jeudi 17 octobre 2019

Charcuterie allemande et Listeria en France, des questions sans réponse, est-ce la crise de trop ?


En pleine controverse sur ce qui se passe en France où nos autorités sanitaires sont toujours à la recherche de « quelques kilos de marchandises selon les établissements » potentiellement contaminées par Listeria, et de plus nos autorités peinent à répondre … voire restent opaques ...

60 Millions a raison de demander « Où est la charcuterie potentiellement contaminée ? »
De la charcuterie suspectée de contenir des listérias a été importée en France. Les autorités gardent le silence sur les établissements concernés.

La seule information du consommateur est l’affichette dont je pense comme 60 Millions,
  ... déposer des affichettes est loin d’être satisfaisant, car elles sont rarement vues par les clients. 60 Millions  réclame depuis longtemps une amélioration des dispositifs d’information sur les rappels de produits.

Les consommateurs réclament tout simplement une information claire, simple, rapide … et surtout transparente …

Dans ce contexte un ministre est monté au créneau parce que selon DH.net de Belgique du 17 octobre 2019, s’agissant de la « Contamination à la listeria : déjà 23 rappels organisés par l’Afsca en dix mois »
Outre les rappels réalisés suite au drame survenu aux Pays-Bas où des aliments contaminés à la listeria ont causé la mort de trois personnes, l’Afsca a effectué au total, depuis janvier 2019, pas moins de 23 rappels de produits potentiellement contaminés en Belgique.

Il me faut vous dire que la Belgique est plus ou moins touché par ce qui se passe aux Pays-Bas où sévit une éclosion à Listeria et l’AFSCA a communiqué à deux reprises à ce sujet, le 4 et le 6 octobre 2019. La Belgique est aussi concernée un peu par ce qui se passe en Allemagne et des rappels ont été publiés rapidement. Le blog en a parlé ici et ici.
Dans le cas des aliments vendus par la chaîne Aldi, c’est une entreprise néerlandaise de production qui était en cause. Notre agence fédérale de sécurité alimentaire a plutôt bien réagi en procédant rapidement aux retraits nécessaires sur le marché belge.
Mais pour le ministre compétent, Denis Ducarme (Mouvement Réformateur), il faut pouvoir agir plus vite encore à l’avenir. Il appelle l’Europe à trouver de nouveaux outils pour protéger la santé des consommateurs.
« L’Afsca a parfaitement rempli sa mission mais nous devons néanmoins pouvoir tirer un certain nombre d’enseignements et explorer des pistes permettant d’améliorer encore davantage les outils d’anticipation et de gestion de situations telles que celle à laquelle sont confrontés les Pays-Bas », commente Denis Ducarme, qui préconise l’intégration des cas de suspicion de maladies alimentaires dans le RASFF, le système d’alerte européen qui signale les problèmes relatifs aux produits agroalimentaires aux États membres. « La technologie blockchain pourrait également offrir des opportunités supplémentaires en matière de traçabilité des aliments », commente le ministre, qui préconise aussi une analyse approfondie des cas de listeria au niveau européen.

Il me faut aussi vous dire qu’en France, certes nous avons une agence sanitaire, l’Anses, mais elle ne s’occupe pas de contrôles des produits alimentaires, ni de la gestion des risques sanitaires, ni des rappels des produits alimentaires, contrairement à l’AFSCA en Belgique.

Nos autorités, quoi qu’elles en disent, n’ont plus les moyens humains pour assurer leurs missions, et cela se voit de plus en plus dans l’information, la communication et la transparence de ce qui est entrepris, le doute chez le consommateur s’installe …

Regardons les chiffres concernant les rappels de produits alimentaires en France, concernant Listeria monocytogenes, nous avons eu, selon Oulah!, une initiative citoyenne et la seule plateforme qui informe des rappel de produits, 57 avis de rappel ayant pour cause la présence de Listeria, mais aussi 27 pour la présence de Salmonella et 36 pour Escherichia coli.

Je n’ai pas le sentiment qu’un ministre se sente concerné ...

Si l’on regarde au niveau du RASFF de l’UE, il y a eu 162 notifications pour les produits d’origine France au 17 octobre 2019 qui, au niveau des dangers microbiologiques, se peuvent se décomposer ainsi :
  • 23 notifications pour la présence de Salmonella, dont deux notifications pour intoxication alimentaire suspectée
  • 21 notifications pour la présence de Listeria monocytogenes, dont une notification pour intoxication alimentaire suspectée
  • 18 notifications pour la présence d’Anisakis
  • 12 notifications pour la présence de E. coli producteurs de shigatoxines, dont une notification pour intoxication alimentaire suspectée
  • 6 notifications pour la présence de norovirus, dont quatre notifications pour intoxication alimentaire suspectée
Bien entendu, le passé étant ce qu’il est, je ne reviendrais pas sur le mauvais bilan au niveau du RASFF 2018 pour la France ..., mais celui de 2019 ne s'annonce pas sous les meilleurs hospices ...

Listeria et la cuisine de l’AP des hôpitaux de Marseille, une galéjade ?


La Provence du 28 septembre 2019 rapporte « Marseille - Listeria : la cuisine de l'AP-HM toujours à l'arrêt »
Le bio-nettoyage n'a pas fait disparaître la bactérie. Un second est programmé.
Ce sont des résultats que l'Assistance publique hôpitaux de Marseille (AP-HM) craignait. Ils ont été confirmés jeudi soir : malgré le grand bio-nettoyage réalisé en profondeur la semaine dernière, les analyses menées par la direction départementale de la protection des populations ne permettent pas la réouverture de la cuisine centrale de l'AP-HM. « Même si on s'y était préparé parce que c'est compliqué de parfaitement désinfecter une cuisine de 5 000 m², il y a malheureusement encore des traces de listéria », regrette Pierre Pinzelli, secrétaire général de l'AP-HM. Sitôt ce constat dressé, décision a été prise de s'adjoindre les services de la société Kersia, experte en hygiène de l'industrie agro-alimentaire.

Rappelons quelques faits :
  • le bio-nettoyage est un concept marketing plus ou moins fumeux du nettoyage et de la désinfection des locaux et des équipements, qui est sans rapport avec l’agriculture biologique.
  • Il n’existe pas de grand ou de petit nettoyage, il y a un nettoyage suivi d’une désinfection !
  • Le nettoyage en profondeur est une expression voulant signifier, soit que l’on va faitre mieux que d’habitude ou soit que l’on va enfin procéder réellement à un nettoyage-désinfection ...
  • Bien entendu, « c'est compliqué de parfaitement désinfecter une cuisine de 5 000 m² », mais une cuisine centrale n’est pas fait d’un seul tenant et dispose de zones, dont en particulier des zones à risques plus élevées que d’autres ...
  • Traces de Listeria, expression semblant vouloir accréditer qu’il y a un peu de Listeria, pas beaucoup, mais cela correspond strictement à rien sur le plan scientifique ; expression qui apparaît de temps à autre, voir à ce sujet l’article « Listeria, ce pathogène qui laisse des traces … »
La production de la cuisine centrale de l'Assistance publique-hôpitaux de Marseille a partiellement repris le 14 octobre après des analyses négatives concernant des traces de la bactérie Listeria monocytogenes, a-t-on appris ce même jour auprès de la direction générale.
La cuisine centrale produit 11.000 repas quotidiens pour les services hospitaliers, crèches et selfs. Sa production a été suspendue mercredi 18 septembre après la découverte de traces de Listeria monocytogenes (cf brève TecHopital).
Mercredi 9 octobre, la direction départementale de la protection de la population (DDPP) des Bouches-du-Rhône « a autorisé la reprise de la production suite aux résultats favorables des derniers prélèvements effectués le 7 octobre », a expliqué l'AP-HM.
Les équipes « de la plateforme logistique se sont immédiatement mobilisées pour assurer la relance des équipements et la reprise des approvisionnements alimentaires, en lien avec les services de diététique ». Ainsi, « une partie de la production reprendra dès lundi [14 octobre] avec la production de premiers repas ».
Le retour à la normale, avec une production totale de la cuisine, est prévu « pour le lundi 21 octobre », a précisé l'institution.

Ravi que tout va reprendre normalement, mais je continuerais à surveiller attentivement la problématique Listeria, dont on ne dit pas si désormais, les contrôles seront renforcés. 

Il ne manquerait plus des bactéries persistantes aient décidé de s’incruster dans les équipements et les locaux, et Listeria est coutumier de ce fait … car après la sardine qui a bouché le port de Marseille, il ne faudrait pas que des traces de Listeria puisse de nouveau fermer la cuisine de l'AP-HM ... définitivement !

Sur un sujet proche, on lira cet article de 2014, Une mesure administrative pour éradiquer Listeria à la cuisine centrale de l’hôpital de Morlaix !

On lira ici le dernier communiqué de presse de l'AP-HM du 20 septembre 2019. Depuis plus rien sur ce sujet ...

Des chercheurs découvrent une nouvelle forme de Listeria monocytogenes en Chine



Les voies de transmission des infections à Listeria, ainsi que la représentation du génome de la souche hypervirulante de Listeria. © JLU/S. Doijad et J. Falgenhauer. Source DZIF. Cliquez sur l'image pour l'agrandir.


« Des chercheurs découvrent une nouvelle forme de Listeria monocytogenes en Chine », source article de Joe Whitworth paru le 17 octobre 2019 dans Food SafetyNews.

Des chercheurs ont détecté une nouvelle forme très virulente de Listeria monocytogenes pathogène.

Cela a été identifié comme la cause de maladies graves chez les ovins dans une région reculée de la province chinoise du Jiangsu.

Un groupe de recherche international dirigé par l'Institut de microbiologie médicale de l'Université Justus Liebig de Giessen (JLU) a déclaré qu'il avait trouvé des représentants les plus virulents de cette espèce bactérienne à ce jour. L’étude a été publiée dans la revue Nature Communications.

Chez les personnes, la bactérie Listeria monocytogenes peut provoquer une infection appelée listériose. Les aliments contaminés sont une source fréquente d'infections. Les aliments crus et transformés peuvent être contaminés, en particulier les produits laitiers, la viande, les fruits de mer et les produits prêts à consommer tels que les salades pré-emballées. Les personnes âgées, celles dont le système immunitaire est affaibli et les femmes enceintes sont particulièrement exposées au risque d'infections graves et de complications potentiellement mortelles.

Virulence de Listeria
Le Professeur Trinad Chakraborty, directeur de l'Institut de microbiologie médicale du JLU et chercheur scientifique au Centre allemand de recherche sur les infections (DZIF), a déclaré que la découverte souligne la nécessité d'une collaboration internationale.

« Ce n'est qu'en combinant ressources et expertise que nous pourrons identifier rapidement les nouvelles menaces pour la sécurité des aliments issues de souches très virulentes mondiales », a déclaré le professeur.

Après avoir décodé la séquence du génome de ces bactéries, les scientifiques ont pu déterminer le fondement génétique de l'hypervirulence et identifier les facteurs qui renforcent la capacité de cette souche de Listeria à provoquer des maladies septiques graves.

« Ces isolats sont uniques en ce sens qu’ils combinent les caractéristiques de virulence de diverses espèces de Listeria hautement pathogènes infectant des animaux ou des humains en une seule souche. Comme la listériose est une infection d'origine alimentaire, il est extrêmement urgent de prendre des mesures pour identifier ces souches hautement virulentes », a déclaré Chakraborty.

Examiner les isolats
L'agent pathogène d'origine alimentaire Listeria monocytogenes a quatre lignées distinctes sur le plan de l'évolution. L'équipe a caractérisé les isolats provenant d’éclosons graves de listériose ovine qui représentent une sous-lignée hybride de la lignée principale II (HSL-II) et du sérotype 4h. Les isolats HSL-II partagent des facteurs de virulence essentiels retrouvés dans les isolats d'autres lignées I et II de Listeria monocytogenes hautement virulentes, impliquant une association avec des cas humains de listériose.

Les isolats hébergeaient l'îlot pathogénicité de Listeria monocytogenes -1 (LIPI) et un locus LIPI-2 tronqué, codant pour la sphingomyélinase (SmcL), facteur de virulence requis pour l'invasion et la translocation bactérienne à partir de l'intestin, ainsi que d'autres segments chromosomiques non contigus provenant d'une autre espèce pathogène, Listeria ivanovii. Les isolats HSL-II présentent une structure unique d’acide téchoïque de paroi (WTA pour wall teichoic acid) essentielle à la résistance aux peptides antimicrobiens, à l’invasion bactérienne et à la virulence.

Les chercheurs ont étudié des isolats obtenus pendant cinq ans à partir de différentes sources contenant des gènes distincts de l'espèce Listeria ivanovii. Les isolats provenaient de foyers de listériose distincts dans des fermes de chèvres en 2011, 2012 et 2015, dans une région éloignée de la province du Jiangsu, en Chine.

L'analyse du typage par séquençage multilocus (MultiLocus Sequence Typing, MLST a révélé que trois isolats sont des membres d'un type de séquence non identifié (ST pour sequence type) et d'un complexe clonal (CC). Les isolats ont été attribués en tant que ST626 et CC33 par la base de données Listeria MLST Pasteur, et sont les seuls dans les deux catégories.

Des scientifiques du laboratoire national des zoonoses de l'Université de Yangzhou (Jiangsu, Chine), du laboratoire de microbiologie alimentaire de l'Institut fédéral suisse de technologie (ETH) de Zurich (Suisse) et de JLU (Allemagne) ont participé à l'étude.

Les travaux au JLU ont été financés par le programme européen ERA-NET PROANTILIS. L'étude a également été financée par le Centre allemand de recherche sur les infections, DZIF.

En avril 2018, une nouvelle espèce bactérienne a été décrite par des chercheurs de l'Institut de technologie du Costa Rica et par le centre collaborateur de l'OMS sur les Listeria de l'Institut Pasteur. L'espèce, appelée Listeria costaricensis, est non pathogène et a été isolée de l'eau prélevée dans une aire de drainage industrielle dans la province d'Alajuela (Costa Rica) après trois années de collecte d'échantillons et de recherche.

mercredi 16 octobre 2019

Saga de la famille bisphénol, l'Anses demande d'éviter une substitution par le bisphénol B


Dans un article du 26 octobre 2017, dans un article intitulé « Saga du bisphénol A : où l’on reparle du bisphénol S », j’indiquais :

Chemical Watch rapporte que « Des chercheurs de l'UE concluent que le BPS présente une activité similaire endocrinienne au BPA ». Le JRC (Joint Research Centre) dit que ce matériau de substitution a les mêmes effets œstrogéniques  et devrait être encore évalué.

Voici qu’aujourd’hui l’Anses nous dit qu’il faut « Eviter une substitution du Bisphénol A par le Bisphénol B ».

Y’a donc un progrès … sans doute tout l’alphabet va y passer …

On savait comme le rapporte le communiqué de l’Anses précité,
Le BPB est aujourd’hui utilisé comme alternative à certains usages du BPA et du bisphénol S (BPS) dans certains pays tels que les Etats-Unis où il est enregistré en tant qu'additif indirect pour certains revêtements et polymères en contact avec les aliments par la Food and Drug Administration (FDA).
Le Bisphénol B présente des propriétés endocriniennes similaires à celles du Bisphénol A. Telle est la conclusion des experts de l’Anses dont les travaux sont publiés aujourd’hui dans la revue Environmental Health Perspectives. L’article présente les résultats de l’évaluation des propriétés de perturbation endocrinienne du bisphénol B (BPB) menée en septembre 2018 dans le cadre de la Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE 1).
Les experts ont développé une méthode d’analyse originale en se basant sur la similarité de structure entre le bisphénol A (BPA) et le BPB. Cette approche se veut plus inclusive que celle qui est actuellement appliquée au niveau règlementaire en Europe. En effet, les experts ont pris en compte les effets possibles du BPB sur l’homme ou la faune sauvage observés lors de tests en laboratoire réalisés sur différentes espèces de vertébrés tels que des rongeurs ou des poissons.
Les données obtenues mettent en évidence la capacité du BPB à interférer avec la voie de signalisation des œstrogènes, à réduire la production de testostérone, à altérer la stéroïdogenèse, à modifier la spermatogénèse chez les rats et les poissons-zèbres, ainsi que la reproduction des poissons. Cette activité oestrogénique ainsi que l'inhibition de la production de testostérone sont cohérentes avec l'activité endocrinienne du BPA.
Ces travaux concluent donc que le BPB présente des propriétés endocriniennes similaires à celles du BPA, la première substance chimique à avoir été identifiée en tant que perturbateur endocrinien pour l’homme au niveau européen.

Last but not the least,
Bien que non fabriqué ou utilisé comme substance chimique en Europe (il n’est pas enregistré dans le cadre du règlement européen REACH), on le retrouve dans des échantillons biologiques de populations européennes (Cunha and Fernandes 2010 et Cobellis et al. 2009) ainsi que dans des milieux environnementaux en Chine (Yan et al. 2017, Liu et al. 2017). Son identification comme perturbateur endocrinien dans le cadre du règlement REACH permettra d’éviter que l’industrie développe son utilisation ou sa fabrication pour substituer le BPA ou BPS. Cette identification obligera également les importateurs d’articles contenant du BPB à plus de 0,1% à déclarer sa présence.

Pendant qu’on y est, il faut aussi signaler l’existence de bisphénol F, voir ici.

En conclusion, ceux qui ont propagé le logo « sans BPA » devrait désormais indiquer « sans bisphénol », un point c’est tout !

NB : Tous les liens sont de mon fait.

Mise à jour du 25 octobre 2019. Communiqué du ministère de la santé du 24 octobre 2019
Perturbateurs endocriniens : la France engage la reconnaissance du Bisphénol B comme « substance extrêmement préoccupante »
A la suite de la publication d’une étude de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) sur les propriétés de perturbateur endocrinien du Bisphénol B, Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire et Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, ont décidé d’engager les procédures permettant de reconnaître cette substance comme perturbateur endocrinien. Cette reconnaissance, dans le cadre du règlement REACH, doit permettre à terme d’éviter son utilisation comme substituant au Bisphénol A ou Bisphénol S.

Justice et intoxication alimentaire au Canada : L'affaire Maple Leaf va aller vers la Cour supême


« L’intoxication alimentaire chez Maple Leaf se dirige vers la Cour suprême », source article de Jim Romahn paru sur son blog Agri 007.

La Cour suprême entendra une affaire impliquant une intoxication alimentaire causée par la bactérie Listeria monocytogenes d’aliments de chez Maple Leaf, qui a provoqué environ 20 décès et des dizaines de maladies en 2008 (en fait 24 décès et 50 personnes malades -aa).

Sur l’affaire Maple Leaf, on lira les articles du blog ici.

Les 424 franchisés de la chaîne de restauration rapide Mr Sub ont intenté un recours collectif, faisant valoir des pertes, parce que le public avait perdu confiance en leurs produits contenant des produits Maple Leaf.

Un tribunal de première instance a jugé Maple Leaf responsable, une cour d’appel s’est prononcée dans un sens opposé et c’est maintenant à la Cour suprême de décider du cas qui, selon les avocats, pourrait engager la responsabilité de tous les fournisseurs pour les pertes financières subies par leurs clients.

Maple Leaf a présenté ses excuses à ceux qui avaient été rendus malades par ses produits, sa compagnie d'assurance a intenté un recours collectif et la société a embauché un gourou de la sécurité des aliments à son équipe de direction.

« La question qui revient sans cesse, cas après cas, est de savoir si, en cas de négligence, vous ne causez pas de préjudice physique à quelqu'un, vous ne devez lui payer que de l'argent. », a déclaré Andrew Bernstein, associé en litige chez Torys LLP, appelant cela une question qui « continue à assombrir les tribunaux. »

Les « implications plus larges de l'affaire sont très importantes », a-t-il déclaré dans un article du journal Globe and Mail. Selon lui, cela soulève le « spectre de la responsabilité indéterminée ».

« Je pense que l’inquiétude est que quiconque fournit tout ce qui est utilisé dans une autre entreprise pourrait être tenu pour responsable », a-t-il déclaré.

Les franchisés étaient tenus d'acheter et de vendre des viandes approuvées par Mr Sub, parmi lesquelles deux produits Maple Leaf, du rôti de boeuf et du bœuf en conserve, visés par le rappel.

Mr Sub est devenu publiquement associé à Maple Leaf pendant la crise lorsque l’Agence canadienne d’inspection des aliments a nommé la chaîne dans un avertissement relatif à la santé, ce qui a été mentionné dans les médias.

Les consommateurs ont demandé aux détaillants si leurs produits de viande étaient touchés et les concurrents ont affiché des affiches proclamant qu'ils ne servaient pas de viande Maple Leaf. D'autres restaurants, notamment McDonald's, étaient également liés à Maple Leaf à l'époque.

L'Europe enregistre une baisse des ventes d'antibiotiques vétérinaires


« L'Europe enregistre une baisse des ventes d'antibiotiques vétérinaires », source CIDRAP News.

Un rapport publié le 15 octobre 2019 par l'Agence européenne des médicaments (EMA) montre que les ventes d'antibiotiques à usage vétérinaire continuent à diminuer en Europe.

Les données du dernier rapport de l'EMA sur la surveillance européenne de la consommation d'antimicrobiens vétérinaires (ESVAC pour European Surveillance of Veterinary Antimicrobial Consumption) font apparaître une baisse de 32,5% des ventes d'antibiotiques pour les animaux producteurs de denrées alimentaires de 2011 à 2017, avec des ventes de deux classes d'antibiotiques considérées comme essentielles en médecine humaine, les polymyxines et les céphalosporines de quatrième génération, en forte baisse.

Au total, 30 pays de l'Union européenne/Espace Economique Européen (UE/EEE) et la Suisse ont fourni des données au rapport, qui est publié chaque année et couvre toutes les espèces productrices d'aliments et les animaux de compagnie. Les données de l'an dernier indiquaient une baisse de 20% des ventes d'antibiotiques vétérinaires de 2011 à 2016.

« Les résultats du rapport confirment la tendance à la baisse observée ces dernières années et montrent que les orientations et les campagnes nationales de l'UE en faveur d'une utilisation prudente des antibiotiques chez les animaux pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens ont un effet positif », a déclaré l'EMA dans un communiqué de presse.

Des déclins non unilatéraux
Parmi les 25 pays de l'UE/EEE qui fournissent des données pour le rapport depuis 2011, les ventes totales d'antibiotiques vétérinaires destinés à des animaux producteurs de denrées alimentaires sont passées de 162,0 milligrammes par population correction unit* (mg/PCU) en 2011 à 109,3 mg / PCU en 2017.

La PCU est utilisée comme indicateur indirect de la taille de la population animale risquant d’être traitée aux antibiotiques dans chaque pays et est utilisée pour harmoniser les données entre les pays. Cela n'inclut pas les animaux de compagnie, qui ne représentent que 1% des ventes d'antibiotiques vétérinaires (en tonnes de principe actif).

Sur ces 25 pays, 19 ont enregistré une réduction de plus de 5% des ventes d'antibiotiques destinés aux animaux producteurs d'aliments. L'Allemagne (58%), les Pays-Bas (51%) et la France (41%) ont enregistré une baisse significative. Le rapport indique que les réductions possibles incluent des campagnes d'utilisation responsable, des restrictions d'utilisation, des objectifs de réduction et une sensibilisation accrue à la menace de la résistance aux antimicrobiens.

Toutefois, les ventes d'antibiotiques à usage vétérinaire n'ont pas diminué dans tous les pays de l'UE/EEE. La Bulgarie, la Pologne et la Slovaquie ont vu leurs ventes d’antibiotiques vétérinaires augmenter de plus de 5% de 2011 à 2017. En outre, un écart important a été observé entre les pays ayant les ventes les plus élevées (Chypre, 432,1 mg/PCUen 2017) et les moins élevées, 3,1 mg/PCU en 2017) d'antibiotiques vétérinaires.

L'EMA note que ces variations reflètent en partie les différences en termes d'apparition de maladies, de composition de la population animale et de systèmes de production dans ces pays, et que les données sur les ventes ne représentent pas l'utilisation des antibiotiques dans les exploitations européennes. L'agence affirme cependant que les différences soulignent le fait que certains pays limitent mieux les antibiotiques vétérinaires que d'autres.

« La baisse substantielle des ventes d'antimicrobiens pour les espèces productrices d'aliments observée dans certains pays indique qu'il existe un fort potentiel de réduction de l'utilisation d'antimicrobiens dans d'autres, en particulier chez ceux qui consomment beaucoup », a déclaré l'EMA.

Baisse des antibiotiques critiques
Les réductions significatives des médicaments classés par l’Organisation mondiale de la Santé parmi les antimicrobiens d’une importance primordiale ont contribué à la baisse globale des ventes. Dans les 25 pays pour lesquels des données sont disponibles depuis 2011, les ventes de polymyxines, de céphalosporines de troisième et de quatrième génération et de fluoroquinolones ont diminué respectivement de 66,4%, 20,9% et 10,3%.

Les ventes des classes d'antibiotiques qui représentaient près des deux tiers des antibiotiques vétérinaires vendus en 2017, tétracyclines, pénicillines et sulfamides, ont également diminué de 2011 à 2017. Les ventes de tétracyclines et de sulfamides ont respectivement chuté de 44% et 46%, tandis que les ventes de pénicillines a diminué de 18%.

Le nombre de pays ayant fourni des données au rapport ESVAC a plus que triplé depuis le début du projet, passant de 9 en 2010 à 31 en 2019. Cette augmentation montre que les pays européens sont résolus à promouvoir l'utilisation responsable des antibiotiques chez les animaux.

* selon l’ESVAC (European Surveillance of Veterinary Antimicrobial Consumption), PCU (Population Correction Unit) est obtenu en multipliant le nombre d’animaux par catégorie d’espèce par un poids fixé qui correspondrait au poids au moment du traitement (425 kg pour les vaches et les bovins mâles, 200 kg pour les génisses, 140 kg pour les veaux, 65 kg pour les porcs, 240 kg pour les truies, 1 kg pour les poulets, 6.5 kg pour les dindes…). Source Anses.

Les aliments crus pour chiens dits BARF contiennent des bactéries multirésistantes dans un cas sur deux. Certains germes peuvent également être dangereux pour l'être humain, selon une étude de l'Université de Zurich

« Les aliments crus pour chiens dits BARF contiennent des bactéries multirésistantes dans un cas sur deux. Certains germes peuvent également être dangereux pour l'être humain, mettent en garde des chercheurs zurichois », source Paysans Suisses, ATS/AGIR

Le régime BARF (Biologically Appropriate Raw Food ou nourriture crue biologiquement appropriée) vise à donner à son animal domestique une nourriture aussi proche que possible du régime qu'il adopterait dans la nature. Pour le chien, il se compose de viande crue, d'abats, d'os et d'un peu de fruits ou de légumes.

De nombreux produits et compléments alimentaires BARF sont proposés sur le marché. L'équipe de Roger Stephan, de l'Université de Zurich (UZH), a analysé 51 échantillons de viande crue provenant de différents détaillants en Suisse.
Les chiens mangent de plus en plus de portions de viande crue, d'abats, d'os et d'autres ingrédients. (Photo: istock.com / manushot).
Résultats: plus de la moitié (61%) contenaient des bactéries résistantes aux antibiotiques à large spectre, rapportent les chercheurs dans la revue britannique Royal Society Open Science. En outre, 73% dépassaient le seuil recommandé pour les entérobactéries. Deux échantillons contenaient des salmonelles, deux autres des souches de bactéries Escherichia coli porteuses d'un gène de résistance à l'antibiotique de dernier recours colistine et capables de le transmettre à d'autres bactéries.

Que l'on trouve dans plus de 60% des échantillons de telles bactéries est jugé « vraiment effrayant » par l'auteure de l'étude Magdalena Nüesch-Inderbinen, citée dans un communiqué de l'UZH. Certaines d'entre elles, de type E. coli, peuvent provoquer des infections chez l'humain et d'autres espèces animales.

Pour les scientifiques, cette méthode nutritionnelle constitue un facteur de risque important pour la transmission de germes résistants aux antibiotiques. Les propriétaires d'animaux entrent en contact avec les bactéries lors de la préparation de la nourriture. La transmission est également possible lors des contacts avec l'animal au sein du ménage.

Conclusion: il faut une prise de conscience des risques et une hygiène stricte lors de la préparation de la pâtée. Dans une précédente étude, les chercheurs zurichois avaient déjà démontré que les souches bactériennes résistantes aux antibiotiques sont largement répandues chez les chiens et les chats.

Norovirus est la principale cause d’épidémies au Danemark


Norovirus est le pathogène d'origine alimentaire le plus courant en 2017 aux Etats-Unis, selon le CDC mais aussi en France selon une étude parue en janvier 2018 dans le BEH et il en va de nême au Danemark où « Norovirus est la principale cause d’épidémies au Danemark », source Food Safety News.

Selon des données récemment publiées, 64 foyers de cas d'origine alimentaire impliquant 1 600 patients ont été signalées au Danemark cette année.

Trois grands incidents ont provoqué le quart des épidémies. En 2017, 63 éclosions ont été signalées mais seulement 1 151 personnes sont tombées malades.

Norovirus était la cause la plus fréquente en 2018 avec 21 foyers impliquant 839 cas, une augmentation substantielle par rapport à 2017 mais au même niveau qu'en 2016.

Le nombre de personnes touchées par 64 foyers de cas d'origine alimentaire était de 1 600, avec une moyenne de 12 personnes par foyer et une fourchette de 2 à 150. Quatorze éclosions étaient nationales, dont deux faisaient partie d'événements internationaux. La plus grande, impliquant 150 personnes, était une épidémie locale causée par norovirus.

L’établissement le plus fréquent était les restaurants, avec 20 foyers de cas touchant 435 personnes. Douze personnes dans des cantines et la restauration en milieu de travail ont également touché un nombre élevé de personnes avec 671 personnes malades, soit une moyenne de 56 personnes par foyer.

Les plats composés avec 15 foyers et des repas sous forme de buffet avec neuf étaient les principaux types d'aliments associés aux foyers et étaient le plus souvent causés par un norovirus.

Investigations sur l’hépatite A, le botulisme et Clostridium perfringens
Clostridium perfringens a été associé à cinq foyers de cas touchant 107 personnes, contre huit, sept et 11 foyers de cas en 2017, 2016 et 2015.

Une importante épidémie d’hépatite A avec 31 personnes malades a été liée à des dattes en provenance d’Iran. Neuf patients ont été touchés par une épidémie de botulisme causée par un plat fait maison. Quatre d'entre eux sont devenus gravement malades et ont nécessité des soins intensifs et une ventilation mécanique. Ils ont été hospitalisés pendant huit semaines.

Luise Müller, épidémiologiste du Statens Serum Institut, a déclaré que les chiffres montrent que le Danemark connaît encore de graves épidémies qui doivent être explorées et arrêtées.

« Les enquêtes fructueuses sur la grande épidémie nationale d'hépatite A d'origine iranienne et sur l'épidémie de botulisme local montrent l'importance de la préparation interdisciplinaire du Danemark, capable de faire face à de tels incidents imprévus. »

Campylobacter reste la maladie bactérienne d'origine alimentaire la plus répandue dans le pays, avec 4 546 cas confirmés. Deux épidémies régionales ont été signalées ; l'une causée par la consommation de lait cru avec 20 personnes malades.

Salmonella a provoqué 1 168 cas d’infections confirmées en laboratoire, ce qui représente une légère augmentation par rapport à 1 067 en 2017. Comme les années précédentes, les deux sérotypes les plus courants étaient Salmonella Typhimurium, comprenant des souches monophasiques et Salmonella Enteritidis.

Dix-neuf foyers ont été enregistrés et neuf d’entre eux liés à des voyages à l’étranger dans des pays tels que l’Égypte, le Maroc et la Turquie. Six foyers domestiques ont été provoqués par Salmonella Typhimurium ou sa variante monophasique: O:4,[5],12:i:-. La source a été révélée pour cinq foyers et quatre étaient liés à de la viande de porc ou des produits à base de viande de porc.

Augmentation des STEC
Le nombre de cas à E. coli producteurs de shigatoxines (STEC) enregistrés a augmenté chaque année depuis 2015 et a doublé de 2014 à 2018 avec 281 cas en 2014 et 495 en 2018. Le sérotype le plus courant l'an dernier était O26, suivi de O157. et O103.

Une épidémie à STEC O26:H11 a rendu malade 39 personnes et a été associée à de la viande bovine séchée.

De 2014 à 2018, 55 cas de STEC étaient associés au syndrome hémolytique et urémique (SHU), ce qui correspond à 3,4% de tous les cas de STEC. En 2018, 21 cas ont été enregistrés, soit le nombre le plus élevé jamais enregistré. Soixante-quinze pour cent ont été signalés de juin à septembre.

Une épidémie touchant 129 personnes s'est produite dans le Jutland lors d'un événement destiné aux anciens élèves d'une école secondaire. L'agent en cause était E. coli O25 (ETEC) entérotoxinogène. Une enquête a mis en évidence un repas commun au moment de l'exposition, mais il n'a pas été possible d'établir la source ou le mode de transmission.

Les lectines dans des haricots ont provoqué quatre épidémies, dont deux importantes avec respectivement 50 et 40 cas de maladie. Les légumineuses sèches contiennent naturellement des lectines qui peuvent provoquer des nausées, des vomissements et des diarrhées de une à sept heures après leur consommation.

Deux épidémies à Listeria ont été détectées en 2018. Deux patients porteurs d'isolats de Listeria monocytogenes ST20 ont été liés par WGS (séquençage du génome complet) à un troisième isolat de 2016. Cependant, aucun lien commun ni aucune exposition n'a été identifié.

De mars à décembre, quatre cas à Listeria monocytogenes ST8 ont été identifiés et liés par WGS à un isolat supplémentaire datant de 2017. La source a été soupçonnée être différente de celle d'une entreprise produisant des produits carnés pour la restauration. Au total, 47 cas ont été signalés l'année dernière, contre 58 en 2017.

Rappelons qu’un tel rapport n’existe pas en France. Parmi les moyens à votre disposition pour rechercher une telle information, il vous faut aller sur le site de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). C'est en regroupant ces données et celles des pays européens que l'EFSA établit chaque année la compilation intitulée « The European Union summary report on trends and sources of zoonoses, zoonotic agents and food-borne outbreaks ».