Les titres à propos des
zoonoses dans l’UE, c’est selon, pour l’EFS, «Zoonoses
et foyers de toxi-infection alimentaire en hausse, mais inférieurs
aux niveaux pré-pandémiques», pour l’ECDC, «Les
maladies zoonotiques et les épidémies d'origine alimentaire en
hausse, mais toujours en deçà des niveaux d'avant la pandémie»,
et pour Joe Whitworth de Food Safety News, «Les
maladies d'origine alimentaire grimpent en Europe, mais pas de retour
aux niveaux pré-pandémiques».
Ne vous fiez donc pas
toujours aux titres, un lecteur habitué aura souvent consaté un décalage entre le titre et le contenu de l'article, retenez tou
t de même que, comme l’inflation,
les zoonoses ont augmenté, mais que c’est surtout les foyers
de toxi-infection alimentaire qui ont le plus augmenté, et ce,
malgré le départ de nos amis britanniques. Le blog reviendra en
détail sur ces sujets dans un prochain article, avec un focus sur la France, mais d’ores et déjà
voici un aperçu …
Résumé
Comme l’indique le
dernier rapport
annuel de l’UE sur les zoonoses «Une seule santé» publié
par l’EFSA et l’ECDC, en 2021 les cas signalés de zoonoses et de
foyers de toxi-infection alimentaire étaient globalement en hausse
par rapport à l’année précédente mais leur nombre restent
nettement inférieurs à ceux des années précédant la pandémie.
La baisse générale du nombre de cas signalés et de foyers
épidémiques par rapport aux années précédant la pandémie est
probablement liée aux mesures prises pour lutter contre le COVID-19,
mesures toujours en place en 2021. On relève parmi les quelques
exceptions à cette tendance la yersiniose et les foyers épidémiques
alimentaires de listériose, dont le nombre de cas signalés excèdent
les niveaux d’avant la pandémie.
La cause la plus fréquente des
foyers épidémiques d'origine alimentaire était Salmonella,
qui représentait 19,3% (773) du total. Les foyers de cas de
toxi-infection alimentaire (ou toxi-infections alimentaires
collectives en France -aa) diffèrent des cas de maladie globalement
signalés car il s’agit d’événements dans lesquels au moins
deux personnes contractent la même maladie à partir des mêmes
aliments contaminés. Les sources les plus courantes de foyers
épidémiques de salmonellose étaient les œufs, les ovoproduits et
les «aliments mixtes», à savoir des repas composés de divers
ingrédients.
Le nombre de foyers épidémiques (23) causés par Listeria
monocytogenes a
été le plus élevé jamais signalé. L’utilisation accrue de
techniques
de séquençage du génome entier qui permettent aux
scientifiques de mieux détecter et identifier les foyers pourrait
expliquer ce niveau record.
Le rapport couvre également
l’ensemble des cas signalés de zoonoses, qui ne sont pas
nécessairement liés à des foyers épidémiques. La
campylobactériose reste la zoonose la plus fréquemment signalée,
avec un nombre de cas signalés en hausse (127 840, contre 120 946 en
2020). La viande de poulet et la viande de dinde constituaient la
source d’infection la plus courante. La salmonellose était la
deuxième zoonose la plus signalée et a touché 60 050 personnes
(contre 52 702 en 2020). Les autres maladies fréquemment signalées
étaient la yersiniose (6 789 cas), les infections causées par E.
coli producteur de
shigatoxines (6 084 cas) et la listériose (2 183 cas).
Le rapport contient également des
données sur Mycobacterium
bovis/caprae, Brucella,
Trichinella,
Echinococcus, Toxoplasma
gondii, la rage, la
fièvre Q, les infections du virus du Nil occidental et la tularémie.
L’EFSA publie également plusieurs outils de communication
interactifs :
Principaux résultats et tendances en 2021
En 2021, les deux zoonoses les plus fréquemment signalées chez
l'homme étaient les maladies gastro-intestinales campylobactériose
et salmonellose avec un total respectivement de 127 840 et 60 050 cas
humains. Une augmentation d'environ 7 000 cas pour les deux agents
pathogènes a été signalée en 2021 par rapport à 2020,
correspondant respectivement à +0,86 et +1,96 cas confirmés pour
100 000 habitants pour la campylobactériose et la salmonellose.
En 2020, deux événements majeurs ont affecté la collecte et
l'analyse des données au niveau de l'UE : le Royaume-Uni s'est
retiré de l'Union européenne1, ce qui a entraîné une réduction
du nombre absolu de cas signalés et les confinements partiels ou
totaux dus à la pandémie de COVID-19 ont influencé la probabilité
d'exposition à des agents pathogènes d'origine alimentaire. Par
conséquent, l'augmentation apparente des cas signalés en 2021 doit
être interprétée avec prudence à la lumière du retrait
progressif des initiatives non pharmaceutiques les plus sévères,
principalement l'assouplissement des confinements, contre le COVID-19
en 2021.
Alors que les données humaines du Royaume-Uni n'ont pas été
collectés par l'ECDC depuis 2020, l'Irlande du Nord a soumis des
données et des rapports nationaux sur les zoonoses en 2021 sur ses
résultats de surveillance pour les denrées alimentaires, les
animaux, les aliments pour animaux et les foyers de cas de
toxi-infections d'origine alimentaire, conformément au retrait du
Royaume-Uni de l'Union européenne.
Le contrôle de la présence de micro-organismes zoonotiques chez les
animaux producteurs d'aliments est l'un des moyens les plus efficaces
de réduire le fardeau de la maladie humaine. Des programmes
nationaux de lutte contre Salmonella sont mis en place depuis de
nombreuses années dans les populations avicoles (poules
reproductrices, poules pondeuses, poulets de chair, dindes
d'engraissement et de reproduction) : ces programmes visent à
réduire la prévalence des sérovars (sous-groupes aux structures de
surface distinctives communes) de Salmonella responsables pour la
grande majorité des cas humains.
En 2021, 16 États membres et le Royaume-Uni (Irlande du Nord) ont
atteint tous les objectifs fixés en matière de réduction de la
prévalence de Salmonella pour les sérotypes pertinents dans des
populations de volailles spécifiques. Les tendances de la prévalence
des troupeaux positifs pour le sérotype cible de Salmonella ont été
raisonnablement stables dans l'UE au cours des dernières années
pour les populations de volailles spécifiées.
Pour 2021, dans la
catégorie des échantillons d'aliments «prêts à consommer» dans
leur ensemble, une très faible proportion (0,23%) d'unités
positives à Salmonella a été retrouvée, les pourcentages les plus
élevés d'échantillons positifs étant décrits pour la «viande et
les produits à base de viande provenant de porcs» (0,82 %) et
«épices et herbes» (0,72%). Les échantillons prélevés par les
autorités compétentes à l'abattoir pour la détection de
Salmonella sur les carcasses de différentes espèces étaient plus
fréquemment positifs que ceux rapportés lors des contrôles
d'autocontrôle par les exploitants du secteur alimentaire eux-mêmes.
Le même constat a été observé pour les populations de volailles
testées dans le cadre des programmes nationaux de contrôle de
Salmonella au niveau des exploitations, ainsi que pour les résultats
de quantification de Campylobacter sur les carcasses de poulets de
chair au niveau de l'UE. Cet écart devrait faire l'objet d'une
enquête plus approfondie, car les exploitants du secteur alimentaire
de l'UE sont principalement responsables de la prévention de la
contamination des aliments par des agents pathogènes zoonotiques à
tous les niveaux de la chaîne alimentaire et les autocontrôles sont
une composante importante de leurs programmes de contrôle.
Le cas des foyers de cas de
toxi-infection d'origine alimentaire
En 2021, 27 États membres et le
Royaume-Uni (Irlande du Nord) ont signalé 4 005 foyers
de cas de toxi-infection d'origine alimentaire (29,8 % de plus
qu'en 2020) et 32 543 cas humains (une augmentation de 62,6 %). Ces
données sont proches de ce qui avait été rapporté dans la période
2017-2019 avant la pandémie de COVID-19, indiquant un retour
progressif probable aux habitudes de consommation alimentaire
pré-COVID-19 en 2021 en ce qui concerne les restaurants, les
cantines et les autres installations d'administration alimentaire qui
peuvent être impliqué dans la transmission d'agents pathogènes
d'origine alimentaire.
Salmonella, en particulier S. Enteritidis, est restée l'agent causal
le plus fréquemment signalé dans les épidémies d'origine
alimentaire.
Selon les données fournies par les États membres, Salmonella de la
catégorie «œufs et ovoproduits» et des «aliments composés»
étaient les couples agent/aliment les plus souvent impliqués dans
les épidémies d'origine alimentaire.
Les foyers liés à la
consommation de produits de la catégorie «légumes et jus et autres
produits dérivés» ont considérablement augmenté en 2021 par
rapport aux années précédentes.
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notre article sur le dernier rapport annuel de l'UE, OneHealth et
les zoonoses que nous avons publié conjointement avec l’ECDC.