mercredi 10 novembre 2021

Il faut d’urgence confier l’agriculture française aux écologistes ! [par Jean-Paul Pelras]

Suite à de l'information publiée sur le blog dans Les retenues d'eau en agriculture, un enjeu essentiel, mais pas pour des pseudo-écolos ..., il n’y a pas que la sécurité des aliments dans la vie, défendre l’Agriculture française de ses fléaux est un objectif à part entière, d’où, cet article «Il faut d’urgence confier l’agriculture française aux écologistes ! [par Jean-Paul Pelras]». 
Texte paru le 9 novembre dans l’agri.

Et si la manifestation organisée le 6 novembre dernier à Mauzé sur le Mignon dans les Deux Sèvres était la goutte de trop ?

Non pas celle qui fit déborder les «Bassines» à l’origine de ce rassemblement, mais celle qui fait définitivement basculer la Confédération paysanne du syndicalisme agricole vers l’activisme sociétal. Très proche de certaines ONG auprès desquelles la Conf’ s’affiche presque systématiquement depuis des années dès qu’il s’agit de défendre les causes humanitaires ou environnementales, ce mouvement vient de s’associer avec les associations «Bassines, non merci» et «Les soulèvements de la terre» afin de dénoncer la mise en place de retenues collinaires désormais appelées “bassines”. Lesquelles, destinées à être alimentées par les eaux pluviales, le seraient également, toujours selon ces associations, par pompage dans la nappe phréatique. Pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme étant un accaparement de l’eau par certains agriculteurs soutenus à quelques encablures de là par la FDSEA, les JA et la Coordination Rurale, d’autres agriculteurs, ceux de la Conf’, ont donc, entre deux altercations avec les forces de l’ordre, débranché la pompe et retiré les bâches recouvrant la retenue.

À l’heure où la France va devenir, pour la première fois de son histoire agricole, dépendante des importations, n’y a-t-il pas d’autres combats à mener que celui consistant à se tirer une balle dans le pied ? À l’heure où les défis alimentaires sont au cœur des enjeux démographiques, géopolitiques et planétaires, pourquoi, si ce n’est pour répondre à certaines idéologies politiciennes, entraver, comme ce fut le cas pour le lac de Caussade dans le Lot et Garonne, l’irrigation des cultures et, de facto, limiter le potentiel de production ?

À l’instar de ce qui se passa dans l’Aude au printemps dernier, quand des ONG se sont opposées au décollage de l’hélicoptère destiné à traiter les vignes contre le mildiou là où, sols détrempés obligent, les tracteurs ne pouvaient pas entrer, les écologistes ont clairement choisi leur camp. Celui qui entend réduire de façon drastique tout ce qui permet à notre agriculture de demeurer compétitive que ce soit avec l’utilisation d’intrants, l’apport de nouvelles technologies ou, en l’occurrence, l’irrigation. À ce titre, la responsabilité de celles et ceux qui, au-delà des discours inclusifs et démagogiques, encouragent une limitation des productions est ici clairement engagée.

Que les agriculteurs tenants du modèle conventionnel cessent de produire et d’alimenter les marchés

Imaginons du jour au lendemain une agriculture convertie en bio à 100 % avec, ça et là, un peu de permaculture, un retour comme le prônent certains à la traction animale, une irrigation limitée, l’interdiction d’utiliser produits phytosanitaires et fertilisants, un arrêt des productions dites agro-industrielles… Pourquoi pas ? Il faudra alors en finir avec l’hypocrisie des débats d’idées et confier, sans délai, l’agriculture française aux écologistes qui devront, in petto, garnir sans trembler nos garde-manger.

C’est ce pari qu’il faut engager. Que les agriculteurs tenants du modèle conventionnel cessent de produire et d’alimenter les marchés pendant quatre ou cinq jours et nous verrons ce qu’il adviendra des grandes intentions pseudos-environnementales. Quatre ou cinq jours seulement, sans pâtes, sans pain, sans viande, sans vin, sans fruits, sans légumes, sans aucun approvisionnement au cœur des villes et dans les circuits de distribution… À défaut de pouvoir s’avitailler en quantité suffisante auprès de ceux qui dénoncent la malbouffe française, c’est d’une autre malbouffe, beaucoup moins vertueuse et contrôlable, dont nous devrons nous contenter : celle qui, inévitablement, envahira les étals avec de la marchandise importée.

Oui, allons-y, messieurs Benoît Biteau, député européen, Nicolas Girod, porte-parole de la Conf’, Yannick Jadot, candidat au pouvoir suprême qui prétend que les écologistes sont les défenseurs de l’agriculture, Sandrine Rousseau qui dit qu’il faut «accepter une baisse de rendement agricole»… Prenez les commandes, produisez et nourrissez la population française, remplissez les assiettes du pays sans tricher, en respectant vos engagements.

Nourrissez à partir de maintenant 67 millions d’individus 3 fois par jour, du premier janvier au 31 décembre ! Trouvez cette main d’œuvre, devenue si rare dans nos champs, qui acceptera d’arracher l’herbe sur des centaines de milliers d’hectares, qui acceptera de planter, de semer, de tailler, de faucher, de traire, de récolter… Sans rechigner, en tenant la cadence, en maintenant le rendement, malgré les prédateurs (que vous protégez), la conjoncture, les normes, les contraintes administratives, le caprice des éléments… Là, de Perpignan à Lille, sur presque 27 millions d’hectares !

Sachant que l’agriculture bio représente 10 % des surfaces exploitées, comment ferez-vous pour vous occuper des 24,5 millions d’hectares restants, cultivés jusqu’ici par environ 425 000 agriculteurs stigmatisés ? Un défi de taille à relever qui vous fera peut-être oublier le temps où vous démontiez les pompes à eau de ceux que la société française au bout de cinq jours, cinq jours seulement, commencera à regretter.


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