jeudi 24 janvier 2019

Couches pour bébé, pas de données épidémiologiques, mais il y aurait un risque ...


L’Anses publie ce jour son évaluation de risques liés aux substances chimiques présentes dans les couches pour bébé. A partir d’essais réalisés sur des couches jetables et leur usage, l’expertise de l’Agence a mis en évidence des dépassements de seuils sanitaires pour plusieurs substances chimiques. Au regard des risques que peuvent présenter ces substances pour la santé des bébés, l’Anses recommande de les éliminer ou de réduire au maximum leur présence dans les couches jetables. L’Agence préconise également de renforcer le contrôle de ces substances dans les couches mises sur le marché. Enfin, l’Anses souligne la nécessité d’un cadre réglementaire plus restrictif encadrant ces produits.


L'édition scientifique mentionne dans sa conclusion :
En conclusion, il n’existe aucune donnée épidémiologique permettant de mettre en évidence des effets sanitaires en lien avec le port de couches. Toutefois, des substances chimiques dangereuses ont été retrouvées dans ces couches. Sur la base des résultats des essais de l’INC et du SCL et des données bibliographiques, une évaluation quantitative de risques sanitaires a été réalisée sur les couches pour bébé à usage unique selon des scénarios réalistes. Cette évaluation quantitative des risques sanitaires a mis en évidence des dépassements de seuils sanitaires pour plusieurs substances. Aussi, à ce jour et en l’état actuel des connaissances, il n’est pas possible d’exclure un risque sanitaire lié au port des couches à usage unique.

L'édition scientifique mentionne aussi l'étude de l'OSAV de 2018 dont j'avais parlé ici  en ces termes :
En 2018, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), en collaboration avec la fédération romande des consommateurs FRC, a également réalisé des essais sur 21 couches à usage unique disponibles sur le marché suisse. Cent quatorze substances chimiques ont été recherchées dans des broyats de couches : des dioxines et furanes, des HAP, des substances perfluorés, le glyphosate et l’AMPA, des phtalates, des composés organiques volatiles (COV) et des résidus de solvants. Des dioxines et furanes (1,2,3,4,6,7,8 HpCDD, OCDD et 1,2,3,4,6,7,8 HpCDF) ont été quantifiées dans une référence. Des HAP ont été quantifiés dans 17 couches sur 19 (naphtalène, anthracène et pyrène). Enfin, le DIBP a été quantifié dans une référence.
L’OSAV conclut que les couches pour bébé ne contiennent pas de substances chimiques susceptibles de présenter des risques pour la santé des nourrissons et des enfants en bas âge (OSAV, 2018 ; FRC, 2018). Il est à noter que ces conclusions ont été établies sans qu’une évaluation quantitative des risques sanitaires n’ait été conduite.

La com du Gouvernement est à la hauteur de l'absence de données épidémiologiques, et c'est pas moins que trois ministres qui sont signataires de ce communiqué du 23 janvier 2019,
Substances chimiques dans les couches pour bébés : le Gouvernement demande aux professionnels de prendre dans les meilleurs délais les mesures garantissant la sécurité des produits sur le marché.
Un avis de l’Anses conclut qu’un risque sanitaire associé à la présence de certaines substances chimiques dans les couches pour bébés ne peut être exclu. À ce titre, les ministres de la Transition écologique et solidaire, des Solidarités et de la Santé et de l’Economie et des Finances demandent aux professionnels la mise en œuvre rapide d’actions correctives. Des engagements sont attendus sous 15 jours. Les contrôles du marché des couches pour bébés par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) seront renforcés.

Ce communiqué précise, mais qui s'en soucie, surtout pas les médias :
L’Anses ne met pas en évidence de danger grave et immédiat mais révèle que certaines substances chimiques sont présentes dans des quantités qui ne permettent pas d’exclure un risque sanitaire lié au port de couches.

La revue 60 millions de consommateurs, à l'origine de l'information sur les couches pour bébé, indique : Toxiques dans les couches bébé : les risques confirmés.
Trop de substances indésirables ! Deux ans après notre première alerte, l’Anses demande une réglementation plus stricte sur les couches pour bébé.

Pas de données épidémiologique mais le risque existe, il va falloir que l'on m'explique ...


Complément du 25 janvier 2018. On lira avec intérêt l'article de seppi très documenté, Couches (et glyphosate) : jusqu'où iront l'ignominie du Monde Planète et de Libération, et l'hystérie du gouvernement ?

Complément. Il y a une suite en date du 8 février selon la DGCCRF
Substances chimiques dans les couches pour bébés : réunion ce jour avec les professionnels. 
Les pouvoirs publics ont convoqué, ce jour, les fabricants et distributeurs de couches à usage unique pour bébés pour qu’ils présentent les actions déjà réalisées et leurs engagements afin d’éliminer les substances chimiques préoccupantes présentes dans leurs produits. Cette réunion fait suite à la convocation des professionnels le mercredi 23 janvier dernier par les ministres de la Transition Écologique et Solidaire, des Solidarités et de la Santé et de l’Économie et des Finances.

2 commentaires:

  1. Effectivement c'est une tendance actuelle de prendre toute inconnue pour un indice proable de problème, mais seulement pour des produist impopulaires. Toute tentative de borner le risque aggrave la situation, car soit on trouve un effet, même infime, et c'est la preuve du Mal, soit on ne trouve rien au dessu du mesurable, et c'est la preuve d'une inconnu forcément terrifiante.
    A l'opposé des indices concordants, croisés, sur des vaches sacrées, lèvent un scepticisme gêné.

    Le principe de précaution tel qu'écrit est assez raisonable, même s'il manque une obligation dans la recherche, et une analyse du risque maximal vs le bénéfice connu.
    Contrairement à ce qu'on observe politiquement, pe principe de précaution ne s'active que sur des dangers observés, dans le cas où la mesure du risque reste incertaine, assez pour laisser une possibilité dramatique, et jusqu'à ce que le risque soit mesuré, laissant la place aux principe de protections habituels.

    Il est malsain (vous ne le faite pas, mais je l'ai fait) d'accuser le principe de précaution, car c'est d'une part l'oubli du principe d'expérimentation qui est problématique sur le terrain juridique, mais surtout c'est la fumisterie politisée du risque zéro, de la preuve de l'absence, de l'essentialisme naturophile-chimiophobe, qui est le problème.

    Ca va mal finir.
    Très mal.

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  2. Dans son dernier rappel récent (http://www.lactalis.fr/wp-content/uploads/2019/01/CP-Groupe-Lactalis_retrait-rappel-pr%C3%A9ventif-Picot-AR_25012019-web.pdf), Lactalis parle de "principe de précaution maximum". Quèsaco ?

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