samedi 20 février 2021

Les matériaux de contact à base de fibres de bambou et de mélamine ne peuvent plus être mis sur le marché, selon l'AFSCA de Belgique

Le 3 février 2020, je publiais un article Ustensiles et de la vaisselle en bambou, prudence ou risque avéré ? 

Voici en quelque sorte la suite avec cette «Décision de la Commission européenne : les matériaux de contact à base de fibres de bambou et de mélamine ne peuvent plus être mis sur le marché», source AFSCA de Belgique du 18 février 2021.

Depuis quelques temps, le consommateur voit fleurir sur le marché de la vaisselle et autres ustensiles contenant de la fibre de bambou. Ces produits sont souvent utilisés en remplacement de la vaisselle à usage unique ou comme alternative « plus naturelle » à certains ustensiles de cuisine en mélamine tels que les assiettes pour enfants.

Pourtant, la vaisselle en fibres de bambou n’est pas constituée à 100% de bambou ! Ces fibres sont en général additionnées d’un polymère, le plus souvent la mélamine. Or, tout matériau contenant de la mélamine, même en quantité minime, est considéré comme du plastique et doit donc répondre aux exigences de la législation européenne relative aux matériaux plastiques entrant en contact avec les denrées alimentaires (règlement UE 10/2011). Selon cette législation européenne, le bambou n’est pas autorisé pour la fabrication de tels produits.

Il y a bambou et (fibres de) bambou. A contrario, les produits uniquement fabriqués en bambou, éventuellement avec une couche de vernis ou collés, donc sans mélamine ou autres matériaux plastiques sont autorisés et relèvent d’une autre législation (règlement UE 1935/2004 et Arrêté royal du 11 mai 1992).

Le consommateur peut visuellement faire la distinction entre un matériau en bambou et un matériau constitué d'un mélange de fibres de bambou et de mélamine.


Dans le premier cas, la structure en bois du bambou est clairement présente.

Dans le second cas, le matériau a l'apparence du plastique. La structure du bambou/bois n'est plus présente.
Evaluation préalable avant une mise sur le marché européen
Tous les matériaux destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires doivent être évalués par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) avant d’être autorisés sur le marché européen. Une telle évaluation n’a jamais été effectuée sur les produits constitués, entre autres, de fibre de bambou. C’est pourquoi l’utilisation de cette fibre dans des matériaux plastiques ne peut être considérée comme sûre pour les consommateurs.

En Allemagne, une étude sur la stabilité de ces matériaux a été menée par le Bundesinstitut für Risikobewertung (BfR). Il en ressort que la vaisselle en fibre de bambou n’est pas stable, c’est-à-dire que des migrations peuvent avoir lieu du matériau plastique vers l’aliment ou la boisson. Cette migration se fait généralement sous l’action de la chaleur ou en milieu acide.

En plus du danger lié à la migration de substances vers l’aliment et le fait que le bambou ne soit pas autorisé en tant qu’additif dans la fabrication de matériaux plastiques, les objets en fibre de bambou censés être naturels, biologiques, ne le sont pas car ils contiennent également des polymères tels que la mélamine.

La Commission européenne a donc statué. L’utilisation de fibres de bambou dans des matériaux en plastiques n’est pas autorisée et les produits de ce type mis sur le marché ne répondent pas aux normes européennes. La Belgique s’aligne donc sur la décision d’interdiction d’utilisation de cet additif non autorisé.

Les produits déjà achetés peuvent-ils encore être utilisés ?

Les consommateurs qui ont de tels produits à la maison doivent suivre scrupuleusement les instructions d’utilisation du fabricant (souvent indiquées par des logos). Les autorités recommandent également de ne pas chauffer les objets à plus de 70°C (au micro-ondes ou au lave-vaisselle par exemple) et de ne pas les mettre en contact avec des boissons ou denrées alimentaires chaudes. De plus, il est préférable que les ustensiles soient lavés à la main ou placés dans la partie supérieure du lave-vaisselle.

Plan de contrôle de l’AFSCA et rappels de produits

Jusqu’à présent, l’AFSCA effectuait des contrôles en tenant compte des limites de migration réglementaires pour la mélamine et le formaldéhyde fixées pour les matériaux en plastiques (par exemple les assiettes en mélamine) tels que décrits dans la réglementation européenne sur les matériaux et objets en matière plastique destinés à entrer en contact avec des aliments (Plus d’information sur ces contrôles via ce lien.

De nombreux lots de produits ont été rappelés (en Belgique) suite à la constatation de dépassements trop élevés en mélamine.

Le communiqué nous explique aussi que si cela a bien fonctionné c'est parce que «L’AFSCA a contribué activement et participe au plan d’action coordonné au niveau du Benelux».

Les entreprises qui fabriquent ou qui importent ces matériaux et objets en contact composés de mélange de fibres de bambou et de mélamine doivent donc retirer ces produits du marché européen.

Etant donné que ces produits étaient largement présents sur le marché européen et conscients de l’importance d’une approche harmonisée, les pays du Benelux ont fixé la date butoir du 2e trimestre 2021 pour renforcer leurs contrôles et vérifier ainsi l’absence de ces objets du marché.

Ces contrôles spécifiques renforcés sur le retrait de ces produits seront effectués par les autorités de contrôle, c’est-à-dire l’AFSCA en ce qui concerne la Belgique. En cas de non-conformités, l’AFSCA poursuivra les infractions à la législation européenne. Ces contrôles font par ailleurs partie du plan de contrôle de l’Agence.

Information du Service Public Fédéral de Belgique, Santé publique sur L’utilisation du bambou, bois et d’autres matériaux naturels dans les matériaux en plastique.

NB : En France la dernière enquête de la DGCCRF sur les objets en bois et en bambou et l’aptitude au contact alimentaire date de juin 2013 ...

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