lundi 10 octobre 2022

Les pénuries alimentaires sont programmées avec maestria dans l'Union Européenne : le cas des Pays-Bas par André Heitz

Je reproduits de larges extraits de cet excellent article d’André Heitz car ce qui est train d’arriver ou arrivera peut-être aux Pays-Bas, mais, Dieu nous en garde, cela peut aussi arriver en France ...

«Les pénuries alimentaires sont programmées avec maestria dans l'Union Européenne : le cas des Pays-Bas», source article d’André Heitz* paru sur son blog Agriculture, alimentation,santé publique … soyons rationnels.

Avec une assiduité et une constance remarquables, faisant fi des avertissements climatiques, géopolitiques et sociétaux, l'Union européenne et certains de ses États membres planifient des pénuries alimentaires pour «sauver» la planète. Voici le cas des Pays-Bas.

Des manifestations paysannes à bas bruit dans certains pays
Il y a ce que l'on peut appeler les manifestations conjoncturelles, essentiellement liées à l'augmentation des coûts de production et l'insuffisance des mesures compensatoires gouvernementales.

Ce fut le cas en Espagne, où les agriculteurs ont manifesté à Albacete, Bajadoz, Murcie, etc. Il y a eu des «tractorades», mais le mois d'août n'a, semble-t-il, pas été aussi «chaud» qu'annoncé.

En Italie, la sécheresse et les pertes de production sont un facteur aggravant. C'est Milan qui a été bloqué en juillet, et les agriculteurs ont menacé de rouler sur Rome.

Des manifestations ont également eu lieu en Allemagne, en particulier le 31 août 2022 à l'appel de l'organisation Landwirtschaft verbindet Deutschland (l'agriculture crée des liens en Allemagne).

Tout cela se déroule à bas bruit. Les grands médias ne prêtent guère attention à ces événements, contrairement aux réseaux alternatifs et protestataires qui tentent visiblement de monter un mécontentement plus généralisé.

L'État stratège a frappé aux Pays-Bas
Ce sont les Pays-Bas qui présentent la situation la plus préoccupante. La presse française ne s'y est guère intéressée, alors même que le pays a connu des manifestations massives et parfois violentes. Signalons tout de même un article du Monde, de bonne facture, du 13 juillet 2022.

Répondant à des objectifs européens de rétablissement de la virginité écologique, le gouvernement de M. Mark Rutte a annoncé le 10 juin 2022 un plan de réduction des émissions d'azote de 50% à l'horizon 2030. À sa décharge – partielle – un tribunal avait décidé en 2019 que le pays devait faire beaucoup plus dans ce domaine.

S'illustre ici une dérive inquiétante de nos systèmes démocratiques : des gouvernements et parlements incapables de gérer le présent adoptent des lois fixant des objectifs ambitieux, que l'on sait irréalistes. C'est pour camoufler leur inaction et leur incompétence, ou encore complaire à des franges influentes de l'électorat et de l'opinion dite «publique». Rien de sérieux ne se produisant, les activistes saisissent des tribunaux forcément liés par les textes des lois, et aussi sous l'emprise du discours apocalyptique ambiant. Et les gouvernements – souvent nouveaux – sont sommés de prendre des mesures dévastatrices (ou trouver une autre échappatoire).

Nous avons du reste connu le même phénomène en France avec l'Affaire du Siècle… les activistes trouvent intérêt à saisir la justice dans les pays démocratiques, pas dans les États autoritaires ou à gouvernement illibéral...

Tous les secteurs économiques devront contribuer à l'effort, mais c'est l'agriculture, à l’origine de 46% des émissions – de protoxyde d’azote, d’ammoniac ou de nitrates issus des engrais azotés et des effluents d’élevage – qui a été plus particulièrement visée.

Des objectifs de réduction des émissions d'azote délirants
Le plan de la ministre de l'Environnement et de l'Azote (ça ne s'invente pas !), Christianne van der Wal, et du ministre de l'Agriculture, Henk Staghouwer, prévoit des réductions pouvant aller jusqu'à 97% dans les zones Natura 2000 et 70% dans 131 zones adjacentes, avec un minimum de 12%. Les provinces sont chargées de mettre au point les plans détaillés d'ici au 1er juillet 2023.

Un premier effet de ce plan a été la démission du ministre Henk Staghouwer, qui aura été en poste pendant à peine huit mois. «Je me suis demandé si j'étais la bonne personne pour superviser les tâches qui m'incombent», a-t-il déclaré. «Je suis arrivé à la conclusion que je ne suis pas cette personne.»

L'effet majeur porte évidemment sur l'agriculture, mais aussi sur les industries d'amont et d'aval et, par voie de conséquence, sur la production agricole et alimentaire du deuxième exportateur mondial, mais aussi sur l'ensemble du tissu social en zones rurales.

* André Heitz est ingénieur agronome et fonctionnaire international du système des Nations Unies à la retraite. Il a servi l’Union internationale pour la protection des obtentions végétales (UPOV) et l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI). Dans son dernier poste, il a été le directeur du Bureau de coordination de l’OMPI à Bruxelles.

Complément du 18 octobre 2022

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