samedi 21 novembre 2020

Etats-Unis: Le CDC pourrait encore renforcer ses efforts pour identifier et répondre aux maladies d'origine alimentaire, selon un rapport

« Le CDC pourrait encore renforcer ses efforts pour identifier et répondre aux maladies d'origine alimentaire », source GAO-21-23, publié: le21 octobre 2020 et mis en ligne le 20 novembre 2020. Le rapport complet est ici.

Légende de l'image ci-dessous. Étapes à suivre pour qu'un éventuel cas de maladie d'origine alimentaire dans la population devienne visible au Centers for Disease Control and Prevention (CDC) En raison des nombreuses étapes qui doivent se produire pour qu'un cas possible de maladie d'origine alimentaire soit diagnostiqué et signalé, uniquement une petite proportion de maladies - la pointe de l'iceberg - est visible pour le CDC.

Remarque: Un cas de maladie ne devient pas un cas de maladie d'origine alimentaire jusqu'à ce qu'une enquête le lie à une origine alimentaire.

Ne le répétez pas, mais je crois que c'est pareil en France ...

Source GAO analysis of Centers of Diseases Control and Prévention, GAO 21-23

Pour en savoir plus sur le Government Accountability Office ou GAO voir ici.

Le Centers for Disease Control and Prevention estime qu'une personne sur six aux États-Unis est victime d'une intoxication alimentaire chaque année, ce qui entraîne 128 000 séjours à l'hôpital et 3 000 décès. Les CDC ont vu une augmentation des éclosions de maladies d'origine alimentaire qui couvrent plusieurs États ces dernières années.

Le CDC a développé des outils pour identifier d'éventuelles épidémies dans plusieurs états, enquêter sur leur cause et communiquer à leur sujet au public. Mais il doit trouver un équilibre entre la nécessité de communiquer rapidement et la nécessité de fournir des informations précises et spécifiques.

Nos recommandations incluent que le CDC fasse connaître son processus de prise de décision pour communiquer sur les éclosions dans plusieurs Etats.

Ce que le GAO a trouvé

Le rôles et la responsabilité du Centers for Disease Control and Prevention (CDC) lors d'une éclosion de maladie d'origine alimentaire dans plusieurs Etats comprennent l'analyse des réseaux fédéraux de surveillance des maladies d'origine alimentaire pour identifier les éclosions, la conduite d'enquêtes pour déterminer l'aliment à l'origine de l'éclosion et la communication avec le public. Le CDC travaille également à renforcer et à maintenir les capacités fédérales, étatiques, territoriales et locales pour répondre aux épidémies de maladies d'origine alimentaire en attribuant des fonds aux agences de santé publique des États et locales et à travers d'autres initiatives.

En identifiant et en répondant aux éclosions de maladies d'origine alimentaire dans plusieurs Etats, le CDC fait face à des défis liés aux méthodes cliniques et à la communication, et il a pris certaines mesures pour relever ces défis. Un défi découle de l'utilisation clinique croissante des tests de diagnostic indépendants de la culture (CIDTs opur culture-independent diagnostic tests). Les CIDTs diagnostiquent les maladies d'origine alimentaire plus rapidement et moins cher que les méthodes traditionnelles, mais comme ils ne créent pas d'empreintes ADN qui peuvent spécifier un pathogène, ils peuvent réduire la capacité des CDC à identifier une épidémie.

Un groupe de travail des CDC a recommandé en mai 2018 que les CDC élaborent un plan pour répondre à l'utilisation croissante des CIDTs. En élaborant un plan, le CDC aura une plus grande assurance d'un accès continu aux informations nécessaires. Le CDC est également confronté au défi d'équilibrer les besoins concurrents de rapidité et d'exactitude dans ses communications sur les éclosions tout en maintenant la confiance du public. Le CDC dispose d'un cadre interne pour guider ses décisions en matière de communication pendant les éclosions, et il reconnaît que les intervenants aimeraient plus de transparence au sujet de ces décisions. En rendant son cadre accessible au public, le CDC pourrait mieux favoriser la confiance du public dans ses informations et ses conseils pendant les éclosions.

Le CDC a pris des mesures pour évaluer sa performance dans l'identification et la réponse aux épidémies dans plusieurs Etats. Plus précisément, le CDC a développé des objectifs stratégiques généraux (voir figure ci-dessous) et pris des premières mesures pour développer des mesures de performance. Cependant, le CDC n’a pas encore mis en place d’autres éléments d’un système d’évaluation de la performance - un élément important d’un management efficace des programmes.


Utilisation par le CDC des éléments du système d'évaluation 
de la performance des programmes.

Bilan de la campagne 2019 des plans de surveillance et des plans de contrôle de la chaîne alimentaire : Document utile mais des questionnements

Une note de service de la DGAL (DGAL/SDPRAT/2020-703) du 16 novembre 2020 nous propose le « 
Bilan de la campagne 2019 des plans de surveillance et des plans de contrôle (PSPC) pilotés par la DGAL »

Rien à dire, c'est du bon boulot, bien propre, tout est sous contrôle, la DGAL y veille …juste quelques observations et curiosités ...

A propos du budget, il est indiqué pour 2019,
Le budget consacré par la DGAL pour les frais de prélèvements, d'analyses et de logistique (hors coût de personnel et de fonctionnement) s'élève, en 2019, à environ 13 millions d'euros et reste stable d'une année sur l'autre. Le nombre d'inspecteurs affectés à la réalisation des PSPC est équivalent à environ 113 ETPt, répartis sur 1 600 agents. 68 549 prélèvements ont été effectués.
En 2018, les mêmes données en personnels, le même budget qu'en 2019, mais seulement 60 661 prélèvements ont été effectués versus 68 549 prélèvements en 2019 … il faudrait que la DGAL nous donne la recette, aux environs de 8 000 prélèvement de plus, pour le même prix, c'est très fort !

Remarques toujours aussi classiques sur la cuisson du steak haché
Dans ce recueil, on peut lire à propos des STEC ...
… le respect par les consommateurs des conditions de cuisson indiquées, le cas échéant, sur l'étiquetage des produits (cf. « Recueil de recommandations de bonnes pratiques d'hygiène à destination des consommateurs »).
Que lit-on dans ces recommandations :
  • Bien cuire les viandes hachées à coeur (coloration grise) surtout pour les enfants ou les personnes fragilisées ou âgées.
  • Cuisson à coeur des viandes, notamment des steaks hachés (non rosé à coeur, T°>63°C)
  • Enfants : Pour les enfants de moins de 15 ans, veiller à bien cuire à coeur les steaks hachés, à une température supérieure à +63°C (cela correspond visuellement à une viande non rosée à cœur).
Il faut rappeler que i) la couleur est un indicateur trompeur, ii, le recours à un thermomètre alimentaire est utile, et iii) pour la cuisson, l'Anses indique,
Il est nécessaire de bien cuire à cœur les viandes hachées ou produits à base de viande hachée consommés par les jeunes enfants ou les personnes âgées. Une température à cœur de 70°C doit être atteinte pendant 2 minutes lors de la cuisson des steaks hachés de bœuf.
Alertes STEC dans les steaks hachés
...la Mission des urgences sanitaires a recensé, en 2019, toutes origines d'alertes confondues (autocontrôles, plans de surveillance et plans de contrôle…), 5 alertes portant sur les viandes hachées de bœuf contaminées par STEC, versus 15 en 2018.

On en prend note mais pas d'information sur ces alertes un peu comme l'alerte sur les graines germées de sésame d'Inde ... 

Foies de veau et Campylobacter
Informations intéressantes et très utiles …
46,1% des foies testés étaient positifs à Campylobacter et 76,3% des foies de veau contaminés présentent un niveau de contamination inférieur à 10 UFC/g de Campylobacter , 17,1% des foies de veau contaminés un niveau de contamination compris entre 10 UFC/g et 100 UFC/g et 6,6% des foies de veau contaminés un niveau de contamination élevé compris entre 100 UFC/g et 400 UFC/g.
Au vu de ces résultats, la matrice foie pourrait expliquer la contamination humaine observée comme rapportée dans plusieurs articles.
Ainsi, une étude cas-témoins menée au Québec a identifié une association forte et statistiquement significative entre la consommation de foie de veau insuffisamment cuit et la campylobactériose sporadique chez les personnes âgées de plus de 45 ans (Gaulin et al., 2018). Dans cette étude, Campylobacter a été identifié dans 28 des 97 foies (29%) de veau prélevés dans les abattoirs et à la distribution. La matrice foie semble de plus être un site de contamination privilégié dans d’autres espèces animales. 
Ainsi, des taux de contamination relativement élevés du foie de bœuf ont été relevés par plusieurs études : 
  • Noormohamed et al., 2013 font état d’un taux de prévalence plus élevé de Campylobacter dans les foies de bœuf vendus au détail par rapport aux autres coupes de viande de boeuf et de porc avec 78% des foies contaminés.
  • De même, une étude de Strachan et al., 2012 fait état d’une prévalence de Campylobacter dans des foies de diverses espèces animales allant de 81% à 69% (foie de volaille à foie de bovin, respectivement). 
  • De plus, une étude menée au sein l’Anses a montré la capacité de différents types de Campylobacter à coloniser les organes internes des poulets, notamment les foies (Quesne et al., 2018, SFM ; Rivoal et al., CHRO2019).
Hélas, dans les conclusions, on peut lire,
Les dénombrements de Campylobacter dans les viandes et foies de veau n’ont été comptabilisés comme non-conformités. La gestion consécutive aux résultats d’échantillons non satisfaisants est une gestion de type hygiène des procédés et non une gestion de type critère de sécurité. Il est envisagé pour 2021 d’intégrer la matrice foie de veaux dans le système de surveillance de Campylobacter et de conduire un plan exploratoire sur les foies de bovins adultes afin d’évaluer la persistance de Campylobacter dans le foie des veaux jusqu’à l’âge adulte comme un réservoir de contamination.
Je souhaite bien du plaisir au directeur général de l'alimentation de venir expliquer cela au consommateur lambda !

Oui, il y a des Campylobacter mais ce n'est pas une non-conformité car c'est juste un critère lié à l'hygiène des procédés mais rassurez-vous, ce n'est pas un critère de sécurité … circulez, y'a rien à voir ...

Comprenne qui pourra ?

vendredi 20 novembre 2020

Quand l'EFSA envisage de changer de logo, coût estimé 135 000 euros !

Un tweet de Joe Wirworh, journaliste en sécurité des aliments, du 20 novembre m'a mis sur la piste, et effectivement, il est question de changer le logo de l'EFSA pour la bagatelle de 135 000 euros ...

L'EFSA est l'agence européenne chargée de la sécurité des aliments ...

« Refonte du logo et de l'image de marque de l'EFSA », source communiqué de l'EFSA du 19 novembre 2020.
  • Budget: 135 000 euros
  • Date de lancement approximative: décembre 2020
  • Date limite d'enregistrement des intérêts: 07/12/2020
Contexte
Le département Communication Engagement et coopération (COMCO), chargé d'améliorer la confiance dans l'EFSA en augmentant la visibilité de ses travaux, en protégeant et en renforçant sa réputation et en favorisant la coopération entre les partenaires et les parties prenantes aux niveaux national, européen et mondial, souhaite fournir des services de conception sous forme d'exercice de marque, d'études de marché, de tests et d'analyses pour garantir a) la refonte du logo d'entreprise de l'EFSA b) la révision du design d'entreprise c) la mise en œuvre du logo sélectionné dans toutes les langues de l'UE et de préadhésion et le design d'entreprise sur tous les différents supports de communication d) finalisation d'un manuel d'identité d'entreprise numérique
Objectifs
Le nouveau logo d'entreprise de l'EFSA et la nouvelle image de marque marqueront et refléteront les étapes importantes franchies par l'EFSA depuis sa création. Il doit être tourné vers l'avenir et faire appel aux valeurs actuelles de l'EFSA que sont l'excellence scientifique, l'indépendance, l'ouverture, l'innovation et la coopération. Il devrait également s'appuyer sur le mandat renouvelé prévu par le règlement (UE) 1381/2019, le «règlement sur la transparence», qui entrera en vigueur en mars 2021. Le nouveau logo et la nouvelle image de marque seront lancés à l'occasion du 20e anniversaire de la fondation de l'EFSA en septembre 2022.
Critères de sélection - capacité technique et professionnelle
Le soumissionnaire doit dans l’ensemble avoir, etc. 
Suit une liste d'exigences assez insensées comme ce projet à 135 000 euros !!!

On peut en faire des choses pour 135 000 euros en matière de sécurité des aliments, sauf à vivre hors sol ...

Complément du 21 novembre 2020
En fait, 150 000 euros, ce n'est pas grand chose si l'on compare à l'achat en octobre 2020 de 500 000 doses de remdesivir, selon Le Figaro.fr.

Comme le rapporte un commentaire de l'article, Étant que le prix d'un traitement Redemsivir est de plus de 3 100 dollars, nous parlons ici de plus d'un 1.5 milliards de dollars. Le prix est donné ici.

Covid-19 : l'OMS recommande de ne pas utiliser le remdesivir pour traiter les malades. 
En France, la Haute Autorité de Santé jugeait déjà son intérêt "faible", bien qu'il soit le premier médicament contre le virus à avoir reçu une autorisation de mise sur le marché conditionnelle en Europe.

La résistance aux antimicrobiens est-elle un problème de sécurité des aliments?


« 
La résistance aux antimicrobiens est-elle un problème de sécurité des aliments? », source Document paru sur le site de la FAO le 20 novembre 2020.

Cette année, la campagne annuelle de 7 jours, connue auparavant sous le nom de Semaine mondiale de sensibilisation aux antibiotiques a changé de nom. La Semaine mondiale pour un bon usage des antimicrobiens 2020 se déroule du 18 au 24 novembre 2020 pour promouvoir la réduction de l'utilisation des antimicrobiens afin de maintenir leur efficacité. Chaque année pour l'occasion, la FAO, aux côtés de l'Organisation mondiale de la santé et de l'Organisation mondiale de la santé animale, mène une initiative mondiale de partage d'informations.

Nous nous sommes entretenus avec Jeffrey LeJeune, responsable de la sécurité des aliments de la FAO, pour mieux comprendre ce qui est en jeu et ce que nous pouvons faire.

Commençons par: pourquoi ont-ils changé de nom cette année?
Beaucoup de gens connaissent le mot «antibiotique» - médicaments utilisés pour traiter les infections bactériennes. Les antimicrobiens sont un terme plus large qui comprend non seulement les antibiotiques, mais également d'autres médicaments utilisés pour traiter d'autres maladies infectieuses causées par des virus, des champignons et des parasites unicellulaires (protozoaires). Tous les antimicrobiens, pas seulement les antibiotiques, doivent être manipulés avec précaution.

Qu'est-ce que la résistance aux antimicrobiens?
La résistance aux antimicrobiens, ou RAM, est un terme utilisé pour décrire la capacité des micro-organismes mentionnés plus haut à devenir insensibles aux médicaments qui sont généralement utilisés pour contrôler les infections.

Où la résistance aux antimicrobiens est-elle un problème?
Les organismes résistants aux antimicrobiens peuvent être retrouvés partout sur terre - dans les maisons et les hôpitaux, dans les fermes, les rues des villes, nos mains ainsi que dans des zones forestières reculées et l'eau. Si un microbe pathogène résistant aux antimicrobiens infecte une personne, une plante ou un animal, cela pose un problème car les médicaments normalement utilisés pour traiter l'infection peuvent ne pas fonctionner.

Comment la résistance aux antimicrobiens est-elle liée aux aliments?
Parce que les bactéries résistantes aux antimicrobiens peuvent être retrouvées chez les animaux vivants, dans le sol où les plantes sont cultivées pour l'alimentation et dans l'environnement de transformation et de préparation des aliments, y compris la cuisine, elles peuvent contaminer les aliments si des précautions ne sont pas prises pour contrôler le transfert de contamination (ou contamination croisée). Les infections non traitables résistantes aux antimicrobiens chez les plantes peuvent les tuer, et chez les animaux destinés à l'alimentation, elles peuvent réduire la productivité. Les deux peuvent augmenter l'insécurité alimentaire.

La résistance aux antimicrobiens est-elle un problème de sécurité des aliments?
Oui. Dans de nombreux cas, les bactéries responsables d'épidémies de maladies infectieuses d'origine alimentaire sont résistantes à un ou plusieurs antimicrobiens. Si une maladie d'origine alimentaire est causée par une bactérie résistante et provoque une infection suffisamment grave qui nécessite un traitement, le traitement peut ne pas fonctionner et, par conséquent, ce qui aurait pu être facilement traité dans le passé peut mettre la vie en danger. Les aliments contaminés par des bactéries, des virus, des parasites ou des toxines à des niveaux suffisamment élevés pour rendre les gens malades sont dangereux, y compris les microbes résistants aux médicaments comme les antimicrobiens.

La pandémie COVID-19 affecte-t-elle la résistance aux antimicrobiens d'une manière ou d'une autre?
L'utilisation d'antimicrobiens augmente la probabilité de développement d'une résistance aux antimicrobiens. On craint que l'utilisation accrue d'antimicrobiens pour traiter les patients humains atteints de pneumonie bactérienne secondaire à des infections par le SRAS-CoV-2 puisse augmenter la résistance aux antimicrobiens. Les animaux destinés à l'alimentation ne sont pas infectés par le SRAS-CoV-2. Il n'y a aucune preuve que davantage d'antimicrobiens sont utilisés dans l'agriculture à la suite de la pandémie de COVID-19.

Que se passerait-il si nous ne réduisions pas l'utilisation des antimicrobiens?
La situation est désastreuse. À l'heure actuelle, partout dans le monde, des micro-organismes résistants aux antimicrobiens coûtent la vie à environ 700 000 personnes chaque année. Ce nombre continue de croître. Si nous n'agissons pas, la production alimentaire diminuera et on estime que d'ici 2050, les infections résistantes aux antimicrobiens tueront plus de 10 millions de personnes chaque année ! Ces impacts se feront le plus sentir dans les pays à revenu faible et intermédiaire du monde où l'insécurité alimentaire est déjà problématique et les systèmes de santé sont les plus faibles.

Que peuvent faire les autorités chargées de la sécurité sanitaire des aliments pour promouvoir une utilisation prudente des antimicrobiens?
Étant donné que la résistance aux antimicrobiens peut se propager dans les aliments, les autorités chargées de la sécurité des aliments ont un rôle important à jouer dans le contrôle de la résistance aux antimicrobiens. Les réglementations, conformes aux normes internationales, ne devraient autoriser l'utilisation d'antimicrobiens en agriculture que de manière prudente et judicieuse. Le renforcement des pratiques d'hygiène alimentaire peut réduire la contamination des aliments et une meilleure surveillance de la résistance aux antimicrobiens dans les aliments et l'agriculture peut fournir une alerte précoce des menaces émergentes et un aperçu des mesures de contrôle potentielles.

Comment les consommateurs peuvent-ils contribuer à maîtriser la résistance aux antimicrobiens?
Les consommateurs ont le pouvoir d'influencer la manière dont les antimicrobiens sont utilisés en médecine et en agriculture et ils devraient:
  • N'utiliser des antimicrobiens pour eux-mêmes ou pour leurs animaux de compagnie que sur prescription d'un médecin ou d'un vétérinaire.
  • Acheter des aliments, si possible, auprès de producteurs qui utilisent un minimum d'antimicrobiens, et ce faisant, de manière judicieuse.
  • Adopter une bonne hygiène personnelle, comme le lavage des mains avec du savon et de l'eau.
  • S'assurer que les aliments sont stockés et préparés dans un environnement propre pour éviter la contamination croisée.
  • Éliminer correctement les antimicrobiens périmés et inutilisés: apportez-les sur un site de récupération, comme une pharmacie. Ne les jetez pas à la poubelle et ne les jetez pas dans les toilettes.
Qui doit agir?
Chacun a un rôle à jouer dans le contrôle de l'émergence et de la propagation de la résistance aux antimicrobiens - médecins, producteurs d'aliments, fabricants de médicaments et consommateurs, pour n'en nommer que quelques-uns. Toute action positive en faveur de la prévention de la résistance aux antimicrobiens, aussi petite soit-elle, peut aider à résoudre cet énorme problème. Antimicrobiens, manipulez-les avec précaution !

Problèmes rencontrés dans une entreprise turque, fournisseur de l'aide alimentaire Super Cereal. Une enquête bien intéressante !

Le blog vous avait entretenu en mai 2019 de problèmes rencontrés par le programme alimentaire mondial avec un produit dénommé Super Cereal et aussi avec le fait que:

Ce nouvel épisode ci-après va vous narrer les «Problèmes rencontrés chez le fournisseur turc de l'aide alimentaire Super Cereal» (source article de Joe Whitworth paru le 20 novembre dans Food Safety News).

Accrochez-vous car vous allez voir ce que vous allez voir avec des entreprises alimentaires multi certifiées ISO …

ooOOoo

Un article a mis en évidence des problèmes dans une usine turque qui a fourni une aide alimentaire impliquée dans une épidémie mortelle en Ouganda qui a rendu des centaines de personnes malades l'an passé.

Les problèmes rencontrés dans l'usine de transformation concernaient des matières premières de mauvaise qualité et un manque de traçabilité vers les exploitations agricoles, une assurances de qualité et une tenue en enregistrements inadéquates, et un taux de rotation élevé du personnel de contrôle et d'assurance qualité avec des connaissances insuffisantes sur Datura stramonium.

En 2019, 315 personnes sont tombées malades et cinq sont décédées à la suite de la consommation deSsuper Cereal fournies par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) qui a ensuite été confirmée comme étant contaminée par des alcaloïdes tropaniques. Les échantillons de Super Cereal avaient été contaminés par l'espèce végétale toxique Datura stramonium, également connue sous le nom de jimson weed ou thorn‐apple. On pense que la source de contamination des plantes provient de la récolte ou de la transformation des graines de soja.

De mars à avril 2019, 282 cas et cinq décès ont été enregistrés par des agents de santé dans la région de Karamoja en Ouganda. En août 2019, 33 autres cas ont été signalés dans le district de Lamwo.

Non-conformités identifiées en usine

Le PAM a engagé CWA International pour l'aider à enquêter sur la façon dont la contamination par les alcaloïdes tropaniques de Super Cereal s'est produite.

L'étude, publiée dans Comprehensive Reviews in Food Science and Food Safety, cite un rapport de CWA International qui a révélé que l'usine était respectivement, certifiée ISO 9001 et ISO 22000 en 2018 et 2019, mais des problèmes de sécurité des aliments ont persisté.

Extrait de l'article

Bien que l'usine ait été certifiée certifiée ISO 9001 et ISO 22000 en 2018 et 2019, respectivement, des préoccupations en matière de sécurité des aliments persistaient et justifiaient des inspections approfondies de la mise en œuvre des bonnes pratiques par l'usine (BPA et BPF). Une analyse critique des limites constatées dans l'application des bonnes pratiques dans la production de Super Cereal par l'usine par rapport aux spécifications du PAM, ainsi que des mesures correctives proposées ont été présentées.

Bien que l'usine soit accréditée ISO 22000, des alcaloïdes tropaniques étaient présents dans les produits, ce qui souligne la nécessité d'améliorer les contrôles pour s'assurer que les produits sont fabriqués conformément aux spécifications du PAM Super Cereal.

Il a été constaté que l'usine avait acquis du soja de qualité animale auprès de fermes locales probablement destinées à l'alimentation animale, ce qui permet des niveaux plus élevés de graines de Datura stramonium.

Les matières premières ne répondaient pas aux spécifications du PAM pour Super Cereal, la traçabilité du maïs n'était pas possible car aucune des exploitations turques où le maïs était cultivé par des fournisseurs locaux n'a été localisée.

Il y avait également une incohérence sur le pourcentage de matières premières provenant de différentes origines. Selon une facture de juin à décembre 2018, le soja provenait de Serbie, à 45%, et d'agriculteurs locaux deTurquie, à 55%, contrairement aux informations initiales du PAM selon lesquelles le site importe 80% de son soja.

Le taux élevé de changement du personnel de contrôle de la qualité sans manager a conduit à l'instabilité et aucun membre du personnel n'avait entendu dire que les semences de Datura étaient toxiques avec un seul technicien formé à l'identification des graines toxiques, selon CWA International.

Plusieurs rapports de contrôle de la qualité n’ont pas été retrouvés ou n’existaient pas et les techniciens de laboratoire n’avaient pas de livres de laboratoire pour enregistrer les activités et les observations. Il y avait également des réponses «incohérentes» de la part de différents employés sur le nettoyage des matières premières dans l'usine.

CWA International a également constaté un manque de registres sur le pré-nettoyage des matières premières avant le stockage en silo, un mauvais processus de tamisage ou un simple tamisage et aucun enregistrement indiquant que les silos sont régulièrement nettoyés ou d'informations sur les produits chimiques utilisés dans l'usine.

Un problème plus large

Super Cereal est un mélange de maïs et de soja, qui est séché et moulu avant l'ajout de vitamines et de minéraux. La céréale suspectée a été fournie par la Turquie à l'Algérie, à la Tanzanie et au Kenya. Du Kenya, Super Cereal a été distribué à d'autres pays africains, notamment l'Ouganda, la Tanzanie, la République centrafricaine, le Rwanda et la Somalie.

Les inspections des produits le long de la chaîne d'approvisionnement n'ont révélé aucun problème de qualité ou de sécurité sanitaire et l'Ouganda a été le seul pays à signaler une intoxication alimentaire. Plus tard en 2019, un deuxième incident de contamination lié au sorgho non transformé sous forme d'aide alimentaire a été enregistré au Soudan du Sud. Il n'est pas encore clair si le produit provenait de la même chaîne d'approvisionnement que la Super Cereal ou s'il impliquait différents fournisseurs.

L'examen global a abordé les non-conformités potentielles du système qualité qui permettaient à la contamination d'atteindre le consommateur. Il décrit les stratégies de contrôle pour réduire la contamination par dles alcaloïdes tropaniques des produits agricoles et les implications pour la santé après avoir consommé des denrées alimentaires contaminées.

À la suite de l'épidémie ougandaise, l'accent a été mis sur le réexamen de la législation, des données d'occurrence et de l'exposition humaine aux aliments contaminés par Datura stramonium. Actuellement, il n'y a pas de directives sur les alcaloïdes tropaniques au sein du Codex Alimentarius. Seule l'UE a des teneurs maximales pour la présence d'hyoscyamine et de scopolamine dans les aliments destinés aux nourrissons et aux jeunes enfants.

Si les teneurs maximales sont trop clémentes, cela peut ne pas aider à contrôler la contamination des alcaloïdes tropaniques mais des limites strictes seraient inaccessibles pour de nombreux agriculteurs et pourraient avoir un impact sur le commerce.

«Une application adéquate des mesures de contrôle de la sécurité sanitaire des aliments (y compris des limites maximales) et des bonnes pratiques, depuis la culture des céréales aux étapes finales de la fabrication des produits alimentaires, peut contribuer à réduire la présence de plantes toxiques, y compris Datura stramonium dans les champs de céréales», selon l'article.

jeudi 19 novembre 2020

Bonne nouvelle, l’exposition aux antibiotiques, toutes espèces confondues, a diminué de 45,3% depuis 2011, selon l'Anses

«Surveiller et mieux connaître la diffusion de l’antibiorésistance chez les animaux : ce qu’il faut retenir des derniers rapports de l’Anses», communication de l'Anses du 18 novembre 2020.

L’Anses, au travers de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses/ANMV) suit la vente des antibiotiques à usage vétérinaire et l’exposition des animaux à ces derniers. Elle s’appuie pour cela sur les ventes de médicaments vétérinaires déclarées par les titulaires des autorisations de mise sur le marché. La quantité d’antibiotiques vendus est en diminution constante, avec 422 tonnes d’antibiotiques vendus en 2019, soit 10,5% de moins qu’en 2018.

En tenant compte des recommandations d’emploi des médicaments étudiés et de l’estimation de la masse des populations animales, l’Agence a déterminé le niveau d’exposition des animaux aux antibiotiques.

Principaux résultats :

  • Le niveau d’exposition est le plus bas depuis le début du suivi en 1999. Par rapport à 2011, année de référence du premier plan Ecoantibio, qui visait une réduction de l’usage des antibiotiques de 25 % en 5 ans, l’exposition aux antibiotiques toutes espèces animales confondues a diminué de 45,3 %.

  • Cette diminution se poursuit en 2019, avec une réduction globale de 10,9 % par rapport à l’année précédente.

  • Cette tendance est variable selon les espèces : l’exposition a diminué chez les bovins, les porcs et les volailles, qui enregistrent une baisse respective de 9,9%, 16,4% et 12,8 % en un an, mais on observe pour l’année 2019 un léger rebond pour les lapins et les carnivores domestiques que sont le chien et le chat : + 1,5 % pour les lapins et +2,1 % pour les carnivores. Cette remontée ne doit pas faire oublier la tendance à la diminution enregistrée depuis 2011.

  • Depuis 2013, l’exposition des animaux aux antibiotiques d’importance critique a diminué fortement et s’est stabilisée ces trois dernières années : entre 2013 et 2019, elle a diminué de 86 % pour les fluoroquinolones et de 94,1 % pour les céphalosporines de dernières générations.

  • La colistine, pour laquelle des mécanismes de résistance transférables ont été décrits, a vu son taux d’exposition diminuer de 64,2 % par rapport au niveau moyen de référence entre 2014 et 2015. L’objectif de diminution de 50 % en cinq ans fixé en 2017 par le second plan Ecoantibio a été atteint pour les filières porcine, avicole et bovine.

En conclusion, la dynamique pour une utilisation prudente et responsable des antibiotiques menée ces dernières années est un succès, qui doit être maintenu par les efforts continus de chacun des acteurs.

Surveillance 2019 des zoonoses en Allemagne. Le BVL cible le lait cru qui doit être chauffé avant d'être consommé

Le lait cru peut contenir des germes pathogènes. Le «lait de la ferme» doit être bouilli avant d'être consommé », source Département fédéral pour la protection des consommateurs et la sécurité alimentaire allemand (BVL) du 19 novembre 2020.

Les résultats du suivi des zoonoses de 2019 montrent que le lait cru peut contenir des germes potentiellement pathogènes. Des germes tels que Campylobacter spp. ont été trouvés dans jusqu'à 5% des quelque 360 échantillons de lait cru examinés et des STEC ont été retrouvés. Environ 10% des échantillons contenaient certaines bactéries multi-résistantes telles que E. coli producteurs de BLSE/AmpC. L'Office fédéral de la protection des consommateurs et de la sécurité alimentaire conseille donc de toujours faire bouillir ce que l'on appelle le «lait de la ferme» avant d'être consommé afin de tuer les germes.

En Allemagne, le lait de consommation est généralement traité thermiquement avant d'être vendu aux consommateurs. Les agents pathogènes zoonotiques - c'est-à-dire les agents pathogènes pouvant passer des animaux à l'homme - ne sont donc généralement pas dangereux dans ce lait. Cependant, le lait cru pose un risque pour la santé s'il n'est pas chauffé, comme c'est le cas dans la production de fromage au lait cru et d'autres produits à base de lait cru.

Les groupes de consommateurs sensibles tels que les jeunes enfants, les personnes âgées et les personnes immunodéprimées ainsi que les femmes enceintes sont donc invités à s'abstenir généralement de consommer des produits à base de lait cru.

E. coli producteurs de shigatoxines (STEC)

Le tank à lait de la ferme, c'est-à-dire le lait non traité directement du producteur, était contaminé à 4,9% par des E. coli producteurs de shigatoxines (STEC). Ce sont des bactéries qui peuvent provoquer une inflammation intestinale aiguë, dont certaines peuvent être graves. Chez les enfants en particulier, une infection par STEC peut entraîner le développement du syndrome hémolytique et urémique (SHU), qui est une infectio associée à une insuffisance rénale aiguë. L'importance du lait cru comme source possible d'infections à STEC chez l'homme est soulignée par le fait que des isolats bactériens obtenus étaient particulièrement souvent porteurs du gène eae, l'un des principaux facteurs de virulence des STEC.

Avec 7,4% d'échantillons positifs, les STEC ont également été fréquemment détectés dans de la viande de porc hachée. Ce résultat confirme que la viande hachée crue de porc n'est pas non plus un aliment adapté aux groupes de consommateurs sensibles.

Les STEC ont été détectés dans 0,3% des échantillons de persil congelé et dans 1,2% des échantillons de jeunes épinards frais. Le sérogroupe O157 des STEC le plus important au monde se trouvait parmi les isolats de bébés épinards. Cela souligne l'importance des aliments d'origine végétale comme source possible d'infections à STEC chez l'homme. Ils sont souvent consommés crus, de sorte qu'il n'y a pas de réduction des germes avant la consommation. Les causes de la contamination des fruits et légumes par les STEC peuvent être, par exemple, l'eau d'irrigation contaminée par les matières fécales ou des engrais contaminés par les STEC.

Campylobacter spp.

Dans les tanks à lait des élevages de bovins laitiers, Campylobacter spp. a été détecté dans 2,5% des échantillons examinés. Ce résultat confirme que le lait cru est une source possible de Campylobacter spp. pour les humains.

Le taux de détection de Campylobacter spp. dans les échantillons de viande de poulet fraîche était de 46,4% et donc du même ordre de grandeur que les années précédentes. Les résultats de la surveillance des zoonoses 2019 montrent également qu'il n'y a toujours pas eu de progrès dans la réduction du nombre élevé de bactéries Campylobacter sur les carcasses de poulets de chair. Même après l'introduction du critère d'hygiène des procédés pour Campylobacter en 2018, la proportion d'échantillons de peau du cou avec des numérations bactériennes de Campylobacter de plus de 1000 unités formant des colonies par gramme (UFC/g) était à peu près la même que les années précédentes.

Salmonella

Les résultats des analyses de la chaîne alimentaire des porcs d'engraissement montrent que l'entrée de Salmonella dans les abattoirs via des porcs positifs à Salmonella n'a pas changé ces dernières années. Environ 6% des échantillons de caecum prélevés sur des porcs d'engraissement à l'abattoir étaient positifs pour Salmonella et 3,4% des carcasses de porcs étaient contaminées par Salmonella spp..Le porc frais issu de la production conventionnelle était contaminé à 0,4% par Salmonella. Le porc issu de la production biologique a montré un taux de contamination comparable de 0,6%. Les résultats des tests de typage confirment qu'il y a une propagation de Salmonella du contenu intestinal à la carcasse, car les sérovars de Salmonella détectés sur les carcasses et dans les matières fécales et le contenu des appendices concordaient largement.

Listeria monocytogenes

Le poisson importé d'aquaculture (tilapia et pangasius) était très souvent contaminé par Listeria monocytogenes avec 33,1% d'échantillons positifs et cela représente donc fondamentalement un risque d'infection humaine par ce pathogène. Les résultats soulignent la recommandation selon laquelle les poissons importés de l'aquaculture doient être uniquement consommer complètement cuit et utilisez une bonne hygiène en cuisine lors de la préparation du poisson pour éviter la contamination croisée des aliments prêts à consommer comme la salade.

E. coli producteurs de BLSE / AmpC

Des E. coli producteurs de BLSE / AmpC ont été détectés dans 10,1% des échantillons de tanks à lait au moyen de méthodes sélectives. Les bactéries productrices de BLSE / AmpC sont caractérisées par le fait qu'elles produisent des enzymes qui réduisent l'efficacité des pénicillines et des céphalosporines de sorte que les bactéries sont résistantes à ces antibiotiques. Les résultats soulignent que le lait cru doit être chauffé avant d'être consommé, d'autant plus que, d'après les connaissances scientifiques actuelles, on peut supposer que ces germes résistants peuvent également être transmis à l'homme par l'alimentation.

Des E. coli producteurs de BLSE / AmpC ont été détectés dans 9,8% des échantillons des fèces de canards sauvages et d'oies sauvages. Les résultats confirment ainsi que ces propriétés de résistance existent également dans l'environnement en dehors de l'élevage. La question de savoir dans quelle mesure cela est la conséquence d'une entrée de l'élevage ou d'autres sources ne peuvent recevoir de réponse sur la base des résultats disponibles.

Situation de résistance aux antibiotiques

Dans les études de résistance aux antibiotiques, il n'y a pas eu de progrès dans le suivi des zoonoses de 2019 en termes de réduction de la résistance des isolats bactériens des chaînes alimentaires pour les porcs d'engraissement, les veaux d'engraissement et les jeunes bovins, ainsi que du tank à lait et du bœuf frais. Il était à noter que, contrairement à la viande de dinde dans le suivi des zoonoses de 2018, il n'y avait pas de différences nettes dans les taux de résistance des isolats de E. coli provenant de porc produit de manière conventionnelle et biologique (34% contre 28%).

La proportion d'isolats résistants de E. coli dans les échantillons du contenu de l'appendice des veaux d'engraissement et des jeunes bovins était de 47%, dans le lait de réservoir de 18,4% et dans le bœuf frais de 20,3%. En ce qui concerne la troisième génération de céphalosporines, les isolats de E. coli provenant de tanks à lait étaient plus souvent résistants que les isolats de veaux d'engraissement et de jeunes bovins, ainsi que de viande bovine, ce qui peut être lié à l'utilisation fréquente de céphalosporines chez les bovins laitiers atteints de mammite.

Le isolats de E. coli provenant de poissons importés d'aquaculture étaient presque exclusivement résistants aux (fluoro) quinolones, le taux de résistance à la ciprofloxacine (58,8%) étant significativement plus élevé qu'à l'acide nalidixique (20,6%). Ces taux élevés de résistance sont problématiques car les fluoroquinolones sont des antibiotiques particulièrement importants pour le traitement chez l'homme.

Les résultats montrent clairement que les efforts visant à réduire l'utilisation des antibiotiques par des améliorations de la santé animale doivent être encore intensifiés afin de parvenir à une réduction des taux de résistance de cette manière. L'accent devrait être mis sur la réduction de l'utilisation d'antibiotiques critiques, en particulier ceux des substances classées comme «antimicrobiens d'importance critique de la plus haute priorité».

Lors de l'interprétation des résultats des tests de résistance, il faut s'assurer que les concentrations minimales inhibitrices ont été évalués en utilisant les valeurs seuils épidémiologiques. Celles-ci déterminent la proportion d'isolats microbiologiquement résistants et donnent des indications précoces d'un début de développement de résistance, mais ne permettent aucune affirmation directe sur la probabilité d'un succès thérapeutique avec un certain antibiotique.

Surveillance des zoonoses 2019

Pour la surveillance des zoonoses 2019, les autorités de surveillance des États fédéraux ont prélevé 6 792 échantillons à tous les niveaux de la chaîne alimentaire et les ont examinés pour détecter la présence des agents pathogènes d'origine alimentaire les plus importants. Au total, 2545 isolats bactériens ont été collectés dans les laboratoires nationaux de référence de l'Institut fédéral pour l'évaluation des risques examinés pour leur résistance à certains antibiotiques.

Quelques bonnes nouvelles pour la Semaine mondiale de sensibilisation pour un bon usage des antimicrobiens 2020

Une ordonnance de pénicilline écrite le 30 avril 1946, environ un an après que la pénicilline soit devenue disponible pour les civils aux États-Unis. Musée d'histoire de la pharmacie de l'Université de l'Arizona. Source Thea Brennan-Krohn.

«Quelques bonnes nouvelles pour la Semaine mondiale de sensibilisation aux antibiotiques», source article de Thea Brennan-Krohn dans ASM News.

Ce n’est un secret pour personne que la résistance aux antimicrobiens (RAM) est un problème de plus en plus étendu, menaçant la capacité des médecins à traiter les personnes infectées par des agents pathogènes qui succombaient autrefois de manière fiable à l’un des nombreux agents antimicrobiens largement disponibles. Mais à mesure que le problème de la résistance s'est développé, les cliniciens, les patients et les décideurs ont pris conscience de ce problème. Bien que nous soyons loin de renverser la vapeur sur la résistance aux antimicrobiens, les efforts visant à limiter l'utilisation inutile d'antibiotiques commencent à produire des résultats encourageants. Pour célébrer la Semaine mondiale de sensibilisation pour un bon usage des antimicrobiens 2020, jetons un coup d'œil à certains de ces exemples de bonnes nouvelles.

Le déclin de la résistance à la colistine médiée par le gène mcr-1 en Chine

Fin 2015, un rapport faisant état d'un nouveau gène conférant une résistance à la colistine, un antibiotique de «dernier recours» avec une activité gram négatif à large spectre, qui est l'un des rares agents actifs contre la plupart des entérobactéries résistantes aux carbapénèmes, a fait la une des journaux dans le monde. Le gène, de la résistance à la colistine mobilisé 1 (mcr-1), était préoccupant car il était présent sur un plasmide, un élément génétique mobile qui peut facilement être transmis d'un isolat bactérien à un autre. Alors que la résistance à la colistine due à des mutations sur les chromosomes bactériens existait depuis des années, le mcr-1 avait le potentiel de se propager rapidement et à grande échelle en raison de son mécanisme de transmission. Il a été rapidement observé dans les pays du monde entier.

On pense que l'un des facteurs contribuant à l'émergence du mcr-1 est l'utilisation à grande échelle de la colistine comme promoteur de croissance animale. En réponse à cette menace urgente, le ministère chinois de l'agriculture et des affaires rurales a interdit la colistine comme additif pour l'alimentation animale en 2017. En octobre 2020, des scientifiques chinois ont rapporté des nouvelles encourageantes sur les résultats de ces efforts: entre 2015 et 2018, la production et les ventes de sulfate de colistine en Chine ont chuté d'environ 90%, tandis que la concentration résiduelle moyenne de colistine dans les élevages d'animaux a chuté de plus de 95%. L'abondance de mcr-1 et de Escherichia coli résistants à la colistine dans les excréments d'animaux a également chuté pendant cette période. Plus important encore, la prévalence du portage humain de E. coli contenant du mcr-1 est passée de 14,3% en 2016 à 6,3% en 2019. L'effet sur les taux de maladie humaine était un peu plus modeste (les infections à E. coli résistantes à la colistine représentaient 1,7% des infections à E. coli en 2015-2016 contre 1,3% en 2018-2019 (p <0,0001)) et hétérogènes (certaines provinces ont en fait connu une augmentation des infections à E. coli résistantes à la colistine au cours de cette période). Néanmoins, le déclin de l'infection et du portage humains suite à une intervention en élevage est une démonstration frappante de la valeur des interventions One Health pour contrôler la résistance aux antimicrobiens.

Le retour de Staphylococcus aureus sensible à la pénicilline

Lorsque la pénicilline a été introduite pour la première fois, l'un de ses rôles les plus importants était dans le traitement des infections à Staphylococcus aureus. Très vite, cependant, des souches résistantes à la pénicilline ont commencé à apparaître et, avec le temps, les pénicillines «antistaphylococciques» résistantes aux β-lactamases, telles que l'oxacilline, la flucloxacilline et la nafcilline, ont supplanté la pénicilline pour le traitement de S. aureus. (La méthicilline, une pénicilline antistaphylococcique qui n'est plus disponible en raison de la toxicité rénale, vit désormais sous la désignation de Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM), en référence aux isolats de S. aureus qui sont résistants à presque tous les médicaments de la famille des β-lactamines). Au milieu des années 60, plus de 90% des isolats de S. aureus acquis à l'hôpital et provoquant une bactériémie au Danemark étaient résistants à la pénicilline.

En 2016, cependant, des chercheurs de Montréal, Canada, ont noté que 28% des 324 isolats uniques de S. aureus sensibles à la méthicilline (SASM) provenant d'infections sanguines étaient également sensibles à la pénicilline. Malgré cela, aucun des patients n'avait été traité par la pénicilline. Cela peut être dû à la méconnaissance des cliniciens de la pénicilline comme option de traitement pour S. aureus ou à un manque de confort avec les tests de sensibilité à la pénicilline de S. aureus dans le laboratoire de microbiologie clinique. Cependant, la pénicilline peut être une option de traitement plus efficace pour les infections sanguines à S.aureus sensibles à la pénicilline (SASP) que les céphalosporines ou les pénicillines anti-staphylococciques, et elle a le net avantage d'être un antibiotique à spectre très étroit, et donc moins susceptible de contribuer à l'augmentation continue des taux de résistance aux antimicrobiens. Bien que la raison de la réémergence des SASP ne soit pas certaine, elle peut résulter en partie de la baisse globale des taux de prescription d'antibiotiques à spectre étroit comme la pénicilline (une tendance qui est plus souvent préoccupante que réjouissante chez les administrateurs d'antimicrobiens). L'expérience à Montréal n'est pas unique: des taux croissants de SASP ont également été notés à l'extérieur du Canada, dans des endroits comme l'ouest du Massachusetts, Boston, l'État de New York et la Suède.

Une autre bonne nouvelle: les améliorations dans la prescription des antibiotiques

La prescription d'antibiotiques à large spectre inutilement est l'un des principaux moteurs de l'augmentation des taux de résistance aux antimicrobiens. Changer les pratiques de prescription des cliniciens n’est pas simple: les vieilles habitudes, la peur de traiter trop étroitement et la méconnaissance des risques de certaines classes d’antibiotiques contribuent tous à une prescription trop large. Mais les présentations de l'IDWeek 2020 suggèrent que les interventions récentes pour s'attaquer à ces problèmes sous-jacents peuvent commencer à porter leurs fruits.

Les fluoroquinolones, telles que la ciprofloxacine et la lévofloxacine, sont depuis longtemps une cible des efforts de gestion des antimicrobiens en raison de leur large spectre d'activité et de leur utilisation fréquente en ambulatoire, souvent dans des scénarios où aucun antibiotique n'est nécessaire (par exemple, infection virale) ou lorsqu'un agent plus restreint serait approprié. Les fluoroquinolones ont également des effets secondaires potentiels importants, y compris une rupture de tendon et des arythmies cardiaques, en particulier chez les personnes âgées et les personnes présentant des facteurs de risque tels que l'obésité et l'utilisation de stéroïdes. Entre 2008 et 2018, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a ajouté plusieurs avertissements de sécurité dans «black box» mettant en évidence ces risques et recommandant l'utilisation de fluoroquinolones uniquement lorsqu'aucune autre option n'est disponible. Il semble que les avertissements (probablement en plus d'autres efforts d'éducation et d'intendance) ont un effet: un groupe d'épidémiologistes, de médecins et d'experts en santé publique des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) a rapporté que les taux de prescription de fluoroquinolone ont diminué de 30 % entre 2011 et 2018, la majeure partie de cette baisse se produisant entre 2015 et 2018.

De nombreuses présentations d'affiches à l'IDWeek 2020 ont mis en évidence le travail des interventions menées par les pharmaciens dans le «désétiquetage» des allergies à la pénicilline. Pour retirer l'étiquetage d'une allergie, un pharmacien ou un autre professionnel de la santé détermine, sur la base de tests d'allergie, qu'une allergie documentée dans le dossier d'un patient n'est pas, en fait, une véritable allergie et supprime cette documentation du dossier médical. La pénicilline est l'un des antibiotiques les plus courants auxquels les personnes rapportent une allergie, mais la majorité des personnes ayant une allergie documentée à la pénicilline n'ont pas, en fait, une véritable allergie à la pénicilline. Certains peuvent avoir été étiquetés avec une allergie à la pénicilline lorsqu'ils ont développé une éruption cutanée induite par un virus alors qu'ils étaient traités par la pénicilline ou l'amoxicilline pour ce que l'on pensait être une infection bactérienne, tandis que d'autres peuvent avoir eu une éruption cutanée non allergique à l'amoxicilline ou avoir un effet secondaire à l'antibiotique comme la diarrhée. Étant donné que les allergies à la pénicilline documentées conduisent à la prescription d'antibiotiques inutilement larges pour éviter l'utilisation de la pénicilline et des médicaments apparentés, le désétiquetage des allergies à la pénicilline chez les personnes qui peuvent recevoir ces médicaments en toute sécurité est une étape importante dans la réduction de l'utilisation d'antibiotiques à large spectre.

Dans un exemple, un algorithme dirigé par un pharmacien dans une clinique de chirurgie ambulatoire d'un hôpital communautaire a réussi à désétiqueter les allergies à la pénicilline chez tous les patients sauf un grâce à l'utilisation de tests cutanés à la pénicilline. Après l'intervention de désétiquetage, l'utilisation préopératoire de la vancomycine dans la clinique a diminué de 39%, ce qui démontre directement que le désétiquetage des allergies diminue l'utilisation d'antibiotiques à large spectre. Une intervention dirigée par un pharmacien à l'Université de la santé et des sciences de l'Oregon a montré un succès dans le désétiquetage des allergies à la pénicilline en utilisant soit une entretien, soit une épreuve orale graduée dans presque tous les cas, évitant ainsi des tests cutanés à la pénicilline plus coûteux. Une comparaison de 2 hôpitaux au sein du même système de santé communautaire en Géorgie a montré qu'il y avait beaucoup plus de mises à jour des allergies à la pénicilline documentées, y compris la suppression de l'allergie du dossier, dans l'hôpital qui avait un programme de réconciliation des allergies à la pénicilline dirigé par un pharmacien en endroit. Les 2 hôpitaux sont desservis par les mêmes médecins en maladies infectieuses, soulignant le rôle précieux des pharmaciens en maladies infectieuses en plus des médecins.

La résistance aux antimicrobiens reste une menace urgente pour la santé humaine et ne sera qu'exacerbée par la crise cardinale des maladies infectieuses de 2020 avec le COVID-19. Néanmoins, sans relâcher nos efforts pour réduire la propagation de la résistance et l’émergence de pathogènes pan-résistants, il y a des raisons de célébrer les petits pas que nous avons faits, en tant que communauté mondiale, dans la bonne direction.