2022 restera-t-elle dans les mémoires comme l'année de Salmonella
dans le chocolat ou de Cronobacter dans les préparations pour
nourrissons ? Ou est-ce que quelque chose d'autre a attiré et retenu
votre attention au cours des 12 derniers mois ?
Parfois, j'ai l'impression que tout ce sur quoi j'écris depuis 2020
est le coronavirus, le Royaume-Uni quittant l'Union européenne et la
contamination par l'oxyde d'éthylène. Bien que ce ne soit pas le
cas, ces trois sujets figuraient à nouveau à l'ordre du jour de
l'actualité 2022, nous les aborderons donc en premier.
Des épidémies majeures à Listeria en Italie et à E.
coli pathogènes au Royaume-Uni, à Salmonella Mbandaka
dans plusieurs pays et le virus de l'hépatite A en Nouvelle-Zélande
ont fait surface tandis que l'incident à Salmonella avec le
tahini et/ou la halva grondait.
Cette année a également soulevé différents sujets ainsi que des
épidémies et des rappels. Nous avions de la drogue dans du
champagne, la contamination des aliments pour animaux de compagnie,
la grippe aviaire, les intoxications liées aux graines de pavot et
de l'alcool falsifié.
Statistiques sur le coronavirus et les épidémies d’origine
alimentaire et les cas de maladie
Comme prévu l'année dernière, dans la plupart des pays, les
épidémies et les rapports de cas de maladie ont augmenté en 2021
par rapport à 2020, mais sont toujours inférieurs aux niveaux
d'avant la pandémie de la COVID-19. Ceci est étayé par le rapport
de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et du
Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC)
sur les épidémies et les maladies en 2021. Le virus n'a pas
disparu, mais les restrictions se sont assouplies, il est donc
probable que les niveaux vont remonter lorsque nous verrons les
chiffres de 2022 et nous pourrions revenir aux chiffres d'avant la
pandémie.
Le Royaume-Uni quitte l'UE
C'était il y a six ans lorsque le Royaume-Uni a décidé de quitter
l'UE lors d'un référendum. Nous avons beaucoup entendu parler de la
perte d'accès au portail du système d'alerte rapide pour les
denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF) et à des
réseaux tels que les responsables des agences de sécurité des
aliments. Mais le Brexit continue de créer de nouveaux problèmes.
Qu'il s'agisse du protocole avec l'Irlande du Nord, des retards dans
les contrôles aux frontières, d'un impact sur les ressources -
souligné récemment par la Food Standards Agency (FSA) et Food
Standards Scotland - ou du projet de loi retenu sur la législation
européenne qui vise à supprimer les lois européennes de la
législation britannique d'ici 2023, bien que cette date puisse être
prolongée jusqu'en 2026. L'analyse initiale de la FSA montre qu'elle
a l'intention de conseiller aux ministres de conserver, d'étendre ou
de reformuler la majorité des règles qu’elle traite.
Incident lié à l'oxyde d'éthylène
Petit rappel, la Belgique a lancé l'alerte en septembre 2020
concernant les graines de sésame en provenance d'Inde. Il a ensuite
été retrouvé dans des additifs, notamment la gomme de caroube.
L'utilisation d'oxyde d'éthylène pour désinfecter les denrées
alimentaires n'est pas autorisée en Europe. Les autorités
nationales ont adopté différentes approches, notamment des rappels
et des retraits. L'Union européenne a renforcé les règles à
plusieurs reprises pour s'attaquer au problème. L'incident semble se
terminer avec la suppression
des pages connexes sur le site Internet de la Commission européenne,
mais les notifications au RASFF se poursuivent. Il s'agissait de la
plus grande opération de rappel d'aliments de l'histoire de l'UE,
selon le rapport
du Réseau d'alerte et de coopération (ACN pour Alert and
Cooperation Network).
Large épidémie en France à E.
coli pathogène
Des pizzas surgelées étaient à l'origine de la plus grande
épidémie de SHU à E. coli jamais observée en France. Nestlé a
récemment été autorisé à redémarrer partiellement les
opérations de l'usine de Buitoni à Caudry après l'arrêt de la
production en avril. Au total, 56 cas confirmés et deux cas
probables avec un âge médian de 6 ans sont tombés malades entre la
mi-janvier et avril. Il y a eu 50 cas d'insuffisance rénale connue
sous le nom de syndrome hémolytique et urémique (SHU) et deux
enfants sont décédés. La plupart des cas de maladie étaient des
E. coli producteurs de
shigatoxines (STEC) O26:H11, mais quelques cas d’infection à
O103:H2 ont été enregistrés. En France, la surveillance des STEC
est basée uniquement sur le SHU chez les enfants de moins de 15 ans,
il est donc probable que beaucoup plus de personnes ont été
malades. Des souches épidémiques ont été isolées à partir de
pizzas prélevées au domicile des patients et à l'usine de
fabrication. E. coli a également été retrouvé dans la
farine utilisée pour faire des pizzas. Des poursuites pénales et
civiles sont en cours.
Salmonella dans du chocolat
Salmonella en confiserie a été un thème majeur cette année. Nous
commençons par l'épidémie Salmonella Typhimurium
monophasique dans du chocolat Kinder fabriqué par Ferrero en
Belgique qui a rendu malades 450 personnes dans plusieurs pays. Les
enfants ont été particulièrement touchés et beaucoup ont été
hospitalisés. Des personnes sont tombées malades entre décembre
2021 et juin 2022. Il y a eu quatre cas au Canada et un aux
États-Unis. L'usine d'Arlon a reçu le feu vert en septembre après
avoir été fermée en avril. Une enquête du parquet du Luxembourg
est en cours.
En Israël, le groupe Strauss a émis un rappel de produit et fermé
une usine en avril en raison de Salmonella. L'usine de Nof
Hagalil a redémarré en août. Des produits Elite ont été rappelés
aux États-Unis, Australie, Europe et Royaume-Uni avec des cas de
maladies connexes signalés en Israël. Les coûts estimés sont
d'environ 90 millions de dollars.
Barry Callebaut a également ressenti l'impact de la contamination
par Salmonella malgré le fait que le chocolat impliqué
n'entre pas dans la chaîne de vente au détail. Le coût était de
77 millions de dollars, selon les résultats financiers de
l'entreprise. L'usine Wieze en Belgique a suspendu ses opérations
après la détection de Salmonella Tennessee dans la lécithine
d'un fournisseur de Hongriey en juin.
En ce qui concerne la lécithine, il convient également de
mentionner un problème avec la lécithine de soja en provenance
d'Inde en raison d'une contamination potentielle des arachides. Le
problème a été soulevé par l'Allemagne via une alerte RASFF en
avril et a touché 60 pays dont les États-Unis. On pense que cela a
été causé par une contamination croisée pendant le
transformationt. La lécithine de soja est utilisée dans une gamme
d'aliments, tels que le chocolat, le fromage, la margarine et la
vinaigrette.
Cronobacter dans les préparations pour nourrissons
Le principal sujet concernant Cronobacter dans l'histoire des
préparations pour nourrissons vient des États-Unis et implique
l'usine Abbott Nutrition de Sturgis, Michigan. Quatre nourrissons ont
été infectés par Cronobacter et deux sont décédés.
Abbott dit qu'il n'y a aucune preuve concluante que les cas de
maladie soient liés à son produit.
En Europe, une marque de préparations pour nourrissons a été
rappelée en novembre en Slovaquie et en République tchèque à
cause de Cronobacter. Une formule de lait de chèvre concernée
a été fabriquée par Goldim.
Cronobacter a également été détecté dans une autre
formule d'un autre producteur en République tchèque et envoyée en
Moldavie. Le lait maternisé initial Numil fabriqué par Corinos
House a été rappelé en juin.
Plus tôt en 2022, un lot de KetoCal 3:1 était positif pour
Cronobacter après des prélèvements par des douaniers
australiens. Nutricia, qui appartient à Danone, a déclaré que le
lot concerné avait été fabriqué en Europe et était négatif
avant de quitter l'usine de production.
Nous avons également découvert une épidémie à Cronobacter
sakazakii impliquant quatre bébés et un décès dans un hôpital
en Allemagne en 2021. Cela était dû à la préparation probiotique
pour nourrissons mélangée à l'hôpital.
Du MDMA dans du champagne
Début 2022, une alerte concernant du champagne contaminé par de
l'ecstasy en Europe a été émise par les autorités. Huit personnes
sont tombées malades en février en Allemagne et une est décédée.
Il y avait aussi quatre cas de maladie aux Pays-Bas. Des bouteilles
de Moët et de Chandon Ice Imperial ont été vidées de leur
champagne, et les bouchons ont été changés et remplis de MDMA
liquide pur, également connu sous le nom d'ecstasy. Une enquête a
impliqué Europol et des agences en France, Italie, Belgique,
Allemagne et Pays-Bas.
Le monoéthylène glycol est de retour dans l'actualité
Alors qu'il y a eu des développements dans l'affaire de la
contamination de la brasserie Cervejaria Backer en 2020 au Brésil
liée à 10 décès - comprenant des amendes et l'approbation de la
société pour redémarrer les ventes de bière - le monoéthylène
glycol a fait la une des journaux pour d'autres raisons.
La substance toxique a été utilisée à la place du propylène
glycol, un additif autorisé, dans les aliments pour animaux de
compagnie. Six entreprises qui produisaient des aliments pour chiens
ont été impliquées : Bassar Pet Food, Peppy Pet, Upper Dog,
Petitos, Pets Mellon et FVO Alimentos. Cinq fournisseurs ont été
répertoriés par les autorités brésiliennes : Tecnoclean
Industrial, A et D Quimica, Atias Quimica, Bella Donna et Saber
Quimica. Les médias locaux ont rapporté qu'au moins 15 chiens sont
décédés.
Stratégies sur la sécurité des aliments
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé sa stratégie sur
la sécurité des aliments pour 2022 à 2030. L'un des objectifs est
une réduction de 40% d'ici 2030 de la moyenne mondiale de
l'incidence des maladies diarrhéiques d'origine alimentaire. Le
premier rapport d'étape sera présenté en 2024 à l'Assemblée de
l’Organisation Mondiale de la Santé.
Début décembre, le Conseil de la FAO a approuvé les priorités
stratégiques pour la sécurité des aliments dans le cadre
stratégique de la FAO pour 2022 à 2031.
La FAO espère que cela stimulera les investissements et garantira
les ressources humaines et financières pour que l'agence mette en
œuvre son programme de sécurité des aliments et fournisse des
services internationaux. orientation, politique et un plaidoyer pour
les décideurs.
Des travaux ont également commencé pour mettre à jour les
estimations sur la charge des maladies d'origine alimentaire publiées
en 2015. Le Groupe de référence sur l'épidémiologie de la charge
des maladies d'origine alimentaire (FERG pour Foodborne Disease
Burden Epidemiology Reference Group) a lancé quelques appels à
l'aide pour des revues systématiques et d'autres études. Un nouveau
rapport est prévu pour 2025.
Autres faits saillants
Il y a de nombreux sujets autour de la sécurité des aliments qui, à
mon avis, n'occupent pas assez de place dans les nouvelles, tels que
les métaux lourds, les mycotoxines et les résidus de pesticides, et
ceux qui ne sont mentionnés qu'occasionnellement comme les
intoxications liés aux champignons sauvages, les parasites d'origine
alimentaire et les allergènes. Un problème, en particulier, a surgi
plusieurs fois cette année : l'alcool contaminé. Il était
responsable de cas de maladie et de décès en Inde, Pérou,
Équateur, Colombie, Ouganda, Vietnam et Turquie. Si la sécurité
des aliments est «la responsabilité de tous», comme on nous le dit
souvent, alors nous avons beaucoup de choses à faire en 2023.
Commentaire
Pour la France, je serai tenté de rajouter le nombre sidérant de rappels de produits alimetaires, à suivre dans les prochains articles du blog.
Merci pour le partage de l'article et pour tout ce que vous avez fait cette année. Ce n'est pas facile mais on continue. Espérons que 2023 soit une année de bonheur et que je continue à travailler sur mon niveau de français ! Joe.
RépondreSupprimerC'est gentil, votre français est parfait. Bonne année à vous et bonne année à la sécurité des aliments, mais c'est pas gagné ! Albert
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