jeudi 6 juin 2019

Des chercheurs soulignent le rôle de la contamination croisée dans l'épidémie à E. coli causée par des fromages au lait cru


« Des chercheurs soulignent le rôle de la contamination croisée dans l'épidémie à E. coli causée par des fromages au lait cru », source article de Joe Whitworth paru le 6 juin 2019 dans Food Safety News.

Selon les chercheurs, quatre cas de maladie faisant partie d'une épidémie à E. coli en France liée à des fromages au lait cru non pasteurisé ou au lait crué pourraient avoir été causées par une contamination croisée ou un transfert de contamination.

Entre le 25 mars et le 27 avril, 19 cas suspectés de présenter une infection à E. coli producteurs de shigatoxines (STEC) ont été rapportés à Santé publique de France par des hôpitaux , contre 5 à 10 cas au cours de la même période en 2002. Les années précédentes. Treize patients ont été confirmés comme étant infectés par le sérogroupe O26 et le séquençage du génome entier (WGS) est en cours pour la comparaison des souches.

Les investigations ont identifié 16 patients dans l'épidémie, dont 14 cas de SHU pédiatrique, ainsi qu'un adulte de 63 ans et un enfant souffrant de diarrhée.

Des fromages à pâte molle au lait cru de vache des marques Saint-Félicien et Saint-Marcellin fabriqués par la Fromagerie Alpine ont été identifiés comme étant la source probable des infections, mais aucun échantillon positif de fromage ou de lait STEC O26 n’a encore été identifié.

Investigation sur la contamination croisée
Selon l’étude publiée dans la revue Eurosurveillance, quatre cas dans l’épidémie n’ont pas consommé les fromages non pasteurisés, mais un membre de la maison l’a fait.

Les chercheurs ont déclaré que cela suggère que les enfants affectés pourraient avoir été infectés par une contamination croisée avec des couteaux, des planches à découper ou des mains.

Aucun membre de la famille n'a signalé de symptômes de maladie indiquant que les patients de l'épidémie étaient peu susceptibles d'avoir été infectés par une transmission de personne à personne.

Des investigations sont en cours pour mieux documenter les expositions des patients, telles que la consommation de fromages ou d'autres produits alimentaires coupés à l'aide de couteaux ou sur les mêmes planches à découper que les fromages en cause.

« Lors de l'épidémie actuelle, plusieurs familles ont signalé la consommation présumée de fromages par des membres de la famille, mais pas par l'enfant malade. Cela suggère que le risque de contamination croisée par les aliments utilisés par les membres de la famille de jeunes enfants devrait également être pris en compte lors des investigations », ont déclaré les chercheurs.

Tous les cas de SHU ont nécessitaient un traitement à l'hôpital
Les 16 victimes de l'épidémie vivent dans six régions de France. Tous les cas pédiatriques ont moins de cinq ans ; la moyenne est de 22 mois avec une fourchette d'âge de 6 mois à 63 ans. Huit cas sont des femmes et la date d'apparition des symptômes allait du 31 mars au 29 avril.

Tous ceux qui ont développé le SHU ont été hospitalisés. Treize des patients infectés ont reçu des transfusions de sang et/ou de plaquettes et sept ont été dialysés. Six patients ont eu des complications neurologiques, tous ont reçu une transfusion et trois ont également dû subir une dialyse.

Les chercheurs ont déclaré que l’épidémie se caractérisait par le jeune âge et la gravité de la maladie.

« Bien que les cas de SHU pédiatriques soient susceptibles d'être notifiés aux autorités de santé publique par le biais du système de surveillance national, les infections à STEC présentant une diarrhée non compliquée peuvent ne pas être identifiées et le nombre de cas liés à cette éclosion peut être sous-estimé », selon l'étude.

Les premières investigations épidémiologiques effectuées à l’aide d’un questionnaire ont permis de déterminer que la consommation de fromage au lait cru de vache des marques Saint-Félicien et Saint-Marcellin était le lien commun dans huit des 13 cas.

Des investigations de traçabilité utilisant des cartes de fidélité des supermarchés ont révélé que Fromagerie Alpine était un producteur commun de ces fromages. Un rappel a été lancé par les autorités sanitaires à la fin d'avril et étendu au début de mai. Tous les fromages du producteur fabriqués du 1er février au 27 avril de cette année ont été rappelés des supermarchés et d'autres magasins de vente au détail.

En France, le suivi des STEC repose sur la surveillance du SHU chez les enfants de moins de 15 ans par un réseau de services de pédiatrie et de néphrologie pédiatrique volontaires.

Depuis avril 2017, des souches isolées ont été envoyées au Centre national de référence pour E. coli, Shigella et Salmonella (CNR-ESS) à l'Institut Pasteur pour le séquençage du génome entier et pour voir si elles appartiennent à un cluster.

De tous les isolats humains reçus au CNR-ESS de 2016 à avril 2019, un seul appartenait au même groupe. L'analyse SNP a révélé que cet isolat était un ancêtre proche des isolats actuels de 2019. La souche a été isolée en septembre 2018 chez une patiente atteinte de SHU pédiatrique vivant dans une région proche de la Fromagerie Alpine. Les investigations n’ont pas mis en évidence de lien avec les patients de l’épidémie actuelle.

Les informations ont été envoyées aux autorités sanitaires internationales par l'intermédiaire du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Au 27 mai, aucun des 13 pays ayant répondu n’avait signalé de cas liés à l’épidémie. Trente-trois pays ont reçu les produits incriminés.

CommentairesCette épidémie a donc montré qu'il ne suffit pas de ne pas consommer d'aliment contaminé et indique le rôle du transfert de contamination.



Cet aspect du problème a échappé à la com du ministère de l'agriculture dans son information, « Les autorités sanitaires recommandent aux populations fragiles de ne pas consommer de lait cru ni de fromages au lait cru»



L'information n'était donc que partiellement exacte …


Il s'agit ici du même cas de figure qu'avec la cuisson du steak haché signalé dans un article de James Marsden, « Why « just cook it » won’t cut it » (Pourquoi « faites le juste cuire » ne marche pas).

Questionnement à propos des biotoxines marines émergentes à surveiller dans les coquillages


« Pinnatoxines : des biotoxines marines émergentes à surveiller dans les coquillages », nous dit l'Anses, et le blog se demande depuis quand il aurait fallu le faire … explications dans le texte ...
L’Anses publie le 4 juin 2019 une expertise sur les pinnatoxines (PnTX), une famille de biotoxines marines émergentes, détectées dans des moules de lagunes méditerranéennes. Ces biotoxines marines provoquent chez la souris des effets neurotoxiques aigus en cas d’ingestion. Les données de consommations disponibles ont permis d’estimer l’exposition des consommateurs de coquillages selon divers scenarii. L’Anses attire l’attention des pouvoirs publics sur la possibilité d’un risque sanitaire en cas de consommation de coquillages contaminés par les pinnatoxines provenant des lagunes méditerranéennes, en particulier de la zone d’Ingril dans l’Hérault. Elle recommande par ailleurs de prendre en compte ces biotoxines émergentes dans la surveillance des zones de production de coquillages. Ces travaux constituent une avancée scientifique majeure dans le domaine des toxines émergentes.

L'Anses rapporte les informations suivantes :
  • De nouvelles biotoxines marines émergentes détectées dans les coquillages en France
  • Eviter la consommation de coquillages issus de la zone d’Ingril dans l’Hérault
  • Mettre en place la surveillance des pinnatoxines
  • Engager des travaux de recherche afin d’estimer plus précisément l’exposition des consommateurs de coquillages
On apprend ainsi dans Risques liés aux pinnatoxines dans les coquillages, Avis de l’Anses, Rapport d’expertise collective, Mars 2019 - Édition scientifique (106 pages) que « L’Anses a été saisie le 11 janvier 2016 par la Direction générale de l’alimentation (DGAL) et la Direction générale de la santé (DGS) pour la réalisation de l’expertise suivante : Demande d’avis relatif à la toxicité aiguë et chronique des pinnatoxines. »

Pourtant dans un rapport* remis à la DGAL en 2012, il était déjà indiqué (extraits) :
Suite à la découverte de la Pinnatoxine G comme agent responsable des toxicités atypiques à Ingril fin 2010, une étude a été commanditée afin d’approfondir les connaissances sur l’organisme producteur de cette toxine, Vulcanodinium rugosum, les toxines associées et leur toxicité.
L’organisme, étant considéré « cryptique » dû à sa faible présence dans le milieu, a été suivi de manière plus proche à Ingril. Il est apparu dans la colonne d’eau en juillet et août 2012, et quelques échantillons ont pu être prélevés pour la mise en culture de souches supplémentaires. Une corrélation directe entre la croissance de l’organisme et la température est soupçonnée mais n’a pas encore pu être corroborée sur la période d’étude, faute d’un nombre suffisant d’échantillons. La salinité a été relevée comme étant potentiellement un autre facteur affectant la prolifération de cet organisme.
La comparaison entre moules et palourdes montrent que les moules accumulent la Pinnatoxine G toujours de manière préférentielle, et que la moule reste donc l’espèce sentinelle par excellence. Les palourdes ont une très légère tendance à métaboliser plus largement ce composé, le pourcentage de PnTX-A constituant 1.9% de la Pinnatoxine G dans les palourdes par rapport aux 1.1% dans les moules.
Les concentrations varient fortement d’année en année, mais les concentrations maximales ont dépassé 600 µg kg-1 pour les trois ans 2010 à 2012 et ont dépassé 1200 µg kg-1 en 2010. Ainsi, Ingril présente les concentrations les plus élevées mondialement, dépassant d’un facteur six les plus fortes teneurs rapportées (Nouvelle Zélande).

La surveillance des des pinnatoxines dans « les coquillages dans les lagunes méditerranéennes, en particulier de la zone d’Ingril dans l’Hérault » me semble indispensable mais pourquoi,la DGAL a-t-elle attendue si longtemps avant de mettre en place cette surveillance sachant qu'« une méthode analytique a été mise en place pour l’analyse des différents analogues de la pinnatoxine et des ptériatoxines (A à G et PtTX-A à C) a été mise au point. » … en 2012, que de temps perdu …

C'est à ce type d'action que l'on voit le manque de vigilance de l'organisme DGAL ...


NB : L'image provient de ce site.

mercredi 5 juin 2019

Le 7 juin 2019 sera la « Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments »


Je reproduis ce document de l'OSAV, Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, de Suisse à propos de la « Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments », car je n'ai rien vu sur les sites de nos autorités sanitaires … mais j'ai dû mal voir ...

Dès 2019, le 7 juin sera la « Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments ». L’objectif est de renforcer la sensibilisation à l’importance de la sécurité sanitaire des aliments afin de protéger la santé des consommateurs.

La 73ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York a adopté une résolution proclamant le 7 juin de chaque année « Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments » (World Food Safety Day).

Cette décision est l’aboutissement de l’initiative lancée en 2015 par Awilo Ochieng Pernet pendant sa présidence de la Commission du Codex Alimentarius (CAC) suivie d’intenses négociations au sein de la CAC, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le Costa Rica a été le chef de file des négociations qui ont abouti à cette décision.

Les conséquences des aliments contaminés ou avariés
Cette journée permettra d’attirer l’attention du monde entier sur les répercussions des aliments contaminés et des aliments avariés sur la santé publique. En effet, d’après les estimations mondiales de l’OMS, chaque année, une personne sur dix tombe malade suite à la consommation d’aliments contaminés par des bactéries, des virus, des parasites ou des substances chimiques.

420 000 personnes dont 125 000 enfants de moins de cinq ans meurent des suites de ces maladies. L’OMS estime que les aliments contaminés sont responsables de plus de 200 maladies, allant de la diarrhée aux cancers.

Les aliments contaminés ou avariés nuisent au développement des sociétés et des économies. Ils sont une charge pour les systèmes de santé publique, les économies nationales, le commerce et le tourisme.

La résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies invite toutes les parties prenantes dont les autorités, l’industrie, les consommateurs, les organisations internationales pertinentes, les ONGs et le monde académique à participer aux activités de promotion de la sécurité sanitaire des aliments à tous les niveaux à l’occasion de cette journée.

La sécurité sanitaire des aliments est essentielle pour réaliser plusieurs Objectifs de développement durable (ODD) que les Etats membres de l’ONU sont appelés à atteindre d’ici à 2030.

Le Codex Alimentarius
Le Codex Alimentarius est un ensemble de normes, de lignes directrices et de codes d'usages adoptés par la Commission du Codex Alimentarius (CCA). Depuis 1963, sa mission consiste à élaborer des normes alimentaires harmonisées afin de protéger la santé des consommateurs du monde entier et d'assurer des pratiques loyales dans le commerce international des denrées alimentaires. La Suisse est un membre fondateur du Codex.

Informations complémentaires

Cinq personnes décédées en Europe dans une épidémie liée à du poisson fumé à froid contaminé par Listeria monocytogenes


« Un foyer épidémique multi-pays de Listeria monocytogenes lié à du poisson fumé à froid », source EFSA du 4 juin 2019.
Le foyer épidémique de Listeria monocytogenes qui a touché 22 personnes dans cinq pays depuis 2014 est lié à de la truite et du saumon fumés à froid et produits en Estonie. 
Les experts de l'EFSA et du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) ont pu confirmer l'origine de l'infection grâce à des enquêtes de traçabilité et grâce à la technique du séquençage du génome entier. 
Les pays touchés sont les suivants : Danemark (9 cas), Estonie (6), Finlande (2), France (1) et Suède (4). Cinq personnes sont décédées. Le dernier cas a été signalé au Danemark en février 2019. 
De nouveaux cas ne peuvent pas être exclus tant que le point exact de contamination dans la chaîne de transformation des aliments n'a pas été identifié.



Plus de 20 personnes font partie d'une épidémie à Listeria dans plusieurs pays attribuée à des poissons fumés et cinq sont décédées depuis 2014, d'après une évaluation conjointe des épidémies réalisée par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) qui ont identifié 22 cas de listériose provoqués par Listeria monocytogenes Sequence Type (ST) 1247, complexe clonal 8 par séquençage du génome entier.

Les deux agences ont averti que de nouveaux cas ne pourraient être exclus jusqu'à ce que le point de contamination dans une usine de transformation alimentaire estonienne ait été identifié.

Elles ont réalisé une évaluation en mars dernier, au cours de laquelle 18 cas avaient été identifiés. À cette époque, le transformateur estonien, une entreprise appelée M. V. Wool, avait nié le lien.

Cas d'épidémie annuels depuis 2014
Le Danemark compte neuf cas, l'Estonie six, la Finlande deux, la France un et la Suède quatre. Le premier cas a eu des symptômes en juillet 2014 en Estonie. Le plus récent s'est produit au Danemark en février de cette année.

« Des cas d'éclosion ont été signalés chaque année depuis 2014, avec un petit nombre de cas groupés entre fin 2015, 2016 et 2018 et le début de l'année suivante. L'Estonie, la Finlande et la Suède ont signalé des cas au cours des deux premières années de cette éclosion; depuis janvier 2017, tous les cas, à l'exception d'un cas en France en 2018, ont été rapportés en Estonie et au Danemark », selon l'ECDC.

Huit patients, sur douze pour lesquels des antécédents de consommation alimentaire étaient disponibles, ont confirmé consommer des produits de poisson fumé à froid.

Des informations sur l'âge et le sexe sont disponibles pour 20 patients dont l'âge médian est de 76 ans. La plupart ont plus de 50 ans, à l'exception d'un cas néonatal rapporté en 2014. Onze patients sont des hommes et neuf des femmes.

Investigations alimentaires et environnementales
Des isolats alimentaires de Listeria monocytogenes, correspondant à la souche épidémique humaine par WGS, ont été détectés chez des grossistes et en distribution en France, Danemark, Italie et Suède dans 13 lots de saumon fumé à froid ou gravad et dans six lots de truites fumées à froid.

Dans 16 lots, Listeria a été détecté à moins de 10 unités formant colonies par gramme (ufc/g), dans un lot à < 40 ufc/g et dans deux lots de truite fumée à froid, Listeria été dénombré à 400 ufc/g et 570 ufc/g.


Les informations sur la traçabilité indiquaient que la société estonienne M.V Wool était le fabricant commun des produits de poisson. Le poisson cru a été reçu de fournisseurs en Norvège et en Finlande.

À compter du 20 mars 2019, l’entreprise de transformation ne peut libérer des produits de poisson salés et fumés à froid et qu’après la vérification de 'l’absence de Listeria monocytogenes dans 25 grammes', à la demande de l’autorité estonienne.

Des investigations environnementales et des analyses sur les aliments effectués dans l’usine de transformation estonienne ont montré que Listeria monocytogenes correspondait à la souche épidémique dans deux prélèvements de la chaîne de transformation et dans quatre lots de produit fini.

« La présence de Listeria monocytogenes correspondant à la souche éîdémique sur plusieurs années dans les produits de poisson suggère la persistance du micro-organisme dans les locaux de la société estonienne. Une investigation plus approfondie est nécessaire pour identifier les points de contamination (croisée) dans l'usine de transformation des aliments », selon l'ECDC.

Les avis de rappel en France et les notifications au RASFF de l'UE ne sont pas toujours à l'heure !


Nos autorités sont soucieuses du fait que le 'système sanitaire' mis en place a bien fonctionné, mais comme nous allons le voir, il y a, ici et là, quelques retards à l'allumage …

Les exemples ci-après sont très récents :

Le 4 juin 2019, la DGCCRF diffuse un avis de rappel de tarama au saumon 100g de marque Carrefour.
Erreur d'étiquetage, du tarama aux oeufs de cabillaud contenant l’allergène LAIT a été conditionné dans des pots de Tarama au saumon. L'allergène lait n'est pas mentionné.
C'est bien, sauf que Carrefour et le site Oulah ont fait mieux en diffusant un avis de rappel dès le 29 mai 2019.

Le 3 juin 2019, les autorités française notifient au RASFF de l'UE une information grave sur la présence de corps étrangers métalliques dans des pizzas de France. C'est utile d'informer les Etats membres de l'UE surtout que l'AFSCA de Belgique avait déjà informé les consommateurs belges le 30 mai 2019. Idem pour le Luxembourg qui a diffusé une information le 31 mai 2019. A noter que le Luxembourg ne figurait pas parmi les pays cités dans la notification au RASFF par la France comme pays ayant reçu des pizzas ... ah, la traçabilité ...

Dans cette affaire de rappel de pizzas, il faut se référer à l'article réalisé sur le bilan des rappel du mois de mai, ici, mais notons que les rappels ont eu lieu chez nous le 31 mai 2019.

Notons un petit retardataire, Lidl, qui n'a diffusé sur son site Internet de France le communiqué du 31 mai 2019 de Sodebo, entreprise qui a fabriqué les pizzas, que le 4 juin, selon le site Oulah.

Le 31 mai 2019, le ministère de l'agriculture diffuse un communiqué à propos d'une « Information des clients après la détection ponctuelle de listeria dans un sandwich proposé en libre-service à bord de certains vols du 21 au 24 mai 2019. »
Dans le cadre de procédures de contrôle assurant la qualité des produits alimentaires distribués à bord de ses vols, Servair, prestataire de restauration à bord, a informé Air France de la présence de listéria dans un sandwich au thon proposé en libre-service (buffets à bord). 

Dès qu’il a été informé, Servair a retiré tous les produits du fournisseur concerné (Air Food) des prestations proposées à bord des vols Air France. Air France a informé ses clients par mail, par voie de presse et sur son site internet. A ce jour, aucun cas n’a été signalé à Air France ou Servair.

Détection ponctuelle signifie on a eu un accident, ne venez pas nous chercher des noises, mais on verra bien ce qu'il sera mis en place comme actions correctives …. d'autant qu'il ne s'agit pas de Servair mais d'Air Food ...

Pour ma part, je trouve la réaction de l'entreprise très lente, car entre la diffusion du produit au plus tard le 24 mai et la communication le 31 mai, il y avait largement le temps de faire de analyses de détection de Listeria, même si selon ce site, « Air France rappelle que la sécurité alimentaire « est une priorité qui fait l’objet de contrôles stricts et quotidiens, certifiée par la norme ISO 22000 ». 

Ce dernier charabia ne signifie pas grand chose car les contrôles ne sont pas certifiées par la norme ISO 22 000 !
Au final, cela mériterait d'être un peu plus fouillé ... par nos autorités sanitaires, quant à la com, c'est proche de zéro!

Épisode coquillages
  • Le 4 juin 2019, la France notifie au RASFF de l'UE une alerte pour la présence PSP dans des palourdes vivantes, 407,1 µg/kg . Pas d'information en France où pourtant le produit a été distribué.
  • Le 3 juin 2019, rappel par Carrefour de moules de corde (barquette de1,4 kg) de marque Filière Qualité Carrefour de la Société Maredoc suite à la détection de toxine PSP.
  • Le 3 juin 2019, rappel par Intermarché de moules Italie (sac de 10kg) de marque Maredoc, suite à la détection de toxine PSP (Paralytic Shellfish Poisoning).
  • Le 31 mai 2019, la France notifie au RASFF de l'UE une alerte pour la présence PSP dans des clams vivants, 388,3 µg/kg . Pas d'information en France.
  • Le 24 mai 2019, rappel de coques de France de marque Distrimers par Auchan pour cause de toxines PSP, voir les détails dans le bilan des rappels de mai 2019, ici. Notons que le communiqué d'Auchan ne précise pas la cause du rappel. La France notifie au RASFF de l'UE une alerte que le 31 mai 2019 pour la présence de PSP, 270 µg/kg.
A suivre pour de nouveaux épisodes ...

mardi 4 juin 2019

Les touristes et les habitants ne devraient pas s’attendre à voir les résultats des inspections dans les restaurants anglais; moins de la moitié affiche l'autocollant du résultat


« Les touristes et les habitants ne devraient pas s’attendre à voir les résultats des inspections dans les restaurants anglais; moins de la moitié affiche l'autocollant du résultat », source article de Joe Whitworth publié le 4 juin 2019 dans Food Safety News.

Selon la Food Standards Agency, « Les entreprises anglaises n’ont pas à afficher leur note ou score dans leurs locaux mais elles sont encouragées à le faire. »

Selon les données de la Food Standards Agency (FSA), près de la moitié des entreprises anglaises n’affiche pas leurs scores ou notes en matière d’hygiène alimentaire, suite à une inspection.

Le taux d'affichage des autocollants visibles de l'extérieur des locaux était de 52% en Angleterre, de 87% au Pays de Galles et de 84% en Irlande du Nord.

L'affichage est devenu obligatoire au Pays de Galles en novembre 2013 et en Irlande du Nord en octobre 2016.

En Angleterre, la loi n'oblige pas les entreprises à afficher leur score ou note, mais plus des trois quarts des entreprises du pays ont déclaré que l'introduction de l'affichage obligatoire serait une bonne chose. Un peu moins du tiers des entreprises déclarent afficher la note parce qu'elles estiment qu'elle est obligatoire.

Les établissements qui n’affichent pas leur classement le font parce qu’ils ont perdu l’autocollant ou le certificat, parce que ce n’est pas obligatoire, que cela n’est pas pertinent pour l’entreprise ou parce qu’ils ont un classement faible.

Une note plus élevée signifie plus de chances d'avoir un affichage
Le système de classement des règles d'hygiène des denrées alimentaires (FHRS pour Food Hygiene Rating Scheme) lancé en 2010 est géré par la FSA et les autorités locales. Le système aide les consommateurs à décider où manger ou faire leurs courses en fournissant des informations sur les règles d'hygiène en vigueur au moment des inspections par les autorités locales.

Les établissements se voient attribuer une note ou un score basée sur des règles d'hygiène alimentaire allant de 0 lorsqu'une amélioration urgente est nécessaire à 5, qui est « très bien ». Elle couvre les entreprises fournissant ou servant de la nourriture aux consommateurs, tels que restaurants, cafés, plats à emporter et hôtels, ainsi que les supermarchés et autres distributeurs.

En Angleterre, les établissements avec une note ou un score plus élevée sont plus susceptibles d'afficher que celles avec une note plus faible Plus des deux tiers (70%) de ceux qui ont reçu une note de 5 l'ont affiché, contre 31% avec une note de 3 et 17% pour ceux qui ont une note de 0 à 2.

Environ un tiers des établissements de chaque pays affirment que l'affichage de leur note ou score a eu un impact positif sur les affaires. L’assurance des clients (66%) était la principale motivation de l’affichage en Angleterre, suivie par la fierté de leur classement (35%). Cependant, seuls 8% ont déclaré avoir des clients qui ont commenté le programme de note ou de score et 11% ont demandé aux consommateurs de commenter leur classement.

La plupart des établissements notés 4 ou moins prennent des mesures pour améliorer la situation (81% en Angleterre, 82% au pays de Galles et 79% en Irlande du Nord). Cela comprend l'achat d'équipement supplémentaire ou des réparations, le nettoyage de l'équipement plus régulièrement, la surveillance de la température du réfrigérateur, l'amélioration des registres et la formation.

Afficher ne correspondant pas toujours à ce qui a été inspecté
Des recherches ont évalué la proportion d'entreprises affichant des notes en matière d'hygiène alimentaire à l'aide d'audits mystère. Les auditeurs ont visité 500 établissements dans chacun des trois pays.

Une enquête téléphonique réalisée auprès d’entreprises d’Angleterre, du Pays de Galles et d’Irlande du Nord a permis d’examiner les attitudes des entreprises à l’égard du système et, au pays de Galles et d’Irlande du Nord, de déterminer l’impact de l’affichage obligatoire.

Neuf sur dix de ceux qui affirment afficher en Angleterre affirment que leur classement est visible de l'extérieur, les 10% restants affirmant qu'il est visible uniquement à l'intérieur des locaux. Cependant, cela diffère des résultats observés lors des audits mystère: 52% des points de vente affichaient des notes à l'extérieur et 5% à l'intérieur.

En Angleterre, 88% affichent leur note ou score correspondant à celle de la base de données du FHRS, alors que 12% affichent une note supérieure à celle de la base de données et 1%, une note inférieure.

Des vérifications ponctuelles effectuées récemment par les agents de la City of London Corporation’s Trading Standards ont révélé que sur les 140 locaux de restauration visités, 22 affichaient un autocollant du FHRS supérieur à celui auquel ils avaient droit.

Trading Standards a visité les locaux incriminés et a veillé à ce que les autocollants inexacts soient retirés. Chaque visite était suivie d’un avertissement écrit à l’entreprise alimentaire. La City of London Corporation est favorable à une modification de la loi obligeant les établissements de restauration à afficher publiquement leur score.

Angela Towers, responsable de l'équipe d'évaluation de l'hygiène des aliments à la FSA, a dit: « Les gens ont le droit de croire que l'évaluation en hygiène affichée sur la fenêtre ou la d'un restaurant est exacte et nous sommes ravis que la City of London Corporation ait pris des mesures contre une petite minorité de entreprises alimentaires qui ont cherché à induire le public en erreur. "

En Irlande du Nord, 95% des notes affichées correspondent à la base de données, 4% affichent des notes supérieures et 1%, des notes inférieures. Au pays de Galles, 92% affichent des notations correspondant à la base de données, 6% une note plus élevée et 2% une note plus basse.

Et en France me direz-vous, il vous faut lire la saga Alim'confiance sur ce blog, ici, et bon courage !

Des scientifiques exhortent l'Administrateur de la Santé publique des États-Unis d'émettre une recommandation concernant les graines de pavot non lavées



« Des scientifiques exhortent l'Administrateur de la Santé publique des États-Unis d'émettre une recommandation concernant les graines de pavot non lavées », source article de Coral Beach publié le 4 juin 2019 dans Food Safety News.

Dans une lettre adressée au plus haut responsable médical du pays, le Center for Science in the Public Interest (CSPI) a demandé à l'Administrateur de la Santé Publique des États-Unis, Jerome Adams, de publier un avis avertissant les personnes des dangers liées aux graines et des gousses de pavot contaminées et non lavées.

L'opium et d'autres produits chimiques contenus dans les graines et les gousses non lavées ont provoqué de nombreuses morts et de graves surdoses, dont certaines ont causé des lésions cérébrales permanentes, selon la lettre des dirigeants du CSPI. Les graines de pavot et les gousses sont vendues comme des aliments dits naturels, généralement destinés à être consommés ou infusés dans du thé.

Les ventes en ligne de graines et de gousses sont particulièrement préoccupantes, selon la lettre signée par les dirigeants du CSPI, Peter Lurie, président, Laura MacCleery, directrice de la réglementation, et Sarah Sorscher, directrice adjointe des affaires réglementaires. Ils disent que les produits sont facilement obtenus à partir de sites tels que amazon.com et ebay.com. Ils ont également indiqué à l'Administrateur de la Santé Publique des États-Unis que d'autres sites Internet proposent des « recettes » pour préparer du thé qui concentrent l'opium issus de kilos de graines ou de gousses en quantités relativement petites de liquide.

Certains sites Internet et blogs offrent également des conseils sur la façon de trouver des graines et des gousses de pavot non lavées à acheter pour obtenir les concentrations les plus élevées en morphine, codéine, thébaïne et autres alcaloïdes opiacés, selon la lettre du CSPI.

Le groupe a envoyé une lettre similaire aux dirigeants de la Food and Drug Administration en avril. Dans sa lettre de lundi à l'Administrateur de la Santé Publique Adams, la direction du CSPI a répété plusieurs points inclus dans la lettre à la FDA.

« En règle générale, l'étiquetage ou le matériel publicitaire ne fait pas clairement mention du fait que les graines peuvent être contaminées par des opiacés. Les utilisateurs qui recherchent des graines contaminées utilisent plutôt un langage codé dans les commentaires sur les produits, parfois proposées sur des blogs tierce partie, pour indiquer quelles graines sont les plus susceptibles de contenir de fortes concentrations d'opiacés », a dit le CSPI à l'Administrateur de la Santé Publique.

« Les graines contaminées restent ainsi largement disponibles, y compris via la plateforme de vente en ligne Amazon.com, en dépit du fait que le distributeur a été informé à plusieurs reprises des risques de ces produits, y compris le 25 avril 2018, par le sénateur Tom Cotton, le 13 juillet 2018, par Le procureur général de l'Arkansas, Leslie Rutledge, et plus récemment le 27 février dans une lettre envoyée par la famille d'une victime décédée des graines de pavot achetées sur la plate-forme. »

Selon la lettre du CSPI et les déclarations de la FDA et de la United States Drug Enforcement Agency, certaines personnes présentant un trouble de l'usage des opioïdes utilisent ces produits comme substituts d'autres opioïdes. D'autres personnes ont commencé à utiliser les produits, pensant qu'il s'agissait de remèdes naturels à base de plantes sans danger, ne réalisant pas pleinement le potentiel de dépendance et d'abus.

La lettre du CSPI à l'Administrateur de la Santé Publique comprenait un tableau contenant des informations sur les personnes ayant subi des conséquences graves de l’utilisation de graines et/ou des gousses de pavot non lavées. La lettre fournissait également un historique et un contexte international permettant de réglementer ces produits.

« Le pavot à opium, Papaver somniferum, produit naturellement des alcaloïdes opiacés, notamment de la morphine, de la codéine et de la thébaïne, qui sont concentrés dans la gousse de la graine et la sève laiteuse de la plante. Les opiacés présents dans la plante de Papaver somniferum entraînent une forte dépendance, ce qui a conduit la Drug Enforcement Administration (DEA) du ministère de la Justice des États-Unis à répertorier la « paille de pavot », définie comme étant des parties de la plante de pavot autres que les graines, en tant que substance contrôlée en vertu de l'annexe II du Controlled Substances Act (CSA). En raison de cette inscription, et conformément aux dispositions de plusieurs accords internationaux, Papaver somniferum ne peut pas être cultivé légalement aux États-Unis et, par conséquent, les matières premières doivent être importées pour produire des opioïdes à usage pharmaceutique ainsi que des graines de pavot vendues comme aliments. »

« Les graines de pavot peuvent être contaminées par de la paille de pavot et de la sève dans les champs ou pendant la récolte, ce qui nécessite un lavage et un traitement pour éliminer les alcaloïdes. »

« La Commission européenne a élaboré des orientations sur les bonnes pratiques pour prévenir et réduire la présence d'alcaloïdes de l'opium dans les graines de pavot et les produits à base de graines de pavot. Ces pratiques commencent par la sélection de graines parmi les variétés cultivées à des fins alimentaires, qui sont élevées pour contenir un faible niveau d'alcaloïdes d'opium. Un traitement approprié peut être très efficace. la combinaison du lavage et du séchage peut réduire les concentrations de morphine dans des lots hautement contaminés de graines de pavot brutes (les concentrations initiales varient de 50 à 220 mg de morphine/kg) jusqu'à des concentrations inférieures à 4 mg de morphine/kg sans perte de qualité et de propriétés organoleptiques. »

« Le Royaume-Uni a publié des directives fixant un niveau cible de 10 mg de morphine/kg pour la présence dans les graines de pavot mises sur le marché à destination du consommateur final. »


« Une équipe de chercheurs de la Sam Houston State University a récemment analysé des échantillons de graines de pavot achetées en ligne et a découvert que les concentrations de morphine dans certains échantillons étaient suffisamment élevées pour donner 2788 mg de morphine à partir de 1 kg de graines, en plus de la codéine et de la thébaïne. »

« Supposons un lot de graines contenant jusqu'à 2788 mg/kg de morphine, le brassage de 200g de graines selon les instructions de la recette Mercola pourrait produire jusqu'à 557 mg de morphine et 1,360kg de graines (le maximum suggéré par Chewworld.com) pourraient donner jusqu'à 3801 mg de morphine. Ces quantités sont bien au-dessus de la dose de 50 équivalents mg de morphine par jour, dont il a été prouvé qu'elles augmentaient le risque de surdosage chez les patients auxquels la morphine avait été prescrite pour le traitement de la douleur. »

La lettre du CSPI contient des liens vers des sources documentant de nombreux cas de surdosage, de dépendance et de décès, « et ces cas semblent être plus fréquents au fil du temps ». Le CSPI a identifié 5 cas de surdose non mortelle, 7 cas de dépendance aux opioïdes et 13 décès confirmés associés à l'utilisation de graines de pavot ou de gousses de graines tirées de la littérature médicale, d'une alerte au médicament du ministère de la justice de 2010 et des rapports de cas figurant dans la base de données du Center for Food Safety and Applied Nutrition Adverse Event Reporting System (CAERS) de la FDA.

« Tous sauf quatre de ces 25 cas impliquaient des hommes - 84% - et l'âge médian était de 26 ans (avec une fourchette allant de 6 semaines à 82 ans; l'âge n'était pas disponible dans six cas », précise la lettre. « En règle générale, le produit était administré sous forme de thé, généralement à partir de 454 à 908g de graines de pavot, mais occasionnellement à partir de la gousse de pavot. Dix-huit des cas ont eu lieu aux États-Unis, y compris les 13 décès. »

« … D'après notre examen, le problème semble s'aggraver ces dernières années. »