Il doit y avoir une incitation pour que les données sur la sécurité
des aliments soient partagées entre les secteurs public et privé,
selon les intervenants du Forum de Vienne sur la sécurité des
aliments.
L'événement, organisé par l'UNIDO (Organisation des Nations unies
pour le développement industriel), the Department of Agriculture,
Water and the Environment of Australia and the Standards and Trade
Development Facility (STDF), a également soulevé des inquiétudes
concernant la propriété, la confidentialité et la qualité des
données, ainsi que la confiance entre les parties prenantes.
Donald A. Prater, commissaire associé à la sécurité des aliments
importés à la Food and Drug Administration des États-Unis, a dit
que l'agence parlait quotidiennement de données et d'informations.
«De plus en plus, nous utilisons des outils d'analyse prédictive,
l'intelligence artificielle et l'apprentissage automatique pour
piloter notre allocation de ressources basée sur les risques. Ainsi,
dans ces activités de surveillance telles que les inspections et les
prélèvements, nous voulons utiliser des données et des
informations pour nous guider. Nous avons des ressources limitées,
nous ne pouvons pas être partout tout le temps, nous cherchons donc
à mener des activités réglementaires qui ont le plus d'impact sur
la santé publique. Nous voulons aller là où il y a un risque
accru», a-t-il dit.
Valeur des données fournies
Les services réglementaires sont assis sur une montagne de données,
mais l'industrie en a également beaucoup et il existe d'autres
sources, a dit Prater.
«La qualité des données est un gros problème. L'un des défis du
partage de données et d'informations est d'assurer la
confidentialité et de créer cet environnement où la peur d'une
action punitive est minimisée, ce qui nous aidera à nous améliorer
ensemble. Nous envisageons des plates-formes de partage de données,
en tirant parti d'audits tierce partie fiables et de partenariats
avec des services réglementaires internationaux chargés de la
réglementation de la sécurité des aliments. La façon dont nous
obtenons des données et les partageons est un défi. Nous examinons
des techniques telles que l'agrégation, la désidentification et
l'anonymisation pour fournir des niveaux de confidentialité tout en
surveillant les tendances et les résultats de santé publique»,
a-t-il dit.
Julie Pierce, directrice de l'ouverture, des données et du numérique
à la Food Standards Agency, a dit que beaucoup avait été appris
grâce à des années d'expérience au Royaume-Uni.
«Désormais, nous avons un état d'esprit différent. Il s'agit bien
plus d'avoir la bonne information disponible au bon moment pour
prendre une décision. Il s'agit de prédire l'avenir, nous ne
voulons pas regarder en arrière ce qui s'est passé. Nous avons
appris l'importance de la gouvernance des données, des propriétaires
de données, de ceux qui ont besoin d'utiliser ou d'accéder aux
données et de comprendre ces rôles. Nous devons améliorer la
précision des données, il y en a beaucoup, certaines sont bonnes et
d'autres non. Là où ce n'est pas bon, nous pouvons les améliorer.
L'actualité des données et leur accès aussi près que possible du
temps réel sont importants. Nous devons nous améliorer pour
surmonter certains des problèmes de confiance», a-t-elle dit.
«Dans les discussions avec les entreprises, nous constatons que la
standardisation, la cohérence et la connaissance de ce qui est
requis sont précieuses. C'est l'un des rôles que nous pouvons jouer
pour permettre aux entreprises de partager plus facilement des
données avec nous-mêmes et avec les autres. Nous devons essayer de
démontrer où se situe la valeur en aval si quelqu'un investit dans
cette donnée. Il faut montrer la valeur qui peut être repoussée en
amont. Donc, je fournis ces données et récupère une certaine
valeur soit pour m'assurer que mon prochain cycle de production est
plus sûr, soit pour améliorer les rendements ou obtenir un meilleur
prix. Les données doivent être un atout plutôt qu'un simple
surcoût, les services réglementaire exigeant des données pour un
certificat.»
Confiance dans les tierce parties
Friedrich Sövegjarto, de l'Agence autrichienne pour la santé et la
sécurité des aliments (AGES), a demandé qu'étant donné le niveau
élevé de sécurité des aliments en Europe, des données provenant
de sources privées sont-elles nécessaires ?
«D'un autre côté, nous avons des ressources réduites et de
nouveaux défis comme la durabilité et le problème de la fraude
alimentaire. Le système de l'UE signifie l'inclusion de données
d'autocontrôle et nos évaluateurs de risques s'interrogent sur la
possibilité d'obtenir ces données privées pour faire une meilleure
évaluation des risques. Ils ne disposent que de données issues de
contrôles officiels. Nous venons tout juste de commencer ces
discussions, mais nous sommes confrontés à certains défis. Le
principal est la confidentialité et aussi la confiance dans les
données », a-t-il dit.
«En Autriche, l'autorité de sécurité des aliments obtient des
données de l'industrie alimentaire et il n'y a pas de système
d'assurance privé entre les deux. Chaque fois que nous avons une
épidémie ou une crise alimentaire, le secteur alimentaire est
responsable, mais le deuxième responsable est l'autorité. Si les
données sont extraites de systèmes privés, comment pouvons-nous
nous assurer que nous ne perdons pas notre indépendance ?»
Le travail numérique à Dubaï
Bobby Krishna, du département de la sécurité des aliments de Dubaï
aux Émirats Arabes Unis, a expliqué comment la région avait
utilisé la numérisation ces dernières années.
«La plupart des services réglementaires utilisent les données des
notifications, de la surveillance et des inspections des maladies
d'origine alimentaire, mais ces ensembles de données sont en retard
car vous obtenez les informations après qu'un problème se soit
produit. Si vous voulez être préventif, vous avez besoin de données
qui vous indiquent que quelque chose va mal se passer», a-t-il
déclaré.
«Les coûts de mise en conformité peuvent être supportables si
cela permet aux entreprises d'exporter leur nourriture ailleurs ou de
montrer des preuves afin d’obtenir plus d'affaires, mais cette
valeur n'est pas là pour la numérisation. Tout ce qui figure sur un
enregistrement est une source de données, à condition qu'il soit au
format numérique et non piégé sur papier. C'est tout ce qui peut
être converti en un outil décisionnel ou prédictif utilisable.
Nima Bahramalian, experte en développement industriel à l'UNIDO, a
dité qu'il est essentiel de se demander ce qui motive la décision
d'une entreprise alimentaire d'enregistrer, d'auto-déclarer et de
partager des données.
«Une théorie concerne les
avantages et les coûts perçus de la participation à des programmes
ou de l'adoption d'une nouvelle pratique. Que cela apporte des
avantages commerciaux supplémentaires n'est pas toujours visible.
Dans les contextes en développement, le retour sur investissement
n'est pas immédiat dans de nombreux cas. Le partage des données
entraînerait-il une réduction des contrôles et des coûts pour
obtenir des assurances et une certification ? Deuxièmement, il y a
la facilité perçue d'utiliser la technologie. La numérisation peut
faciliter l'accès aux supports de formation et à la certification,
mais il est important que l'assistance technique crée un
environnement qui facilite l'utilisation des technologies.»