samedi 22 octobre 2022

Il était une fois les mésaventures d’un directeur de l’assurance qualité aux Etats-Unis

Bill Marler, l’avocat bien connu aux Etats-unis en sécuirté des aliments, nous relate cette triste histoire dans un article paru le 21 octobre 2022 dans le Marler Blog, «Un manager de Honey Smacks de Kellogg plaide coupable à l'introduction d'aliments contaminés par Salmonella»

Un ancien directeur de l'assurance qualité du fabricant de produits alimentaires Kerry Inc. a plaidé coupable aujourd'hui à des accusations liées à la fabrication de céréales pour petit-déjeuner liée à une épidémie de salmonellose en 2018, ou d’intoxication alimentaire à Salmonella.

Ravi Kumar Chermala, 47 ans, a plaidé coupable de trois chefs d'accusation pour avoir provoqué l'introduction d'aliments contaminés dans le commerce entre des Etats des Etats-Unis. Chermala, directeur de l'assurance qualité de Kerry jusqu'en septembre 2018, a supervisé les programmes de nettoyage-désinfection dans diverses usines de fabrication de Kerry, dont une usine à Gridley, dans l'Illinois, qui fabriquait les céréales pour petit-déjeuner Honey Smacks de Kellogg pour le client de Kerry, la société Kellogg. En plaidant coupable, Chermala a admis qu'entre juin 2016 et juin 2018, il avait ordonné à ses subordonnés de ne pas rapporter certaines informations à Kellogg's sur les conditions à l'installation de Gridley. En outre, Chermala a admis qu'il avait ordonné à des subordonnés de l'installation de Gridley de modifier le programme de l'usine pour surveiller la présence des pathogènes dans l'usine, limitant ainsi la capacité de l'installation à détecter avec précision les conditions non sanitaires.

«Les professionnels de la sécurité des aliments ne peuvent pas dissimuler des problèmes potentiellement dangereux aux clients ou aux services réglementaires gouvernementaux», a déclaré le procureur général adjoint Brian M. Boynton, chef de la division civile du ministère de la Justice. «Le ministère continuera de travailler avec ses partenaires chargés de l'application de la loi pour tenir responsables ceux qui se livrent à une telle conduite.»

«L'annonce d'aujourd'hui renforce le fait que si un individu enfreint les règles de sécurité des aliments ou dissimule des informations pertinentes, nous chercherons à le tenir pour responsable», a déclaré l'agent spécial Lynda M. Burdelik, du bureau local des enquêtes criminelles de la FDA à Chicago. «La santé des consommateurs américains et la sécurité de nos aliments sont trop importantes pour être contrecarrées par les actes criminels d'un individu ou d'une entreprise.»

En juin 2018, la FDA des États-Unis et le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ont annoncé qu'une épidémie en cours de cas de salmonellose aux États-Unis pouvait être attribuée à des céréales Honey Smacks de Kellogg produites dans les installations de Kerry à Gridley. En réponse, Kellogg's a volontairement rappelé tous les Honey Smacks fabriqués à l'usine depuis juin 2017. Le CDC a finalement identifié plus de 130 cas de salmonellose liés à l'épidémie, les dates d'apparition de la maladie commençant en mars 2018. Le CDC n'a identifié aucun décès lié à ce foyer.

La salmonellose peut provoquer des symptômes tels que diarrhée, fièvre et crampes abdominales qui durent plusieurs jours chez les adultes en bonne santé. En l'absence de traitement rapide, la salmonellose peut provoquer une déshydratation sévère et même la mort chez les nourrissons, les jeunes enfants, les personnes âgées, les greffés, les femmes enceintes et les personnes dont le système immunitaire est affaibli.

Chermala a plaidé coupable devant le juge d'instruction Jonathan E. Hawley à Peoria, Illinois. La date de condamnation est prévue pour le 30 janvier 2023. De plus amples informations sur l'affaire ont été publiées le 21 octobre 2022 sur le site Internet d'information du département de la justice dans l’affaire Etats-Unis versus Chermala.

L'affaire fait l'objet d'une enquête par l’Office of Criminal Investigations de la FDA. L'affaire est poursuivie par le procureur Cody Matthew Herche et le procureur principal James T. Nelson du département de la Justice, Direction de la protection des consommateurs de la division civile.

Un médicament à base de microbiome contre C. difficile récurrent montre une réponse durable

Voici qu’«Un médicament microbiome contre C. difficile récurrent montre une réponse durable», source CIDRAP News.

Une analyse secondaire des résultats d'un essai de phase 3 montre qu'un microbiome expérimental a réduit les taux d'infection récurrente à Clostridioides difficile (rCDI) pendant 24 semaines et a été bien toléré, ont rapporté les chercheurs cette semaine dans JAMA.

Pour l'analyse, les chercheurs ont évalué les données sur les taux de rCDI et les événements indésirables liés au traitement sur 24 semaines à partir d'ECOSPOR III, un essai multicentrique en double aveugle mené de juillet 2017 à septembre 2020. L'essai a randomisé des adultes atteints de rCDI pour recevoir quatre capsules quotidiennes de SER-109, une thérapeutique composée de spores bactériennes Firmicutes purifiées développées par Seres Therapeutics, ou un placebo pendant 3 jours. Des résultats publiés antérieurement ont montré que le SER-109 était supérieur au placebo pendant 8 semaines pour le traitement du rCDI (défini comme trois épisodes ou plus en 12 mois).

Parmi les 182 patients randomisés, 63 ont eu une rCDI pendant 24 semaines, avec une proportion significativement plus faible dans le groupe SER-109 (19 [21,3%] versus 44 [47,3%] patients placebo). Le bénéfice du SER-109 était évident à la semaine 2.

Des événements indésirables liés au traitement (notamment distension abdominale, constipation et diarrhée) sont survenus chez 5% des patients, et plus fréquemment dans le groupe SER-109 que dans le groupe placebo. Des événements indésirables graves sont survenus chez 15 patients du groupe SER-109 et 19 du groupe placebo, mais aucun n'a été considéré comme lié au médicament. Des événements indésirables ont été rapportés chez 7 patients (4 dans le groupe SER-109 et 3 dans le groupe placebo).

«Ces données soutiennent un rôle potentiel de ce microbiome oral expérimental thérapeutique dans le traitement des patients atteints de cette infection débilitante», ont écrit les auteurs.

De l'efficacité des désinfectants et de l'importance de l'essuyage pour l'élimination de norovirus

«Noroviruses Get Wiped Off ou Les norovirus se font éliminés», ainsi s’expriment les éditeurs de la revue Applied and Environmental Microbioly.

Les désinfectants de surface couramment utilisés manquent souvent d'activité contre les norovirus humains. Faircloth et al. (e00807-22) montrent que l'essuyage améliore l'efficacité de tous les produits, produisant une élimination et une inactivation complètes des virus lors de l'utilisation de formulations à base d'éthanol.

L’étude dont il s’agit a pour titre, «The Efficacy of Commercial Surface Sanitizers against Norovirus on Formica Surfaces with and without Inclusion of a Wiping Step» (L'efficacité des désinfectants de surface commerciaux contre norovirus sur des surfaces en formica avec et sans l’inclusion d'une étape d'essuyage). L’article est disponible en intéralité.

Résumé
Les désinfectants de surface couramment utilisés manquent souvent d'activité contre les norovirus humains (hNoV). L'impact de l'inactivation versus l'élimination lorsque ces produits sont appliqués par essuyage est mal caractérisé. Le but de ce travail était d'évaluer l'efficacité anti-hNoV de divers désinfectants de surface, telles qu'appliquées à un matériau stratifié couramment utilisé pour les dessus de table de restaurant, à l'aide d'essais de surface standard (ASTM E1053-11) et d'un protocole d'essuyage nouvellement développé.  

Quatre produits disponibles dans le commerce avec différents ingrédients actifs (c.-à-d. éthanol [EtOH], acide + tensioactif anionique [AAS], composé d'ammonium quaternaire [QAC] et hypochlorite de sodium [NaOCl]) et un témoin eau ont été évalués contre hNoV GII.4 Sydney, hNoV GI.6, et le virus Tulane de substitution cultivable (TuV). La concentration de virus a été évaluée à l'aide de la RNase-transcriptase inverse (RT)-PCR quantitative (qPCR) (hNoV) et du test d'infectiosité (TuV). Seul le produit à base d'EtOH a réduit de manière significative la concentration virale (> 3,5 log10 de réduction) par dosage de surface, tous les autres produits produisant ≤ 0,5 log10 de réduction. L'inclusion d'une étape d'essuyage a amélioré l'efficacité de tous les produits, produisant une élimination complète du virus pour le produit à base d'EtOH et de 1,6 à 3,8 log10 de réduction pour les autres produits chimiques. Pour les hNoV, aucun virus résiduel détectable n'a pu être récupéré à partir des serviettes en papier utilisées pour essuyer le produit à base d'EtOH, tandis que des concentrations élevées de virus ont pu être récupérées à partir de la serviette en papier utilisée et du coupon essuyé (1,5 à 2,5 log10 copies équivalentes du génome inférieur [GEC] par rapport au témoin) pour les produits à base de QAC et de AAS et pour l'eau. Ces résultats illustrent la variabilité de l'activité anti-hNoV des désinfectants de surface représentatifs et mettent en évidence la valeur de l'essuyage, dont l'efficacité semble être déterminée par une combinaison d'inactivation et d'élimination du virus.

Importance
Les norovirus humains (hNoV) sont la principale cause de gastro-entérite aiguë et de maladies d'origine alimentaire dans le monde. Les norovirus sont difficiles à inactiver, étant récalcitrants aux désinfectants couramment utilisés par le secteur de l'alimentation au détail. Cette étude comparative démontre la variabilité de l'activité anti-hNoV des désinfectants de surface représentatifs, même ceux autorisés à faire des allégations sur leur étiquetage basées sur le substitut cultivable, le calicivirus félin (FCV). Il souligne également l'importance de l'essuyage dans le processus de désinfection, qui améliore considérablement l'efficacité du produit grâce à l'action d'élimination physique des microbes de surface. Il existe un besoin pour des formulations de produits plus nombreuses et de meilleure qualité avec une efficacité démontrée contre les hNoV, ce qui nécessitera probablement l'utilisation de substituts cultivables alternatifs, tels que le virus Tulane (TuV). Ces résultats aident les professionnels de la sécurité des aliments à prendre des décisions éclairées sur la sélection des produits de désinfection et les méthodes d'application afin de réduire le risque de contamination et de transmission de hNoV dans leurs installations.

vendredi 21 octobre 2022

Possible intoxication alimentaire dans un collège de Bordeaux

«Bordeaux : des collégiens pris de vomissements après le repas d’Halloween à la cantine», source Sud Ouest.  

De nombreux élèves sont rentrés chez eux après l’incident.

Une partie des demi-pensionnaires du collège Aliénor-d’Aquitaine s’est sentie mal après le déjeuner, ce jeudi 20 octobre. L’établissement évoque une possible intoxication. Des élèves pointent la purée de citrouille. Les parents veulent comprendre

Le collège Aliénor-d’Aquitaine a été la scène d’un malaise collectif ce jeudi 20 octobre. Une trentaine de minutes après le premier service de 11h30 à la cantine, une quarantaine d’élèves se sont plaints. «Certains ont été pris de vomissements assez forts, de crampes abdominales, de frissons, ou les trois à la fois», décrit un élu de la Fédération des conseils de parents d’élèves… le reste de l’article est réservé aux abonnés ... à suivre ...

L’Anses nous avait informé dans «Attention aux courges amères», mais est-ce le cas dans ce collège ?

A l’approche d’Halloween et en pleine saison des citrouilles, potirons, potimarrons, pâtissons et autres cucurbitacées qui égaient les recettes d’automne, il est important de rappeler que toutes les «courges» ne sont pas comestibles. Certaines courges amères peuvent être à l’origine d’intoxication alimentaire parfois grave.

Ce collège n’a pas de chance car une semaine avant de cet incident alimentaire, «Trente-quatre personnes du collège Aliénor d’Aquitaine à Martignas-sur-Jalle ont été légèrement intoxiqués ce mercredi 13 octobre annonce la préfecture de la Gironde.»

Un enfant de deux ans est décédé dans une éclosion à E. coli liée à un zoo pour enfants; d'autres ont été hospitalisés

«Un enfant de deux ans est décédé dans une éclosion à E. coli liée à un zoo pour enfants; d'autres ont été hospitalisés», source article de Jonan Pilet paru le 21 octobre 2022 dans Food Safety News.

Une épidémie à E. coli producteurs de shigatoxines (STEC) O157:H7 liée à un zoo pour enfants dans le comté de Rutherford, Tennessee, a entraîné la mort d'un enfant de 2 ans, selon un rapport du département de la Santé du Tennessee (TDH).

Le zoo pour enfants, Lucky Ladd Farms, n'a pas été identifié dans le rapport mais a publié une déclaration sur sa page Facebook.

«Nous avons reçu plusieurs demandes d'informations factuelles sur l'éclosion à E. coli qui s'est produite à la ferme l'été dernier et sur l'état actuel et la sécurité sanitaire de la visite de notre établissement.»

«Notre famille et notre personnel continuent d'offrir nos prières et nos sincères condoléances à toutes les personnes touchées par le très triste résultat survenu en juin.» Leur communiqué compler peut être lue ici.

Le TDH a été informé pour la première fois d'un enfant malade hospitalisé en Floride après avoir participé à un camp d'été d'élevage de chèvres dans une ferme locale du comté de Rutherford le 22 juin. Ils ont reçu un deuxième appel le 25 juin de la même mère indiquant qu'elle connaissait un enfant de 2 ans, un ancien patient hospitalisé à l'hôpital Vanderbilt de Nashville, Tennessee, atteint d’un syndrome hémolytique et urémique (SHU) et a signalé que le frère aîné de cet enfant avait fréquenté le même camp.

Le 27 juin, l'équipe des maladies d'origine alimentaire et entérique du TDH a lancé une enquête sur l'éclosion. Lucky Ladd Farms comprenait des attractions telles qu'un zoo pour enfants, des promenades à poney, une pataugeoire, des sentiers pédestres, divers champs et trois établissements de restauration.

Pendant les mois d'été, la ferme a organisé plusieurs camps d'été de cinq jours pour enseigner l'élevage aux enfants de 6 à 10 ans. Entre autres activités, les enfants choisissent un chevreau et s'en occupent pendant le reste du camp. Les enfants ont participé au camp pendant la journée et rentrent chez eux chaque après-midi.

Sur 82 participants au camp d'été, le TDH a identifié trois cas confirmés à E. coli - deux primaires (participants au camp) et un autre secondaire (un membre de la famille d'un participant). L'enfant de 2 ans était un membre de la famille d'un des participants au camp d'été. La TDH a identifié 11 autres cas probables.

Le TDH a conclu que cette éclosion était due à un contact direct avec des chèvres infectées par E. coli O157:H7 avec transmission secondaire à partir de cas. Le TDH suggère que la mise en œuvre des mesures de contrôle en place à la ferme pour minimiser la transmission peut avoir réduit les maladies supplémentaires.

Commentaire
Dans un document récent de Santé publique France sur le «Syndrome hémolytique et urémique pédiatrique en France : chiffres clés 2021», il est rapporté entre autres recommandations,

Il faut éviter le contact des très jeunes enfants (moins de 5 ans) avec les vaches, veaux, moutons, chèvres, etc., et leur environnement ; en cas de contact avec ces animaux le lavage des mains (eau et savon) doit être systématique avant que l’enfant ne porte ses doigts à sa bouche.

Je ne sais pas si cela est fait systématiquement en France, la preuve en est la visite des animaux au salon de l’Agriculture où des enfants peuvent toucher des animaux sans poste de lavage des mains à proximité.

Canada : Epidémie à Shigella dans le centre d'Edmonton dans l'Alberta

«L’AHS enquête sur une épidémie à Shigella dans la zone d'Edmonton», source Alberta Health Services (AHS) du 19 octobre 2022.

L’Alberta Health Services (AHS) avise le public d'une investigation en cours sur une éclosion à Shigella dans la zone d'Edmonton.

En août de cette année, l’AHS a identifié un cluster de cas contaminés par Shigella parmi la population du centre-ville d'Edmonton.

À ce jour, nous avons identifié 87 personnes atteintes par Shigella, dont 64 ont dû être hospitalisées. La première personne est tombée malade le 17 août 2022. Aucun décès lié à cette épidémie n'a été signalé.

Shigella est une maladie couramment associée à la diarrhée, ainsi qu'à la fièvre, aux nausées et aux crampes d'estomac. Il peut provoquer une maladie grave, entraînant une hospitalisation et se propage lorsqu'une personne entre en contact avec les matières fécales d'une personne infectée et également en mangeant des aliments contaminés par la bactérie.

L’AHS a contacté les médecins et les refuges et partenaires du centre-ville pour les informer de la situation et a fourni des conseils pour aider à réduire la propagation de la maladie tout en veillant à ce que toute personne nécessitant des soins médicaux reçoive les soins dont elle a besoin.
Un groupe de travail dirigé par l’AHS et composé de représentants de la ville d'Edmonton, du département de la Santé de l'Alberta, des services sociaux et communautaires de l'Alberta, des refuges de la région d'Edmonton et d'autres organisations partenaires a été créé dans le but de partager les ressources et le soutien pour aider à arrêter la propagation de cette bactérie.

La majorité des cas à ce jour concernent la population du centre-ville de la ville, de sorte que le risque pour le grand public reste faible. Cependant, nous aimerions rappeler aux personnes qu'une bonne hygiène des mains aide à prévenir la propagation de nombreuses maladies, dont la shigellose.

Toute personne présentant des symptômes pouvant être liés à Shigella ou toute personne ayant des questions ou des préoccupations concernant sa santé est encouragée à parler avec son fournisseur de soins de santé ou à appeler Health Link au 811.

Mise à jour du 20 novembre 2022
L’épidémie à Shigella atteint 173 cas à Edmonton, Alberta, Canada.

Syndrome hémolytique et urémique pédiatrique en France : chiffres clés 2021, selon Santé publique France

«Syndrome hémolytique et urémique pédiatrique en France : chiffres clés 2021», source Santé publique France.
A côté de ce document, il existe un second document de Santé publique de France, «Surveillance du syndrome hémolytique et urémique post-diarrhéique chez l’enfant de moins de 15 ans en France en 2021». Ci-après, il n'est question que du premier document.

Santé publique France publie ses données annuelles de surveillance concernant les syndromes hémolytiques et urémique chez les enfants de moins de 15 ans en France, également disponibles en open-data sur Géodes. En 2021, une légère baisse du nombre de cas est observée.

Le syndrome hémolytique et urémique (SHU) est une complication principalement rénale des infections à Escherichia coli (E. coli) producteurs de Shiga-toxines (STEC) dont la transmission peut se faire par les aliments, un environnement contaminé, une transmission de personne à personne… Rare, mais grave, il touche surtout le jeune enfant. Avant d’évoluer vers un SHU, ces infections sont responsables de douleurs abdominales accompagnées de diarrhées glairo-sanglantes ou, plus rarement, de diarrhées simples. Chaque année, entre 100 et 160 cas de SHU pédiatriques sont notifiés à Santé publique France.

SHU pédiatrique : chiffres clés 2021
- 128 cas de SHU pédiatriques notifiés
- L’incidence observée en 2021 est la plus faible depuis 2017 : 1,12 cas/100 000 enfants <15 ans)
- Incidence plus élevée chez les enfants de moins de 3 ans (4,30 cas/100 000 enfants)
- Taux d’incidences les plus élevés observés en Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes
- Le sérogroupe O26 reste le plus fréquent en France représentant 35,1% des cas confirmés.
- Survenue d’une toxi-infection alimentaire collective (TIAC) en milieu scolaire du à STEC O157 et liée à la consommation de concombres crus en salade. Au total, 35 cas d’infection dont huit cas confirmés à STEC O157 (deux SHU) ont été liés à cette TIAC. Il s’agit de la première épidémie en France liée à la consommation de végétaux permettant de documenter une contamination dans l’aliment suspect.

Mesures de prévention pour éviter la transmission de la bactérie E. coli responsable du SHU
Les bactéries E. coli responsables du SHU sont présentes dans les intestins de nombreux animaux ruminants (vaches, veaux, chèvres, moutons, etc.) et sont éliminées par les excréments qui peuvent alors contaminer l’environnement (eaux, fumiers, sols) et les aliments. Ces bactéries supportent bien le froid (survie dans un réfrigérateur ou congélateur), mais sont détruites par la cuisson à cœur.

Quelques conseils simples pour limiter les risques de transmission
En cuisine
- Le lavage des mains doit être systématique avant la préparation des repas ;
- Les viandes, et surtout la viande hachée de bœuf, mais aussi les préparations à base de viande hachée, doivent être bien cuites à cœur pour atteindre 70°C (et non pas rosées ou saignantes) ;
- Le lait cru, les fromages à base de lait cru et les produits laitiers fabriqués à partir de lait cru ne doivent pas être consommés par les enfants de moins de 5 ans (préférez les fromages à pâte pressée cuite (type Emmental, Comté, gruyère, Beaufort), les fromages fondus à tartiner et les fromages au lait pasteurisé) ;
- Les préparations à base de farine (pizza/pâte à cookies/gâteau/tarte/crêpe...) ne doivent pas être consommées crues ou peu cuites ;
- Les légumes, la salade, les fruits et les herbes aromatiques, en particulier ceux qui vont être consommés crus doivent être soigneusement lavés avant consommation, après épluchage le cas échéant ;
- Les aliments crus doivent être conservés séparément des aliments cuits ou prêts à être consommés ;
- Les plats cuisinés et les restes alimentaires doivent être rapidement mis au réfrigérateur et suffisamment réchauffés avant consommation ;
- Les ustensiles de cuisine (surtout lorsqu’ils ont été en contact au préalable avec des aliments crus tels que la viande ou les fromages), ainsi que les plans de travail, doivent être soigneusement lavés pour éviter un risque de contamination croisée.

Lors des activités et loisirs
- Les enfants ne doivent pas boire d’eau non traitée (eau de puits, rivière, torrent, etc.) et éviter d’en avaler lors de baignades (lac, rivière, étang, etc.) ;
- Il faut éviter le contact des très jeunes enfants (moins de 5 ans) avec les vaches, veaux, moutons, chèvres, etc., et leur environnement ; en cas de contact avec ces animaux le lavage des mains (eau et savon) doit être systématique avant que l’enfant ne porte ses doigts à sa bouche.

Commentaire
Santé publique France rapporte «Les viandes, et surtout la viande hachée de bœuf, mais aussi les préparations à base de viande hachée, doivent être bien cuites à cœur pour atteindre 70°C (et non pas rosées ou saignantes)». On progresse lentement mais on progresse à propos de la cuisson des steaks hachés, finis les couleurs, et bienvenue à la température de cuisson !

L’Anses indique «cuire à cœur (70°C) les viandes hachées et les produits à base de viande hachée.» Ce n’est pas tout à fait la même chose, mais on avance ...
Pour l’instant le thermomètre alimentaire est toujours absent des recommandations, mais un jour peut-être, qui sait ?

Autre observation liée à lecture d’un article récent paru dans les Archives de pédiatrie, «Épidémie de syndrome hémolytique et urémique de présentation clinique inhabituellement sévère causée par Escherichia coli O26:H11 producteur de shigatoxines en France».
Dans leur conclusion, les auteurs notent,

Enfin, il est important de souligner que malgré les mesures préventives dans le secteur de la viande et du lait mises en place par les autorités françaises, le nombre de cas de SHU à STEC a augmenté de 50% au cours des 10 dernières années (109 cas en 2009, 169 cas en 2019). Ces tendances soulignent que la communication et la diffusion des mesures de prévention du SHU à STEC restent plus que jamais d'actualité. 

Effectivement, il y a une baisse en 2021, mais pas de quoi pavoiser quand on songe à ce que sera 2022 avec les trop nombreux cas de SHU en relation avec la consommation de pizzas Fraîch’Up de la marque Buitoni (voir le point au 28 mars 2022 par Santé publique France).

Complément
Je n'ai rien à ajouter à ce que dit Joe WhitworthLes cas de SHU sont en baisse en France en 2021. Il est juste de dire qu'ils remonteront en 2022.
Mise à jour du 26 octobre 2022
On lira l'article de Joe Whitworth dans Food Safety News, «France reports fewest HUS cases since 2017» (La France rapporte le moins de cas de SHU depuis 2017). 

Le site de Barry Callebaut en Belgique revient à la normale après une crainte liée à Salmonella

«Le site de Barry Callebaut revient à la normale après une crainte liée à Salmonella», source Food Safety News.

Une chocolaterie de Barry Callebaut en Belgique a repris ses activités à pleine capacité après une crainte de la contamination par Salmonella plus tôt cette année. Voir les épisodes précédents sur le blog ici -aa.

Le nettoyage de l'usine de Wieze touche à sa fin, elle a donc repris son fonctionnement normal après l'arrêt des opérations fin juin.

«Je tiens à exprimer ma plus profonde gratitude à nos clients pour leur compréhension pendant cette période difficile, et à tous nos employés qui ont travaillé sans relâche pendant des semaines pour remettre l'usine de Wieze en service», a déclaré Peter Boone, PDG de Barry Callebaut.

La société avait précédemment averti que l'incident devrait avoir un impact financier important lorsque les chiffres des résultats annuels seront publiés en novembre.

Mondelez était l'une des nombreuses entreprises touchées, car elle est approvisionnée par Barry Callebaut. L'alerte signifiait qu'elle devait limiter la disponibilité au détail de plusieurs gammes de biscuits.

Barry Callebaut a déclaré que l'opération de nettoyage était d'une ampleur «sans précédent» et qu'il s'agissait d'un processus qui prenait du temps. Sur le site de Wieze, les employés sont formés pour reconnaître les problèmes de sécurité des aliments. Cela a permis d'identifier rapidement le risque, d'entreprendre une analyse des causes profondes et de lancer le processus de nettoyage.

Chronologie des incidents
Un lot de lécithine contaminée a été déchargé à l'usine de Wieze le 25 juin. Barry Callebaut a confirmé la présence de Salmonella Tennessee dans le système de lécithine de l'usine et dans des échantillons de matière première. Le lot en cause provenait d'un fabricant de lécithine en Hongrie et a été transporté par un tiers. La lécithine impliquée n'a été utilisée que sur ce site.

Le 27 juin, Barry Callebaut a détecté un prélèvement positif à Salmonella sur un lot de production fabriqué à Wieze et la lécithine a été identifiée comme source de contamination le 29 juin, avec arrêt de la production.

La lécithine étant utilisée dans toutes les chaînes de production de chocolat, l'entreprise a bloqué tous les produits chocolatés fabriqués du 25 au 29 juin, à l'exception de la production de cacao qui n'est pas liée au circuit de la lécithine. Le 1er juillet, Barry Callebaut a confirmé qu'aucun produit concerné n'était entré dans la chaîne d'approvisionnement du commerce de détail.

La désinfection de la ligne de chocolat solide concernée a commencé le 5 juillet et le 14 juillet pour la ligne liquide en concertation avec l'Agence fédérale belge pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA). Le 8 août, les premières lignes de production nettoyées et désinfectées ont été rouvertes et au cours des semaines suivantes, les opérations ont été progressivement portées à leur capacité normale.

Commentaire
La question est de savoir comment a-t-il été procédé à cette désinfection aurait été utile. Les personnels ont-ils utilisés ou testés l’efficacité des huiles acidifiées contre Salmonella dans les environnements à faible humidité ?

L'UE fixe les limites maximales d’additifs dans le thon pour lutter contre la fraude

«L'UE fixe les limites maximales d’additifs dans le thon pour lutter contre la fraude», source article de Joe Whitworth paru le 21 octobre 2022 dans Food Safety News.

La Commission européenne a fixé des limites maximales pour trois additifs dans le thon afin de lutter contre la fraude alimentaire. Les niveaux excessifs peuvent exposer les consommateurs au risque d'intoxication à l'histamine, également connue sous le nom de scombroïde, a dit la Commission.

Il s’agit du Règlement (UE) 2022/1923 de la Commission du 10 octobre 2022 modifiant l’annexe II du règlement (CE) n°1333/2008 du Parlement européen et du Conseil en ce qui concerne l’utilisation d’acide ascorbique (E 300), d’ascorbate de sodium (E 301) et d’ascorbate.

«L’utilisation d’additifs alimentaires en quantités élevées afin de restaurer artificiellement la couleur de la chair de thon fraîche constitue une pratique de commercialisation trompeuse du thon destiné à la mise en conserve en tant que thon frais, permet de le vendre à un prix plus élevé, induit les consommateurs en erreur sur le produit et les expose au risque d’intoxication à l’histamine.»

Les limites maximales s'appliquent à l'utilisation de l'acide ascorbique, de l'ascorbate de sodium et de l'ascorbate de calcium comme antioxydants Le règlement entre en vigueur à la fin du mois d’octobre.

Auparavant, aucune limite maximale n'était indiquée pour ces additifs alimentaires et ils étaient utilisés dans le cadre des bonnes pratiques de fabrication, à une concentration non supérieure à celle nécessaire pour atteindre l'objectif visé et à condition que le consommateur ne soit pas induit en erreur.

À la suite d’enquêtes sur la fraude alimentaire, les autorités compétentes signalent régulièrement les cas où il est constaté que des longes de thon vendues comme fraîches contiennent des additifs alimentaires en quantités supérieures à celles qu’elles jugent nécessaires pour obtenir l’effet antioxydant caractéristique sur le thon frais. Sur cette base, les autorités compétentes soupçonnent que les additifs alimentaires soient utilisés sur des thons destinés à la mise en conserve pour restaurer leur couleur et les mettre sur le marché en tant que produits frais.

«Étant donné qu’il appartient aux autorités nationales compétentes d’établir que le principe quantum satis n’a pas été respecté et que le respecter peut s’avérer difficile, les États membres, et en particulier l’Espagne, ont demandé à la Commission de fixer une limite maximale appropriée pour l’utilisation des additifs alimentaires en tant qu’antioxydants dans le thon décongelé vendu comme thon frais (non transformé) ou mariné (transformé).»

En 2018, une opération dans 11 pays de l'UE a révélé que du thon destiné à la mise en conserve était illégalement traité avec des substances chimiques qui altéraient sa couleur pour donner une impression de fraîcheur. Au total, 51 tonnes ont été saisies et plus de 380 échantillons ont été prélevés. En 2020 en Belgique, 16 des 29 tests sur le thon étaient non conformes pour les quantités d'acide ascorbique.

Etablissement de limites maximales des additifs
Dans le poisson non transformé, les antioxydants aident à ralentir la décoloration de la chair et le développement du rancissement. Les consommateurs associent la fraîcheur à la couleur naturellement rouge de la chair de thon frais.

Les longes de thon décongelées commercialisées comme thon frais doivent provenir de thon congelé en dessous de -18°C après la pêche, tandis que les autres longes de thon décongelées doivent être utilisées uniquement pour la mise en conserve.

Un niveau maximum de 300 mg par kg a été avancé. Il s'agit du montant le plus élevé signalé par l'industrie dans un précédent avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).

Ce niveau vise à s'assurer qu'il y a encore de la place pour une utilisation légitime en suivant les bonnes pratiques de fabrication.

Entre-temps, la Commission a apporté des modifications à ses plans d'audit pour les années à venir.

Sur la base des résultats des contrôles précédents et de la conformité des pays aux objectifs de l'UE en matière de volaille, il n'est pas nécessaire d'effectuer des audits spécifiques sur les programmes nationaux de contrôle de Salmonella en 2023. La surveillance par la Commission des contrôles à l'exportation n'est également plus considérée comme une priorité. Il n'y aura pas d'audits sur l'utilisation durable des pesticides en raison des discussions en cours autour de la réglementation.

Les contrôles de la production biologique et la surveillance de la résistance antimicrobienne des bactéries zoonotiques et commensales débuteront en 2023. Le bien-être animal des bovins destinés à la production de viande et de poisson dans les élevages sera un autre objectif.

La surveillance de la sécurité des aliments pourrait être plus efficace

«La surveillance de la sécurité des aliments pourrait être plus efficace», source Université de Waneningen du 19 octobre 2022.

Comment pouvons-nous rendre la surveillance de la sécurité des aliments aussi efficace que possible avec les ressources disponibles ? C'est la question à laquelle se penche la chaire d'économie de la sécurité des aliments. C'est le sujet central de l'allocution inaugurale de la professeure spéciale Ine van der Fels-Klerx le 20 octobre 2022. Le titre de son allocution est : «Intégrer l'économie dans la surveillance de la sécurité des aliments : quoi, où et comment ?»

La sécurité des aliments est sous pression
Malgré le fait que les aliments aux Pays-Bas et en Europe n'ont jamais été aussi sûrs qu'aujourd'hui, il existe toutes sortes de développements qui mettent cette sécurité sanitaire sous pression. Par exemple, en raison des changements climatiques, la présence de résidus de pesticides et de toxines naturelles, telles que les mycotoxines et les toxines végétales, peut augmenter. D'autres risques chimiques et microbiologiques guettent également. De plus, la transition vers une économie circulaire est un point d'attention. Étant donné que les flux résiduels de la production alimentaire sont renvoyés dans la chaîne alimentaire, les risques dans le domaine de la sécurité des aliments doivent être examinés de manière critique.

Surveillance basée sur les risques et rentable
Van der Fels-Klerx déclare dans son propos que tous les produits et ingrédients alimentaires ne peuvent pas être vérifiés pour tous les dangers possibles pour la sécurité des aliments. La liste des dangers possibles pour la sécurité sanitaire, des produits et de leurs ingrédients est tout simplement trop longue. Il faut donc faire des choix. Une façon d'y parvenir est d'appliquer une surveillance fondée sur les risques. Cela signifie que les prélèvements et les tests se concentrent sur les produits et les dangers qui présentent le plus grand risque pour la santé humaine et animale.

De plus, vous pouvez faire des choix basés sur une surveillance rentable. Quels échantillons et quelles quantités allez-vous analyser pour obtenir le meilleur impact avec votre programme de surveillance, avec les ressources disponibles ? Dans ce contexte, des calculs ont été effectués pour le nombre optimal d'échantillons pour la surveillance des dioxines dans les produits animaux aux Pays-Bas. Cela a montré qu'environ 90 échantillons de moins peuvent être prélevés chaque année sans réduire l'efficacité de la surveillance.

Conjuguer sécurité des aliments et économie
Dans sa chaire d'économie de la sécurité des aliments, Van der Fels-Klerx souhaite étendre davantage la recherche sur la surveillance rentable des dangers pour la sécurité des aliments. Pour ce faire, elle combine les domaines de recherche de l'économie et de la sécurité des aliments. La chaire se concentre sur les plans d'échantillonnage et d'analyses basés sur les les risques et rentables pour les dangers pour la sécurité des aliments dans les chaînes de production d'aliments pour animaux et de denrées alimentaires. La Chaire contribue ainsi à rendre les décisions qui doivent être rendues plus transparentes, objectives et plus scientifiques.

NB : Merci à Joe Whithworth de m’avoir signalé cette information.

Commentaire
Peut-être que cette économiste pourrait nous expliquer pour quelles raisons tous les pays européens ont sabré leurs effectifs en sécurité des aliments depuis une dizaine d'années ?