vendredi 9 décembre 2022

Sécurité des aliments : Le département du Val d'Oise, champion incontesté des contrôles en hygiène en 2022 : Bravo M. Le Préfet !

Visiblement il n’y a qu’un seul département, le Val d’Oise, qui réalise des contrôles d’hygiène en France, voici le sixième article du blog sur ce département, «Viande avariée, pas de traçabilité... dans le Val-d'Oise la police multiplie les contrôles chez les commerçants», source France3 du 9 décembre 2022.

Kebab, restaurants ou supermarchés. Dans le Val-d'Oise, les autorités amplifient les actions coups de poing alliant contrôles sanitaires et lutte contre le travail dissimulé

«On va ficher là, c'est pas bon.» A peine entrés avec leur escorte policière dans un kebab douteux à la sortie de la gare d'Arnouville (Val-d'Oise), les agents du contrôle d'hygiène comprennent qu'ils ont du pain sur la planche.

Il est bientôt midi, avant le coup de feu du déjeuner. Une blouse jetable enfilée par-dessus leur manteau, trois inspecteurs de la Direction départementale de protection des populations (DDPP) ouvrent les réfrigérateurs, sortent le seau de sauce blanche et plongent un thermomètre dans les préparations de viande en devanture.

De la viande conservée dans des sacs plastique
Au lieu des 4°C imposés par la règlementation alimentaire, le poulet au curry végète sur le meuble froid à 7,6°C, la brochette de poulet à 8,3°C, la brochette d'agneau à 9°C. «Pas mal, hein», commentent-ils.

Aucune traçabilité n'est indiquée sur les produits, la température des aliments n'est jamais vérifiée. De la viande hachée est conservée dans un sac plastique de supermarché. Des couteaux à enduire d'ouvriers du bâtiment font office de racloir à viande.

Sous les protestations impuissantes d'un des associés du restaurant, qui déboule furieux, plusieurs kilos de viande partent à la poubelle. Pendant que la broche de kebab tourne dans le vide et que les frites prennent froid, les policiers rassemblent les quatre employés turcs présents. Un seul est en règle, les trois autres sont non-déclarés et sans titre de séjour. Ils prennent la direction du commissariat.

Depuis plusieurs mois, les autorités du Val-d'Oise multiplient les opérations conjointes de la DDPP et de la police pour des actions coups de poing, alliant contrôles sanitaires et lutte contre le travail dissimulé. Sont visés par alternance des marchés et des lieux passants.

Les résultats sont ensuite publiés sur les réseaux sociaux, photos chocs à l'appui. Assumant pratiquer le «name and shame», la préfecture affiche même sur ses comptes officiels les noms des restaurants coupables des infractions les plus graves et qui font l'objet d'une fermeture administrative.

Six avertissements et cinq procédures de fermeture
Dans ce département populaire francilien qui affiche une moyenne d'âge parmi les plus jeunes de France, la restauration rapide et la vente à emporter sont omniprésentes dans les zones urbaines. Une alimentation sur le pouce qui est parfois préparée au détriment des règles d'hygiène.

En mai 2022, le gouvernement a annoncé la création d'une «police unique» qui fera passer les contrôles de la sécurité alimentaire de la houlette de Bercy à celle du ministère de l'Agriculture. Mais le flou demeure sur ses prérogatives et ses effectifs.

Sur la petite dizaine de commerces contrôlés ce jour-là, les autorités distribuent six avertissements et engagent cinq procédures de fermeture pour non-respect des règles d'hygiène ou travail dissimulé, notamment à l'encontre du kebab. Sauf danger imminent, ces fermetures mettent une quinzaine de jours pour être effectives.

Il est 13h00. Leur tournée achevée, les agents de la DDPP sont repartis. Mais dans le kebab tenu par les Turcs, les clients défilent. Le déjeuner est servi...

Commentaire
Qu'attentent nos autorités pour lever le le flou sur les prérogatives et les effectifs de cette police sanitaire new look.

La Food Standards Agency arrête certains travaux mais reste concentrée sur la sécurité des aliments

Parfois, je me demande si l’Anses ne devrait elle-aussi rester concentrée sur la sécurité des aliments, moins de sociologues, plus de microbiologistes, mais je m’égare, car voici qu’hélas «La Food Standards Agency arrête certains travaux mais reste concentrée sur la sécurité des aliments», source article de Joe Whitworth paru le 8 décembre 2022 dans Food Safety News.

La Food Standards Agency (FSA) a reconnu que certains travaux qu'elle avait prévus seront retardés ou ne seront pas réalisés du tout, mais a insisté sur le fait que l'accent sur la réduction des maladies d'origine alimentaire se poursuivra.

Un plan de travail pour l'exercice 2022 à 2023 a été modifié en raison des demandes supplémentaires auxquelles l'agence est confrontée. Celles-ci incluent la participation au projet de loi sur la technologie génétique et au projet de loi sur la législation européenne retenue, qui oblige la FSA à réviser environ 150 textes législatifs d'ici 2023.

Cette dernière proposition vise à supprimer toute la législation de l'UE de la législation britannique à moins que des mesures ne soient prises pour préserver, réformer ou reformuler les règles avant la fin de 2023. Il n'a pas encore identifié d'éléments de réglementation qui devraient être entièrement supprimés.

Lors d'une réunion du conseil d'administration, les responsables de l'agence ont averti que la situation pourrait devoir être réexaminée à l'avenir et que d'autres coupes seraient effectuées en raison de contraintes de ressources. Bonne nouvelle, les objectifs prévus de réduction des effectifs ne seront plus imposés.

L’inspection de la viande, des produits laitiers et du vin, traiter les incidents; la surveillance des autorités locales et les conseils sur les risques liés à la sécurité des aliments se poursuivront, tout comme les réformes visant à garantir aux autorités locales des normes alimentaires et l'hygiène alimentaire.

L'accent sera mis sur la réduction des maladies d'origine alimentaire et sur les modifications prévues de la capacité des laboratoires. Cependant, le déplacement du personnel d'autres équipes pour travailler sur le projet de loi sur la technologie génétique a entraîné un retard dans l'examen du cadre relatif aux maladies d'origine alimentaire.

La lutte contre la fraude alimentaire et l'obtention de nouveaux pouvoirs pour la National Food Crime Unit (NFCU) ne sont pas affectées. Mais une mise à jour d'une évaluation de la criminalité alimentaire a été repoussée de 2023 au moins au printemps 2024.

Travail plus lent dans divers domaines
Un projet visant à employer directement des vétérinaires officiels (VOs) pour effectuer des contrôles officiels dans les abattoirs a été suspendu. Le rapport annuel sur les normes alimentaires publié par Food Standards Scotland (FSS) aura également une portée réduite dans sa deuxième édition.

Les éléments suspendus peuvent ne pas reprendre avant au moins le début de l'exercice 2023 à 2024 et sont susceptibles d'être suspendus plus longtemps.

Les exemples incluent une consultation et une législation visant à rendre obligatoire le système de notation de l'hygiène alimentaire (FHRS pour Food Hygiene Rating Scheme) en Angleterre et des modifications de l'approche d'application des contrôles de la viande Qurbani (sacrifice des animaux -aa).

Les examens prévus sur les conseils en matière de sécurité des aliments pour les entreprises telles que l'aptitude au travail des manipulateurs d'aliments, l'emballage sous vide et Clostridium botulinum et les aliments pour animaux de compagnie dans les établissements agréés ont été suspendus.

Les travaux sur l'étiquetage préventif des allergènes (PAL pour Precautionary Allergen Labelling) prendront désormais plus de temps et la réforme sur l'hypersensibilité alimentaire a été impactée, tout comme les plans visant à examiner la santé et la durabilité.

L'équipe scientifique soutiendra la réforme des frontières, le projet PATH-SAFE et une révision des lois de l'UE. L'analyse des risques pour aider les décisions politiques se poursuivra autour des incidents et dans le cadre de la modification des plans de laboratoire et des programmes d'échantillonnage.

Cependant, le nombre de projets commandés diminuera, ce qui signifie que la base de preuves augmentera plus lentement que les années précédentes. Le volume du travail d'analyse des risques de routine et le rythme de livraison dans certains domaines sont également affectés.

NB : La photo représente Susan Jebb, présidente de la FSA.

Salmonella retrouvé dans les contrôles d'épices en Finlande

C’est un classique, «Salmonella retrouvé dans les contrôles d'épices en Finlande», source Food Safety News du 8 décembre 2022.

Des contrôles sur des épices dans le cadre d'un projet de fraude alimentaire en Finlande n'ont trouvé aucun problème d'authenticité, mais ont révélé une contamination par Salmonella.

La surveillance était ciblée sur les opérateurs dont les lots se sont avérés non conformes par le passé. Sur 24 épices étudiées, 11 ont reçu une réprimande pour des problèmes mineurs d'étiquetage et microbiens, et cinq produits ont été bloqués mais aucun colorant interdit n'a été trouvé.

Des échantillons de curry, de piment, de paprika et de curcuma ont été testés pour 20 colorants alimentaires interdits en laboratoire, en mettant l'accent sur les colorants du Soudan, mais ils étaient tous négatifs.

L'une des épices rejetées contenait Salmonella et quatre avaient des niveaux élevés de résidus de pesticides. L'une des épices avait un étiquetage incorrect.

Les cinq produits bloqués provenaient de pays asiatiques, mais trois avaient été importés en Finlande via un autre État membre de l'UE.

«L'utilisation de colorants interdits est encore une forme courante de fraude alimentaire dans les produits d'épices. Dans d'autres parties de l'Europe, des colorants dangereux pour la santé ont été découverts même récemment, cela vaut donc la peine de poursuivre la surveillance, même s'ils n'ont pas été retrouvés dans les épices lors de ce contrôle intensif», a dit Jonna Neffling, responsable de la sécurité des produits chez Tulli (douanes finlandaises).

Opération plus large
L'opération faisait partie d'un projet de lutte contre la fraude alimentaire impliquant les douanes finlandaises, l'Autorité alimentaire finlandaise (Ruokavirasto) et les autorités municipales de contrôle des aliments axées sur les épices, les baies réfrigérées et les produits de viande.

Les contrôles à l'importation des épices portaient sur les colorants interdits dangereux pour la santé, mais couvraient également d'autres non-conformités, les contrôles sur l'étiquetage d'origine ciblé des baies fraîches et le respect des normes de commercialisation et les contrôles sur les produits de viande vérifiaient l'origine et luttaient contre la peste porcine africaine.

Les contrôles sur les baies ont révélé que certaines d'origine étrangère étaient vendues comme finlandaises et les douanes ont également retenu 80 kg de produits carnés non conformes.

Paula Kangas, chef de projet aux douanes finlandaises, a dit que les envois alimentaires à inspecter sont sélectionnés sur la base d'une analyse des risques des données.

«En ce qui concerne le rôle des douanes finlandaises, l'accent est mis principalement sur les contrôles des importations commerciales, mais pendant le projet pilote, nous avons détecté un nouveau phénomène, les importations alimentaires commerciales déguisées en importations personnelles par des particuliers. Dans ces cas, les mesures de sécurité des aliments sont complètement contournées, ce qui est une préoccupation majeure pour la sécurité des consommateurs», a dit Kangas.

L'objectif est de mieux lutter contre la fraude alimentaire dans le trafic transfrontalier afin que les consommateurs puissent être sûrs que les produits importés sont sûrs et authentiques.

«Les résultats du projet pilote montrent que l'intensification de la coopération entre les douanes finlandaises, l'Autorité alimentaire finlandaise et les autorités municipales de contrôle des aliments augmente considérablement les possibilités d'intervenir au bon moment et efficacement en cas d'envois alimentaires illégaux en provenance du marché intérieur», a déclaré Satu Virtaranta, de l'Autorité alimentaire finlandaise.

Commentaire
En France, ce sont les rappels de produits d’épices pour cause de présence de Bacillus cereus sont omni présents, 12 avis de rappels en trois jours, un seul avis de rappel en Belgique, mais pour huit produits d’épices et un seul avis de rappel pour deux épices au Luxembourg, mais pas encore de notification au RASFF de l’UE, une habitude ou un usage ...

Rapport épidémiologique annuel 2018 de l’ECDC sur l’hépatitis A

«Rapport épidémiologique annuel 2018 de l’ECDC sur l’hépatitis A», source ECDC.

En 2018, 30 pays de l'Union européenneet de l’Espace économique européen (UE/EEE) ont signalé 15 815 cas d'hépatite A, dont 15 677 (99,1%) ont été confirmés.

Faits saillants
- En 2018, 30 pays de l’UE/EEE ont rapporté 15 815 cas d'hépatite A, dont 15 677 (99,1%) ont été confirmés.
- La Roumanie et l'Espagne représentaient 43,5% de tous les cas confirmés
- Le taux de notification de l'UE/EEE était de 3,0 cas pour 100 000 habitants. Dix pays de l'UE/EEE avaient un taux de notification inférieur à un cas confirmé pour 100 000 habitants. Les pays avec les taux de notification les plus élevés étaient la Bulgarie (19,1 cas pour 100 000 habitants) et la Roumanie (23,2 cas pour 100 000 habitants).
- En 2018, une réduction considérable du nombre de cas déclarés et des taux de notification a été observée par rapport à 2017. En effet, 2017 a été caractérisée par une épidémie dans plusieurs pays sans précédent, importante et prolongée, affectant de manière disproportionnée les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), qui s'est principalement réduite en 2018.
- Comme les années précédentes (hors 2017), les enfants âgés de 5 à 14 ans représentaient une part importante des cas (29%) et le taux de déclaration le plus élevé (8,2 cas pour 100 000 habitants).

Implications pour la santé publique
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) énonce ddes recommandations de vaccination suivantes pour réduire l'incidence de l'hépatite A. Dans les pays à très faible et faible endémicité du virus de l’hépatite A (VHA), comme la plupart des pays de l'UE/EEE, l'OMS recommande de vacciner les hommes ayant des rapports HSH, les voyageurs vers les zones endémiques et les consommateurs de drogues injectables. Les mêmes groupes devraient être ciblés par des campagnes de communication pour accroître la sensibilisation concernant l'infection par le VHA et les modes de transmission. Dans les contextes d'endémicité très faible et faible du VHA, l'OMS recommande également de vacciner les personnes à risque d'évolution grave (c'est-à-dire les personnes immunodéprimées et les personnes âgées). Dans les pays d'endémicité intermédiaire, l'OMS recommande la vaccination universelle des enfants. Dans tous les contextes, les actions visant à améliorer l'hygiène et la mise en œuvre rapide de la riposte aux éclosions sont essentielles pour réduire la transmission du VHA, y compris la mise en œuvre rapide de la recherche contractuelle des cas afin de réduire la probabilité de transmission secondaire et tertiaire. De plus, la collaboration entre le secteur de la santé publique et celui de la sécuirté des aliments est importante pour aider à réduire les infections d'origine alimentaire.

Pour la France, voici les données extraites du rapport,

Une épidémie à Salmonella se développe et se propage en Suède

«Une épidémie à Salmonella se développe et se propage en Suède», source article de Joe Whitworth paru le 9 décembre 2022 dans Food Safety News.

Une épidémie à Salmonella initialement rapportée en Norvège s'est développée et touche désormais également la Suède.

L'Institut norvégien de santé publique (FHI) a dit que 58 personnes ont été malades dans l'épidémie à Salmonella Agona et 23 avaient été hospitalisées. Cela est supérieur aux 31 malades et 13 hospitalisations.

En Suède, 26 personnes ont été atteintes, selon l'Agence suédoise de santé publique (Folkhälsomyndigheten).

Situation en Norvège
En Norvège, des personnes dans 10 régions ont été diagnostiquées avec des infections du 7 au 29 novembre avec un pic au milieu du mois. Salmonella Agona est un type rare de Salmonella en Norvège et en Europe.

Les malades sont âgés de 1 à 88 ans et 27 d'entre eux sont des femmes. Des bactéries ayant le même profil génétique, ce qui signifie qu'elles ont probablement été infectées par la même origine, ont été détectées chez 37 des 58 patients. Pour les 21 autres, les résultats du séquençage et des analyses de laboratoire sont en attente.

La majorité des personnes malades vivent à Viken, suivi de Vestland et Vestfold og Telemark. Des nombres de patients à un chiffre ont été enregistrés à Innlandet, Trøndelag, Troms og Finnmark, Møre og Romsdal, Oslo, Rogaland et Nordland.

La source de l'épidémie n'est pas encore connue
Une investigation pour retrouver la source est en cours avec FHI, des responsables locaux, l'Autorité norvégienne de sécurité alimentaire (Mattilsynet) et l'Institut vétérinaire. On pense que la cause est un produit alimentaire importé distribué dans tout le pays et également en Suède.

Heidi Lange de FHI a dit que les patients sont interrogés pour voir s'il existe une source commune de l'infection.

«De plus, nous recueillons également des informations à partir des reçus d'achat en coopération avec l'Autorité norvégienne de sécurité alimentaire et l'industrie de la distribution. Nous le faisons parce qu'il peut être difficile de se souvenir de tout ce qui a été mangé avant de tomber malade», a-t-elle dit.

«FHI envisage de mener une étude cas-témoins. Cela implique de comparer ce que les patients ont mangé avec ce qu'une sélection aléatoire d'autres personnes ont mangé au cours de la même période. De cette façon, nous pouvons tester divers indices sur la source de l'épidémie et s'il existe un risque accru de maladie lié à certains aliments.

En Suède, 26 personnes sont tombées malades depuis début novembre. Les patients sont âgés de 3 à 86 ans et proviennent de 12 régions différentes du pays. Quinze cas sont des femmes.

Le séquençage du génome entier a montré qu'ils ont le même type de Salmonella Agona, et sont donc suspectés d'avoir été infectés par une source commune.

Folkhälsomyndigheten, les unités locales de contrôle des infections et l'Agence suédoise de l'alimentation (Livsmedelsverket) aident les autorités norvégiennes à rechercher la source de l'épidémie.

La déconstruction de l'intelligence commence par le sabotage de l'orthographe

«La déconstruction de l'intelligence commence par le sabotage de l'orthographe», par Maxime Tandonnet dans FigaroVox du 9 décembre 2022 L’article est disponible en intégralité.

Une enquête publiée mardi par la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance révèle que le nombre moyen d'erreurs sur une même dictée a doublé depuis 1987. L'essayiste dénonce des politiques idéologiques, qui encouragent l'égalitarisme plutôt que la transmission, et participent à affaiblir notre esprit critique. 

Pour illustrer cet article, point de grand discours, une image suffit ci-dessous ...

jeudi 8 décembre 2022

RARA 2022 ou Risk Assessment Research Assembly, quézako ?

Joe Whitworth, journaliste scientifique à Food Safety News, se demande dans un tweet,«En espérant que RARA 2022 ou Risk Assessment Research Assembly ne soit pas que du bla bla.»

RARA2022 démarre ici à Berlin avec le directeur exécutif de l’EFSA, B. Url, nous rappelant que la science peut et doit contribuer à la transformation des systèmes alimentaires, foodsafety, foodsecurity, foodsustainability et marcher main dans la main. 

J'avoue que je ne sais pas bien à qui s'adresse l'Anses quand elle tweete ou retweete, comme l'on dit, des informations sur RARA 2022. La preuve en est avec ce qui suit, et c'est presque du bla bla ...  

Mise à jour du 15 décembre 2022
Ceux qui veulent écouter ce qui s'est dit à cette réunion peuvent l'écouter sur YouTube.

Sécurité des aliments : Vos gants à usage unique sont-ils sûrs ?

«Des pathogènes retrouvés sur la moitié des gants sensés être utilisés pour la sécurité des aliments», source article de Dan Flynn paru le 8 décembre 2022 dans Food Safety News.

Steve Ardagh, directeur général d'Eagle Protect, est connu sous le nom de «The Glove Guy». Food Safety News l'a rencontré au salon 2021 de l'International Association for Food Protection. C'est alors que nous avons pris connaissance de son analyse microbienne pluriannuelle de la contamination pathogène potentielle des gants.

Eagle Protect, qui a débuté en Nouvelle-Zélande avant de déménager en Californie, a désormais publié des résultats de son étude sur cinq ans révélant le risque généralisé de contamination dans l'industrie avec des gants jetables. En collaboration avec le groupe de B. Michaels, les résultats ont été présentés lors de la réunion annuelle 2022 de l'International Association for Food Protection (IAFP) annual meeting.

Cela a conduit Eagle Protect à développer et à lancer un processus de vérification de la qualité des gants à plusieurs niveaux, avec une nouvelle norme de conformité de l'industrie – le programme de vérification de la qualité Delta Zéro.

«Dans le but de réduire les risques de contamination des gants pour plusieurs industries et utilisateurs de gants, nous avons passé ces dernières années à affiner notre processus de vérification Delta Zéro», a dit Steve Ardagh, président d'Eagle Protect. «Il s'agit d'un processus de test exclusif, multicouche et en cinq points qui garantit que les gants Eagle adhèrent strictement au plus haut niveau de sécurité sanitaire et de performance de l'industrie.»

Bien que la plupart du grand public ne soit pas au courant, il existe des limites importantes dans les exigences actuelles de conformité des gants alimentaires de la FDA.

Ardagh dit que le propre code de la FDA pour les gants et les équipements EPI importés (FDA Title 21, Part 177) n'exige pas spécifiquement qu'ils soient intacts, propres ou hygiéniques, et qu'ils ne soient pas soumis à des tests de routine à leur arrivée. De plus, le rapport de test actuel pour les produits importés qui se produisent ne comporte aucune date d'expiration pour les comparer à des tests antérieurs.

Cette faille ouvre la porte aux fabricants pour qu'ils modifient les matières premières, la composition et même leurs propres normes d'assurance qualité, ce qui augmente considérablement la possibilité de produits mal étiquetés et frauduleux provenant de fournisseurs industriels peu scrupuleux.

L'industrie se réfère généralement à ce manque de normes de conformité sous le nom de «Glove Safety Gap» - un problème qu'Eagle Protect a jugé nécessaire d'aborder de front. Sachant que le grand public s'attend à ce que les gants jetables et autres produits EPI soient propres, hygiéniques et intacts, l'entreprise a réagi par une action directe.

Eagle Protect adhère à un code de conduite strict des fournisseurs, qui encourage des audits indépendants par tierce partie, et suit un modèle de source unique. Grâce à un récent partenariat avec Rfider, Eagle a également ajouté la traçabilité de la chaîne d'approvisionnement pour ses gammes de produits.

Maintenant en évidence sur une gamme croissante d'emballages de gants en nitrile de l'entreprise, le badge Delta Zero d'Eagle Protect certifie que leurs produits ont subi des tests d’un laboratoire tierce partie, passant un ensemble de normes strictes qui garantissent le respect du plus haut niveau de cohérence, de sécurité sanitaire et de performance.

La certification comprend un processus de vérification de la sécurité sanitaire et des performances de cinq facteurs, y compris des tests de laboratoire tierce partie qui garantissent des matières premières de qualité et l'absence de produits chimiques, de toxines et de contaminants microbiens dangereux qui présentent des risques pour la santé et la sécurité des porteurs de gants.

«Nous pouvons réduire le risque de contamination liée aux gants aux États-Unis, à condition que les fournisseurs s'approvisionnent auprès de fabricants réputés qui adhèrent à la norme la plus élevée et constante en matière de matières premières et de processus de fabrication de qualité», a dit Ardagh. «Le badge Delta Zero renforce notre engagement envers une assurance qualité fiable et des pratiques d'audit améliorées, comme le représente notre norme unique Eagle. Nous pouvons assurer à nos clients qu'ils achètent un produit de haute qualité, fabriqué selon les normes les plus strictes de sécurité, d'hygiène et de performance.»

L'étude sur cinq ans a trouvé des indicateurs fécaux humains sur 50% des gants neufs et inutilisés du commerce, ainsi que d'autres agents pathogènes et microbes d'origine alimentaire, notamment Bacillus cereus, Bacillus anthracis, Listeria monocytogenes, Clostridiocles difficile, Staphylococcus, Pseudomonas aeruginosa et Streptococcus. pneumonie.

Michaels, un microbiologiste de premier plan, a mené l'étude, qui portait sur 2 800 importations américaines de gants neufs et inutilisés représentant 26 marques différentes - toutes testées indépendamment. Plus de 250 espèces microbiennes viables différentes ont été retrouvées sur les surfaces intérieures et extérieures des gants testés

Avec l'étude, Ardagh renforce son argument selon lequel les normes actuelles de la FDA pour les gants jetables sont insuffisantes car il n'y a aucune exigence qu'ils soient propres ou intacts et les procédures d'inspection sont faibles. «Le Glove Guy», dit que les normes et les inspections faibles signifient que de nombreux gants jetables mettent en danger la sécurité des aliments.

L'étude, Metagenomic Analysis of the Microbiome Associated with Single-Use Glove Manufacturing, a été publiée dans Journal of Food Protection. Il s'agit d'un poster publié sur le programme de la réunion. A ma connaissnce, il n'y a pas eu d'article.

Les gants jetables sont conçus comme une défense contre la contamination croisée à mains nues, mais un gant «conforme aux normes alimentaires» pourrait faire plus de mal que de bien s'il est contaminé lorsqu'il sort de la chaîne de production.

Ardagh a dit à Food Safety News que c'est pourquoi les gants Eagle Protect étaient déjà soumis à une analyse des «empreintes» impliquant plusieurs tests pour garantir une qualité qui dépasse la conformité de la FDA. Ceux-ci comprennent :

Chromatographie en phase gazeuse-spectrométrie de masse
La signature chimique des ingrédients des matières premières des gants est testée pour déterminer la cohérence de la fabrication et s'assurer qu'aucun produit chimique toxique n'est trouvé qui pourrait avoir un impact sur la sécurité des aliments et la santé de l'utilisateur du gant.

Chimie physique
Un type de gant spécifique peut entraîner une contamination croisée par des agents pathogènes dans les aliments prêts à consommer. La tension superficielle des liquides ou semi-liquides est testée pour l'énergie libre de surface. Cela détermine la contamination croisée ou les transferts potentiels.

Analyse microbienne
Elle fournit des points spécifiques sur la façon dont les gants sont fabriqués pour se protéger contre la contamination intentionnelle ou accidentelle.

Taux maximum de produits défectueux toléré, force et résistance à la perforation par allongement
Tests d'intégrité structurelle pour s'assurer que les gants dépassent les exigences AGL de qualité médicale, empêchant les défauts dus aux piqûres.

Analyse de cytotoxicité in vitro
Tests pour les produits chimiques, les pesticides, les contaminants microbiens, les endotoxines, les glycols, les détergents, les savons, les huiles et autres.

Ardagh de chez Eagle affirme que la production et la fabrication de gants en contact avec les aliments ne sont pas en grande partie pas réglementés avec des tests de migration de polymères de gants limités et peu fréquents. Eagle a par conséquent développé sa batterie de tests, qu'il appelle «l'analyse des empreintes des gants.»

Des tierces parties effectuent les tests, réduisant ainsi le risque pour Eagle.

Le programme actuel de bonnes pratqiues actuelles fabrication de la FDA pour les gants entrant en contact avec les aliments exige qu'ils soient «dans des conditions intactes, propres et sanitaires». Un matériau imperméable est préféré.

Pour être «conformes à la FDA pour la manipulation des aliments», les gants doivent être testés en laboratoire une fois pour les substances généralement reconnues comme sûres (GRAS pour generally recognized as safe) pour les aliments ou les emballages alimentaires. Aucun test répété n'est nécessaire.

Ardagh a dit que des tests minimaux et peu fréquents signifient qu'il existe sur le marché des gants conformes aux normes alimentaires qui ne sont pas exempts de produits chimiques toxiques dangereux. L'analyse indépendante des contaminants microbiens par Eagle Protect de 25 gants alimentaires neufs et inutilisés a révélé la présence de E. coli, de Listeria, de moisissures, de champignons, d'excréments et d'autres agents pathogènes.

Eagle promeut également la «traçabilité des gants», chaque conteneur et numéro de lot offrant «un aperçu unique et transparent de la chaîne d'approvisionnement du gant». La traçabilité des gants protège contre la fraude et fournit des spécifications de produit spécifiques, des certifications de qualité et de conformité et des résultats de test d'empreintes.

Ardagh affirme que le système de traçabilité d'Eagle répond à la «nouvelle ère» de la sécurité alimentaire intelligente de la FDA.

Fruits et légumes : plastique, le retour ?

«Fruits et légumes : le retour du plastique ?», source blog-notes de’Olivier Masbou.

Selon Le Monde du 28 novembre, la rapporteuse public du Conseil d’Etat a demandé l’annulation du décret qui interdit les emballages en plastique pour les fruits et légumes. Elle estime, écrit le quotidien, que «le gouvernement avait excédé ses pouvoirs en ne se limitant pas à fixer une liste de fruits et légumes exemptés d’interdiction (en raison du risque de détérioration, lors de leur vente en vrac) comme le prévoyait la loi, mais en ajoutant dans le décret une limite temporelle». En effet, le décret en question prévoit un calendrier d’application du texte pour certains produits (30 juin 2023 pour les tomates cerises, les haricots verts ou les pêches, au 31 décembre 2024 pour les endives, par exemple). Citée par Le Monde, Interfel se félicite de la «très bonne analyse de la rapporteuse public». Le Conseil d’Etat doit prendre sa décision assez rapidement (l’avis est daté du 14 novembre). Généralement, il suit l’avis du rapporteur public. Ceci dit, cette annulation, si annulation il y a, peut-être une victoire à la Pyrrhus pour la filière fruits et légumes. Car il faudra bien prendre un autre décret d’application, et le Gouvernement, échaudé par cette mésaventure, pourrait renoncer aux périodes dérogatoires.

Pour mémoire, selon Le Point du 11 octobre 2021, «Fin des emballages plastiques : les fruits et légumes concernés.»
Au 1er janvier 2022, une trentaine de fruits et de légumes frais ne pourront plus être vendus dans un emballage plastique en France.

Bienvenue en absurdie
Quand je pense au nombre d’amendes adressées au marchands de fruits et de légumes sur les marchés, dont j’ai été le témoin, pour ne pas s’être mis en conformité avec cette obligation, ça rappelle le confinement et les amendes ...
Voir aussi la pseudo querelle au sujet des sacs biodégradables et/ou compostables, on marche sur la tête en France !

Mise à jour du 9 décembre 2022
Le Conseil d’État annule la liste des fruits et légumes pouvant être encore vendus sous emballage plastique, source Conseil d’État du 9 décembre 2022.

La loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire a confié au Gouvernement la tâche d’établir une liste des fruits et légumes présentant un risque de détérioration s’ils étaient vendus en vrac, afin de les exempter définitivement de l’interdiction d’emballage plastique en vigueur depuis le 1er janvier dernier. La liste établie par le Gouvernement a été contestée par plusieurs associations devant le Conseil d’État qui la juge aujourd’hui illégale.

Mise à jour du 16 décembre 2022
Ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu n’est pas beau joueur. Il n’a pas du tout apprécié l’annulation, par le Conseil d’Etat, du décret sur l’interdiction des emballages plastiques. «Consterné par la situation : nous ne céderons jamais face à ceux qui se moquent de l’urgence climatique tout en imposant des conditions insupportables pour les producteurs. Un nouvel arrêté, plus ferme encore, est déjà en cours de rédaction» écrit-il sur son compte Tweeter. Le ministre devrait se rappeler qu’il est aussi élu d’Angers et qu’il pourrait être amené à rencontrer la filière fruits et légumes au mois de janvier à l’occasion du Sival (du 17 au 19 janvier à Angers).
Dernière minute : nous apprenons ce vendredi 16 décembre matin que le nouveau décret est rédigé et mis en consultation jusqu’au 12 janvier.

Riz doré»: les graines ont germé

Sur l'île philippine d'Antique, plusieurs dizaines de tonnes de riz doré ont été récoltées pour la première fois cet automne. (Photo : Bureau d'information de la province d'Antique).

«Riz doré»: les graines ont germé», article de Peter Rüegg, ETH Zurich. Le titre original est The seeds have germinated | ETH Zurich. Merci à André Heitz d’avoir traduit le texte de l’anglais et de l’avoir publié sur son blog.

Pour la première fois, des agriculteurs des Philippines ont cultivé du riz doré à grande échelle et ont récolté près de 70 tonnes de grains en octobre dernier. Cette histoire presque interminable a commencé à l'ETH Zurich.

Cet automne restera probablement dans l'histoire agraire. En octobre, les agriculteurs de la province philippine d'Antique ont récolté pour la première fois une quantité substantielle de riz doré enrichi en bêta-carotène, soit un total de 67 tonnes provenant de 17 champs.

Les grains séchés et polis vont être distribués à des ménages comptant des femmes enceintes, des mères allaitantes ou des enfants d'âge préscolaire qui risquent de souffrir de maladies dues à une carence en vitamine A.

Le professeur émérite de l'ETH, Ingo Potrykus, père et inventeur du riz doré, considère sa culture aux Philippines comme une percée : «Le pas vers une utilisation pratique a enfin été franchi. Après des décennies pendant lesquelles le génie génétique a été utilisé exclusivement pour l'agriculture commerciale, le premier exemple d'un projet humanitaire l'utilisant pour résoudre un problème de santé majeur devient maintenant une réalité.»

La carence en vitamine A menace des millions d'enfants
La carence en vitamine A est un problème de santé majeur dans de nombreuses régions des Philippines ainsi que dans d'autres pays du Sud. Elle entraîne notamment la cécité, des déficiences cognitives et la mort d'enfants dont le système immunitaire est affaibli. À l'échelle mondiale, plusieurs centaines de millions d'enfants sont exposés à ces maladies liées aux carences.

De nombreux autres pays, comme le Bangladesh, l'Indonésie, le Vietnam, l'Inde et la Chine, ont donc emboîté le pas aux Philippines et ont fait des progrès considérables dans l'introduction du riz enrichi en vitamine A.

Étapes importantes
- 1991 : M. Ingo Potrykus lance l'idée d'une variété de riz enrichie en vitamine A pour lutter contre la malnutrition. Les expériences commencent en 1992.
- 1993 : M. Peter Beyer, spécialiste des caroténoïdes, rejoint le projet.
- 1999 : Les deux chercheurs présentent le prototype du Riz Doré. Cette percée démontre qu'il est possible de reconstituer la voie métabolique des caroténoïdes dans les grains de riz.
- 2000 : MM. Potrykus et Beyer décident de proposer que le développement nécessaire du produit comme un projet humanitaire.
- 2005 : Le remplacement des gènes de jonquille par des gènes de maïs augmente la teneur en provitamine A.
- 2006-2018 : Compilation de toutes les données nécessaires pour le dossier réglementaire requis avant qu'un produit génétiquement modifié puisse être cultivé en plein champ.
- 2021 : Les autorités philippines chargées de la biosécurité donnent le feu vert à la culture et à la consommation du Riz Doré.
- 2022 : Début de la culture aux Philippines sous la supervision de l'institut national de recherche sur le riz PhilRice.

Au début des années 1990, l'ancien professeur de sciences végétales de l'ETH et son collègue Peter Beyer de l'Université de Fribourg ont décidé de lutter contre la malnutrition - également appelée «faim cachée» - en modifiant génétiquement le riz de manière à ce que la plante accumule du bêta-carotène dans ses grains. Le corps humain convertit le bêta-carotène en vitamine A, dont il a besoin pour survivre. Cela aiderait les habitants des pays où le riz est la principale source d'hydrates de carbone à couvrir leurs besoins quotidiens en vitamine A.

En 1999, l'année où M. Potrykus a pris sa retraite, lui et M. Beyer ont présenté un prototype de ce qui allait devenir le Riz Doré : une variété de riz qui accumulait du bêta-carotène dans ses grains grâce à une construction transférée composée de plusieurs gènes étrangers. Les grains avaient une teinte jaune d'or : le premier Riz Doré (GR - Golden Rice) était devenu une réalité.

Mais je suis aussi très contrarié que les retards aient fait souffrir des millions d'enfants.
Ingo M. Potrykus

Comme la quantité de bêta-carotène contenue dans le prototype était encore trop faible pour couvrir les besoins quotidiens en vitamine A, M. Beyer a mis au point une deuxième variante - GR2 - en collaboration avec une équipe de la société de technologie agricole Syngenta. Au lieu de gènes de jonquille, les chercheurs ont utilisé des gènes de maïs doux. Cela a conduit à une augmentation significative de la teneur en bêta-carotène des grains de riz par rapport au prototype.

Retardé et différé
Le Riz Doré a été controversé dès le début. Son utilisation a été bloquée, reportée et retardée pendant des années. Des groupes environnementaux se sont battus bec et ongles contre cette plante et d'autres plantes génétiquement modifiées. Les gouvernements, eux aussi, ont refusé d'approuver la culture du Riz Doré. Entre son développement et sa culture à grande échelle, 22 ans se sont écoulés.

Aujourd'hui âgé de presque 89 ans, M. Potrykus est ravi que le Riz Doré ait enfin été planté à grande échelle : «Je suis très soulagé de voir enfin la culture commencer après tant d'années de retard», déclare-t-il. Le fait que la science ait battu l'idéologie lui procure une grande satisfaction. «Mais je suis aussi très contrarié que ces retards aient causé des souffrances supplémentaires à des millions d'enfants».

Le défi de la déréglementation
Dans de nombreux pays, l'allègement de la réglementation stricte qui entoure l'utilisation des cultures génétiquement modifiées reste un défi majeur. «Les données des Philippines sont librement accessibles aux autres pays, ce qui facilite grandement l'élaboration de leurs propres dossiers nationaux», explique M. Potrykus.

Mais cela demande aussi du courage, ajoute-t-il. Les autorités philippines chargées de la biosécurité et le ministre de l'agriculture ont eu le courage d'approuver le GR2.
Plantes de Riz Doré peu avant la récolte. (Photo : Bureau d'information de la province d'Antique)

L'objectif est maintenant d'étendre de manière exponentielle la culture du GR2 à 17 autres provinces soigneusement évaluées. Les semences étant fournies à un plus grand nombre d'agriculteurs, des études d'efficacité permettront de déterminer dans quelle mesure la consommation de GR2 prévient la carence en vitamine A. L'objectif est de mettre le riz en vente localement une fois la recherche terminée.

Selon M. Potrykus, aucune autre amélioration du GR2 en termes de vitamine A n'est prévue. «Le Riz Doré contient suffisamment de bêta-carotène pour répondre aux besoins quotidiens de la population».

Le riz va devenir riche en fer et en zinc
Les phytologues sont actuellement en train d'ajouter du fer et du zinc au profil nutritionnel du GR2. Les carences en ces oligo-éléments entraînent également de graves problèmes de santé. C'est une autre longue histoire : au symposium de 1999 organisé à l'occasion du départ à la retraite de M. Potrykus, où celui-ci et M. Beyer ont présenté leur Riz Doré, la doctorante Paola Lucca a également présenté une variété de riz transgénique plus riche en fer.

Dans de nombreux pays d'Asie du Sud et du Sud-Est, les variétés de riz sont actuellement optimisées pour chaque pays. Au Bangladesh, le GR2 est prêt à être semé. «Tout est prêt là-bas. Mais le ministre de l'environnement du pays bloque le projet pour des raisons idéologiques», explique M. Potrykus. Il est toutefois convaincu que le ministre est à court d'arguments – et espère que la réussite du projet Golden Rice aux Philippines sera entendue par le ministère de l'environnement du Bangladesh.

Le projet Golden Rice a bénéficié d'un financement important de l'ETH Zurich, de la Fondation Rockefeller et de la Fondation Bill & Melinda Gates.