mercredi 23 janvier 2019

Existe-t-il un Frexit en matière de sécurité des aliments ?


L'Ania vient de lancer un nouveau site Internet « Alimentation Info Intox ? » dont l'ambition est de «rétablir des vérités sur notre alimentation et lutter contre le « marketing de la peur».

Cette démarche me paraît utile, reste à savoir si des sujets, mettant en cause les entreprises alimentaires, comme la non-information sur leurs sites internet respectifs des avis de rappel, seront traités.

Toujours qu'un des derniers sujets traités a retenu mon attention. Il s'agit du « E171 ou dioxyde de titane : comprendre les trois débats ». Les trois débats en question sont d'ordre scientifique, réglementaire et citoyen.

Sur le débat réglementaire, il est question de 'Frexit' :
La suspension unilatérale envisagée par le gouvernement français, sans attendre l’évaluation de l’ANSES, sonne comme un « Frexit » réglementaire et décrédibilise les autorités européennes laissant entendre que l’Europe est laxiste et inefficace sur les questions sanitaires.
Pourtant, en ce qui concerne les produits alimentaires, il est important de rappeler que la réglementation européenne encadre très précisément l’autorisation des additifs ou encore l’étiquetage. Il s’agit d’ailleurs sans nul doute de la réglementation la plus exigeante au monde. Faisant de l’Europe et en particulier de la France un champion en matière de sécurité des aliments.
Je ne me prononcerais pas sur le sujet « un champion en matière de sécurité des aliments », mais sur celui de Frexit …

Existe-t-il un Frexit en matière de sécurité des aliments ?

Pour le E171, sans aucun doute puisque, selon 60 millions de consommateurs, « le ministre de ll'économie et des finances s'est engagé à signer le 15 avril 2019 l'arrêté pour suspendre le E171, mais on ne connaît pas encore la date exacte de la mise en place de cette suspension. »

En juillet 2018, j'indiquais dans un article détaillé et prémonitoire sur le sujet que « L’EFSA ne trouve pas matière à réévaluer le dioxyde de titane, mais il faudra quand même l’interdire en France » …

En fait, il n'y a pas en France, trois débats, scientifique, réglementaire et citoyen comme indiqué plus haut, mais un seul, le débat politique.

D'ailleurs sur le E171, nos amis belges écrivent en août 2018:
Le E171 (dioxyde de titane, TiO2) est en phase de suivi de réévaluation : des données supplémentaires ont été demandées par la Commission dans le cadre du suivi de la réévaluation de l'EFSA. À cet égard, des engagements de fabricants ont été pris et des délais ont été fixés. Des discussions en France, avec la demande à la Commission de suspendre l'additif, ont conduit à une nouvelle demande à l'EFSA d'examiner en urgence l'intérêt de quelques études récentes.
La publication de cet avis de l'EFSA est attendue pour le mois de juillet. La discussion de cet avis par la Commission a été mise à l'agenda, mais rien n'a encore été décidé quant à une éventuelle suspension ! Il s'agit d'un sujet à caractère politique (nous recevons aussi des questions parlementaires sur ce thème).
Bien entendu, plus médiatisé est le cas du glyphosate, et assurément, comme c'est un sujet politique, il existe un Frexit, puisque la Commission européenne a (ré)autorisé le produit pour cinq ans au lieu de 15 ans, malgré un avis positif tant de l'EFSA que de l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA). Précisons que chez nous, on souhaite le réduire à trois ans, voire même l'interdire tout de suite ...

Si vous avez d'autres exemples, je suis preneur, je pense en particulier à l'interprétation française assez draconienne des textes réglementaires européens … ou l'encadrement de la flexiblité du PMS pour les petites entreprises alimentaires ...

Complément du 11 mai 2019La Fevia, la Fédération de l'industrie alimentaire belge, a publié un communiqué le 29 avril 2019 sur la « Position de la Fevia sur le dioxyde de titane dans les denrées alimentaires ».

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