vendredi 7 août 2020

Dans la série baisse des contrôles de la DGCCRF, 'Étiquetage et traçabilité des viandes' où le taux d’anomalies s’élève à plus de 30%


Dans un document du ministère de l’agriculture et de l’alimentation du 28 mai 2020, « La transparence de l’information du consommateur sur les produits agricoles et alimentaires est renforcée », on peut y lire …
Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances a quant a elle déclaré que « l’amélioration de l’étiquetage des produits alimentaires est indispensable pour permettre aux consommateurs de devenir de véritables «consom-acteurs». Nombreux sont les Français qui ont à cœur de favoriser les circuits courts, les productions de qualité et de soutenir nos agriculteurs. Cette traçabilité renforcée conforte notre politique en faveur du «Fabriqué en France» ».
En attendant que tout cela soit réalisé, un jour peut-être, la DGCCRF publie le 6 août 2020, « Étiquetage et traçabilité des viandes bovines, ovines, porcines et de volaille ».

Et qu’apprend-on ?
Au cours de l’année 2018, les enquêteurs ont contrôlé 1 926 établissements (grandes et moyennes surfaces, boucheries, grossistes, ateliers de découpe et de transformation, abattoirs, éleveurs pratiquant la vente directe, restaurants) et réalisé près de 2 150 actions de contrôle portant essentiellement sur l’étiquetage et la traçabilité des produits. Le taux d’anomalies s’élève à plus de 30 %.
Quel que soit le mode de distribution, les enquêteurs ont relevé des anomalies concernant l’origine nationale (des cas de « francisation »), des allégations relatives aux races, des messages quant à l’origine régionale des animaux et des signes de qualité utilisés de manière abusive. Dans près de 40 % des établissements contrôlés, les actions visant à vérifier la conformité aux règles d’origine et le respect des règles de traçabilité ont donné lieu à des suites (avertissements, injonctions, procès-verbaux).
Les constatations diffèrent selon le stade de la commercialisation.
Les procédures de gestion de la traçabilité sont parfois insuffisantes
Dans le cas des grandes et moyennes surfaces, chaque enseigne dispose de son propre logiciel de gestion de la traçabilité. Au sein d’une même enseigne, les procédures peuvent ne pas être appliquées uniformément.
Les enquêteurs ont constaté que parfois  :
  • les responsables des rayons boucherie ne savent pas analyser les données enregistrées,
  • il n’existe pas d’autocontrôles des procédures de traçabilité,
  • ni les mentions d’étiquetage (numéro de lot, numéros d’agrément) ni la cohérence des lots ne sont vérifiées,
  • les erreurs de saisies lors de l’enregistrement des lots à l’arrivée ou au moment de l’emballage ne sont pas détectées,
  • les personnels ne sont pas formés.
La loyauté de l’information n’est pas garantie en l’absence de traçabilité
Lorsque des manquements sont constatés dans les procédures de traçabilité des viandes,  cette  traçabilité ne permet plus d’assurer la loyauté de l’information fournie au consommateur, les caractéristiques alléguées n’étant pas garanties.
Dans le cadre de cette enquête qui date de 2018, il y a eu 1 926 établissements contrôlés avec 951 avertissements, 214 suites administratives et 164 procès-verbaux administratifs ou pénaux

Mais dans une précédente enquête de novembre 2014 de la DGCCRF, « Étiquetage et traçabilité de la viande bovine », il était rapporté 5 461 contrôles (50% de contrôles dans la restauration) et 4 798 établissements, ce qui a entraîné 1 978 avertissements, 271 procès-verbaux et 61 mesures de police administrative.

Dans une autre enquête de mars 2016 de la DGCCRF, « Étiquetage et traçabilité des viandes », on apprend qu’il y a eu 2 474 établissements visités et 2 804 contrôles effectués, ce qui a entraîné 1 134 avertissements, 102 mesures administratives et 210 procès-verbaux.

Ce rappel des enquêtes précédentes montre à l’évidence la baise de la pression de la DGCCRF sur les contrôles et les établissements, mais de cela, il n’en est toujours pas question …

On est passé ainsi d’année en année …


Année
Etablissements
Contrôles
2018
1 926
2 150
2016
2 474
2 804
2014
4 798
5 461


Mise à jour du 7 septembre 2020. Mieux vaut tard que jamais, selon Food Navigator du 4 septembre 2020, « One-third of meat products in France breach labelling and traceability requirements » (Un tiers des produits carnés en France enfreignent les exigences d'étiquetage et de traçabilité).

Lire le communiqué de l’Académie nationale de médecine : Masquez-vous, masquez-vous, masquez-vous

Le Covid-19 met en évidence un système alimentaire cassé au Royaume-Uni


« Covid-19 exposes the UK’s broken food system » ou Le Covid-19 met en évidence un système alimentaire cassé au Royaume-Uni, source BMJ 2020370 (publié le 6 août 2020).

Un projet de loi sur l'agriculture ne résout pas le problème.
La pandémie de SRAS-CoV-2 a révélé les faiblesses fondamentales de la société britannique. Certains systèmes fragiles, tels que la protection sociale, sont restés sous les projecteurs au fur et à mesure que la pandémie se développait, mais d'autres n'ont attiré qu'une attention passagère y compris le système alimentaire.

L'obésité, entraînée dans une large mesure par un système alimentaire qui encourage la consommation de produits bon marché et denses en énergie, est rapidement apparue comme un facteur de risque majeur de mortalité par le Covid-19, mais ce n'était pas la seule interaction entre l'alimentation et le Covid-19. Les premiers stades de la pandémie ont vu les rayons des supermarchés vidés et le rationnement des produits de base. La fermeture d'écoles et l’absence de repas scolaires gratuits ont laissé de nombreux enfants déjà défavorisés confrontés à une grave insécurité alimentaire.

L’approvisionnement alimentaire du Royaume-Uni est fragile dans le meilleur des cas. Le pays importe 47% de ses aliments, dont 84% de fruits frais, et dépend de manière critique d'une chaîne d'approvisionnement ayant une gestion juste-à-temps, avec une faible capacité à résister aux chocs. Le projet de loi sur l'agriculture 2019-21, la première nouvelle législation sur l'alimentation et l'agriculture depuis sa sortie de l'Union européenne, passe devant le Parlement et a été décrit par le gouvernement comme une «opportunité unique» de réformer l'agriculture et l'approvisionnement alimentaire. Une réforme agricole globale combinée à un ensemble de mesures pour soutenir la reprise économique après la pandémie aiderait le gouvernement britannique à respecter son engagement de reconstruire plus fort et plus vert, de protéger le NHS et de lutter contre l'obésité. Mais tel quel, le projet de loi rate la cible.

La nécessité de contrôler l'obésité au Royaume-Uni est devenue particulièrement urgente alors que de nouvelles vagues de Covid-19 menacent la population et le NHS, tandis que les politiciens s'efforcent de compenser des années de lent progrès avec une nouvelle stratégie sur l'obésité. Bien que certaines politiques importantes soient proposées, comme des restrictions publicitaires sur les aliments malsains, des lacunes critiques dans le projet de loi sur l'agriculture pourraient affaiblir la santé publique pour les décennies à venir.

La politique agricole façonne l'environnement alimentaire et offre la possibilité d'améliorer l'apport alimentaire, mais une meilleure santé publique n'est pas un objectif explicite du projet de loi. Nous savons, grâce à la planification du Brexit, que la distribution alimentaire inégale et la perturbation des chaînes d'approvisionnement ont un effet disproportionné sur les faibles revenus, pourtant le projet de loi est muet sur ces questions, et les appels à lutter contre l'insécurité alimentaire sont ignorés. Le projet de loi semble totalement séparé des politiques proposées par un groupe chargé par le gouvernement d'élaborer une stratégie alimentaire nationale.

Le projet de loi sur l'agriculture a récemment attiré l'attention des médias lorsque les députés ont voté contre la législation visant à maintenir les normes européennes en matière d'environnement et de bien-être animal sur les importations alimentaires, ouvrant la voie aux importations de poulet chloré et de bœuf nourri aux hormones en provenance des États-Unis. Mais cette focalisation étroite sur la sécurité des aliments a détourné l'attention de la production alimentaire non durable en tant que moteur de la résistance aux antimicrobiens, des maladies infectieuses émergentes, du changement climatique et des conséquences des mauvaises normes agricoles sur la santé mondiale.

La surveillance du système alimentaire est fragmentée, avec au moins 16 départements gouvernementaux responsables de l'alimentation alors qu'il passe de la fourche à la fourchette en Angleterre. Jamais le besoin de coordination n'a été plus évident, et l'action devient encore plus urgente alors que le Royaume-Uni approche de la fin de la période de transition du Brexit. Pendant près d’un demi-siècle, le système alimentaire du Royaume-Uni a été façonné par les politiques de l’UE en matière d’agriculture et de commerce, et le nouveau projet de loi propose une vaste refonte de la production alimentaire et de l’agriculture. Le gouvernement devra également négocier de nouveaux accords commerciaux avec l'UE et d'autres nations, mais peu de progrès ont été réalisés et un scénario de «non accord», impliquant une perturbation massive des approvisionnements alimentaires, semble probable.

Lors de l'examen du lien entre la politique alimentaire et la santé, l'attention est trop souvent concentrée sur l'influence des choix alimentaires des individus. Une attention insuffisante a été accordée au système alimentaire en tant que «déterminant en amont» de la santé. Le Covid-19 expose les faiblesses de la santé publique. et montre où une transformation radicale et une prévention sont nécessaires pour promouvoir la santé de la population et réduire le fardeau des systèmes de santé à la fois en temps «normal» et en temps de crise.

La santé publique doit changer le discours sur le système alimentaire en mettant la santé, l'équité et la justice sociale au centre du débat et basée sur des preuves. Les professionnels de la santé peuvent plaider en faveur de la santé dans toutes les décisions politiques afin de s'assurer que tous les secteurs, et pas seulement le NHS, travaillent à promouvoir la santé et la résilience aux chocs futurs. Nous pouvons reconstruire en mieux après le Covid-19, mais nous devons tous contribuer à jeter des bases équitables et axées sur la santé. En l'état, la loi agricole et alimentaire est une sérieuse occasion manquée.

Lire le communiqué de l’Académie nationale de médecine : Masquez-vous, masquez-vous, masquez-vous

Savon versus COVID-19: une visualisation 3D rend ludique la puissance de l'hygiène simple


Le Président de la République avait indiqué au début de la pandémie à six reprises, « Nous sommes  en guerre. » En quelque sorte Doug Powell du barfblog lui répond en disant « Je n'aime pas la militarisation des termes pour parler de microbes d'origine alimentaire ou des autres microbes. Les microbes sont là, soyez cool, prenez des mesures pour réduire les risques. »

Si guerre il y a, elle sera gagné par de l'eau et du savon pour les mains et un masque sur le visage ...

Une étude de l’University of New South Wales ou UNSW (Nouvelle-Galles du Sud) rapporte « Savon versus COVID-19: une visualisation 3D rend ludique la puissance de l'hygiène simple ».

Alors que le nombre de nouvelles infections augmente, une simulation 3D de l'UNSW nous invite à faire mousser … le savon.

Une visualisation 3D du savon détruisant le coronavirus est un rappel poignant que le simple fait de se laver les mains peut aider à endiguer la pandémie, disent des universitaires de l'UNSW.

« Avec la menace de la deuxième vague sur nous, une simple règle d’hygiène est quelque chose que tout le monde peut faire pour prévenir la propagation du virus », dit le professeur Pall Thordarson, de l'UNSW Science. « Le savon peut détruire le virus sur votre peau. »

La simulation scientifiquement exacte, née d’une collaboration entre UNSW Art & Design et UNSW Science, montre un savon agissant sur une peau contaminée recouverte de minuscules particules de coronavirus.

La simulation utilise une approche cinématographique et une animation évocatrice pour transmettre un message accessible aux adultes comme aux enfants.

« L’une des rares bonnes nouvelles à propos de ce virus est qu’il est en fait très fragile - si vous vous lavez les mains avec du savon, tout le virus s’effondre comme un château de cartes », dit le professeur Thordarson.

« Les molécules de savon cassent les molécules lipidiques externes graisseuses du virus et affaiblissent sa membrane, la rendant de moins en moins stable. Le savon arrache également une partie de la membrane du virus pour créer de nouvelles bulles de savon. »

« Et cela suffit pour détruire le virus. Veuillez donc utiliser fréquemment du savon et de l'eau ou un désinfectant à base d'alcool. »

La simulation a été créée par le 3D Visualization Aesthetics Lab de l'UNSW, qui explore des visualisations artistiques et de conception de données scientifiques et biomédicales complexes. Le laboratoire crée des plates-formes immersives qui jouent des phénomènes scientifiques, tels que les interactions médicamenteuses avec les cellules cancéreuses ou des analyses personnalisées interactives des accidents vasculaires cérébraux pour aider les patients à comprendre leur traitement.

« Les visualisations 3D rendent la science complexe compréhensible. Les industries créatives sont dans une position unique pour pouvoir offrir ce type de simulations éducatives innovantes », dit le professeur John McGhee, qui a créé la simulation avec le chercheur en post-doc du laboratoire UNSW 3D Visualization Aesthetics Lab, Andrew Lilja.

« Nous collaborons avec des collègues engagés dans des recherches de pointe pour créer des médias interactifs qui donnent vie aux détails des processus biomédicaux. »

Le laboratoire étudie la possibilité de participer au débat sur les masques et à d'autres problèmes de santé publique à travers une série de simulations éducatives en 3D.

Lire le communiqué de l’Académie nationale de médecine : Masquez-vous, masquez-vous, masquez-vous

jeudi 6 août 2020

Afrique du Sud : Les coûteuses leçons de l'épidémie de listériose de Tiger Brands


Un panneau publicitaire faisant la promotion de polony d’Enterprise,
à l'usine Tiger Brands de Polokwane, Limpopo. Photo: Alaister Russell / The Sunday Times.
« Les coûteuses leçons de l'épidémie de listériose de Tiger Brands », source article de Francis Herd et Nicola Kleyn paru le 6 août 2020 dans financialmail.

La gestion par Tiger Brands de l'épidémie de listériose de 2018, qui a tué plus de 200 personnes, a coûté cher à l'entreprise, financièrement et sur le plan de la réputation.

Désolé semble être le mot le plus difficile pour les sociétés prises dans des scandales majeurs. Tiger Brands, qui possède des produits de base bien connus tels que le riz Tastic, les chocolats Beacon, le shampooing Gill et Enterprise Foods, ne fait pas exception.

L’incapacité de l’entreprise à reconnaître son rôle dans la plus grande épidémie de listériose au monde, qui a tué plus de 200 personnes, lui a coûté cher.

L'affaire a été lamentablement gérée par une entreprise dont les produits sont consommés par 2 millions de personnes par jour. Cela signifie que deux ans plus tard, Tiger Brands reste embourbé dans un litige, combattant les familles de ceux qui sont décédés de la listériose.

Plutôt que de composer, Tiger Brands a choisi de se battre jusqu'à la mort.

C’est un scandale qui révèle comment Tiger Brands a enfreint de nombreuses règles de gestion de crise: stopper le problème, présenter des excuses si vous vous êtes trompé et soyez humain face à une tragédie. S'il n’a pas encore perdu devant les tribunaux, il est en train de perdre devant le tribunal de l’opinion publique.

Comme le dit Dario Milo, associé du cabinet d'avocats Webber Wentzel: « Il n’y a généralement rien à gagner dans une bataille dans un tribunal, mais perdre maintenant devant le tribunal de l'opinion publique. »

L'histoire a commencé en février 2018, lorsqu'une épidémie de listériose, une maladie d'origine alimentaire, avait fait plus de 170 décès y compris des femmes enceintes et des bébés.

Au départ, l’Institut national des maladies transmissibles (NICD pour National Institute for Communicable Diseases) n’était pas sûr de son origine. Puis, le 4 mars 2018, le ministère de la santé a dit que la souche mortelle de Listeria ST6 avait été isolée dans 16 échantillons environnementaux collectés dans l'installation de Polokwane Enterprise.

Enterprise Foods, qui produisait de la polony et de la viande transformée, appartenait à Tiger Brands.

Dès le départ, l'entreprise a fait tout son possible pour éviter toute responsabilité.

Ce jour-là, Tiger Brands a publié une déclaration montrant une déconnexion vis-à-vis de la réalité. « [Nous] pouvons confirmer que nous avions trouvé une faible détection d'une souche de Listeria dans certains produits le 14 février, mais la présence de la souche ST6 n'a pas été confirmée par nos analyses », a-t-il dit.

En essayant de se défendre, Tiger Brands venait d'admettre avoir découvert la présence de Listeria des semaines auparavant. Et, plutôt que d'émettre un rappel alors qu'il était potentiellement impliqué dans l'épidémie, il a choisi d'envoyer les mêmes échantillons pour des analyses supplémentaires pour ST6.

Le lendemain, Tiger Brands a tenu une conférence de presse au cours de laquelle le PDG de l'époque, Lawrence MacDougall, a fait l’impossible pour éviter de prendre ses responsabilités. « Il n'y a aucun lien direct avec les décès liés à nos produits dont nous sommes au courant à ce stade. Rien », a-t-il dit.

La réponse de MacDougall a soulevé plus de questions que de réponses: si l’entreprise avait effectué des tests «de façon proactive», comment n’avait-elle pas trouvé le problème que tout le monde avait ?

La conférence de presse a été parsemée de moments farfelus.

On a demandé à MacDougall et aux autres dirigeants quand ils avaient mangé pour la dernière fois du polony d’Enterprise Foods. C'était l'occasion idéale de dire que manger des produits Enterprise était la dernière chose à faire. Au lieu de cela, MacDougall a souri et un autre cadre a laissé entendre que c'était une chose sensée à faire.

« Du polony, je n’en suis pas sûr », a dit MacDougall, réfléchissant à la question. « J’ai mangé des saucisses et de la saucisse de Vienne, il y a probablement quatre ou cinq semaines. »

« Hier, j'ai mangé une pizza au jambon haché », a dit Mary-Jane Morifi, directrice des affaires générales. « Si vous regardiez dans mon frigo en ce moment, vous verriez un polony mangé, un polony de chez Enterprise. »

Lorsqu'un journaliste a demandé à MacDougall s'il avait consulté des avocats avant la conférence de presse, il a répondu: « Non - faire ce qu'il faut et dire ce qu'il faut ne nécessite pas de préparation juridique. »

C'était un bon discours de président, mais ça sonnait particulièrement creux. Dire que MacDougall manquait d'empathie est un euphémisme.

Quelques jours plus tard, le Sunday Times a rapporté que le ministère de la santé avait demandé à plusieurs entreprises alimentaires d'envoyer des échantillons en novembre de l'année précédente, et Tiger Brands ne s'était pas conformé. Le journal a révélé que Tiger Brands avait rappelé des produits auprès de distributeurs sans alerte publique à la mi-février, alors même qu'il continuait à produire des tonnes de produits potentiellement dangereux.

Il s'est avéré que Tiger Brands savait que ses produits étaient potentiellement dangereux depuis longtemps. Dans des documents judiciaires de 2019, la société a dit qu'elle avait collecté des échantillons dès le 3 février et le même jour « des écouvillons prélevés sur deux produits ... testés positifs pour [Listeria monocytogenes] ».

Mais MacDougall a de nouveau tenté de répandre le blâme en mentionnant d'autres producteurs alimentaires, essayant d'éloigner Tiger Brands des décès évitables.

Pourtant, comme l'a déclaré le Dr Juno Thomas, chef du Centre des maladies entériques au NICD: « D'un point de vue scientifique, il ne fait aucun doute » que les produits de l'usine Polokwane d’Enterprise ont provoqué l'épidémie.

Parce que Tiger Brands a enfreint la première règle de la gestion de crise, en n’arrêtant pas le problème, le ton du reportage qui a émergé a créé de nouveaux problèmes.

Des rapports ont rapidement émergé dans lesquels des experts ont suggéré que l'entreprise était assise sur un énorme problème de santé depuis longtemps et qu'elle n'avait pas agi.

« Ce genre de chose ne se produit pas soudainement du jour au lendemain », a déclaré Selva Mudaly, présidente de l’Institut de la santé environnementale. « Ce n'est pas seulement dans une machine à trancher la viande, c'est dans tout, des écrous et des boulons, chaque partie de l'usine. »

Comme le soutiennent les universitaires en communication Shari Veil, Tara Buehner et Michael Palenchar, une fois qu'une organisation est considérée comme indigne de confiance, elle ne peut plus être la voix faisant autorité et contrôler l'information autour d'une crise. L'opportunité de diriger depuis le front est perdue.

La réponse de Tiger Brands, lorsqu'elle a été poursuivie par les familles, n'a fait qu'empirer les choses.

Vraisemblablement pour tenter de partager le blâme ou de briser le lien de causalité entre elle-même et les victimes, la société a tenté d'assigner des analyses de laboratoire d'autres producteurs alimentaires.

Les réclamants du recours collectif ont déclaré que cela n’était pas pertinent, car ils sont tombés malades après avoir mangé les produits de Tiger Brands et rien d’autre.

Mais en refusant d'accepter qu'il était logiquement responsable de certains, sinon de tous, des décès, Tiger Brands a transféré la charge de la preuve aux personnes qui sont tombées malades.

On ne sait pas comment on peut s'attendre à ce que les victimes prouvent le «lien direct» requis - peut-être auraient-elles dû passer des tests sanguins avant et après avoir mangé du polony ? Ou conservé les paquets ?

MacDougall a pris sa retraite depuis, mais Tiger Brands compte toujours le coût de ne pas s'excuser.

Heureusement, toutes les entreprises ne sont pas aussi bornées.

Woolworths a été l'une des premières entreprises à émettre un rappel de produits sur ses rayons liés aux usines d’Enterprise. Les clients qui entraient dans les magasins ont trouvé une liste complète de saucisses de Vienne et autres produits à base de viande qui avaient été retirés et affichés aux entrées.

Woolworths a dû être tenté de s’éloigner de la crise, car sa marque est construite autour de la qualité des aliments. Mais au lieu d'essayer de cacher cela, il a agi en toute transparence.

La critique de Woolworths était limitée: lorsque les entreprises agissent immédiatement, il ne reste généralement pas grand-chose à dire aux commentateurs.

Pourtant, Tiger Brands a été fustigé. Non seulement il n'a pas immédiatement dit aux personnes comment se protéger, en jetant, par exemple, la polony, mais il a également choisi de ne pas procéder à un rappel préventif lorsqu'il a retrouvé Listeria dans ses produits en février 2018. Il pensait à la mauvaise presse, plutôt qu’au personnes qui mangeraient son produit.

Dans les documents judiciaires, Tiger Brands fait valoir qu'il a pris toutes les précautions raisonnables pour assurer la sécurité sanitaire de ses produits et affirme que la présence de bactéries de type Listeria monocytogenes en petites quantités dans les produits alimentaires a été acceptée par les services réglementaires.

Au lieu d'admettre qu'elle contrôlait pleinement la propreté de ses installations et la qualité de ses aliments, Tiger Brands a agi comme la victime impuissante de germes invisibles partout. C’est une stratégie lâche.

Il y a une autre façon de faire les choses. En 2008, il y a eu une épidémie de listériose au Canada qui a entraîné 20 décès. L’Agence canadienne d’inspection des aliments s’est concentrée sur les Aliments Maple Leaf, et les trancheurs de charcuterie l’entreprise ont été testés positifs.

Contrairement à Tiger Brands, Maple Leaf a lancé un énorme rappel. Rapidement, le PDG de l'entreprise Michael McCain a présenté des excuses claires et sans équivoque.

McCain a pris l'entière responsabilité. « Tragiquement, nos produits ont été liés à des maladies et à des pertes de vie », a-t-il dit. Il était d'avis que, que les inspecteurs fassent ou non leur travail, Maple Leaf avait enfreint ses propres normes et était uniquement responsable. « La responsabilité s'arrête ici », a-t-il dit.
Il n’a pas trouvé d’excuses et n’a pas cherché de boucs émissaires.

De manière significative, McCain a dit: « Il y a deux conseillers auxquels je n'ai prêté aucune attention. Le premier sont les avocats, le second sont les comptables. »

Ne vous y trompez pas, il y a eu des coûts pour Maple Leaf: le rappel a coûté entre 25 et 30 millions de dollars, tandis qu'un recours collectif a coûté 25 millions de dollars supplémentaires. Mais il a été réglé rapidement, évitant des années d'acrimonie.

On lira les articles publiés par le blog sur cette affaire ici.

Chez Tiger Brands, les coûts s'accumulent toujours. Alors que la faiblesse du marché a affecté le cours de l’action Tiger Brands, sa gestion du cas de la listériose a également pesé lourd.

Avant la crise, les actions de Tiger Brands se négociaient à 394 rands (45,11 euros); en novembre dernier, ils étaient à 216 rands (10,43 euros); aujourd'hui, ils sont à 175 rands (8,45 euros).

Dans sa présentation des résultats de novembre, ni MacDougall, ni le directeur financier Noel Doyle, qui a depuis remplacé MacDougall au poste de PDG, n'ont même mentionné le cas de la listériose. Mais les médias l'ont fait.

Il est impossible de savoir où en serait Tiger Brands si elle avait choisi une approche plus responsable, mais elle aurait sûrement été mieux lotie.

Un règlement rapide avec les victimes aurait probablement coûté moins que les 40 milliards de rands (2 milliards d’euros) perdus en valeur marchande en environ un an et demi. Comme l'a montré Maple Leaf, il existe un moyen plus courageux et meilleur que de se cacher derrière des avocats et les compagnies d'assurance, comme l'a fait Tiger Brands.

Lire le communiqué de l’Académie nationale de médecine : Masquez-vous, masquez-vous, masquez-vous

Mais qu'y a-t-il dans les nuggets de McDonald's ? On a retrouvé un masque chirurgical !


Régulièrement la question est posée, qu'y a-t-il y dans les nuggets de chez McDonald’s ?

McDonald’s répond à propos de nos Chicken McNuggets :
Nos Chicken McNuggets sont préparés à partir de filets de poulet origine France. Finement hachés et marinés, ils sont ensuite enrobés d'une panure, pour être servis dorés et croustillants, dans nos restaurants, pour toujours plus de plaisir.
Mais selon Midi Libre il y aurait autre chose,

Alors qu'elle déjeunait au McDonald's dans le comté d'Hampshire au Royaume-Uni avec sa maman, une fillette de 6 ans a retrouvé un masque chirurgical dans un nugget de poulet. L'enseigne américaine de fast-food a annoncé qu'elle ouvre une enquête interne pour faire la lumière sur l'incident.

Maddie a 6 ans et comme beaucoup d'enfants, elle raffole des Happy Meal, les menus de McDonald's destinés - en priorité - aux enfants. Alors qu'elle était en train d'en déguster un, la petite fille a failli avaler un nugget qui contenait ce qui semble être les restes d'un masque chirurgical

Dans une vidéo relayée par le site  britannique d'informations en continu BBC, un nugget de poulet est disséqué. À l'intérieur, on distingue des morceaux de tissu bleu, semblables au tissu des masques chirurgicaux devenus indispensables pour lutter contre la pandémie liée au nouveau coronavirus.

Alertée, la direction du Mc Donald's installé dans le comté de Hampshire au Royaume-Uni a déclaré avoir ouvert une enquête en interne pour faire la lumière sur l'incident.

La chaîne américaine de fast-food a affirmé à nos confrères de la BBC vouloir garantir une nourriture qui répond aux standards d'hygiène et de propreté. McDonald’s a aussi assuré suivre des « standards rigoureux pour éviter toute imperfection » lors de la préparation des commandes. 

« Nous souhaitons présenter toutes nos excuses aux clientes », a déclaré Mc Donald's, qui assure avoir retiré de la vente tous les produits qui ont été cuits en même temps que la commande malheureuse. 

La démonstration dans cette vidéo de la BBC

Lire le communiqué de l’Académie nationale de médecine : Masquez-vous, masquez-vous, masquez-vous

Y’a tout de même de curieux métiers au ministère de l’agriculture …


Le cabinet de Julien Denormandie compte une conseillère pour les filières végétales et la « sortie de la dépendance aux produits phytosanitaires ». Voilà un titre qui démontre que, si le ministre de l’Agriculture a changé, la feuille de route gouvernementale sur ce dossier, en ce qui la concerne, n’évolue pas.
Nommée par un décret paru Journal officiel du 1er août 2020, Maud Faipoux est donc conseillère pour les filières végétales auprès de Julien Denormandie, le nouveau ministre de l’Agriculture. Un titre habituel pour le cabinet du ministère de l’Agriculture, mais assorti cette fois d’une mention spéciale : « sortie de la dépendance aux produits phytosanitaires ». Un terme plus habituel dans la discours de certaines associations environnementalistes.
L’expression « sortie de la dépendance aux produits phytosanitaires » n’est finalement pas étonnante vu la feuille de route qu’applique le gouvernement depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée. Peu de temps après sa nomination au ministère de l’Agriculture, Julien Denormandie a d’ailleurs affirmé que le gouvernement allait garder le cap fixé par le président de la République sur la sortie du glyphosate.
Le doigt sur la couture du pantalon ce jeune agronome ...

Voir aussi ce tweet de Gil Rivière-Wekstein d'agriculture & environnement,
J'avoue ne pas savoir si c'est un travail à temps plein ... 

Complément du 7 août 2020. On lira en fin le communiqué tardif du ministère de l'agriculture sur un plan de soutien gouvernemental à la filière betterave-sucre pour faire face à la crise de la jaunisse ..., c'est râpé pour cette année mais ce sera mieux pour 2021 ...

Comme le rapporte Gil Rivière-WeksteinIl aura donc fallu des cultures ravagées pour que le ministère prévoit pour les 2 prochaines campagnes des dérogations pour l'usage de #néonicotinoïdes en enrobage de semences contre le puceron. Une bonne nouvelle ! signe du retour du réalisme à la tête de l’Etat?


Lire le communiqué de l’Académie nationale de médecine : Masquez-vous, masquez-vous, masquez-vous

Un bilan du RASFF 2019 vu par le BVL d'Allemagne


« Nombre record de notifications au portail RASFF de l’UE en 2019 », source Food Safety News et adapté par mes soins -aa.

Un nombre record de plus de 4000 notifications ont été échangées via le système européen d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF) en 2019.

Sans vouloir chipoter, j’ai retrouvé 3 993 notifications, mais le RASFF est coutumier de ces coups de rabot … en attendant le rapport RASFF 2019 ...

L'année dernière, 4 012 messages (notifications) ont été publiés sur le réseau, soit environ 10% de plus que l'année précédente. Plus de 3 500 concernaient l'alimentation humaine, 300 l'alimentation animale et près de 200 (172 –aa) pour des matériaux en contact avec les denrées alimentaires.
Nombre de notifications au RASFF de l'UE et nombre de notifications émises par l'Allemagne.
 La détection de la présence de  Salmonella était la raison la plus courante de signalement dans le système d'alerte, selon l'Office fédéral allemand de la protection des consommateurs et de la sécurité alimentaire (BVL).

En 2019, 1 029 de tous les notifications RASFF étaient liés à l'Allemagne, ce qui signifie que le produit impliqué a été soit fabriqué ou distribué dans le pays. L'Allemagne a adressé le plus de notifications avec plus de 500, suivie du Royaume-Uni, des Pays-Bas et de l'Italie avec moins de 400 notifications.

Pour information, la France a adressé 244 notifications. –aa.

Comme l'année précédente, les fruits et légumes et les fruits à coque, les produits de fruits à coque et les graines étaient les catégories de produits les plus fréquemment déclarées liées à l'Allemagne.

Avec 94 notifications, la catégorie des herbes et épices était à la troisième place. Par rapport à l'année précédente, le nombre de notifications pour cette catégorie de produits a augmenté d'environ 170%. Cette augmentation est principalement due aux rejets aux frontières de poivre noir du Brésil à cause de Salmonella, selon le rapport. Le produit est soumis à des réglementations spéciales lors de son importation dans l'Union européenne depuis janvier 2019 et doit être contrôlé plus fréquemment pour Salmonella.

Focus sur les noyaux d'abricot et les compléments alimentaires
Les résultats positifs de Salmonella dans les denrées alimentaires ou les aliments pour animaux étaient à l'origine de plus d'un rapport sur cinq du RASFF cette année. La raison la plus fréquente de l'implication allemande était de signaler la présence de micro-organismes tels que Salmonella, Listeria ou E. coli. En deuxième position, comme en 2018, se trouvait la détection des mycotoxines, principalement des aflatoxines dans les figues et les fruits à coque d'Egypte et de Turquie.

Le BVL a également mis en évidence les problèmes des amandes amères d'abricots avec des quantités élevées d'acide cyanhydrique et des compléments alimentaires avec des ingrédients interdits ou des ingrédients à un niveau trop élevé.

Les amandes (graine ou noyau) d'abricot contiennent de grandes quantités de l'ingrédient naturel amygdaline, qui est converti en acide cyanhydrique pendant la mastication et la digestion et peut entraîner une intoxication grave et même la mort.

L'UE a fixé un niveau maximal d'acide cyanhydrique dans les amandes d'abricot vendus aux utilisateurs finaux il y a trois ans, mais 11 cas de non-conformités de ce règlement ont été signalés par le RASFF en 2019.

En 2019, le nombre de notifications concernant des compléments alimentaires a augmenté de 33% par rapport à l'année précédente. La principale raison était la présence de substances non autorisées.

Un problème fréquemment signalé était la consommation excessive de monacoline K, une substance hypocholestérolémiante, provenant de compléments alimentaires. La monacoline K est naturellement présente dans la levure de riz rouge et a une structure et un effet identiques à l'ingrédient actif, la lovastatine, qui est utilisé dans les médicaments sur ordonnance uniquement et uniquement sous surveillance médicale.

Sécurité sanitaire des milkshakes
Pendant ce temps, le BVL a également mis en évidence la sécurité des milkshakes (laits frappés -aa) et de leurs ingrédients pendant les mois d'été les plus chauds.

Dans le cadre de la surveillance nationale en 2018, les milkshakes offerts dans les restaurants et les glaciers ont été examinés pour leurs propriétés microbiologiques et hygiéniques. Les résultats ont montré que des germes liés à l'hygiène sont courants mais que les agents pathogènes ont rarement été détectés.

Les prélèvements ont été évalués conformément aux valeurs indicatives et d'avertissement de la Société allemande d'hygiène et de microbiologie (DGHM) pour la crème glacée et la crème fouettée. Les levures ont été le plus souvent détectées et dans 162 des 754 échantillons, des niveaux de plus de 1 000 unités formant colonie par gramme (UFC/g) ont été retrouvés.

Dans 2,3% des échantillons testés, E. coli a été détecté en quantités supérieures à la valeur d'avertissement de 100 UFC/g. E. coli est considéré comme un indicateur de la contamination fécale de l'eau potable ou des aliments.

Ces résultats suggèrent une qualité inadéquate ou un stockage incorrect des produits utilisés pour faire des milk-shakes. Mais d'autres défauts d'hygiène impliquant l'équipement ou le personnel peuvent également en être la source.

Au total, 32 des 739 laits frappés contenaient Bacillus cereus au-dessus de la valeur guide du DGHM et huit avaient des niveaux supérieurs à la valeur d'avertissement de 1 000 UFC/g. Listeria monocytogenes a été détecté dans un autre échantillon mais en dessous de 100 UFC/g. Salmonella n'a été retrouvé dans aucun échantillon.

NB : Inutile de rechercher un tel bilan publié en France, cela n'existe pas ...

Lire le communiqué de l’Académie nationale de médecine : Masquez-vous, masquez-vous, masquez-vous

Quand les biopesticides hébergent des gènes de résistance aux antibiotiques


Il vous faut savoir pour lire cet article que GRAS est l’acronyme de Generally Recognized as Safe.

En effet, selon la FDA, « En vertu des articles 201(s) et 409 du Federal Food, Drug, and Cosmetic Act, toute substance qui est intentionnellement ajoutée à un aliment est un additif alimentaire, qui est soumis à l'examen préalable à la mise sur le marché et à l'approbation de la FDA, sauf si la substance est généralement reconnue, parmi les experts qualifiés, comme ayant été montrée de façon adéquate comme sûre dans les conditions de son utilisation prévue, ou à moins que l'utilisation de la substance ne soit autrement exclue de la définition d'un additif alimentaire. »
Le titre d’une présentation à la session AES03 sur Antimicrobial Resistance in the Environment de l'ASM Microbe Online est « This Gras Isn't Greener: Biopesticides as Reservoirs and Vectors of Antibiotic Resistance » ou Ce biopesticide Gras n'est pas plus vert: les biopesticides comme réservoirs et vecteurs de résistance aux antibiotiques …

À l'échelle mondiale, les pratiques agricoles ont été impliquées dans la propagation et la génération de bactéries résistantes aux antibiotiques. Les biopesticides sont des micro-organismes utilisés pour lutter contre les insectes et les champignons; étiquetés «verts», «biologiques» et sans danger pour la consommation, les produits microbiens sont classés comme étant généralement considérés comme sûrs ou GRAS. Les produits à base de Bacillus représentent plus de 80% du marché mondial des biopesticides et offrent une alternative bienvenue aux pesticides synthétisés chimiquement connus pour nuire à la santé humaine et à l'environnement. Un de ces biopesticides, Bacillus thuringiensis (Bt), est un porteur documenté de plusieurs plasmides et est connu pour avoir une résistance à certains antibiotiques. Nous avons utilisé une combinaison d'analyses microbiologiques et de séquençage du génome entier de quatre produits biopesticides commerciaux de Bacillus (B. amyloliquefaciens, B. subtilis et deux souches de Bt) et d'analyses bioinformatiques des génomes publiés afin de déterminer le rôle que ces produits de lutte contre les nuisibles largement disponibles peuvent jouer dans la propagation de gènes de résistance aux antibiotiques. Nous avons utilisé la capture de conformation de chromosomes (Hi-C) pour confirmer la localisation, le plasmide ou le chromosome, des gènes conférant une résistance aux antibiotiques (GRA) dans ces produits. Les produits biopesticides ont été analysés à l'aide d'un test de diffusion sur disque pour déterminer la résistance à plusieurs antibiotiques et ont été co-cultivés avec une souche de Klebsiella pneumoniae positive pour la carbapénémase afin de mesurer les variations de la concentration minimale inhibitrice (CMI) des antibiotiques carbapénèmes.

Les analyses bioinformatiques ont révélé que les souches de biopesticides ont des GRA divers, hébergent des plasmides correspondant à plusieurs pathogènes primaires et contiennent des plasmides porteurs de GRA. Les génomes de biopesticides publiés présentaient une résistance à au moins une classe d'antibiotiques et 60% avaient des gènes pour quatre classes de médicaments ou plus.

Deux des produits biopesticides testés ont démontré une résistance à la daptomycine et au sulfaméthoxazole/triméthoprime. Les séquences des biopesticides ont été comparées avant et après la co-culture, révélant des changements génotypiques et phénotypiques sous la forme d'une résistance accrue aux antibiotiques carbapénèmes là où ils étaient auparavant sensibles.

Ce travail aborde l'impact potentiellement grave des biopesticides en tant que réservoirs et vecteurs de gènes de résistance aux antibiotiques. Les conséquences imprévues de l'application à grande échelle de biopesticides et leur contribution à la propagation et à l'augmentation de la résistance aux antibiotiques nécessitent des recherches plus approfondies, des alternatives à ces produits porteurs de GRA et, éventuellement, un changement dans la désignation des biopesticides comme GRAS.

Lire le communiqué de l’Académie nationale de médecine : Masquez-vous, masquez-vous, masquez-vous