mardi 10 décembre 2019

Un rapport de l'ECDC reconnaît le rôle du public dans la réponse aux éclosions d’intoxication alimentaire


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

« Un rapport de l'ECDC reconnaît le rôle du public dans la réponse aux éclosions d’intoxication alimentaire », source Food Safety News.
Un projet du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies a reconnu le rôle important de la communauté dans la préparation et la réponse aux urgences de santé publique.

Le rapport présente les résultats d'une étude de cas sur des éclosions à E. coli producteurs de shigatoxines (STEC) dans des structures de garde d'enfants en Irlande.

Il a révélé que les communautés touchées sont essentielles dans les urgences de santé publique, les préoccupations et les expériences du public étant un élément important de la réponse.

Cela fait partie d'un projet plus large de l’ECDC visant à étudier les synergies entre les communautés affectées par les menaces pour la santé publique et les institutions mandatées pour s'y préparer et y répondre. L'objectif est de collecter des preuves et de partager les bonnes pratiques en matière de collaboration intersectorielle et de préparation communautaire aux urgences sanitaires, en observant ce qui a fonctionné dans différents contextes.

Situation liée aux STEC
Dans l'UE, 6 647 cas de STEC ont été signalés en 2017, dont 37% ont été hospitalisés en raison d’un syndrome hémolytique et urémique (SHU), un type d'insuffisance rénale. Vingt des patients sont décédés. La même année, l'Irlande avait le taux de notification à STEC confirmé le plus élevé de l'UE. L'incidence a considérablement augmenté ces dernières années, avec 839 cas signalés en 2016.

Il y a eu un grand nombre d'infections à STEC durant l'été 2018, avec 91 patients liés à une éventuelle épidémie d'origine alimentaire. Le Health Protection Surveillance Centre (HPSC) est l'agence irlandaise pour la surveillance des maladies transmissibles et fait partie du Health Service Executive (HSE).

L'équipe s'est rendue en Irlande pendant une semaine fin novembre 2018. Des entretiens téléphoniques ont eu lieu la semaine suivante. Des informations ont été recherchées sur l'engagement communautaire lors des éclosions à STEC en général, mais également lors d'une éclosion spécifique dans une garderie ou une crèche, plus tôt en 2018. La source de l'infection n'a jamais été identifiée avec moins de 10 enfants malades et personne n'a développé de SHU.

Les sources de données comprenaient un examen des documents; des entretiens avec des experts techniques et des membres de la communauté affectés par les STEC; discussions de groupe avec des experts techniques et des représentants de la communauté et une cartographie des parties prenantes.

La cartographie des parties prenantes a indiqué que les parties institutionnelles dominent la réponse, la communauté ayant un rôle beaucoup plus petit à jouer que les autorités.

Droit à une compensation
Un ensemble de bonnes pratiques suggérées pour promouvoir l'engagement communautaire lors des épidémies de STEC a été identifié et inclut des connaissances sur la prévention et le contrôle des STEC devant être améliorées, pour la communauté au sens large, les agents de santé, les propriétaires et le personnel des crèches ainsi que les défis rencontrés par les parents d'enfants avec une infection à STEC prolongée.

Les fournitures essentielles, telles que les pots d'échantillons, n'étaient pas toujours disponibles au moment et à l'endroit nécessaires. Des difficultés ont également été notées avec des retards perçus dans la réception des résultats de laboratoire.

La fermeture d'une crèche, également appelée garderie d’enfants, en raison d'une éclosion à STEC est une pratique courante, mais peut avoir des conséquences financières pour la crèche et les parents, qui doivent parfois s'absenter du travail pour s'occuper de leurs enfants jusqu'à sa réouverture. Des appels ont été lancés en faveur d'une certaine forme de compensation de la part des autorités. La crèche a également perdu des revenus après la fermeture forcée et les frais occasionnés par le nettoyage en profondeur des locaux.

Lors de l'épidémie de 2018, le risque relativement faible de conséquences graves pour la santé de leur enfant était dépassé dans l'esprit des parents par le risque modéré à élevé de porter un lourd coup au budget familial. Une récente éclosion à STEC dans une crèche à proximité a fourni une opportunité de soutien par des pairs pendant la principale période d'incertitude au début de l'épidémie pour le propriétaire de la crèche.

Early Childhood Ireland travaille avec la Food Safety Authority of Ireland sur un programme d'hygiène des mains pour permettre aux jeunes enfants de savoir comment et quand se laver les mains.

Implication de la communauté
L'équipe de l’ECDC a entendu des répondants au niveau national et régional parler de cas où les parents étaient publiquement critiqués et honteux pour leurs enfants infectés par des STEC, et où les propriétaires étaient hostiles envers les responsables de la santé publique, entravant activement les activités de contrôle des infections. Il y a également eu des cas où les propriétaires de crèche faisaient obstruction et modifiaient les informations produites par les autorités pour les parents, les rendant incorrectes ou trompeuses.

Certains parents ne pouvaient ou ne voulaient pas s'assurer que leurs enfants - infectés ou non - étaient tenus à l'écart des autres, afin qu'ils puissent continuer à travailler. Ils se fournissaient une couverture informelle les uns aux autres sur une base rotative, de sorte qu'un parent s'occupait d'un petit groupe d'enfants un jour et un autre le lendemain. Les membres du personnel ont déclaré que les enfants qui avaient été testés positifs et négatifs ont continué à jouer et à partager de s aliments ensemble à la maison et sur les terrains de jeux pendant la fermeture de la garderie.

Des membres de la communauté souhaitent que leur voix soit entendue dans le processus de préparation et de riposte aux éclosions et veulent être considérés par les autorités comme de véritables partenaires, mais un sentiment de déconnexion a été signalé par certains dans la communauté.

Les autorités irlandaises étaient très expérimentées dans le traitement des STEC, mais le sentiment des répondants de la communauté était que ce n'était généralement pas une maladie bien connue ou comprise. L'un des défis est la compréhension par les parents de la nécessité de maintenir des mesures strictes de contrôle des STEC, si les enfants sont exclus d'une crèche parce qu'ils sont infectés, même s'ils continuent d’aller bien et de se sentir bien.

Après l'éclosion, les autorités régionales de santé publique ont organisé une formation pour le personnel de la crèche touchée et leur ont remis du matériel sur la lutte contre les infections.

Lors d’une revue de plusieurs rapports d'éclosions à STEC, la nature et l'étendue des activités d'engagement communautaire menées par les infirmières chargées de la protection de la santé dans les crèches touchées n'ont pas été très étudiées. Il n'est pas non plus fait mention d'une formation post-éclosion qui aurait pu être dispensée au personnel.

Dans chaque assiette, un agriculteur


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.


Extrait.
cet agribashing repose sur une ignorance profonde du sujet. Seule l’alimentation intéresse les consommateurs soucieux de leur santé et de celle de l’environnement. L’agriculture et sa réalité ne préoccupent finalement pas ces citoyens peu informés, parfois perchés sur le toit de villes, dictant la marche à suivre à la société, qui méconnaissent la campagne plus qu’ils ne la rejettent. Le citoyen-consommateur-client se doit d’être cohérent. Il revendique la qualité, la diversité, la quantité… Il doit avoir conscience que cela n’est possible qu’avec des agriculteurs, qu’en lien avec eux. Pas contre eux. Pas sans eux.
Sommes-nous conscients, à chaque repas, d’avoir à nos côtés un agriculteur ? Combien d’entre nous, dans l’acte alimentaire répété plusieurs fois par jour, établissent ce lien indissociable entre le contenu de notre assiette et les travailleurs de la terre ou de la mer ? Garant de la sécurité alimentaire humaine, en quantité comme en qualité, l’agriculteur est notre premier soutien. Aucun individu ne peut vivre sans se nourrir. Cette évidence traverse les époques et les continents. Est-ce parce qu’elle est atemporelle, universelle et banale que nous l’oublions si souvent ?

Complément du 14 décembre 2019. On lira cet article de Gil Rivière-Wekstein sur son blog, 

L’agribashing dans le viseur de Didier Guillaume.

lundi 9 décembre 2019

Nettoyage & désinfection et Listeria dans une entreprise alimentaire, jamais deux sans trois ?


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

Dans un article du 23 novembre 2019, « Choses lues sur Listeria et sa maîtrise par les entreprises alimentaires », je signalais un article de La République du Centre du 21 novembre 2019 dont le titre était tout un programme « Listeria : nettoyage et désinfection au programme chez Tradival à Fleury-les-Aubrais ».
Après l’annonce mardi 19 novembre par le ministère de l’agriculture de huit cas de listériose (aucun dans le Loiret), probablement dus à la consommation de langue de porc en gelée fabriquée par Tradival, abattoir à Fleury-les-Aubrais, l’entreprise a dû fermer un de ses ateliers et le désinfecter.

On apprenait ainsi que « Cette semaine et sûrement jusqu’à ce vendredi 22 novembre au soir, l’entreprise Tradival effectue un nettoyage/désinfection de son atelier de transformation. »

On nous dit aussi « Ensuite, l’administration effectuera le contrôle officiel de bactériologie. Si les résultats sont positifs, Tradival pourra reprendre son activité normale, peut-être dans une dizaine de jours»

Je pense que Tradival va espérer des résultats négatifs …

Oui, mais voilà, le 3 décembre 2019, le même journal rapporte que « Fleury-les-Aubrais : la reprise du travail repoussée dans l'atelier de transformation de Tradivale »
La fabrication est toujours à l'arrêt à Tradival dans un des trois ateliers de l’entreprise fleuryssoise ; l’atelier de transformation de tous les produits de charcuterie. « Nous avons reçu le vendredi 29 novembre les résultats des analyses des prélèvements de surface réalisés le lundi 25 novembre suite au nettoyage/désinfection complet de l’atelier de transformation », explique Patrick Giraud, directeur départemental de la protection des populations du Loiret.

Que va-t-il se passer ?
Un second nettoyage-désinfection ...
« Pour vérifier l’efficacité du nettoyage/désinfection. Trois résultats sur les 31 prélèvements ne se révèlent pas satisfaisants (des prélèvements effectués dans les locaux et sur le matériel). Des analyses complémentaires sont en cours pour identifier parfaitement les souches bactériennes. Dans ces conditions, l’abrogation de l’arrêté préfectoral de cessation temporaire d’activité de l’atelier de transformation n’est pas envisageable. »
À la suite de ces résultats, l’entreprise Tradival a donc décidé de renouveler la phase de nettoyage/désinfection pour ensuite « de nouveau envisager un contrôle suivi de prélèvements », conclut Patrick Giraud. 

Mais que va-t-il se passer si, de nouveau, il y a des résultats positifs pour Listeria monocytogenes ?
,
Bien entendu, je ne souhaite pas cela à l’entreprise mais il faudra envisager à propos de Listeria, la piste de bactéries persistantes et/ou de biofilm ...

De quoi s’agit-il ?
Parmi les espèces bactériennes présentes sur les surfaces après nettoyage et désinfection (N&D), certaines ont été retrouvées comme étant persistantes par des méthodes de typage moléculaire. Parmi ces bactéries, les plus connues sont L. monocytogenes dans les ateliers réfrigérés et humides et Salmonella enterica dans les ateliers secs. Toutefois, la persistance ne doit pas être confondue avec la survie transitoire ou l'entrée permanente d'une souche avec les matières premières ou les ingrédients. Une étude bibliographique récente sur la persistance de L. monocytogenes a conclu qu'il était hautement probable qu'il n'y ait pas de souches de L. monocytogenes ayant des propriétés spécifiques conduisant à la persistance, mais plutôt des zones de rétention dans lesquelles L. monocytogenes a été capable de survivre au N&D, puis de se multiplier et en vieillissant de résister aux concentrations recommandées de désinfectants. Quand la croissance dépasse la destruction par N&D, des micro-organismes deviennent inévitablement persistants ...

Bien entendu, je conseille à l’entreprise la lecture des aspects développés dans l’article,

Brigitte Carpentier and Olivier Cerf. Review – Persistence of Listeria monocytogenes in food industry equipment and premises. International Journal of Food Microbiology Volume 145, Issue 1, 31 January 2011, Pages 1-8. http://dx.doi.org/10.1016/j.ijfoodmicro.2011.01.005

Les auteurs proposent quelques recommandations sur la persistance de Listeria monocytogenes dans les équipements et les locaux des entreprises alimentaires :
(1) Des bactéries récemment déposées sur des surfaces et exposées à une concentration bactéricide recommandée de désinfectant peuvent être détruites facilement. Par conséquent, (a) la désinfection ne doit pas être réalisée à des concentrations inférieures aux concentrations recommandées d’utilisation ; (b) la fréquence du nettoyage et de la désinfection (N&D) doit être suffisante pour que L. monocytogenes, si elle a survécu ne puisse croître de façon significative entre les N&D qui suivent. Les opérations de N&D ne devraient pas être faites de façon sommaire.

(2) La principale défense contre L. monocytogenes, dans les établissements qui n’ont pas une maîtrise suffisante pour éviter la contamination du produit, est de limiter la croissance, le moyen le plus efficace étant le froid et l’absence d’humidité. « L’utilisation minimale de l’eau, et une absence d’eau dans les zones où le produit est exposé, devraient être la règle. Dans ces zones, l’eau devrait seulement être utilisée durant le N&D et le séchage devrait avoir lieu avant la journée de travail suivante. Ces règles ont été appliquées avec succès dans des usines pour prévenir la contamination de produits à base de viande par L. monocytogenes ».

(3) Parce que des refuges pour les bactéries existent presque inévitablement dans les locaux, notamment dans les sols même s’ils sont neufs, et a fortiori dans ceux régulièrement soumis à l’usure et aux chocs, les sols devraient être nettoyés et désinfectés avant l’équipement. Ainsi, les bactéries indésirables qui auraient été délogées de leurs refuges lors de cette première étape du N&D peuvent être ciblées par la deuxième étape du N&D sur les surfaces extérieures de l’équipement.

(4) Un équipement conçu de façon hygiénique et bien entretenu devrait être utilisé de manière à éviter ou à minimiser les lieux où L. monocytogenes est protégé de l’action mécanique du nettoyage, où les souillures organiques s’accumulent et permettent la croissance, et où le désinfectant est dilué à un niveau de « tolérance ».
(5) Des éléments d’informations spécifiques devraient être fournis aux exploitants des entreprises alimentaires notamment dans les petites et moyennes entreprises.

On lira aussi quelques pistes pour se débarrasser des bactéries persistantes dans les entreprises alimentaires, 1, 2, et Listeria monocytogenes et les équipements, 1, 2 et 3.

Le rapport sur l'organisation du contrôle de la sécurité sanitaire des aliments sera-t-il remis aux calendes grecques ?


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

Dans le communiqué précité signé par quatre ministres, ministre de l'intérieur, ministre de l'agriculture et de l'alimentation, ministre des solidarités et de la santé et ministre de l'économie et des finances il était dit,
La sécurité sanitaire de notre alimentation est une mission de service public majeure, que le Gouvernement souhaite renforcer. Il s’agit à la fois d’un enjeu de santé publique, mais aussi de développement économique et de rayonnement international.
La sécurité sanitaire des aliments fait intervenir de nombreux acteurs, au premier rang desquels la direction générale de l’alimentation (DGAL), la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), les services déconcentrés de l’État, les entités publiques chargées de la vigilance, de l’évaluation, de l’élaboration des politiques publiques et de la réglementation ainsi que de la mise en œuvre des contrôles et de la gestion des alertes et des entreprises.
Plusieurs épisodes récents ont montré que l’organisation de cette mission pouvait être encore améliorée, afin notamment de mieux répondre aux attentes légitimes des consommateurs et des citoyens.
... le Gouvernement souhaite que soient approfondies les voies permettant d’améliorer l’organisation du contrôle de la sécurité sanitaire, en particulier au regard de critères d’efficacité et d’efficience, de clarté et de lisibilité, en lançant une mission inter-inspections dont le rapport devra être remis à l’été.

La question est donc simple : s’agit-il de l’été 2019 ou de l’été 2020 ?

S’il s’agit de l’été 2010, pas de souci ou de retard à avoir sur la rédaction du rapport.

S’il s’agit de l’été 2019, je précise que nous allons bientôt entrer en hiver, et le rapport n’est toujours pas disponible, il est vrai que l’été n’est pas une période propice à la rédaction d’un rapport ...

Wikipédia nous apprend que « Renvoyer aux calendes grecques » (Ad kalendas graecas) signifie « repousser indéfiniment la réalisation d'une action ». En effet, les Grecs n'ayant jamais eu de calendes, l'expression fait référence à une date inconnue. Les calendes grecques, tout comme la Saint-Glinglin, évoquent de manière ironique une date qui semble fixée mais qui en fin de compte n'aura jamais lieu.

Sans aucune ironie, la question mérite d’être posée car on ne comprendrait pas pourquoi il y aurait du retard sur une question aussi importante que « l'organisation du contrôle de la sécurité sanitaire des aliments ».

Augmentation de la présence de Salmonella Infantis chez les volailles, selon une étude italienne


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.
« La contamination de la viande de volaille par Salmonella infantis devrait être considéré comme un risque pour la sécurité alimentaire? », source European Journal of Public Health.

Problématique
Le règlement de l'UE concernant la viande de volaille fraîche ne considère que S. Enteritidis ou S. Typhimurium comme critères de sécurité alimentaire. A contrario, l'isolement d'autres Salmonella spp. dans ces matrices alimentaires sont considérées comme conformes.
Plusieurs sources bibliographiques indiquent une augmentation de la tendance à l'isolement de S. Infantis dans l'industrie avicole et dans les produits dérivés.

Description du problème
Des épisodes d'intoxication alimentaire causés par de la viande fraîche de poulet contaminés par S. Infantis ont été récemment signalés.

Selon le CDC, l'année dernière aux États-Unis, une épidémie causée par une souche de S. Infantis, résistante à plusieurs antibiotiques, a entraîné 129 personnes malades, 25 hospitalisations et un décès.

Le plan national de contrôle de la salmonellose pour les volailles 2019-21 établit en Italie les conditions de réduction dans les exploitations avicoles en cas d’isolement positif de S. Enteritidis, S. Typhimurium et S. Infantis.

Résultats
En 2018, le système national de santé a disposé de l'analyse des lots de viande fraîche de poulet de Pologne, échantillonnés dans un entrepôt réfrigéré dans le nord de l'Italie. Le service de contrôle des aliments de l’Istituto Zooprofilattico Sperimentale della Lombardie e dell’Emilia Romagna a analysé 156 échantillons sur un total de 780 unités prélevés, pour Salmonella spp.: 72 échantillons étaient positifs
(46,15%; correspondant à 222 unités prélevés, 28,46%). 42 souches étaient sérotypés comme S. Enteritidis, 149 comme S. Infantis, 26 comme S. Newport, 4 comme S. Kentucky et 1 comme S. Mbandaka.
Selon la réglementation de l'UE, les lots positifs pour S. Enteritidis ont été indiqués comme non-conformes, mais des lots positifs pour d’autres Salmonella ont été considérés comme réguliers.

Leçons
La législation de l'UE autorise la circulation de la viande de poulet contaminé par S. infantis. La viande de poulet doit être consommé après une bonne cuisson appropriée éliminant ce danger, mais il ne protège pas le consommateur contre le risque de contamination croisée des outils et des surfaces à la maison. Il est donc fondamental d’appliquer des bonnes pratiques de transformation afin de prévenir la propagation de Salmonella dans les foyers domestiques afin de limiter les intoxications alimentaires.

Messages clé
La tendance à l'isolement de S. Infantis dans l'industrie avicole est en augmentation. L'application des bonne spratiques d’hygiène dans les foyers domestiques est fondamentale pour limiter les intoxications alimentaires.

NB : Cette étude italienne est assez générale et ne me parait pas très convaincante.

On lira aussi l’article paru dans Food Safety News, Study backs up rise of Salmonella Infantis in poultry.

dimanche 8 décembre 2019

L’EFSA ouvre une consultation publique sur l’ochratoxine A


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

L’EFSA ouvre une « Consultation publique sur l’ochratoxine A ».
L'EFSA sollicite l'avis des parties intéressées sur son avis scientifique concernant les risques pour la santé publique liés à la présence d'ochratoxine A (OTA) dans les aliments – une mycotoxine naturellement produite par des champignons tels que les espèces Penicillium et Aspergillus.
Consultation publique: avis scientifique sur les risques pour la santé publique liés à la présence d'ochratoxine A dans les aliments
La date limite pour la soumission des commentaires est le 24 janvier 2020.
L'OTA est présente dans divers aliments, notamment dans certaines céréales et produits céréaliers, viandes en conserve et fruits frais ou secs. Elle peut également être présente dans le lait maternel.
L'EFSA avait déjà évalué les risques pour la santé publique liés à l'OTA en 2006. Les experts avaient conclu que l'OTA pouvait s’accumuler dans les reins et qu’elle était particulièrement toxique pour cet organe. À hautes doses, l'OTA provoque également des tumeurs du rein chez le rat. L’EFSA avait établi une dose hebdomadaire tolérable (DHT) de 120 nanogrammes par kilogramme de poids corporel.
Depuis, davantage d'informations ont été rendues disponibles et elles suggèrent que l'OTA pourrait être génotoxique et carcinogène. Dans un cas comme celui-ci, les experts calculent une marge d'exposition (ME) pour les consommateurs.
D’une façon générale, plus la ME est élevée, plus faible est le niveau de préoccupation pour les consommateurs. La ME estimée pour l'OTA est inférieure à 10.000 dans la plupart des groupes de consommateurs, ce qui suggère un risque sanitaire possible.
Qu’est-ce que la marge d’exposition (ME) ?

La ME est un outil utilisé par les évaluateurs du risque pour caractériser les risques associés à l’exposition à des substances génotoxiques et cancérogènes susceptibles d’être présentes dans l’alimentation humaine et animale. La ME fournit une indication sur le degré de préoccupation sanitaire associé à la présence d’une substance dans les aliments mais elle ne quantifie pas le risque en soi.
La ME est un rapport entre deux facteurs : la dose à laquelle on observe un effet indésirable faible mais mesurable et le niveau d’exposition effectif à une substance donnée.


Des teneurs maximales pour l'ochratoxine A sont établies au niveau de l'UE pour les céréales non transformées, les fruits secs de la vigne, une variété de café et des grains de café, le vin et le jus de raisin allant de 0,5 à 10 µg / kg, mais il a récemment été trouvé à des niveaux élevés dans les aliments pour aucun niveau maximum n'est établi.

L'OTA est rapidement absorbé et distribué mais lentement éliminé et excrété conduisant à une accumulation potentielle dans le corps.

Au total, 72 350 mesures des concentrations d'OTA dans les aliments, soumises au cours des 10 dernières années par 29 pays européens et une association industrielle, ont été utilisées pour évaluer les expositions alimentaires. Près de la moitié des données provenaient d'Allemagne et des Pays-Bas.

Problèmes possibles de santé
Les concentrations moyennes les plus élevées d'OTA se trouvaient dans les catégories formule d'extrait végétal, arômes ou essences contenant des extraits de réglisse et de piment. Les principaux contributeurs à l'exposition alimentaire chronique étaient la viande, le fromage et les céréales en conserve ainsi que les produits à base de céréales. Les fruits secs et frais tels que les raisins, les figues et les dattes étaient importants pour certains des tout-petits et d’autres groupes d’enfants. La confiserie non chocolatée était une source importante d'exposition dans les pays où les bonbons à base de réglisse sont couramment consommés.

Les marges d'exposition (ME) calculées pour les effets non néoplasiques étaient supérieures à 200 dans la plupart des enquêtes alimentaires pour les consommateurs moyens et élevés, donc peu préoccupantes pour la santé. Cependant, ils étaient inférieurs à 200 dans les groupes d'âge des nourrissons, des tout-petits et des autres enfants, ce qui indique un éventuel problème de santé pour ces groupes.

Les ME calculées pour les effets néoplasiques dans la plupart des enquêtes étaient inférieures à 10 000 et indiquent un problème de santé possible pour certains groupes de consommateurs.

Le groupe scientifique CONTAM a formulé six recommandations, y compris la nécessité de disposer de plus de données sur l'OTA dans la pâte de fromage par rapport à la croûte de fromage, de même que d'autres études sur la séquence des événements au niveau de la cible cancérigène dans le rein et des enquêtes fiables et représentatives des niveaux dans le lait maternel humain.

« Renforcement des contrôles pour l'opération fêtes de fin d'année », une édition dans le Val de Marne


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.


Sans doute, y-at-il renforcement, mais dans ce quotidien indépendant du Val de Marne et du Grand Paris est paru un article à propos des « Contrôles sur le marché de Vitry-sur-Seine: ça rigole pas » ; cela va nous éclairer de la réalité des faits ...
Dans le cadre des fêtes de fin d’année, les opérations de contrôle alimentaire s’accélèrent sur les marchés. Reportage avec l’équipe de la Direction départementale de la protection des populations du Val-de-Marne, qui avait jeté son dévolu sur Vitry-sur-Seine ce mercredi 20 novembre 2019.

Je vous laisse lire l’article en intégralité, qui vaut plus que le détour, mais quelques aspects, ci-après, dans ce reportage très bien fait, méritent attention,

Les restaurants français ne sont plus contrôlés que tous les 15 ans
« Nous sommes en opération de fin d’année. Cela ne veut pas dire que nous sommes plus, mais nous allons davantage sur le terrain. Nous rattraperons la partie administrative après les fêtes« , commente Jean-Marie Brunel qui chiffre la diminution des effectifs. « Quand j’ai commencé, il y a 20 ans, nous étions dans les 3600 en France. On doit être autour des 2200 maintenant. Et encore, ici, en Île-de-France, ça va encore… Dans certaines régions, c’est pire. » C’est ce que constate le magazine Que Choisir, dans son article du 20 octobre 2019. Entre 2005 et 2012, dans le cadre de la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) de 2007 et de la Modernisation de l’action publique (MAP) en 2012, le nombre de contrôleurs dépendants du Ministère de l’Agriculture a baissé de 11% et de 20% pour ceux de la répression des fraudes. Si les scandales alimentaires ne manquent pas, ce sous-effectif conduit à une baisse de 24% des contrôles entre 2011 et 2016. Concrètement, les restaurants ne sont ainsi plus contrôlés en moyenne que tous les quinze ans.

Je crois que tout est dit dans ce témoignage … et franchement, je ne vois pas en quoi l’Intelligence Artificielle peut venir au secours des inspecteurs en hygiène des aliments ...