jeudi 23 mai 2019

Évaluation des risques liés au sulfate de chondroïtine dans les compléments alimentaires, selon le BfR


« Évaluation des risques liés au sulfate de chondroïtine dans les compléments alimentaires », source avis n°40/2018 mis à jour par le BfR le 7 décembre 2018.

Extraits.

Le sulfate de chondroïtine est un composant naturel du cartilage articulaire. La substance est contenue dans de nombreux produits proposés en tant que compléments alimentaires qui ont un rôle important sur le marché. Les compléments alimentaires sont des denrées alimentaires. Ils servent à compléter le régime alimentaire normal. Le sulfate de chondroïtine n'est pas autorisé en tant que médicament à usage oral pour le traitement des maladies des articulations en Allemagne. Contrairement aux médicaments, les compléments alimentaires ne sont généralement pas soumis à une autorisation ou à une évaluation officielle avant leur mise sur le marché. Ils doivent être sûrs et ne doivent pas être dangereux pour la santé. La responsabilité incombe ici aux fabricants et des distributeurs des produits. Leurs ingrédients ne doivent pas avoir d’effets pharmacologiques importants.

L’Institut fédéral allemand pour l’évaluation des risques (BfR) a mené une évaluation des risques liés à l’utilisation du sulfate de chondroïtine en tant que composant de compléments alimentaires en 2007. Un certain nombre de nouvelles publications scientifiques sur l’utilisation de la substance par l’homme sont parvenues entre-temps, le BfR a mis à jour son évaluation.

Dans le cadre de l’évaluation des risques liés au sulfate de chondroïtine en tant que constituant de compléments alimentaires, le BfR a fondé son évaluation sur des quantités ingérées de 800 à 1 200 m/jour, d’une part parce que ces apports quotidiens ont été utilisés dans la plupart des études humaines disponibles et d’autre part parce que les données présentées ne sont pas suffisantes pour établir une relation dose-réponse concernant la survenue d’effets néfastes sur la santé. Le BfR souligne explicitement qu'aucune déclaration sur un éventuel effet pharmacologique n'est liée au présent avis et que cela ne constitue pas une recommandation d'utiliser pleinement les quantités d'apport journalier à ce niveau dans les compléments alimentaires.

Il n'a pas encore été précisé dans quelle mesure les préparations de chondroïtine présentent des effets différents sur la santé en fonction de la méthode de production, de la matière première, de la composition, de la distribution du poids moléculaire ou du degré de sulfatation et si les résultats obtenus avec des produits individuels peuvent être simplement transférés à d'autres préparations de chondroïtine .

Dans le cas de médicaments à usage oral contenant du sulfate de chondroïtine commercialisés dans d'autres pays européens avec des doses journalières comprises entre 730 et 1 000 mg/jour (et parfois avec des doses initiales de 1 200 mg/jour pendant 4 à 6 semaines chez des patients particulièrement atteints), Les troubles gastro-intestinaux (indigestion, douleurs abdominales, diarrhée, nausée) et les maux de tête ou les vertiges sont énumérés comme des effets indésirables fréquents de deux de ces produits dans les résumés récents des caractéristiques du produit.

En outre, le BfR fournit les informations suivantes aux groupes de population suivants:
- Les compléments alimentaires contenant du sulfate de chondroïtine sous forme isolée ne peuvent pas être recommandés aux femmes enceintes ou allaitantes, aux enfants et aux adolescents.
- Les personnes qui prennent des médicaments antiplaquettaires doivent consulter un médecin avant de prendre des produits dans une plage d'apport allant de 800 à 1 200 mg de sulfate de chondroïtine par jour.
- Les personnes allergiques aux protéines de poisson peuvent présenter un risque d'allergie si elles ingèrent des produits contenant du sulfate de chondroïtine isolé, fabriqués à partir de tissu de requin ou de tissus d'autres poissons.

Les compléments alimentaires ne sont pas destinés à guérir ou à soulager des maladies. Le BfR recommande aux personnes souffrant de douleurs arthritiques/articulaires de consulter un médecin afin d’identifier le trouble réel et de déterminer la forme du traitement. Selon une évaluation publiée par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA, 2009), il n'existe actuellement aucune preuve scientifique de l'efficacité de la chondroïtine / sulfate de chondroïtine dans le maintien d'une fonction articulaire normale dans la population en général (c'est-à-dire chez les personnes ne souffrant pas d'arthrite et/ou de troubles articulaires).

On lira sur le sujet ces documents diffusés par l'Anses :

Complément du 1er juillet 2019. On lira l’article « Certains compléments alimentaires à visée articulaire déconseillés aux populations à risque » paru dans le numéro 8 de Vigil’Anses de juin 2019.

mercredi 22 mai 2019

150 000 litres de fausse d’huile d’olive vierge extra saisis par Europol


« 150 000 litres de fausse d’huile d’olive vierge extra saisis au sein d'un gang 'bien huilé' », communiqué d'Europol du 14 mai 2019.

Des experts de la Coalition coordonnée pour la répression des infractions contre la propriété intellectuelle d’Europol (IPC3 pour Intellectual Property Crime Coordinated Coalition) ont aidé les Carabinieri italiens de la NAS et le tribunal de Darmstadt en Allemagne à arrêter 20 personnes et à saisir 150 000 litres de fausse huile d’olive. Les criminels, qui gagnaient chaque année jusqu'à 8 millions d'euros de profits criminels, ont modifié la couleur des huiles de qualité médiocre pour les vendre sur les marchés italien et allemand sous forme d'huile d'olive vierge extra.

L'enquête a débuté par l'identification d'une organisation criminelle soupçonnée de manipuler de grandes quantités d'huile de tournesol en Italie. Le gang a fait ressembler cette huile de mauvaise qualité à l’huile d’olive vierge extra en ajoutant de la chlorophylle, du bêta-carotène et de l’huile de soja. Après ce processus, les suspects ont vendu l'huile contrefaite sur le marché allemand, en essayant de la vendre aux restaurateurs.

Les activités de cette huilerie ont été menées dans des conditions insalubres. Alors que certains des travailleurs étaient responsables de la production et du conditionnement du produit, ceux qui étaient plus solvables livraient la fausse huile dans des camions toutes les deux semaines.

Dans certaines cas, la fausse huile d'olive a remplacé complètement la véritable
Une fois en Allemagne, le produit contrefait était stocké dans des entreprises de logistique en attente de distribution sur le marché allemand. Dans certains cas, la fausse huile d'olive a complètement remplacé la véritable.

En Italie et en Allemagne, 20 perquisitions à domicile ont été effectuées. Au total, 150 000 litres de fausse huile d'olive ont été saisis à différents endroits, dont cinq camions transportant chacun 23 000 litres d'huile de contrefaçon.

On estime que les suspects ont gagné environ 8 millions d'euros chaque année, sachant qu'ils ont acquis un million de litres d'huile de tournesol chaque année pour environ un million d'euros et qu'ils ont vendu le produit contrefait entre 5 et 10 euros le litre.

Lutte contre la fraude alimentaire à EUROPOL
Cette opération, soutenue par Europol et Eurojust, a été réalisée dans le cadre de l'opération internationale OPSON, qui visait à lutter contre les produits alimentaires et les boissons de qualité supérieure, contrefaits et non conformes, sur le marché en Europe et dans les pays voisins. Europol a soutenu cette affaire depuis le début en organisant une réunion opérationnelle à son siège de La Haye.

En mars 2019, une réunion d'information s'est tenue à Europol avec des représentants des autorités italiennes et allemandes. En outre, Europol a fourni un soutien analytique, en traitant toutes les informations reçues par les unités d’enquête et déployées auprès d’experts de la Coalition coordonnée pour la lutte contre la criminalité de la propriété intellectuelle, qui ont assuré un soutien sur place pendant la journée d’action.

Eurojust met fin aux activités d'un groupe criminel vendant du poisson contaminé


« Eurojust met fin aux activités d'un groupe criminel vendant du poisson contaminé », communiqué de presse du 15 mai 2019.

Dans le cadre d’une opération majeure, coordonnée par Eurojust, les autorités roumaines, espagnoles, françaises, italiennes, hongroises et portugaises ont mené une action contre un groupe du crime organisé impliqué dans la pêche illicite dans des eaux contaminées, l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent. Le poisson contaminé était stocké et transporté dans plusieurs pays de l'UE dans des conditions inappropriées et insalubres, puis vendu à des entreprises roumaines. À la suite de la journée d'action commune, rendue possible grâce au centre de coordination mis en place à Eurojust, l'unité de coopération judiciaire de l'UE, près de 250 perquisitions ont été effectuées, 13 personnes au total ont été arrêtées, 11 bateaux et 30 tonnes de poisson contaminé ont été saisies. et retirées du marché. Lors de la journée d'action, Eurojust a assisté en temps réel à l'émission de trois ordonnances d'enquête européennes de la part de la Roumanie à destination de la Hongrie, permettant ainsi un échange d'informations en temps réel.
Les membres du groupe du crime organisé, qui étaient d'anciens pêcheurs, ont développé un mécanisme sophistiqué pour le braconnage et l'achat de poisson dans les eaux territoriales contaminées en Italie, en Espagne et en France, où la pêche est interdite car le poisson dans ces zones est impropre à la consommation.

Le poisson contaminé a été vendu à des sociétés roumaines spécialement créées pour la commercialisation de poisson fantôme afin de servir les activités criminelles du groupe du crime organisé.

Par l'intermédiaire de ces sociétés, les membres du groupe du crime organisé ont obtenu des permis de pêche et des codes de TVA pour les échanges, mais n'ont pas obtenu les autorisations sanitaires obligatoires pour les échanges intracommunautaires de produits d'origine animale. Ils ont utilisé de fausses factures et d’autres documents falsifiés pour revendre le poisson en Espagne, en France, en Italie, en Hongrie, au Portugal et en Roumanie, engrangeant des profits illicites substantiels, notamment en évitant de payer des impôts et en blanchissant de l’argent. Le groupe du crime organisé n'avait pas de structure pyramidale, mais agissait à plusieurs niveaux sur lesquels des cellules distinctes étaient formées, en fonction de chaque activité spécifique (braconnage de poisson, transport de marchandises, commerce, etc.).

Eurojust a activement soutenu la coopération entre les autorités judiciaires et les forces de l'ordre nationales de Roumanie, d'Espagne, de Hongrie, de France, d'Italie et du Portugal. En conséquence, l'activité criminelle du groupe du crime organisé a été documentée et toutes les informations recueillies ont été utilisées pour empêcher 30 tonnes de poisson contaminé supplémentaire d'entrer sur le marché roumain. L’Autorité sanitaire, vétérinaire et de la sécurité alimentaire de Roumanie a détruit la totalité du poisson saisi.

En 2018, le bureau du procureur de la cour d'appel de Constanța, en Roumanie, a ouvert une enquête pénale sur le groupe du crime organisé. Le juge d’instruction n°4 et le ministère public de Lleida (Espagne) ont ouvert une enquête parallèle sur le même groupe du crime organisé, suivis de ceux de Venise (Italie) et de Tarascon (France). Tous les États membres ont conjugué leurs efforts avec des échanges d'informations spontanés, également facilités par les ordonnances d'enquête européennes (EIO pour European Investigation Orders).

Eurojust a aidé les autorités nationales tout au long de leurs enquêtes, notamment en rédigeant, en diffusant, en transmettant et en exécutant les EIOs au cours de la journée d'action. Une réunion de coordination s'est également tenue à Eurojust, avec la participation d'Europol, afin de décider des stratégies en matière d'enquêtes et de poursuites et de résoudre les problèmes judiciaires et opérationnels. Europol a aidé les enquêtes en comparant les informations et les preuves, en établissant des liens avec la France et l'Italie.

Au cours de l'opération, 850 policiers ont été déployés par des autorités répressives nationales, notamment la Guardia di Finanza italienne, la Policía Nacional espagnole et la gendarmerie nationale française, l'Office central de lutte contre l'environnement et la santé publique (OCLAESP).

A propos du rappel d'origan en raison de la présence d'alcaloïdes pyrrolizidiniques


Concours de circonstance ou pas, j'ai mis en ligne hier un avis du BfR sur les concentrations en alcaloïdes pyrrolizidiniques dans les épices et les herbes séchées et congelées et voici qu'a été publié le 20 mai 2019 un communiqué de rappel sur le site du distributeur Auchan et dont vous avez l'essentiel ci- dessous :
Les questions que l'on peut se poser sont les suivantes :
  • La société Albert Ménès met-elle en œuvre vraiment tous les moyens nécessaires afin de préserver la sécurité sanitaire de ses produits et par conséquent la santé des consommateurs ?
  • La société Albert Ménès a-t-elle vraiment pris en compte le danger alcaloïdes pyrrolizidiniques dans son plan HACCP ?
  • La société Albert Ménès a-t-elle un plan d'analyses renforcé qui vise particulièrement le groupe « origan, marjolaine », dont on sait qu'il s'agit de produits à risque, comme l'a rappelé encore récemment le BfR d'Allemagne dans un avis ?
  • La société Albert Ménès fait-elle de la veille technologique ?
Bref, autant de questions qui resteront sans réponse, d'où le rappel !

La suite du communiqué fait mention d'une mesure de précaution, et non pas du principe de précaution, c'est un progrès par rapport à d'autres communiqués de rappel, pour rappeler auprès des consommateurs le produit en raison du danger alcaloïdes pyrrolizidiniques.

Selon le projet PASHERBS de Belgique,
L’origan était de loin l’herbe aromatique la plus problématique en ce qui concerne la contamination aux alcaloïdes pyrrolizidiniques  : jusqu’à 2200 ng/g dans un échantillon individuel d’origan, et les 10 mélanges d’herbes les plus contaminés contenaient tous de l’origan.

Rappelons que selon le BfR,
Les alcaloïdes pyrrolizidiniques (PAs) sont des constituants naturels détectés dans le monde entier chez plus de 350 espèces de plantes et soupçonnés d’être présents sur plus de 6 000. Les plantes les produisent comme défense contre les prédateurs. Sur plus de 660 PAS connus et composés similaires, les 1,2 PAs-insaturés ont un potentiel néfaste pour la santé. Par conséquent, ils sont indésirables dans les aliments et les aliments pour animaux.

Les 1,2 PAs-insaturés sont des substances cancérogènes génotoxiques.

mardi 21 mai 2019

Une campagne de financement participatif des fromagers au lait cru 'remporte une victoire contre la Food Standards Scotland'


« Une campagne de financement participatif des fromagers au lait cru 'remporte une victoire contre la Food Standards Scotland' », source article de Jim Cornall paru le 21 mai 2019 dans Food Navigator.com

Cinq fromagers écossais déclarent avoir réussi à mener une campagne de financement participatif contre la légalité de l'inspection et des règles d'application de la loi de la FSS (Food Standards Scotland) pour la production de fromage au lait cru en Écosse.

La FSS a révisé en décembre 2018 ses lignes directrices concernant la production de fromage au lait cru en Écosse, mais les affirmations de 'victoire' des fromagers sont toutefois exagérées, car le guide était déjà à l'étude.

La FSS et le Scottish Food Enforcement Liaison Committee (SFELC) ont depuis publié de nouvelles orientations, conformes aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé et de l'UE.

La FSS a déclaré que les révisions avaient été approuvées à l'issue de discussions constructives entre la SFELC et des représentants du secteur des fromages au lait cru, notamment de la Specialist Cheesemakers Association et de Fine Cheesemakers of Scotland.

Les producteurs se sont dits ravis de l’issue de la décision et ont déclaré que les directives « ont subi des changements importants qui garantissent l’avenir de la production de fromage au lait cru en Écosse. »

Les cinq entreprises, Errington Cheese, Isle of Mull Cheese, Galloway Farmhouse Cheese, Cambus O'May Cheese Co. et Finlay's Farm Ltd, ont lancé une campagne de crowdjustice en février et ont dépassé les 15 000 £ de fonds initiaux pour frais juridiques préparation et soumission d'un éventuel contrôle juridictionnel.

Ils ont estimé que les directives de la FSS étaient contraires aux directives reconnues de l'industrie européenne et des meilleures pratiques établies; ils craignent que cela ne rende 'la production de fromage au lait cru en Écosse non viable'.

Demandant initialement une suspension des lignes directrices pour permettre d’envisager des modifications, le groupe a demandé un soutien juridique et a déposé une pétition pour réviser les nouveaux protocoles.

En plus des lignes directrices modifiées avec succès, la FSS a abandonné sa demande de financement auprès des fromagers.

Si l'article vous intéresse, n'hésitez pas à lire la suite. 

Cela étant, la problématique STEC dans les fromages au lait cru en Ecosse imposait la démarche de la FSS, mais qu'en sera-t-il en France où cette problématique va devoir aussi trouver une réponse autre que des recommandations sanitaires sur la consommation de fromages au lait cru ...

Les concentrations en alcaloïdes pyrrolizidiniques dans les épices et les herbes séchées et congelées sont trop élevées, selon le BfR

« Les concentrations en alcaloïdes pyrrolizidiniques dans les épices et les herbes séchées et congelées sont trop élevées », selon l'avis du BfR n°017/2019 du 13 mai 2019.

Voici quelques extraits de cet avis.

Les alcaloïdes pyrrolizidiniques (PAs) sont des constituants naturels détectés dans le monde entier chez plus de 350 espèces de plantes et soupçonnés d’être présents sur plus de 6 000. Les plantes les produisent comme défense contre les prédateurs. Sur plus de 660 PAS connus et composés similaires, les 1,2 PAs-insaturés ont un potentiel néfaste pour la santé. Par conséquent, ils sont indésirables dans les aliments et les aliments pour animaux.

L’Institut fédéral allemand pour l’évaluation des risques (BfR) traite régulièrement de la contamination des aliments par du 1,2 Pas-insaturés. Il a déjà publié des avis sur l'occurrence de 1,2 PAs-insaturés dans les tisanes, le thé et le miel, ainsi que sur un mélange de salades contaminées par le séneçon jacobée et des compléments alimentaires (CA). Le BfR a maintenant procédé à une évaluation sanitaire des niveaux de concentrations de 1,2 PAs-insaturés déterminés par les autorités de surveillance des États fédéraux dans des échantillons de diverses herbes et épices séchées et congelées.

Un niveau élevé de 1,2 PAs-insaturés a été détecté dans la bourrache, ainsi que dans certains échantillons de livèche ou ache des montagne, d’origan et de marjolaine congelés et séchés achetés dans le commerce. Bien que la quantité absolue de plantes consommées dans les aliments préparés soit faible, elle peut apporter une contribution considérable à une exposition à court et à long terme 1,2 PAs-insaturés .

Le BfR a procédé à une évaluation préliminaire des risques pour la santé liés à une absorption à court et à long terme, sur la base des concentrations de 1,2 PAs-insaturés déterminées dans des échantillons d'herbes et d'épices surgelées et séchées. Une évaluation concluante du risque potentiel pour la santé résultant de la consommation d'herbes contaminées par des 1,2 PAs-insaturés n'est pas possible pour le moment car il n'y a pas assez de données sur la consommation à plus long terme et à court terme de diverses herbes. L'estimation sanitaire préliminaire des concentrations de 1,2 PAs-insaturés dans les herbes, établie dans le présent avis, repose donc sur divers scénarios relatifs à l'absorption de ces substances (exposition).

Pour l'évaluation des risques pour la santé liés à l'absorption de 1,2 PAs-insaturés, il faut toutefois porter une attention particulière aux effets génotoxiques et cancérogènes. Étant donné qu’aucun niveau d’absorption sans danger ne peut être défini pour les substances cancérogènes génotoxiques, la concentration en 1,2 PAs-insaturés dans les aliments doit être aussi faible que possible (principe ALARA: aussi faible que raisonnablement possible), car même de faibles quantités absorbées peuvent conduire à un risque accru de cancer, surtout s'il est consommé régulièrement. Le concept de marge d'exposition (MOE) est utilisé dans l'Union européenne pour les substances carcinogènes génotoxiques afin de déterminer l'urgence des mesures de gestion des risques. Une valeur de MOE égale ou supérieure à 10 000 est en principe considérée comme peu préoccupante du point de vue de la santé publique.

Sur la base des données de consommation de la National Nutrition Study II, le BfR a calculé que la consommation d'herbes hautement contaminées pouvait entraîner des niveaux d'exposition à long terme uniquement par le biais de cette catégorie d'aliments, qui sont associés à des valeurs de MOE inférieures à 10 000. Dans le cas de grands consommateurs d'herbes, une MOE nettement inférieure à 10 000 est déjà atteinte uniquement par la consommation d'herbes, lorsque celles-ci contiennent des concentrations moyennes (1 000 µg/kg).

Les données fournies au BfR par les autorités de surveillance des États fédéraux montrent que les niveaux moyens de 1,2 PAs-insaturés dans la bourrache, qui produit des PAs en soi, sont particulièrement élevés. Des concentrations élevées en 1,2 PAs-insaturés ont également été détectées dans des échantillons de livèche ou ache des montagnes et des échantillons du groupe « origan, marjolaine ». On n'a trouvé que de très faibles concentrations de 1,2 PAs-insaturés, voire aucune, dans les herbes fraîches telles que le persil.

Le BfR souligne également que lors de l’évaluation du risque potentiel pour la santé des consommateurs, toutes les sources de 1,2 PAs-insaturés doivent être prises en compte en plus de l’exposition via les plantes, comme décrit ici. Ceux-ci incluent notamment les tisanes, les thés et le miel. La consommation d'herbes conduit donc à une absorption supplémentaire de 1,2 PAs-insaturés. L'Institut recommande également que l'exposition globale aux PAs provenant de tous les aliments soit maintenue aussi faible que possible et qu'une MOE inférieure à 10 000 soit évitée si l'on tient compte de l'exposition aux PAs provenant de toutes les sources. À cette fin, des efforts devraient être poursuivis pour réduire davantage les niveaux de PAs en améliorant les méthodes de culture, de récolte et de purification. Le BfR décrit sur sa page d’accueil une méthode sur la façon dont le matériel végétal peut être examiné pour établir ses concentrations en 1,2 PAs-insaturés de manière analytique.

L'avis complet du BfR est ici.

lundi 20 mai 2019

Améliorer la confiance dans les travaux des experts, selon l'OPECST, mais cela ne peut pas être valable pour le glyphosate


Améliorer la confiance dans les travaux des experts selon l'OPECST, mais cela ne peut pas être valable pour le glyphosate revient à continuer à fonctionner comme d'hab, comme si le cas du glyphosate n'est pas emblématique de ce qui pourrit précisément l'expertise scientifique ... en France comme à l'étranger ...

L'Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) vient de faire paraître à titre provisoire le Rapport de M. Philippe Bolo, Mme Anne Genetet, MM. Pierre Médevielle et Pierre Ouzoulias établi au nom de cet office, intitulé « Evaluation des risques sanitaires et environnementaux par les agences : trouver le chemin de la confiance »

Comme documents disponibles nous avons donc le Rapport provisoireune synthèse, le 1er communiqué de presse et le 2e communiqué de presse.

Le premier communiqué de presse est en fait le carton d''invitation à la conférence de presse, dans lequel il était indiqué :
... les conclusions de leur rapport d’information sur l’indépendance et l’objectivité des agences chargées d’évaluer la dangerosité des substances mises sur le marché ANSES, EFSA, ECHA… plusieurs agences sont chargées en France et en Europe de l’expertise des risques sanitaires et environnementaux liés à l’utilisation de nombreux produits : pesticides agricoles, additifs alimentaires, biocides, produits chimiques utilisés dans les produits de grande consommation… 
La polémique sur le glyphosate a conduit l’OPECST à se pencher sur leur fonctionnement et sur les difficultés et limites de l’expertise des risques. Accès aux données, prise en compte des avancées de la science, choix des méthodologies, prévention des conflits d’intérêt, communication sur les risques : des progrès restent à faire pour trouver le chemin de la confiance de nos concitoyens dans l’expertise produite par nos agences.
Pas très clair tout cela d'autant qu'on apprend ce qu'on savait déjà, selon le deuxième communiqué de presse,
Contrairement à ce qui a pu être indiqué, il ne se prononce pas sur la toxicité à long terme du glyphosate, qui doit être réexaminée par plusieurs agences d’évaluation européennes dans le cadre du processus de réautorisation du glyphosate à l’horizon 2022. Si la question du glyphosate est abordée dans le rapport, c’est pour mettre en perspective les différences d’appréciations entre le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et les agences d’évaluation, notamment l’EFSA, afin d’éclairer le public sur le contenu et la portée de ces divergences apparentes entre experts, mais pas de rouvrir le débat sur l’interdiction du glyphosate, qui a été tranché par le Gouvernement.
Fermez le ban! L'interdiction du glyphosate est bien politique et non pas scientifique …

C'est dommage car en préambule ce communiqué de presse avait pourtant indiqué,
L’objectif de cette mission consistait à comprendre le fonctionnement des agences, les difficultés qu’elles peuvent rencontrer dans la conduite et la restitution de leurs travaux d’évaluation des risques et dessiner des pistes pour renforcer la confiance dans l’expertise scientifique qu’elles produisent.
A-t-on encore confiance dans l'expertise scientifique ? Je serais tenté de dire ça dépend … de l'opinion publique et des sondages …

Sur le document de synthèse, glyphosate oblige, on nous explique que l'enjeu central est d' « améliorer la confiance dans les travaux des experts »

Comment expliquer que le glyphosate soit classé cancérogène probable par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et pas par les agences sanitaires et environnementales ?
En mars 2015, le CIRC a classé le glyphosate parmi les cancérogènes probables (monographie n°112). Or, en novembre 2015, l’EFSA a estimé, comme le font presque toutes les autres agences d’évaluation officielles nationales (US-EPA aux États-Unis, FSC au Japon, APVMA en Australie …) qu’il était « improbable que le glyphosate fasse courir aux humains un danger cancérogène ».Cette divergence, troublante pour le grand public, s’explique par l’utilisation de sources différentes :
  • Le CIRC s’intéresse à toutes les formulations contenant du glyphosate alors que l’EFSA étudie le glyphosate en substance pure.
  • Concernant les études épidémiologiques, CIRC et EFSA s’appuient sur des sources quasi-identiques, notamment l’Agricultural Health Study (AHS) américaine et concluent à un niveau de preuve limité (CIRC) voire très limité (EFSA) de cancérogénicité du glyphosate pour l’homme.
  • Concernant les études animales, le CIRC en identifie 2 qui attestent d’un lien significatif entre exposition au glyphosate et cancer, écartées par l’EFSA pour non-respect des critères de l’OCDE. A l’inverse l’EFSA a eu accès aux études non publiées des industriels, contrairement au CIRC (le CIRC n’a étudié que 3 études sur les souris sur les 5 utilisées par l’EFSA et le CIRC n’a étudié que 3 études sur les rats sur les 9 utilisées par l’EFSA).
  • Le CIRC estime également qu’il existe des preuves mécanistiques solides que l’exposition au glyphosate entraîne des effets génotoxiques ou induit du stress oxydatif, alors que l’EFSA estime qu’il est improbable que le glyphosate puisse être génotoxique. 
La divergence d’appréciation s’explique aussi par des différences dans l’interprétation des données disponibles, notamment sur la pertinence biologique de données d’expérimentations animales ou encore sur l’absence de prise en compte par l’EFSA de la cytotoxicité secondaire.  
Enfin, la portée des travaux du CIRC et de l’EFSA diffère : le CIRC se concentre sur la question du danger causé par le glyphosate (indépendamment du degré d’exposition), alors que l’EFSA analyse les risques encourus pour la santé humaine ou l’environnement (combinant danger et exposition). Les doses à partir desquelles des études identifient des effets cancérogènes chez l’animal (au-delà de l’absorption de 1 000 mg/kg de poids corporel) sont très élevées et donc improbables à atteindre, avec une dose journalière admissible (DJA) fixée à 0,5 mg/kg de poids corporel, correspondant à une dose sans effet observé (NOAEL) de 50 mg/kg à laquelle s’applique un facteur de sécurité de 100. Les agences ont donc jusqu’à présent écarté le risque cancérigène en cas d’exposition au glyphosate, dans les conditions normales d’utilisation de cette substance.
Complément du 23 mai 2029. On écoutera avec intérêt le débat, « Faut-il interdire le glyphosate? »

dimanche 19 mai 2019

Recette pour détruire les pathogènes: un peu d'air, un peu d'électricité et appuyer sur le bouton


« Des chercheurs ont publié les premiers résultats en utilisant la science du plasma afin d'éliminer les risques liés à l'eau, aux déchets, aux produits chimiques et à la résistance aux antimicrobiens ». source article de Samantha Watters paru sur le site du College of Agriculture & Natural Ressources du Maryland.

Et si vous pouviez tuer 99% des bactéries potentiellement dangereuses à la surface de vos produits frais en une minute en un seul geste?

Les consommateurs pourraient disposer de dispositifs de taille et de fonctionnement similaires à ceux d'un four à micro-ondes, tandis que les chaînes de production et de traitement des restaurants et des entreprises de transformation des aliments pourraient intégrer une petite quantité d'électricité et d'air nécessaire. Cela est devenu plausible grâce aux recherches menées à l'Université du Maryland (UMD) et axées sur des travaux novateurs dans le domaine de la science du plasma à basse température.

Dans un article publié récemment dans Plasma Processes and Polymers, des chercheurs en Materials Science and Engineering (MSE) de l’Institute for Research in Electronics and Applied Physics (IREAP) and Nutrition & Food Science (NFSC) du College of Agriculture & Natural Resources (AGNR) ont rapporté 99% de mortalité chez E. coli à la surface de produits frais après seulement une minute de traitement, dans le cadre d'un processus appelé attaque chimique et modification de surface, où la plus petite couche de la membrane externe de la bactérie est endommagée par de l'air principalement électrifié. appelé plasma.

« Le plasma est ce que l’on appelle le quatrième état de la matière, et c’est techniquement l’état de la matière le plus abondant dans l’univers », explique Gottlieb Oehrlein, professeur en MSE.

« Il y a les états solide, liquide, gazeux et plasma de la matière. Ce dernier est un gaz électrifié et l’état le plus énergétique et le plus réactif de la matière. Nous pouvons utiliser l'énergie électrique pour produire cet état à partir de l'air, et les espèces réactives générées ont des impacts très importants sur les agents pathogènes où elles peuvent attaquer une partie de leurs membranes externes et les modifier biochimiquement. »

Oehrlein et son équipe sont connus dans le domaine de la science du plasma pour leurs travaux sur les interactions plasma-matériau. La plupart des gens pensent que le plasma est la technologie derrière les téléviseurs à plasma et les puces informatiques, mais cet air électrifié peut être utilisé de nombreuses autres manières.

En fait, il est déjà très utilisé dans le secteur de la santé pour assainir les outils chirurgicaux et des essais cliniques en dermatologie ont également été menés pour le traitement des maladies chroniques de la peau. Le plasma est concentré pour ressembler à un très petit chalumeau, mais froid au toucher.

« Microscopiquement, la surface des bactéries est bombardée par ces espèces plasmatiques exotiques. Cela conduit à l'enlèvement des matériaux et à la modification de la surface », a déclaré Pingshan Luan, auteur principal de ce travail et récent diplômé en MSE. « Une fois que la composition est modifiée, la paroi cellulaire de la bactérie perd son intégrité fonctionnelle et structurelle. »

C’est ce qui rend le concept de résistance aux antimicrobiens inutile dans un processus comme celui-ci, car les changements sont structurels, ce qui en fait une option très intéressante pour la décontamination des aliments. « La résistance au plasma n’arrive jamais, car il s’agit d’un stress structurel et d’une dégradation », dit Oehrlein.

C'est également un processus à froid contrairement au chalumeau traditionnel, parfait pour protéger la qualité des aliments.

« Actuellement, la stérilisation au plasma pour l’alimentation suscite un regain d’intérêt, et ces travaux permettent de mieux comprendre les procédés en fonctionnement », ajoute Oehrlein.

Cela est dû en partie à la récente augmentation des épidémies de maladies d’origine alimentaire et à l’attention accrue portée à la sécurité des aliments. Les gens font des choix alimentaires plus sains, entraînant une demande accrue d'aliments frais et non transformés. Les fruits et légumes frais sont souvent consommés crus, contribuant ainsi à l'augmentation du nombre de foyers de maladies d'origine alimentaire, qui sont passés de 0,70% dans les années 1970 à 33% pour seulement 2012. Bien que les maladies d'origine alimentaire provenant de produits frais soient assez rares, il est nécessaire de veiller à ce que ces produits soient correctement désinfectés avant leur consommation.

« Les États-Unis disposent des denrées alimentaires les plus sûres, mais les produits frais restent une source substantielle d’épidémies », explique Rohan Tikekar, professeur adjoint à la NFSC. « Le problème est que nous n’avons pas d'étape de destruction pour nos produits frais. Nous les récoltons, nous pouvons faire un peu de refroidissement après récolte, puis nous pouvons laver les produits pour les conditionner et les expédier. »

Cependant, même le lavage des produits peut être problématique. « Le processus de lavage est une arme à double tranchant », explique Tikekar. « Cela rend les produits plus attrayants et enlève la saleté, mais si cela n'est pas fait correctement, l'eau devient un support pour qu'une petite quantité de bactéries se transmette à un plus grand nombre de produits. Vous pouvez commencer avec, par exemple, 10 têtes de laitues contaminées, et avec un lavage incorrect, vous pourriez vous retrouver avec 10 tonnes de laitues contaminées. »

« En plus de cela, ce processus nécessite beaucoup de ressources et n'est pas particulièrement écologique. « Le lavage des produits est une opération gourmande en énergie et en ressources, et même si les chiffres varient, vous pouvez utiliser jusqu'à 4,5 litres d'eau par presque une livre de produit. » explique Tikekar.

« Cela peut être une source importante de consommation d’eau. En outre, vous devez généralement refroidir l’eau pour maintenir la qualité des produits. Ainsi, l’ensemble du processus est réfrigéré, ce qui nécessite beaucoup d’énergie. Nous avons ajouté des désinfectants à base de chlore à l'eau, ce qui permet de tuer les bactéries avant qu'elles ne soient transférées dans un autre produit. Ceci est très efficace, mais les désinfectants à base de chlore se dissipent également rapidement et vous devez les reconstituer en permanence pour maintenir le taux de chlore. Bien que cela soit sûr et efficace, ce processus présente des limites et des efforts sont déployés pour trouver des méthodes alternatives pour concurrencer le chlore en tant que désinfectant alimentaire en raison de perceptions et de problèmes de résistance. »

Le plasma pour la décontamination des aliments est un processus durable, sans produits chimiques, ce qui le rend attrayant. « Les procédés de décontamination classiques utilisent beaucoup d'eau et de désinfectants aqueux tels que le chlore et le dioxyde de chlore. La facture d'eau, éventuellement à la charge des consommateurs, reste très élevée », explique Luan. « L’approche plasma n’utilise pas d’eau. Presque tout ce dont nous avons besoin est un peu d’électricité et d’air. L’air est quasiment gratuit et l’électricité ne coûte qu’environ 12 cents le kilowatt heure. Grâce à notre technologie, vous pouvez décontaminer les trois repas du jour sans que cela ne vous coûte un sou. Le processus est écologique et peut également être facilement intégré aux lignes de transformation des aliments existantes, telles que les bandes transporteuses. »

Selon Oehrlein, cela pourrait être aussi simple que d’« allumer et d’éteindre une lampe ». Tikekar dit, « Vous pouvez le faire à une échelle industrielle, mais vous pouvez également imaginer le faire à l’échelle d’un restaurant, dans une salle à manger ou même au niveau des consommateurs individuels, où vous pouvez potentiellement disposer d’un dispositif de type micro-ondes qui pourrait inactiver les agents pathogènes juste avant consommation. Une minute de traitement permet de tuer plus de 99% des bactéries présentes sur les feuilles d'épinards, donc c'est très efficace. »

Bien que ce processus présente peu de risques, les chercheurs sont prêts à approfondir cette question à l'avenir. « Les effets secondaires de notre technologie de transformation sont encore à l'étude. À l'avenir, nous examinerons de plus près l'évolution du contenu nutritionnel », a dit Luan. « La seule chose qui a été testée jusqu’à présent est l’aspect physique de l'aliment, mais les nutriments comme les vitamines et les antioxydants n’ont pas été caractérisés. Cependant, de par notre expérience, le plasma est une technologie de traitement de surface et le volume affecté se situe généralement à quelques dizaines de nanomètres de la surface, soit environ un dixième de millions de la feuille verte. Il est donc peu probable que le contenu nutritionnel soit fortement affecté. Nous sommes toujours à la recherche de tous les effets secondaires potentiels avant de pouvoir utiliser cette technologie, mais le potentiel est là et très prometteur. »

Le document intitulé « Decontamination of raw produce by surface microdischarge and the evaluation of its damage to cellular components » publié dans Plasma Processes and Polymers est disponible ici.

NB : L'image provient d'un article de Food Safety News.