samedi 8 juin 2019

Fraude à 780 tonnes de faux steaks hachés. FranceAgriMer serait présumé innocent


« Nous avons un objectif qui est d'être réactif, cela n'empêche pas les fraudes, mais en revanche il faut que nous puissions l'améliorer et que nous puissions améliorer la coopération, la coordination européenne pour être encore plus réactifs », disait le 7 juin 2019 le 'nouveau' directeur général de l'alimentation dans une interview soporifique à Alim'agri.

Ça tombe bien, en voici une de 'nouvelle' fraude !

Voilà une affaire qui concerne pourtant un organisme publique dépendant du ministère de l'agriculture, pad besoin donc d'aller très loin, cet organisme public est donc selon la formule consacrée présumée innocent mais ce qui est révélé ci-après le rend présumé suspect dans cette affaire ...

Selon un excellent article de Marianne du 7 juin 2019, bien construit et très documenté auquel je vous renvoie, voici quelques éléments,
780 tonnes de steaks « non conformes » ont été livrés à des associations caritatives. Derrière cette affaire, un organisme public, FranceAgriMer, a peut-être péché par légèreté. Car, comme le montre « Marianne », un seul critère a été retenu lors de l’achat : le prix. Tant pis pour la qualité…

3,46 euros le kg hors taxe !
L’information a été révélée ce 7 juin au matin sur RTL : 780 tonnes de « faux steaks hachés » ont été livrées à la Croix-Rouge, aux Restos du cœur, au Secours populaire français et à la Fédération française des banques alimentaires. Quatre des principales associations venant en aide aux plus démunis. Ces steaks hachés étaient en réalité composés d’une mixture d’amidon, de soja, de peau et de gras, sans trace de viande bovine. Ils avaient été achetés grâce à une dotation du Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD). C’est FranceAgriMer, un office public rattaché au ministère de l’Agriculture, qui s’est chargé des courses en gros. En très gros même. Marianne, qui a fouillé les appels d’offres, a retrouvé celui lancé par FranceAgriMer dans cette affaire. L’avis d’attribution, en date du 6 juin 2018, livre trois informations importantes :
- La première est la qualité du produit commandé : 3 lots de « steak haché surgelé de bœuf 15% MG », pour des montants de 1 895 735 euros, 1 974 418 euros et 1 372 137 euros. Soit un total de 5,2 millions d’euros.
- La deuxième information est le nom de la PME qui a fauté, l’entreprise qui est allée acheter les fameux steaks en Pologne : Voldis SAS, une entreprise des Côtes d’Armor. Évidemment, cette société apparaîtra comme le grand méchant tout désigné puisqu'elle n'a d'évidence pas respecté les 15% de matière grasse imposés. Mais est-elle seule fautive ? L’entreprise costarmoricaine n’est pas la seule à l’œuvre dans ce dossier.
- La troisième information contenue dans l’appel d’offre indique qu’une autre entité a peut-être fait preuve de légèreté : FranceAgriMer, donc l’Etat. Le cahier des charges rédigé par l’organisme public ne mentionne en effet qu’un critère d’achat : le prix. Rien, en revanche, sur un élément pourtant important : « la bonne qualité gustative des produits distribués » ou « la note organoleptique » (comprendre l’odeur, la saveur, la consistance et l’aspect). Des critères auxquels le FEAD devrait pourtant être attaché, si l’on en croit un rapport daté de 2017 de la Direction générale de la cohésion sociale se penchant sur ses activités.
Quoi qu’il en soit, étant donné le rôle d’un organisme public comme FranceAgriMer dans cette affaire, on comprend pourquoi Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, était présente dès ce matin au micro de RTL pour expliquer que l'Etat allait saisir la justice : « Il est hors de question que ce type d'attitude se reproduise », a martelé la responsable gouvernementale, au micro de la matinale. Comme s'il fallait charger absolument l'entreprise pour mieux sauver le soldat FranceAgriMer...

Complément du 9 juin 2019. On lira un autre point de vue dans la revue PROCESS Alimentaire qui réussit l'exploit de ne pas citer FranceAgriMer.

On lira aussi ce communiqué de presse de trois directions générale du 7 juin 2019, « Aide alimentaire : les services de l’État ont mis en évidence une fraude portant sur la qualité de steaks hachés ».

vendredi 7 juin 2019

Les préoccupations des Français sont sensiblement différentes de celles des Européens face à l’alimentation, selon le baromètre de l'EFSA


Les préoccupations des Européens face à l’alimentation : publication d'une enquête européenne à l’occasion de la première Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments, source Efsa du 7 juin 2019.

Deux Européens sur cinq se disent personnellement concernés par la sécurité des aliments et, pour un Européen sur cinq seulement, c'est la principale préoccupation qui oriente les choix alimentaires. Pour la plupart des Européens, la sécurité sanitaire constitue l’un des facteurs qui influencent leurs habitudes et leurs choix alimentaires – parallèlement au prix, au goût, aux qualités nutritionnelles et à l'origine des aliments.

Ce sont là quelques-unes des nombreuses informations intéressantes issues d’une nouvelle enquête Eurobaromètre menée par l’EFSA et publiée à l’occasion de la première Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments.

Selon les Nations Unies, la Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments « constitue pour les consommateurs, les producteurs et les gouvernements une opportunité de mettre en lumière une question souvent considérée comme allant de soi ». Les résultats de l’enquête suggèrent que la plupart des Européens (55%) sont très sensibilisés aux questions relatives à la sécurité des aliments et que deux tiers d’entre eux ont modifié leur comportement après avoir reçu des informations sur des questions liées à la sécurité des aliments.

Première enquête européenne sur la sécurité des aliments depuis 2010
« Je suis ravi qu’une journée dédiée mette l’accent sur l’importance de la sécurité des aliments et reconnaisse aussi le travail précieux des femmes et des hommes, agriculteurs, vétérinaires, agronomes, chefs cuisiniers et bien d’autres acteurs qui oeuvrent tous les jours pour que les aliments qui se retrouvent dans nos assiettes soient sans danger », a déclaré Vytenis Andriukaitis, le commissaire européen à la santé et la sécurité alimentaire. « Les résultats de cette étude montrent que les Européens sont très sensibilisés aux problèmes de sécurité des aliments et qu’ils se soucient de ce qu'ils mangent. C’est une motivation supplémentaire pour nous et cela nous incite à poursuivre nos efforts pour maintenir des normes élevées de sécurité tout en nous efforçant également de viser des modes de production et de consommation plus durables. »

Bernhard Url, le Directeur exécutif de l'EFSA, a déclaré : « Près de 10 ans se sont écoulés depuis la dernière enquête européenne à ce sujet. Beaucoup de changements se sont produits dans la société pendant cette période et nos façons de produire et de consommer ont également évolué. »

À la différence des études précédentes, l’enquête 2019 a été développée avec certains États membres de l’UE afin d’intégrer de nouvelles perspectives et d'assurer un contact plus étroit avec les citoyens. Malgré cette différence, cela permet toujours des comparaisons utiles avec les enquêtes précédentes.

« Il est rassurant de voir que les Européens n’éprouvent pas d'inquiétude excessive en ce qui concerne les aliments qu’ils consomment. Je pense que ceci n’est pas dû au hasard mais bien aux progrès scientifiques et technologiques qui ont permis d'améliorer les normes alimentaires et les pratiques d'hygiène », ajoute le Dr Url.

Pas de préoccupation prédominante en matière de sécurité des aliments
Lorsque la sécurité des aliments est mentionnée en tant que facteur de choix alimentaire, aucune préoccupation particulière ne prédomine à travers tous les pays de l'UE. Il existe toutefois trois problèmes mentionnés le plus fréquemment dans 20 États membres de l'UE ou plus : l'utilisation à mauvais escient d'antibiotiques, d'hormones et de stéroïdes chez les animaux d'élevage (44%), les résidus de pesticides dans l’alimentation (39%) et les additifs alimentaires (36%).

Ces questions figuraient également parmi les principales préoccupations signalées dans l’enquête Eurobaromètre de 2010 sur la sécurité des aliments. En revanche, les Européens semblent moins préoccupés qu'auparavant par certains sujets tels que les OGM et par contre, de nouvelles questions – comme les microplastiques par exemple – ont été évoquées pour la première fois

Confiance à l’égard de l’information
Pour cette Journée internationale, les agences des Nations Unies ont mis l’accent sur la confiance que les citoyens accordent aux gouvernements et aux producteurs pour garantir la sécurité des aliments.

En Europe, les scientifiques (82% – en augmentation par rapport aux 73% de 2010), les associations de consommateurs (79%) et les agriculteurs (69%) bénéficient des niveaux de confiance les plus élevés parmi les Européens en ce qui concerne l'information sur les risques alimentaires.

La confiance à l’égard des autorités nationales (60%) et des institutions de l'Union européenne (58%) est assez élevée et similaire aux résultats obtenus en 2010. Toutefois, le rapport montre aussi que les Européens comprennent assez mal le fonctionnement du système de sécurité des aliments de l'UE.

Comme c’était le cas en 2010, la télévision constitue la principale source d'informations sur les risques alimentaires pour sept Européens sur dix. Mais, tandis que davantage de jeunes s'orientent vers les médias sociaux après la télévision (45% des 15-24 ans), les plus âgés optent pour des sources d'information traditionnelles telles que les journaux (46%) ou la radio (30%).

On lira aussi :
Pour notre pays, j'ai extrait deux questions intéressantes :

QD4T. Veuillez me dire dans quelle mesure vous avez confiance ou non dans les sources suivantes pour obtenir des informations sur les risques alimentaires (%)
Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Les autorités nationale n'arrivent qu'en quatrième position ... et la situation s'aggrave avec cette autre question :
Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Les Français ne sont que 20% à estimer que les pouvoirs publics de notre pays, ensemble avec l'UE, nous protègent des risques alimentaires. 

Ce sera à méditer, mais au global, cela ressemble fort à un vote de méfiance généralisée puisque les Français estiment à 63% par rapport aux Européens (43%) que les aliments sont pleins de substances dangereuses. 

Le travail de sape des marchands de peur montre ici sa triste efficacité ...

Les chiffres des maladies infectieuses d’origine alimentaire ne sont que la 'partie visible de l’iceberg', selon OMS-Europe


Cet article est dédié au nouveau directeur général de l'alimentation qui, dans une interview, a répondu « Oui » à la question suivante : Peut-on affirmer que notre alimentation en Europe est l'une des plus sûres du monde ?

Voici donc un article, à l'occasion de la première Journée mondiale de la sécurité sanitaire des aliments, qui va lui permettre de reconsidérer son point de vue, mais ce n'est même pas sûr …

« L’Organisation mondiale de la santé-Europe indique que les chiffres des maladies infectieuses d’origine alimentaire ne sont que la 'partie visible de l’iceberg' », source article de Joe Whitworth paru le 7 juin 2019 dans Food Safety News.

Selon l'Organisation mondiale de la santé, à chaque minute, 44 personnes tombent malades parce qu'elles ont mangé des aliments contaminés.

Plus de 23 millions de personnes tombent malades et environ 4 700 décès par an, selon les données de la Région européenne de l'OMS présentées dans un rapport basé sur les chiffres de 2010 et présentée avant la première Journée mondiale de la sécurité sanitaire des aliments. Le 7 juin, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) parraine la Journée mondiale de la sécurité sanitaire des aliments et compte en faire un événement annuel.

Les responsables de la Région européenne ont averti que les chiffres ne représentent que la 'partie visible de l'iceberg' et que le nombre exact de cas est inconnu. La région européenne de l'OMS est plus large que l'Union européenne et comprend 53 États membres tels que le Kazakhstan et l'Ouzbékistan.

Au niveau mondial, on estime que plus de 600 millions de personnes, soit près d'une personne sur 10, sont tombées malades après avoir consommé des aliments contaminés en 2010. Parmi elles, 420 000 sont décédées, dont 125 000 enfants de moins de 5 ans.

Faire réfléchir les gens
Dina Pfeifer, responsable technique par intérim de la sécurité sanitaire des aliments à OMS/Europe, a dit que la Journée mondiale de la sécurité sanitaire des aliments est importante pour apprécier les efforts déployés pour assurer des aliments sûrs.

« Du point de vue de l’industrie, des consommateurs et des gouvernements, l’essentiel est qu’ils tiennent les aliments sûrs pour acquis. Les systèmes deviennent complexes pour répondre à la situation actuelle. Nous avons besoin de confiance, de fonds et de ressources dans ces systèmes et d'une coordination nationale et mondiale. La Journée mondiale de la sécurité sanitaire des aliments montre que certaines personnes veillent à ce que les aliments dans notre assiette soient sûrs. C'est une responsabilité partagée et nous devons y contribuer » », a-t-elle déclaré à Food Safety News.

« Pour les personnes souffrant de maladies sous-jacentes chroniques et les enfants vulnérables, la population immunodéprimée séropositive ou infectée par le VIH ou la chimiothérapie anticancéreuse, qu’est une petite diarrhée pour une personne en bonne santé peut mettre sa vie en danger. »

L'OMS assure le secrétariat du Codex Alimentarius avec la FAO et est chargée de l'évaluation des risques dans des domaines tels que les additifs alimentaires et les autres effets sur la santé.

« L’OMS/Europe aide les pays à renforcer leurs systèmes de santé publique. Nous ne pouvons pas tout faire. Nous mettons donc l’accent sur le travail intersectoriel dans les pays à revenu faible et intermédiaire et sur les changements de système gouvernemental dans les pays, réunissant les ministres de l’agriculture, de la santé et de l’environnement pour qu’ils travaillent sur ces questions », a déclaré Pfeifer.

Pfeifer a dit que les normes alimentaires sont importantes pour garantir que les pays soient sur la même ligne et mettre en œuvre des actions avec les mêmes méthodes.

« Vous pouvez avoir le monde entier dans votre assiette, le sel provient d'un pays, les légumes ont trois sources différentes et sont produits dans 10 ou 20 pays. Cela rend les investigations et la traçabilité très complexes en cas de problème », a-t-elle dit.

« Le séquençage du génome entier est un outil formidable et il est difficile de confirmer une source sans cet outil. Mais cela ne remplace pas la surveillance régulière pour savoir quoi analyser et échantillonner. Le coût du WGS diminue et les pays peuvent commencer à l'avoir. Cela contribue à la sécurité des aliments, mais ce n’est pas la seule et unique méthode. »

La Dr. Zsuzsanna Jakab, Directrice régionale de l'OMS pour l'Europe, a déclaré qu'un simple repas peut contenir des ingrédients de plusieurs continents et que la sécurité sanitaire dépend de la collaboration internationale.

« Tous les pays du monde, des plus grands aux plus pauvres, ont souffert de maladies d'origine alimentaire et l'Europe ne fait pas exception. L'ampleur du défi posé par les maladies d'origine alimentaire est frappante et montre qu'il est important de prévenir et d'atténuer les risques pour la sécurité sanitaire des aliments. »

« La Journée mondiale de la sécurité sanitaire des aliments est une occasion sans précédent d'appeler les gouvernements à renforcer les systèmes garantissant la sécurité des aliments, dans tous les secteurs, dans toute l'Europe et dans le monde. »

Norovirus, responsable de la maladie d'origine alimentaire la plus fréquente
Des aliments insalubres peuvent entraîner une maladie grave ou durable, une hospitalisation et la mort. Le fardeau global des maladies d’origine alimentaire en Europe est estimé à plus de 400 000 années de vie corrigées de l’incapacité (DALY), c’est-à-dire les années au cours desquelles une personne est touchée par une maladie.

Les causes les plus fréquentes de maladies d'origine alimentaire sont les agents des maladies diarrhéiques tels que norovirus (15 millions de cas environ), suivis de Campylobacter spp., responsable de près de 5 millions d'infections, selon les estimations.

Salmonella spp. non typhique cause le plus grand nombre de décès, suivis par Campylobacter spp., norovirus, Listeria monocytogenes et Echinococcus multilocularis. Dans l'ensemble de la région, les maladies diarrhéiques sont responsables de 94% des maladies d'origine alimentaire, de 63% des décès et de 57% de la charge de morbidité.

La toxoplasmose parasitaire, qui peut causer de graves dommages aux enfants à naître et aux patients immunodéficients, constitue le troisième fardeau le plus important en matière de maladies d’origine alimentaire.
Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, a déclaré que les 420 000 décès par an sont entièrement évitables.

« La Journée mondiale de la sécurité sanitaire des aliments est une occasion unique de sensibiliser les gouvernements, les producteurs, les manipulateurs et les consommateurs aux dangers des denrées alimentaires insalubres. De la fourche à la fourchette, nous avons tous un rôle à jouer pour rendre les aliments sûrs », a-t-il déclaré.

Le thème de la journée est que la sécurité des aliments est l’affaire de tous. Les aliments insalubres entravent le développement de nombreuses économies à revenu faible ou intermédiaire, qui perdent environ 95 milliards de dollars de productivité liée à la maladie, à l’invalidité et au décès prématuré des travailleurs.

« Les gens ne pensent pas à la nourriture peut les rendre malades, mais un nombre inacceptable de personnes subit la misère des maladies d’origine alimentaire, parfois avec des conséquences graves - en particulier pour les très jeunes et les très âgés. »

« Du lavage des mains à la surveillance et à la réglementation internationale, en passant par la cuisson et le stockage appropriés des aliments, chaque pièce du puzzle de la sécurité sanitaire des aliments affecte des vies, des économies et des communautés entières », a déclaré la Dr Dorit Nitzan, directrice régionale par intérim des urgences à OMS/Europe.

jeudi 6 juin 2019

Des chercheurs soulignent le rôle de la contamination croisée dans l'épidémie à E. coli causée par des fromages au lait cru


« Des chercheurs soulignent le rôle de la contamination croisée dans l'épidémie à E. coli causée par des fromages au lait cru », source article de Joe Whitworth paru le 6 juin 2019 dans Food Safety News.

Selon les chercheurs, quatre cas de maladie faisant partie d'une épidémie à E. coli en France liée à des fromages au lait cru non pasteurisé ou au lait crué pourraient avoir été causées par une contamination croisée ou un transfert de contamination.

Entre le 25 mars et le 27 avril, 19 cas suspectés de présenter une infection à E. coli producteurs de shigatoxines (STEC) ont été rapportés à Santé publique de France par des hôpitaux , contre 5 à 10 cas au cours de la même période en 2002. Les années précédentes. Treize patients ont été confirmés comme étant infectés par le sérogroupe O26 et le séquençage du génome entier (WGS) est en cours pour la comparaison des souches.

Les investigations ont identifié 16 patients dans l'épidémie, dont 14 cas de SHU pédiatrique, ainsi qu'un adulte de 63 ans et un enfant souffrant de diarrhée.

Des fromages à pâte molle au lait cru de vache des marques Saint-Félicien et Saint-Marcellin fabriqués par la Fromagerie Alpine ont été identifiés comme étant la source probable des infections, mais aucun échantillon positif de fromage ou de lait STEC O26 n’a encore été identifié.

Investigation sur la contamination croisée
Selon l’étude publiée dans la revue Eurosurveillance, quatre cas dans l’épidémie n’ont pas consommé les fromages non pasteurisés, mais un membre de la maison l’a fait.

Les chercheurs ont déclaré que cela suggère que les enfants affectés pourraient avoir été infectés par une contamination croisée avec des couteaux, des planches à découper ou des mains.

Aucun membre de la famille n'a signalé de symptômes de maladie indiquant que les patients de l'épidémie étaient peu susceptibles d'avoir été infectés par une transmission de personne à personne.

Des investigations sont en cours pour mieux documenter les expositions des patients, telles que la consommation de fromages ou d'autres produits alimentaires coupés à l'aide de couteaux ou sur les mêmes planches à découper que les fromages en cause.

« Lors de l'épidémie actuelle, plusieurs familles ont signalé la consommation présumée de fromages par des membres de la famille, mais pas par l'enfant malade. Cela suggère que le risque de contamination croisée par les aliments utilisés par les membres de la famille de jeunes enfants devrait également être pris en compte lors des investigations », ont déclaré les chercheurs.

Tous les cas de SHU ont nécessitaient un traitement à l'hôpital
Les 16 victimes de l'épidémie vivent dans six régions de France. Tous les cas pédiatriques ont moins de cinq ans ; la moyenne est de 22 mois avec une fourchette d'âge de 6 mois à 63 ans. Huit cas sont des femmes et la date d'apparition des symptômes allait du 31 mars au 29 avril.

Tous ceux qui ont développé le SHU ont été hospitalisés. Treize des patients infectés ont reçu des transfusions de sang et/ou de plaquettes et sept ont été dialysés. Six patients ont eu des complications neurologiques, tous ont reçu une transfusion et trois ont également dû subir une dialyse.

Les chercheurs ont déclaré que l’épidémie se caractérisait par le jeune âge et la gravité de la maladie.

« Bien que les cas de SHU pédiatriques soient susceptibles d'être notifiés aux autorités de santé publique par le biais du système de surveillance national, les infections à STEC présentant une diarrhée non compliquée peuvent ne pas être identifiées et le nombre de cas liés à cette éclosion peut être sous-estimé », selon l'étude.

Les premières investigations épidémiologiques effectuées à l’aide d’un questionnaire ont permis de déterminer que la consommation de fromage au lait cru de vache des marques Saint-Félicien et Saint-Marcellin était le lien commun dans huit des 13 cas.

Des investigations de traçabilité utilisant des cartes de fidélité des supermarchés ont révélé que Fromagerie Alpine était un producteur commun de ces fromages. Un rappel a été lancé par les autorités sanitaires à la fin d'avril et étendu au début de mai. Tous les fromages du producteur fabriqués du 1er février au 27 avril de cette année ont été rappelés des supermarchés et d'autres magasins de vente au détail.

En France, le suivi des STEC repose sur la surveillance du SHU chez les enfants de moins de 15 ans par un réseau de services de pédiatrie et de néphrologie pédiatrique volontaires.

Depuis avril 2017, des souches isolées ont été envoyées au Centre national de référence pour E. coli, Shigella et Salmonella (CNR-ESS) à l'Institut Pasteur pour le séquençage du génome entier et pour voir si elles appartiennent à un cluster.

De tous les isolats humains reçus au CNR-ESS de 2016 à avril 2019, un seul appartenait au même groupe. L'analyse SNP a révélé que cet isolat était un ancêtre proche des isolats actuels de 2019. La souche a été isolée en septembre 2018 chez une patiente atteinte de SHU pédiatrique vivant dans une région proche de la Fromagerie Alpine. Les investigations n’ont pas mis en évidence de lien avec les patients de l’épidémie actuelle.

Les informations ont été envoyées aux autorités sanitaires internationales par l'intermédiaire du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Au 27 mai, aucun des 13 pays ayant répondu n’avait signalé de cas liés à l’épidémie. Trente-trois pays ont reçu les produits incriminés.

CommentairesCette épidémie a donc montré qu'il ne suffit pas de ne pas consommer d'aliment contaminé et indique le rôle du transfert de contamination.



Cet aspect du problème a échappé à la com du ministère de l'agriculture dans son information, « Les autorités sanitaires recommandent aux populations fragiles de ne pas consommer de lait cru ni de fromages au lait cru»



L'information n'était donc que partiellement exacte …


Il s'agit ici du même cas de figure qu'avec la cuisson du steak haché signalé dans un article de James Marsden, « Why « just cook it » won’t cut it » (Pourquoi « faites le juste cuire » ne marche pas).

Questionnement à propos des biotoxines marines émergentes à surveiller dans les coquillages


« Pinnatoxines : des biotoxines marines émergentes à surveiller dans les coquillages », nous dit l'Anses, et le blog se demande depuis quand il aurait fallu le faire … explications dans le texte ...
L’Anses publie le 4 juin 2019 une expertise sur les pinnatoxines (PnTX), une famille de biotoxines marines émergentes, détectées dans des moules de lagunes méditerranéennes. Ces biotoxines marines provoquent chez la souris des effets neurotoxiques aigus en cas d’ingestion. Les données de consommations disponibles ont permis d’estimer l’exposition des consommateurs de coquillages selon divers scenarii. L’Anses attire l’attention des pouvoirs publics sur la possibilité d’un risque sanitaire en cas de consommation de coquillages contaminés par les pinnatoxines provenant des lagunes méditerranéennes, en particulier de la zone d’Ingril dans l’Hérault. Elle recommande par ailleurs de prendre en compte ces biotoxines émergentes dans la surveillance des zones de production de coquillages. Ces travaux constituent une avancée scientifique majeure dans le domaine des toxines émergentes.

L'Anses rapporte les informations suivantes :
  • De nouvelles biotoxines marines émergentes détectées dans les coquillages en France
  • Eviter la consommation de coquillages issus de la zone d’Ingril dans l’Hérault
  • Mettre en place la surveillance des pinnatoxines
  • Engager des travaux de recherche afin d’estimer plus précisément l’exposition des consommateurs de coquillages
On apprend ainsi dans Risques liés aux pinnatoxines dans les coquillages, Avis de l’Anses, Rapport d’expertise collective, Mars 2019 - Édition scientifique (106 pages) que « L’Anses a été saisie le 11 janvier 2016 par la Direction générale de l’alimentation (DGAL) et la Direction générale de la santé (DGS) pour la réalisation de l’expertise suivante : Demande d’avis relatif à la toxicité aiguë et chronique des pinnatoxines. »

Pourtant dans un rapport* remis à la DGAL en 2012, il était déjà indiqué (extraits) :
Suite à la découverte de la Pinnatoxine G comme agent responsable des toxicités atypiques à Ingril fin 2010, une étude a été commanditée afin d’approfondir les connaissances sur l’organisme producteur de cette toxine, Vulcanodinium rugosum, les toxines associées et leur toxicité.
L’organisme, étant considéré « cryptique » dû à sa faible présence dans le milieu, a été suivi de manière plus proche à Ingril. Il est apparu dans la colonne d’eau en juillet et août 2012, et quelques échantillons ont pu être prélevés pour la mise en culture de souches supplémentaires. Une corrélation directe entre la croissance de l’organisme et la température est soupçonnée mais n’a pas encore pu être corroborée sur la période d’étude, faute d’un nombre suffisant d’échantillons. La salinité a été relevée comme étant potentiellement un autre facteur affectant la prolifération de cet organisme.
La comparaison entre moules et palourdes montrent que les moules accumulent la Pinnatoxine G toujours de manière préférentielle, et que la moule reste donc l’espèce sentinelle par excellence. Les palourdes ont une très légère tendance à métaboliser plus largement ce composé, le pourcentage de PnTX-A constituant 1.9% de la Pinnatoxine G dans les palourdes par rapport aux 1.1% dans les moules.
Les concentrations varient fortement d’année en année, mais les concentrations maximales ont dépassé 600 µg kg-1 pour les trois ans 2010 à 2012 et ont dépassé 1200 µg kg-1 en 2010. Ainsi, Ingril présente les concentrations les plus élevées mondialement, dépassant d’un facteur six les plus fortes teneurs rapportées (Nouvelle Zélande).

La surveillance des des pinnatoxines dans « les coquillages dans les lagunes méditerranéennes, en particulier de la zone d’Ingril dans l’Hérault » me semble indispensable mais pourquoi,la DGAL a-t-elle attendue si longtemps avant de mettre en place cette surveillance sachant qu'« une méthode analytique a été mise en place pour l’analyse des différents analogues de la pinnatoxine et des ptériatoxines (A à G et PtTX-A à C) a été mise au point. » … en 2012, que de temps perdu …

C'est à ce type d'action que l'on voit le manque de vigilance de l'organisme DGAL ...


NB : L'image provient de ce site.

mercredi 5 juin 2019

Le 7 juin 2019 sera la « Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments »


Je reproduis ce document de l'OSAV, Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, de Suisse à propos de la « Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments », car je n'ai rien vu sur les sites de nos autorités sanitaires … mais j'ai dû mal voir ...

Dès 2019, le 7 juin sera la « Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments ». L’objectif est de renforcer la sensibilisation à l’importance de la sécurité sanitaire des aliments afin de protéger la santé des consommateurs.

La 73ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York a adopté une résolution proclamant le 7 juin de chaque année « Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments » (World Food Safety Day).

Cette décision est l’aboutissement de l’initiative lancée en 2015 par Awilo Ochieng Pernet pendant sa présidence de la Commission du Codex Alimentarius (CAC) suivie d’intenses négociations au sein de la CAC, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le Costa Rica a été le chef de file des négociations qui ont abouti à cette décision.

Les conséquences des aliments contaminés ou avariés
Cette journée permettra d’attirer l’attention du monde entier sur les répercussions des aliments contaminés et des aliments avariés sur la santé publique. En effet, d’après les estimations mondiales de l’OMS, chaque année, une personne sur dix tombe malade suite à la consommation d’aliments contaminés par des bactéries, des virus, des parasites ou des substances chimiques.

420 000 personnes dont 125 000 enfants de moins de cinq ans meurent des suites de ces maladies. L’OMS estime que les aliments contaminés sont responsables de plus de 200 maladies, allant de la diarrhée aux cancers.

Les aliments contaminés ou avariés nuisent au développement des sociétés et des économies. Ils sont une charge pour les systèmes de santé publique, les économies nationales, le commerce et le tourisme.

La résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies invite toutes les parties prenantes dont les autorités, l’industrie, les consommateurs, les organisations internationales pertinentes, les ONGs et le monde académique à participer aux activités de promotion de la sécurité sanitaire des aliments à tous les niveaux à l’occasion de cette journée.

La sécurité sanitaire des aliments est essentielle pour réaliser plusieurs Objectifs de développement durable (ODD) que les Etats membres de l’ONU sont appelés à atteindre d’ici à 2030.

Le Codex Alimentarius
Le Codex Alimentarius est un ensemble de normes, de lignes directrices et de codes d'usages adoptés par la Commission du Codex Alimentarius (CCA). Depuis 1963, sa mission consiste à élaborer des normes alimentaires harmonisées afin de protéger la santé des consommateurs du monde entier et d'assurer des pratiques loyales dans le commerce international des denrées alimentaires. La Suisse est un membre fondateur du Codex.

Informations complémentaires

Cinq personnes décédées en Europe dans une épidémie liée à du poisson fumé à froid contaminé par Listeria monocytogenes


« Un foyer épidémique multi-pays de Listeria monocytogenes lié à du poisson fumé à froid », source EFSA du 4 juin 2019.
Le foyer épidémique de Listeria monocytogenes qui a touché 22 personnes dans cinq pays depuis 2014 est lié à de la truite et du saumon fumés à froid et produits en Estonie. 
Les experts de l'EFSA et du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) ont pu confirmer l'origine de l'infection grâce à des enquêtes de traçabilité et grâce à la technique du séquençage du génome entier. 
Les pays touchés sont les suivants : Danemark (9 cas), Estonie (6), Finlande (2), France (1) et Suède (4). Cinq personnes sont décédées. Le dernier cas a été signalé au Danemark en février 2019. 
De nouveaux cas ne peuvent pas être exclus tant que le point exact de contamination dans la chaîne de transformation des aliments n'a pas été identifié.



Plus de 20 personnes font partie d'une épidémie à Listeria dans plusieurs pays attribuée à des poissons fumés et cinq sont décédées depuis 2014, d'après une évaluation conjointe des épidémies réalisée par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) qui ont identifié 22 cas de listériose provoqués par Listeria monocytogenes Sequence Type (ST) 1247, complexe clonal 8 par séquençage du génome entier.

Les deux agences ont averti que de nouveaux cas ne pourraient être exclus jusqu'à ce que le point de contamination dans une usine de transformation alimentaire estonienne ait été identifié.

Elles ont réalisé une évaluation en mars dernier, au cours de laquelle 18 cas avaient été identifiés. À cette époque, le transformateur estonien, une entreprise appelée M. V. Wool, avait nié le lien.

Cas d'épidémie annuels depuis 2014
Le Danemark compte neuf cas, l'Estonie six, la Finlande deux, la France un et la Suède quatre. Le premier cas a eu des symptômes en juillet 2014 en Estonie. Le plus récent s'est produit au Danemark en février de cette année.

« Des cas d'éclosion ont été signalés chaque année depuis 2014, avec un petit nombre de cas groupés entre fin 2015, 2016 et 2018 et le début de l'année suivante. L'Estonie, la Finlande et la Suède ont signalé des cas au cours des deux premières années de cette éclosion; depuis janvier 2017, tous les cas, à l'exception d'un cas en France en 2018, ont été rapportés en Estonie et au Danemark », selon l'ECDC.

Huit patients, sur douze pour lesquels des antécédents de consommation alimentaire étaient disponibles, ont confirmé consommer des produits de poisson fumé à froid.

Des informations sur l'âge et le sexe sont disponibles pour 20 patients dont l'âge médian est de 76 ans. La plupart ont plus de 50 ans, à l'exception d'un cas néonatal rapporté en 2014. Onze patients sont des hommes et neuf des femmes.

Investigations alimentaires et environnementales
Des isolats alimentaires de Listeria monocytogenes, correspondant à la souche épidémique humaine par WGS, ont été détectés chez des grossistes et en distribution en France, Danemark, Italie et Suède dans 13 lots de saumon fumé à froid ou gravad et dans six lots de truites fumées à froid.

Dans 16 lots, Listeria a été détecté à moins de 10 unités formant colonies par gramme (ufc/g), dans un lot à < 40 ufc/g et dans deux lots de truite fumée à froid, Listeria été dénombré à 400 ufc/g et 570 ufc/g.


Les informations sur la traçabilité indiquaient que la société estonienne M.V Wool était le fabricant commun des produits de poisson. Le poisson cru a été reçu de fournisseurs en Norvège et en Finlande.

À compter du 20 mars 2019, l’entreprise de transformation ne peut libérer des produits de poisson salés et fumés à froid et qu’après la vérification de 'l’absence de Listeria monocytogenes dans 25 grammes', à la demande de l’autorité estonienne.

Des investigations environnementales et des analyses sur les aliments effectués dans l’usine de transformation estonienne ont montré que Listeria monocytogenes correspondait à la souche épidémique dans deux prélèvements de la chaîne de transformation et dans quatre lots de produit fini.

« La présence de Listeria monocytogenes correspondant à la souche éîdémique sur plusieurs années dans les produits de poisson suggère la persistance du micro-organisme dans les locaux de la société estonienne. Une investigation plus approfondie est nécessaire pour identifier les points de contamination (croisée) dans l'usine de transformation des aliments », selon l'ECDC.