dimanche 4 juin 2023

Nouveaux rappels oubliés par RappelConso !

Le blog vous avait déjà signalé cette semaine un premier rappel 'oublié', voir ici.

Mais cette fois-ci, il y a trois avis de rappels oubliés puisque RappelConso n’a pas publié de rappel ce samedi 3 juin 2023.

Carrefour rappelle le 2 juin 2023 du jambon cru fumé de la forêt noire

Suite à la suspicion de présence de Listeria monocytogenes, la société Charcupac procède aujourd’hui au rappel du produit suivant. Ces produits ont été vendus en libre service du rayon Charcuterie.

Carrefour rappelle le 2 juin 2023 des épinards hachés surgelés Carrefour Bio

La société CROP’S vegetables procède à un retrait de la vente et à un rappel des produits suivants suite à une présence possible de corps étrangers métalliques. Ces produits ont été vendus au rayon libre service Surgelé.

Carrefour rappelle le 2 juin 2023 des paupiettes de veau

La société TENDRIADE procède à un retrait de la vente et à un rappel des produits suivants suite à la mise en évidence de Salmonelles. Ces produits ont été vendus au rayon libre service.

Regardez bien RappelConso ce lundi 5 juin, vous prendrez alors connaissance de la publication de ces trois avis de rappels, mais avec un certain délai, voire un délai certain ...

Mise à jour du 5 juin 2023
Les trois produits cités ont été rappelés ce jour par RappelConso. Tout arrive un jour ...

Quand la Cour des comptes fait la leçon aux politiques qui prennent des engagements sans avoir mesuré les conséquences

Mise à jour du 4 juin 2023

On lira un article de Louis de Dinechin paru dans la revue la Haute-Saône Agricole et rurale, «Réduction du cheptel français : encore des erreurs dans un rapport d’envergure nationale !»
Entre un ministre de l’économie qui ne sait pas ce que représente un hectare, un ministère de l’agriculture qui ne sait pas ce qu’est un ordre de grandeur, et maintenant la Cour des Comptes qui s’emmêle dans les unités, on finit par douter de la crédibilité de ceux qui pilotent les stratégies agricoles nationales.  

samedi 3 juin 2023

France : Les toxi-infections alimentaires collectives 2021, nouvelle saison, nouvelle hausse du nombre de cas

Santé publique France nous informent le 2 juin 2023 de la publication de deux documents relatifs aux toxi-infections alimentaires collectives :
Toxi-infections alimentaires collectives en France : les chiffres 2021 (4 pages) et Surveillance des toxi-infections alimentaires collectives (TIAC). Données de la déclaration obligatoire, 2021 (15 pages). Ce dernier document est daté de février 2023.

La petite histoire retiendra que nous avons eu la même année, 2020, les données des TIACs de 2019 mais aussi celles de 2020. Du jamais vu selon un article du blog du 21 décembre 2020.

Il aura donc fallu attendre un certain temps pour avoir les données 2021 des TIACs, j'y vois pour ma part un manque réel de ressources la part de Santé publique France, voire une certaine lassitude à répéter que Salmonella est le pathogène le plus souvent confirmé, et «Malgré les nombreuses mesures de contrôle prises dans les différentes filières, le nombre annuel de souches remontant au CNR reste stable, aux alentours de 10 000 par an.» Source SpF.

Notons que nos amis belges ont diffusé leurs résultats en juin 2022.

Enfin, notons encore que les données diffusées par Santé publique France ne sont pas tout à fait les mêmes que celles diffusées par l’ECDC et l’EFSA dans Toxi-infections alimentaires collectives en France et au sein de l'UE en 2021.

Chiffres clés 2021
En 2021, 1 309 toxi-infections alimentaires collectives ont été déclarées en France (versus 1 010 en 2020) affectant 11 056 personnes (versus 6 814 en 2020 soit +62%), dont 512 (5%) se sont présentées à l’hôpital (hospitalisation ou passage aux urgences) et 16 (0,14%) sont décédées.
Le nombre de TIAC notifiées est en augmentation par rapport à 2020, année fortement impactée par la pandémie de COVID-19, mais qui reste en dessous des données de 2018 et 2019.
Comme les années précédentes, l’agent pathogène le plus fréquemment confirmé sur le plan microbiologique était Salmonella pour 44% des TIAC à agent confirmé (43% en 2020). Les agents pathogènes les plus couramment suspectés sur la base des informations épidémiologiques et cliniques, mais sans avoir été confirmés sur le plan microbiologique, étaient les agents toxiniques Bacillus cereus, Staphylococcus aureus et Clostridium perfringens, correspondant à 67% des TIAC pour lesquelles un agent a été suspecté (74% en 2020). Pour 19% des TIAC déclarées, aucun agent n'a pu être mis en évidence ni suspecté sur la base des informations épidémiologiques et cliniques (18% en 2020).
394 TIAC sont survenues en restaurations collectives ou commerciales.

Lieux de survenue des TIAC déclarées en 2021

Entre 2020 et 2021, la part des TIAC faisant suite à des repas familiaux a diminué, passant de 37% à 33%, et celle des TIAC déclarées suite à des repas dans des restaurants commerciaux est passée de 37% à 35%.

La part des TIAC dans les instituts médicaux-sociaux (IMS) est passée de 11% à 12%. La part des TIAC dans les autres lieux collectifs (entreprises, milieux scolaires, autres collectivités) a augmenté, passant de 15% à 20%.

En 2021, les TIAC ont concerné 1 738 malades en milieu familial (16%), 1 662 en restauration commerciale (15%) et 7 296 en restauration collective (66%). Pour 17 TIAC correspondant à 360 malades (3%), le lieu de repas n’est pas connu.

Entre 2006 et 2019, le nombre des TIAC a régulièrement augmenté chaque année pour atteindre 727 TIAC en 2019. En 2020, année fortement impacté par la crise de Covid-19 et les mesures de distanciation sociale, 369 TIAC en restauration commerciale ont été notifiées (-49% par rapport à 2019). En 2021, le nombre de TIAC en restauration commerciale a de nouveau augmenté (+26% par rapport à 2020), mais reste à un niveau plus faible que celui observé avant la crise sanitaire liée à la Covid-19.

Le nombre de TIAC familiales a également augmenté sur la période 2006 (262 TIAC) et 2019 (569 TIAC). En 2021, ce nombre était de 425 TIAC notifiées.

Le nombre de TIAC survenues en collectivités (restauration d’entreprise, cantines scolaires, instituts médico-sociaux et autres collectivités) a varié entre 330 et 500 TIAC déclarées chaque année depuis 2012. En 2020, 261 TIAC en collectivités ont été déclarées (-45% par rapport à 2019). En 2021, on observe un rebond avec 403 TIAC déclarées en collectivités.

On se référera au rapport pour suivre les non-conformités relevées (TIAC pour lesquelles au moins un type de non-conformité a été identifié) pour chacun des trois lieux de survenues des TIAC. A noter le nombre élevé de non-conformités en restauration commerciale et collective. La nouvelle police sanitaire va avoir du travail ...

Le cas de norovirus

La part annuelle des TIAC virales est très variable depuis 2006 et oscille entre 5% et 19%. En 2021, la part de ces TIAC a atteint 13% de l’ensemble des TIAC déclarées.
Comme indiqué dans un précédent article, norovirus n’intervient que pour très peu dans le nombre de foyers de TIAC en France, ainsi il n’y a eu que 19 foyers de TIAC à norovirus, cela a sans doute fait augmenter la rubrique gastro-entérites aiguês …

Des décès en augmentation ?

À noter une évolution en apparence un peu surprenante, celui du taux de décès, qui semble avoir progressivement augmenté, passant de 0,01% en 2018 à 0,08 % en 2019 et finalement 0,14% en 2021. Santé publique France ne donne pas d’explication sur cette évolution. Source Le Généraliste.

Déclaration obligatoire (DO) ?

Les incidences régionales sont très différentes d’une région à l’autre et ne reflètent pas uniquement le risque de TIAC mais aussi l’exhaustivité de la déclaration et de la transmission des DO.

Limites des données des TIAC

… les TIAC ne sont que la partie la plus visible d’un problème plus vaste. Le fardeau des infections d’origine alimentaire, dont la majorité des cas surviennent de façon sporadique sans lien apparent entre eux, est important et était estimé à entre 1,28 à 2,23 millions de personnes affectées chaque année sur la période 2008-2013. La déclaration et l’investigation des TIAC est un dispositif opérationnel et efficace qui complète utilement les autres dispositifs de surveillance des infections d’origine alimentaires, afin d’améliorer la sécurité sanitaire des aliments.

NB : L’image de l’article provient de Santé publique France. Apparemment, la restauration collective pour enfants est mise à l’honneur, pourtant les données recueillies ne sont pas bonnes ...

Curiosité

Manifestement, le compte twitter de Santé publique France a oublié de parler des Toxi-infections alimentaires collectives 2021, comme c'est ballot ...
Au final, voir ci-dessous, ce n'est que le 7 juin que Santé publique France a diffusé l'information sur twitter.

Complément du 5 juin 2023

Dans le document sur les Toxi-infections alimentaires collectives en France : les chiffres 2021, de Santé publique France, on trouve des recommandations pour les jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées :
- cuire à cœur la viande hachée pour les protéger des pathogènes;
- la consommation de viande ou de poisson cru (en tartare ou carpaccio) et de produits laitiers au lait cru (à l’exception des fromages à pâte cuite pressée comme le gruyère ou le comté) leur est fortement déconseillée.

Deux observations à ces recommandations,

i) la notion de jeunes enfants est bien présente mais celle de jeunes enfants de moins de 5 ans a disparu, voir ce lien du ministère de l’Agriculture. Ne pas consommer de lait cru, ni de fromages au lait cru pour les jeunes enfants, et particulièrement ceux de moins de 5 ans.
ii) la cuisson a cœur de la viande hachée aurait méritée le recours à un thermomètre alimentaire afin de s’assurer de la cuisson effective et efficace. Ce sera peut-être pour l’année prochaine ...

Mise à jour du 16 juin 2023

On lira l’article de Joe Whitworth paru dans Food Safety News, La France connaît une augmentation des toxi-infections alimentaires collectives en 2021

Le mythe du lait avec des antibiotiques, vu par le mensonger lobby bio. Même pas peur !

 Publicité mensongère, me semble-t-il !

vendredi 2 juin 2023

Phages et aliments : lutter contre les bactéries de la ferme à la fourchette

Les phages sont utilisés pour maîtriser les pathogènes bactériens à chaque étape de la production alimentaire, de la promotion de la santé du bétail et des cultures à la destruction des pathogènes sur les aliments prêts à consommer. Quels sont les avantages et les défis associés au déploiement des phages dans l'industrie alimentaire ?

«Phages et aliments : lutter contre les bactéries de la ferme à la fourchette», source ASM News du 1er juin 2023.


Qu'elles tuent du bétail et des cultures ou qu'elles contaminent des aliments prêts à consommer, les bactéries causent de gros problèmes à l'industrie alimentaire. Pour résoudre ces problèmes, des scientifiques pensent petit. De nombreuses études ont montré que les bactériophages (c'est-à-dire les phages ou les virus qui infectent les bactéries) peuvent anéantir les bactéries problématiques dans tout le système alimentaire, du contrôle des agents pathogènes des plantes à la destruction des bactéries sur les produits, la viande et d'autres produits alimentaires. Alors que divers produits commerciaux à base de phages sont sur le marché, l'exploration continue du potentiel bactéricide des phages dans la production alimentaire et l'optimisation de leur utilisation seront essentielles pour l'expansion des applications.
Les phages peuvent être utilisés pour contrôler les pathogènes bactériens du début à la fin du processus de production alimentaire. Source : Enderson L. et Coffrey A./Current Opinion in Food Science, 2020. Image sous licence CC BY 4.0.

Que sont les phages et comment sont-ils utilisés dans l'industrie alimentaire ?
Partout où il y a des bactéries, il y a des phages, c'est-à-dire que les phages sont à peu près partout. En fait, il y a environ 100 nonillions (1031) de phages sur la planète. Cette population gargantuesque est incroyablement diversifiée, car chaque phage individuel possède une gamme définie d'espèces et de souches bactériennes qu'il peut infecter. Néanmoins, tous les phages ont une chose en commun : ils attaquent les bactéries, et uniquement les bactéries. Les humains, les plantes, les animaux et autres microbes ne sont pas ciblés.

En tant que tels, les phages peuvent être utilisés pour réduire les pathogènes bactériens dans tous les secteurs de la société. Par exemple, la phagothérapie implique l'isolement et le déploiement de phages qui tuent spécifiquement les bactéries provoquant une infection. Dans l'industrie alimentaire, les phages ont été explorés et appliqués pour gérer les bactéries du début à la fin des procédés de transformation des aliments.


À la ferme et au champ : applications de phages avant la récolte
La perte d'animaux et de plantes à cause de maladies bactériennes avant abattage ou au stade de la pré-récolte a des coûts économiques importants (des milliards de dollars) et menace la stabilité du système alimentaire. Dans l'élevage, les antibiotiques sont depuis longtemps la méthode de choix pour réduire les infections et promouvoir la santé animale, bien que cette pratique ait exacerbé la propagation de la résistance aux antimicrobiens. Les phages peuvent offrir une solution. En effet, des chercheurs ont découvert que 3 phages isolés des eaux usées d'une ferme laitière étaient tout aussi efficaces que les antibiotiques pour soulager les symptômes de la mammite (une infection du pis entraînant une perte annuelle estimée à 2 milliards de dollars aux États-Unis) causée par Escherichia coli résistant aux antibiotiques chez les vaches. Des résultats positifs similaires ont été démontrés pour le contrôle de divers agents pathogènes, y compris ceux qui pourraient rendre des personnes malades, comme Salmonella, E. coli O157:H7 et Campylobacter jejuni, entre autres, et chez divers animaux (par exemple, volaille, poisson, etc.).

Les phages peuvent également être utilisés pour minimiser la perte de cultures due aux maladies bactériennes. L'application de phages sélectionnés sur les graines ou les feuilles de cultures peut réduire la charge pathogène et diminuer la gravité et l'incidence de la maladie pendant la phase de croissance. Il existe déjà des produits commerciaux  à base de phages enregistrés auprès de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) conçus pour tuer les agents pathogènes qui infectent les aliments comme les tomates, les agrumes, les pommes, les poires et plus encore.

Phages pour lutter contre les agents pathogènes d'origine alimentaire

En plus de prévenir et de traiter les maladies animales et végétales, les phages sont utiles pour détecter et entraver la croissance des agents pathogènes d'origine alimentaire pendant et après la transformation des aliments. Par exemple, des scientifiques ont conçu des phages rapporteurs qui ont permis la détection basée sur la bioluminescence de l'agent pathogène d'origine alimentaire, Listeria monocytogenes, dans le lait, la charcuterie et la laitue contaminés. Les aliments peuvent également être trempés ou pulvérisés avec des solutions de phages conçues pour tuer les agents pathogènes qui les contaminent couramment. Cette application du biocontrôle par des phages (c'est-à-dire l'utilisation de phages comme agents antimicrobiens pour réduire les concentrations d'agents pathogènes dans un environnement traité) dans l'industrie alimentaire a connu le plus grand succès commercial à ce jour, avec divers produits sur le marché conçus pour combattre Salmonella, E. coli, L. monocytogenes et d'autres bactéries. Les phages peuvent également être appliqués pour stériliser les surfaces dans les installations de transformation des aliments, telles que les tapis de cnvoyage et les supports de transport des aliments, qui peuvent servir de vecteurs de contamination bactérienne.

Quels sont les avantages du biocontrôle par les phages ?

De nombreuses caractéristiques des phages les rendent utiles à des fins de lutte biologique. Thomas Denes, professeur de microbiologie alimentaire moléculaire à l'Université du Tennessee qui étudie les applications basées sur les phages pour la sécurité des aliments, a souligné la gamme d'hôtes définie des phages comme un avantage clé. Il a noté que les phages peuvent être dirigés vers des agents pathogènes tout en laissant intactes d'autres bactéries associées à un aliment (par exemple, des bactéries bénéfiques dans des aliments comme le yogourt, le kimchi et le fromage).

De plus, les phages ne sont pas limités par la concentration du eur application, ils se répliquent. «Dans l'environnement de la transformation des aliments, il existe souvent des niches ou des structures complexes qui rendent difficile l’accès à un antimicrobien», a dit Denes. «Ainsi, avoir un antimicrobien qui se réplique lorsqu'il entre en contact avec son hôte signifie que le traitement sera amplifié là où cela est nécessaire, alors que les désinfectants conventionnels peuvent avoir du mal à atteindre les zones où les agents pathogènes survivent ou se reproduisent réellement», comme les coins et les recoins de l'équipement de transformation des aliments (ou l’aliment lui-même).

Amit Vikram, chercheur principal chez Intralytix, Inc., une société de biotechnologie qui fabrique des produits à base de phages pour éliminer les agents pathogènes d'origine alimentaire, a souligné la sécurité sanitaire des phages comme un autre avantage. Par rapport aux produits chimiques dangereux qui peuvent nuire aux salariés et doivent être éliminés correctement, les phages ne présentent aucun risque pour les personnes qui travaillent avec ou qui consomment les aliments. De plus, «[les phages] ont une grande efficacité sans affecter les aliments, la texture, les propriétés et les goûts», a expliqué Vikram, ce qui les rend même attrayants pour les producteurs d'aliments soucieux d'éliminer les contaminants microbiens tout en maintenant l'intégrité et l'essence d'un aliment.


Quels sont les défis associés au biocontrôle par des phages ?
Pourtant, les phages ne sont pas parfaits. D'une part, la gamme d'hôtes définie qui rend les phages formidables peut également être une chute. «Dans des contextes de sécurité des aliments, un producteur alimentaire achèterait un produit à base de phages pour gérer le risque d'un agent pathogène cible», a dit Denes. Cependant, les phages contenus dans ce produit peuvent ne pas être efficaces contre toutes les souches d'une bactérie qui pourraient être présentes, dont il pourrait y en avoir plusieurs. Vikram a noté que l'utilisation de mélanges de phages avec différentes gammes d'hôtes peut être une façon de faire face à cette limitation, bien que de tels mélanges puissent toujours ne pas couvrir toutes les souches d'un agent pathogène qui pourraient constituer une menace.

Les phages ne se déplacent pas non plus à la recherche de leurs hôtes. Pour cette raison, il est essentiel de recouvrir adéquatement les aliments de phages pour s'assurer qu'ils rencontrent leurs agents pathogènes cibles. C'est plus facile à dire qu'à faire. «Différents aliments ont différents types de surfaces», a expliqué Vikram. «Les produits de volaille crus ont une surface plus rugueuse par rapport à une saucisse, qui a une surface plus lisse. Les légumes verts à feuilles ont une surface vraiment grande, très rugueuse et très ondulée», ce qui rend l'application du biocontrôle par des phages «extrêmement difficile», et c’est quelque chose qui nécessite une optimisation supplémentaire.


La résistance bactérienne aux phages peut également poser un problème. Denes a déclaré que le risque de résistance peut dépendre de la manière dont les phages sont utilisés : sont-ils appliqués aux aliments prêts à consommer à la fin de la production, ou les aliments sont-ils traités au début de la transformation ? Dans ce dernier cas, il peut y avoir plus de possibilités pour les phages de sélectionner la résistance. Dans cet esprit, le laboratoire de Denes a découvert que des expériences de co-évolution in vitro avec des phages et L. monocytogenes permettaient d'isoler des phages développés en laboratoire qui pourraient infecter des souches résistantes de l'agent pathogène. Les résultats suggèrent que de telles expériences pourraient aider à améliorer la gamme d'hôtes et l'efficacité du biocontrôle par des phages. L'utilisation de mélanges de phages avec différentes stratégies d'infection est également utile dans ce contexte, car ils peuvent réduire la fréquence d'émergence de mutants bactériens résistants aux phages. Dans le cas où un mutant résistant émergerait, Vikram a souligné qu'il est possible d'isoler des phages ayant une activité contre ce mutant à partir de sources naturelles.
Les bactéries peuvent résister aux phages de plusieurs manières, notamment en empêchant la liaison des phages et en interférant avec l'assemblage des particules de phage. Source : Seed D.K./PLOS Pathogens, 2015. Image sous licence CC BY 4.0.

Quelles sont les prochaines étapes?
Jusqu'à présent, les phages sont principalement utilisés pour des applications après-récolte, en particulier pour maîtriser la croissance de Salmonella dans la viande de volaille, bien que leur potentiel dans d'autres facettes du système alimentaire (par exemple, les cultures, le bétail, les produits) soit de plus en plus apprécié. Vikram a souligné que l'éducation sera essentielle pour élargir l'utilisation des phages dans l'industrie alimentaire. «Il y a encore beaucoup d'entreprises qui ne comprennent pas vraiment la technologie des phages en elle-même», a-t-il dit, décrivant le nombre d'entreprises confondant les phages avec des produits chimiques ou craignant de mettre des virus sur les aliments (rappelez-vous, ce sont des virus qui infectent uniquement bactéries). Vikram pense également que l'éducation des agences de réglementation, y compris la FDA des États-Unis, sur le fonctionnement des phages peut aider à faciliter une approbation plus rationalisée des produits à base de phages.

Pour Denes, l'avenir passe par la recherche. «Je pense que nous sommes maintenant à un stade dans le domaine de la recherche appliquée sur les phages où nous identifions des voies pour surmonter certains des défis [associés au biocontrôle par des phages], tels que l'émergence de la résistance aux phages, la diversité des conditions environnementales dont nous avons besoin. pour fonctionner et la diversité des agents pathogènes que nous devons pouvoir cibler», a-t-il dit. «Je pense que nous y arrivons en comprenant les mécanismes des interactions [phage-hôte] et en identifiant des outils, tels que évolution [ou] ingénierie du phage.

Cela étant dit, les phages ne sont pas la solution ultime pour maîtriser les pathogènes bactériens dans le système alimentaire. Ils ne sont qu'un outil de plus qui, lorsqu'il est associé à la manipulation, au stockage et à d'autres méthodes de maîtrise des aliments, aide à combattre les agents pathogènes et à assurer la sécurité des aliments, de la ferme à la fourchette.

Les planches à découper peuvent produire des microparticules lors de la découpe de légumes, selon une étude

«Les planches à découper peuvent produire des microparticules lors de la découpe de légumes, selon une étude», source ACS News.

Référence : «Cutting Boards: An Overlooked Source of Microplastics in Human Food?» from Environmental Science & Technology.

Les planches à découper sont des outils pratiques que l'on trouve dans la plupart des cuisines des maisons et des restaurants. Mais une étude à petite échelle publiée par Environmental Science & Technology de l’ACS suggère qu'ils sont une source négligée de particules de taille micrométrique. Des chercheurs rapportent que découper des carottes sur des planches de bois et de plastique pourrait produire des dizaines de millions de microparticules par an. Cependant, un test de toxicité n'a montré aucun effet substantiel sur la survie des cellules de souris à partir de microparticules de polyéthylène ou de bois libérées lors du découpage.

La plupart des planches à découper sont en caoutchouc synthétique, en bambou ou en bois ou en plastique. Au fil du temps, ces ustensiles de cuisine développent des rainures et des marques de coupe en hachant, en tranchant et en hachant les aliments. Récemment, des chercheurs ont montré que certains matériaux de planches à découper en plastique, dont le polypropylène et le polyéthylène, peuvent perdre des particules de taille nano et micro lorsque des découpes sont réalisées avec des couteaux. Pourtant, ces études n'ont pas évalué combien de ces microplastiques pourraient être produits lors de scénarios réalistes de préparation des aliments. Ce serait une information importante car les particules pourraient avoir des effets négatifs sur la santé si elles sont ingérées. Ainsi, Syeed Md Iskander et ses collègues ont voulu enquêter sur les microparticules qui seraient libérées lors de la découpe de légumes sur des planches en plastique et en bois, ainsi que sur toute toxicité potentielle de ces minuscules matériaux.

Les chercheurs ont collecté et mesuré les microparticules libérées par des planches à découper, qui ont été utilisées à plusieurs reprises par un couteau. Dans leurs tests, ils ont comparé les habitudes de coupe de cinq personnes et la coupe d'une personne sur différents matériaux avec et sans carottes.

À partir des résultats, l'équipe a calculé que la préparation des aliments pourrait produire chaque année 14 à 71 millions de microplastiques en polyéthylène et 79 millions de microplastiques en polypropylène à partir de leurs planches respectives chaque année. Les estimations pourraient varier selon,

- Le style de coupe d'un individu.
- Le matériau d’une planche à découper
- La force nécessaire pour couper les aliments.
- Que les ingrédients soient hachés grossièrement ou finement, et,
- La fréquence d'utilisation d'une planche à découper.

Les estimations annuelles n'ont pas été déterminées pour les planches de bois, bien que les chercheurs aient rapporté que ces articles laissaient tomber 4 à 22 fois plus de microparticules que les plastiques dans différents tests.

Mais même si de nombreuses microparticules se sont formées, les chercheurs ont découvert que les microplastiques de polyéthylène et les microparticules de bois libérées lors de la découpe des carottes ne semblaient pas modifier de manière significative la viabilité des cellules de souris lors des tests en laboratoire. Bien que les planches à découper en plastique soient faciles à nettoyer, les chercheurs concluent que d'autres options pourraient être utilisées pour réduire la contamination potentielle par les microplastiques dans les aliments.


Commentaire
L’idée selon laquelle les planches à découper soient faciles à nettoyer n’est pas la réalité prouvée par de nombreuses études scientifiques. Les planches à découper en bois sont à préférer du point de vue de l’hygiène mais aussi de la libération de microplastiques.

«Biodiversité : de la science au sociétal» par Marcel Kuntz

«Biodiversité : de la science au sociétal», source article de Marcel Kuntz paru le jeudi 1er juin 2023 dans Factuel.

Le terme « biodiversity » semble avoir été utilisé pour la première fois par Raymond F. Dasmann, un biologiste de la conservation, dans son livre A different kind of country paru en 1968. Il s’agit d’une contraction de diversité biologique. La vraie mise en avant de ce néologisme est due au botaniste Walter G. Rosen qui organisa un congrès sur ce thème, qui eut lieu en 1986 à Washington.

Le culte de la «biodiversité» se pratique même pour les plantes les plus communes (c’est-à-dire des espèces qui prolifèrent !) et dans les endroits les plus improbables, comme ici aux abords de la rocade sud de Grenoble. Il est significatif que le terme quasi religieux de «respect» soit utilisé, et non «protection» qui ferait davantage apparaitre ici l’inanité de la démarche.

Le terme fut propagé largement les années suivantes pour servir de slogan scientifique, à la fois pour sensibiliser à la perte de cette diversité biologique et pour … obtenir des financements pour la biologie de la conservation.


Quand un terme scientifique devient un concept sociétal et un enjeu politique
Le Sommet de la Terre de Rio en 1992 inaugura le succès planétaire du néologisme « biodiversité » et lui permis de faire une entrée fulgurante dans la sphère politique : il devint l’un des thèmes de la bataille culturelle menée par l’écologie politique, qui l’éleva au rang de concept sociétal. Pour le professeur de Droit David Takacs, certains y ont vu l'occasion de changer notre « carte mentale » par rapport à la nature en en faisant un « instrument pour une défense zélée d'une construction sociale particulière de la nature ».

Son vrai sens scientifique (diversité dans la nature, à différents niveaux, voir ci-dessous) est oublié dans l’utilisation médiatique du terme, devenu synonyme de Nature et un élément incontournable du culte panthéiste qui lui est rendu en notre ère postmoderne.


Parler de « la » biodiversité » n’a souvent aucun sens
Scientifiquement, l'important dans biodiversité, c'est la diversité ! La diversité des écosystèmes, donc de paysages. Dans les écosystèmes, la diversité d'espèces et de leurs interactions. Et à l'intérieur des espèces, la diversité du patrimoine génétique. Sans oublier « les services rendus » par la biodiversité (pollinisation, fixation de l’azote atmosphérique, du gaz carbonique, épuration des eaux, etc.) : en 1997, Robert Costanza et collègues (Université du Maryland) dans une publication dans Nature l’évaluait à 33 000 milliards de dollars par an.
Pour identifier si le terme « biodiversité » est utilisé dans un sens scientifique (ou pas…), un petit test est facile à réaliser : relire les phrases contenant le terme en omettant « bio », pour ne conserver que « diversité ». Si la phrase a encore du sens, il est raisonnablement utilisé dans son sens scientifique ; dans le cas contraire il s’agit de son sens sociétal.

Vouloir « restaurer la biodiversité » n’a aucun sens
Quelle serait la référence ? Il y a 10 ans, 100 ans, 1000 ans ? C’est tout simplement une construction idéologique (une vision fixiste de la nature, de type Jardin d’Eden). En revanche, on peut tenter d’éviter de nouvelles pertes, ce qui est important, que l’on considère la valeur écologique, patrimoniale, esthétique, ou économique de la nature.

Cependant, il faudra toujours faire des compromis entre les intérêts des humains et la biodiversité. Nous serions ainsi bien inspirés de ne pas dicter notre vision du monde aux pays pauvres, qui aspirent légitimement à l’être moins…

On peut en penser ce que l’on veut, mais il faut reconnaitre que c’est également un choix idéologique que de donner, chez nous, la priorité absolue aux « abeilles » par rapport à la production agricole. Notamment de betteraves sucrières, dont les champs menacent en réalité peu les pollinisateurs, même si le risque d’effet secondaire n’est jamais nul lorsque l’on cherche à protéger les récoltes contre les maladies ou les ravageurs, c’est-à-dire des effets nuisibles de la biodiversité...


La diversité des utilisations politiques de la « biodiversité ».
Mettre en avant « la biodiversité » vous situe confortablement dans le Camp du Bien. Ce qui n’incite pas à faire preuve de nuances. Quels que soient les progrès réalisés, notamment en Europe, la biodiversité ne peut être que « menacée », « effondrée », etc., dans la narration dominante. De même, le terme « écosystème » est généralement associé à « fragile » ou « sensible ». L’autoflagellation est aussi une caractéristique de notre ère postmoderne… Sont rarement mentionnés les progrès réalisés : les nombreuses espèces réintroduites, les milieux désormais protégés, la multiplication des normes environnementales (quelquefois idéologiques), etc.

Pour certains scientifiques aussi (nous aurons l’occasion d’y revenir…), les interprétations catastrophistes de leurs études leur fournissent des arguments pour revendiquer de nouveaux financements pour leurs recherches.

La biodiversité n’a cependant pas le même sens lorsqu’elle est vue par les pays riches ou par les pays pauvres. Pour ces derniers, elle est souvent source de maladies et de pertes de récoltes. Pour les premiers, il existe une « crise de la biodiversité », intimement associée dans le récit médiatique à la « crise climatique ». Il faudrait donc s’engager dans une trajectoire soutenable, ce qui n’est pas faux. Cependant, la démarche porte en elle les causes de son échec si elle n’est conçue que comme une nouvelle façon de remettre en cause le « capitalisme », ou dans une version moins radicale « le modèle économique fondé sur la croissance », qui de plus ne serait pas assez vertueux, égalitaire, etc. La première menace pour la biodiversité ne niche-t-elle pas dans les utopies politiques ?

Marcel Kuntz est biologiste, directeur de recherche au CNRS, enseignant à l’Université Grenoble-Alpes, et  Médaille d’Or 2017 de l’Académie d’Agriculture de France. Son dernier ouvrage :  De la déconstruction au wokisme. La science menacée (VA Editions).  première menace pour la biodiversité ne niche-t-elle pas dans les utopies politiques ?

Pas besoin d'anticipation, les surmulots sont-ils nos amis pour la vie à Paris ?

On nous dit qu’«En 2021, l’Anses créait Zootopique, le podcast d’anticipation qui interroge les liens entre santé humaine et santé animale. Lancée ce 31 mai, la saison 2 de Zootopique rappelle qu’aujourd’hui comme demain, la santé des animaux, c’est aussi la nôtre.»

Désolé l’Anses, pas besoin d’anticipation, c’est là sous nos yeux !

Voici ce qui est sans doute une conséquence de l’article, Entre le bien-être du rat d’égout et la santé publique, faut-il choisir ?

France : L'Agriculture recherche saisonniers désespérément !

 Après France : l'Agriculture manque de bras …, voici hélas une suite ...

Nouvel effet bio : La part des aliments bio dans les achats des Français a diminué de 5,1% en 2022