vendredi 9 juin 2023

Le grand bond en arrière a-t-il déjà commencé en France ?

Suspicion de cas d’intoxication alimentaire à Lamastre (Ardèche) : 87 adultes et enfants concernés après avoir mangé à la cantine d'un établissement scolaire

«Lamastre (Ardèche) : 87 adultes et enfants indisposés après avoir mangé à la cantine d'un établissement scolaire», source France Bleu Drôme Ardèche du 8 juin 2023.

87 adultes et enfants ont été victimes de douleurs abdominales et de vomissements. Toutes avaient pris leur repas au sein de la cantine de l'établissement scolaire Charles de Foucault à Lamastre le mardi 6 juin à midi.

L'intoxication alimentaire n'est pas certaine mais c'est l'hypothèse la plus probable. 87 personnes ont montré des symptômes tels que des maux de ventre, des vomissements et pour certains de la fièvre. Il n'y a pas eu de symptômes plus graves.  Tous ont un point commun : ils ont pris leur repas à la cantine de l'établissement scolaire Charles de Foucault à Lamastre mardi 6 juin à midi.

Les analyses sont en cours mais l'agence régionale de santé s'oriente vers une intoxication alimentaire. 225 repas ont été servis ce jour-là et seulement 87 personnes enfants et adultes ont éprouvé des douleurs.

Les parents concernés ont été invités à surveiller l'état de santé de leurs enfants;
Les premiers résultats des analyses sont attendus la semaine prochaine.

L'établissement scolaire privé Charles de Foucault à Lamastre comprend un collège, une école primaire, une école maternelle et un centre de formation pour devenir jardinier-paysagiste. Il y a une seule cantine pour ces structures.

Par ailleurs, il y aurait à Beuvry (Pas de Calais), une suspicion d'intoxication alimentaire au lycée Yourcenar. Information réservée aux abonnés.

Douze personnes ont souffert de vomissements, de nausées et de maux de tête, au lycée hôtelier Yourcenar de Beuvry, mercredi 7 juin. Trois étaient encore prises de vomissements en début d'après-midi. Les sapeurs-pompiers sont donc intervenus sur place et on suspecte une intoxication alimentaire.

Constat

La part des toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) dans les lieux collectifs (entreprises, milieux scolaires, autres collectivités) a augmenté, passant de 15% à 20%. «En 2021, on observe un rebond avec 403 TIAC déclarées en collectivités.». Source Santé publique France, données 2021 des TIAC.

NB : Photo d'illustration.

Mise à jour du 9 juin 2023
L’ARS Auvergne-Rhône-Alpes et les services de l’État de l’Ardèche ont été informés ce jeudi 8 juin d’une suspicion de toxi-infection alimentaire collective (TIAC).
Au sein de l’ensemble scolaire Charles de Foucault à Lamastre, informés par le directeur d’établissement, l’ARS et les services de l’État, dont la DDETSPP de l’Ardèche, ont mené des investigations afin de faire un état des lieux précis et de déterminer l’origine de cette TIAC.
Des premières investigations ont été menées ; l’ARS et les services de l’État assurent le suivi de l’évolution de la situation.
L’intoxication alimentaire est envisagée ; l’hypothèse la plus probable est celle d’une transmission directe ou indirecte en lien avec le repas servi le mardi 6 juin à midi.
Sur 225 repas servis, 87 personnes concernées ont été recensées, enfants et adultes, répartis sur 5 établissements différents.

Cela étant, les services de l’État ne parlent pas de supicion de toxi-infection alimentaire collective, comme le montre le texte ci-dessous.

Mise à jour du 10 juin 2023
«Intoxication alimentaire dans les cantines : 87 personnes concernées, une enquête est ouverte», source Le Dauphiné Libéré du 8 juin 2023. De nombreux élèves manquaient à l’appel, quand d’autres sont venus à l’école avec la nausée ce jeudi 8 juin dans les établissements scolaires de Lamastre.

jeudi 8 juin 2023

De la soi disant «végétalisation» de l’offre alimentaire, selon la DGCCRF

«Végétalisation» de l’offre alimentaire : attention aux tromperies !», source enquête de 2021 de la DGCCRF du 7 juin 2023.

Les consommateurs sont de plus en plus nombreux à consommer des substituts végétaux aux produits d’origine animale et des produits « végétalisés » empreints de naturalité. L’enquête de la DGCCRF, réalisée en 2021, a permis de faire un bilan des arguments commerciaux utilisés pour promouvoir ces aliments et de rechercher les pratiques pouvant induire le consommateur en erreur

Au total, 74 produits ont été examinés et 36 présentaient au moins une anomalie, le plus souvent, une différence entre les qualités annoncées et la réalité.

Le développement de la demande des consommateurs pour des produits alimentaires plus sains et la «végétalisation» de l’offre alimentaire ont conduit les services de la DGCCRF à réaliser en 2021 une enquête concernant les produits destinés aux consommateurs végétariens, végétaliens et vegans ainsi que les produits végétaux transformés réputés «sains».

- substituts végétaux aux produits d’origine animale : jus, crèmes, substituts végétaux aux produits d’origine animale ;

- matières protéiques végétales de : ingrédients alimentaires obtenus à partir d’oléagineux, de légumineuses ou de céréales par réduction ou élimination de certains principaux constituants non protéiques (eau, huile, amidon, autres glucides). Ces ingrédients sont utilisés dans les biscuits, pâtisseries et produits de boulangerie, dans les aliments à base de poisson ou de viande, dans les produits surgelés, dans les boissons, les sauces et les potages, les aliments diététiques, les aliments de santé et ceux pour bébé ;
- produits empreints de naturalité : les eaux de coco et jus d’aloe vera, les chocolats dits «vegans», les algues, produits fermentés à base de soja (miso, tofu, tempeh), les chips de légumes et les substituts aux pâtes à base de légumineuse.

Les aliments plébiscités dans le cadre de la transition alimentaire tiennent-ils leur promesse ?

Parmi les anomalies récurrentes relevées, les services de la DGCCRF ont constaté l’usage de nombreuses mentions non étayées mais laissant penser que certains produits étaient plus sains sur le plan nutritionnel. De nombreux produits revendiquaient sans pouvoir le justifier un « caractère naturel », des bienfaits nutritionnels et de santé ou encore l’absence d’OGM. 

- Des teneurs en nutriments inexactes ont aussi été relevées

- La présence non indiquée d’additifs ou d’arômes a par ailleurs été relevée pour des denrées revendiquant un caractère naturel. 
- Le non-respect des règles d’étiquetage concernant l’appropriation de dénominations laitières protégées, réservés à quelques exceptions aux seuls produits laitiers («fromage», «crème» ou encore «lait» par exemple pour des produits d’origine végétale).
- Une mse en évidence d’anomalies relatives à la composition de certains aliments.

Résultats

- Sur 74 produits, 36 (48%) présentaient au moins une anomalie, le plus souvent, une différence entre les qualités annoncées et la réalité.
- 25% des établissements contrôlés présentait une anomalie et proposaient des produits dont les allégations relatives à leurs qualités végétales fausses ou non étayées trompant ou induisant en erreur le consommateur. 
- 39 avertissements ont été envoyés aux opérateurs afin de leur rappeller leurs obligations réglementaires.
- 12 injonctions ont été adressées pour exiger des opérateurs qu’ils corrigent les choses, quand il s’agissait d’infractions ou de manquements grâves.
- 1 procès-verbal pénal.

Les aliments insalubres peuvent causer de graves problèmes de santé, selon des experts

«Les aliments insalubres peuvent causer de graves problèmes de santé, selon des experts», source article de Joe Whitworth paru le 7 juin 2023 dans Food Safety News.

Les aliments insalubres peuvent parfois n'entraîner que des symptômes aigus légers, mais ils peuvent également provoquer des maladies chroniques comme des cancers ou affecter l'apport nutritionnel, selon des experts.

Un webinaire a eu lieu le 7 juin pour discuter du fardeau des aliments contaminés dans le cadre des discussions sur la santé de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) autour de la Journée mondiale de la sécurité alimentaire.

L'événement a abordé une série de conséquences sur la santé en raison d'aliments insalubres causés par des risques microbiologiques tels que des bactéries, des virus, des parasites, ainsi que des produits chimiques et des toxines. Il a également couvert la façon dont l'OMS tente de quantifier le fardeau par l'estimation des incidences totales, des décès et des années de vie ajustées sur l'incapacité (DALY).

Le Foodborne Disease Burden Epidemiology Reference Group (FERG) de l'OMS a publié des estimations en 2015 à partir des données de 2010. Des chiffres actualisés seront publiés en 2025 mais l'année de référence n'a pas encore été décidée, compte tenu de l'influence de la pandémie de COVID-19.

Le Dr Rob Lake, président du FERG de 2021 à 2025, a déclaré que les infections d'origine alimentaire entraînent une mortalité et une morbidité considérables.

«Les maladies d'origine alimentaire sont complexes, il existe un grand nombre de dangers différents, différents résultats et effets sur la santé se produisent à différentes échelles de temps. Un autre facteur de complication est que les aliments ne sont pas la seule voie de transmission, nous devons donc évaluer différentes voies d'exposition. Nous travaillons souvent avec des quantités limitées de données.»

Attirez l'attention sur le sujet et ne négligez pas les parasites

Lake a déclaré que les prochaines estimations ont l'intention d'inclure un plus grand nombre de dangers chimiques pour mieux représenter cette catégorie.

«Le groupe de travail sur les produits chimiques et les toxines travaille dur pour résoudre ce problème. Nous devons nous rappeler que souvent les personnes pensent que l'intoxication alimentaire est une maladie diarrhéique ou entérique, mais il existe un grand nombre d'autres dangers et ceux-ci peuvent entraîner des résultats pour la santé très différents en raison d'une exposition d'origine alimentaire», a-t-il déclaré.

«Dans l'ensemble, nous espérons que les estimations seront utiles pour les services réglementaires et les décideurs alimentaires et utiles dans l'établissement de la politique de sécurité des aliments. Cela aide également à donner de l'importance à la question des maladies d'origine alimentaire et, espérons-le, stimule les pays à développer des systèmes améliorés de sécurité sanitaire des aliments, des programmes de gestion des risques et de bonnes pratiques de fabrication. Essentiellement, jusqu'à ce que nous puissions mesurer l'impact de ces maladies, il est très difficile de faire comprendre aux personnes à quel point elles sont importantes.

La Dr Lucy Robertson, de l'Université norvégienne des sciences de la vie, a déclaré qu'il était important que l'impact des parasites ne soit pas négligé.

«Les parasites sont complexes et se présentent sous toutes les formes et tailles. Les parasites d'origine alimentaire sont souvent négligés. Il existe une grande diversité de protozoaires, de vers et de douves et le fardeau humain est élevé. Souvent associé à de nombreuses affections graves ou chroniques à long terme, car de nombreux symptômes sont graves, potentiellement mortels. Ils sont aussi souvent associés à des communautés défavorisées», a-t-elle déclaré.

Robertson a discuté de Cryptosporidium, affirmant que la transmission n'est pas évidente en raison de l'écart entre l'infection et les symptômes. Les épidémies dans l'UE et en Amérique du Nord sont souvent d'origine hydrique, mais les options de traitement pour les groupes vulnérables sont limitées.

Un autre exemple était Trypanosoma cruzi, la cause de la maladie de Chagas. Il n'a pas été inclus dans la première série d'estimations du FERG, mais les rapports de plus en plus nombreux sur la transmission d'origine alimentaire incluent des épidémies dues au jus de baies d'açaï contaminées par des punaises réduves (Reduviidae) infectées.

Infections entériques et produits chimiques

Le Dr Tesfaye Gobena, de l'Université Haramaya en Éthiopie, a présenté le fardeau des maladies entériques à partir des estimations publiées en 2015.

«Le problème touche de manière disproportionnée les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et les personnes immunodéprimées. Les agents pathogènes provoquent une gastro-entérite aiguë, notamment des diarrhées, des vomissements et des malaises abdominaux. En outre, il existe d'autres conséquences graves à long terme telles que le syndrome de Guillain-Barré, le syndrome hémolytique et urémique (SHU), l'arthrite réactive et le retard de croissance», a-t-il déclaré.

«La sécurité des aliments reste un défi au niveau mondial, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Les aliments insalubres ont de graves conséquences sanitaires, sociales et économiques. Les interventions doivent commencer au niveau local. Des estimations continues des maladies entériques d'origine alimentaire sont essentielles pour hiérarchiser les problèmes et informer adéquatement les décideurs.»

La Dr Lea Sletting Jakobsen, de l'Université technique du Danemark, a parlé des produits chimiques dangereux dans les aliments, notamment les aflatoxines et les dioxines.

Les aliments peuvent être contaminés de différentes manières, notamment par une contamination naturelle, des matériaux en contact avec les aliments, la pollution ou des pratiques de transformation. Les résultats pour la santé et la gravité varient, comme le cancer du foie pour l'aflatoxine et l'infertilité masculine pour les dioxines.

«Il existe un consensus général sur le fait que la charge due aux produits chimiques, et pas seulement aux aliments, est sous-estimée. Il est important de souligner que si aucune charge n'est estimée, cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de charge. Au lieu de cela, cela signifie que nous sommes confrontés à des lacunes importantes dans les données», a-t-elle déclaré.

«L'une des raisons est qu'il est rare qu'un cas de maladie puisse être tracé jusqu'à l'agent causal. Bon nombre des effets sur la santé sont multicausaux et il y a un long délai entre les expositions chroniques et l'apparition de la maladie. Nous sommes exposés à une multitude de produits chimiques et nous avons ces effets combinés. Avec le FERG et dans plusieurs autres projets, la couverture de la charge chimique s'étend. De nombreux autres composés sont à l'étude dans le but de quantifier le fardeau et cela pourrait orienter les recherches futures.»

Les rappels d'aliments et de boissons dans l'UE augmentent au début de l’année 2023

«Les rappels d'aliments et de boissons dans l'UE augmentent au début de l’année 2023», source article de Joe Whitworth paru le 8 juin 2023 dans Food Safety News.

Le nombre de rappels d'aliments et de boissons en Europe a augmenté au cours des premiers mois de 2023, selon une analyse.

Les données proviennent du dernier rapport européen sur les rappels de produits de Sedgwick brand protection et sont basées sur les informations du système d'alerte rapide de l'UE pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF) et de la Food Standards Agency (FSA).

Une augmentation de 2,9% des rappels d'aliments et de boissons, jusqu'à 1 154 au premier trimestre 2023, de janvier à mars, a été enregistrée. Cela signifie que le chiffre est supérieur à la moyenne trimestrielle sur 5 ans de 1 034 rappels.

Les rappels d'ingrédients spécifiques non autorisés ont augmenté. Par exemple, les produits contenant du cannabidiol (CBD), un ingrédient actif du cannabis, sont passés de 11 au T4 2022 à 24 au T1 2023.

Les chiffres du premier trimestre 2023 aux États-Unis sont disponibles ici.

Raisons des rappels européens

La contamination non bactérienne était la principale cause de rappels alimentaires européens avec 486.

Le contaminant le plus courant était les aflatoxines, qui ont été liées à 89 rappels ce trimestre. Cela représente une augmentation par rapport aux 73 rappels au quatrième trimestre. Vient ensuite le chlorpyrifos, qui a été cité 62 fois. En troisième était les pesticides avec 30 rappels.

La contamination bactérienne arrive en deuxième position avec 233 rappels suivis des allergènes non déclarés et les corps étrangers, tous deux responsables de moins de 100 rappels. Parmi les rappels pour contamination bactérienne, 175 concernaient Salmonella, 29 Listeria et cinq concernaient les deux agents pathogènes.

Les fruits et légumes sont restés la catégorie de produits avec le plus de rappels avec 187 au premier trimestre 2023. Elle a été la principale catégorie pendant neuf trimestres consécutifs. Les fruits à coque, les produits fruits à coque et les graines étaient la deuxième catégorie la plus touchée avec 126 rappels, légèrement plus que les 116 au dernier trimestre 2022.

Les aliments diététiques, les compléments alimentaires et les aliments enrichis constituaient la troisième catégorie de produits en importance avec 109. Il y a eu 39 rappels de mollusques bivalves et de produits apparentés, dont la plupart étaient liés à une épidémie de contamination par des norovirus dans des huîtres.

Les rappels par les pays notifiants ont vu l'Allemagne en tête de liste, suivie des Pays-Bas, de la France, de l'Espagne et de l'Italie.

Chris Occleshaw, consultant international en rappel de produits chez Sedgwick, a dit que les entreprises alimentaires et de boissons sur le marché européen font l'objet d'une surveillance accrue de la part des services réglementaires et des consommateurs.

«La sécurité des aliments reste une priorité pour les services réglementaires, comme en témoigne l'augmentation continue du nombre de rappels au premier trimestre 2023. Cependant, les services réglementaires prêtent attention à tous les aspects des opérations d'une entreprise, de sa tenue de registres et de son conditionnement à son étiquetage et ses allégations marketing. Les entreprises doivent réévaluer leurs processus de management des risques pour s'assurer qu'ils soient adaptés aux défis actuels auxquels l'industrie est confrontée», a-t-il dit.

Complément

Au premier trimestre 2023, selon les données du RASFF, la France a notifié 114 fois. Il y a eu 35 produits d’origine France qui ont fait l’objet d’une notification.

Sécurité des aliments : Une conférence de presse pour tenter d'expliquer la nouvelle police sanitaire unique en France

Le blog vous avait présenté le 16 mai la création de la nouvelle police sanitaire en ces termes, France : Une police sanitaire unique verra bien le jour en 2024 ou comment après avoir cassé le dispositif, on tente de reconstruire !

Voici que le 7 juin le ministère de l’Agriculture nous propose 5 questions/réponses sur la réforme de la police en charge de la sécurité sanitaire des aliments.

Bien entendu, il ne s’agit pas d’une conférence de presse car ce ministère ne semble pas du tout doué dans l’art de la communication. Ainsi, Olivier Masbou rapporte l’arrivée d’un nouveau conseiller com dans ce ministère, le troisième en moins d’un an !

Bref venons-en aux questions et aux réponses …

Encore un petit préalable pour indiquer que le syndicat CFDT a publié le 11 mai une lettre à propos de la réforme de la sécurité sanitaire des aliments (SSA), «des questions (encore) sans réponses aux organisations syndicales et une lettre ouverte au ministre de l’Agriculture

Le syndicat FO quant à lui dénonce la délégation de service public des contrôles en remise directe et des plans de surveillance et de contrôles.

Voici le détail de ces 5 questions/réponses avec les commentaire du blog.

1/ Pourquoi une réforme maintenant ?

La réforme vise à rendre l’organisation de la police de la sécurité sanitaire des aliments (SSA) plus lisible et plus efficiente.
Dans la plupart des pays européens la sécurité sanitaire des aliments est pilotée par un seul organisme. Jusqu’ici, le schéma d’organisation français faisait exception avec l’intervention de plusieurs acteurs pour le contrôle des activités professionnelles du secteur alimentaire : la DGAL, rattachée au ministère en charge de l’agriculture, la DGCCRF, rattachée au ministère en charge de l’économie, et la Direction générale de la Santé (DGS), rattachée au ministère de la santé et de la prévention.

Commentaire

Le ministre de l’économie indiquait le 14 mai 2018, «La DGCCRF n’a plus les moyens d’assurer ses missions.» Dans ces conditions, on déshabille Pierre pour rhabiller Paul …

Il est rapporté, «Les principaux constats font état d’une organisation complexe dans la répartition des tâches entre la DGAL et la DGCCRF avec des chevauchements partiels dans certains champs d’intervention, sujets à la critique lors de crises sanitaires alimentaires.»

Effectivement, un article du blog, Sécurité des aliments, voici venir l’incroyable guerre des chapelles !, indiquait que tous les noms auront été utilisésguerre des polices, «armée mexicaine», «police unifiée», «police privée» et «guerre des chapelles» …

Cela étant, il y avait avant trois administrations, DGAL, DGS et DGCCRF, il y aura toujours trois administrations et le blog vous détaille les missions des uns et des autres ici.

2/ Quel est le bénéfice attendu ?

La réforme permettra de rendre plus lisible et plus efficiente l’action de l’État avec, d’une part, une chaîne de commandement unique entre le ministre en charge de la SSA et les préfets, et d’autre part, le regroupement des agents exerçant les contrôles sanitaires des aliments sous une même tutelle ministérielle. Cette nouvelle organisation doit faciliter la gestion de crises sanitaires et doit également permettre le renforcement, quantitatif et qualitatif, des contrôles au travers d’un dispositif de programmation, d’une méthodologie de contrôle et d’un processus de gestion des suites des contrôles uniformisés.
La réforme s’inscrit dans une approche intégrée «une seule santé» prenant en compte les divers facteurs de risques (pratiques agricoles, technologies de la transformation agroalimentaires, contaminants du milieu naturel) susceptibles d’avoir un impact sur la qualité sanitaire des aliments.
Il en résultera une action de l’État plus lisible pour le citoyen et les opérateurs professionnels, mais également pour les partenaires européens et internationaux pour qui la confiance dans l’organisation du dispositif de contrôles officiels est essentielle pour le développement et le maintien des marchés de produits agricoles et agroalimentaires.

Commentaire

D’accord avec la lisibilité, pour l’efficience, on jugera sur pièces ; idem pour la gestion des crise sanitaires. Cette réforme sera-t-elle «susceptible d’avoir un impact sur la qualité sanitaire des aliments.» Là aussi nous jugerons sur pièces.

Il faut espérer «une action de l’État plus lisible pour le citoyen et les opérateurs professionnels», quant aux partenaires européens et internationaux, nous étions un pays à plusieurs guichets et on l’a enfin, semble-t-il, compris.

3/ Quand la réforme sera-t-elle effective ?

La création de la police sanitaire unique a été officialisée le 2 juin 2022 par le décret n°2022-840 relatif aux attributions du ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire. Sa mise en œuvre effective s’effectuera par étapes pendant l’année 2023 selon des modalités de transfert des domaines de compétences qui sont en cours de définition entre les deux ministères. Elle s’achèvera au début de l’année 2024.
Les objectifs attendus sont :
- Augmenter de 80% le nombre d’inspections en remise directe dès 2024, soit un total de 100 000 contrôles par an ;
- Augmenter de 10% des contrôles des établissements de fabrication de produits alimentaires.

Commentaire

Les objectifs semblent ambitieux mais il faut dire et le répéter que l’on a pris un malin plaisir à casser le nombre d’inspections en SSA, qui était, je le rappelle, de 86 239 en 2012, il y a donc 11 ans. Aujourd'hui, d’après les données 2022 de la DGAL, on en est à 48 960. La trajectoire va être donc un grand bon en avant …

4/ Quel sera le nouveau périmètre d’action de la DGAL ?

Les actions de ces trois administrations, DGAL,DGS et DGCCRF ont été détaillées dans un article du blog le 28 janvier 2023, avant il y avait trois administrations, après la réforme, il y aura toujours trois administrations ...

5/ Concrètement pour le consommateur et les professionnels… cela change quoi ?

Pour le consommateur, ce transfert de compétences ne change rien sur le fond : l’État continue d’assurer la permanence de sa mission de contrôle et d’inspection sanitaire. Mieux, la réforme doit permettre de renforcer les contrôles et d’améliorer les modalités de mise en œuvre de la politique de sécurité sanitaire au bénéfice du consommateur en simplifiant la gouvernance de la police sanitaire, au service d’une plus grande efficacité grâce notamment aux économies d’échelle réalisées. Pour les opérateurs professionnels, cette réforme facilitera l'identification du bon interlocuteur et l'harmonisation des procédures.

Commentaire

Ici, on semble se moquer des consommateurs. On va passer de moins de 50 000 inspections par an à 100 000, et cela «ne change rien sur le fond» ! Très étonnante cette réponse.

Ce va effectivement changer pour le consommateur lambda car «la réforme doit permettre de renforcer les contrôles.»

Le blog continuera de suivre cela de près ...

Complément

On peut penser que chiffre de 100 000 inspections est important, mais si l'on regarde du côté de nos amis belges, c'est peu ...

Ce sont près de 160 000 entreprises qui sont soumises à notre surveillance, effectuée notamment via 116 000 inspections (soit un contrôle toutes les 5 minutes, 317 par jour) et 73.000 échantillonnages par an. Source AFSCA.

Mise à jour du 2 juillet 2023
Une fois n'est pas coutume, je suis assez d'accord avec le titre de cet article du 27 juin 2023 de Que Choisir, «Sécurité sanitaire des aliments. Vers une privatisation rampante des contrôles».

Le vrai prix de la salade. Décidément, les écologistes ont vraiment un problème avec les maths

Compléments


On lira aussi une mise au point par rapport au calcul fantaisiste de Madame Tondelier ...

mercredi 7 juin 2023

Nouveau rappel de farine de Teff, le troisième en trois mois pour cause de datura

Dans un précédent article, je rapportais qu’en France : Les rappels de produits alimentaires, ça vole souvent en escadrille.

Voici un nouvel exemple avec la farine de Teff …

Une fois par mois, depuis avril, il y a eu un rappel de farine de Teff, vendue dans les magasins bio pour cause de datura (alcaloïdes tropaniques).

Nous en sommes avec ce rappel du 7 juin 2023 à la troisième édition du rappel, selon RappelConso, voir l’image ci-dessous.

Merci à la nouvelle police sanitaire unique de veiller dorénavant au grain ...

Le blog vous avait déjà parlé de datura notamment dans un article, Datura, les fleurs du mal ou de l'utilité des produits phytosanitaires.


Mise à jour du 13 juin 2023
Pas moins de six notifications au RASFF de l'UE ont été nécessaires, c'est beau la coopération entre les Etats membres ...

Journée mondiale de la sécurité alimentaire : 600 millions de raisons d'avoir une bonne hygiène en cuisine, selon leBfR

Vu que le ministère de l’Agriculture et Santé publique France ont zappé la journée mondiale de la sécurité des aliments, et que l’Anses a fait le service minimum en relayant un tweet de l’EFSA en anglais, je me rabats sur une information venant d’Allemagne, de l’Institut fédéral de l’évaluation des risques (BfR).

«Journée mondiale de la sécurité alimentaire : 600 millions de raisons d'avoir une bonne hygiène en cuisine», source BfR 10/2023 du 6 juin 2023.

Conseils d'hygiène en cuisine de l'Institut fédéral allemand de l'évaluation des risques (BfR) pour se protéger contre les infections d'origine alimentaire.

Environ 1,6 million de personnes dans le monde tombent malades chaque jour à cause d'aliments contaminés. C'est plus de 600 millions chaque année. En Allemagne, plus de 100 000 cas de maladies sont signalés chaque année et peuvent être attribués à des infections d'origine alimentaire ; cependant, le nombre de cas non signalés est beaucoup plus élevé. Depuis 2018, la Journée mondiale de la sécurité alimentaire attire l'attention sur l'importance de cette question.

Le BfR participe également à nouveau cette année et fournit des informations sur les canaux des réseaux sociaux dans le cadre de la semaine thématique «La sécurité alimentaire à la maison» sur des sujets liés aux consommateurs tels que l'hygiène de la cuisine, la contamination croisée ou ce qu'il faut surveiller lors de la consommation de certains aliments crus. «Les infections d'origine alimentaire causées par des bactéries, des virus ou des germes sont un défi permanent. Cela représente également un grave problème de santé actuel dans chaque foyer», a dit le professeur Andreas Hensel, président du BfR. «Il est donc d'autant plus important pour nous d'informer la population sur les effets d'une mauvaise sécurité alimentaire, en adhérant aux règles de conduite qui peuvent prévenir la maladie et sauver des vies.

La plupart des maladies d'origine alimentaire signalées en Allemagne sont causées par des bactéries, des virus ou des parasites. Par conséquent, la manipulation correcte des aliments est cruciale pour éviter les infections d'origine alimentaire. Dans la plupart des cas, les maladies s'accompagnent de symptômes tels que des crampes d'estomac, de la diarrhée ou des vomissements et disparaissent après quelques jours. Cependant, dans les groupes à risque tels que les nourrissons, les femmes enceintes, les personnes âgées ou les personnes dont le système immunitaire est affaibli, les infections d'origine alimentaire peuvent être graves, causer des dommages permanents et, dans certains cas, même être mortelles. Par conséquent, il est important de suivre les règles d'hygiène lors du stockage et de la préparation des aliments pour éviter de contaminer les aliments par des agents pathogènes dans votre propre cuisine.

Identifier via un test PCR les 30 groupes de souches les plus courants de Listeria monocytogenes

Un test PCR permettant d’identifier rapidement et pour un faible coût les souches de 
Listeria monocytogenes à l’origine d’infections d’origine alimentaire a été développé par l’Anses, en collaboration avec des laboratoires en charge de la sécurité sanitaire des aliments de plusieurs pays européens. Ce test a déjà été utilisé dans plusieurs pays pour investiguer l’origine de cas humains de listériose.

L’Anses est le laboratoire de référence européen pour Listeria monocytogenes. Après plusieurs années de recherche, elle a développé un test PCR permettant d’identifier le groupe génétique auquel appartient une souche de Listeria monocytogenes en moins d’un jour et pour moins de 10 euros. Ceci constitue une avancée par rapport à la méthode utilisée habituellement, le MultiLocus Sequencing Typing (MLST), qui nécessite trois à cinq jours d’analyse et 150 euros par souche analysée.

Identifier les 30 groupes de souches les plus courants

« Le test que nous avons développé permet d’identifier les 30 groupes génétiques de Listeria monocytogenes, appelés complexes clonaux, les plus couramment trouvés dans l’alimentation en Europe.» explique Benjamin Félix, chargé de projet au sein du laboratoire de sécurité des aliments de l’Anses. «Notre méthode est très utile pour les pays qui n’ont pas les moyens financiers de faire des séquençages de génomes complets en routine ou lorsqu’il faut analyser un grand nombre d’échantillons car elle permet de faire un premier tri rapide.»

Le test repose sur la détection de séquences d’ADN caractéristiques de chaque groupe de souches. La nouvelle méthode a fait l’objet d’une publication dans la revue Microbiology Spectrum en mai dernier. 

Dans la conclusion de l’article, les auteurs notent,

Nos tests rapides, précis et précieux constituent une étape supplémentaire vers une meilleure compréhension et gestion des risques sanitaires associés à L. monocytogenes pour la surveillance et a maîtrise de la contamination dans l'industrie agroalimentaire. Les méthodes ne couvrent pas l'ensemble de la diversité MLST décrite au sein des espèces de L. monocytogenes, mais permettent le typage des 30 complexes clonaux (CC) les plus abondants retrouvés dans le monde dans les produits alimentaires. La large utilisation de ces méthodes devrait contribuer à (i) définir la répartition mondiale des CC le long de la chaîne alimentaire, (ii) fournir une vision précise des structures des populations de L. monocytogenes dans les aliments, et (iii) anticiper l'émergence de nouveaux types génétiques. Ces tests représentent des outils clés pour aider les laboratoires de surveillance sur le terrain à (i) différencier les souches alimentaires représentant les risques sanitaires les plus importants, (ii) comprendre l'entrée et le transfert de L. monocytogenes dans la chaîne alimentaire, (iii) évaluer les risques représentés par les souches détectées, (iv) tracer l'origine de la contamination lors des investigations épidémiologiques, et (v) adapter les plans de gestion microbiologique et hygiénique dans les usines de transformation, puis sélectionner les mesures de maîtrise les plus appropriées en conséquence.