mercredi 4 décembre 2019

Les autorités hongroises n'ont pas amélioré les contrôles après l'éclosion à Listeria liée à des légumes surgelés


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

« Les autorités hongroises n'ont pas amélioré les contrôles après l'éclosion à Listeria liée à des légumes surgelés », source article de Joe Whitworth paru le 4 décembre 2019 dans Food Safety News.

Les autorités hongroises n'ont pas renforcé le système de contrôle officiel des entreprises alimentaires, malgré une épidémie meurtrière liée à la présence de Listeria dans des légumes surgelés dans plusieurs pays, selon la DG Santé da Commission européenne.
L'agence, responsable de la politique de la Commission européenne en matière de sécurité alimentaire et de la santé, a estimé que le système n'était pas suffisant pour vérifier que les denrées alimentaires d'origine non animale (DAONA) sont produits dans des conditions conformes au règlement n°852/2004 afin de prévenir la contamination par des pathogènes.

Selon un rapport d'audit, les contrôles officiels et leur mise en application ne contribueraient pas à prévenir une contamination ultérieure par Listeria monocytogenes dans les DAONA congelées, ni à limiter le risque de mise sur le marché de produits non conformes.

L’usine de légumes surgelés de Greenyard à Baju, Hongrie, a été à l’origine d’une éclosion à Listeria en 2018, qui a rendu malade 54 personnes dans six pays, faisant 10 décès. L'épidémie aurait commencé en 2015. Des produits congelés ont été distribués dans 116 pays. Greenyard a engagé un coût de 25,7 millions d'euros lié au rappel et à la destruction de légumes surgelés. En juin de cette année, Greenyard a vendu l’usine à Roger & Roger, un producteur de snacks à base de pommes de terre et de maïs.

Manque de ressources
L’audit de la DG Santé effectué en Hongrie en mai 2019 comprenait des visites dans deux bureaux d’un comté, un laboratoire de référence national, deux exploitations produisant des fraises, deux exploitations de production de légumes verts à feuilles, deux transformateurs de légumes verts surgelés - l’un d’eux étant Greenyard - et deux usines de producteurs approuvés de graines et de graines germées.

L'élaboration d'un guide sur les bonnes pratiques agricoles pour la production de fruits et légumes, comprenant des informations pour prévenir la contamination microbiologique chez les producteurs primaires, est toujours en cours d'élaboration, comme lors de l'audit précédent en 2016.

Les autorités ont indiqué à l'équipe d'audit qu’en raison d'une pénurie de ressources, le plan de contrôles officiels ne pouvait pas être entièrement mis en œuvre et les rapports d'inspection n'étaient pas systématiquement téléchargés dans le système informatique central.

L’équipe d'audit a été informée qu’en 2016, 2017 et 2018, 315 des 1 050 inspections prévues avaient été effectuées pour des légumes vertes à feuilles et des fruits à baies avec zéro non-conformité.

La congélation et la précoupage des fruits et légumes sont classées comme activité à risque moyen (classe 2 sur quatre). Les sites de congélation n'ont pas été déplacés dans une catégorie à haut risque et aucune modification n'a été apportée aux contrôles après l'épidémie liée au maïs congelé transformé en Hongrie.

L’équipe d’audit a appris qu’en 2016, 2017 et 2018, 148 inspections avaient été effectuées dans des établissements de congélation et de prédécoupage des DAONA, dont une non-conformité en 2016 et deux en 2018. En 2018, après l’épidémie à Listeria, il y a eu 458 prélèvements officiels pour les légumes surgelés et 48 étaient positifs pour Listeria monocytogenes.

Selon l'équipe d'audit, le plan d’échantillonnage des fruits et des légumes surgelés n'a commencé de manière significative qu'après l'éclosion et a révélé un pourcentage élevé d'échantillons contaminés.

En 2018 et 2019, 1 064 échantillons de DAONA ont été analysés, avec 65 non-conformités pour Listeria monocytogenes et un positif pour norovirus dans des framboises surgelées.

En 2016 et 2017, 27 inspections officielles dans des usines de congélation ont révélé une non-conformité relative à l'hygiène et au système HACCP. En 2018, après l’épidémie à Listeria, 56 inspections officielles ont révélé deux non-conformités liées à la qualité de l’eau et à l’hygiène.

Neuf de ces 56 visites ont été effectuées par un groupe de travail spécial sans en informer les responsables de l'établissement. Les inspections ont montré que les conditions d'hygiène, de maintenance et de technologie ne permettaient pas d'éviter la contamination croisée; l'étiquetage n'était pas assez clair et les entreprises estiment que les consommateurs sont conscients de l'utilisation correcte de ces produits congelés et aucun échantillonnage environnemental n'a été effectué par les entreprises alimentaires.

Problèmes à Greenyard
En février 2018, Greenyard a reçu des informations de sa société partenaire polonaise sur la présence de Listeria dans ses produits mais les autorités n'en ont pas été informées. Le même mois, l’agence chargée du contrôle officiel a inspecté la société à la suite d’une notification au RASFF de l’UE.

Un plan d’échantillonnage officiel a été effectué et le laboratoire national de référence a découvert que l'échantillon était positif pour Listeria avec un dénombrement de 1 400 unités formant des colonies par gramme. On a remarqué que le laboratoire interne de la société qui avait effectué des tests pour détecter la présence de Listeria et de Salmonella spp. n'a pas enregistré ces analyses, et aucune mesure n'a été prise pour mettre fin à ses activités.

Une inspection effectuée en mars a révélé des non-conformités en matière de structure et de maintenance, les dangers microbiologiques spécifiques tels que Listeria non traités dans l’analyse des risques du plan HACCP, les méthodes utilisées par le laboratoire de l'entreprise ne sont pas conformes à la réglementation en raison du nombre d'unités prélevées, des risques de contamination croisée et de l'absence d'une zone à haut risque. Les autorités ont arrêté la production et ordonné le rappel de tous les lots de maïs produits après le 13 août 2016.

Les résultats des prélèvements environnementaux réalisés sur les lignes de production ont révélé que la zone de tranchage était contaminée après l'étape de blanchiment comme source possible de la contamination. Comme Listeria monocytogenes sérotype IVb a été retrouvé dans un échantillon de surface après nettoyage et désinfection sur les chaînes de production, le rappel a été étendu à l'ensemble de la production entre le 13 août 2016 et le 20 juin 2018 et les chaînes de production restantes ont été arrêtées.

Après avoir passé en revue la conception de la nouvelle usine hygiénique et le plan d'échantillonnage amélioré, les autorités ont autorisé la reprise de la production mi-août 2018, mais Listeria a été identifiée dans la zone de conditionnement. Cela n'a pas pu être expliqué. Cependant, lors des inspections de janvier et mai 2019, aucune non-conformité n'a été détectée.

Des échantillons de maïs sucré congelé de la deuxième usine de congélation ont été prélevés en 2018 au niveau de la vente au détail et quatre sur cinq échantillons étaient positifs pour Listeria monocytogenes. Les prélèvements de surface à l'aide d'un test rapide de présence de Listeria spp. pendant la production et après le nettoyage, sept tests positifs en 2019 ont été détectés dans les siphons de sol et les balais, mais pas sur les surfaces en contact avec le produit.

Non-conformités identifiées non résolues
La DG Santé a constaté qu'il existait un système de contrôle officiel couvrant la production primaire et prévoyant des inspections basées sur les risques au niveau de l'exploitation agricole. Toutefois, des mesures correctives ne sont nécessaires qu'en cas de résultats de laboratoire non conformes. Les non-conformités identifiées pouvant avoir une incidence sur la sécurité microbiologique des produits, ne sont pas corrigées et constituent toujours un risque potentiel.

En production primaire, le système d’inspection et de production de rapports n’assure pas le suivi systématique des lacunes identifiées.

« La documentation concernant les contrôles officiels des producteurs primaires et des transformateurs a montré que les non-conformités étaient rarement détectées et, lorsqu'elles étaient détectées, rarement suivies. Cela indique que le système de contrôle officiel n'est pas suffisamment capable d'identifier et de corriger les lacunes. »

En raison du manque de données sur des paramètres tels que le volume de production, les résultats des inspections non planifiées et les antécédents de conformité, le système informatique utilisé pour classer les sites en fonction du risque ne peut pas hiérarchiser les établissements de traitement des DAONA présentant des risques microbiologiques plus élevés pour les contrôles officiels. Les responsables hongrois ont déclaré que les données sur les capacités des usines de traitement seraient enregistrées dans un système informatique et intégrées à l'algorithme d'évaluation des risques d'ici la fin de 2020.

La planification fondée sur les risques a révélé des lacunes majeures concernant la hiérarchisation des contrôles officiels des DAONA et leur organisation, notamment un manque de supervision. Le système ne permet pas aux inspecteurs d’acquérir et de conserver une expérience suffisante pour effectuer des contrôles efficaces.

Cela a une incidence sur la mise en œuvre et l'efficacité des contrôles officiels. Les non-conformités sont rarement détectées et l'application des exigences pertinentes est sérieusement affectée. Les responsables hongrois ont déclaré que le personnel recevrait une formation supplémentaire sur le système et qu'une augmentation du nombre de personnes devant effectuer des contrôles officiels serait envisagée.

L’équipe d'audit a évalué une notification au RASFF de l’UE d’une société hongroise. La procédure de rappel a été lancée six jours après la réception de la notification au RASFF. Selon le rapport, l'absence de délai de lancement des actions pourrait conduire à la mise sur le marché de produits non sécurisés plus longtemps que nécessaire et à un risque croissant.

(Malheureusement, cette pratique est assez courante, et on constate, notamment en France, un délai entre la notification au RASFF de l'UE et le rappel des produits alimentaires : le dernier exemple est ce rappel publiée en France le 3 décembre et notifiée au RASFF le 29 novembre 2019 -aa)

Des responsables hongrois ont déclaré que les notifications au RASFF seraient envoyées à l'autorité régionale dans les 24 heures suivant leur réception à compter de janvier 2019 ou faire l'objet d'une investigation menée par la Direction national de la sécurité des denrées alimentaires et des aliments pour animaux.

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