Une nouvelle étude de l'Université d'État de Caroline du Nord a révélé que des bactéries Campylobacter persistent tout au long de la production de volailles- de la ferme aux rayons des distributeurs- et que deux des souches les plus courantes échangent du matériel génétique, ce qui pourrait entraîner des souches de Campylobacter plus résistantes aux antibiotiques et plus infectieuses.
Campylobacter est un groupe bien connu de bactéries d'origine alimentaire, qui se propage principalement par la consommation de produits alimentaires contaminés. Chez l'homme, il provoque des symptômes généralement associés à une intoxication alimentaire, tels que diarrhée, fièvre et crampes. Cependant, les infections à Campylobacter constituent également l'un des principaux précurseurs du syndrome de Guillain-Barré, une complication grave pouvant entraîner une invalidité permanente et une paralysie. La volaille est un réservoir connu des bactéries.
«Il y a deux souches de Campylobacter qui nous préoccupent, C. oli et C. jejuni», dit le major Dawn Hull, vétérinaire de l’armée, actuellement étudiant en doctorat à la NC State et auteur principal de l'étude. «C. jejuni cause jusqu'à 90% des infections humaines à Campylobacter, mais la bonne nouvelle est que cette souche est moins susceptible de porter des gènes multirésistants. C. coli est deux fois plus susceptible de contenir des gènes multirésistants, mais c'est un pathogène humain moins efficace. La multirésistance signifie que les bactéries ont des gènes résistants à au moins trois classes d'antimicrobiens.»
Les deux souches sont couramment retrouvées tout au long du processus de production de volailles en Caroline du Nord, selon l'auteur correspondant Sid Thakur, professeur de santé de la population et de pathobiologie et directeur des programmes de santé mondiale à la NC State et au College of Veterinary Medicine.
«Puisque Campylobacter a un génome assez 'plastique', les souches peuvent échanger du matériel génétique», explique Thakur. «Si C. coli commence à absorber une grande partie du matériel génétique de C. jejuni et augmente sa virulence, cela entraînera un plus grand nombre d’infections résistantes aux antibiotiques, ce qui pourrait devenir un gros problème de santé publique. De même, si C. jejuni prend des gènes résistants aux antibiotiques de C. coli, la même chose se produit.»
L'équipe a échantillonné des poulets et de la dinde chez des distributeurs de la Caroline du Nord en 2018-2019. Ils ont comparé les isolats de Campylobacter provenant de la viande à des échantillons de l'USDA prélevés dans des élevages avicoles et des installations de production en Caroline du Nord. C. coli était le plus répandu dans les élevages et les installations de production, respectivement à 54% et 60% pour les isolats de poulet, tandis que C. jejuni était présent à 69% dans la viande de poulet vendue en distribution.
Ils ont ensuite testé les isolats d'animaux destinés à l'alimentation et de viande à la recherche de gènes résistants aux antimicrobiens et ont constaté que 90% des C. coli et C. jejuni contenaient au moins un gène résistant aux antimicrobiens tandis que 43% contenaient des gènes de résistance à trois antibiotiques ou plus. Vingt-quatre pour cent des C. jejuni contenaient des gènes de résistance aux fluoroquinolones, la «dernière ligne de défense» contre Campylobacter.
Enfin, l'équipe a noté l'apparition d'un nombre significativement plus élevé de nouvelles souches de Campylobacter, 21, en 2019 par rapport à seulement deux en 2018. Cela indique des changements importants se produisant dans le génome de Campylobacter qui ont le potentiel d'augmenter sa virulence et son profil de résistance aux antimicrobiens.
«Si vous allez dans un supermarché et choisissez 10 filets de poulet différents, quatre auront Campylobacter, et parmi ces quatre au moins un aura un Campylobacter résistant aux fluoroquinolones», dit Thakur. «Cette tendance a été assez constante au cours des 10 dernières années. Voir un saut soudain dans les séquences types de résistance est inquiétant.»
«Cette étude montre que l'échange génomique se produit entre C. coli et C. jejuni, et qu'il y a une résistance croissante aux antimicrobiens chez Campylobacter trouvé dans la production de volaille en Caroline du Nord», dit Hull.
«Campylobacter est la principale cause de maladies d'origine alimentaire dans le monde, il est donc essentiel de suivre cet échange pour prévenir la transmission et fournir de futurs traitements.»
L'article, Antimicrobial resistance and interspecies gene transfer in Campylobacter coli and Campylobacter jejuni isolated from food animals, poultry processing, and retail meat in North Carolina, 2018–2019, est publié dans PLOS One et est disponible en intégramité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.