Une analyse d'importantes
souches de bactéries probiotiques isolées à partir d'aliments et
de compléments alimentaires probiotiques a révélé la présence de
plusieurs gènes de résistance aux antibiotiques (GRAs),
ont rapporté des chercheurs hongrois dans Eurosurveillance,
«A survey on antimicrobial resistance genes of frequently
used probiotic bacteria, 1901 to 2022».
À l'aide du
séquençage de nouvelle génération, des scientifiques de
l'Université de médecine vétérinaire de Budapest ont examiné 579
isolats de 12 espèces bactériennes probiotiques couramment
présentes dans les aliments fermentés et non fermentés et les
compléments alimentaires probiotiques pour la présence de
GRAs, de plasmides et
d'éléments
génétiques mobiles intégratifs (EGMis)
qui peuvent permettre l'échange de
GRAs entre les
bactéries. Sur les 579
isolats, 169 (29%) représentant 10 des 12 espèces étaient
GRA-positifs.
Les mécanismes de résistance dans
lesquels les GRAs
identifiés se sont précédemment révélés impliqués comprenaient
l'efflux d'antibiotiques, l'inactivation d'antibiotiques et
l'altération de la cible d'antibiotiques. Parmi les espèces
probiotiques analysées, Bifidobacterium
animalis et Lactococcus
lactis avaient la
proportion la plus élevée d'échantillons positifs pour
les GRAs.
L'analyse a également révélé
que 66% des isolats positifs aux
GRAs contenaient au moins un
gène pouvant être lié à un plasmide ou à un EGMi.
«Notre étude confirme que de
nombreux GRAs
sont présents dans les espèces bactériennes probiotiques
constituant le bactériome des produits comestibles et que beaucoup
d'entre eux sont mobiles», ont écrit les auteurs de l'étude.
«Ainsi, l'application et la consommation de certaines souches
bactériennes probiotiques pourraient avoir le potentiel de
contribuer à l'apparition et à la propagation de la résistance aux
antimicrobiens.»
Les auteurs notent que si les GRAs
identifiés peuvent affecter l'activité de plusieurs classes
d'antibiotiques utilisés en médecine humaine et animale, la
présence de GRAs
n'entraîne pas nécessairement une résistance phénotypique. Ils
disent que d'autres études d'expression génique et des évaluations
des valeurs minimales de concentration inhibitrice seraient
nécessaires pour déterminer si les souches probiotiques porteuses
de GRAs
sont résistantes aux antibiotiques.
«Étant donné que nos
résultats suggèrent que la prévalence de GRAs
mobiles
n'est peut-être pas négligeable, il pourrait être utile
d'envisager l'élaboration de lignes directrices pour surveiller ces
GRAs
mobiles», ont-ils conclu.
Dans la conclusion,
les auteurs
notent,
Nos résultats suggèrent
que certaines espèces bactériennes probiotiques peuvent contenir
une proportion plus élevée de
GRAs,
tandis que d'autres peuvent représenter une proportion plus faible.
Nous observons également qu'une proportion considérable de GRAs
que nous avons identifiés étaient mobiles. Dans l'Union
européenne, il existe des recommandations avec des suggestions
méthodologiques pour l'analyse du séquençage du génome entier des
micro-organismes de la chaîne alimentaire. Cependant, ces
recommandations ne fournissent pas de directives détaillées pour
l'analyse du mobilome. Étant donné que nos résultats suggèrent
que la prévalence des GRAs
mobiles pourrait ne pas être négligeable, il pourrait être utile
d'envisager l'élaboration de lignes directrices pour surveiller ces
GRAs
mobiles.
Message
clé de santé publique
Que vouliez-vous aborder dans cette étude ?
La résistance aux antimicrobiens (RAM) est un défi pour le
traitement des infections. Chez les bactéries, la résistance
aux antimicrobiens repose sur des gènes de résistance aux
antibiotiques (GRAs), dont certains peuvent être mobiles. Dans
certaines conditions, les bactéries avec des GRAs mobiles peuvent
transférer leurs GRAs à d'autres bactéries. Si des bactéries
avec des GRAs mobiles se trouvent dans les aliments, elles peuvent,
lors de l'ingestion, transmettre ces GRAs aux bactéries présentes
dans le tube digestif de l'homme. Nous avons souhaité faire la
lumière sur les GRAs chez les espèces bactériennes probiotiques,
en particulier leurs caractéristiques de mobilité.
Qu'avons-nous appris de cette étude ?
Parmi 12 espèces probiotiques d'intérêt, nous avons analysé en
détail 10 espèces couramment utilisées dans les aliments non
fermentés et fermentés ou les compléments alimentaires
probiotiques. À l'aide de la bioinformatique, nous avons
examiné leurs données génétiques pour les GRAs, puis évalué si
les GRAs étaient mobiles. Dans l'ensemble, plusieurs types de
GRAs ont été retrouvés. Leur occurrence variait d'une espèce
à l'autre, aucun GRA n'étant détecté chez deux espèces. Parmi
les échantillons de bactéries avec des GRAs, une proportion
considérable avait des GRAs qui étaient probablement mobiles.
Quelles sont les implications de vos découvertes pour la santé
publique ?
Manger des aliments qui contiennent des bactéries avec des GRAs
mobiles peut permettre à ces bactéries de s'approcher d'autres
bactéries présentes dans le corps humain. Cette proximité
pourrait faciliter le transfert de GRAs mobiles des bactéries
alimentaires vers d'autres bactéries de l'intestin, même
pathogènes. Bien que l'acquisition de GRAs mobiles ne confère
pas toujours la résistance aux antiicrobiens, l'extension des
recommandations actuelles pour détecter les traits fonctionnels
potentiels préoccupants chez les bactéries utilisées pour
l'alimentation pourrait être envisagée, avec le dépistage des GRAs
mobiles dans les bactéries probiotiques.
NB : La photo est
d’Elena Nachaeva/iStock.
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