Les centres commerciaux sont une plaque tournante de l'activité, tant pour les personnes que pour les agents pathogènes. De nouvelles recherches en microbiologie sur le microbiome des centres commerciaux sont publiées sur le site de l’American Society for Microbiology (ASM); cela montre que le microbiome d'un centre commercial reflète ses clients (A Shopping Mall’s Microbiome Mirrors Its Shoppers).
Les gens affluent vers les centres commerciaux pour toutes sortes de raisons. Mais l'argent n'est pas la seule chose qu'ils laissent derrière eux, et les sacs à provisions ne sont pas les seules choses qu'ils rapportent à la maison.
Cette semaine dans mSystems, des chercheurs rapportent (Dynamics of Microbial Community and Potential Microbial Pollutants in Shopping Malls) que les sols, escaliers mécaniques et autres surfaces des centres commerciaux ont leurs propres communautés microbiennes, assemblées à partir des microbes des personnes qui les traversent. Le microbiome du centre commercial comprend une grande partie d'agents pathogènes potentiels, en particulier à l'intérieur du bâtiment, ce qui suggère que la transmission de surfaces à personne pourrait propager la maladie.
«Les surfaces des centres commerciaux agissent comme une voie par laquelle les microbes se déplacent entre les zones des centres commerciaux, même entre des régions très éloignées», a dit Xin-Li An de l'Institut de l'environnement urbain (IUE) de l'Académie chinoise des sciences, à Xiamen. Elle a codirigé l'étude avec Jian-Xin Xu, au même institut. «L'exposition de la population au microbiome du centre commercial modifie peut-être la trajectoire de la santé en mettant des personnes en contact avec des agents pathogènes», a-t-elle dit.
Les résultats suggèrent que le mouvement des agents pathogènes dans un centre commercial ne se limite pas aux rencontres de personne à personne, mais peut également se produire par le biais de transmissions de personnes aux surfaces ou de surfaces aux personnes.
Dans des études précédentes, des chercheurs en Chine ont rapporté que les centres commerciaux avaient été au centre de nombreuses épidémies locales de la Covid-19 pendant la pandémie. Ces études ont amené An et ses collègues à réfléchir au rôle des centres commerciaux, qui rassemblent des personnes pour diverses activités, dans la propagation des agents pathogènes en général.
«Les centres commerciaux pourraient être un environnement de propagation de la contamination microbienne», a dit An.
Les chercheurs ont prélevé des échantillons au printemps et à l'été 2022 sur les sols et les escaliers mécaniques de 20 centres commerciaux de Xiamen, Chine, ainsi que sur l'extérieur immédiat du bâtiment, y compris les sols de la ceinture verte et la poussière des routes. Ils ont utilisé le séquençage de l'ARNr 16s pour analyser les échantillons de populations bactériennes et l'amplification ITS (Internal Transcribed Spacer) pour identifier les espèces fongiques. Ils ont trouvé la plus grande richesse en espèces bactériennes dans les sols des centres commerciaux, suivis des escaliers mécaniques, puis de la poussière des routes, et enfin des sols de la ceinture de verdure.
Les environnements intérieurs ont montré des concentrations plus élevées d'agents pathogènes humains, ainsi qu'une proportion plus élevée de gènes associés à la résistance aux antimicrobiens, que les prélèvements extérieurs. Les espèces qui dominaient la population variaient selon la saison. Et bien que les microbiomes variaient d'un centre commercial à l'autre et d'une saison à l'autre, les chercheurs ont trouvé une communauté microbienne centrale qui était partagée dans plus de 80% des 274 prélèvements totaux. La plupart de ces microbes étaient associés à des agents pathogènes potentiels.
Ce noyau comprenait Acinetobacter baumannii, une bactérie Gram négatif à l'origine de nombreuses infections nosocomiales. Il y avait également Kocuria kristinae, une bactérie Gram positif habituellement inoffensive qui vit sur la peau et peut provoquer des infections chez les patients dont le système immunitaire est affaibli. Cladosprorium, une type de moisissure qui peut provoquer des allergies et, dans certains cas, des infections, faisait également partie de la communauté de base.
Les travaux d'An à l'IUE se concentrent sur les agents pathogènes humains, en particulier les virus et les bactéries dotés de gènes de résistance aux antimicrobiens, dans les environnements urbains. Outre les centres commerciaux, ces environnements comprennent les usines de traitement des eaux usées, les marchés humides et les fermes. Comprendre le microbiome du centre commercial est un élément important d'un objectif plus large de surveillance des menaces potentielles pour la santé publique. La prochaine étape consiste à collecter plus de données sur la façon dont un microbiome de centre commercial change dans le temps et dans l'espace, et à rechercher plus de points communs.
La nouvelle étude suggère une autre direction pour de nouvelles recherches, a ajouté An, pour étudier les expositions microbiennes qui surviennent par la respiration. Dans une future étude, les chercheurs prévoient de se concentrer sur le microbiome de l'air dans les centres commerciaux.
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