samedi 15 juin 2019

Le grand n'importe quoi des avis de rappel en France par l'exemple


Le 20 mai 2019, il y a eu un rappel d'origan de marque Albert Ménès distribué par Auchan pour cause de présence d'alcaloïdes pyrrolizidiniques en concentration supérieure aux recommandations fixées par les autorités européennes.

Ce rappel d'origan m'avait intrigué et à son sujet j'avais publié le 22 mai un article ici.

Par ailleurs, dans un récapitulatif des rappels de lai 2019, j'indiquais dans un article du 1er juin 3019 qu'il n'y avait pas d'information de la part de la DGCCRF au sujet de ce rappel.

Ce rappel faisait pourtant suite à une notification au RASFF de l'UE par l'Autriche le 9 mai 2019.

Et bien, tout arrive, l'information de la DGCCRF est publiée le … 14 juin 2019!
Une fois de plus, force est de constater que les avis de rappel, c'est du grand n'importe quoi ..
Avis de rappel de pots en verre d'origan de marque Albert Ménès 
  • Nom du produit : Origan 22g
  • Marque : Albert Ménès
  • Référence : Pot en verre - EAN : 3234750031848
  • Lot : 18.262.766 avec DDM au 09/2021

Risque : Présence d’alcaloïdes pyrrolizidiniques en concentration supérieure aux recommandations émises par les autorités européennes
Commentaire : Il est demandé aux personnes qui en auraient acheté, et qui en détiendraient encore, de ne pas les consommer et de les ramener à leur point de vente.

vendredi 14 juin 2019

Des problèmes dans le système britannique de sécurité des des aliments sont mis en évidence dans un rapport


« Un rapport du NAO révèle des problèmes dans le système britannique de sécurité des des aliments », source article de Joe Whitworth paru le 13 juin 2019 dans Food Safety News.

Au Royaume-Uni, le système de sécurité sanitaire des aliments et de normalisation présente des signes de « tension », selon un rapport du National Audit Office (NAO*) du pays.

Le rapport discute de l’efficacité des réglementations en vigueur pour garantir la sécurité des aliments. Il couvre les contrôles de la sécurité alimentaire et les normes alimentaires, qui relèvent de la responsabilité de la Food Standards Agency (FSA), ainsi que les exigences en matière de composition et d’étiquetage en vertu du mandat du Department for Environment, Food & Rural Affairs (Defra).

Le système de réglementation des aliments est complexe, soumis à une pression financière croissante et à des éléments obsolètes, selon le rapport de la NAO.

Le NAO a exprimé des « inquiétudes » sur la capacité du système réglementaire actuel à optimiser les ressources en réponse aux incertitudes, notamment sur les nouveaux scénarios de négociation suivant la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne et sur les nouveaux risques pour la sécurité des aliments. Environ la moitié de tous les aliments consommés au Royaume-Uni sont produits en dehors du pays.

Les risques émergents incluent le changement climatique, la croissance démographique, les maladies des cultures, la fraude alimentaire et potentiellement l'importation d'un plus grand nombre de produits alimentaires en provenance de pays non membres de l'UE.

« Le système réglementaire montre des signes de tension avec moins de personnel chargés des contrôles au niveau des autorités locales et des retards dans les vérifications effectués chez les entreprises alimentaire. C’est à un moment où le système de réglementation fait face à des défis croissants, en particulier à mesure que nous progressons vers de nouvelles relations commerciales après que le Royaume-Uni ait quitté l’UE », a déclaré Gareth Davies, responsable du NAO.

La NAO a formulé quatre recommandations à la FSA concernant la stratégie des prélèvements, l’instauration d’un affichage obligatoire des notes ou scores en hygiène, des lacunes dans les pouvoirs d'exécution et la vérification de l’impact de la National Food Crime Unit sur la fraude alimentaire et les performances des autorités locales.

Environ un million de personnes au Royaume-Uni souffrent d’une maladie d’origine alimentaire chaque année. Le coût total était estimé à environ 1 milliard de livres sterling par an en 2015

Réaction de la FSA sur les prélèvements et la Food Crime Unit

La FSA a consacré 6,2 millions £ de son budget aux préparatifs de sortie de l'UE et a reçu 15 millions £ de fonds supplémentaires pour la sortie de l'UE en 2017-2018 et 2018-2019.

Le NAO a recommandé que, dans les six mois suivant le départ du Royaume-Uni de l'Union européenne, la FSA et le gouvernement commencent à évaluer l'impact à moyen et à long terme sur le système de réglementation des aliments et à identifier les lacunes potentielles en ressources.

La FSA a déjà introduit l'enregistrement en ligne des entreprises. En avril de cette année, 10 autorités locales avaient testé le système et l'agence s'attend à ce qu'il soit pleinement en place d'ici avril 2020.


« Nous reconnaissons en particulier que notre stratégie de prélèvements doit inclure une évaluation de la quantité d'échantillonnage et une approche d'échantillonnage garantissant la confiance du consommateur. Comme recommandé, nous continuons également à mettre au point des indicateurs permettant d’évaluer les performances des autorités locales et de garantir l’efficacité de notre Food Crime Unit », a-t-il dit.

« Nous sommes ravis que le NAO soutienne notre objectif d'introduire l'affichage obligatoire des notes en hygiène dans les entreprises du secteur alimentaire en Angleterre, et nous prévoyons fermement de doter notre Food Crime Unit liée aux aliments des pouvoirs dont elle a besoin pour travailler de manière autonome. »

Les dépenses en hygiène alimentaire et de personnel diminuent
Le coût du contrôle des aliments en Angleterre en 2016-2017 était estimé à 164 millions de livres sterling. Les dépenses consacrées à l'hygiène alimentaire par les autorités locales sont passées de 125 millions de livres à 101 millions de dollars entre 2012-13 et 2017-2018 en raison de pressions financières. Le nombre de personnes travaillant dans le secteur de l'hygiène alimentaire a diminué de 13% par rapport au nombre d'entreprises du secteur alimentaire actives pendant cette période. Le personnel de la FSA a chuté de 45%.

Le rapport a révélé que certaines autorités locales ne s'acquittaient pas de leurs obligations légales en matière de conformité des entreprises du secteur alimentaire.

La proportion de contrôles en hygiène effectués et réussis par les entreprises a augmenté entre 2012-13 et 2017-18, passant de 82% à 86%. Cependant, moins de la moitié des vérifications des normes alimentaires visant à garantir que les denrées alimentaires soient conformes, avec seulement 37% réalisés en 2017-2018. Les autorités locales ont attribué les retards à la pénurie de personnel.

Entre 2012-13 et 2017-18, le niveau des prélèvements a diminué de 34%. En 2017-18, 16 autorités locales anglaises n'en ont effectué aucun. Dans un rapport du NAO de 2013, le nombre de laboratoires d'analyse publics en Angleterre, qui fournissent des services d'analyse des normes alimentaires aux autorités locales, était passé de 13 à neuf. Ce nombre est désormais tombé à cinq.

Les autorités locales peuvent signaler volontairement les résultats des prélèvements sur le U.K. Food Surveillance System (UKFSS). En 2017, la FSA a annoncé qu'elle remplaçait le système, mais elle n'a pas encore confirmé de calendrier pour la transition. Les représentants de la FSA doivent discuter de l'approche en matière de prélèvements lors d'une réunion du conseil d'administration prévue pour le 19 juin.

Le conseiller Simon Blackburn, de la Local Government Association, a déclaré que bien que les fabricants, les fournisseurs et les distributeurs aient la responsabilité de respecter la loi sur la sécurité des aliments, les conseils travaillent sans relâche pour maintenir et améliorer l'hygiène et les normes alimentaires.

« Les conseils ont perdu 60 pence sur chaque livre sterling que le gouvernement leur a consacré depuis 2010 en services. Ces coupures de financement importantes affectent tous les services des conseils, y compris les budgets consacrés aux normes commerciales et le personnel réduit de moitié environ depuis 2010 - et sans aucun doute Il est extrêmement difficile pour certains conseils de maintenir le niveau de travail effectué dans le secteur alimentaire, compte tenu des demandes contradictoires de domaines tels que les services sociaux, les services à l'enfance et le sans-abris », a-t-il dit.

La confiance des consommateurs
La FSA évalue si les aliments sont ce qui se dit, que c'est basé sur la confiance du consommateur plutôt que sur des preuves objectives de son authenticité, mais le NAO a déclaré que l'agence avait commencé à développer des mesures pour améliorer les données dans ce domaine.

Selon le rapport, le public a besoin de meilleures informations pour faire des choix bien informés sur les aliments à acheter ou les services à utiliser et il ne sait toujours pas quelles informations les entreprises devraient fournir si un aliment contient des allergènes.

Caroline Normand, du groupe de consommateurs Which? a déclaré que le public s'attend à ce que les aliments répondent aux meilleures normes de sécurité possibles.

« Cependant, il est clair que notre système d'exécution est actuellement soumis à une pression énorme et pourrait être soumis à une pression encore plus grande si les responsabilités des autorités locales étaient encore plus tendues par le Brexit. Alors que nous nous préparons à quitter l’UE, la mise en application effective de lois sur les denrées alimentaires doit être une priorité absolue pour le gouvernement. En collaboration avec les services réglementaires, il doit s’assurer qu’un système solide et indépendant est en place, de sorte que les gens puissent avoir confiance dans les aliments qu’ils mangent soient sûrs », a-t-elle dit.

* Le National Audit Office est un organe parlementaire indépendant du Royaume-Uni chargé de contrôler les ministères, les agences gouvernementales et les organismes publics non centraux. Le NAO effectue également des audits d'optimisation des ressources dans l'administration des politiques publiques.

jeudi 13 juin 2019

De la nécessite d'une police unifiée de l'alimentation ?


Le blog a traité du sujet à plusieurs reprises, ici et ici ou encore ici et ici.

Voici un article intitulé « Police unifiée de l'alimentation : une réforme nécessaire », rédigé par Benoît ASSEMAT, administrateur et ancien président du SNISPV qui a été proposé sur le site du SNISPV (Syndicat National des Inspecteurs en Santé Publique Vétérinaire). 

Cet article est paru dans la revue Acteurs Publics du 2 mai dernier.

Benoit ASSEMAT est Conseiller sécurité sanitaire à l'Institut National des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice (INHESJ).

Les scandales et crises alimentaires sont de plus en plus fréquents. La raison principale est simple : les filières alimentaires sont devenues un terrain favorable au développement de nouvelles formes de délinquance. Engagé dans une réforme de l’organisation des services publics, le Gouvernement a placé dans ses priorités le renforcement des missions de contrôle, de lutte contre les fraudes et d’inspection, notamment dans le domaine de la sécurité sanitaire et alimentaire. Le projet de création d’une police unifiée de l’alimentation répond à l’objectif d’une plus grande efficacité de l’action des deux principales administrations de surveillance et de contrôle de la chaîne alimentaire : la direction générale de l’alimentation (DGAL) et la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), rattachées pour la première au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation et pour la seconde à celui de l’Economie et des Finances.

Ce projet a pour ambition d’apporter une réponse à un problème ancien, mis en évidence par de nombreux rapports depuis plus de 20 ans : l’éparpillement des compétences et la dilution des responsabilités entre la DGAL et la DGCCRF, illustrées de nouveau par l’affaire Lactalis en décembre 2017.

Différentes initiatives ont été prises pour assurer une meilleure coordination entre ces deux administrations. La dernière réforme, mise en place en 2010 dans le cadre de la révision générale des politiques publiques, a conduit à la création de directions interministérielles regroupant à l’échelle départementale les agents des deux services. L’efficacité de cette réforme a été limitée par le maintien d’une double tutelle ministérielle aux niveaux national et régional.

Comment peut-on aujourd’hui mettre en place une organisation plus efficace des services publics en charge des contrôles officiels sur la chaîne alimentaire ? Sur quels principes pourrait reposer une police unifiée de l’alimentation, susceptible de mieux prévenir les crises et scandales alimentaires ?

Le premier principe conduit à adopter une approche globale et intégrée des risques, s’appliquant à toute la chaîne alimentaire (« de la fourche à la fourchette ») et associant aux enjeux sanitaires ceux liés à la lutte contre les pratiques frauduleuses ou trompeuses. C’est le principe directeur du règlement européen 2017-625 du 15 mai 2017 sur les contrôles officiels de la chaîne alimentaire, adopté dans le contexte du scandale de la viande de cheval de 2013 et qui s’appliquera dès le mois de décembre.

Une action efficace implique en effet d’intervenir de façon coordonnée sur tous les maillons de la chaîne alimentaire : on estime que 75 % des maladies humaines émergentes sont d’origine animale.

Les actions conduites dans les élevages avicoles pour prévenir les cas de salmonelloses transmis par l’alimentation illustrent ce principe. Il en va de même pour maîtriser les contaminations de la chaîne alimentaire par des résidus de médicaments vétérinaires ou de produits phytosanitaires.

L’approche globale des risques conduit également à dépasser la dualité historique entre sécurité sanitaire et répression des fraudes. En effet, pour des raisons liées à la mondialisation des échanges, à la complexification des circuits commerciaux et à une pression toujours plus forte sur les prix, ces deux risques sont aujourd’hui étroitement liés et représentent les deux facettes d’un même enjeu : celui de la sécurité de l’alimentation.

L’histoire récente des crises et scandales alimentaires nous l’a montré : un problème sanitaire peut révéler l’existence d’une fraude (ce fut le cas des œufs contaminés au fipronil à l’été 2017), de la même façon qu’une fraude peut soulever des questions sur la sécurité de la chaîne alimentaire (voir le scandale de la viande de cheval en 2013).

Le deuxième principe repose sur la nécessité de regrouper sous une même autorité, et sur l’ensemble des niveaux de la chaîne de commandement (national, régional et départemental), les agents de la DGAL et de la DGCCRF. Une action efficace de l’Etat implique en effet d’associer les compétences scientifiques, techniques et juridiques des deux principales administrations assurant des missions de contrôle sur la chaîne alimentaire.

Les autorités de contrôle ne devraient plus fonctionner « en tuyau d’orgue », une administration surveillant l’utilisation des produits phytosanitaires dans les champs pendant que l’autre contrôle la présence de résidus sur les cultures après récolte. Autre exemple pour les établissements fabriquant des poudres de lait infantile, pour lesquels les services de la DGAL délivrent l’agrément sanitaire tout en étant soumis à des contrôles de la DGCCRF, qui dispose d’une compétence spécifique dans le secteur de l’alimentation infantile.

La France est certainement le seul pays européen ayant désigné deux points de contact pour le réseau européen d’alerte sanitaire comme pour le réseau sur les fraudes alimentaires. La séparation entre ces deux administrations pour traiter un même sujet, celui de la sécurité de l’alimentation, se révèle de plus en plus inadaptée, et représente un handicap par rapport aux autres Etats ayant déjà mis en place une autorité unique de contrôle. Si le regroupement des autorités de contrôle n’est pas imposé par le nouveau règlement européen, ce dernier précise que chaque Etat membre doit désigner une autorité unique chargée de la coopération avec la Commission européenne et les autres Etats membres.

Le dernier principe consiste à assurer un financement suffisant et stable des contrôles officiels. Le règlement européen précise notamment qu’il « convient, pour réduire la dépendance du système de contrôles officiels à l’égard des finances publiques, que les autorités compétentes perçoivent des redevances ou des taxes couvrant les frais qu’elles supportent pour effectuer les contrôles officiels (…) ».

En effet, plusieurs rapports récents ont mis en évidence la diminution sensible des moyens des deux administrations ainsi que la nécessité de renforcer les contrôles officiels. Par ailleurs, l’enquête conduite par un grand cabinet d’audit montre une fragilité du dispositif français, financé essentiellement par le contribuable (10 % seulement du budget provient des professionnels du secteur agroalimentaire, alors que ce taux se situe entre 28 et 47 % pour les pays ayant fait l’objet de l’analyse). L’extension des redevances sanitaires prévues au niveau européen apporterait des ressources nouvelles au profit tant des consommateurs que des professionnels concernés.

La mise en place d’une police unifiée de l’alimentation s’appuyant sur ces trois principes peut se concevoir soit par la création d’une direction interministérielle de la sécurité alimentaire, rattachée au Premier ministre, soit par celle d’une agence publique de contrôle placée sous la tutelle des différents ministères concernés

Il y a une vingtaine d’années, la création des agences sanitaires avait permis de rénover le dispositif national d’évaluation des risques. Aujourd’hui, toutes les raisons sont réunies pour engager une réorganisation en profondeur de nos administrations de contrôle : nouveaux risques sur la sécurité de notre alimentation, défiance exprimée par les consommateurs à l’égard de leur alimentation comme des autorités publiques de contrôle, tout comme l’intérêt des filières agroalimentaires elles-mêmes, pour lesquelles la solidité du dispositif public de contrôle est un atout incontournable face à la concurrence internationale.

Une telle réforme répond également à la demande de proximité, de simplicité et d’efficacité du service public exprimée par nos concitoyens.

Commentaire. La réforme ne sera complète que si le consommateur est informé complètement sur le nouveau dispositif et de façon transparente.

Par ailleurs, un site officiel unique des ravis de appels a été aussi promis, mais il est toujours attendu ...

La virulence de Listeria monocytogenes dépendrait du type d'aliment, selon une étude


« Une étude révèle que la virulence de Listeria dépend du type d'aliment », source adapté d'après Food Safety News et le communiqué des hôpitaux de Paris.

Des scientifiques ont découvert que la virulence de Listeria diffère selon le type d'aliment, en découvrant que les produits laitiers sont contaminés par les bactéries les plus virulentes.

Des chercheurs de l'Institut Pasteur, de l'Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm), de l’Université Paris et de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP ont dit que « Ces résultats aideront à mieux identifier les voies de contamination des aliments pour réduire leur contamination par Listeria. De plus, ils permettront d’améliorer les recommandations en matière de consommation alimentaire pour les populations à risque ».

L’équipe a révélé que des clones hypervirulents, en particulier le complexe clonal (CC) 1, étaient associés aux produits laitiers, tandis que les clones hypovirulents, principalement les CC9 et CC121, étaient davantage présents dans les produits de viande et de poisson. L'étude a été publiée dans la revue Nature Communications.


Adaptation de l'environnement
Les clones hypovirulents ont davantage de gènes de résistance au stress et de tolérance au chlorure de benzalkonium qui les rendent résistants au désinfectant utilisé dans l'industrie alimentaire; ces clones sont plus capables de survivre et de former des populations bactériennes qui adhèrent aux surfaces contenant de faibles concentrations de ce désinfectant, suggérant qu'ils sont mieux adaptés à l'environnement de production alimentaire.

« Les clones hypervirulents colonisent mieux la lumière intestinale et les tissus intestinaux que les clones hypovirulents, suggérant leur meilleure adaptation à l’hôte », explique le Pr Marc Lecuit, de l’unité de biologie des infections à l’Institut Pasteur, de l’université de Paris et du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP.

Les scientifiques ont examiné 3 333 échantillons d'aliments et 3 308 isolats cliniques non redondants collectés de 2005 à 2016 lors de la surveillance de la listériose en France. La plupart des isolats alimentaires, 1 408, provenaient de produits de viande. Il y avait 758 issus de produits laitiers, 406 de produits de la mer, 354 étaient des produits mélangés, 103 2TAIENT issus de fruits et de légumes et 304 des produits alimentaires inconnus.

Seulement 4,4% des isolats alimentaires CC121 provenaient de produits laitiers, alors que 53,2% provenaient de viande et 21,2% de produits de la mer. L'autre clone hypovirulent majeur CC9 a également été rarement isolé à partir de produits laitiers à 6,6%, mais fréquemment dans les produits de viande à 66,4%.

En revanche, 48,3% des isolats CC1 provenaient de produits laitiers, alors que seulement 23,6% provenaient de produits carnés.

Différents modes de contamination
Les produits CC121 et CC9 figurent parmi les clones les moins fréquents dans les produits laitiers à base de lait cru, alors que dans ceux à base de lait pasteurisé/inconnu, les deux clones constituent respectivement les deuxième et septième clones les plus abondants.

Les résultats suggèrent des différences clés entre les modes de contamination des produits laitiers par rapport aux produits carnés et aux autres catégories d'aliments. Les produits de viande sont initialement physiologiquement stériles et sont probablement contaminés par Listeria monocytogenes lors de la transformation et/ou de la conservation. En revanche, les produits laitiers, qui contiennent physiologiquement des bactéries, peuvent être contaminés avant et/ou pendant la traite.

On a constaté que les clones hypovirulents CC9 et CC121 produisaient davantage de biofilm et se développaient mieux que les CC1, CC2, CC4 et CC6 en présence de faibles concentrations de chlorure de benzalkonium. Aucune croissance n'a été observée avec 200 mg/L pour les souches testées.

Les résultats devraient aider à caractériser les niches écologiques dans lesquelles Listeria développe des capacités de virulence et de survie environnementale et à mieux comprendre la façon dont Listeria circule entre différents environnements.

Enquête sur la viande de cheval en Irlande et fraude aux steaks hachés en France

« Enquête sur la viande de cheval en Irlande et fraude aux steaks hachés en France », tel est le titre d'un article paru dans FoodSafety News le 12 juin 2019.

Le blog vous avait déjà entretenu de la fraude aux steaks hachés en France ici.

La police irlandaise, a fouillé sept sites la semaine dernière dans le cadre d'une enquête sur une fraude liée à la viande de cheval.

La police irlandaise, des agents du ministère de l'agriculture, de l'alimentation et de la marine (DAFM pour Department of Agriculture, Food and the Marine) et de l'autorité irlandaise de la sécurité des aliments (FSAI) ont effectué des recherches planifiées à Roscommon, Leitrim, Sligo, Westmeath et Kilkenny. Les sites consultés comprenaient des exploitations agricoles, des maisons et un bâtiment commercial.

Des perquisitions ont eu lieu au cours d'une enquête sur des infractions liées à des pratiques frauduleuses relatives à la falsification de passeports d'identité et à la micropuce de chevaux présentés à l'abattoir dans ces zones.

La FSAI est l'agence qui a mis en lumière le scandale de la viande de cheval en janvier 2013 après avoir effectué des analyses sur des burgers contenant de l'ADN de cheval. La question s'est ensuite répandue dans toute l'Europe.

En avril de cette année en France, l’ancien directeur de l’entreprise de viande Spanghero, Jacques Poujol, a été condamné à 24 mois de prison, dont 18 avec sursis. Patrice Monguillon, directeur de l'usine de Spanghero, a été condamné à un an de prison avec sursis. Johannès Fasen, un trader néerlandais, a été condamné à deux ans et Hendricus Windmeijer, qui travaillait pour Fasen, a été condamné à un an de prison avec sursis.

Le système de contrôle irlandais
Le DAFM a la présence permanente d'un vétérinaire officiel et d'une équipe technique dans tous les abattoirs agréés, y compris les deux sites d'abattage de chevaux approuvés par le DAFM. Tous les abattoirs dont la viande est destinée à la consommation humaine doivent satisfaire aux exigences fixées dans les réglementations européennes en matière de sécurité des aliments.

Lorsqu'un cheval équin est présenté à l'abattoir, le système irlandais est vérifié pour s'assurer qu'il est éligible pour la chaîne alimentaire. Si les informations figurant dans la base de données diffèrent du passeport, elles sont exclues de la chaîne et le cheval ne peut pas être abattu.

Tous les équidés présentés dans les abattoirs sont soumis à un examen ante mortem effectué par le DAFM afin de s'assurer de leur aptitude à être abattus. Ils sont également scannés pour rechercher une micropuce et les détails sont comparés aux données du passeport et enregistrés par le DAFM. Des contrôles post mortem sont également effectués sur les équidés abattus.

Les agents du Criminal Assets Bureau, Garda National Drugs and Organized Crime Bureau et du Garda National Cyber Crime Bureau ont aussi soutenu l’enquête.

L'Irlande a été impliquée dans trois alertes notifiées au RASFF cette année concernant de la viande de cheval. Deux pour des enregistrements de traçabilité médiocres impliquant des passeports pour la viande de cheval réfrigérée et la troisième pour les dioxines présentes dans de la viande de cheval réfrigérée.

Une des alertes de traçabilité a conduit Lackmann Tuschonka Konskaya à rappeler de la viande de cheval en conserve en mai. Le produit de 400 g venait d'Allemagne et avait une date de péremption au 8 juillet.

Fraude aux steaks hachés découverte en France
Entre-temps, les autorités françaises ont révélé un stratagème frauduleux qui aurait faussement déformer la qualité de la viande hachée congelée donnée à certaines associations pour aider les nécessiteux du pays.

La Croix-Rouge française, la Fédération française des banques alimentaires, les Restaurants du Cœur et le Secours Populaire ont alerté les autorités. Les associations ont cessé la distribution de ces produits en février.

Après avoir été informés en mars, les enquêteurs de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la lutte antifraude (DGCCRF) ont prélevé des dizaines d'échantillons de produits pour analyse et résultats entre la mi-mai et le mois de juin. Ils ont constaté des non-conformités avec les règles de qualité en excès de graisse et des défauts de composition.

Une société française a fourni les produits, provenant d'un fabricant polonais. Une autre entreprise française aurait joué le rôle d'intermédiaire. Les analyses microbiologiques ont montré qu'il n'y avait pas de danger pour la santé des consommateurs.

L'aide alimentaire aux plus démunis reçoit de l'argent d'un Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD) pour acheter de la nourriture pour les quatre associations.

Les chefs des deux entreprises françaises anonymes ont été interrogés par les autorités et les résultats de l'enquête seront communiqués aux procureurs dès son achèvement.

NB : Comme vous pourrez le constater, cet article comme d'autres ne cite pas FranceAgriMer ...

mercredi 12 juin 2019

Les intoxications alimentaires à l'histamine pourraient augmenter en Europe

« Les intoxications alimentaires à l'histamine pourraient augmenter en Europe », source article de Joe Whitworth paru le 12 juin 2019 dans Food Safety News.

Selon des chercheurs, le risque d'intoxication alimentaire à l'histamine ou intoxication histaminique, également appelé scombrotoxisme, pourrait augmenter à l'avenir si les tendances des échanges commerciaux se poursuivaient.

Des scientifiques ont fait cette remarque dans la revue Eurosurveillance lors d'une investigation sur un foyer de cas en 2017 lié à du thon en France.

La contamination par l'histamine est généralement due à une réfrigération inadéquate du poisson et peut survenir à n'importe quel stade de la chaîne alimentaire. Une fois formé, l'histamine n'est pas détruite par la cuisson, le fumage ou la congélation.

Les chercheurs prévoient que le risque d'intoxication alimentaire à l'histamine pourrait augmenter dans les années à venir, car les importations de thon frais en Europe ont augmenté de 5% en moyenne par an entre 2011 et 2015. Si la tendance se maintient, il est probable que l'intoxication va suivre.

Selon l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), 599 foyers de HFP ont été signalés dans l'Union européenne entre 2010 et 2017. Le pic d'intoxications alimentaires à l'histamine a été atteint en 2017, avec 117 foyers impliquant 572 patients, principalement signalés. par la France et l'Espagne.

L'Italie a notifié les 10 dernières alertes d'intoxication par des poissons scombridés d'Espagne, du Sri Lanka ou d'Inde depuis 2010 sur le portail du RASFF, avec la plus récente notification au mois de juin. Dix notifications cette année ont mentionné l'histamine.

La surveillance nationale en France montre que les intoxications alimentaires à l'histamine ont représenté 3,6%, soit 263 des 7 346 foyers de cas d'origine alimentaire signalées entre 2010 et 2016. Sur ce nombre, seulement 62 ont été confirmées en laboratoire, ce qui souligne les difficultés de l'investigation.

L’intoxication alimentaire à l’histamine est une réaction de type allergique provoquée par la consommation de poisson ou d’aliments fermentés contenant une forte concentration d’histamine. Les poissons scombridés tels que le thon et le maquereau, ainsi que certains poissons non scombridés, tels que le mahi-mahi, les sardines, les pilchards, le hareng, sont couramment impliqués.

Intoxication à l'histamine en France
En avril 2017, une épidémie d'intoxication à l'histamine s'est produite dans une unité militaire française près de Paris. Au total, 40 cas ont été identifiés parmi les 241 personnes ayant mangé au centre de restauration.

L'âge médian des cas était de 38 ans, avec une fourchette globale de 18 à 58 ans. Soixante-huit pour cent, 21 sur 31 étaient des hommes. Les symptômes communs étaient des maux de tête, des bouffées de chaleur, des éruptions cutanées, des nausées, des palpitations et de la diarrhée. Six patients ont été hospitalisés, tous pendant moins de quelques heures.

« Lors de cette éclosion, l'apparition initiale de symptômes chez deux personnes manipulant des aliments aurait pu alerter le personnel dès le début; cependant, leurs symptômes étaient, selon eux, inattendus pour une épidémie d'origine alimentaire et n'ont donc pas été immédiatement associés au thon », ont dit les chercheurs.

Les chercheurs ont mené une étude cas-témoins sur 31 cas et 63 sujets témoins. Parmi les cas, 30 avaient consommé du thon, alors que seulement 12 des 63 sujets témoins en avaient consommé.

Une analyse multivariée a montré que les filets de thon jaune cuits étaient la source probable de l'intoxication alimentaire. L'intoxication à l'histamine a été rapidement suspectée en raison des symptômes d'allergie des patients, de l'apparition rapide après un repas et de la consommation de thon. Dès que cela a été suspecté, le thon non cuit restant a été retiré du centre de restauration militaire.

Le thon jaune frais provenait de La Réunion et a été livré sous vide et emballé avec des glaçons sur le principal marché alimentaire de Paris (Rungis). Aucune question liée à la chaîne du froid n'a pu être établie dans les chaînes d'approvisionnement en amont et en aval.

Enquête de traçabilité
Un test de dépistage réalisé par le fournisseur local à la Réunion avant son transport en France a révélé que la concentration en histamine était inférieure à 200 milligrammes par kilogramme.

La concentration d'histamine s'est établie à 1 720 mg/kg dans les restes de thon cru et à 3 720 mg/kg dans les échantillons témoins de thon cuit, bien au-dessus des valeurs limites définies par la réglementation européenne de 200 mg/kg.

La présence de Klebsiella variicola et de Pantoea agglomerans, micro-organismes de l'ordre des Enterobacterales qui produiraient de l'histamine, a été confirmée dans les restes de thon cru.

« La concentration peut varier dans la chair d'un thon ou entre différents poissons d'un même lot. Cela pourrait expliquer pourquoi toutes les personnes qui ont mangé du thon ne sont pas tombées malades et pourquoi l'analyse effectuée par le fournisseur local à la Réunion était normale », ont écrit des chercheurs.

Les valeurs de température enregistrées peuvent être retracées du bateau de pêche à l'installation militaire autonome. Elles étaient conformes aux exigences réglementaires comprises entre 0°C et +2°C pour les produits de la pêche crus.

L’évaluation du processus de restauration et des installations n’a pas mis en évidence d’écart par rapport aux pratiques de conservation et d’hygiène des aliments. Aucune odeur anormale, ni changement d'apparence du thon n'a été observé par les cuisiniers.

Les chercheurs ont supposé que la contamination pouvait s'être produite tôt dans la phase de pêche, y compris le temps passé dans l'eau après la mort ou lors de la préparation initiale du poisson, telle que la découpe et l'éviscération.

En France comme aux Etats-Unis, le site officiel des avis de rappel est 'out of order'


Le site Internet de la FDA vient d'arrêter le flux RSS, les avis de rappel sont toujours disponible sur le site, nous apprend Food Safety News.

On pourrait faire un parallèle avec la France, où le site Internet officiel des avis de rappel est toujours 'out of order', la page Internet ne peut donc pas être trouve (Page not found), puisque le site Internet n'existe toujours pas, malgré de vagues promesses officielles ...

Si vous êtes abonné au flux RSS des avis de rappels de la FDA, vous avez peut-être remarqué qu’ils ne fonctionnaient pas actuellement. Les responsables de l'agence disent que le service sera bientôt rétabli.

Pas de chance que le service soit rétabli en France, puisque malheureusement, il n'existe pas!

« La FDA n'a pas cessé son flux RSS des avis de rappel. Cela étant, l'information sur les avis de rappel. En raison d ela récente migration de FDA.gov, nous avons actuellement désactivé le flux RSS pour les avis de rappel », a déclaré un porte-parole de la FDA.

« Cependant, les informations sur les rappels restent disponibles sur FDA.gov»

Une fois le processus de migration et de suivi terminés, la FDA a l'intention de réactiver les flux RSS pour les avis de rappel, ce qui devrait se faire dans les prochains jours, selon le porte-parole.

Food Safety News propose son propre flux RSS pour les rappels d’aliments publié par la FDA, le ministère de l’agriculture des États-Unis et l’Agence canadienne d’inspection des aliments. Nous proposons également des flux RSS aux rédacteurs et rédacteurs individuels, ainsi que sur différents sujets sur les épidémies de maladies d’origine alimentaire, l’éducation des consommateurs, etc.

En France, si vous souhaitez connaître le flux des avis de rappel des produits alimentaires,  près d'un avis de rappel par jour depuis le début de l'année 2019, il n'y a qu'une seule adresse, Oulah.fr.

Vérifiez et comparez avec les autres sites susceptibles de vous une information fiable, vous verrez, comme l'on dit, y'a pas photo ...

NB: En informatique, l’erreur 404 est un code d’erreur du protocole de communication HTTP sur le réseau Internet. Ce code est renvoyé par un serveur HTTP pour indiquer qu'aucune ressource (généralement une page web) n'a été trouvée à l'adresse demandée.

mardi 11 juin 2019

Une association eau électrolysée et ultrasons réduit la charge bactérienne lors du pré-refroidissement de carcasses de poulet


« Une nouvelle association entraine une réduction bactérienne bactéries lors du pré-refroidissement de poulets », source article de Julie Larson Bricher paru dans Meatingplace.

Des scientifiques ont découvert que l'association d’ultrasons et d’eau électrolysée légèrement acide au cours du pré-refroidissement de carcasses de poulet entraînait une réduction microbienne plus élevée par rapport aux procédés traditionnels.

Dans une étude récente, des poitrines de poulet ont été pré-refroidis pendant 10 minutes à 10°C avec de l'eau électrolysée légèrement acide et à différentes fréquences d'ultrasons (25 et 130 kHz). Les chercheurs ont indiqué que cette association entraînait une réduction efficace (P <0,05) des entérobactéries, des bactéries mésophiles, des bactéries lactiques et des bactéries psychrotrophes.

Les résultats ont également montré que l'oxydation des lipides et des protéines, la force de cisaillement, la glycolyse anaérobie et la structure musculaire n'étaient pas affectées (P> 0,05) par le traitement.

Voir le résumé en ligne dans la revue International Journal of Food Microbiology.

Les auteurs indiquent que l'association de ces deux technologies peut être prometteuse dans la phase de pré-refroidissement des carcasses de poulet.

Quand une épidémie de gastro-entérite virale devient une épidémie d'intoxication alimentaire à Cryptosporidium parvum


Voici une affaire de sécurité sanitaire intéressante …

Si parmi les titres de certains sites publiés à l'époque, on ne devait en retenir qu'un ce serait celui de France bleu du 30 novembre 2017 :
Saint-Philbert-de-Grand-Lieu : c'est une gastro et pas la cantine qui a rendu malades les collégiens.
C'est une gastro-entérite qui a causé 166 absences la semaine dernière au collège de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu près de Nantes. L'enquête menée par l'Agence régionale de santé écarte l'intoxication alimentaire

On lira, si l'envie vous en prend, d'autres faits similaires rapportés ici et ici.

La réalité des faits est désormais connue avec la publication au BEH de juin 2019*, il ya bien eu une épidémie d'intoxication alimentaire et plus précisément une épidémie de cryptosporidiose dans un collège de l’ouest de la France, en novembre 2017 …

Résumé.
Introduction. Le jeudi 23 novembre 2017, une épidémie de gastro-entérite était signalée dans un collège de Loire-Atlantique, avec plus de 150 malades. Diverses investigations épidémiologiques, microbiologiques et environnementales ont été conduites.

Méthode. Une étude de cohorte rétrospective des élèves et adultes du collège a été réalisée par un questionnaire mis en ligne le lendemain sur le site internet du collège. Des prélèvements de selles ont fait l’objet de recherches successives de bactéries, virus et parasites. Des échantillons environnementaux ont été prélevés pour analyses.

Résultats. Le taux d’attaque était de 61% (180/293), avec un gradient d’âge allant de 75% chez les 6e à 45% chez les adultes. Un pic de 75 cas a été enregistré le 22 novembre. Les consommations d’eau du réseau de distribution n’étaient pas associées à la survenue de la maladie ; le fait d’être demi-pensionnaire y était associé (risque relatif, RR=1,6 [1,1-2,3]). Suite aux analyses bactériologiques et virologiques négatives (15 prélèvements), l’utilisation d’une méthode de détection par PCR de 22 agents pathogènes révélait la présence du parasite Cryptosporidium parvum IIaA15G2R1.

Parmi les aliments servis six jours avant (durée d’incubation) à tous les demi-pensionnaires, figurait du fromage blanc biologique au lait non pasteurisé. Le génotype hypertransmissible C. parvum IIaA15G2R1, considéré comme zoonotique, a été retrouvé dans des échantillons de fèces de veaux à proximité du laboratoire de fabrication de fromages.

Discussion. La cryptosporidiose humaine apparaît largement sous-diagnostiquée en France. Les prescriptions de routine pour le diagnostic biologique de diarrhées persistantes devraient être améliorées en spécifiant une recherche parasitologique (dont cryptosporidies).
Les auteurs indiquent que « L’enquête a été réalisée sous l’hypothèse initiale d’une contamination à norovirus (durée d’incubation de 1 à 2 jours) et a recherché une exposition autour des deux jours d’école des lundi 20 et mardi 21 novembre 2017. »
Quinze prélèvements de selles ont fait l’objet de recherches biologiques de 1re puis de 2e intention : aucun agent bactérien ou viral n’a été identifié. Les recherches d’autres agents pathogènes sur deux prélèvements pris au hasard ont révélé la présence du parasite Cryptosporidium sp. L’ensemble des prélèvements a alors été soumis à une recherche spécifique de Cryptosporidium sp.: 12 étaient positifs à l’espèce C. parvum.
L’identification de C. parvum a été tardive du fait de l’absence de recherche en routine de parasites face à un cas de gastro-entérite. De plus, lorsqu’un examen parasitologique est spécifiquement prescrit, les recherches en routine par les laboratoires d’analyse de biologie médicale ne couvrent pas Cryptosporidium. L’utilisation d’une méthode moléculaire de détection de 22 agents pathogènes gastro-intestinaux a permis de détecter C. parvum et de réorienter les investigations vers la recherche d’une exposition à risque 6-7 jours avant le pic épidémique.
Parmi les aliments servis au cours de la période ciblée, figurait du fromage blanc au lait cru servi six jours avant le pic épidémique brutal, denrée représentant un risque potentiel pour les cryptosporidioses. Des oocystes de C. parvum ont été retrouvés dans des fèces de veaux en élevage à proximité du laboratoire de production (échantillons prélevés deux mois après l’épisode). Comme ceux retrouvés chez les malades, ils étaient de génotype IIaA15G2R1, qualifié d’hypertransmissible. La charge parasitaire était modérée pour des veaux, mais suffisante pour une contamination durable de l’environnement, les oocystes survivant plusieurs mois en conditions fraîches et humides.
Cet épisode soulève plusieurs pistes d’améliorations :
  • la cryptosporidiose apparait largement sous-diagnostiquée en population générale en France. Les prescriptions de routine pour le diagnostic biologique de diarrhées persistantes doivent être améliorées en spécifiant une recherche parasitologique incluant Cryptosporidium; 
  • l’investigation des toxi-infections alimentaires collectives repose sur la formulation d’hypothèses à vérifier s’appuyant sur les signes cliniques et une période plausible d’exposition à un aliment contaminé. Dans l’algorithme utilisé, la combinaison d’une prédominance de diarrhées sans fièvre avec étalement des débuts des signes sur plus de quatre jours devrait être ajoutée pour suggérer l’hypothèse d’une infection à Cryptosporidium et adapter la recherche d’expositions; 
  • la mise au pré précoce des veaux après leur naissance est une mesure visant à réduire les problèmes récurrents de diarrhée des veaux, mais elle ne supprime pas totalement le risque de contamination de l’environnement par excrétion d’oocystes. L’épisode rappelle que la fabrication de produits laitiers doit faire l’objet d’attentions d’hygiène particulières, notamment en milieu agricole.

On savait que les TIAC était sous-estimées, on sait désormais qu'il en est de même pour les cas d'infection à Cryptosporidium ...