« Nous
avons un objectif qui est d'être réactif, cela n'empêche pas les
fraudes, mais en revanche il faut que nous puissions l'améliorer et
que nous puissions améliorer la coopération, la coordination
européenne pour être encore plus réactifs »,
disait le 7 juin 2019 le 'nouveau' directeur général de
l'alimentation dans une interview soporifique à Alim'agri.
Ça tombe bien, en voici une de 'nouvelle' fraude !
Voilà
une affaire qui concerne pourtant un organisme publique dépendant du
ministère de l'agriculture, pad besoin donc d'aller très loin, cet
organisme public est donc selon la formule consacrée présumée
innocent mais ce qui est révélé ci-après le rend présumé
suspect dans cette affaire ...
Selon
un excellent article
de Marianne du 7 juin 2019, bien construit et très documenté
auquel je vous renvoie, voici quelques éléments,
780 tonnes de steaks « non conformes » ont été livrés à des associations caritatives. Derrière cette affaire, un organisme public, FranceAgriMer, a peut-être péché par légèreté. Car, comme le montre « Marianne », un seul critère a été retenu lors de l’achat : le prix. Tant pis pour la qualité…
3,46
euros le kg hors taxe !
L’information a été révélée ce 7 juin au matin sur RTL : 780 tonnes de « faux steaks hachés » ont été livrées à la Croix-Rouge, aux Restos du cœur, au Secours populaire français et à la Fédération française des banques alimentaires. Quatre des principales associations venant en aide aux plus démunis. Ces steaks hachés étaient en réalité composés d’une mixture d’amidon, de soja, de peau et de gras, sans trace de viande bovine. Ils avaient été achetés grâce à une dotation du Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD). C’est FranceAgriMer, un office public rattaché au ministère de l’Agriculture, qui s’est chargé des courses en gros. En très gros même. Marianne, qui a fouillé les appels d’offres, a retrouvé celui lancé par FranceAgriMer dans cette affaire. L’avis d’attribution, en date du 6 juin 2018, livre trois informations importantes :
- La première est la qualité du produit commandé : 3 lots de « steak haché surgelé de bœuf 15% MG », pour des montants de 1 895 735 euros, 1 974 418 euros et 1 372 137 euros. Soit un total de 5,2 millions d’euros.
- La deuxième information est le nom de la PME qui a fauté, l’entreprise qui est allée acheter les fameux steaks en Pologne : Voldis SAS, une entreprise des Côtes d’Armor. Évidemment, cette société apparaîtra comme le grand méchant tout désigné puisqu'elle n'a d'évidence pas respecté les 15% de matière grasse imposés. Mais est-elle seule fautive ? L’entreprise costarmoricaine n’est pas la seule à l’œuvre dans ce dossier.
- La troisième information contenue dans l’appel d’offre indique qu’une autre entité a peut-être fait preuve de légèreté : FranceAgriMer, donc l’Etat. Le cahier des charges rédigé par l’organisme public ne mentionne en effet qu’un critère d’achat : le prix. Rien, en revanche, sur un élément pourtant important : « la bonne qualité gustative des produits distribués » ou « la note organoleptique » (comprendre l’odeur, la saveur, la consistance et l’aspect). Des critères auxquels le FEAD devrait pourtant être attaché, si l’on en croit un rapport daté de 2017 de la Direction générale de la cohésion sociale se penchant sur ses activités.
Quoi qu’il en soit, étant donné le rôle d’un organisme public comme FranceAgriMer dans cette affaire, on comprend pourquoi Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, était présente dès ce matin au micro de RTL pour expliquer que l'Etat allait saisir la justice : « Il est hors de question que ce type d'attitude se reproduise », a martelé la responsable gouvernementale, au micro de la matinale. Comme s'il fallait charger absolument l'entreprise pour mieux sauver le soldat FranceAgriMer...
Complément
du 9 juin 2019. On lira un autre
point de vue dans la revue PROCESS Alimentaire qui réussit
l'exploit de ne pas citer FranceAgriMer.
On
lira aussi ce communiqué de presse de trois directions générale du
7 juin 2019, « Aide
alimentaire : les services de l’État ont mis en évidence une
fraude portant sur la qualité de steaks hachés ».