lundi 18 septembre 2023

Association entre la consommation d’additifs alimentaires émulsifiants et le risque de maladies cardiovasculaires

«Association entre la consommation d’additifs alimentaires émulsifiants et le risque de maladies cardiovasculaires», source communiqué de l’Inserm du 7 septembre.

Les émulsifiants figurent parmi les additifs les plus largement utilisés par l’industrie agroalimentaire. Ils permettent d’améliorer la texture des aliments et de prolonger leur durée de conservation. Des chercheurs et chercheuses de l’Inserm, d’Inrae, de l’Université Sorbonne Paris Nord, d’Université Paris Cité et du Cnam, au sein de l’Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren-Cress), se sont intéressés aux conséquences sur la santé cardiovasculaire de la consommation d’émulsifiants alimentaires. Ils ont analysé les données de santé de 95 442 adultes participant à l’étude de cohorte française NutriNet-Santé au regard de leur consommation globale de ce type d’additifs alimentaires. Les résultats suggèrent une association entre les apports alimentaires d’additifs émulsifiants et un risque accru de maladies cardiovasculaires. Ils font l’objet d’une publication dans le British Medical Journal.

Les émulsifiants figurent parmi les additifs les plus couramment utilisés dans les aliments industriels. Ils sont souvent ajoutés aux aliments transformés et emballés tels que certaines pâtisseries, gâteaux et desserts industriels, glaces, barres chocolatées, pains industriels, margarines et plats préparés, afin d’améliorer leur apparence, leur goût, leur texture et leur durée de conservation. Ils comprennent les celluloses, les mono- et diglycérides d’acides gras, les amidons modifiés, les lécithines, les carraghénanes, les phosphates, les gommes et les pectines.

Comme pour tous les additifs alimentaires, la sécurité des émulsifiants est régulièrement évaluée sur la base des preuves scientifiques disponibles à un moment donné. Pourtant, certaines recherches récentes suggèrent que les émulsifiants peuvent perturber le microbiote intestinal et augmenter le risque d’inflammation, entraînant une susceptibilité potentiellement accrue aux problèmes cardiovasculaires.

Pour approfondir cette question, des chercheuses et chercheurs français ont entrepris d’évaluer les liens entre l’exposition aux émulsifiants et le risque de maladies cardiovasculaires, incluant les maladies coronariennes et les maladies cérébrovasculaires, c’est-à-dire les pathologies affectant la circulation sanguine et les vaisseaux sanguins dans le cœur et le cerveau.

Leurs conclusions sont fondées sur l’analyse des données de 95 442 adultes français (âge moyen 43 ans ; 79% de femmes) sans antécédents de maladie cardiovasculaire qui ont participé volontairement à l’étude de cohorte NutriNet-Santé entre 2009 et 2021.

Au cours des deux premières années de suivi, les participants ont rempli en ligne au moins trois (et jusqu’à 21) jours d’enregistrements alimentaires. Chaque aliment ou boisson consommé a ensuite été croisé avec des bases de données afin d’identifier la présence et la dose des additifs alimentaires, dont les émulsifiants. Des dosages en laboratoire ont également été effectués pour fournir des données quantitatives.

Les participants ont été invités à signaler tout événement cardiovasculaire majeur, tel qu’une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral, qui ont été validés par un comité d’experts après examen de leurs dossiers médicaux. Les décès liés aux maladies cardiovasculaires ont également été enregistrés à l’aide du registre national français des décès.

Plusieurs facteurs de risque bien connus pour les maladies cardiaques, notamment l’âge, le sexe, le poids (IMC), le niveau d’éducation, les antécédents familiaux, le tabagisme et les niveaux d’activité physique, ainsi que la qualité globale de l’alimentation (par exemple, les apports en sucre, en sel, en énergie et en alcool) ont été pris en compte.

D’autre part, des apports plus élevés en monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E471 et E472) ont été associés à des risques plus élevés pour toutes les pathologies étudiées. Parmi ces émulsifiants, l’ester lactique des monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E472b) était associé à des risques plus élevés de maladies cardiovasculaires et de maladies cérébrovasculaires, et l’ester citrique des monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E472c) était associé à des risques plus élevés de maladies cardiovasculaires et de maladies coronariennes.

Une consommation élevée de phosphate trisodique (E339) était également associée à un risque accru de maladies coronariennes.

Aucune association n’a été détectée dans cette étude entre les autres émulsifiants et la survenue de maladies cardiovasculaires.

NB : La photo est issue d’Affidia.

Le niveau scientifique des anti-OGM franchit le mur du çon !

Les sardines confirmées comme source du botulisme alors que le nombre de patients augmente

Quelques compléments d’information sont fournis par cet article de Food Safety News du 18 septembre 2023, «Les sardines confirmées comme source du botulisme alors que le nombre de patients augmente».

Le nombre de personnes malades suite à une éclosion de botulisme due à des sardines contaminées est passé à 15.

Les patients comprennent des Américains et des Canadiens ainsi que des personnes originaires d'Angleterre, de France, d'Allemagne, de Grèce, d'Irlande et d'Espagne.

Au moins 10 ont été hospitalisés et huit admis dans des unités de soins intensifs. Une personne est décédée.

Il a été confirmé que les sardines produites localement et conservées dans l'huile étaient le véhicule de l'infection. Ils étaient servis au restaurant mais distribués nulle part ailleurs.

Les médias locaux ont rapporté qu'une enquête sur cet incident avait été ouverte par le parquet de Bordeaux.

La toxine botulique de type B a été identifiée dans des échantillons de sérum provenant de certains cas, et les sardines ont été testées positives pour Clostridium botulinum de type B.

Tous les patients ont dit avoir mangé au même point de vente à Bordeaux, le Tchin Tchin Wine Bar, avant de tomber malade. Le restaurant est proche de la fan zone de la Coupe du monde de rugby 2023 et se trouve dans une zone prisée des touristes.

Les investigations menées par les autorités françaises montrent que jusqu'à 25 personnes pourraient avoir été exposées.

Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a dit que le risque d'infection pour les Européens était considéré comme faible, mais que d'autres cas connexes pourraient survenir dans les prochains jours.

Les autorités nationales en alerte

L'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a signalé que trois cas concernaient des résidents du pays.

L'ASPC a dit qu'il pourrait y avoir d'autres cas identifiés parmi les Canadiens en France qui ont mangé au restaurant, car les symptômes du botulisme peuvent mettre plusieurs jours à apparaître.

L'agence a ajouté qu'elle était en contact avec des partenaires fédéraux, provinciaux, territoriaux et internationaux, tels que Santé Publique France, pour surveiller et lutter contre l'éclosion.

Le Health Service Executive (HSE) en Irlande a déclaré qu’un «petit nombre» de citoyens irlandais avaient été touchés et recevaient des soins en France. L'agence a conseillé aux personnes ayant mangé des sardines au restaurant entre le 4 et le 10 septembre de consulter un médecin d'urgence en cas de malaise.

Trois patients étaient retournés en Angleterre pour être soignés. Cependant, il se peut qu'il y ait désormais davantage de personnes au Royaume-Uni qui ont mangé au restaurant et que les autorités françaises n'ont pas pu retrouver, a dit la UK Health Security Agency (UKHSA)

L'intoxication botulique est une maladie rare mais potentiellement mortelle, causée par des toxines produites par la bactérie Clostridium botulinum. Dans le cas du botulisme d'origine alimentaire, les symptômes commencent généralement 18 à 36 heures après avoir mangé des aliments contaminés. Cependant, ils peuvent survenir dès six heures ou jusqu'à 10 jours plus tard. Les symptômes peuvent inclure une vision double ou floue, des paupières tombantes, des difficultés d'élocution, des difficultés à avaler ou à respirer, une paralysie, une langue épaisse, une bouche sèche et une faiblesse musculaire.

Mise à jour du 18 septembre 2023

Deux plaintes ont été déposées par la famille et le compagnon de la femme de nationalité grecque de 32 ans décédée après intoxication alimentaire dans un restaurant de Bordeaux. Source RTL.

Mise à jour du 12 octobre 2023

On lira l’étude, «Food-borne botulism outbreak during the Rugby World Cup linked to marinated sardines in Bordeaux, France, September 2023», parue le 12 octobre dans Eurosurveillance.

Complément bis
On lira ce document de l’Anses du 26 octobre 2023, «Le botulisme : de quoi s’agit-il et comment s’en prémunir ?» 

Alccol : Les campagnes perdues du ministre de la Santé

Ça, c’était en janvier 2023, «Alcool et «Bonne santé», une association paradoxale dénoncée dans la nouvelle campagne de Santé publique France».

Avec la période des fêtes, le mois de janvier est souvent synonyme de célébrations accompagnées de consommations d’alcool, pour se souhaiter une bonne année et trinquer « à la santé » de ses proches et de sa famille. Pourtant, l’alcool n’a rien à voir avec la bonne santé.

Mais aujourd’hui, changement de cap du ministère de la Santé en se faisant hara-kiri ...

Après l’annulation de deux campagnes de prévention sur l’alcool, des acteurs de la santé publique dénoncent les «faux prétextes» du gouvernement.

L'affaire rapportée le 11 septembre dernier par une enquête de Radio France est emblématique. Le ministère de la Santé a en effet annulé deux campagnes de communication développées par Santé publique France elle-même en raison de la pression probablement reçue du lobby de la filière nationale viti-vinicole.

Le ministère se serait donc censuré après avoir investi du temps et des ressources dans deux projets désormais achevés, car les campagnes en question avaient le «défaut» de mettre en garde contre la consommation d'alcool en général et ne faisaient pas simplement la promotion de ce qui est défini comme une consommation «responsable».

L'une de ces campagnes (voir images) soulignait par un jeu de mots que la consommation d'alcool multiplie les risques de problèmes cardiovasculaires et d'accidents vasculaires cérébraux hémorragiques. Le second aurait pourtant dû sortir au mois de septembre, à l'occasion de la coupe du monde de rugby, qui a débuté le 11 septembre. En effet, étant donné que ce sport est de plus en plus suivi en France, le message en question aurait pu toucher le vaste public de supporters, concentrés dans les foyers et les bars pour suivre les matchs. Même le contenu (un entraîneur encourageant les fans à éviter l'abus d'alcool et à ne pas se laisser assommer par l'alcool) a été conçu spécifiquement pour l'événement sportif.

Le ministère donne en revanche son aval pour une campagne de prévention à destination des jeunes. Intitulée «c’est la base», elle reprend les principes d’une précédente campagne diffusée en 2019, à savoir : «faire attention à ses amis s’ils boivent trop», «boire aussi de l’eau en soirée» et «ne pas oublier de manger». Elle sera diffusée prochainement, notamment sur les réseaux sociaux.

L’article a été écrit à partir d’éléments de il fatto alimentare.

NB : Photo Radio France des images de prévention retoquées par le minstre de la Santé.

dimanche 17 septembre 2023

Le 17 septembre 2023 est la Journée internationale des micro-organismes !

Le 17 septembre est la Journée internationale des micro-organismes, car en ce jour de 1683, Antonie van Leeuwenhoek écrivait à la Royal Society que ses dents hébergeaient «de nombreux très petits animalcules». La compréhension de ces «animacules» et de leur importance dans tous les aspects de nos vies a depuis lors parcouru un long chemin ...

Quelques éléments sur les cas de botulisme à Bordeaux

Le blog a souhaité revenir sur différents aspects de ces cas de botulisme à Bordeaux.
Pour mémoire, le blog a publié deux articles sur des cas de botulisme alimentaire à Bordeaux :

Un lecteur du blog a très utilement complété le premier article du blog et je voudrais faire profiter l’ensemble des lecteurs de ses commentaires éclairés, sachant par expérience que certains ne les lisent pas toujours. Merci donc à ce lecteur !

Premier commentaire

La Direction générale de la Santé (DGS) indique que ce 13 septembre au soir, le bilan de l’intoxication s’élève à 12 personnes touchées, dont une femme de 32 ans décédée après avoir transité aux urgences d'un hôpital francilien, 5 personnes intubées et deux en surveillance continue. La plupart des patients sont suivis en Gironde, un patient en Ile-de-France (le mari de la personne décédée) , un patient en Espagne (Barcelone) et un patient en Allemagne.

«Tous nos patients ont bénéficié d'un traitement antitoxinique», a précisé Benjamin Clouzeau, médecin réanimateur au CHU de Bordeaux. Désormais, «leur état peut potentiellement persister pendant plusieurs semaines», au cours desquelles «de multiples complications» peuvent survenir, selon lui. «C'est exceptionnel. En France nous avons entre 20 et 30 cas par an». Les antitoxiniques utilisés font partie d’un stock stratégique géré par l’armée. «Au vu de la situation, nous avons dès le début de semaine demandé à nos collègues pharmaciens de rapatrier sur le CHU les stocks», afin de pouvoir les administrer «le plus rapidement possible» si besoin.

Second commentaire

Commentant , un communiqué de Santé publique France du 15 septembre (dernier communiqué à ma connaissance), il indique :

Il s'agirait d'un cas de botulisme dû à la toxine de type B, habituellement trouvée chez le porc ( les poissons étant plus souvent contaminés par la toxine de type E). Le procédé de fabrication des conserves artisanales de sardines de ce restaurant aurait-il permis des souillures par de la terre ou par des cochonnailles ? Mauvaise stérilisation d'un aliment comportant beaucoup d'eau libre accessible au développement bactérien (une forte teneur en sel diminue l'eau libre disponible) . Et lors de l'utilisation, bien que le restaurateur ait constaté que certains bocaux étaient gâtés et les ait éliminés, il a considéré que les autres bocaux étaient corrects et n'a pas recuit les sardines au moment de les servir, 80°C pendant 3 minutes à cœur aurait détruit la neurotoxine botulique sensible à la chaleur, cependant les caractères organoleptiques de l'aliment en auraient pâti.

Réponse

J’ai indiqué ce qui avait été cité par la presse par le gérant du restaurant,
«Je reconnais que j’avais un lot de sardines stérilisées et qu’à l’ouverture j’ai dû en jeter certaines qui avaient une forte odeur. D’autres paraissaient saines et ont été servies aux clients».
Autrement dit la contamination n'a pas d'odeur !

Troisième commentaire

C'est bien le piège du botulisme ! Pas d'alerte perceptible pour le consommateur !

En fonction de l'aliment on utilise différents facteurs pour tuer les spores (dans les conserves neutres) ou pour inhiber la germination et la toxinogenèse:

- pour une conserve neutre (non acide pH>4.6), on doit stériliser 3 minutes à 121°C à cœur : boites de conserve classiques, ou 30 minutes à 111°C . Pas possible avec une simple lessiveuse qui n'atteint que 100°C, il faut autoclaver les bocaux dans une cocotte-minute.
- pour une conserve acide, les spores sont inhibées par pH <4.6, la pasteurisation tue les autres bactéries, acido-tolérantes (on n'a pas de botulisme avec un jus de fruit ou tomates « acides »)
- pour un produit frais (frigo), si la conservation est mauvaise, les autres bactéries ou moisissures vont altérer le produit qui ne sera pas consommé car puant et pourri.
Le problème se pose surtout pour les produits sous vide ou atmosphère modifiée, qui bloque la flore d'altération mais pas la bactérie botulinique (anaérobie)
- pour les salaisons, la teneur en sel diminue l'eau libre disponible pour le développement bactérien.

Compléments sur ces cas de botulisme

Dans le second article du blog, citant Le Figaro, « Le restaurateur lui-même a confirmé qu'à l'ouverture des bocaux, il y avait une mauvaise odeur et une absence de vide », explique Thierry Touzet, le directeur adjoint de la direction départementale de la protection des populations.
«L'établissement était plutôt bien tenu, a ensuite assuré le directeur adjoint de la DPPD de Gironde, mais par contre un vrai défaut de maîtrise du process de conserve», avec «un mode opératoire très artisanal.» Source TF1.

Autre aspect, une déclaration du président de l'union des métiers et des industries de l'hôtellerie en Gironde me paraît malvenue, il appelle néanmoins à «ne pas faire d'amalgame ». Selon lui, « la personne a cru bien faire en voulant stériliser ses sardines elle-même ».

Soit, mais le gérant du restaurant, a-t-il reçu ou non une formation à la stérilisation des conserves ?

Mise à jour du 18 septembre 2023

Deux plaintes ont été déposées par la famille et le compagnon de la femme de nationalité grecque de 32 ans décédée après intoxication alimentaire dans un restaurant de Bordeaux. Source RTL.

Mise à jour du 12 octobre 2023

On lira l’étude, «Food-borne botulism outbreak during the Rugby World Cup linked to marinated sardines in Bordeaux, France, September 2023», parue le 12 octobre dans Eurosurveillance.

Nouveau rappel dans la série des rappels oubliés par RappelConso

Dans l’information des rappels de cette semaine, mise à part les deux rappels de moules de bouchot oubliés, voici les saucisses sèches de la marque Auvernou rappelées le 12 septembre 2034 chez Carrefour et chez Auchan pour la raison suivante :

- Etiquetage du produit en chinois.

- Motif du rappel : Erreur d'étiquetage : présence des langues chinoise et anglaise sans le français.
- Risques encourus : Anomalie d'étiquetage.
- Description complémentaire du risque : Allergènes non mentionnés en français.

Il y a bien une saucisse sèche rappelée le 16 septembre et signalée par RappelConso, mais la cause du rappel est la présence de Listeria monocytogenes ...

Trois études couvrent différentes intoxications alimentaires au Japon

«Trois études couvrent différentes intoxications alimentaires au Japon», source article de Food Safety News du 15 septembre 2023.

Trois études récemment publiées ont détaillé une éclosion de botulisme d'origine alimentaire, une infection à Bacillus subtilis et des éclosions à Campylobacter au Japon.

La première étude, publiée dans Emerging Infectious Diseases, couvrait une épidémie de botulisme en 2021 causée par Clostridium botulinum à Kumamoto.

Un repas pris dans une résidence privée était la cause suspectée, et quatre patients ont été atteints. La toxine botulique et Clostridium botulinum ont été détectés dans trois des quatre échantillons. Un plat de poulet préparé dans le commerce en était probablement la cause, mais aucun aliment n'a été laissé pour analyses.

Clostridium botulinum est divisé en groupes I à IV, et les neurotoxines botuliques (BoNT) sont classées en sept types : A à G. Le botulisme humain est principalement causé par les toxines de types A, B et E, ainsi que par des infections humaines à Clostridium botulinum groupe III, qui produit les toxines de types C et D, sont rares.

Seules cinq épidémies d'origine alimentaire dues à Clostridium botulinum du groupe III ont été enregistrées, et au Japon, un seul cas de botulisme infantile causé par le type C a été signalé.

L'analyse de la souche isolée lors de l'épidémie a révélé qu'elle possédait le gène BoNT/C et était légèrement différente du gène BoNT/C de référence. Les chercheurs ont dit que ce gène n'avait pas été signalé auparavant et ont proposé sa désignation comme nouveau sous-type de toxine de Clostridium botulinum.

«Le risque d’infection humaine par ce nouveau type de toxine devrait également être étudié dans le cadre de recherches futures. Cependant, étant donné que les infections humaines par un type de toxine similaire, Clostridium botulinum groupe III, se sont rarement produites, ce nouveau type de toxine pourrait constituer peu de menace pour la santé humaine», ont dit les scientifiques.

Deuxième épidémie

Une autre étude publiée dans la même revue a présenté un cas de bactériémie à Bacillus subtilis chez un patient ayant mangé un plat traditionnel.

Les méthodes génotypiques ont montré la présence de bactéries dans un échantillon de sang et les natto ingérés appartenaient aux mêmes souches. Le natto, aliment fermenté traditionnel au Japon, est préparé en ajoutant du Bacillus subtilis natto au soja et en le faisant fermenter.

Un homme de 65 ans atteint d'un cancer a été admis à l'hôpital universitaire d'Oita avec de la fièvre et des douleurs abdominales basses. Il avait l'habitude de manger du natto. Deux mois avant son admission, il a commencé une chimiothérapie. Après plus de deux mois, le patient est sorti de l’hôpital.

Deux autres marques de natto et celle que le patient a déclaré avoir consommé ont été analysées. L'analyse a révélé que deux marques de natto contenaient différentes souches bactériennes. De nombreuses marques sont vendues au Japon ; chacun utilise des cultivars de soja, des conditions de transformation et des souches de Bacillus subtilis natto différents. Les chercheurs ont dit que des antécédents de consommation de natto à eux seuls pourraient ne pas être associés à la cause de la bactériémie à Bacillus subtilis, car la consommation de ce produit n'est pas rare.

Les scientifiques ont dit qu'à mesure que la popularité de la cuisine japonaise augmente dans le monde entier, les cliniciens du monde entier devraient être conscients de la bactériémie à Bacillus subtilis causée par la consommation de natto.

«Notre cas et d’autres dans la littérature indiquent que les patients âgés ou immunodéprimés qui consomment du natto courent un risque d’infection grave. Les cliniciens doivent conseiller aux patients appartenant à ces groupes à risque d'éviter de manger du natto ou des produits alimentaires contenant la bactérie Bacillus subtilis.

Campylobacter et lait cru

La troisième étude, publiée dans la revue Foodborne Pathogens and Disease, a détaillé des épidémies à Campylobacter liées au lait cru.

En août 2018, il y a eu trois éclosions de campylobactériose, probablement causées par la consommation de lait cru non pasteurisé provenant de la même ferme.

Les chercheurs ont analysé les isolats de Campylobacter jejuni obtenus sur les trois sites en utilisant plusieurs méthodes.

Le séquençage du génome entier (WGS) et l'analyse des variations d’un seul nucléotide (SNV) ont fourni des preuves indiquant que la contamination était attribuée à la ferme. Les scientifiques ont déclaré que les résultats suggèrent que l’analyse SNV fournit un soutien biologique moléculaire dans les cas disposant d’informations épidémiologiques suffisantes. Des méthodes analytiques similaires peuvent être utilisées dans d’autres cas sporadiques pour déterminer leur pertinence.

samedi 16 septembre 2023

La sécurité des aliments en Inde vue par un consommateur (une série)

Message d’un consommateur mécontent à Unibic Cookies, une entreprise indienne.

Très mauvais service et fabrication de votre part. J'ai trouvé des cheveux à l'intérieur du paquet de cookies Unibic.

C’est ainsi que vous maintenez la sécurité des aliments ?
Fabriquer des aliments avec des cheveux humains ? 

Listeria monocytogenes : une bactérie aux capacités d’adaptation insoupçonnées, selon le projet européen Listadapt

«Listeria monocytogenes : une bactérie aux capacités d’adaptation insoupçonnées», source communication de l’Anses du 11 septembre 2023.

Dans les aliments, chez les animaux d’élevage et sauvages, dans le sol, l’eau, la végétation… Listeria monocytogenes est une bactérie très largement répandue. Le projet européen Listadapt s’est intéressé aux capacités d’adaptation des souches de cette bactérie à ces différents milieux. Il a révélé que ces capacités sont indépendantes du milieu d’origine des souches ou de leur appartenance à un sous-groupe donné.

Listeria monocytogenes est la bactérie responsable de la listériose chez l’être humain. En France, la maladie reste rare mais représente la deuxième cause de décès d’origine alimentaire. Elle peut entraîner une septicémie ou une infection du système nerveux central. L’infection chez la femme enceinte peut provoquer un avortement, un accouchement prématuré ou une infection néonatale grave.

Le projet européen Listadapt avait pour objectif de comprendre les mécanismes d’adaptation des souches de Listeria à leur environnement. En effet, la bactérie comprend de nombreuses souches qui ne vivent pas dans les mêmes milieux : «nous avions précédemment constaté que certaines souches étaient présentes dans les aliments mais pas chez les animaux ni dans l’environnement naturel, et inversement.», explique Sophie Roussel, coordinatrice du projet et responsable de l’équipe de recherche de l’unité Salmonella et Listeria au sein du laboratoire de sécurité des aliments de l’Anses à Maisons-Alfort.

Connaître leurs mécanismes d’adaptation permettrait notamment de savoir quelles souches sont susceptibles de proliférer au contact des aliments et quelles sont celles pouvant être par exemple résistantes à un désinfectant ou à un antibiotique. Listadapt a été financé de 2018 à 2020 par le programme One Health EJP, coordonné par l’Anses. Le projet réunissait 8 partenaires de 7 pays européens. Au sein de l’Anses, en plus du laboratoire de sécurité des aliments qui a coordonné le projet, celui de Fougères a été impliqué dans l’étude de la résistance aux antibiotiques et aux produits biocides, tandis que celui de Ploufragan-Plouzané-Niort a contribué à l’obtention des génomes avec sa plateforme de séquençage à haut débit.

1 485 nouvelles souches de bactéries

Grâce à la collaboration d’instituts et de laboratoires dans toute l’Europe, les membres du projet ont rassemblé 1 485 nouvelles souches de Listeria monocytogenes. Certaines ont été prélevées spécialement dans le cadre de Listadapt. D’autres provenaient de collections existantes mais n’avaient pas encore été étudiées. « Ces souches couvrent toute la diversité de Listeria monocytogenes, souligne la scientifique. Elles ont des origines variées et appartiennent à 80 familles clonales.» Les familles clonales, appelées aussi complexes clonaux sont des sous-groupes de Listeria monocytogenes différenciés sur la base de certains gènes. Premier constat : certaines familles clonales sont préférentiellement présentes dans des environnements spécifiques. Mais contrairement à ce que les scientifiques pouvaient supposer, ceci ne s’explique pas par une capacité accrue à survivre dans ces milieux.

Des caractéristiques différentes entre les souches d’une même famille clonale

Parmi les souches collectées, les scientifiques ont sélectionné un sous-panel de 100 souches environnementales ou animales et 100 souches alimentaires pour étudier finement leurs caractéristiques. «Nous avons par exemple découvert que certaines souches prélevées dans les aliments peuvent survivre dans le sol et d’autres non, même si elles appartiennent à une même famille clonale», explique Sophie Roussel. Les capacités des bactéries à former des biofilms, à adhérer à des surfaces et à résister à des désinfectants et des antibiotiques ont également été étudiées. Là aussi, une grande variabilité au sein d’une même famille clonale a été constatée.

Certains résultats suggèrent que les différences de capacité d’adaptation des souches pourraient venir de l’effet cumulé de petites variations génétiques. Des études supplémentaires sont cependant nécessaires pour confirmer cette piste. «Il y a énormément de données. Même si le projet est officiellement terminé, il nous faudra encore 2 ou 3 ans pour tout analyser.» conclue Sophie Roussel.

En savoir plus

Commentaire

En attendant, Listeria monocytogenes reste, et de loin, la première cause de rappel de produits alimentaires en France ...
Merci à Joe Whitworth de m’avoir signalé cette information.