samedi 10 avril 2021

Une nouvelle étude explique la résistance élevée de Mycobacterium tuberculosis aux antibiotiques et au système immunitaire

«Une nouvelle étude explique la résistance élevée de Mycobacterium tuberculosis aux antibiotiques et au système immunitaire», source communiqué de Skoltech.

Un consortium de chercheurs de Russie, Biélorussie, Japon, Allemagne et France dirigé par un scientifique de Skoltech a découvert la manière dont Mycobacterium tuberculosis survit dans des conditions de carence en fer en utilisant la rubrédoxine B, une protéine d'une famille des rubrédoxines qui joue un rôle important dans adaptation aux conditions environnementales changeantes. La nouvelle étude fait partie d'un effort visant à étudier le rôle des enzymes de M. tuberculosis dans le développement de la résistance au système immunitaire humain et aux antibiotiques. L'article a été publié dans la revue Bioorganic Chemistry.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, chaque année, 10 millions de personnes tombent malades de la tuberculose et environ 1,5 millions en décèdent, ce qui en fait le plus grand tueur infectieux au monde. La bactérie responsable de la tuberculose, Mycobacterium tuberculosis, est connue pour sa capacité à survivre dans les macrophages, des cellules du système immunitaire qui détruisent les bactéries dangereuses. La propagation continue de la résistance aux antibiotiques vis-à-vis de M. tuberculosis à des agents thérapeutiques largement utilisés au cours des dernières décennies est devenue un problème clinique important. À cet égard, l'identification de nouvelles cibles moléculaires de médicaments et le décryptage des mécanismes moléculaires de la résistance aux médicaments sont d'une importance capitale.

Natallia Strushkevich, professeure au Skoltech Center for Computational and Data-Intensive Science and Engineering (CDISE), et ses collègues ont étudié la structure cristalline et la fonction de la rubrédoxine B (RubB), une métalloprotéine qui assure le bon fonctionnement du cytochrome P450 (CYP), des protéines essentielles à la survie et à la pathogénicité bactériennes. L'équipe émet l'hypothèse que M. tuberculosis est passé d'un RubB plus efficace en fer pour survivre au jeune en fer lorsque des granulomes se forment (il s'agit en grande partie de tentatives infructueuses de défense contre la tuberculose par le système immunitaire).

«Au cours de la co-évolution à long terme avec les mammifères, M. tuberculosis a développé une variété de stratégies pour subvertir ou échapper à la réponse immunitaire innée de l'hôte, de la reconnaissance de la bactérie et des défenses phagosomales dans les macrophages infectés, aux réponses immunitaires adaptatives par les cellules présentatrices d'antigènes.»

«L'assimilation, le stockage et l'utilisation du fer sont essentiels pour la pathogenèse de M. tuberculosis et sont également impliqués dans l'émergence de souches multirésistantes et extrêmement résistantes aux antibiotiques. L'hème est la source de fer préférable pour M. tuberculosis et sert de cofacteur pour diverses enzymes métaboliques. Sur la base de nos découvertes, nous avons lié la rubredoxine B à l'hème monooxygénases important pour le métabolisme des oxystérols immuns de l'hôte et des médicaments antituberculeux. Nos résultats indiquent que M. tuberculosis a son propre système de transformation xénobiotique ressemblant au système de métabolisation des médicaments humains», explique Natallia Strushkevich.

Selon Natallia: De nouvelles cibles pour les efforts de conception de médicaments sont très demandées et les enzymes du cytochrome P450 sont devenues de nouvelles cibles pour le développement d'agents thérapeutiques contre la tuberculose. Les approches classiques pour bloquer ces enzymes ne sont pas simples. Trouver le partenaire redox alternatif, tel que la RubB, permet de mieux comprendre leur fonction dans différents micro-environnements hôtes. Ces connaissances pourraient être exploitées pour identifier de nouvelles façons de bloquer leur fonction chez M. tuberculosis.

Des recherches antérieures du consortium ont montré que l'un des CYP activés par RubB peut agir contre SQ109, un candidat-médicament prometteur contre la tuberculose multirésistante. Une autre étude s'est concentrée sur la façon dont Mycobacterium tuberculosis se protège en interceptant des molécules de signalisation immunitaires humaines, un obstacle qui limite la découverte de médicaments.

Popeye avec un soupçon d'œufs pourris

«Popeye avec un soupçon d'œufs pourris», source communiqué de l'Université de Vienne.

Un sulfosucre issu de légumes verts favorise la croissance d'importantes bactéries intestinales.

Une équipe internationale de scientifiques dirigée par les microbiologistes Alexander Loy de l'University of Vienna et David Schleheck de l'University of Konstanz a découvert de nouvelles capacités métaboliques des bactéries intestinales.

Pour la première fois, les chercheurs ont analysé la manière dont les microbes intestinaux traitent le sucre, le sulfoquinovose présent dans des légumes verts. Le sulfoquinovose est un dérivé d'acide sulfonique du glucose et se trouve dans tous les légumes verts tels que les épinards et la laitue. Leur étude a découvert que des bactéries spécialisées coopèrent dans l'utilisation du sulfosucre, produisant du sulfure d'hydrogène. Ce gaz, connu pour son odeur d'œuf pourri, a des effets disparates sur la santé humaine: à de faibles concentrations, il a un effet anti-inflammatoire, tandis que des quantités accrues de sulfure d'hydrogène dans l'intestin sont à leur tour associées à des maladies telles que le cancer. L'étude a été publiée dans The ISME Journal.

Régime alimentaire et microbiome intestinal

Avec la consommation d'un seul type de légume comme les épinards, des centaines de composants chimiques pénètrent dans notre tube digestif. Là, ils sont ensuite métabolisés par le microbiome intestinal, une collection unique de centaines d'espèces microbiennes. Le microbiome intestinal joue ainsi un rôle majeur dans la détermination des effets de la nutrition sur notre santé. «Jusqu'à présent, cependant, les capacités métaboliques de bon nombre de ces micro-organismes dans le microbiome sont encore inconnues. Cela signifie que nous ne savons pas de quelles substances ils se nourrissent et comment ils les transforment», explique Buck Hanson, auteur principal de l'étude et microbiologiste au Center for Microbiology and Environmental Systems Science (CMESS) de l'Université de Vienne. «En explorant pour la première fois le métabolisme microbien du sulfosucre, le sulfoquinovose, dans l'intestin, nous avons fait la lumière sur cette boîte noire», ajoute-t-il. L'étude génère ainsi des connaissances nécessaires pour cibler thérapeutiquement les interactions entre la nutrition et le microbiome dans le futur.

Sulfosucres de légumes verts et d'algues

Le sulfoquinovose est un dérivé d'acide sulfonique du glucose et se trouve en tant que bloc de construction chimique principalement dans les légumes verts tels que les épinards, la laitue et les algues. D'après des études antérieures menées par le groupe de recherche dirigé par le microbiologiste David Schleheck de l'Université de Constance, il était connu que d'autres micro-organismes peuvent en principe utiliser le sulfosucre comme nutriment. Dans leur étude actuelle, les chercheurs des universités de Constance et de Vienne ont utilisé des analyses d'échantillons de selles pour déterminer comment ces processus se déroulent spécifiquement dans l'intestin humain. «Nous avons maintenant pu montrer que, contrairement au glucose, par exemple, qui nourrit un grand nombre de micro-organismes dans l'intestin, le sulfoquinovose stimule la croissance de micro-organismes clés très spécifiques dans le microbiome intestinal», explique David Schleheck. Ces micro-organismes clés comprennent les bactéries de l'espèce Eubacterium rectale, qui est l'un des dix microbes intestinaux les plus courants chez les personnes en bonne santé. «La bactérie E. rectale fermente le sulfoquinovose via une voie métabolique que nous n'avons que récemment déchiffrée, produisant, entre autres, un composé soufré, le dihydroxypropane sulfonate ou DHPS en abrégé, qui à son tour sert de source d'énergie pour d'autres bactéries intestinales telles que Bilophila wadsworthia. Bilophila wadsworthia produit finalement du sulfure d'hydrogène à partir de DHPS via une voie métabolique qui n'a également été découverte que récemment», explique le microbiologiste.

Une question de dose: le sulfure d'hydrogène dans l'intestin

Le sulfure d'hydrogène est produit dans l'intestin par nos propres cellules corporelles ainsi que par des micro-organismes spécialisés et a une variété d'effets sur notre corps. «Ce gaz est un produit métabolique à deux faces», explique Alexander Loy, chef du groupe de recherche à l'Université de Vienne. «Selon les connaissances actuelles, il peut avoir un effet positif mais aussi négatif sur la santé intestinale.» Un facteur décisif, dit-il, est la dose: en faible quantité, le sulfure d'hydrogène peut avoir un effet anti-inflammatoire sur la muqueuse intestinale, entre autres. La production accrue de sulfure d'hydrogène par les microbes intestinaux, en revanche, est associée à des maladies inflammatoires chroniques et au cancer. Jusqu'à présent, principalement le sulfate et la taurine, qui se trouvent en quantités accrues dans l'intestin en raison d'une alimentation riche en viande ou en graisse, étaient connus pour être des sources de sulfure d'hydrogène pour les micro-organismes. La découverte que le sulfoquinovose provenant d'aliments verts tels que les épinards et les algues contribue également à la production de gaz dans l'intestin est donc une surprise.

«Nous avons montré que nous pouvons utiliser le sulfoquinovose pour favoriser la croissance de bactéries intestinales très spécifiques qui sont une composante importante de notre microbiome intestinal. Nous savons maintenant aussi que ces bactéries produisent à leur tour le sulfure d'hydrogène contradictoire», résume Loy. D'autres études menées par les scientifiques de Constance et de Vienne permettront maintenant de clarifier si et comment la prise de sulfosucre à base de légumes verts peut avoir un effet bénéfique pour la santé. «Il est également possible que le sulfoquinovose puisse être utilisé comme prébiotique», ajoute Schleheck. Les prébiotiques sont des ingrédients alimentaires ou des additifs métabolisés par des micro-organismes spécifiques et utilisés pour soutenir explicitement le microbiome intestinal.

Enterrer des slips pour déterminer la qualité du sol

Cette fois-ci, il ne s'agit pas d'agriculture à travers la biodynamie et ses éventuels gnomes il ne s'agit pas non plus de la fête du slip, mais d'un expérience citoyenne beaucoup plus sérieuse, «Enterrer des slips pour déterminer la qualité du sol», selon nos amis suisses d'ATS.

Un projet de science citoyenne insolite a été lancé mercredi par la station fédérale Agroscope et l'Université de Zurich.

«La preuve par le slip» vise à déterminer la qualité des sols à l'échelle nationale en enterrant des sous-vêtements pendant deux mois.»

Des slips en coton seront ainsi distribués aux personnes intéressées à participer à l'expérience, ont indiqué les responsables devant la presse à Zurich. Agriculteurs et jardiniers amateurs sont particulièrement ciblés.

L'objectif est de faire un relevé systématique de l'état de santé du sol. Il s'agit du plus grand projet de ce type en Suisse à ce jour, selon Agroscope. Les 1000 premiers inscrits recevront un paquet contenant deux slips en coton à enterrer avec six sachets de thé. Pour les autres personnes intéressées, des instructions seront mises à disposition, expliquant comment réaliser les tests par soi-même.

Le matériel doit être enterré dans le champ, la prairie ou le jardin. Au bout de deux mois, il faut le déterrer. Plus la décomposition est avancée, plus les organismes vivants dans le sol sont actifs et plus le sol est sain, c'est du moins l'hypothèse qu'il s'agit de vérifier dans le projet.

Sachets de thé

Les slips sont déjà utilisés depuis quelques années par les agriculteurs comme indicateur de la santé des sols. «Mais jusqu'à présent, personne n'a vérifié que cette méthode répondait aussi aux normes scientifiques», explique le directeur du projet, Marcel van der Heijden, écologue à Agroscope et à l'Université de Zurich.

Une comparaison sera effectuée avec la méthode des sachets de thé, ou «Tea Bag Index», bien établie dans la recherche sur les sols. On sait en effet combien de temps il faut à différents types de thé pour se décomposer. Les slips décomposés seront photographiés et évalués numériquement. Les bénévoles prélèveront également un échantillon de sol.

Une première expérience de ce type avait déjà été menée en 2019 à la station Agroscope à Zurich-Reckenholz dans le cadre de la «Journée de la vie souterraine». Elle avait montré que dans la plupart des cas, ne subsiste guère que l'élastique du slip.

Si le sol humide regorge de vers de terre, de cloportes, de bactéries, de champignons, d'acariens et d'autres micro-organismes, il est fort probable que le sous-vêtement soit dévoré après deux mois sous terre. Source Beweisstueck Unterhose.

Le Danemark enquête sur une épidémie à Salmonella. La Norvège élargit ses rappels

«Le Danemark enquête sur une épidémie à Salmonella. La Norvège élargit ses rappels», source article de Joe Whitworth paru le 9 avril 2021 dans Food Safety News.

Les autorités danoises enquêtent sur une épidémie à Salmonella qui a touché plus de 20 personnes, dont la moitié ont été admises à l'hôpital.

Depuis mi-novembre 2020, 23 personnes ont été enregistrées avec le même type de Salmonella Typhimurium dans le pays, selon le Statens Serum Institut (SSI).

Les malades vivent dans tout le Danemark et 13 femmes et 10 hommes sont touchés. Ils sont âgés de 2 à 92 ans. Douze personnes ont été hospitalisées. Neuf sont malades à Hovedstaden, six à Syddanmark, quatre à Sjælland tandis que Midtjylland et Nordjylland ont chacun deux patients.

Les entretiens avec les personnes atteintes ont montré qu'elles n'avaient pas voyagé avant d'être tombées malades, qu'elles ne se connaissaient pas et qu'elles n'avaient pas participé à des événements conjoints.

Les responsables ont déclaré que cela suggère que la source de l'infection est un type d'aliment vendu dans tout le pays. Le fait que des patients aient été signalés pendant quatre mois indique également qu'il s'agit d'un produit avec une longue durée de conservation.

La Norvège rapporte la présence de Salmonella dans de la viande d'Allemagne

Entre-temps, un certain nombre de produits de viande ont été retirés récemment en Norvège en raison des découvertes de la présence de Salmonella. Jusqu'à présent, tous les articles proviennaient de quelques lots de viande d'Allemagne.

Salmonella Enteritidis a été retrouvé dans un lot, ce qui a entraîné le rappel des produits fabriqués à partir de ce lot, y compris plusieurs types de viande hachée.

Au moins 22 personnes sont tombées malades dans le cadre de cette épidémie et 10 ont dû être hospitalisées. Les patients sont âgés de 11 à 91 ans et près des deux tiers sont des femmes.

NorgesGruppen a diffusé un rappel pour certains articles fournis par Norfersk. Tous avaient dépassé la DLC mais les autorités craignent que les consommateurs puissent les avoir chez eux dans leurs congélateurs. Le lot de viande bovine a été importé dans le pays par Prima Jæren. D'autres rappels relatifs à ce lot ont été effectués par Coop Norge SA et Unil AS.

Les analyses de recherche de Salmonella avant importation mi-janvier ont été négatifs, mais un échantillon soumis à un laboratoire accrédité est revenu positif. Prima Jæren a commencé à commercer avec l'abattoir impliqué il y a huit ans.

Cet incident concerne également l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et INFOSAN ainsi que le Danemark et la France, selon une notification d'alerte au RASFF.

Salmonella dans du porc

Salmonella Typhimurium a également été retrouvé dans un lot de porc en Norvège et est résistant à plusieurs types d'antibiotiques, selon des responsables.

Cette découverte a conduit au retrait d'un certain nombre de produits, mais à ce jour, aucun cas de maladie n'a été signalé. Nortura SA, Fana Kjøtt, Taga Foods AS et Grilstad ont tous publié des rappels car ils avaient utilisé des matières premières soupçonnées d'être contaminées.

Lorsque Salmonella est retrouvé dans la viande importée, les entreprises doivent prendre des mesures pour s'assurer que la bactérie soit détruite, par exemple en utilisant un traitement thermique, afin qu'elle puisse être vendue en toute sécurité au consommateur. Mattilsynet a ordonné le rappel de toutes les viandes des lots concernés qui n'avaient pas subi de traitement thermique.

La Norvège a également fait deux notifications (1 et 2) pour Salmonella Typhimurium monophasique dans la viande de porc réfrigérée en provenance d'Allemagne, une autre notification pour Salmonella Derby dans les côtés de porc réfrigérés du même pays depuis les autres alertes et enfin une quatrième notification pour du porc réfrigéré d'Allemagne.

NB : Tous les liens sont de mon fait-aa.

vendredi 9 avril 2021

Bien cuire les champignons shiitaké avant de les consommer

Communiqué de l’Anses et de la DGCCRF du 9 avril 2021 à propos de l'Intoxication par champignons Shiitaké. Il est mportant de bien les cuire avant de les consommer.

Originaire d’Asie, le champignon Shiitaké est le champignon le plus consommé au monde après le champignon de Paris. Arrivé sur le marché européen depuis plusieurs années, il est désormais cultivé et produit en France. Lorsqu’il est consommé cru ou insuffisamment cuit, le Shiitaké peut entraîner une dermatite toxique «en flagelle» sur tout le corps, provoquant de fortes démangeaisons.

La consommation crue ou peu cuite de champignons shiitaké peut provoquer de fortes démangeaisons pendant plusieurs semaines

Ce champignon est commercialisé sous différentes appellations : Lentin du chêne (Lentinula edodes), ou plus communément appelé Lentin comestible, shiitaké voire aussi champignon parfumé. Il peut être aussi commercialisé en mélange avec des champignons noirs.
Traditionnellement consommé cuit, la consommation crue de shiitake s’est développée depuis plusieurs années. Or, la consommation de champignons crus ou insuffisamment cuits, provoque une forme d’intoxication cutanée très spécifique : la dermatite toxique «en flagelle». Elle couvre l’ensemble du corps et du visage et entraîne de fortes démangeaisons pouvant durer jusqu’à trois semaines. Les symptômes apparaissent dans les heures ou les jours suivant la consommation et peuvent se réactiver en cas de nouvelle ingestion. La quantité de champignon ingérée jouerait également un rôle dans son apparition et sa persistance.
Le lentin, substance présente dans le champignon qui est détruite par la cuisson, est la cause de cette maladie.

Mise à jour du 13 avril 2021. On lira dans Vigil'Anses n°13, Intoxication par des champignons shiitake. Quoi de neufdepuis la levée de l’obligation d’information en 2017 ?

Présence de pesticides dans les aliments, selon les derniers chiffres publiés

L'EFSA communique le 7 avril 2021 sur la «Présence de pesticides dans les aliments: derniers chiffres publiés»

Le dernier rapport sur les résidus de pesticides présents dans les aliments au sein de l’Union européenne est à présent disponible. Celui-ci brosse un tableau des niveaux de résidus que l’on trouve dans un panier de produits de grande consommation dans l’UE.

Au total, 96 302 échantillons ont été analysés en 2019, dont 96,1% se situaient dans les limites légales autorisées. En ce qui concerne le sous-ensemble de 12 579 échantillons analysés dans le cadre du programme de contrôle coordonné par l’UE (EUCP), 98 % se situaient dans les limites légales.

Le programme EUCP a analysé des échantillons ayant fait l’objet d’une collecte aléatoire sur 12 produits alimentaires: pommes, choux pommés, laitues, pêches, épinards, fraises, tomates, grains d’avoine, grains d’orge, vin (rouge et blanc), lait de vache et graisse de porc. Parmi les échantillons analysés:

  • 6 674, soit 53 %, se sont révélés exempts de résidus quantifiables;
  • 5 664, soit 45%, contenaient un ou plusieurs résidus dans des concentrations inférieures ou égales aux limites autorisées;
  • 241, soit 2%, contenaient des résidus dans des concentrations dépassant les limites maximales autorisées, dont 1% ont donné lieu à des actions en justice.

Pour mémoire, en 2018,

Plus de 96% des échantillons analysés pour le dernier rapport annuel sur les résidus de pesticides dans les aliments se situent dans les limites légales et environ 51% sont exempts de tout résidu quantifiable.

Et en 2015,

Plus de 97 % des échantillons alimentaires évalués par l’EFSA contiennent des concentrations de résidus de pesticides qui se situent dans les limites légales autorisées, dont presque 55 % sans aucune trace détectable de ces produits chimiques.

Le dernier rapport indique:

Le programme coordonné couvre un panier similaire de produits sur une rotation de trois ans, ce qui signifie que des tendances à la hausse ou à la baisse peuvent être identifiées pour des produits spécifiques. Ainsi, par rapport à 2016, le taux de dépassement a diminué pour les pêches (passant de 1,9% à 1,5%), les laitues (de 2,4% à 1,8%), les pommes (de 2,7% à 2,1%) et les tomates (de 2,6% à 1,7%).

Les dépassements ont augmenté pour les fraises (passant de 1,8% à 3,3%), les choux pommés (de 1,1% à 1,9%), les raisins de cuve (de 0,4% à 0,9%) et la graisse de porc (de 0,1% à 0,3%). Comme en 2016, aucun dépassement n’a été constaté pour le lait de vache.

Les résultats du programme coordonné sont disponibles sur le site web de l’EFSA sous la forme de diagrammes et de graphiques explorables, rendant ainsi les données plus facilement accessibles à des non-spécialistes.

Outre les données harmonisées et comparables recueillies dans le cadre du programme coordonné, le rapport annuel de l’EFSA comprend également des données recueillies dans le cadre des activités de contrôle menées au niveau national par les différents États membres de l’UE, la Norvège et l’Islande.

Les programmes de contrôle nationaux sont basés sur les risques et ciblent des produits susceptibles de contenir des résidus de pesticides ou des produits pour lesquels des infractions légales ont été identifiées au cours des années précédentes. Ces programmes fournissent des informations importantes aux gestionnaires des risques mais, à la différence des données du programme EUCP, ils ne livrent pas une image statistiquement représentative des niveaux de résidus que l’on pourrait s’attendre à trouver dans les aliments présents en magasin à travers l’Europe.

Dans le cadre de son analyse des résultats, l’EFSA a également réalisé une évaluation des risques alimentaires. Cette évaluation suggère que les produits alimentaires analysés en 2019 ne sont pas susceptibles de constituer un problème pour la santé des consommateurs. Toutefois, un certain nombre de recommandations sont formulées afin d’accroître l’efficacité des systèmes de contrôle européens et de continuer ainsi de garantir un niveau élevé de protection des consommateurs.

Aliments biologiques

Sur 6 048 échantillons d'aliments biologiques analysés, 5 254 échantillons ne contenaient pas de résidus quantifiables (86,9% des échantillons analysés contre 84,8% en 2018); 718 échantillons contenaient des résidus quantifiés mais inférieurs ou au niveau de la LMR (11,8% contre 13,8% en 2018) et 76 échantillons ont été signalés avec des niveaux de résidus supérieurs à leurs LMR correspondantes (1,3% contre 1,4% en 2018), dont 0,5% ( 31 échantillons) étaient non conformes en 2019, soit le même taux qu'en 2018. Par rapport aux aliments produits de manière conventionnelle (ou non biologiques), les niveaux de dépassement des LMR et les échantillons contenant des résidus quantifiés ont tendance à être généralement plus faibles dans les aliments biologiques. Cependant, en ce qui concerne les produits animaux, en 2019, cette tendance a changé, entraînant une incidence plus élevée d'échantillons contenant des résidus mesurables (principalement dus à l'hexachlorobenzène, au DDT, au thiaclopride et au cuivre) dans les échantillons biologiques (15%) que dans les échantillons de production conventionnelle ( 6%).

Tissu enduit de cire d'abeille: à quoi faut-il faire attention?

«Tissu enduit de cire d'abeille: à quoi faut-il faire attention?», FAQ du BfR du 6 avril 2021.

Lorsque les aliments sont mis dans du tissu enduit de cire d'abeille, la pression chaude des mains sur la cire crée un type d'emballage solide. Des substances peuvent alors passer involontairement de cet emballage à l'aliment emballé.
Les emballages en cire d'abeille sont disponibles sur le marché depuis un certain temps comme alternative au papier d'aluminium ou au film plastique. Par exemple, des paniers-repas ou des aliments conservés dans le réfrigérateur peuvent y être emballés ou recouverts de celui-ci. Lorsque la nourriture est recouverte de tissu enduit de cire d'abeille, la pression chaude des mains sur la cire crée un type d'emballage solide. Des substances peuvent alors passer involontairement de cet emballage à l'aliment emballé.

Quelques exemples trouvés ici et là,

Le Bee Wrap est un emballage alimentaire réutilisable et écologique fait à base de cire d’abeille. Il remplace parfaitement le film alimentaire plastique à usage unique dans votre cuisine. Il est réutilisable plus de 100 fois, soit environ un an d’utilisation.

Un an, sans le nettoyer ? 

Là, on vous indique «Comment faire son emballage réutilisable à la cire d’abeille?» On peut faire soi-même son emballage réutilisable à la cire d’abeille, au four ou au fer à repasser. Pour un pic nic sain, écologique et zéro déchet.

De quoi sont faits les tissus enduits de cire d'abeille?

Les constituants habituels des tissus de cire d'abeille sont le tissu, de la cire d'abeille, de l'huile et éventuellement de la résine. Les substances de ces constituants peuvent être transférées par inadvertance dans l'aliment emballé avec le tissu.

Que faut-il prendre en compte lors de la fabrication de tissus enduits de cire d'abeille?

Les tissus utilisés doivent être des textiles adaptés au contact alimentaire. Sinon, dans le cas de textiles teints, tels ceux de rideaux ou autres restes de tissu, les constituants des colorants pourraient transferer vers les aliments, par exemple, certains sont classés comme cancérigènes, et ici serait critiques. Il convient également de veiller à ce que la cire d'abeille utilisée réponde aux exigences en tant qu'additif alimentaire, car la cire d'abeille peut autrement être contaminée par des constituants d'huile minérale ou des pesticides. Ces derniers peuvent être ingérés par les abeilles lors de la collecte du nectar si les plantes sont traitées avec des produits phytopharmaceutiques.

Les tissus enduits de cire d'abeille conviennent-ils pour emballer tous les aliments?

Les textiles utilisés sont généralement enduits de cire d'abeille pour imprégner les tissus. Cependant, les tissus enduits de cire d'abeille ne doivent pas entrer en contact avec des aliments gras tels que des pâtisseries, des gâteaux ou de la charcutérie et du fromage, car cela peut entraîner le transfert d'éléments de cire dans les aliments. Cependant, ils conviennent pour une utilisation avec des fruits et légumes.

Pourquoi les tissus enduits de cire d'abeille ne devraient-ils pas contenir de l'huile de jojoba?

L'huile de jojoba est souvent utilisée comme constituant de l'huile dans les tissus enduits de cire d'abeille. Ceci est utilisé pour augmenter la douceur du tissu et il est censé garantir que la cire d'abeille ne devienne pas cassante et se décolle du tissu. Le BfR déconseille son utilisation car le transfert d'huile de jojoba de tissus de cire d'abeille sont très probables lorsqu'ils entrent en contact avec des aliments gras. Dans les expériences chez l'animal, l'huile de jojoba a démontré des effets toxiques sur les cellules intestinales.

Les germes s'accumulent-ils dans les tissus enduits de cire d'abeille?

Les tissus enduits de cire d'abeille ne peuvent pas être nettoyés à des températures élevées car le matériau enduit va fondre. Cela signifie que les tissus enduits de cire d'abeille ne peuvent pas être nettoyés de manière hygiénique. Pour cette raison, ces tissus ne doivent surtout pas entrer en contact avec des aliments crus d'origine animale car les germes peuvent être transférés à d’autres denrées alimentaires s’ils sont réutilisés. Les aliments à base de végétaux peuvent également être contaminés par des agents infectieux, quoique moins fréquemment. Par conséquent, bien que cela ne puisse être complètement exclu, le risque de transmission est plus faible avec les aliments à base de végétaux.

Mise à jour du 27 avril 2021. On lira aussi l'article du site Sécurité alimentaire du Luxembourg sur «Emballage à la cire d'abeille»,

Pour soutenir une consommation durable, l'utilisation des emballages alimentaires à la cire d'abeille (ou bee-wraps) est actuellement promue comme alternative au films alimentaires en plastique et papier aluminium.

Ces emballages à la cire d’abeille sont des tissus imprégnés de cire d’abeille, d’huiles et/ou éventuellement de résine. Ce sont des composants qui peuvent migrer du chiffon dans les aliments et il est donc important de bien suivre les recommandations.

Recommandations concernant les emballages à la cire d'abeille:
  • Uniquement à utiliser pour l’emballage de fruits et légumes
  • Ne pas utiliser avec des aliments gras comme fromage, charcuterie ou gâteaux etc.
  • Ne pas utiliser avec des aliments crus d’origine animale (viande, poisson etc.)
  • Ne pas acheter des emballages à la cire d'abeille contenant de l’huile de jojoba. 
Des explications sont fournies ...

jeudi 8 avril 2021

Il y a des taux toujours élevés de bactéries résistantes aux antibiotiques responsables d’infections d’origine alimentaire, selon l"EFSA

Dans une actualité du 7 avril 2021, l'Anses traite de la résistance aux antibiotiques.

L'antibiorésistance est une problématique majeure en termes de santé humaine et animale au niveau international. En effet, l'émergence et la diffusion croissante de souches de bactéries résistantes aux antibiotiques remettent en question l’efficacité de ces traitements tant chez l’Homme que chez l’animal. Préserver l’efficacité des antibiotiques constitue donc un réel défi de santé publique qui nécessite une approche intégrée de toutes les médecines selon le concept One Health, une seule santé humaine et animale.

L’Anses est fortement mobilisée sur le sujet de la résistance aux antibiotiques. De par l’ensemble de ses activités de recherche, de référence, de surveillance et d’évaluation des risques, l’Agence contribue à une meilleure connaissance des risques liés à l’antibiorésistance en lien avec l’élevage, l’alimentation, l’environnement et donc les risques pour la santé humaine.

A propos de surveiller et étudier la présence de résistances bactériennes chez l’animal, il est indiqué :

L’Anses est Laboratoire national de référence sur la résistance antimicrobienne. A ce titre elle surveille la résistance des bactéries de la chaine alimentaire dans le cadre de plans de surveillance harmonisés au niveau européen. Elle met en particulier en œuvre les plans de surveillance annuels, pilotés par le ministère de l'Agriculture et de l'alimentation et permettant de suivre l’évolution de la situation au niveau national et européen. Ils permettent la récolte à l’abattoir de bactéries dites «sentinelles» ou celles responsables d’infections. L’échantillonnage est aléatoire et réparti tout au long de l’année sur l’ensemble du territoire national. Chaque année, les résultats sont publiés au niveau français par la DGAL et au niveau européen par l'EFSA.

Précisément, l'EFSA rapporte le 8 avril 2021, «Résistance des bactéries responsables d’infections d’origine alimentaire: des taux toujours élevés».

Selon un rapport publié par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), à l’instar des années précédentes, une proportion non négligeable des bactéries Salmonella et Campylobacter est toujours résistante aux antibiotiques communément utilisés chez l’être humain et l’animal.

Chez l’être humain, des proportions élevées de résistance à la ciprofloxacine, un antibiotique communément utilisé pour traiter plusieurs types d’infections, ont été signalées dans un type de Salmonella spécifique connu sous le nom de S. Kentucky (82,1%). Ces dernières années, un nombre croissant de cas de S. Enteriditis résistante à l’acide nalidixique et/ou à la ciprofloxacine a été signalé dans plusieurs pays. L’augmentation de la résistance aux fluoroquinolones et/ou aux quinolones dans ces types de Salmonella reflète probablement la propagation de souches particulièrement résistantes.

S’agissant de Campylobacter, la résistance à la ciprofloxacine est désormais tellement courante dans la plupart des pays que cet antimicrobien est utilisé de façon limitée pour le traitement des infections par Campylobacter chez l’être humain.

Toutefois, le rapport présente également quelques conclusions positives. Au cours de la période 2015-2019, une baisse de la résistance à l’ampicilline et aux tétracyclines a été observée dans des isolats de Salmonella provenant d’êtres humains dans huit et 11 États membres respectivement.

Une tendance à la baisse a également été observée dans la prévalence de E. coli produisant des bêta-lactamases à spectre étendu (BLSE) dans des échantillons provenant d’animaux producteurs d’aliments de 13 États membres entre 2015 et 2019. Ce résultat est important dans la mesure où des souches spécifiques de E. coli produisant des BLSE sont responsables d’infections graves chez l’être humain.

La résistance combinée à deux antimicrobiens d’importance critique – les fluoroquinolones et les céphalosporines de troisième génération pour Salmonella et les fluoroquinolones et les macrolides pour Campylobacter – demeure faible. Ces antimicrobiens d’importance critique sont fréquemment utilisés pour traiter des infections graves provoquées par Salmonella et Campylobacter chez l’être humain.

Le taux de bactéries E. coli présentes dans des échantillons issus d’animaux producteurs d’aliments répondant à tous les antimicrobiens testés a également augmenté, fait observé dans neuf États membres entre 2014 et 2019.

NB : Vous pouvez explorez les données sur la résistance aux antimicrobiens en Europe, ici. Malheureusement, je ne suis pas allé plus avant car c'est écrit en écriture inclusive qui me paraît contraire à la culture française.

Aperçu du bilan 2020 du RASFF de l'UE

«Alertes alimentaires en Europe: des poulets polonais aux graines de sésame indiennes», Balcani Caucaso du 16 mars 2021.

En 2020, plus de la moitié des alertes émises par le RASFF de l'UE concernaient des produits provenant de pays tiers. Si ces pays ne sont pas en mesure d'adapter leurs chaînes de production aux réglementations de l'UE en matière de sécurité des aliments au cours des prochaines années, les risques pour les citoyens européens continueront de croître.

En 2020, les pays européens participant au système d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF) ont indiqué un total de 3 773 aliments non conformes à la réglementation européenne en matière de sécurité des aliments. Le RASFF a été créé en 2002, à la suite de la crise de la vache folle, afin de fournir aux autorités de contrôle des denrées alimentaires et des aliments pour animaux un outil efficace d'échange d'informations. Cet échange constant aide les pays européens à coordonner rapidement une réponse aux menaces pour la santé des citoyens. (...)

Le nombre de notifications émises en 2020 a légèrement diminué par rapport à 2019, date à laquelle un record de 4118 notifications a été atteint. En général, depuis 2005 (l'année qui a suivi l'adhésion des pays d'Europe orientale à l'UE et donc au RASFF), le nombre de notifications annuelles a toujours eu tendance à osciller entre 3 000 et 4 000. Effet lié à la pandémie de COVID-19 ? (-aa)

En compilant les données disponibles sur le portail RASFF, nous avons réalisé un graphique des pays d'origine de tous les produits notifiés par le RASFF en 2020, presque tous destinés au marché européen, ou dont la destination est inconnue (parfois parce que le produit n'est pas encore sur le marché, ou parce qu'il est vendu en ligne).

Produits alimentaires notifiés en 2020

En 2019, la valeur totale des produits destinés à l'alimentation humaine et animale échangés entre les 28 États membres de l'UE s'élevait à plus de 336 milliards d'euros, soit exactement trois fois la valeur de ceux importés de l'étranger (112 milliards d'euros). Cependant, moins de la moitié des produits notifiés proviennent des pays de l'UE. La base de données du RASFF rapporte non seulement les notifications pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux importés ou exportés, mais également celles destinées au marché intérieur du même pays d'origine: cela diminue encore le poids relatif des produits européens notifiés.

La Pologne, avec 376 notifications, est le pays européen à partir duquel le plus grand nombre de produits ont été notifiés par le RASFF en 2020. Pas moins de 276 de ces notifications concernent les volailles et des produits de volaille (la Pologne est le plus grand producteur de volailles de l'Union européenne), rapportées dans la grande majorité des cas dus à la détection des bactéries Salmonella et Listeria monocytogenes. Au cours du premier semestre 2020, plusieurs pays européens qui ont importé des volailles de Pologne ont signalé un certain nombre d'accouchements infectés par Salmonella qui auraient pu causer des décès et créer un scandale.

Plus de 100 rapports derrière la Pologne sont dus à la France, avec 234 rapports (239 selon le RASFF en 2020 versus 194 en 2019 -aa), suivie des Pays-Bas avec 214 et de l'Allemagne avec 188. Cependant, ces pays ne précisent aucune catégorie comme étant particulièrement problématique, bien que la France enregistre un nombre important de notifications (52) en la catégorie «mollusques bivalves et produits dérivés» (classée dans le graphique comme «autres»). Cela est principalement dû aux exportations d'huîtres contaminées par des agents pathogènes tels que le norovirus.

Produits alimentaires non européens notifiés en 2020

S'agissant des pays non européens exportant des produits alimentaires vers les pays du RASFF, ceux qui ont enregistré le plus grand nombre de notifications sont l'Inde (456), la Turquie (383), la Chine (213), les États-Unis (161) et le Brésil (102). Chaque pays montre des catégories particulières de criticité.

Dans le cas de l'Inde, plus de 70 pour cent des notifications concernent l'exportation de fruits à coque, de produits de fruits à coque et des graines. Il s'agit pour la plupart de lots de graines de sésame contaminés par de l'oxyde d'éthylène, une substance cancérigène et mutagène contenue dans certains pesticides et interdite par la réglementation européenne. L'alarme a été donnée en septembre 2020 (9 septembre 2020 -aa) par la Belgique, mais des produits étaient toujours en cours de rappel en février 2021: (en avril aussi -aa) : dans certains lots de graines de sésame qui sont également utilisés dans la production d'autres aliments, les concentrations de dioxyde d'éthylène étaient supérieures à mille fois le montant résiduel maximal autorisé par l'Union européenne.

La grande majorité des produits turcs notifiés sont classés dans la catégorie «fruits et légumes» (275 sur 383 au total noifications). Bon nombre des produits notifiés étaient contaminés par des quantités supérieures à la normale de substances interdites contenues dans des pesticides (comme le prochloraz, le chlorpyrifos et autres). Un autre agent toxique détecté moins fréquemment, mais dans tous les cas de manière cohérente, sont les aflatoxines - des toxines hautement toxiques et cancérigènes produites par certaines espèces fongiques, qui dans certains cas peuvent contaminer les fruits et légumes, mais aussi les fruits à coques (comme les pistaches -aa).

Les produits notifiés en provenance de Chine, des États-Unis et du Brésil sont plus variés. De nombreux rapports dans le cas de la Chine concernent des agents toxiques migrant des matériaux en contact avec les aliments vers les aliments eux-mêmes.

Dans le cas des produits américains, les aflatoxines sont l'un des agents toxiques les plus fréquemment détectés dans les produits de fruits à coque. Plusieurs types de substances dangereuses se retrouvent également dans les aliments diététiques, les compléments alimentaires et les aliments enrichis originaires des États-Unis. Enfin, près de 60 pour cent du total des notifications sur les produits brésiliens concernent la présence de Salmonella dans un certain nombre de lots de poivre noir.

La relation entre les importations et les notifications

Comme nous l'avons vu, en 2020, les notifications au RASFF pour les produits en provenance de pays tiers représentaient plus de la moitié du total, tandis que les volumes d'importation étaient bien inférieurs au commerce intérieur de l'UE. En comparant les données sur les pays qui ont reçu le plus de notifications et les données sur les importations, nous pouvons avoir une idée des pays qui posent le plus de problèmes.

Entre 2017 et 2019, les pays qui ont exporté les plus grandes quantités de denrées alimentaires et d'aliments pour animaux vers l'Union européenne étaient le Brésil, les États-Unis, la Norvège, la Chine, l'Argentine, la Turquie et la Suisse. Au cours des trois années, le Brésil était en tête du classement, avec un volume d'importation annuel moyen de près de 9 milliards d'euros. En 2020, cependant, le Brésil n'a eu «que» 102 notifications (dont plus de la moitié concernaient le même produit), même si près d'un tiers du total des 9 milliards consiste en des importations d'aliments pour animaux, catégorie généralement moins affectée par les notifications du RASFF.

Ainsi, il semble que le Brésil, au moins en 2020, a pu se conformer aux réglementations européennes en matière de sécurité des aliments avec un succès relatif. On peut en dire autant des États-Unis qui, avec un volume d'exportation d'environ 8 milliards par an (l'alimentation animale jouant un rôle marginal), ont eu 213 notifications en 2020. En revanche, les données pour l'Inde et la Turquie sont clairement inquiétantes. Ces pays occupent les deux premières places dans la liste des notifications au RASFF, et leurs volumes d'importation respectifs ne justifient pas un nombre aussi élevé de notifications.

L'Inde oscille entre la dixième et la quatorzième position dans la liste des partenaires commerciaux de l'Union européenne, mais a eu en 2020, 456 notifications: plus de deux fois plus que la Chine et presque trois fois plus que les États-Unis. Ce chiffre est en partie dû au grand nombre d'alertes liées aux graines de sésame contaminées au dioxyde d'éthylène.

Il est évident - et en partie compréhensible - que les pays non européens ont plus de difficultés à respecter les réglementations européennes en matière de sécurité des aliments. Cela est démontré par le fait que des pays comme la Suisse et la Norvège, deux des plus importants partenaires commerciaux de l'Union européenne, ont eu un très faible nombre de notifications. Il y a bien sûr de nombreux facteurs expliquant cet écart, mais l'un des plus évidents est le fait que dans de nombreuses régions du monde, ils continuent à utiliser des pesticides et des engrais interdits dans l'Union européenne.

Une analyse qualitative des agents pathogènes et des agents toxiques signalés par le portail du RASFF montre que les aliments déclarés commercialisés au sein de l'Union européenne sont principalement contaminés par des virus, des bactéries, des champignons ou des parasites, tandis que les aliments notifiés provenant de pays tiers contiennent également un nombre considérable de substances toxiques artificielles. Il est donc probable que tant que les chaînes alimentaires étrangères ne s'adapteront pas avec succès aux normes européennes de sécurité des aliments, ces pays continueront à dominer le classement des notifications RASFF.

NB : Cet article est publié en collaboration avec le réseau européen de données pour les journalistes (European Data Journalism Network) et il est publié sous une licence CC BY-SA 4.0.

Mie à jour du 9 avril 2021. La Pologne a fait beaucoup mieux récemment dans le cadre d'une alerte au RASFF à propos de la présence de Salmonella dans des produits de volailles. Les autorités bulgares détruisent près de 10 tonnes de cuisses de poulet congelées à cause de Salmonella Enteritidis