L'utilisation
de données participatives pour les investigations dans les cas
d’intoxication alimentaire peut fonctionner, mais pose un certain
nombre de défis, selon une session de la conférence de
l'International Association for Food Protection (IAFP).
Jennifer
Beal, de la FDA des États-Unis, et Laura Gieraltowski, du CDC des
États-Unis, ont donné le point de vue des États-Unis, tandis
qu'Anna Manore, de l'Agence de la santé publique du Canada, a parlé
de la pratique au Canada.
Les
sites internet des réseaux sociaux comme Twitter, Facebook et Reddit
se sont concentrés sur le signalement de cas de maladies d'origine
alimentaire, comme iwaspoisoned.com. Certains forums, dont
iwaspoisoned.com
et Yelp,
permettent aux personnes de partager des détails sur des symptômes,
des maladies ou des expériences avec des produits alimentaires, des
entreprises ou des marques et des lieux de vente au détail ou de
restauration.
Cependant,
comme ces plateformes sont ouvertes, les publications varient
considérablement en format et en contenu. Ces incohérences peuvent
compliquer la détermination de l'exactitude des informations et
l'interprétation des données. Les publications anonymes peuvent
également compliquer l'investigation auprès des consommateurs.
Utilisation
de données participatives dans les investigations sur les éclosions
Les
professionnels de la santé publique et les services réglementaires
chargés du contrôle des aliments évaluent ces outils pour
déterminer leur utilité dans les enquêtes sur les cas
d’intoxication alimentaire.
Plantant
le décor, Ben Chapman, de l'Université d'État de Caroline du Nord,
a déclaré que le crowdsourcing (production participative) pourrait
être utilisé dans le cadre d’un systèmes d'alerte précoce et
contribuer à la surveillance en temps réel des dangers pour la
sécurité des aliments.
Les
avantages comprennent une collecte de données accrue ou améliorée,
un engagement communautaire, une vision plus approfondie de certaines
situations et une approche rentable de la collecte de données.
Chapman
a dit que ProMED-mail était probablement le premier exemple de
crowdsourcing dans le domaine de la santé publique, tandis que les
publications sur Twitter et iwaspoisoned.com ont joué un rôle dans
l'identification des épidémies.
Cependant,
il a mis en garde contre «l'épidémiologie informelle» et la
séparation du «bruit» des informations utilisables. D'autres
aspects négatifs incluent la qualité des données, les problèmes
de confidentialité, les préjugés des participants, les robots sur
les réseaux sociaux et les données faussées par la désinformation.
Chapman
a ajouté qu'il était important d'examiner autant de sources de
données que possible, en fonction de la question à laquelle il faut
répondre. Les données participatives sont un outil pour signaler
des choses qui n'auraient peut-être pas été détectées
auparavant, puis des ressources peuvent être allouées pour voir
s'il s'agit d'un véritable problème.
L’exemple
des céréales de General Mills
Beal
et Gieraltowski ont abordé les défis en quatre étapes, y compris
la définition de cas et l'identification d'un cluster, la
confirmation d'un vecteur d'épidémie, la mise en œuvre de mesures
de maîtrise et la communication d'inconnus, en utilisant un exemple
de personnes signalant des cas de maladie sur iwaspoisoned.com après
avoir mangé des céréales Lucky Charms en 2022.
Beal
a dit que les données crowdsourcées bouleversent le processus
normal car le CDC mène traditionnellement des investigations
épidémiologiques, mais c'est la FDA qui dirige l'investigation pour
les types de données crowdsourcées ou non traditionnelles.
Un
problème est que les données épidémiologiques ne sont pas
normalisées car elles sont fournies par les plaignants, il y a aussi
des questions concernant l'identification du véhicule, l'agent
impliqué et le contact avec l'entreprise.
Beal
a dit que la FDA ne savait pas quoi dire à General Mills, ce qui a
entravé la capacité de l'entreprise à découvrir ce qui se
passait, car les informations sur le code de lot étaient limitées
et la variabilité des symptômes rendait difficile de savoir quels
tests effectuer.
Elle
a ajouté que l'examen public qui accompagne souvent de tels
incidents ajoute à l'urgence, mais les personnes ont tendance à
croire que c'est la dernière chose qu'ils ont mangée qui les a
rendus malades. De plus, s'ils voyaient d'autres personnes dire que
Lucky Charms les rendait malades, ils pourraient supposer que
c'était les céréales qui les rendaient également malades.
Manore
a présenté l'utilisation de sondages en ligne dans deux
investigations sur des cas d’intoxication alimentaire.
La première investigation concernait Salmonella Newport en
2018 et a confirmé ce que Foodbook avait dit aux responsables de la
santé, que l'incident était lié à des oignons rouges. Foodbook
(Rapport Atlas Alimentaire) est un sondage téléphonique qui a été
mené dans toutes les provinces et les territoires du Canada pendant
un an, et dont le principal objectif était de décrire les aliments
consommés par les Canadiens sur une période de sept jours, afin
d'orienter les enquêtes sur les éclosions au Canada et les mesures
visant à lutter contre elles.
Le
second exemple était une épidémie à Salmonella Enteritidis
en 2019. Deux aliments étaient intéressants : le poisson
congelé et des fruits découpés mélangés, mais ils n'ont pas été
interrogés dans Foodbook. Cependant, cela a été découvert plus
tard alors que l'épidémie était causée par des profiteroles
congelées importées et contaminées.
Elle
a dit que cela montre que les sondages en ligne nécessitent un
examen attentif et que leur utilisation doit être considérée
parallèlement à d'autres preuves disponibles provenant
d'einvestigations épidémiologiques, de sécurité des aliments, de
traçabilité et de laboratoire.
NB : Photo humoristique issue de la conférence 2023 de l'IAFP, Faites-moi confiance, je suis un expert !