mercredi 4 décembre 2019

L’empreinte digitale aide à faire condamner les fraudeurs alimentaires


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

« L’empreinte digitale » aide à faire condamner les fraudeurs alimentaires, source BfR 49/2019 du 29 novembre 2019.

« FoodAuthent » : le projet de recherche présente un concept assurant une plus grande sécurité en ce qui concerne l'origine et l'authenticité des produits

Qu'il s'agisse de glycol dans le vin, de méthanol dans les spiritueux ou de « viande pourrie », les scandales alimentaires minent la confiance des fabricants, des distributeurs et des autorités. Étant donné la nature mondiale des chaînes d'approvisionnement, la diversité croissante des produits et les nouvelles technologies de fabrication en place, il est de plus en plus difficile de déterminer la provenance des produits et de déterminer s'ils correspondent à ce qu'ils prétendent être sur l'étiquetage.

Le logiciel open source « fAuthent » a été développé dans ce contexte dans le cadre du projet de recherche « FoodAuthent ». Ce projet de trois ans a démontré que le logiciel pouvait potentiellement introduire des méthodes analytiques d’« empreinte » dans le cadre du suivi des aliments à grande échelle.

Les résultats du projet ont été présentés lors d'une conférence d'experts organisée par l'Institut fédéral allemand d'évaluation des risques (BfR) le 26 novembre 2019.

Le projet, qui doit se terminer en décembre 2019, a également testé des méthodes analytiques permettant de déterminer la composition des aliments et, ce faisant, de cartographier leur « empreinte digitale » chimique individuelle (ce qu’on appelle les « méthodes d'empreinte digitale »).

Cette « empreinte digitale » peut ensuite être comparée à des échantillons d'aliments authentiques stockés dans une base de données de référence.

Les contrefaçons, y compris les substances ajoutées, peuvent être identifiées de cette manière. De même, l'origine géographique d'un produit, les variétés utilisées et les processus de fabrication peuvent également être analysés. Cette comparaison permet de préciser si un produit est réellement le même que l'aliment indiqué sur l'étiquette. « Les méthodes d'analyse des empreintes digitales complètent les examens traditionnels ciblés », déclare le professeur Dr. Andreas Hensel, président du BfR. « Ils sont un élément clé dans la lutte contre la fraude alimentaire. »

Des méthodes d’analyse des empreintes digitales ont été testées dans le cadre du projet, par exemple sur des produits, des fromages à pâte dure, des huiles de graines comestibles et des spiritueux. Le logiciel fAuthent vise à donner aux institutions officielles ainsi qu’aux entreprises alimentaires la possibilité d’échanger efficacement des informations d’empreintes digitales à l’avenir. À cette fin, fAuthent fournit l'infrastructure logicielle nécessaire avec les différentes « empreintes », les valeurs de mesure de référence et les méthodes d'analyse des données peuvent être stockées localement et fournies sous forme de ressource partagée.

Les partenaires du projet envisagent d'étendre davantage la plate-forme informatique sur une base open source et de la concevoir de manière plus conviviale, car elle permet de transférer en toute sécurité les informations relatives aux empreintes digitales entre les fabricants, les distributeurs et les autorités. Le système fAuthent assurera que tous les partenaires du système gardent le contrôle de leurs propres données.

Le projet de recherche FoodAuthent a été financé par le ministère fédéral de l’alimentation et de l'agriculture (BMEL), en ciblant la « garantie d'origine des aliments ». Le projet implique une collaboration entre l'Institut fédéral allemand d'évaluation des risques, l'Université de Constance et les sociétés benelog GmbH & Co. KG, Eurofins Analytik GmbH, GS1 Allemagne et Lablicate GmbH.

Sécurité des aliments et responsabilité des entreprise alimentaires


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

Phrase tweetée par Franck Yiannas de la FDA en octobre 2018,
Produire des aliments sains est avant tout une responsabilité des entreprises alimentaires. 

Être « responsable » de la sécurité des aliments est meilleur que de « rendre des comptes » à propos de la sécurité des aliments. 

Faites ce qu’il faut.

Les autorités hongroises n'ont pas amélioré les contrôles après l'éclosion à Listeria liée à des légumes surgelés


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

« Les autorités hongroises n'ont pas amélioré les contrôles après l'éclosion à Listeria liée à des légumes surgelés », source article de Joe Whitworth paru le 4 décembre 2019 dans Food Safety News.

Les autorités hongroises n'ont pas renforcé le système de contrôle officiel des entreprises alimentaires, malgré une épidémie meurtrière liée à la présence de Listeria dans des légumes surgelés dans plusieurs pays, selon la DG Santé da Commission européenne.
L'agence, responsable de la politique de la Commission européenne en matière de sécurité alimentaire et de la santé, a estimé que le système n'était pas suffisant pour vérifier que les denrées alimentaires d'origine non animale (DAONA) sont produits dans des conditions conformes au règlement n°852/2004 afin de prévenir la contamination par des pathogènes.

Selon un rapport d'audit, les contrôles officiels et leur mise en application ne contribueraient pas à prévenir une contamination ultérieure par Listeria monocytogenes dans les DAONA congelées, ni à limiter le risque de mise sur le marché de produits non conformes.

L’usine de légumes surgelés de Greenyard à Baju, Hongrie, a été à l’origine d’une éclosion à Listeria en 2018, qui a rendu malade 54 personnes dans six pays, faisant 10 décès. L'épidémie aurait commencé en 2015. Des produits congelés ont été distribués dans 116 pays. Greenyard a engagé un coût de 25,7 millions d'euros lié au rappel et à la destruction de légumes surgelés. En juin de cette année, Greenyard a vendu l’usine à Roger & Roger, un producteur de snacks à base de pommes de terre et de maïs.

Manque de ressources
L’audit de la DG Santé effectué en Hongrie en mai 2019 comprenait des visites dans deux bureaux d’un comté, un laboratoire de référence national, deux exploitations produisant des fraises, deux exploitations de production de légumes verts à feuilles, deux transformateurs de légumes verts surgelés - l’un d’eux étant Greenyard - et deux usines de producteurs approuvés de graines et de graines germées.

L'élaboration d'un guide sur les bonnes pratiques agricoles pour la production de fruits et légumes, comprenant des informations pour prévenir la contamination microbiologique chez les producteurs primaires, est toujours en cours d'élaboration, comme lors de l'audit précédent en 2016.

Les autorités ont indiqué à l'équipe d'audit qu’en raison d'une pénurie de ressources, le plan de contrôles officiels ne pouvait pas être entièrement mis en œuvre et les rapports d'inspection n'étaient pas systématiquement téléchargés dans le système informatique central.

L’équipe d'audit a été informée qu’en 2016, 2017 et 2018, 315 des 1 050 inspections prévues avaient été effectuées pour des légumes vertes à feuilles et des fruits à baies avec zéro non-conformité.

La congélation et la précoupage des fruits et légumes sont classées comme activité à risque moyen (classe 2 sur quatre). Les sites de congélation n'ont pas été déplacés dans une catégorie à haut risque et aucune modification n'a été apportée aux contrôles après l'épidémie liée au maïs congelé transformé en Hongrie.

L’équipe d’audit a appris qu’en 2016, 2017 et 2018, 148 inspections avaient été effectuées dans des établissements de congélation et de prédécoupage des DAONA, dont une non-conformité en 2016 et deux en 2018. En 2018, après l’épidémie à Listeria, il y a eu 458 prélèvements officiels pour les légumes surgelés et 48 étaient positifs pour Listeria monocytogenes.

Selon l'équipe d'audit, le plan d’échantillonnage des fruits et des légumes surgelés n'a commencé de manière significative qu'après l'éclosion et a révélé un pourcentage élevé d'échantillons contaminés.

En 2018 et 2019, 1 064 échantillons de DAONA ont été analysés, avec 65 non-conformités pour Listeria monocytogenes et un positif pour norovirus dans des framboises surgelées.

En 2016 et 2017, 27 inspections officielles dans des usines de congélation ont révélé une non-conformité relative à l'hygiène et au système HACCP. En 2018, après l’épidémie à Listeria, 56 inspections officielles ont révélé deux non-conformités liées à la qualité de l’eau et à l’hygiène.

Neuf de ces 56 visites ont été effectuées par un groupe de travail spécial sans en informer les responsables de l'établissement. Les inspections ont montré que les conditions d'hygiène, de maintenance et de technologie ne permettaient pas d'éviter la contamination croisée; l'étiquetage n'était pas assez clair et les entreprises estiment que les consommateurs sont conscients de l'utilisation correcte de ces produits congelés et aucun échantillonnage environnemental n'a été effectué par les entreprises alimentaires.

Problèmes à Greenyard
En février 2018, Greenyard a reçu des informations de sa société partenaire polonaise sur la présence de Listeria dans ses produits mais les autorités n'en ont pas été informées. Le même mois, l’agence chargée du contrôle officiel a inspecté la société à la suite d’une notification au RASFF de l’UE.

Un plan d’échantillonnage officiel a été effectué et le laboratoire national de référence a découvert que l'échantillon était positif pour Listeria avec un dénombrement de 1 400 unités formant des colonies par gramme. On a remarqué que le laboratoire interne de la société qui avait effectué des tests pour détecter la présence de Listeria et de Salmonella spp. n'a pas enregistré ces analyses, et aucune mesure n'a été prise pour mettre fin à ses activités.

Une inspection effectuée en mars a révélé des non-conformités en matière de structure et de maintenance, les dangers microbiologiques spécifiques tels que Listeria non traités dans l’analyse des risques du plan HACCP, les méthodes utilisées par le laboratoire de l'entreprise ne sont pas conformes à la réglementation en raison du nombre d'unités prélevées, des risques de contamination croisée et de l'absence d'une zone à haut risque. Les autorités ont arrêté la production et ordonné le rappel de tous les lots de maïs produits après le 13 août 2016.

Les résultats des prélèvements environnementaux réalisés sur les lignes de production ont révélé que la zone de tranchage était contaminée après l'étape de blanchiment comme source possible de la contamination. Comme Listeria monocytogenes sérotype IVb a été retrouvé dans un échantillon de surface après nettoyage et désinfection sur les chaînes de production, le rappel a été étendu à l'ensemble de la production entre le 13 août 2016 et le 20 juin 2018 et les chaînes de production restantes ont été arrêtées.

Après avoir passé en revue la conception de la nouvelle usine hygiénique et le plan d'échantillonnage amélioré, les autorités ont autorisé la reprise de la production mi-août 2018, mais Listeria a été identifiée dans la zone de conditionnement. Cela n'a pas pu être expliqué. Cependant, lors des inspections de janvier et mai 2019, aucune non-conformité n'a été détectée.

Des échantillons de maïs sucré congelé de la deuxième usine de congélation ont été prélevés en 2018 au niveau de la vente au détail et quatre sur cinq échantillons étaient positifs pour Listeria monocytogenes. Les prélèvements de surface à l'aide d'un test rapide de présence de Listeria spp. pendant la production et après le nettoyage, sept tests positifs en 2019 ont été détectés dans les siphons de sol et les balais, mais pas sur les surfaces en contact avec le produit.

Non-conformités identifiées non résolues
La DG Santé a constaté qu'il existait un système de contrôle officiel couvrant la production primaire et prévoyant des inspections basées sur les risques au niveau de l'exploitation agricole. Toutefois, des mesures correctives ne sont nécessaires qu'en cas de résultats de laboratoire non conformes. Les non-conformités identifiées pouvant avoir une incidence sur la sécurité microbiologique des produits, ne sont pas corrigées et constituent toujours un risque potentiel.

En production primaire, le système d’inspection et de production de rapports n’assure pas le suivi systématique des lacunes identifiées.

« La documentation concernant les contrôles officiels des producteurs primaires et des transformateurs a montré que les non-conformités étaient rarement détectées et, lorsqu'elles étaient détectées, rarement suivies. Cela indique que le système de contrôle officiel n'est pas suffisamment capable d'identifier et de corriger les lacunes. »

En raison du manque de données sur des paramètres tels que le volume de production, les résultats des inspections non planifiées et les antécédents de conformité, le système informatique utilisé pour classer les sites en fonction du risque ne peut pas hiérarchiser les établissements de traitement des DAONA présentant des risques microbiologiques plus élevés pour les contrôles officiels. Les responsables hongrois ont déclaré que les données sur les capacités des usines de traitement seraient enregistrées dans un système informatique et intégrées à l'algorithme d'évaluation des risques d'ici la fin de 2020.

La planification fondée sur les risques a révélé des lacunes majeures concernant la hiérarchisation des contrôles officiels des DAONA et leur organisation, notamment un manque de supervision. Le système ne permet pas aux inspecteurs d’acquérir et de conserver une expérience suffisante pour effectuer des contrôles efficaces.

Cela a une incidence sur la mise en œuvre et l'efficacité des contrôles officiels. Les non-conformités sont rarement détectées et l'application des exigences pertinentes est sérieusement affectée. Les responsables hongrois ont déclaré que le personnel recevrait une formation supplémentaire sur le système et qu'une augmentation du nombre de personnes devant effectuer des contrôles officiels serait envisagée.

L’équipe d'audit a évalué une notification au RASFF de l’UE d’une société hongroise. La procédure de rappel a été lancée six jours après la réception de la notification au RASFF. Selon le rapport, l'absence de délai de lancement des actions pourrait conduire à la mise sur le marché de produits non sécurisés plus longtemps que nécessaire et à un risque croissant.

(Malheureusement, cette pratique est assez courante, et on constate, notamment en France, un délai entre la notification au RASFF de l'UE et le rappel des produits alimentaires : le dernier exemple est ce rappel publiée en France le 3 décembre et notifiée au RASFF le 29 novembre 2019 -aa)

Des responsables hongrois ont déclaré que les notifications au RASFF seraient envoyées à l'autorité régionale dans les 24 heures suivant leur réception à compter de janvier 2019 ou faire l'objet d'une investigation menée par la Direction national de la sécurité des denrées alimentaires et des aliments pour animaux.

mardi 3 décembre 2019

Une nouvelle voie de contrôle du métabolisme microbien


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

« Une nouvelle voie de contrôle du métabolisme microbien », source communiqué du MIT du 2 décembre 2019.
Les ingénieurs chimistes du MIT ont incorporé deux points de commutation dans les voies métaboliques de E. coli, ce qui peut aider à stimuler la production de composés utiles par les microbes.
Image reproduite avec l'aimable autorisation de l'Institut national des maladies allergiques et infectieuses, édité par MIT News.

Des ingénieurs chimistes programment les bactéries pour qu’elles passent d’une voie métabolique à l’autre, augmentant ainsi leur rendement en produits désirables.

Les microbes peuvent être conçus pour produire une variété de composés utiles, notamment des plastiques, des biocarburants et des produits pharmaceutiques. Cependant, dans de nombreux cas, ces produits sont en concurrence avec les voies métaboliques dont les cellules ont besoin pour se nourrir et se développer.

Pour aider à optimiser la capacité des cellules à produire les composés désirés tout en maintenant leur propre croissance, les ingénieurs chimistes du MIT ont mis au point un moyen d'inciter les bactéries à passer d'une voie métabolique à l'autre à des moments différents. Ces commutateurs (ou switchs) sont programmés dans les cellules et sont déclenchés par des changements de densité de population, sans intervention humaine.

« Ce que nous espérions, c'est que cela permettrait une régulation plus précise du métabolisme, ce qui nous permettrait d'obtenir une productivité plus élevée, tout en minimisant le nombre d'interventions », a déclaré Kristala Prather, professeur de chimie et auteur sénior de l'étude.

Ce type de commutation a permis aux chercheurs de décupler les rendements microbiens de deux produits différents.

Christina Dinh, étudiante du MIT, est le premier auteur de cet article, qui va être publié cette semaine dans les Proceedings of the National Academy of Sciences.

Double switch
Pour permettre aux microbes de synthétiser des composés utiles qu’ils ne produisent pas normalement, les ingénieurs insèrent des gènes pour les enzymes impliquées dans la voie métabolique - une chaîne de réactions générant un produit spécifique. Cette approche est maintenant utilisée pour produire de nombreux produits complexes, tels que des produits pharmaceutiques et des biocarburants.

Dans certains cas, les intermédiaires produits lors de ces réactions font également partie des voies métaboliques déjà présentes dans les cellules. Lorsque les cellules détournent ces intermédiaires du processus d'ingénierie, le rendement global du produit final diminue.

En utilisant un concept appelé ingénierie métabolique dynamique, Prather a précédemment construit des commutateurs qui aident les cellules à maintenir l'équilibre entre leurs propres besoins métaboliques et la voie qui produit le produit souhaité. Son idée était de programmer les cellules pour qu'elles commutent de manière autonome entre les voies, sans aucune intervention de la part de la personne qui fait fonctionner le fermenteur, là où les réactions se produisent.

Dans une étude publiée en 2017, le laboratoire de Prather a utilisé cette approche pour programmer E. coli afin de produire de l’acide glucarique, un précurseur de produits tels que les nylons et les détergents.

La stratégie des chercheurs reposait sur le quorum sensing, un phénomène que les cellules bactériennes utilisent normalement pour communiquer entre elles. Chaque espèce de bactérie sécrète des molécules particulières qui les aident à détecter les microbes à proximité et à influencer le comportement de chacun.

L'équipe du MIT a conçu des cellules de E. coli pour sécréter une molécule de détection du quorum appelée AHL. Lorsque les concentrations de AHL atteignent un certain niveau, les cellules bloquent une enzyme qui détourne un précurseur de l’acide glucarique dans l’une de ses voies métaboliques. Cela permet aux cellules de croître et de se diviser normalement jusqu'à ce que la population soit suffisamment nombreuse pour commencer à produire de grandes quantités du produit souhaité.

« Ce article a été le premier à démontrer que nous pouvions effectuer un contrôle autonome », a déclaré Prather. « Nous pourrions commencer les cultures, et les cellules sentiraient alors le moment opportun pour opérer un changement. »
Dans le nouvel article de PNAS, Prather et Dinh ont décidé de créer plusieurs points de commutation dans leurs cellules, leur permettant ainsi de mieux contrôler le processus de production. Pour y parvenir, ils ont utilisé deux systèmes de détection du quorum issus de deux espèces différentes de bactéries. Ils ont incorporé ces systèmes à E. coli, conçus pour produire un composé appelé naringénine, un flavonoïde naturellement présent dans les agrumes et qui a divers effets bénéfiques sur la santé.

À l'aide du système de quorum sensing, les chercheurs ont intégré deux points de commutation dans les cellules. Un des commutateurs a été conçu pour empêcher les bactéries de détourner un précurseur de la naringénine appelé malonyl-CoA dans les voies métaboliques des cellules. À l'autre point de commutation, les chercheurs ont retardé la production d'une enzyme dans leur voie d'ingénierie afin d'éviter l'accumulation d'un précurseur qui inhibe normalement la voie de la naringénine si une trop grande quantité de précurseur s'accumule.

« Puisque nous avons pris des composants de deux systèmes de quorum sensing différents et que les protéines régulatrices sont uniques entre les deux systèmes, nous pouvons décaler le temps de commutation de chacun des circuits de manière indépendante », explique Dinh.

Les chercheurs ont créé des centaines de variantes de E. coli qui effectuent ces deux commutations à différentes densités de population, leur permettant ainsi d'identifier celle qui était la plus productive. La souche la plus performante a montré un rendement décuplé de la naringénine par rapport aux souches non équipées de ces interrupteurs de contrôle.

Des voies plus complexes
Les chercheurs ont également démontré que l’approche à commutateurs multiples pourrait être utilisée pour doubler la production d’acide salicylique chez E. coli, un élément constitutif de nombreux médicaments. Ce processus pourrait également contribuer à améliorer les rendements de tout autre type de produit où les cellules doivent trouver un équilibre entre l’utilisation d’intermédiaires pour la formation du produit ou leur propre croissance, explique Prather. Les chercheurs n'ont pas encore démontré que leur méthode fonctionnait à l'échelle industrielle, mais ils travaillent à élargir l'approche à des voies plus complexes et espèrent la tester à plus grande échelle dans le futur.

« Nous pensons que cela a certainement une applicabilité plus large », déclare Prather. « Le processus est très robuste car il ne nécessite pas la présence de quelqu'un à un moment donné pour ajouter quelque chose ou pour apporter quelque ajustement que ce soit au processus, mais permet aux cellules de garder une trace en interne du moment propice pour faire un changement. »

La recherche a été financé par la National Science Foundation.

lundi 2 décembre 2019

Rappel de produits alimentaires : Contact enfin établi entre deux Etats-membres à propos de rillettes


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

C'est une bien curieuse histoire ... jugez plutôt ...

Le 20 novembre 2019, il y a eu en France un banal rappel de rillettes de Tours IGP 230 g de marque FranprixSuite à la présence éventuelle de Listeria monocytogenes et par mesure de précaution.

Le 2 décembre 2019 est publiée une notification au RASFF de l'UE par la France à propos de rillettes de France contaminée par Listeria monocytogenes (<10 UFC/g).

Le 2 décembre 2019, l'AFSCA informe du rappel de rillettes de Tours de la marque Franprix, Suite à une notification via le système RASFF ... en raison d’une présence possible de Listeria monocytogenes.

Plus de 10 jours se sont écoulés avant qu'un contact ne soit établi ... je vais vraiment finir par croire qu'il existe des phénomènes extra-terrestres ...

La crise du fipronil nous avait montré qu'un certain retard était possible dans la réaction de certains Etats-membres, dont la France, voici à moindre échelle, un nouvel exemple de l'excellence dans le contact entre deux Etats-membres de l'UE ...

Retrait de tomates cerises liées à la présence de norovirus en France. Quid de la contamination des tomates ?


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

Je me souviens de ces temps pas si lointains où l’on se moquaient gentiment des épidémies à répétition de tomates  liées Salmonella aux Etats-Unis en 2014 et 2015 …

Mais en 2014, dans l’UE, première alerte du RASFF, à ma connaissance, référence 2014.0681, pour des tomates cerises du Maroc suspectées d’être à l’origine d’une intoxication alimentaire …

Le 2 octobre 2014, l’EFSA a évalué les risques associés à Salmonella dans les melons et les tomates.
Les experts de l’EFSA recommandent que les producteurs appliquent de bonnes pratiques en matière d’agriculture, d’hygiène et de fabrication afin de réduire la contamination.
Certains facteurs environnementaux (comme de fortes précipitations), l’utilisation d’eau contaminée pour l’irrigation ou l’utilisation d’équipements contaminés figurent parmi les facteurs qui engendrent la contamination des melons par Salmonella et la contamination des tomates par le norovirus ainsi que par Salmonella.
En raison du manque d’informations pertinentes, l’EFSA n’a pas pu évaluer l’adéquation des critères microbiologiques spécifiques au stade de la production primaire ou pendant le traitement des tomates et des melons.

Les tomates peuvent être transformées de façon minimale pour obtenir des produits prêts à être consommés, et ces étapes comprennent le tri, le lavage, le nettoyage, l’enlèvement de la tige, la coupe, le conditionnement et le stockage. Les données épidémiologiques de l’UE ont identifié une éclosion de salmonellose et une éclosion de norovirus associées à la consommation de tomates entre 2007 et 2012. Les facteurs de risque de contamination des tomates par Salmonella et norovirus ont été pris en compte dans le cadre de l’ensemble de la chaîne alimentaire. Les estimations disponibles sur l’occurrence de Salmonella et de norovirus dans les tomates ont été évaluées conjointement avec les mesures d’atténuation relatives à la prévention de la contamination et la pertinence de critères microbiologiques. Il a été conclu que chaque environnement d’une exploitation représente une combinaison unique de facteurs de risque qui peuvent influencer l’occurrence et la persistance de pathogènes dans la production de tomates. La mise en œuvre appropriée des systèmes de management de la sécurité des aliments, comprenant les bonnes pratiques agricoles (BPA), les bonnes pratiques d’hygiène (BPH) et les bonnes pratiques de fabrication (BPF), doivent être les objectifs des producteurs de tomates. Le manque actuel de données ne permet pas d’autoriser la proposition de E. coli comme critère Hygiène pour la production primaire de tomates et il n’est également pas possible d’évaluer la pertinence de E. coli comme critère Hygiène des procédés à l’échelle européenne. Il y a des critères de sécurité des aliments avec l’absence de Salmonella dans les échantillons de 25 g de tomates prédécoupées prêtes à être consommées ainsi que dans le jus de tomate non pasteurisé mis sur le marché pendant leur durée de vie. Un critère de sécurité des aliments pour Salmonella dans les tomates entières peut être considéré comme un outil de communication pour les producteurs et les transformateurs que Salmonella ne doit pas être présent dans le produit. Les analyses de tomates pour la recherche de Salmonella pourraient être limitées aux cas où d’autres facteurs indiquent des failles dans les programmes GAP, BPH, BPF ou HACCP. Il n’est actuellement pas possible de fournir une évaluation basée sur le risque afin d’établir pour norovirus un critère de sécurité des aliments pour ces aliments.


Et voici que chez nous, le 2 décembre 2019, Auchan informe du retrait par la société Rougeline de tomates cocktail en grappe 500g suite à la suspicion de la présence de Norovirus
Ce lot est retiré de la commercialisation.
Certains de ces produits ont cependant été commercialisés avant la mesure de retrait. La consommation de ces produits pourrait potentiellement entraîner des effets indésirables.

Comme souvent, voir toujours, seules  les bonnes pratiques d’agriculture et d’hygiène  permettront de réduire la contamination. 

Après des cas de listériose, retour à la Ferme Durr


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

C'est une très bonne idée et c'est un reportage de rue 89 Strasbourg du 2 décembre 2019 qui revient sur la situation actuelle de la Ferme Durr, « Après la listeria, trois mois critiques pour la Ferme Durr »
Fermée en septembre pour « contamination persistante » à la listeria, la société Biolacte de Boofzheim, grand nom du bio alsacien, est en sursis. Solène Durr, qui dirige aujourd’hui l’entreprise familiale, a jusqu’à début mars pour élaborer un plan de redémarrage. Sans quoi la ferme disparaîtra.

Le communiqué du ministère de l’agriculture du 10 septembre 2019 parle « de graves dysfonctionnements dans l’entreprise. » ...
De nouveaux éléments de l'enquête établissent que des autocontrôles défavorables de l'établissement « ferme DURR », portant sur des denrées produites, n'ont pas été présentés lors de l'inspection des services de contrôle de l’alimentation réalisée sur le site de la société le 6 septembre dernier. Par ailleurs, les résultats d’analyses obtenus ce jour suite à des prélèvements officiels établissent une contamination étendue des locaux de l’établissement et une contamination de certains produits alimentaires.

Solène Durr a reçu des dizaines de messages de sympathie,
Au moment de la fermeture administrative, on a eu beaucoup de témoignages de soutien. Des voisins, des clients et même d’inconnus. Mais je n’imaginais pas que les gens continueraient à penser à nous. Aujourd’hui, je me rends compte qu’ils nous font toujours confiance malgré la crise.
La crise commence dans la soirée du vendredi 6 septembre, avec un communiqué de la préfecture. Des analyses ont attribué plusieurs cas de listériose à certains produits de la Ferme Durr. Ils sont retirés de la vente. Les consommateurs en sont informés par affichage.
« Nous apprenons tout ça le lendemain matin par le coup de fil d’un journaliste, explique Solène, et c’est un choc ! Réaliser que des gens ont été malades en mangeant nos produits, c’est dur. Et en plus sans connaître la gravité de leur état. D’ailleurs, aujourd’hui encore on ne sait rien sur eux. On a juste appris dans la presse qu’ils sont huit, qu’ils habitent en Alsace, Île-de-France, Bourgogne et PACA. »
À ce moment-là, le problème semble circonscrit à un seul produit : la tomme au lait cru.
« Le lait cru, c’est extrêmement délicat. Des collègues nous ont dit qu’ils ne s’y risqueraient jamais. Immédiatement, on décide qu’on ne fabriquera plus que des produits à base de lait pasteurisé. »
L’entreprise n’aura pas le temps d’appliquer cette résolution. Le 11 septembre, les services de l’Etat annoncent la fermeture administrative de la SARL Biolacte, qui fabrique et commercialise les produits Ferme Durr. Suite aux « graves dysfonctionnements » relevés, et à une « contamination persistante de la production », celle-ci doit cesser immédiatement.
Fin novembre, l’activité n’a pas repris. Un nettoyage des machines et des locaux, même poussé, n’aurait pas suffit. C’est toute la chaîne de transformation du lait qu’il faut changer. Et Biolacte n’en a pas les moyens, comme l’explique Solène Durr :
« Les bâtiments ont grandi en même temps que l’entreprise, et aujourd’hui ils ne sont plus adaptés. Pareil pour la chaîne de transformation. On doit se réorganiser. »
Pour lui laisser du temps, le tribunal de commerce a placé Biolacte sous mesure de sauvegarde le 23 septembre. Cette décision a permis aux salariés d’être mis en « activité partielle » (l’ancien « chômage technique »). Ils sont donc été partiellement indemnisés. Ils étaient 36, représentant 20 équivalents temps plein. Trois seulement travaillent encore, sous la direction de Solène.
Anne-Marie Durr (mère de Solène) est encore gérante en titre, mais comme elle va bientôt prendre sa retraite, elle a donné les rênes de l’entreprise familiale à Solène, l’aînée de ses deux filles. Diplômée en gestion des entreprises, c’est elle qui travaille sur le plan de redémarrage que le tribunal de commerce aura à examiner.
La première idée de la nouvelle « patronne » était de trouver une entreprise sous-traitante pour fabriquer les produits laitiers Biolacte. Mais tous les fabricants qu’elle a contactés ont décliné l’offre. Alors Solène Durr a imaginé un plan B. Le 18 novembre, le tribunal de commerce a jugé le plan assez intéressant pour prolonger jusqu’au 9 mars la période d’observation :
« Nous cherchons un ou plusieurs partenaires disposant d’une unité de transformation du lait, de locaux, ou de fonds pour investir dans ces équipements. De notre côté, nous avons notre marque, nos recettes, notre clientèle, et des machines considérées comme les Rolls-Royce du conditionnement. »

Solène a un regard critique sur cette croissance :
« Nous avons été comme aspirés. La disparition de mon père en 2014 a laissé un vide énorme. Il maîtrisait absolument tout dans l’entreprise. Après sa mort, Biolacte n’était plus dirigée. Je m’en suis rendu compte peu à peu après mon arrivée comme DRH en 2017. On disait oui à toutes les sollicitations, même les moins rentables : on envoyait un colis à l’autre bout du pays, on traitait avec des grossistes qui ne pensaient qu’à rogner sur nos marges, on avait signé avec des industriels des contrats nous obligeant à leur fournir certains produits à la demande. Il fallait qu’on produise toujours plus. On avait la tête dans le guidon ! Avec le recul, je me dis que les problèmes sanitaires devaient fatalement arriver. »
Il reste 14 semaines à Solène Durr pour faire en sorte que la question ne se pose pas.