Le blog a souhaité revenir sur différents aspects de ces cas de botulisme à Bordeaux.
Pour
mémoire, le blog a
publié deux articles sur des cas de botulisme alimentaire à
Bordeaux :
Un
lecteur du blog a très utilement complété le premier article du
blog et je voudrais faire profiter l’ensemble des lecteurs de ses
commentaires éclairés, sachant par expérience que certains ne les
lisent pas toujours. Merci donc à ce lecteur !
Premier
commentaire
La Direction générale de la
Santé (DGS) indique que ce 13 septembre au soir, le bilan de
l’intoxication s’élève à 12 personnes touchées, dont une
femme de 32 ans décédée après avoir transité aux urgences d'un
hôpital francilien, 5 personnes intubées et deux en surveillance
continue. La plupart des patients sont suivis en Gironde, un patient
en Ile-de-France (le mari de la personne décédée) , un patient en
Espagne (Barcelone) et un patient en Allemagne.
«Tous
nos patients ont bénéficié d'un traitement antitoxinique», a
précisé Benjamin Clouzeau, médecin réanimateur au CHU de
Bordeaux. Désormais, «leur état peut potentiellement persister
pendant plusieurs semaines», au cours desquelles «de multiples
complications» peuvent survenir, selon lui. «C'est exceptionnel. En
France nous avons entre 20 et 30 cas par an». Les antitoxiniques
utilisés font partie d’un stock stratégique géré par l’armée.
«Au vu de la situation, nous avons dès le début de semaine demandé
à nos collègues pharmaciens de rapatrier sur le CHU les stocks»,
afin de pouvoir les administrer «le plus rapidement possible» si
besoin.
Second
commentaire
Il
s'agirait d'un cas de botulisme dû à la toxine de type B,
habituellement trouvée chez le porc ( les poissons étant plus
souvent contaminés par la toxine de type E). Le procédé de
fabrication des conserves artisanales de sardines de ce restaurant
aurait-il permis des souillures par de la terre ou par des
cochonnailles ? Mauvaise stérilisation d'un aliment comportant
beaucoup d'eau libre accessible au développement bactérien (une
forte teneur en sel diminue l'eau libre disponible) . Et lors de
l'utilisation, bien que le restaurateur ait constaté que certains
bocaux étaient gâtés et les ait éliminés, il a considéré que
les autres bocaux étaient corrects et n'a pas recuit les sardines au
moment de les servir, 80°C pendant 3 minutes à cœur aurait détruit
la neurotoxine botulique sensible à la chaleur, cependant les
caractères organoleptiques de l'aliment en auraient pâti.
Réponse
«Je
reconnais que j’avais un lot de sardines stérilisées et qu’à
l’ouverture j’ai dû en jeter certaines qui avaient une forte
odeur. D’autres paraissaient saines et ont été servies aux
clients».
Autrement
dit la contamination n'a pas d'odeur !
Troisième
commentaire
C'est
bien le piège du botulisme ! Pas d'alerte perceptible pour le
consommateur !
En
fonction de l'aliment on utilise différents facteurs pour tuer les
spores (dans les conserves neutres) ou pour inhiber la germination et
la toxinogenèse:
-
pour une conserve neutre (non acide pH>4.6), on doit stériliser 3
minutes à 121°C à cœur : boites de conserve classiques, ou 30
minutes à 111°C . Pas possible avec une simple lessiveuse qui
n'atteint que 100°C, il faut autoclaver les bocaux dans une
cocotte-minute.
-
pour une conserve acide, les spores sont inhibées par pH <4.6, la
pasteurisation tue les autres bactéries, acido-tolérantes (on n'a
pas de botulisme avec un jus de fruit ou tomates « acides »)
-
pour un produit frais (frigo), si la conservation est mauvaise, les
autres bactéries ou moisissures vont altérer le produit qui ne sera
pas consommé car puant et pourri.
Le
problème se pose surtout pour les produits sous vide ou atmosphère
modifiée, qui bloque la flore d'altération mais pas la bactérie
botulinique (anaérobie)
-
pour les salaisons, la teneur en sel diminue l'eau libre disponible
pour le développement bactérien.
Compléments sur ces cas de botulisme
Dans
le second article du blog, citant Le Figaro, « Le restaurateur lui-même a
confirmé qu'à l'ouverture des bocaux, il y avait une mauvaise odeur
et une absence de vide », explique Thierry Touzet, le
directeur adjoint de la direction départementale de la protection
des populations.
«L'établissement était plutôt bien tenu,
a ensuite assuré le directeur adjoint de la DPPD de
Gironde, mais par contre un vrai défaut de maîtrise
du process de conserve», avec
«un mode opératoire très artisanal.»
Source TF1.
Autre
aspect, une déclaration du président de l'union des métiers et des
industries de l'hôtellerie en Gironde me paraît malvenue, il
appelle néanmoins à «ne pas faire d'amalgame ». Selon
lui, « la personne a cru bien faire en voulant stériliser ses
sardines elle-même ».
Soit,
mais le gérant du restaurant, a-t-il reçu ou non une formation à
la stérilisation des conserves ?
Mise à jour du 18 septembre 2023
Deux plaintes ont été déposées par la famille et le compagnon de la femme de nationalité grecque de 32 ans décédée après intoxication alimentaire dans un restaurant de Bordeaux. Source RTL.
Mise à jour du 12 octobre 2023
On
lira l’
étude,
«Food-borne botulism outbreak during the Rugby World Cup linked to
marinated sardines in Bordeaux, France, September 2023», parue le 12
octobre dans
Eurosurveillance.