lundi 18 avril 2022

Chronique au jour le jour des avis de rappels de produits alimentaires de la deuxième semaine d'avril 2022

Il s’agit d’une chronique au jour le jour des avis de rappels de produits alimentaires du 11 au 15 avril (seconde semaine d’avril).

Cette semaine est importante dans l’épidémie à Salmonella liée aux chocolats Kinder où semble-t-il, il avait été ‘oublié des produits. Deux communiqués en une semaine de la part de Santé publique France pour cette même épidémie, c’est assez rare pour le signaler, les 14 avril (point au 12 avril, mais publié le 14 avril) et 15 avril 2021. Nous en sommes à 33 cas. A noter dans cette affaire, des problèmes de chronologie soulevés dans l'épidémie à Salmonella dans plusieurs pays attribuée à du chocolat de la marque Kinder de chez Ferrero.

Un communiqué de Santé publique France du 14 avril 2022 sur des cas groupés de SHU et d’infection à STEC rapporte, «53 cas confirmés ont été identifiés, dont 51 sont liés à des souches STEC O26, et 2 à des souches STEC O103. Pour 26 autres cas de SHU et d’infections à STEC notifiés à Santé publique France, les investigations sont en cours.» Tout ceci aurait sans doute pu être évité car on connaissait les dangers de la pâte, voir ici.

Ces épidémies ont normalement posé la question des contrôles en France, en veut-on un peu, beaucoup, etc. ? Le blog a fait un état des lieux sur le sujet des contrôles dans France: La sécurité des aliments en question. Chroniques d'évènements largement prévisibles, et rappelle avec constance que ce qui arrive chez nous a été soigneusement planifié avec l’aide de la Commission européenne ...

Enfin, le feuilleton ‘oxyde d’éthylène’ se poursuit inlassablement, il vous faut savoir que les feuilletons de la Commission européenne sont généralement très mauvais, mais celui-ci va entrer bientôt dans les annales des scandales de l’UE passoire …

Sinon, le bilan des rappels de cette semaine s’élève à 48 (dont 15 liés à L. monocytogenes) versus 57 la semaine précédente.
11 avril 2022
- Salmonella: 10
- Listeria monocytogenes: 2
Coulisses des rappels
- Tout arrive avec RappelConso, publication de 10 avis de rappel de chocolats de la marque Kinder. C’est sans commentaire car c’est unique en Europe !
- Oubli par RappelConso du pâté aux endives pour cause de présence de Listeria monocytogenes. Avis de rappel du 11 avril publié par Auchan.

12 avril 2022
- Listeria monocytogenes: 4
- aflatoxines: 3
- Salmonella: 3
- oxyde d’éthylène: 1
Coulisses des rappels
- Un jour de retard dans l’avis de rappel publié par RappeConso du pâté aux endives déjà publié hier.

13 avril 2022
- Listeria monocytogenes: 2
- oxyde d’éthylène: 2
- corps étrangers: 3
- Salmonella: 1
Coulisses des rappels
- Quatrième rappel de haddock depuis le début de l’année 2022 pour cause de présence de Listeria monocytogenes. Rappel sensiblement à la même date en 2021 selon RappelConso.
- Du pâté en croûte avec des petits morceaux de plastiques, très loin des bonnes pratiques d’hygiène, formation à faire ou changer de métier ...
- Mise à jour des liens Internet, la page Alerte Alimentation (site du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation) pointe désormais sur le site RappelConso. La dernière alerte de ce ministère datait du 17 juillet 2021, il était temps, mais que ce fut long…
- Notification au RASFF de l’UE par la France le 13 avril de fromage de chèvre de France pour cause de présence de Listeria monocytogenes. Rappel en Allemagne de Selles sur Cher pour cause de présence de Listeria monocytogenes.
- Un dernier produit de la marque Kinder rappelé très en retard sur RappelConso, alors qu’il était signalé sur les produits rappelés par Ferrero France le 9 avril 2022, incompréhensible !

14 avril 2022
- Listeria monocytogenes: 5
- autres contaminants microbiologiques: 2
- oxyde d’éthylène: 2
- allergènes: 2
- présence de millepertuis non étiqueté: 1
Coulisses des rappels
- Des fromages contaminés par Listeria monocytogenes depuis quelques jours, mais cela n’intéresse pas la presse à partir du moment où ce n’est pas Lactalis qui est en cause. Et pourtant, selon Carrefour, ce sont 15 références de produits qui sont rappelés; RappelConso n’en cite que quatre.
- Oubli par RappelConso du rappel de bûches caramel mirabelles, source Intermarché.
- Oubli par RappelConso du rappel de bûches vanille cassis, vanille praline, poire caramel, vanille marron, source Intermarché.
- Notification par la Pologne au RASFF de l’UE le 14 avril de la présence d’esters de 3-MCPD dans formules infantiles de France.
- Sept lots de salade piémontaise rappelés pour cause de Listeria monocytogenes de . 230g, 400g, 800g, 1,5 kg, 2,5 kg; ça fait quand même un rappel de poids.
- Rappel de farine de petit épeautre de France en Belgique pour cause d’une teneur trop élevée en aflatoxines. Cela a entraîné une notification de la Belgique au RASFF de l’UE le 15 avril 2022.
- Publication le 14 avril 2022 par la DGCCRF d’un complément d’informations lié au retrait-rappel de produits de la marque Kinder en raison d’une contamination à Salmonella Typhimurium. Pas d’écho chez RappelConso.
15 avril 2022
- Listeria monocytogenes: 2
- Anomalie d’étiquetage: 1
- Résidus de pesticides: 1
- oxydes d’éthylène: 1
Coulisses des rappels
- Six notifications au RASFF ont pour origine des produits de France.

Feuilleton des rappels liés à la présence d’oxyde d’éthylène en France
En dehors des pizzas Buitoni Nestlé et des chocolats Kinder, votre feuilleton préféré continue sa route, l’oxyde d’éthylène. Cela dure depuis le 9 septembre 2020, mais le décompte en France n’a débuté que le 20 octobre 2020. Ainsi, selon la DGCCRF, il y a eu 17 933 (références et lots) au 15 avril 2022 versus 17 922 rappels au 8 avril 2022.
Par ailleurs, si vous jetez un coup d’oeil sur le site de la DGCCRF intitulé, «Sésame, psyllium, épices et autres produits rappelés comprenant ces ingrédients», vous pourrez lire cette phrase, qui n’a strictement aucun sens, «Des investigations sont actuellement en cours en lien avec la Commission européenne pour identifier l’origine de cette contamination». En effet, dans la mesure où la DGCCRF n’informe des réunions qui ont déjà eu lieu, cela n’a strictement aucun sens et surtout personne ne sait quand ce mauvais feuilleton va s’arrêter ...

Feuilleton des rappels de chocolats de marque Kinder de chez Ferrero
Sur la page des retraits rappels de la DGCCRF, on trouve cette liste de communiqués, sachant que le 9 avril Ferrero France avait publié une liste complète, comprenant les calendrier de l’Avent ...

Surprise dans les œufs Kinder
Vendredi 15 avril, une habitante de Val-de-Reuil (Eure) porte plainte contre la société Ferrero pour tromperie devant le Procureur de la République du Tribunal judiciaire de Rouen. Son fils de 2 ans a été hospitalisé après avoir mangé un Kinder. Le chocolat aurait présenté des traces de Campylobacter.
De leur côté, le service presse du groupe Ferrero assure ne jamais avoir entendu parler de cette bactérie avant le dépôt de plainte de la famille euroise. Une réponse insatisfaisante pour l'avocat qui dénonce l'attitude de l'entreprise.
Complément
A signaler, le 12 avril, un second rappel de gâteau au chocololat réalisé avec des produits de chez Kinder. Le précédent avait eu lieu le 8 avril 2022.

Aux lecteurs du blog
Je suis en conflit depuis plusieurs années avec la revue PROCESS Alimentaire pour une triste question d’argent qui permettrait de récupérer et de diffuser correctement les 10 052 articles initialement publiés gracieusement par mes soins de 2009 à 2017 sur le blog de la revue, alors qu’elle a bénéficié de la manne de la publicité faite lors de la diffusion de ces articles. Le départ du blog de la revue a été strictement motivé par un manque de réactivité dans la maintenance du blog, la visibilité de celui-ci devenant quasi nulle. J’accuse la direction de la revue de fuir ses responsabilités et le but de ce message est de leur dire toute ma colère. Elle ne veut pas céder, moi non plus, et je lui offre ainsi une publicité gratuite.

dimanche 17 avril 2022

Une étude révèle que plus d'une pomme de terre européenne sur cinq héberge Clostridioides difficile

«Une étude révèle que plus d'une pomme de terre européenne sur cinq héberge Clostridioides difficile», source CIDRAP News.

Des scientifiques européens signalent un taux de contamination par Clostridioides difficile de 22,4% sur des pommes de terre prélevées dans 12 pays européens, selon une étude publiée dans Eurosurveillance.

C. difficile cause l'une des infections nosocomiales les plus courantes et est principalement associé aux séjours à l'hôpital. Il est considéré comme une menace urgente de résistance aux antibiotiques.

Des chercheurs ont choisi de prélever des pommes de terre en raison de leur grande disponibilité, de leur facilité d'échantillonnage et de leurs taux de positivité élevés. Ils ont échantillonné des tubercules en Autriche, France, Grèce, Irlande, Italie, Pays-Bas, Pologne, Slovaquie, Espagne, Suède, Roumanie et Royaume-Uni.

Sur 147 échantillons, 33 (22,4%) ont été testés positifs, avec des taux allant de 0 à 100% selon les pays, mais 9 nations avaient au moins un taux de positivité de 10%. Le séquençage du génome entier a révélé plusieurs paires de souches génétiquement apparentées.

Les chercheurs concluent que les résultats «indiquent que les pommes de terre peuvent servir de vecteur pour l'introduction de spores de C. difficile dans l'environnement domestique, où la bactérie peut ensuite se multiplier chez des hôtes sensibles.»

Les pommes de terre pourraient servir de vecteur de propagation des spores entre les pays et de contamination des environnements domestiques. De telles expositions constantes combinées à un microbiote intestinal temporairement perturbé (résistance à la colonisation altérée) peuvent alors contribuer à l'apparition d’infections à C. difficile associées à la communauté.

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samedi 16 avril 2022

Abbott Nutrition: la tempête qui se prépare

Je connais Phyllis Entis depuis un plus d'une dizaine années et c'est une personne digne de confiance. Son blog eFoodAlert est une réference en matière de rappel de produits alimentaires ici et là. Retraitée, elle a déjà publié plusieurs ouvrages d'ordre général, mais surtout elle est connue pour avoir publié en 2007, Food Safety: Old Habits,New Perspectives , édité par l'American Society for Microbiology, une référence, puis en novembre 2020, Tainted: From Farm Gate to Dinner Plate, Fifty Years of Food Safety Failures , qui se lit comme un roman policier. Le blog vous en avait parlé ici. Voici son dernier article qui constitue une véritable investigation sur ce qui se passe aux États-Unis, à vous de voir ...

«Abbott Nutrition: la tempête qui se prépare», source article de Phyllis Entis paru sur son blog eFoodAlert le 14 avril 2022.

Entre le 1er septembre 2019 et le 20 septembre 2021, Abbott Nutrition a reçu dix-sept plaintes de consommateurs concernant plusieurs préparations en poudre de la marque Similac.

Quinze de ces plaintes concernaient des nourrissons testés positifs pour Salmonella après avoir consommé un produit Similac. Une plainte citait un nourrisson qui avait reçu un diagnostic de Cronobacter (Enterobacter) sakazakii , et une autre plainte était à la suite d'un décès de nourrisson d'une cause non précisée.

Ces informations sont contenues dans le rapport d'inspection d'établissement (EIR pour Establishment Inspection Report) du 20 au 24 septembre 2021, obtenu par eFoodAlert auprès de la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis en réponse à une demande selon le Freedom of Information Act.

Comment les plaintes ont-elles été traitées
En réponse à la plainte liée à la présence de Cronobacter, la société a examiné ses dossiers de lots et ses dossiers d'analyses microbiologiques des produits finis. La plainte a été examinée par une équipe médicale interne d'Abbott Nutrition.

L'entreprise a clos la plainte après avoir déterminé que tous les dossiers de lot étaient acceptables, qu'il n'y avait pas d'autres plaintes de consommateurs et que les tests microbiologiques étaient négatifs pour C. sakazakii.

La plainte concernant le décès d'un nourrisson a déclenché un examen du dossier de lot pour trois lots de Similac Alimentum. Après avoir terminé l'examen et déterminé qu'aucune autre plainte ou problème médical n'avait été identifié pour les produits, la société a clos la plainte.

Les quinze plaintes de Salmonella impliquaient des nourrissons qui avaient reçu un ou plusieurs lots de Similac Alimentum, Similac ProAdvance, Similac Spit-Up, Similac Total Comfort, Similac Advance, Similac Pro Sensitive ou Elecare for Infants.

Les quinze nourrissons ont été testés positifs pour Salmonella.

Une fois de plus, les examens des dossiers de lot sont revenus acceptables et les résultats des analyses sur les produits finis étaient négatifs pour Salmonella.

Un prélèvement du produit fini de l'un des lots impliqués (Similac Advance lot #472005) a été obtenu par Abbott Nutrition auprès d’un consommateur. Le prélèvement a été soumis à un examen visuel et le contenant a été examiné dans le laboratoire d'emballage.

La société n'a effectué aucune analyse microbiologique sur cet échantillon.

La ‘Standard Operating Procedure for Handling Complaints’ (ou Procédure opératoire standard pour le traitement des plaintes) d'Abbott Nutrition précise que «... tout essai chimique ou microbien d'un prélèvement client non ouvert nécessite l'approbation du vice-président qualité d’Abbott Nutrition ou de son délégué».

L'EIR ne précise pas si l'autorisation a été sollicitée pour effectuer des analyses microbiologiques sur le prélèvement.

Les résultats des analyses internes d'Abbott suscitent des inquiétudes
Outre les plaintes des consommateurs, l'EIR révèle également que l'entreprise avait retrouvé Cronobacter dans deux lots de produits finis.

Le premier de ces résultats positifs a été enregistré pour Similac Alimentum (lot 697464), produit le 25 septembre 2019, un jour seulement après la fin de l'inspection en septembre 2019 par la FDA de l'usine de production d'Abbott.

La cause profonde de la contamination a été déterminée comme étant environnementale. L'entreprise a mis en œuvre des actions correctives et a détruit le lot contaminé.

La cause profonde spécifique du deuxième résultat positif, cette fois dans Similac Spit-Up (lot 732675), produit le 22 juin 2020, n'a jamais été retrouvée, selon l'EIR. Plusieurs lacunes ont été relevées au cours de l'enquête sur les causes profondes, des mesures correctives ont été mises en œuvre et le lot a été détruit.

En plus des deux cas de Cronobacter dans les produits finis, Abbott a également retrouvé Cronobacter dans cinq prélèvements environnementaux entre janvier 2019 et août 2021. Il n'y avait aucun prélèvement environnemental positif pour Salmonella.

Tous les résultats positifs pour Cronobacter provenaient de surfaces sans contact avec le produit.

Dans son avis de rappel du 17 février 2022, Abbott a reconnu «... des preuves de Cronobacter sakazakii dans l'usine dans des zones non en contact avec les produits».

Pourtant, l'investigation de la FDA a récupéré Cronobacter sakazakii dans au moins un écouvillon de ce qui semble être une surface en contact, comme décrit dans le rapport d'observations de l'inspection du 31/01/2022 au 18/03/2022 (formulaire FDA 483).

L'explication de l'absence de résultats positifs pour Cronobacter sur des surfaces en contact avec les produits est révélée dans la description des procédures de prélèvements environnementaux d'Abbott Nutrition, comme indiqué dans l'EIR de septembre 2021.

Selon la description du programme de prélèvements environnementaux d'Abbott Nutrition, l'entreprise effectue des prélèvements environnementaux des surfaces en contact avec les produits et des surfaces non en contact avec les produits, ainsi que de l'air, de l'eau, de la vapeur et de l'air comprimé.

Des échantillons d'écouvillons provenant de surfaces en contact avec le produit et de surfaces non en contact avec le produit sont analysés pour les Enterobacteriaceae.

Les Enterobacteriaceae sont une famille de bactéries qui comprend à la fois Salmonella et Cronobacter, et une analyse des Enterobacteriaceae totaux peut être utilisée comme indicateur des conditions sanitaires générales dans une installation de production.

Si une surface sans contact avec le produit produisait un résultat positif dans une zone de l'usine considérée comme ‘à haut risque’ par l'entreprise, les isolats seraient analysés à la fois pour Salmonella et Cronobacter.

D'autre part, si une surface en contact avec le produit était positive pour les Enterobacteriaceae, la société n'a PAS analysé les isolats pour Salmonella ou Cronobacter, expliquant que le produit fini est analysé pour les deux microbes.

Cependant, sauf en cas de contamination massive, Salmonella ou Cronobacter seraient très probablement présents à de très faibles niveaux dans le produit fini, et les chances de détecter ces contaminants s'apparenteraient à ce que le même nombre apparaisse deux fois de suite à la roulette.

En choisissant de ne pas analyser les surfaces en contact qui sont Enterobacteriaceae-positives pour la détection de Cronobacter ou Salmonella, l'entreprise a raté une occasion d'éviter un grave problème.

La FDA n'est pas irréprochable
Il y avait un intervalle de deux ans entre les inspections de l'usine de production d'Abbott Nutrition à Sturgis, Michigan.

Pendant ce temps, les États-Unis, en fait, le monde entier, étaient sous le choc de la pandémie de la Covid-19.

Lorsque la FDA est revenue vers Abbott, le programme de protection de la Covid-19 de l'entreprise exigeait que l'agence donne un préavis à son inspection prévue, ce qui n'avait pas été le cas par le passé.

Bien que l'entreprise disposait d'un délai de quatre jours au cours duquel elle pouvait «ranger» en prévision de la visite de la FDA, l'équipe d'inspection a tout de même trouvé plusieurs problèmes à noter, qui ont été détaillés dans le formulaire d'observations de l'inspection (formulaire FDA 483) fourni à l'entreprise à la fin de l’inspection.

Mais une observation clé manquait à la liste.

Il n'y avait aucune mention des deux lots de produits finis qui avaient été testés positifs pour Cronobacter sakazakii depuis l'inspection précédente, ni des résultats des tests environnementaux positifs pour Cronobacter.

Ces observations ont été incluses à la place du formulaire 483 émis à la fin de l'inspection de janvier-mars 2022.

Selon l'EIR de septembre 2021, l'équipe d'inspection de la FDA composée de deux personnes n'a effectué aucun prélèvement environnemental au cours de sa visite, même après avoir pris connaissance des résultats positifs pour Cronobacter. Deux lots de produits finis ont été prélevés pour analyse nutritionnelle et deux pour analyse microbiologique.

Questions sans réponse
Sept mois après que la FDA ait reçu le premier signalement d'un nourrisson infecté par Cronobacter et près de quatre mois après que l'agence ait lancé son inspection approfondie de l'usine de production d'Abbott Nutrition, plusieurs questions demeurent:
  • Compte tenu de ce que la FDA a appris en septembre 2021 concernant des prélèvements environnementaux et de produits finis positifs pour Cronobacter dans l'usine d'Abbott, pourquoi a-t-il fallu plus de quatre mois à l'agence pour lancer une autre inspection après avoir reçu le premier rapport de maladie ?  
  • Pourquoi les inspecteurs de la FDA n'ont-ils pas répondu avec plus de force à ces résultats positifs pour Cronobacter lors de la rédaction de la liste des observations de l'inspection à la fin de leur inspection de septembre 2021 ?
  • Abbott aurait-il découvert et résolu son problème de contamination plus tôt s'il avait testé Cronobacter sur des surfaces en contact avec le produit au lieu de s'appuyer sur des analyses de produits finis ?
  • Étant donné que Cronobacter (contrairement à Salmonella) n'est pas une maladie «à déclaration obligatoire» dans la plupart des États, combien de cas supplémentaires à Cronobacter chez des nourrissons n'ont-ils pas été signalés ?
  • Pourquoi a-t-il fallu attendre le 17 février 2022 pour que le public soit sensibilisé à la situation ?
Pour en savoir plus sur Cronobacter sakazakii et d'autres épidémies de maladies d'origine alimentaire dans TAINTED. From Farm Gate to Dinner Plate, Fifty Years of Food Safety Failures (CONTAMINÉ. De la ferme à l'assiette, cinquante ans d'échecs en matière de sécurité des aliments) désormais disponible en éditions numériques, imprimées et audio.
Complément. A propos de l’article de Phyllis Entis, Bill Marler, l’avocat bien connu aux Etats-Unis en sécurité des aliments, a écrit sur son blog, le Marler Blog, un article paru le 15 avril 2022, Le journalisme citoyen à son meilleur niveau – eFoodAlert et ses connaissance sur «Abbott Nutrition : The Gathering Storm».

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Des données suédoises sur les maladies infectieuses d’origine alimentaire indiquent un impact réduit de la COVID-19 en 2021

«Des données suédoises sur les maladies infectieuses d’origine alimentaire indiquent un impact réduit de la COVID-19 en 2021», source article de Joe Whitworth paru le 16 avril 2022 dans Food Safety News.

La pandémie de la COVID-19 a continué d'affecter les signalements d'autres maladies en 2021, selon l'Agence suédoise de santé publique (Folkhälsomyndigheten).

Un résumé du rapport épidémiologique annuel pour 2021 montre que les maladies infectieuses d'origine alimentaire, telles que Campylobacter et Salmonella, ont légèrement augmenté par rapport à 2020, mais le nombre de cas était toujours en baisse par rapport aux niveaux d'avant la pandémie de 2019.

Les chiffres de plusieurs maladies infectieuses sont restés à des niveaux faibles en 2021, mais le rôle des mesures contre le coronavirus n'était pas aussi clair qu'en 2020.

En 2021, moins de cas de maladies infectieuses à déclaration obligatoire ont été signalés qu'avant la pandémie, mais la différence n'était pas aussi importante qu'en 2020.

Impact sur les maladies d'origine alimentaire
Yersinia, E. coli et l'hépatite A ont augmenté par rapport à 2020, tandis que les cas à Shigella sont restés inchangés.

La baisse est en grande partie due au faible nombre de personnes infectées à l'étranger, selon le rapport. Pour Cryptosporidium, les infections ont diminué pour la deuxième année consécutive, tandis que la situation était stable pour Listeria.

Des rapports annuels détaillés sur chaque maladie seront publiés plus tard cette année.

Il y a eu plus de 4 000 cas d’infection à Campylobacter en 2021, contre près de 3 500 en 2020 et 6 700 en 2019. Près de 950 cas d’infection à Salmonella ont été signalées en 2021 contre 826 en 2020 et près de 2 000 en 2019.

Le nombre de cas d'infection à E. coli est passé de 491 en 2020 à 653 en 2021, mais a diminué par rapport à 755 en 2019. Au total, 313 cas à Yersinia ont été enregistrés en 2021, 221 en 2020 et 393 en 2019. En 2021, 107 cas d’infection à Listeria ont été notés contre 88 en 2020 et 113 en 2019.

« Il y a probablement un effet des mesures de contrôle des infections contre la COVID-19 et des changements de comportements, mais les liens sont complexes. Nous verrons une augmentation des maladies infectieuses lorsque les personnes rencontreront de plus en plus de personnes voyageant à l'étranger», a dit l'épidémiologiste d'État Anders Lindblom.

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C'est l'histoire anonyme de la fermeture de deux restaurants à Limoges pour cause d'hygiène

Bruno Longhi de LC Hygiène m’a aimablement informé, «Deux restaurants de Limoges fermés pour des raisons d'hygiène», selon le journal Le Populaire du Centre.

Des déjections de rats à proximité de la nourriture et des manquements aux règles d'hygiène ont entraîné la fermeture de deux restaurants.

Deux arrêtés de fermeture administrative ont été signifiés à deux restaurants de Limoges, après un contrôle sanitaire très défavorable, mardi 12 avril.

Deux enquêtrices du service communal d'hygiène et de sécurité de la mairie, accompagnées de policiers nationaux, ont procédé à un contrôle inopiné des deux restaurants, dont les noms n'ont pas été dévoilés.

Les contrôleurs ont constaté la présence de déjections de rongeurs à proximité de la nourriture, de températures d'aliments incompatibles avec le respect de la chaîne du froid, et d'aliments avariés. Des infractions aux règles d'hygiène ont aussi été relevées.

Une enquête a été ouverte. La réouverture de ces deux restaurants ne pourra être possible qu’après un avis favorable des services d'hygiène et de sécurité et un arrêté du maire.

Selon ce site, c'est la Police Nationale assistée des Services Communaux d'Hygiène et de Santé qui aurait réalisé une série de contrôles et la photo de l'article est issue de la page Facebook de la Police Nationale de la Haute-Vienne.

Voilà ce que l'on sait. Sans mauvaise langue aucune, il faut se rappeler qu’au niveau national, les inspections en restauration commerciale sont assez rares, ces deux restaurants n'ont pas eu de chance, deux restaurants, un vrai coup de poker ! 

Selon cet article de mars 2020 d’un site spécialisé, «Si vous venez d’ouvrir un restaurant, il est tout à fait possible que vous ne soyez pas contrôlé. En effet, la fréquence de contrôle est imposée à hauteur de 10%. Ainsi, un restaurant peut être contrôlé qu’une fois tous les quinze ans. Il se peut donc que vous passiez plusieurs mois, voire années sans subir de contrôle de la DDPP.»

Renseignement pris sur le site Alim’confiance, ces deux restaurants de Limoges ne sont pas cités.

Que constate-t-on dans ces inspections ? Le délai entre l’inspection et la fermeture a été été très rapide, plus rapide que pour la fermeture de l'usine Buitoni Nestlé dans le Nord. Ce qui signifie que ces établissement étaient probablement déjà dans la ligne de mire. Y a-t-il eu des plaintes, le court article ne le dit pas.

Comme d’habitude, ces inspections sont frappées du secret-défense, les noms des restaurants sont inconnus, impossible aussi de connaître le contenu de l’inspection, hélas, il n’existe pas en France de texte de loi sur le droit d’accès à l’information.
Tout ira donc beaucoup après les élections ?

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Epidémie de salmonellose en France chez de jeunes enfants en lien avec la consommation de produits de la marque Kinder, point au 15 avril 2022 par Santé publique France. 33 cas

Très inhabituel point de situation par Santé publique France. Après avoir publié le 14 avril 2022, un point de situation au 12 avril 2022, voici donc un nouveau point au 15 avril 2022 (publié le 15 avril) de l’«Epidémie internationale de salmonellose chez des jeunes enfants en lien avec la consommation de produits de la marque Kinder».

Point au 15/04/22 suite au rappel de plusieurs produits de gamme Kinder fabriqués dans une usine en Belgique en raison d’une suspicion de contamination par Salmonella Typhimurium.

À la suite des investigations menées par les autorités sanitaires belges, conjointement avec leurs homologues anglais, européens et notamment français, l’entreprise Ferrero a procédé le 5 avril 2022 au rappel de plusieurs produits de gamme Kinder fabriqués dans une usine en Belgique en raison d’une suspicion de contamination par Salmonella Typhimurium. Le 8 avril 2022, le rappel concernait finalement l’ensemble des produits Kinder issus de cette usine, indépendamment de leur date de péremption. Le 14 avril 2022, le rappel est encore élargi (incluant les Calendriers de l’Avent Noël 2021).

Cas de salmonellose en France : point de situation au 15 avril 2022
Au total, à la date du 15/04/2022 : 39 cas ont été identifiés par le Centre national de référence (CNR) des salmonelles de l’Institut Pasteur en France. (33 cas au point du 12 avril 2022 -aa)

Les cas sont répartis sur 11 régions: Ile-De-France (6 cas), Grand-Est (6 cas), Provence-Alpes-Côte d'Azur (6 cas), Hauts-de-France (4 cas), Auvergne-Rhône-Alpes (4 cas), Nouvelle-Aquitaine (3 cas), Bourgogne-Franche-Comté (3 cas), Normandie (2 cas), Bretagne (2 cas), Occitanie (2 cas), et Corse (1 cas), et avec un âge médian de 3 ans, et 20 garçons et 19 filles.

Vingt-neuf cas ont pu être interrogés par Santé publique France. Tous les cas rapportent, avant le début de leurs symptômes, la consommation de chocolats de la marque citée ici. Onze personnes ont été hospitalisées pour leur salmonellose, toutes sorties depuis. Aucun décès n'a été rapporté.

Santé publique France continue ses investigations auprès des familles n’ayant pas encore pu être jointes.

Les retraits et rappels successifs des produits concernés de la marque Kinder, produits par l'usine Belge avec fermeture de celle-ci par les Autorités Belges, devraient limiter la survenue en France de nouveaux cas de salmonellose dans les prochains jours/semaines.

Pour connaître la liste des produits concernés par le retrait-rappel: https://rappel.conso.gouv.fr/

Nous espérons tous que «les retraits et rappels successifs des produits concernés de la marque Kinder, produits par l'usine Belge devraient limiter la survenue en France de nouveaux cas de salmonellose dans les prochains jours/semaine». Ces propos étaient déjà là lors du point au 12 avril mais publié le 14 avril, cela devient d&sormais de l’incantation  ...

La page dédiée des rappels Ferrero par la DGCCRF est distincte du site RappelConso et se trouve ici.

Le feuilleton des rappels de chocolats de marque Kinder de chez Ferrero par la DGCCRF se trouve sur la page des retraits rappels de la DGCCRF.

Pourquoi appeler cela un feuilleton. Tout simplement parce que le communiqué de Ferrero France du 9 avril sur les produits rappelés de la marque Kinder comprenait tous les produits y compris les calendriers de l’Avent. La DGCCRF a-t-elle eu un ‘mauvaise approche avec ce communiqué; le communiqué du 14 avril de la DGCCRF ci-dessus montre que c’est bel et bien le cas. Ou bien la DGCCRF peut-elle expliquer pourquoi le communiqué de Ferrero du 9 avril n'a-t-il été pris en compte que le 14 avril ?

Mise à jour du 17 avril 2022. Il peut y avoir des surprises dans les œufs Kinder. Selon France 3 Régions du 17 avril 2022,
Vendredi 15 avril, une habitante de Val-de-Reuil (Eure) porte plainte contre la société Ferrero pour tromperie devant le Procureur de la République du Tribunal judiciaire de Rouen. Son fils de 2 ans a été hospitalisé après avoir mangé un Kinder. Le chocolat aurait présenté des traces de Campylobacter.
De leur côté, le service presse du groupe Ferrero assure ne jamais avoir entendu parler de cette bactérie avant le dépôt de plainte de la famille euroise. Une réponse insatisfaisante pour l'avocat qui dénonce l'attitude de l'entreprise.
Aux lecteurs du blog
Je suis en conflit depuis plusieurs années avec la revue PROCESS Alimentaire pour une triste question d’argent qui permettrait de récupérer et de diffuser correctement les 10 052 articles initialement publiés gracieusement par mes soins de 2009 à 2017 sur le blog de la revue, alors qu’elle a bénéficié de la manne de la publicité faite lors de la diffusion de ces articles. Le départ du blog de la revue a été strictement motivé par un manque de réactivité dans la maintenance du blog, la visibilité de celui-ci devenant quasi nulle. J’accuse la direction de la revue de fuir ses responsabilités et le but de ce message est de leur dire toute ma colère. Elle ne veut pas céder, moi non plus, et je lui offre ainsi une publicité gratuite.

vendredi 15 avril 2022

Salmonella et le chocolat, vus par le BfR

L'EFSA et l’ECDC enquêtent actuellement sur une épidémie internationale de salmonellose liée à des produits à base de chocolat. L'Institut fédéral allemand pour l'évaluation des risques (BfR) a donc compilé des informations sur thème de Salmonella dans le chocolat. 

Après les germes Campylobacter, Salmonella est l'agent bactérien le plus répandu des maladies intestinales en Allemagne. Les aliments à haut risque sont notamment la viande insuffisamment cuite ou crue et les produits fabriqués à partir de celle-ci, les œufs et les ovoproduits non traités thermiquement et les aliments d'origine végétale. Cependant, les aliments gras comme le chocolat, qui sont contaminés par Salmonella, peuvent également provoquer une infection à Salmonella

Dans le cas du chocolat, même de petites quantités de germes peuvent suffire à provoquer une maladie. Les faibles doses d'infection sont attribuées au fait que Salmonella contenue dans le chocolat riche en matières grasses est très bien protégée contre les conditions acides de l'estomac humain et, pour la plupart, atteint l’intestin, où elle peut provoquer une infection. 

La maladie, connue sous le nom de salmonellose, s'accompagne souvent de diarrhée et de douleurs abdominales, mais de la fièvre, des nausées et des vomissements sont également possibles. Les enfants dans leurs premières années de vie et les personnes dont le système immunitaire est affaibli, par exemple en raison de la vieillesse ou de maladies antérieures, sont particulièrement à risque.

Salmonella est très rarement détectée dans le chocolat. Dans le cadre du signalement des pathogènes zoonotiques dans la chaîne alimentaire, les autorités compétentes des États fédéraux allemands ont signalé au BfR des tests de détection de Salmonella dans environ 2 500 échantillons de produits contenant du chocolat entre 2012 et 2019. Salmonella n'était pas détectable dans aucun des échantillons déclarés pendant ces années. Depuis 2020, l'Office fédéral de la protection des consommateurs et de la sécurité alimentaire (BVL) est responsable de la collecte de données et du reporting sur ce sujet.

Néanmoins, les épidémies causées par Salmonella dans les produits chocolatés sont principalement connues par des publications scientifiques. La dernière épidémie de salmonellose en Allemagne connue du BfR en rapport avec le chocolat s'est produite en 2001 et a été causée par un type Salmonella, Salmonella Oranienburg.

Selon l'âge et l'état de santé des personnes concernées, la dose minimale infectieuse de peut être de 10 000 à 1 000 000. Dans le cas du chocolat, cependant, un faible nombre de bactéries peut suffire à provoquer une maladie. Ces faibles doses infectieuses sont attribuées au fait que le chocolat riche en matières grasses offre à Salmonella une protection efficace contre les conditions acides présentes dans l'estomac humain et, pour la plupart, lui permet d'atteindre l’intestin, où il peut provoquer une infection. Salmonella peut survivre dans le chocolat pendant plusieurs années. Il est également très bien protégé contre la chaleur grâce à la faible teneur en eau du chocolat et à l'effet protecteur de la matière grasse.

Il existe près de 2 700 sérotypes différents de Salmonella (sérovars). La prévalence de certains sérotypes plus fréquents dans le chocolat que d'autres, comme les œufs, qui sont principalement contaminés par Salmonella (S.) Enteritidis, n'est pas évidente dans les produits à base de chocolat. Par exemple, dans les épidémies connues de salmonellose causées par la consommation de produits chocolatés contaminés, les sérovars S. Napoli, S. Oranienburg ou S. Typhimurium ont été retrouvés. S. Durham a été retrouvé dans de la poudre de cacao, S. Eastborne dans des fèves de cacao et S. Nima dans des pièces en chocolat. Au Laboratoire national de référence de Salmonella du BfR, les sérovars S. Hull ou S. Salford (isolat du chocolat), S. Nigeria (isolat de coques de cacao), S. Typhimurium (isolat de chocolats) et S. Senftenberg et S. Weltevreden (isolats de cacao) ont été identifiés au cours des quatre dernières années.

ComplémentAttention au chocolat en cette période de gourmandise ! Patrick Verwaerde, chef du service urgences-soins intensifs de l'Ecole nationale vétérinaire d’Alfort vous explique pourquoi il faut garder son chien et son chat éloignés de ces sucreries, voir la vidéo.

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