Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de
produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à
nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux
entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un
manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire
une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.
Les
autorités hongroises n'ont pas renforcé le système de contrôle
officiel des entreprises alimentaires,
malgré une épidémie meurtrière liée à la présence de Listeria
dans
des légumes surgelés
dans plusieurs pays, selon
la DG Santé da
Commission européenne.
L'agence,
responsable de la politique de la Commission européenne en matière
de sécurité alimentaire
et
de la
santé,
a estimé que le système n'était pas suffisant pour vérifier que
les denrées
alimentaires
d'origine non animale (DAONA)
sont produits dans des conditions conformes au règlement
n°852/2004
afin de prévenir la contamination par des
pathogènes.
Selon
un rapport
d'audit, les contrôles officiels et leur mise en application ne
contribueraient pas à prévenir une contamination ultérieure
par
Listeria
monocytogenes
dans les DAONA congelées, ni à limiter le risque de mise sur le
marché de produits non conformes.
L’usine
de légumes surgelés de Greenyard à Baju, Hongrie, a été à
l’origine d’une éclosion
à
Listeria en 2018,
qui a rendu malade 54 personnes dans six pays, faisant 10 décès.
L'épidémie aurait commencé en 2015. Des produits congelés ont été
distribués dans 116 pays. Greenyard a engagé un coût de 25,7
millions d'euros lié
au rappel et à la destruction de légumes surgelés. En juin de
cette année, Greenyard a vendu l’usine à Roger & Roger, un
producteur de snacks à base de pommes
de terre et de maïs.
Manque
de ressources
L’audit
de la DG Santé effectué en Hongrie en mai 2019
comprenait des visites dans deux bureaux d’un
comté, un laboratoire de référence national, deux exploitations
produisant des fraises, deux exploitations de production de légumes
verts
à
feuilles, deux transformateurs de légumes verts surgelés - l’un
d’eux étant Greenyard - et deux usines
de producteurs
approuvés de graines
et de graines germées.
L'élaboration
d'un guide sur les bonnes pratiques agricoles pour la production de
fruits et légumes, comprenant des informations pour prévenir la
contamination microbiologique chez les producteurs primaires, est
toujours en cours d'élaboration, comme lors de l'audit
précédent en 2016.
Les
autorités ont indiqué à l'équipe d'audit qu’en raison d'une
pénurie de ressources, le plan de contrôles officiels ne pouvait
pas être entièrement mis en œuvre et les rapports d'inspection
n'étaient pas systématiquement téléchargés dans le système
informatique central.
L’équipe
d'audit a été informée qu’en 2016, 2017 et 2018, 315 des 1 050
inspections prévues avaient été effectuées pour des légumes
vertes à feuilles et des fruits à baies avec
zéro
non-conformité.
La
congélation et la précoupage des fruits et légumes sont classées
comme activité à risque moyen (classe 2 sur quatre). Les sites de
congélation n'ont pas été déplacés dans une catégorie à haut
risque et aucune modification n'a été apportée aux contrôles
après l'épidémie liée au maïs congelé transformé en Hongrie.
L’équipe
d’audit a appris qu’en 2016, 2017 et 2018, 148 inspections
avaient été effectuées dans des établissements de congélation et
de prédécoupage des
DAONA,
dont une non-conformité en 2016 et deux en 2018. En 2018, après
l’épidémie à
Listeria,
il
y a eu 458
prélèvements
officiels pour les légumes surgelés et 48 étaient
positifs
pour Listeria
monocytogenes.
Selon
l'équipe d'audit, le plan d’échantillonnage des fruits et des
légumes surgelés n'a commencé de manière significative qu'après
l'éclosion et a révélé un pourcentage élevé d'échantillons
contaminés.
En
2018 et 2019, 1 064 échantillons de DAONA ont été analysés, avec
65 non-conformités pour Listeria
monocytogenes
et un positif
pour
norovirus
dans des framboises surgelées.
En
2016 et 2017, 27 inspections officielles dans des usines de
congélation ont révélé une non-conformité relative à l'hygiène
et au système HACCP. En 2018, après l’épidémie à
Listeria,
56 inspections officielles ont révélé deux non-conformités liées
à la qualité de l’eau et à l’hygiène.
Neuf
de ces 56 visites ont été effectuées par un groupe de travail
spécial sans en informer les responsables de l'établissement. Les
inspections ont montré que les conditions d'hygiène, de maintenance
et de technologie ne permettaient pas d'éviter la contamination
croisée; l'étiquetage n'était pas assez clair et les entreprises
estiment que les consommateurs sont conscients de l'utilisation
correcte de ces produits congelés et aucun échantillonnage
environnemental n'a été effectué par les entreprises alimentaires.
Problèmes
à Greenyard
En
février 2018, Greenyard a reçu des informations de sa société
partenaire polonaise sur la présence de Listeria dans ses
produits mais les autorités n'en ont pas été informées. Le même
mois, l’agence chargée du contrôle officiel a inspecté la
société à la suite d’une notification au RASFF de l’UE.
Un
plan
d’échantillonnage
officiel a été effectué et le laboratoire national de référence
a découvert que l'échantillon était positif pour Listeria
avec
un dénombrement de
1 400 unités formant des colonies par gramme. On a remarqué que le
laboratoire interne de la société qui
avait effectué des tests pour détecter la présence de Listeria
et de Salmonella
spp. n'a pas enregistré ces
analyses,
et
aucune mesure n'a été prise pour mettre fin à ses activités.
Une
inspection effectuée en mars a révélé des non-conformités en
matière de structure et de maintenance, les dangers microbiologiques
spécifiques tels que Listeria non traités dans l’analyse
des risques du plan HACCP, les méthodes utilisées par le
laboratoire de l'entreprise ne sont pas conformes à la
réglementation en raison du nombre d'unités prélevées, des
risques de contamination croisée et de l'absence d'une zone à haut
risque. Les autorités ont arrêté la production et ordonné le
rappel de tous les lots de maïs produits après le 13 août 2016.
Les
résultats des prélèvements
environnementaux réalisés
sur les lignes de production ont révélé que
la zone de
tranchage
était contaminée
après l'étape de blanchiment comme source possible de
la contamination.
Comme Listeria
monocytogenes
sérotype IVb a été retrouvé dans un échantillon de surface après
nettoyage et désinfection sur les chaînes de production, le rappel
a été étendu à l'ensemble de la production entre le 13 août 2016
et le 20 juin 2018 et les chaînes de production restantes ont été
arrêtées.
Après
avoir passé
en revue
la conception de la nouvelle usine hygiénique et le plan
d'échantillonnage amélioré, les autorités ont autorisé la
reprise de la production mi-août 2018, mais Listeria
a été identifiée dans la zone de conditionnement. Cela n'a pas pu
être expliqué. Cependant, lors des inspections de janvier et mai
2019, aucune non-conformité n'a été détectée.
Des
échantillons de maïs sucré congelé de la deuxième usine de
congélation ont été prélevés en 2018 au niveau de la vente au
détail et quatre sur
cinq échantillons
étaient
positifs pour Listeria
monocytogenes.
Les
prélèvements
de surface à l'aide d'un test rapide de présence de Listeria
spp. pendant la production et après le nettoyage, sept tests
positifs en 2019 ont été détectés dans les siphons
de sol et
les balais, mais pas sur
les
surfaces en contact avec le produit.
Non-conformités
identifiées non résolues
La
DG Santé a constaté qu'il existait un système de contrôle
officiel couvrant la production primaire et prévoyant des
inspections basées sur les risques au niveau de l'exploitation
agricole. Toutefois, des mesures correctives ne sont nécessaires
qu'en cas de résultats de laboratoire non conformes. Les
non-conformités identifiées pouvant avoir une incidence sur la
sécurité microbiologique des produits, ne sont pas corrigées et
constituent toujours un risque potentiel.
En
production primaire, le système d’inspection et de production de
rapports n’assure pas le suivi systématique des lacunes
identifiées.
« La
documentation concernant les contrôles officiels des producteurs
primaires et des transformateurs a montré que les non-conformités
étaient rarement détectées et, lorsqu'elles étaient détectées,
rarement suivies. Cela indique que le système de contrôle officiel
n'est pas suffisamment capable d'identifier et de corriger les
lacunes. »
En
raison du manque de données sur des paramètres tels que le volume
de production, les résultats des inspections non planifiées et les
antécédents de conformité, le système informatique utilisé pour
classer les sites en fonction du risque ne peut pas hiérarchiser les
établissements de traitement des
DAONA présentant des risques microbiologiques plus élevés pour les
contrôles officiels. Les responsables hongrois ont déclaré que les
données sur les capacités des usines de traitement seraient
enregistrées dans un système informatique et intégrées à
l'algorithme d'évaluation des risques d'ici la fin de 2020.
La
planification fondée sur les risques a révélé des lacunes
majeures concernant la hiérarchisation des contrôles officiels des
DAONA et leur organisation, notamment un manque de supervision. Le
système ne permet pas aux inspecteurs d’acquérir et de conserver
une expérience suffisante pour effectuer des contrôles efficaces.
Cela
a une incidence sur la mise en œuvre et l'efficacité des contrôles
officiels. Les non-conformités sont rarement détectées et
l'application des exigences pertinentes est sérieusement affectée.
Les responsables hongrois ont déclaré que le personnel recevrait
une formation supplémentaire sur le système et qu'une augmentation
du nombre de personnes devant effectuer des contrôles officiels
serait envisagée.
L’équipe
d'audit a évalué une notification au RASFF de l’UE d’une
société hongroise. La procédure de rappel a été lancée six
jours après la réception de la notification au RASFF. Selon le
rapport, l'absence de délai de lancement des actions pourrait
conduire à la mise sur le marché de produits non sécurisés plus
longtemps que nécessaire et à un risque croissant.
Des
responsables hongrois ont déclaré que les notifications au
RASFF
seraient envoyées à l'autorité régionale dans les 24 heures
suivant leur réception à compter de janvier 2019 ou faire l'objet
d'une investigation
menée
par la Direction national
de
la sécurité des denrées
alimentaires
et des aliments pour
animaux.