de les rapporter, si possible, au point de vente où elles ont été achetées. 
(...) La DGCCRF procède à la vérification d’effectivité des mesures de rappel et à l’information de ses homologues européens et étrangers, au moyen du réseau RASFF. Les investigations menées par la DGCCRF se poursuivent, en lien avec les autorités espagnoles, afin d’obtenir tout élément utile, en particulier relatifs à la traçabilité des fabrications de l’usine concernée. 
Santé Publique France, en lien avec le Centre national de référence des Salmonelloses (Institut Pasteur), poursuit également la surveillance renforcée des cas de Salmonella poona.

Pour l'instant, pas de nouvelles du ministère de la santé ...


Le communiqué de Lactalis du 25 janvier 2019 est ici.

jeudi 24 janvier 2019

Les investigations alimentaires de la FDA tournent à moins de 50% de la normale

« Les investigations alimentaires de la FDA tournent à moins de 50% de la normale » source article de Dan Flynn du 22 janvier 2019 paru dans Food Safety News.

La Food and Drug Administration compte « plus de 200 enquêteurs dans les denrées alimentaires » sur le terrain « sans compter le personnel de soutien et les superviseurs » sur environ 550 professionnels « lorsque l'agence est pleinement opérationnelle », selon le commissaire Scott Gottlieb.

Dans un « tweet » ce lundi, le commissaire de la FDA a déclaré qu’il répondait aux questions concernant les niveaux de dotation en personnel de l'Office of Human and Animal Food Operation de la FDA. Il s’agit de l’une des déclarations les plus détaillées sur la dotation en personnel en matière de sécurité des aliments faite par Gottlieb depuis le début du shutdown partiel du gouvernement le 22 décembre.

 Dans un tweet de suivi, Gottlieb a exprimé son appréciation.

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« Nous sommes profondément reconnaissants au personnel professionnel de la FDA qui continue à mener cette mission sans être payé, tout en engageant des dépenses pour leurs cartes de crédit personnelles du gouvernement, destinées aux voyages », a-t-il écrit. « Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour les soutenir dans la mesure où ils protègent les consommateurs américains. »

Le Food Safety and Inspection Service (FSIS) du ministère américain de l'agriculture continue de déployer la plupart de ses 10 000 employés, principalement dans les établissements de transformation de viande et de volaille, qui sont tenus par la loi fédérale de disposer de services d'inspection continue pour leur production alimentaire afin de poursuivre leurs activités.

Les inspecteurs du FSIS doivent être au travail pour que la viande et la volaille soient considérées comme propres à la consommation humaine.

Bien que la FDA soit responsable de la réglementation d’environ 80% de la production alimentaire globale du pays, elle n’est pas tenue de procéder à des inspections continues. Si une installation réglementée par la FDA n’est ni à haut risque, ni considérée comme un problème, il n’est pas courant qu’il y ait plusieurs années entre les inspections.

Les tweets du commissaire de la FDA arrivent alors qu’il se serait inquiété de l’impact à long terme de la shutdown du gouvernement.

Le Congrès a adopté une loi garantissant que les employés du gouvernement fédéral seront tous payés dès qu'un accord sera conclu pour rouvrir les parts du gouvernement sur des fonds inutilisés. Mais les dirigeants du Congrès et la Maison-Blanche continuent de se parler au lieu de s’engager dans de véritables négociations.

Les Centers for Disease Control and Prevention d’Atlanta a échappé au shutdown partiel gtâce à un financement issu du processus normal d’appropriation. Il continue d'investiguer sur les épidémies de maladies d'origine alimentaire dans plusieurs États. La détection des maladies d’origine alimentaire incombe en priorité aux 2 700 districts de santé des États et des districts sanitaires locaux du pays, qui ne sont pas non plus affectés par les fermetures fédérales.

Couches pour bébé, pas de données épidémiologiques, mais il y aurait un risque ...


L’Anses publie ce jour son évaluation de risques liés aux substances chimiques présentes dans les couches pour bébé. A partir d’essais réalisés sur des couches jetables et leur usage, l’expertise de l’Agence a mis en évidence des dépassements de seuils sanitaires pour plusieurs substances chimiques. Au regard des risques que peuvent présenter ces substances pour la santé des bébés, l’Anses recommande de les éliminer ou de réduire au maximum leur présence dans les couches jetables. L’Agence préconise également de renforcer le contrôle de ces substances dans les couches mises sur le marché. Enfin, l’Anses souligne la nécessité d’un cadre réglementaire plus restrictif encadrant ces produits.


L'édition scientifique mentionne dans sa conclusion :
En conclusion, il n’existe aucune donnée épidémiologique permettant de mettre en évidence des effets sanitaires en lien avec le port de couches. Toutefois, des substances chimiques dangereuses ont été retrouvées dans ces couches. Sur la base des résultats des essais de l’INC et du SCL et des données bibliographiques, une évaluation quantitative de risques sanitaires a été réalisée sur les couches pour bébé à usage unique selon des scénarios réalistes. Cette évaluation quantitative des risques sanitaires a mis en évidence des dépassements de seuils sanitaires pour plusieurs substances. Aussi, à ce jour et en l’état actuel des connaissances, il n’est pas possible d’exclure un risque sanitaire lié au port des couches à usage unique.

L'édition scientifique mentionne aussi l'étude de l'OSAV de 2018 dont j'avais parlé ici  en ces termes :
En 2018, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), en collaboration avec la fédération romande des consommateurs FRC, a également réalisé des essais sur 21 couches à usage unique disponibles sur le marché suisse. Cent quatorze substances chimiques ont été recherchées dans des broyats de couches : des dioxines et furanes, des HAP, des substances perfluorés, le glyphosate et l’AMPA, des phtalates, des composés organiques volatiles (COV) et des résidus de solvants. Des dioxines et furanes (1,2,3,4,6,7,8 HpCDD, OCDD et 1,2,3,4,6,7,8 HpCDF) ont été quantifiées dans une référence. Des HAP ont été quantifiés dans 17 couches sur 19 (naphtalène, anthracène et pyrène). Enfin, le DIBP a été quantifié dans une référence.
L’OSAV conclut que les couches pour bébé ne contiennent pas de substances chimiques susceptibles de présenter des risques pour la santé des nourrissons et des enfants en bas âge (OSAV, 2018 ; FRC, 2018). Il est à noter que ces conclusions ont été établies sans qu’une évaluation quantitative des risques sanitaires n’ait été conduite.

La com du Gouvernement est à la hauteur de l'absence de données épidémiologiques, et c'est pas moins que trois ministres qui sont signataires de ce communiqué du 23 janvier 2019,
Substances chimiques dans les couches pour bébés : le Gouvernement demande aux professionnels de prendre dans les meilleurs délais les mesures garantissant la sécurité des produits sur le marché.
Un avis de l’Anses conclut qu’un risque sanitaire associé à la présence de certaines substances chimiques dans les couches pour bébés ne peut être exclu. À ce titre, les ministres de la Transition écologique et solidaire, des Solidarités et de la Santé et de l’Economie et des Finances demandent aux professionnels la mise en œuvre rapide d’actions correctives. Des engagements sont attendus sous 15 jours. Les contrôles du marché des couches pour bébés par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) seront renforcés.

Ce communiqué précise, mais qui s'en soucie, surtout pas les médias :
L’Anses ne met pas en évidence de danger grave et immédiat mais révèle que certaines substances chimiques sont présentes dans des quantités qui ne permettent pas d’exclure un risque sanitaire lié au port de couches.

La revue 60 millions de consommateurs, à l'origine de l'information sur les couches pour bébé, indique : Toxiques dans les couches bébé : les risques confirmés.
Trop de substances indésirables ! Deux ans après notre première alerte, l’Anses demande une réglementation plus stricte sur les couches pour bébé.

Pas de données épidémiologique mais le risque existe, il va falloir que l'on m'explique ...


Complément du 25 janvier 2018. On lira avec intérêt l'article de seppi très documenté, Couches (et glyphosate) : jusqu'où iront l'ignominie du Monde Planète et de Libération, et l'hystérie du gouvernement ?

Complément. Il y a une suite en date du 8 février selon la DGCCRF
Substances chimiques dans les couches pour bébés : réunion ce jour avec les professionnels. 
Les pouvoirs publics ont convoqué, ce jour, les fabricants et distributeurs de couches à usage unique pour bébés pour qu’ils présentent les actions déjà réalisées et leurs engagements afin d’éliminer les substances chimiques préoccupantes présentes dans leurs produits. Cette réunion fait suite à la convocation des professionnels le mercredi 23 janvier dernier par les ministres de la Transition Écologique et Solidaire, des Solidarités et de la Santé et de l’Économie et des Finances.

mercredi 23 janvier 2019

Existe-t-il un Frexit en matière de sécurité des aliments ?


L'Ania vient de lancer un nouveau site Internet « Alimentation Info Intox ? » dont l'ambition est de «rétablir des vérités sur notre alimentation et lutter contre le « marketing de la peur».

Cette démarche me paraît utile, reste à savoir si des sujets, mettant en cause les entreprises alimentaires, comme la non-information sur leurs sites internet respectifs des avis de rappel, seront traités.

Toujours qu'un des derniers sujets traités a retenu mon attention. Il s'agit du « E171 ou dioxyde de titane : comprendre les trois débats ». Les trois débats en question sont d'ordre scientifique, réglementaire et citoyen.

Sur le débat réglementaire, il est question de 'Frexit' :
La suspension unilatérale envisagée par le gouvernement français, sans attendre l’évaluation de l’ANSES, sonne comme un « Frexit » réglementaire et décrédibilise les autorités européennes laissant entendre que l’Europe est laxiste et inefficace sur les questions sanitaires.
Pourtant, en ce qui concerne les produits alimentaires, il est important de rappeler que la réglementation européenne encadre très précisément l’autorisation des additifs ou encore l’étiquetage. Il s’agit d’ailleurs sans nul doute de la réglementation la plus exigeante au monde. Faisant de l’Europe et en particulier de la France un champion en matière de sécurité des aliments.
Je ne me prononcerais pas sur le sujet « un champion en matière de sécurité des aliments », mais sur celui de Frexit …

Existe-t-il un Frexit en matière de sécurité des aliments ?

Pour le E171, sans aucun doute puisque, selon 60 millions de consommateurs, « le ministre de ll'économie et des finances s'est engagé à signer le 15 avril 2019 l'arrêté pour suspendre le E171, mais on ne connaît pas encore la date exacte de la mise en place de cette suspension. »

En juillet 2018, j'indiquais dans un article détaillé et prémonitoire sur le sujet que « L’EFSA ne trouve pas matière à réévaluer le dioxyde de titane, mais il faudra quand même l’interdire en France » …

En fait, il n'y a pas en France, trois débats, scientifique, réglementaire et citoyen comme indiqué plus haut, mais un seul, le débat politique.

D'ailleurs sur le E171, nos amis belges écrivent en août 2018:
Le E171 (dioxyde de titane, TiO2) est en phase de suivi de réévaluation : des données supplémentaires ont été demandées par la Commission dans le cadre du suivi de la réévaluation de l'EFSA. À cet égard, des engagements de fabricants ont été pris et des délais ont été fixés. Des discussions en France, avec la demande à la Commission de suspendre l'additif, ont conduit à une nouvelle demande à l'EFSA d'examiner en urgence l'intérêt de quelques études récentes.
La publication de cet avis de l'EFSA est attendue pour le mois de juillet. La discussion de cet avis par la Commission a été mise à l'agenda, mais rien n'a encore été décidé quant à une éventuelle suspension ! Il s'agit d'un sujet à caractère politique (nous recevons aussi des questions parlementaires sur ce thème).
Bien entendu, plus médiatisé est le cas du glyphosate, et assurément, comme c'est un sujet politique, il existe un Frexit, puisque la Commission européenne a (ré)autorisé le produit pour cinq ans au lieu de 15 ans, malgré un avis positif tant de l'EFSA que de l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA). Précisons que chez nous, on souhaite le réduire à trois ans, voire même l'interdire tout de suite ...

Si vous avez d'autres exemples, je suis preneur, je pense en particulier à l'interprétation française assez draconienne des textes réglementaires européens … ou l'encadrement de la flexiblité du PMS pour les petites entreprises alimentaires ...

Complément du 11 mai 2019La Fevia, la Fédération de l'industrie alimentaire belge, a publié un communiqué le 29 avril 2019 sur la « Position de la Fevia sur le dioxyde de titane dans les denrées alimentaires ».

Des chercheurs découvrent qu'un régime alimentaire riche en graisses peut augmenter le risque d'infection à Listeria

Dr. Cormac Gahan et Vanessa Las Heras. Photo par Tomas Tyner, UCC. 
« Des chercheurs découvrent qu'un régime alimentaire riche en graisses peut augmenter le risque d'infection à Listeria », source Food Safety News.

Selon des chercheurs de l'University College Cork, une alimentation riche en graisses pourrait augmenter le risque d'infection par Listeria monocytogenes.

Des scientifiques d'APC Microbiome Ireland basés à l'université ont découvert qu'un régime « occidental » riche en graisses réduisait l'efficacité du système immunitaire pour lutter contre des maladies infectieuses dans l'intestin. merci

Les chercheurs ont découvert que le fait de nourrir des souris avec un tel régime, riche en graisses et en fibres fermentescibles, affectait le système immunitaire et les bactéries intestinales, appelé microbiote intestinal.


Même une consommation à court terme d'un régime riche en graisses augmentait le nombre de cellules caliciformes dans l'intestin, qui sont la cible de l'infection par Listeria, ainsi que des modifications de la composition du microbiote et du système immunitaire.

Les résultats publiés dans la revue Microbiome suggèrent que le régime alimentaire devrait être pris en compte lors de l'élaboration de modèles reflétant une maladie infectieuse humaine et qu'il devrait être un facteur dans l'évaluation future de la dose infectieuse de l'agent pathogène.

« La consommation à court terme d'un régime riche en graisses a entraîné une augmentation des niveaux de bactéries Firmicutes dans l'intestin, associées à l'obésité. Les effets du régime alimentaire ont également été observés au-delà de l'intestin, avec des niveaux d'immunité réduits dans tout le corps, des altérations locales de la fonction des cellules gastro-intestinales et des modifications du microbiote intestinal qui ont renforcé la progression de l'infection à Listeria », a dit Vanessa Las Heras, premier auteur de l'étude.

La recherche a été financée par UE Horizon 2020 et par Science Foundation Ireland grâce à une subvention de APC Microbiome Ireland.

Les scientifiques ont examiné les modifications physiologiques du microbiote et de l'hôte influencées par le régime immédiatement avant l'infection et pendant la période de pointe de l'infection active.

Pendant deux semaines, des souris ont été nourries avec un régime riche en matières grasses avec 45% de leur apport calorique total en matières grasses, un régime alimentaire équilibré faible en gras avec 10% de leur apport calorique total en matières grasses, ou une alimentation régulière avec 18 % de leur apport calorique total de matières grasses.

Au jour 13, les souris ont été infectées avec une souche de Listeria monocytogenes dans laquelle une protéine a été modifiée pour augmenter l'efficacité du modèle en tant que mesure de la maladie invasive, et l'infection a été déterminée 72 heures plus tard au jour 16 de l'étude. Les animaux ont été euthanasiés et le nombre d'unités formant des colonies de Listeria monocytogenes (UFC) par organe a été déterminé.

Un inoculum de 200 microlitres de 3,2 × 109 UFC pour l'infection par inoculation orale et de 9 × 104 pour une infection intrapéritonéale a été utilisé.

« Nos résultats suggèrent que le régime alimentaire pourrait influer considérablement sur la résistance aux maladies infectieuses en raison de ses effets sur le microbiote intestinal et le système immunitaire. Cela a des implications importantes pour la santé humaine, en particulier pendant la grossesse, chez les personnes âgées et chez les personnes immunodéprimées », a déclaré le Dr Cormac Gahan, responsable de l'étude.

Référence. Las Heras V, Clooney AG, Ryan FJ, Cabrera-Rubio R, Casey P, Hueston CM, Pinheiro J, Rudkin JK, Melgar S, Cotter PD, Hill C, and Gahan CGM. 2019. Short-term consumption of a high fat diet increases host susceptibility to Listeria monocytogenes infection. Microbiome 2019 7:7 https://doi.org/10.1186/s40168-019-0621-x

mardi 22 janvier 2019

La Commission européenne dévoile ses priorités en matière d'audits en santé et sécurité des aliments

La DG Santé et Sécurité alimentaire de la Commission européenne vient de publier le « Programme d'audits et d'analyses pour 2019 ».

Dans son programme d'audits et d'analyses sanitaires et alimentaires pour 2019, la Commission européenne prévoit de mener jusqu'à 211 audits et autres visites sur place dans les États membres de l'UE et dans des pays tiers.

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34% des audits et missions d'enquête portent sur la sécurité des aliments, 14% sur la santé et le bien-être des animaux et 9% sur la santé des végétaux. 6% des audits seront chacun réalisés dans les domaines de la qualité des aliments et de la sécurité des aliments pour animaux, tandis que 4% des audits portent chacun sur les contrôles à l'importation et le suivi. 23% des audits et des visites sur place sont prévus dans le domaine de la santé, portant sur les dispositifs médicaux, la résistance aux antimicrobiens et les principes actifs pharmaceutiques.

La Commission prévoit également de réaliser un certain nombre d'analyses documentaires pour étayer ses activités d'audit, ainsi que pour un large éventail d'activités de suivi, de mise en réseau et de formation.

L'objectif de ces mesures est de garantir que la législation de l'UE sur la sécurité sanitaire et la qualité des aliments, la santé et le bien-être des animaux, la santé des végétaux et certains domaines de la santé humaine soit correctement mise en œuvre et appliquée.

Les résultats des audits effectués par la direction générale de la santé et de la sécurité alimentaire, et en particulier par sa direction « Audits et analyses de la santé et des aliments », seront mis à la disposition du public. Les conclusions sur le terrain seront également résumées dans des rapports récapitulatifs qui serviront de base aux discussions avec les États Membres sur les défis communs identifiés et les meilleures pratiques à partager.

Grâce à ces travaux, la Commission peut :

continuer à surveiller de près le fonctionnement des systèmes de contrôle et
établir si la législation dans les domaines susmentionnés reste efficace et adaptée pour minimiser les risques pour la sécurité des aliments, la santé publique, la santé et le bien-être des animaux et la santé des végétaux.

En conséquence, les citoyens et les entreprises de l'UE peuvent continuer à bénéficier de niveaux de sécurité uniformes et élevés.

Un document de 60 pages, non encore en Français, est proposé, Health and Food Audits and Analysis Programme 2019.

Nombre d'audits et autres visites sur place en 2019, par domaine d'activité.
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En 2017, la Commission a effectué 199 audits et missions d'enquête sur la sécurité et la qualité des aliments, la santé et le bien-être des animaux et la protection des végétaux, contre 208 audits, missions d'enquête et visites d'étude en 2016. Un total de 77 (39%) des audits ont porté sur la sécurité des aliments en 2017.


La France va avoir neuf audits dont un audit de suivi(voir page 52 du programme 2019).

Un programme de maîtrise de Salmonella comprend des objectifs ambitieux :
- Réduire encore le nombre d'épidémies d'origine alimentaire dans l'UE en améliorant l'efficacité des programmes de maîtrise des volailles vivantes.
- Obtenir des informations, sur place, afin de soutenir une évaluation bien informée des demandes de cofinancement des États Membres. Des audits sont prévus en Grèce et en Espagne.

En 2019, une attention particulière sera accordée aux pays ayant une production ou des importations importantes de viande de cheval et à ceux présentant un nombre élevé de foyers de salmonelles. Deux audits suivront sur le thon et les épidémies d'origine alimentaire.

La Belgique, l'Irlande, la Pologne et la Roumanie font partie des travaux sur la viande de cheval, la France pour les produits issus des mammifères et de la volaille, la Pologne et la République Tchèque pour les produits de volaille, le thon en Italie et en Espagne seront examinés, ainsi que les produits de la pêche à Chypre, Danemark et Malte.

La Belgique et l’Espagne feront l’objet d’audits sur les aliments prêts à consommer et un rapport de synthèse sera publié afin de soutenir la politique de la Commission visant à réduire les foyers d’origine alimentaire causés par cette catégorie. Une mission pilote d'enquête a été organisée à la fin de 2017 et une courte série d'audits a eu lieu en 2018.

Des audits des contrôles officiels des risques microbiologiques liés aux aliments d'origine non animale, tels que les fruits et légumes frais mangés crus, et les baies molles, y compris les produits surgelés et les graines pour la germination, sont prévus aux États-Unis, en Égypte, Serbie ainsi que la Hongrien la Lituanie et la Pologne.