mardi 15 février 2022

Potentiel de croissance de Listeria monocytogenes dans le beurre fermier à base de lait cru

Photo d'illustration
L'Empire du bien a encore frappé !
Aujourd’hui, c’est activité physique avec l’Anses, n’hésitez à consulter l’actualité car l’agence s’est autosaisie sur le sujet du «Manque d’activité physique et excès de sédentarité : une priorité de santé publique».
Il paraît que «c’est l’organisation même de nos modes de vies qui est à revoir». C’est donc à lire toute affaire sessante, mais rappelons-nous  ce que disait Churchill, «Cigars, whisky and... no sport».

Par ailleurs si vous vous intéressez à la sécurité des aliments, cela peut être aussi utile qu’une bonne activité physique, le comité scientifique de l’AFSCA (Avis 03-2022) sur le «Potentiel de croissance de Listeria monocytogenes dans le beurre fermier à base de lait cru», 22 pages.

Cela est d’autant plus intéressant que RappelConso en France a signalé le 15 février rappel de beurre nature et demi sel pour cause de présence de Listeria monocytogenes ...

Contexte & Question
Dans l’avis 11-2019, le Comité scientifique a proposé d’inclure dans le plan HACCP le contrôle du pH durant le processus de production (étape de maturation de la crème) du beurre de ferme au lait cru. Le Comité scientifique considère que la croissance de Listeria monocytogenes pendant l’étape de maturation est faible si la valeur de pH chute en-dessous de 5,2 pendant les 10 premières heures du processus de fabrication. Cependant, la croissance de L. monocytogenes à des pH plus élevés dans le produit fini (> 5,2) ne peut pas être totalement exclue. Il a été demandé au Comité scientifique, sur base de nouvelles données scientifiques de réévaluer le CCP du contrôle de l’acidification. Il a aussi été demandé d’évaluer la classification du beurre au lait cru ayant un pH inférieur à 5,2 selon le règlement (CE) N°2073/2005.

Résultats
Les résultats de l’étude scientifique fournie ont montré une possible croissance de L. monocytogenes durant l’étape de maturation de la crème durant le processus de production du beurre. Les résultats montraient une augmentation allant de 1,8 à 3,1 log cfu/g du nombre de L. monocytogenes entre le début et la fin de la maturation de la crème. Les dénombrements réalisés durant la conservation du beurre ne montraient pas de croissance mais ils conservaient des valeurs supérieures aux seuils recommandés (<100 cfu/g) et ce jusqu’à 21 jours après le début de la conservation. Les résultats sur la durée d’acidification pour atteindre le pH de 5,2 ont montré que si la maturation de la crème était effectuée à l’aide de ferments et en suivant les recommandations des fournisseurs concernant la température, l’acidification pouvait être réalisée entre 11 et 14 heures contre plus de 50 heures si aucun ferment n’était utilisé.

Conclusions
Sur la base des données disponibles, le Comité scientifique constate que le processus de production du beurre au lait cru présente des risques de croissance de L. monocytogenes car on ne peut exclure la présence de ce pathogène dans le lait cru. Il est important d’appliquer un bon plan HACCP. Concernant la modification du CCP sur le contrôle de l’acidification, le Comité scientifique propose l’adaptation suivante : atteindre un pH inférieur ou égal à 5,2 dans la crème maturée au plus tard 14 heures après le début de la maturation. Le Comité scientifique propose qu’en suivant les BPF et les recommandation du plan HACCP (avec le CCP proposé) et donc en ayant une acidification suffisamment rapide et mesurée de la crème, le beurre produit à partir de lait cru avec un pH < 5,2 peut éventuellement être considéré comme produit de catégorie 1.3 du règlement (CE) N°2073/2005.

Recommandations
Dans le cadre de cet avis, le Comité scientifique émet les recommandations suivantes :
- Inclure l’utilisation systématique de ferments dans le processus de production des beurres au lait cru afin de garantir une acidification rapide de la crème et de limiter la croissance potentielle de L. monocytogenes.
- Le CCP suivant est proposé pour le processus de production du beurre au lait cru : pH de la crème maturée < 5,2 ; au plus tard 14 heures après le début de la maturation ; en utilisant une température > 20°C et avec l'utilisation d'un ferment approprié. La détermination du pH doit être effectuée de manière rigoureuse pour chaque lot et la valeur mesurée doit être précise au dixième d'unité (0,1).
- Il est recommandé d'effectuer régulièrement des analyses pour L. monocytogenes sur les beurres au lait cru avant leur mise sur le marché.
- Le Comité scientifique est conscient que les recommandations de cet avis entraîneront peut être des adaptations au niveau des méthodes de production dans les exploitations. Dans ce contexte, il est important de correctement conseiller les exploitations laitières.
- Continuer la communication avec le consommateur et la sensibilisation des consommateurs à risque. En outre, il est recommandé aux opérateurs d'informer davantage le consommateur sur les risques possibles liés aux produits à base de lait cru, par exemple en mettant à disposition la brochure d'information du Comité scientifique sur le lait cru (SciCom, 2014).

Aux lecteurs du blog
Comme le montre cette notice de la BNF, le blog Albert Amgar a été indexé sur le site de la revue PROCESS Alimentaire. 10 052 articles initialement publiés par mes soins de 2009 à 2017 sur le blog de la revue sont aujourd’hui inacessibles. Disons le franchement, la revue ne veut pas payer 500 euros pour remettre le site à flots, alors qu’elle a bénéficié de la manne de la publicité faite lors de la diffusion de ces articles.

Des œufs et de la viande parmi les produits saisis par les autorités au Portugal

«Des œufs et de la viande parmi les produits saisis par les autorités au Portugal», source Food Safety News et complété par mes soins -aa.  

Les autorités portugaises ont confisqué 426 000 œufs et d’environ 10 tonnes de viande dans différentes opérations concernant des questions de sécurité des aliments.

L'Autorité de sécurité alimentaire et économique (ASAE) a saisi plus de 426 000 œufs d'une valeur estimée à environ 33 600 euros lors d'une action d'inspection visant les centres de classement et d'emballage des œufs, dans la municipalité de Leiria. L'opération, fin janvier, faisait suite à une inspection par une unité locale.

Une autre opération a eu lieu le 14 février et qui a concerné 224 kg de produits carnés.

Les autorités sont intervenues en alléguant que les œufs étaient mis sur le marché sans la marque d'identification appropriée et en l'absence d'informations obligatoires sur le conditionnement, telles que la date d'expédition et la quantité et en l'absence de registres quotidiens sur la méthode d'élevage.

La législation européenne signifie que les consommateurs doivent être informés du pays d'origine du produit, des conditions d'élevage des poules et de la date de péremption, qui ne dépasse pas 28 jours après la ponte de l'œuf, grâce à un code imprimé sur les emballages et les œufs.
L'ASAE a également participé à deux inspections d'entrepôts frigorifiques dans le district de Braga et à Mondim de Basto le mois dernier.

Sur le site de Mondim de Basto, environ huit tonnes de produits d'origine animale ont été saisies et l'entreprise a été suspendue faute de numéro de contrôle vétérinaire et de licence. Divers matériaux utilisés pour étiqueter les produits ont également été retirés par les autorités. La valeur globale estimée des articles bloqués était de 58 000 euros.

Dans l'entrepôt frigorifique de Braga, 1,8 kg de denrées alimentaires d'origine animale ont été saisies en raison de problèmes de traçabilité et certaines avaient des dates de péremption expirées.

Les responsables ont également découvert que l'opérateur modifiait l'état des produits frais et surgelés sans la licence appropriée.

Opérations de la GNR
Pendant ce temps, les autorités ont saisi plus de 110 kilogrammes de mollusques bivalves pour non-respect des règles dans la municipalité de Setúbal.

La Garde nationale républicaine (GNR) a déclaré que la capture et la vente de bivalves, sans documents d'origine et soumis à une purification ou à un contrôle d'hygiène, peuvent mettre en danger la santé publique en cas de contamination éventuelle.

Les autorités ont trouvé huit kilos de mollusques bivalves qui étaient vendus au bord de la route début février et ont identifié un homme de 45 ans passible d'une amende maximale de 3 000 euros.

Très régulièrement, les autorités portugaises saissent des mollusques bivalves non autorisés.

Ils ont également découvert 112 kg de mollusques bivalves à vendre en vrac dans un établissement commercial de vente au détail. Un homme de 63 ans, propriétaire du point de vente, pourrait encourir des amendes pouvant aller jusqu'à 24 000 euros.

Enfin, près de 6 600 litres d'eau-de-vie ont été confisqués dans une distillerie non agréée de la commune de Lousada.

L'enquête, appelée Opération Cuba, durait depuis environ six mois et avait abouti à l'exécution d'un mandat de perquisition dans la distillerie et l'entrepôt non autorisés qui fonctionnaient sans contrôle douanier.

Cela signifiait que les opérateurs échappaient à leurs obligations en matière de déclaration et de paiement des impôts et taxes. La valeur du brandy saisi était de 57 500 euros. Un homme de 51 ans a été renvoyé devant le tribunal local.

Aux lecteurs du blog
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Efficacité de certains traitements du sol en poudre contre Salmonella, E. coli et L. monocytogenes sur les supports de revêtement de sol en polyuréthane-béton

«Efficacité de certains traitements du sol en poudre contre Salmonella, E. coli et L. monocytogenes sur les supports de revêtement de sol en polyuréthane-béton», source Journal of Food Protection (2022).  

Résumé
Les revêtements de sol des environnements de transformation des aliments peuvent être contaminés par des pathogènes de plusieurs façons, notamment la circulation des piétons et des équipements, les matériaux entrants et les refoulements des siphons de sol. Le curcuma, antimicrobien naturel, et un traitement du sol avec de la poudre disponible dans le commerce peuvent réduire les niveaux des pathogènes sur le sol, réduisant ainsi le risque de contamination croisée du sol aux surfaces en contact avec les aliments. Ces produits chimiques ont été évalués pour déterminer leur efficacité contre des cocktails de Salmonella, Escherichia coli et Listeria monocytogenes séchés sur des surfaces fabriquées à partir de matériau de revêtement de sol commercial en polyuréthane-béton. Des solutions aqueuses à tester ont été préparées à partir du traitement minimum requis par m2 selon les instructions du fabricant diluées dans de l'eau stérile. La synergie potentielle entre le curcuma et un traitement de sol commercial à base de percarbonate a été explorée avec un mélange de curcuma et de percarbonate de sodium, chacun à un taux d'application d'environ 37 g/m2. Chaque support inoculé a été exposé aux solutions de traitement ou à un contrôle d'eau stérile pendant 10 minutes à température ambiante, neutralisé avec un bouillon neutralisant Hi-Cap, les bactéries suspendues, dénombrées et des réductions log10 calculées pour chaque combinaison de traitement et d'inoculum.

Les réductions moyennes log10 UFC/support avec les écarts-types variaient entre 4,29 ± 0,34 pour le traitement à base de percarbonate de sodium (PCS) et 0,004 ± 0,23 pour le curcuma pour Salmonella, 4,81 ± 0,16 pour le traitement à base de PSC et -0,16 ± 0,62 pour le curcuma pour E. coli et 4,88 ± 0,6 pour le traitement à base de PCS et -0,16 ± 0,15 pour le curcuma pour L. monocytogenes.

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lundi 14 février 2022

Oxyde d’éthylène : vers une approche réaliste de la sécurité alimentaire ou comment éviter des rappels inutiles, selon la Belgique

Si l’on cherche le terme ‘oxyde d’éthylène’ sur le site de l’ANIA, l’Association Nationale des Industries Alimentaires, il n’y a rien à signler, et pourtant les consommateurs connissent tous depuis plus d’un et demi le nom de ce pesticide, étonnant, non ?

En effet, selon la DGCCRF, depuis le 20 octobre 2020, il y a eu 16 566 rappels (références et lots), mise à jour au 11 février 2022. On ne peut pas en vouloir à l'ANIA, il n'y a nulle part en France d'information fiable et scientifique, mis à part dans cet article, Aliments contaminés par l’oxyde d’éthylène : quelle est la réalité des risques ?

Heureusement, nos amis belges répondent présents !
Ainsi, la FEVIA, la Fédération de l'industrie alimentaire belge, nous propose «Oxyde d’éthylène : vers une approche réaliste de la sécurité alimentaire».

À peine remises de la crise du coronavirus, de nombreuses entreprises alimentaires ont été confrontées l'année dernière à des rappels dus à la présence d'oxyde d'éthylène dans leurs matières premières. Nous nous sommes entretenus avec Christophe Keppens, Chief Officer of Plant Health Services, et Philippe Houdart, Crisis Manager auprès de l'Agence fédérale pour la Sécurité de la Chaîne alimentaire (AFSCA).

Tout a commencé en 2020 avec des graines de sésame provenant d’Inde et plus tard, avec le curcuma, le gingembre et la gomme de caroube. Malgré les teneurs extrêmement faibles, une approche européenne très stricte a contraint des entreprises alimentaires à retirer de nombreux produits des rayons avec, comme conséquence, des millions d’euros de préjudices économiques et d'importantes pertes alimentaires. Fevia a donc remis en cause cette approche trop sévère. Heureusement, une collaboration étroite avec le Ministre Clarinval et l'AFSCA a permis d’affiner cette approche disproportionnée dans notre pays. Un entretien avec l’AFSCA nous apprend que la Belgique en sortira encore plus forte en matière de sécurité alimentaire. 

Tout d'abord, qu'est-ce que l'oxyde d'éthylène et comment s'est-il retrouvé dans nos aliments ?
Christophe Keppens : «L'oxyde d'éthylène ou ETO est un produit phytopharmaceutique interdit en Europe depuis des décennies. Toutefois, certains pays non européens l'autorisent, le tolèrent ou ne disposent pas de cadre juridique en la matière. Au sein de l’Union européenne, il est essentiellement utilisé comme désinfectant, notamment pour les dispositifs médicaux. Cependant, il n’est absolument pas normal de le retrouver dans notre chaîne alimentaire.»

Comment s’est-il retrouvé chez nous ?
Christophe Keppens : «Via les importations en provenance de pays non européens. Le secteur alimentaire européen utilise de nombreuses matières premières provenant de pays tiers comme l’Inde, certains pays africains, etc. Nous pensons qu'il est utilisé dans ces pays comme désinfectant pour prévenir toute contamination microbiologique. C’est en tout cas ce que nous pouvons déduire du type de produits contaminés. Il s'agit généralement de produits en poudre qui sont sensibles aux contaminations microbiologiques et pour lesquels une stérilisation ou une désinfection par l’ETO peut s’avérer utile d’un point de vue technique. Par exemple, nous l’avons d’abord rencontré dans des graines de sésame, puis dans des épices et des fibres et plus tard également dans de la gomme de caroube.»

Dans quelle mesure l'oxyde d'éthylène est-il dangereux pour l'être humain ?
Christophe Keppens : «Il existe un risque chronique potentiel mais absolument aucun risque aigu. Par conséquent, une personne qui consomme un produit contenant de l’ETO ne tombera pas malade instantanément. Seule la consommation de grandes quantités, durant plusieurs années, peut, à long terme, entraîner des effets potentiellement délétères pour un être humain.

L'ETO est connu pour ses effets potentiels sur l'ADN. La législation européenne impose des limites toxicologiques ou de sécurité aux produits phytopharmaceutiques, tant à court qu'à long terme. Ces limites n’existent pas pour l’ETO car nous ne disposons pas de données suffisantes et ses effets ne sont donc pas observables, ce qui, évidemment, représente un défi.»

Cette incertitude explique-t-elle l'approche harmonisée, mais très stricte, adoptée par l'Europe cet été ?
Christophe Keppens : «Absolument. L'Europe a décidé de rappeler des produits dès que nous avons détecté la présence d’ETO dans une matière première, sans évaluation des risques, car le danger potentiel théorique est toujours bien présent.»

Comment l’approche de l’Europe a-t-elle évolué ?
Christophe Keppens : «L'approche a évolué suivant trois étapes. Lorsque tout a commencé en septembre de l’année dernière avec des graines de sésame provenant d’Inde, il existait bel et bien un cadre légal mais aucune approche harmonisée permettant de l’appliquer dans la pratique. C’est donc une bonne chose que l'Europe ait ensuite pris l'initiative d'harmoniser les mesures pratiques. Et, naturellement, cette décision est bénéfique pour les fabricants qui commercialisent des produits sur différents marchés européens.

Ensuite, durant l’été, de nouvelles matières premières contenant de l'ETO sont apparues et l'attention s'est portée sur d'autres produits alimentaires. Il s'agissait notamment de produits à base de gomme de caroube, comme les glaces. Par conséquent, davantage de produits étaient impliqués, entraînant d'autres rappels.

Ensuite, en concertation avec Fevia et avec l'approbation du Ministre Clarinval, nous avons œuvré en faveur d’une approche plus affinée des produits finis composés dans lesquels un produit non conforme a été dilué.»

Comment se présente cette approche «affinée» et quel est son avantage ?
Christophe Keppens : «La Belgique suit l'approche harmonisée de l'Union européenne, à ceci près que dans certaines situations, nous continuons à analyser les produits composés avant de les retirer du marché. Auparavant, si nous savions qu'une matière première était contaminée à l'ETO, nous rappelions tous les produits finis fabriqués avec cette matière, quelle que soit la teneur en ETO du produit fini.

Aujourd’hui, nous prélevons des échantillons sur un lot, par exemple, de crèmes glacées. Nous analysons chaque lot de produits similaires, qui peut aller de dix conserves à plus de cinq mille repas, par exemple. Nous développons ainsi une garantie supplémentaire pour le produit composé. Nous sommes l’un des rares états membres à appliquer une telle approche, avec la sécurité renforcée de l’analyse pour les produits composés.»

Quel est l'avantage de cette approche ?
Philippe Houdart : «Le gros avantage est que nous évitons les rappels inutiles. Les rappels qui ont lieu aujourd'hui sont plus ‘ciblés’ et nous ne retirons plus des rayons des produits dans lesquels la matière première de base est tellement diluée que vous la retrouvez à peine dans le produit.

Nous devons viser une approche réaliste de la sécurité alimentaire. Évidemment, vous ne connaissez généralement pas à l’avance l'effet d'une approche que vous allez adopter à un moment précis. Il importe que vous disposiez ensuite de la flexibilité requise, comme aujourd’hui afin, le cas échéant, de procéder à des ajustements par la suite. Et nous espérons que l’Europe adoptera cette vision en la matière.»

Quels autres enseignements l'AFSCA en tire-t-elle ?
Philippe Houdart : «Nous devons tenter d'arrêter ces contaminations plus tôt, et réaliser davantage de tests à nos frontières extérieures afin de retenir ces matières premières contaminées à la source. L'Europe y travaille d’arrache-pied et nous attendons, dès 2022, davantage de contrôles sur un nombre accru de produits provenant d'un plus grand nombre de pays d'origine. Plus concrètement, les conditions d'exportation pour les pays tiers vers l'UE seront plus strictes et assorties d’une certification par les autorités locales. Nous allons également renforcer les contrôles à nos frontières extérieures ainsi que les analyses requises. En outre, nous devons continuer à miser sur l’harmonisation en vue d’avoir des conditions de concurrence équitables et des exigences égales pour nos entreprises dans toute l'Europe.»

Christophe Keppens : «Ce sont les détails qui posent problème. Nous sommes ravis de voir que la Commission européenne s’efforce de fournir de plus en plus de directives pratiques. Nous observons davantage de défis en Europe qu’il est préférable de relever ensemble. De plus, chacun est conscient de l’importance de convenir de façon plus détaillée des actions que nous allons mettre en œuvre.»

Enfin et surtout, quel est le message de l’AFSCA aux entreprises alimentaires belges ?
Christophe Keppens : «Nous sommes déjà des précurseurs pour de nombreux aspects de la sécurité alimentaire et nous figurons dans le top européen en ce qui concerne les contrôles des pesticides. C'est parce que la Belgique impose la notification obligatoire spécifique que la présence d’ETO a pu être détectée. Bien sûr, certaines choses peuvent encore passer à travers les mailles du filet. Les entreprises alimentaires belges effectuent déjà systématiquement des contrôles stricts et elles devront les intensifier. En d'autres termes, « connaissez votre produit», en accumulant davantage de connaissances sur vos produits et vos fournisseurs et sur la façon dont ils traitent les matières premières.»

Sur le site de l'AFSCA, vous trouverez tout ce que vous devez savoir sur l'oxyde d'éthylène et l'approche actuelle: cliquez ici.

Aux lecteurs du blog
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A propos du rappel d'un mélange de graines naturelles du bonheur. Oui aux légumineuses, de préférence sans salmonelle !

C’est ce qu’on appelle une campagne de com croisée, d’un côté l’Anses sur twitter nous vante les bienfaits des légumineuses, «Découvrez les bienfaits des différentes légumineuses sur la table CIQUAL, en commençant par la plus populaire : la lentille verte !».  

Oui mais, parmi les légumineuses, il en existe d'autres comme les graines de courge, des graines de tournseol, etc., qui peuvent poser de petits soucis ...

Et voici que le produit NATURAL HAPPINESS SEED MIX, ou mélanges de graines naturelles du bonheur, vient d’être rappelé en raison de la présence de salmonelles

En effet, par extraorinaire, «Une contamination par la salmonelle est apparue dans la chaîne d'approvisionnement, ce qui signifie que nous rappelons ce produit livré à nos clients par précaution.» Mais comment est-ce possible ? Cela serait-il une sainte apparition ?

Mais que cette chaîne de production est vilaine de contaminer les graines naturelles du bonheur. Il ne viendrait pas au fabricant ou distributeur de nous dire que ce sont les graines naturelles du bonheur qui ont contaminé la chaîne de production ...

Pour la même raison, la présence de salmonelles, le 10 février, l’AFSCA de Belgique a rappelé des graines de potiron et au Luxembourg, ce sont des graines d’orties bio de la marque Vita Natura, méchante la nature ?

La conclusion est toute simple, faites un petit salé aux lentilles et vive le bonheur de manger des légumineuses !

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Les contrôleurs contrôlés, à propos d'un audit de l'UE sur les contrôles de la viande en France

«L'UE vérifie les contrôles de la viande en Uruguay et en France», source article de Joe Whitworth paru le 13 février 2022 dans Food Safety News.
Deux audits de la DG Santé et de Sécurité alimentaire de la Commission européenne ont porté sur les contrôles de la viande en Uruguay et en France. Les rapports d'audit ont été publiés récemment. 

Je ne traiterais ci-après que du cas de la France, merci de vous reporter à l’article original en ce qui concerne l’Uruguay.

Un audit à distance, en France, en novembre et décembre 2020 a évalué la production de viande bovine, y compris la traçabilité et a recueilli des informations sur la filière avicole.

Pour l'inspection ante-mortem et post-mortem des bovins, les règles ne garantissent pas la présence permanente d'un vétérinaire officiel (VO) dans l'abattoir. Cela signifie que certaines tâches peuvent être effectuées par l'auxiliaire officiel sous la responsabilité, plutôt que sous la supervision de l'OV, ce qui est contraire aux règles de l'UE.

Les informations fournies à l'équipe d'audit montrent que les vétérinaires officiels des abattoirs peuvent accepter les animaux ayant subi un accident comme étant aptes au transport. Cela n'est pas conforme aux exigences de l'UE car le voyage peut causer des souffrances supplémentaires.

Les autorités n'ont également introduit aucune mesure pour garantir que les vétérinaires privés agissent de manière indépendante et sont exempts de conflits d'intérêts dans l'exercice de leurs fonctions officielles.

Les données disponibles suggèrent que 880 abattoirs de volailles, responsables de 30% de la production nationale, ne fonctionnent pas conformément aux exigences de l'UE en matière de présence de personnel officiel, principalement en raison de difficultés de recrutement.

L'audit a révélé que les inspections ante-mortem et post-mortem dans les sites abattant plus de 150 000 volailles par an ne se déroulent pas toujours sous la supervision du VO. Dans les sites abattant moins de 150 000 volailles par an, l'inspection ante mortem n'est pas effectuée sous le contrôle du VO.

Lorsque l'inspection post mortem a lieu sous la responsabilité du VO, la présence de l'auxiliaire officiel n'est pas assurée. Cela va à l'encontre de la réglementation de l'UE qui stipule que le personnel de l'abattoir ne peut effectuer de telles tâches que sous l'instruction et en présence du VO ou de l'auxiliaire officiel.

Voici, en complément, le résumé du rapport d’audit concernant la France effectué du 23 novembre 2020 au 4 décembre 2020 afin d’évaluer les systèmes de contrôles de la sécurité alimentaire régissant la production et la mise sur le marché de viande bovine, y compris la traçabilité.

En ce qui concerne les inspections ante mortem et post mortem des bovins, les procédures en place ne permettent pas d’assurer en permanence la présence d’un vétérinaire officiel au sein de l’abattoir. En conséquence, et contrairement aux dispositions du règlement (UE) 2019/624, les tâches suivantes peuvent être exécutées par l’auxiliaire officiel sous la responsabilité du vétérinaire officiel, et non sous sa surveillance (c’est-à-dire qu’il est présent dans l’enceinte de l’abattoir): a) l’inspection ante mortem effectuée si aucune inspection ante mortem n’a été pratiquée par un vétérinaire officiel dans l’exploitation d’origine, et b) l’inspection post mortem dans les abattoirs qui abattent plus de 1 000 unités de gros bétail par an.

L’abattage d’ongulés domestiques dangereux dans l’exploitation est autorisé et est considéré comme un abattage d’urgence. Les informations fournies à l’équipe d’audit indiquent que les vétérinaires officiels présents au sein des abattoirs considèrent que des bovins qui ont été victimes d’un accident, y compris ceux qui présentent une fracture, sont aptes au transport si certains critères énoncés dans un document d’orientation spécifique sont remplis. Cela n’est pas conforme aux exigences de l’UE, puisqu’on ne peut exclure la possibilité que le voyage occasionne des souffrances supplémentaires à ces animaux. En outre, les autorités compétentes n’ont pas adopté de mesures de sauvegarde pour veiller à ce que les vétérinaires privés agissent de manière indépendante et soient libres de tout conflit d’intérêts lorsqu’ils exercent leurs fonctions officielles.

Pour ce qui est des contrôles officiels effectués dans les abattoirs de volailles, et en dépit des efforts déployés pour recruter de nouveaux agents, un nombre considérable de ces établissements continuent d’exercer leurs activités d’une manière qui n’est pas conforme aux exigences de l’UE en ce qui concerne la présence d’agents officiels. Les données disponibles semblent indiquer que cela concerne 880 abattoirs de volailles qui sont responsables de 30 % de la production nationale totale. Les procédures en place ne garantissent pas le respect des exigences du règlement (UE) 2019/624, puisque les inspections ante mortem et post mortem, dans les abattoirs qui abattent plus de 150 000 volailles par an, ne sont pas systématiquement pratiquées sous la surveillance du vétérinaire officiel. De plus, dans les abattoirs qui abattent moins de 150 000 volailles par an, l’inspection ante mortem n’est pas pratiquée sous la surveillance du vétérinaire officiel et, lorsque l’inspection post mortem est pratiquée sous la responsabilité du vétérinaire officiel, la présence de l’auxiliaire officiel n’est pas garantie. Ce dernier cas de figure est contraire aux dispositions de l’article 18, paragraphe 3, point c), du règlement (UE) 2017/625, qui prévoient que le personnel d’un abattoir ne peut effectuer ces tâches qu’en présence et selon les instructions du vétérinaire officiel ou de l’auxiliaire officiel. En outre, compte tenu des modalités actuelles en matière d’affectation du personnel, l’inspection post mortem des volailles n’est pas effectuée conformément aux exigences, c’est-à-dire quotidiennement sur un échantillon représentatif de chaque cheptel.

Les commentaires de l’autorité compétente en France sont ici.
Une curiosité, on apprend, que ce soit en abattoir d’animaux de boucherie ou en abattoir de volaille et lagomorphe, «les besoins en effectifs sont revus chaque année à l’occasion du dialogue de gestion entre l’administration centrale et les services déconcentrés. Pour chaque abattoir, un algorithme permet de définir un effectif alloué pour le service d’inspection, en fonction du tonnage.»
C’est peut-être l’algorithme qui cloche ...

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Deuxième semaine de février 2022, c'est la course aux rappels de produits alimentaires. Bilan 88 rappels !

Habituelle litanie hebdomadaire des rappels, me direz-vous, eh bien pas tout à fait, chaque semaine ayant son lot de surprises, de confusion, voire d’incompréhensions, et c’est pour cette raison qu’il y a les coulisses des rappels qui sont là pour vous informer en détails ...

La première semaine de février 2022, il y a eu 86 rappels et cette seconde semaine, il y en a un peu plus, avec 88 rappels. Rien ne change, tous les jours pour le conommateur lambda, c’est la course aux rappels !

7 février 2022
- allergènes: 2
Coulisses des rappels
- Seulement deux rappels au compteur … c’est à noter mais cela va-t’il durer ? Explications ci-après ...
- Comme on dit à la bourse, c’était une séance où un oubli de RappelConso va animer la semaine. Rappel des faits, le Luxembourg (Auchan) informe le 5 février 2022 du rappel de tranches ultra-fondant et du râpé fin & fondant de la marque Vivre Vert, suite de la mise en évidence de la présence de l’allergène soja, non mentionné sur l’emballage. RappelConso fait le job le 7 février, mais patatras, RappelConso supprime subrepticement ces deux rappels du 7 février et les publie le 11 février 2021, 1 et 2, comprenne qui pourra ? A noter, Carrefour et Auchan ont publié un avis de rappel le 8 février, mais daté du 4 février ...

8 février 2022
- oxyde d’éthylène: 36
- corps étrangers: 1
- Listeria monocytogenes: 1
- huile minérale: 1
- résidus de pesticides non autorisés: 1
Coulisses des rappels
- Rappel de tapenade en retard chez RappelConso pour présence de corps étrangers. Pour mémoire, le 4 février, notification au RASFF de l’UE par la Belgique de tapenade de France; rappel de tapenade en Belgique en raison de la présence d’éclats de noyaux d’olives le 4 février. Rappel aussi en France le 3 février 2022 chez Intermarché.
- Notification au RASFF de l’UE le 8 février 2022 par la France de l’absence de l’allergène soja sur l’emballage des tranches ultra-fondant et du râpé fin & fondant. Le feuilleton évoqué plus haut se poursuit.
- Reprise des affaires avec l’oxyde d’éthylène avec 36 avis de rappel.
- Rappels de Neufchâtel pour cause de présence de STEC en Belgique et au Luxembourg le 8 février.

9 février 2022
- oxyde d’éthylène: 16
- Listeria monocytogenes: 2
- défaut d’étanchéité: 1
- allergie (peau de bolet): 1
- présence de chlorpyrifos-méthyl: 1
Coulisses des rappels
- Le saumon rappelé le 4 février 2022 (voir article du blog) en France et en Belgique a enfin fait l’objet d’une notification au RASFF de l’UE, le 9 février, vous avez dit alerte rapide ?
- Oubli de RappelConso du rappel de Auchan mélange forestier 450g.
- Notification au RASFF de l’UE le 9 février 2022 par la Belgique de la présence de STEC dans des fromages au lait cru de France. Il s’agit du rappel vu plus haut de Neufchâtel par la Belgique et le Luxembourg.
- Curiosité avec ces trois rappels de gratin de patates douces et cabillaud le 4 février (1, 2 et 3) mais révélés le 9 février par 60 millions de consommateurs en raison de la présence éventuelle d'un corps étranger en plastique jaune.

10 février 2022
- oxyde d’éthylène: 13
- Salmonella: 3
- Listeria monocytogenes: 1
- corps étrangers: 1
Coulisses des rappels
- Rappel le 10 février en France de boulettes de légumes Huvudroll 1000 g surgelées de chez IKEA pour cause de présence de possible morceaux de plastique. Rappel le 10 février aux Pays-Bas, Royaume-Uni et le 11 février au Danemark. Notification au RASFF de l’UE par les Pays-Bas de boulettes de légumes de Suède le 10 février 2022. Surprise, la France n’est pas dans la liste des pays où le produit a été distribué.
- Trois rappels de Rocamadour pour cause de présence de Salmonella.
- Rappel au Luxembourg de mélange forestier de France. Notification en vue au RASFF de l’UE ?

11 février 2022
- Salmonella: 3
- allergènes: 2 (rappels, 1 et 2, déjà comptabilisés le 7 février, RappelConso très en retard sur ce coup)
- Listeria monocytogenes: 2
- oxyde d’éthylène: 1
- risques chimiques: 1
- colorant interdit: 1
Coulisses des rappels
- De nouveau trois rappels de Rocamadour pour cause de présence de Salmonella, soit six en deux jours …
- Nouveau rappel de saumon pour cause de présence de Listeria monocytogenes. Il s’agit du 15e rappel de saumon fumé depuis la création de RappelConso, le 1er avril 2021.
- On lira aussi les aventures du rappel de poulets cuits au four en présence d’une pastille de nettoyage du four, ici.
- Incompréhensible, voici deux rappels qui concernent des tranches ultra-fondant et du râpé fin & fondant de la marque Vivre Vert, … voir les explications dans les coulisses des rappels des jours précédents.

Feuilleton des rappels liés à la présence d’oxyde d’éthylène en France
Cela dure depuis septembre 2020, mais le décompte en France a débuté le 20 octobre 2020. Selon la DGCCRF, depuis le 20 octobre 2020, il y a eu au 11 février 2022, 16 566 rappels (références et lots) versus 16 321 au 4 février 2022 versus 15 938 au 28 janvier 2022, versus 15 893 au 21 janvier 2022, versus 15 730 au 14 janvier, versus 15 446 au 7 janvier 2022, et versus 15 328 au 17 décembre 2021. Cela donne plus que le tournis !

Curiosité
Depuis le 17 juillet 2021, il n’y a pas eu d’Alerte Alimentation en France, selon le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, la France, cet étrange pays de la sécurité des aliments, avec l’aval de l’Anses qui ne dit mot ...

Aux lecteurs du blog
Comme le montre cette notice de la BNF, le blog Albert Amgar a été indexé sur le site de la revue PROCESS Alimentaire. 10 052 articles initialement publiés par mes soins de 2009 à 2017 sur le blog de la revue sont aujourd’hui inacessibles. Disons le franchement, la revue ne veut pas payer 500 euros pour remettre le site à flots, alors qu’elle a bénéficié de la manne de la publicité faite lors de la diffusion de ces articles.