mardi 10 janvier 2023

Information sur de nouveaux rappels d'huîtres chez Carrefour et au Luxembourg, mais pas chez RappelConso !

Dans une information datée du 9 janvier 2023, mais mise en ligne le 10 janvier, Carrefour informe de nouveaux rappels d’huîtres :

Par mesure de précaution, face aux nombres croissants de gastro entérites déclarées, la Société « Huîtres Henry » procède aujourd’hui au retrait de la vente des « Huîtres » suite à la présence de Norovirus (virus de la gastro). Cette contamination est due à une pollution par les débordements des réseaux d’assainissement suite aux fortes pluies de ces dernier jours.

Huîtres Henry des marques « La Belle de Quiberon » et « La Belle de Cancale », zone de production n°56.09.3 références : huîtres creuses bio ; huîtres creuses traditionnelles ; huîtres plates belons bio, conditionnées sous le numéro sanitaire « 56.233.010 ».

Au Luxembourg, les autorités sanitaires informent du rappel le 10 janvier 2023 d’huîtres creuses (n°2, n°3) de la marque La Belle de Quiberon (huîtres Henry) et huîtres plates belons bio n°2 de la marque La Belle de Cancale (huîtres Henry), en raison de la présence potentielle de norovirus.

Cela étant, la fiche de rappel au Luxembourg est datée du 7 janvier 2023.

Ces rappels, tant chez un distributeur en France qu’à l’étranger, ne sont pas repris par RappelConso. Pourquoi ? Comment est-ce possible ?

A propos de norovirus
Les toxi-infections alimentaires causées par les Norovirus se traduisent par des troubles gastrointestinaux souvent accompagnés des symptômes de gastro-entérite aigue (vomissements, nausées, diarrhées fréquemment accompagnées d’une fièvre modérée dans les 48H qui suivent la consommation des produits contaminés). Ces symptômes peuvent être aggravés chez les jeunes enfants, les sujets immunodéprimés et les personnes âgées.

Il est donc recommandé aux personnes qui détiendraient des produits appartenant aux lots décrits ci-dessus de ne pas les consommer, de les détruire ou de les retourner sur le lieu d’achat.

Les personnes qui auraient consommé les produits mentionnés ci-dessus et qui présenteraient ces symptômes, sont invitées à consulter leur médecin traitant en lui signalant cette consommation.

NB : Photo d'illustration.

Mise à jour du 12 janvier 2023
L'AFSCA de Belgique informe le 12 janvier 2023 du rappel des huîtres dont il est question plus haut.

Aliments prêts à consommer : Vérification des mesures préventives

Un article paru en accès libre dans Journal of Food Protection fait le point sur les «Essais microbiologiques par l'industrie des aliments prêts à consommer sous la juridiction de la FDA pour les agents pathogènes (ou les organismes indicateurs appropriés) : vérification des mesures préventives.» Cet article a été adopté par le National Advisory Committee on Microbiological Criteria for Foods (NACMCF) des Etats-Unis, le 22 avril 2021.

Question posée 1. Pour les catégories d'aliments énumérées, quels principes et critères une entreprise devrait-elle appliquer pour déterminer la nécessité et concevoir un programme d'analyses microbiennes efficaces pour vérifier que le processus maîtrise efficacement les agents pathogènes microbiens ?

Question posée 2. Existe-t-il des situations dans lesquelles des tests autres que pour des agents pathogènes ou les organismes indicateurs, par exemple des enzymes, seraient une activité de vérification appropriée ?

Question posée 3. Existe-t-il des situations dans lesquelles des tests de vérification ne seraient pas nécessaires s'il existe des preuves que le traitement approprié a effectivement été appliqué ?

Question posée 4. Lorsque les tests microbiens constituent une activité de vérification appropriée, quelles considérations une entreprise doit-elle appliquer pour sélectionner le micro-organisme à tester (par exemple, pathogène spécifique ou organisme indicateur) et le type de test (par exemple, présence/absence ou dénombrement) ? Quels sont les micro-organismes indicateurs appropriés pour vérifier les processus qui maîtrisent adéquatement les agents pathogènes ?

Question posée 5. Quels principes et critères une entreprise devrait-elle appliquer pour déterminer la fréquence des tests sur le produit fini afin de déterminer si le système de sécurité des aliments de l'entreprise pour ce produit est efficace ?

Question posée 6. En règle générale, les tests microbiens effectués par une entreprise pour vérifier la maîtrise du processus sont effectués sur le «produit fini». Existe-t-il des situations dans lesquelles des tests sur site autres qu'à la fin du processus peuvent atteindre l'objectif de vérifier l'adéquation de la maîtrise des dangers microbiens ? Décrivez les situations et les tests qui seraient appropriés.

Question posée 7. La règle des bonnes pratiques d’hygiène en fabrication et des mesures préventives (Current Good Manufacturing Practice, Hazard Analysis, and Risk-Based Preventive Controls for Human Food) exige une surveillance environnementale pour un agent pathogène environnemental (par exemple, Listeria monocytogenes, Salmonella) ou pour un organisme indicateur approprié en tant qu'activité de vérification si la contamination d'un aliment prêt à consommer par un agent pathogène environnemental est un danger nécessitant une mesure préventives (telles que des contrôles sanitaires). Quel impact la surveillance environnementale a-t-elle sur la fréquence et l'étendue des activités de vérification des tests de produits par les entreprises ?

Question posée 8. (1) Quels critères une entreprise devrait-elle appliquer pour déterminer que les résultats des tests microbiens indiquent une perte de maîtrise du processus ? (2) Quelles mesures une entreprise doit-elle prendre si les résultats des tests indiquent une perte de maîtrise du processus ? (3) Lorsque les tests de vérification indiquent une perte de maîtrise du processus, dans quelle mesure les tests de vérification doivent-ils être augmentés, jusqu'où doivent-ils aller en amont et en aval, et quand et comment doivent-ils être réduits ?

Toutes ces questions sont présentées sous forme de tableaux de questions selon un arbre de décision et des réponses en regard des produits concernés.

Résumé
Le but de ce document est de fournir des exemples et des conseils aux fabricants et aux transformateurs pour établir leurs propres cibles et limites microbiennes afin de répondre aux exigences de mesures préventives. Il offre des conseils pour l'utilisation des essais microbiologiques pour les agents pathogènes (ou les organismes indicateurs appropriés) pour vérifier la maîtrise des processus pour les agents pathogènes dans les aliments prêts à consommer sous la juridiction de la FDA.

Les conseils fournis par le NACMCF visent à guider les décisions à prendre par chaque entreprise en fonction de son installation, des ingrédients utilisés, de la transformation, de l'emballage, du niveau de maîtrise prévu, de la durée de conservation du produit, de l'utilisation prévue ou du stockage et de la manipulation potentiels en distribution ou par le consommateur. Le NACMCF a été spécifiquement chargé d'offrir des conseils sur (i) les principes et critères qu'une entreprise doit appliquer pour déterminer la nécessité et concevoir un programme d’essais microbiens efficaces pour vérifier que les processus maîtrisent efficacement les agents pathogènes microbiens ; (ii) les situations dans lesquelles des essais autres que pour des agents pathogènes ou des organismes indicateurs seraient une activité de vérification appropriée pour une entreprise ; (iii) les situations dans lesquelles les tests de vérification par une entreprise ne seraient pas nécessaires s'il existe des preuves que le traitement approprié a, en fait, été appliqué ; (iv) lorsque les essais microbiens constituent une activité de vérification appropriée, les considérations qu'une entreprise doit appliquer lors de la sélection des micro-organismes à analyser et quels sont les micro-organismes indicateurs appropriés pour vérifier les processus qui maîtrisent adéquatement les agents pathogènes ; (v) les principes et critères qu'une entreprise doit appliquer pour déterminer la fréquence d'analyse du produit fini afin de déterminer si le système de sécurité des aliments de l'entreprise pour ce produit est efficace ; (vi) les situations dans lesquelles les tests sur des étapes autres qu'à la fin du processus peuvent permettre d'atteindre l'objectif de vérifier l'adéquation de la maîtrise des dangers microbiens ; (vii) les impacts de la surveillance environnementale sur la fréquence et l'étendue des activités de vérification des essais des produits par les entreprises ; et (viii) les critères et les mesures qu'une entreprise doit appliquer pour déterminer que les résultats des essais microbiens indiquent une perte de maîtrise du processus et dans quelle mesure les tests de vérification doivent-ils être augmentés, jusqu'où doivent-ils aller en amont et en aval, et quand et comment doivent-ils être revus à la baisse ?

Actualités du plomb chez les enfants : épices et lait maternel

«Une étude révèle que les épices viennent en deuxième position après la peinture pour l'intoxication au plomb des enfants», source article de Dan Flynn du 10 janvier 2023 paru dans Food Safety News.

Au cours du week-end dernier, un journal a partagé avec ses lecteurs la conclusion étonnante de son service de santé local.

Ce qui a été révélé, c'est que les épices contaminées ont été déterminées comme la deuxième cause d'intoxication au plomb chez les enfants en 2021 dans le comté le plus peuplé du Nebraska.

L'étude du département de la santé du comté de Douglas a été rapportée pour la première fois par le plus grand journal du Nebraska, Omaha World-Herald.

Le directeur de la politique alimentaire de Consumer Reports, Brian Ronholm, a réagi aux conclusions du comté de Douglas.

«Cela souligne vraiment la gravité du problème et la nécessité pour la FDA d'agir en fixant des limites explicites strictes, a déclaré Ronholm à Food Safety News. «Le besoin d'une réglementation plus stricte est urgent, surtout si l'on considère que les épices sont consommées presque quotidiennement et les effets potentiels à long terme de l'exposition aux métaux lourds sur les enfants.» Ronholm est l'ancien sous-secrétaire adjoint à la sécurité des aliments de l’USDA.

Consumer Reports est en tête des défenseurs de la santé publique qui ont demandé à la Food and Drug Administration (FDA) d'établir des limites sur les métaux lourds dans les aliments. Aucune limite n'existe actuellement et il n'y a aucun signe d'action de la part de la FDA

En ce qui concerne les épices qui figurent en tête de liste des intoxications dans le comté de Douglas, les responsables de la santé affirment que des tests chez des familles qui ont fui l'Afghanistan gouverné par les talibans montrent que les enfants ont des niveaux élevés de plomb.

Naudia McCracken, superviseur du programme de prévention de l'intoxication au plomb du département de la santé du comté de Douglas, affirme que ces niveaux élevés de plomb ont été retrouvés dans les aliments, en particulier les épices contaminées au plomb.

En l'absence de normes réglementaires pour les herbes et les épices, McCracken a dit qu'il était possible pour quiconque d'ingérer trop de plomb dans ses repas.

Les familles afghanes ont probablement acheté des épices dans des épiceries ethniques. Les immigrants de nombreuses régions du monde utilisent également plus d'épices dans leur cuisine que ce qui est typique aux États-Unis.

Mais Consumer Reports a découvert que les herbes et les épices de marque pouvaient contenir de l'arsenic, du cadmium et du plomb. En 2021, la principale organisation de consommateurs du pays a testé 126 produits de ce type de chez McCormick, Trader Joe's, Whole Foods et d'autres marques populaires, constatant que près d'un tiers avaient des niveaux de métaux lourds suffisamment élevés pour soulever des problèmes de santé.

Selon les experts de Consumer Reports, les niveaux de plomb étaient si élevés dans 31 produits qu'ils dépassaient la quantité maximale que quelqu'un devrait avoir en une journée. Fin 2022, les analyses de Consumer Reports ont trouvé des métaux lourds dans le chocolat de Hershey's, Theo, Trader Joe's et d'autres marques bien connues.

L'intoxication au plomb des enfants dans le comté de Douglas au Nebraska et ailleurs continue d'être principalement dû à la peinture au plomb, à partir de copeaux ou de poussière. En 2021, 69% des enfants du comté qui ont testé avec des niveaux élevés de plomb ont ingéré de la peinture provenant d'éclats de peinture ou de poussière.

Les étudiants en chimie impliqués dans l'étude du comté de Douglas ont trouvé les niveaux de plomb les plus élevés dans le thym et le basilic. Du plomb a été retrouvé dans toutes les épices analysées, comprenant des marques bio et celles vendues par les épiceries et les magasins spécialisés.

Toutes les épices testées contenaient un certain niveau de plomb, y compris le curcuma, le basilic, le gingembre, le thym, la poudre de curry et les compléments alimentaires à base de racine de curcuma et de gingembre.

Le département de la santé du comté de Douglas reconnaît que ses analyse réalisées par des étudiants n'ont pas eu lieu dans un laboratoire certifié, mais chaque échantillon a été soumis à un examen par trois groupes d'étudiants.

Les enfants de moins de 7 ans sont les plus sensibles à l'intoxication au plomb parce que leur système neurologique n'est pas complètement développé. Le plomb peut nuire au développement intellectuel et contribuer aux problèmes de comportement. Chez les adultes, le plomb peut augmenter la tension artérielle, entraîner une perte auditive et aggraver les troubles gastro-intestinaux.

L'American Spice Trade Association a déclaré au Omaha World-Herald qu'elle était favorable à ce que la FDA fixe des limites sur les métaux lourds dans les espèces. La Commission européenne a établi des limites pour le commerce des épices dans l'Union européenne et l'Organisation mondiale de la santé se pencherait sur la question.

McCracken dit que des limites explicites fixées par la FDA sont nécessaires. En 2021, 19% des enfants dont le taux de plomb était élevé dans le comté de Douglas l'ont probablement obtenu à partir d'épices. Et 25% d'entre eux étaient des enfants d'immigrants.

Les tests des étudiants ont été effectués par une classe de chimie de l'Université du Nebraska Omaha. C'est la seule étude systématique des épices vendues dans la région d'Omaha.

Le comté de Douglas, qui a été incorporé en 1854, est une zone métropolitaine majeure le long du fleuve Missouri, avec Omaha comme sa plus grande ville. C'est un centre majeur pour les industries de l'assurance et du télémarketing avec une population approchant les 600 000 habitants.

Dans le passé, Omaha était connue pour la fusion, qui consiste à appliquer de la chaleur à un minerai afin d'en extraire un métal de base. Il est utilisé pour extraire de nombreux métaux de leurs minerais, y compris le plomb. La fonte est parfois accusée par les propriétaires d'Omaha d'avoir des niveaux de plomb supérieurs à la normale dans les sols de la région.

Un autre article de Food Safety News fait état d’inquiétudes concernant le plomb, ce qui incite à rappeler du lait maternel humain.

Une marque de produits de lait maternel a été rappelée au Royaume-Uni en raison de sa teneur en plomb.

NeoKare Nutrition a retiré et rappelé tous les produits. Cependant, la plupart des articles sont déjà périmés.

L'entreprise a vendu du lait maternel humain à des personnes en ligne. Sur 13 hôpitaux fournis par la société, sept ont utilisé le produit, six en Angleterre et un au Pays de Galles. Un produit a été administré par certains hôpitaux à des bébés prématurés dans le cadre d'un essai clinique ou comme source alternative de nutrition.

Il était une fois une histoire de thermomètre

Est-ce que nos autorités sanitaires ont un problème avec le thermomètre ? Quand il s’agit de la chaîne du froid, il faut un thermomètre, mais quand il s’agit de la cuisson, celui-ci n’existe plus, en voici un nouvel exemple ...

Les articles du ministère de l’Agriculture en matière de sécurité sanitaire des aliments sont rares, bien trop rares, c'est dommage, et donc il faut savoir profiter de ce premier article de 2023 sur «Sécurité sanitaire des aliments : tout sur la chaîne du froid»

La réglementation sanitaire qui fixe les températures optimales de conservation de denrées s’appuie sur des bases scientifiques traditionnelles. Elle prend en compte l’évolution des habitudes de consommation, les progrès techniques agroalimentaires et leurs risques inhérents, son objectif étant de garantir la sécurité du consommateur.
La chaîne du froid : à vos thermomètres !
Le froid positif permet de conserver une denrée sans atteindre son point de congélation, ce qui risquerait d’en dégrader certaines qualités organoleptiques, comme sa texture.
Le froid négatif vise, au contraire, à conserver les denrées à l’état congelé et à une température suffisamment basse pour bloquer tout réaction biologique. Les denrées peuvent ainsi être conservées pendant plusieurs semaines voire des mois.

Intéressant le sous-titre de ce paragraphe «La chaîne du froid : à vos thermomètres», car, s’agissant de la cuisson des aliments, nos autorités sanitaires indiquent des températures de cuisson, sans évoquer «à vos thermomètres», étonnant, non ?

Autre intérêt de ce paragraphe, des exemples illustrent les différences de températures de conservation,

Les denrées conservées en froid positif doivent l’être à des températures d’autant plus basses qu’elles sont fragiles : les mollusques vivants (huîtres, moules) peuvent être stockés à des températures dépassant les 10°C tandis que la viande hachée doit l’être à moins de 2°C.  

Toujours ce souci de la température et donc du thermomètre ...

Autre sujet important à destination du consommateur, «La chaîne du froid : recommandations pour la maison» qui se décline en quatre volets :
- Lisez les étiquettes
- Rangez votre frigo
- Lavez votre frigo
- Dégivrez votre congélateur

Enfin, parmi les références citées, on trouve le guide des bonnes pratiques d’hygiène à destination des consommateurs, version mai 2013.

Ce guide a mal vieilli, à mon sens, jugez plutôt, car il va aussi s’agir de thermomètre, mais pour la cuisson,

Pour les enfants de moins de 15 ans, veiller à bien cuire à cœur les steaks hachés, à une température supérieure à +63°C (cela correspond visuellement à une viande non rosée à cœur).

Pour en savoir plus, il vous est renvoyé à un lien qui n’existe plus.
En revanche, ce qui existe, ce sont des recommandations de Santé publique France, «La prévention du syndrome hémolytique et urémique chez l’enfant âgé de moins de 15 ans en France».

Dans ce document, il est indiqué «les viandes, et surtout la viande hachée de bœuf, doivent être bien cuites à cœur.»
L’Anses indique qu’il faut «bien cuire à cœur (70°C) les viandes hachées et les produits à base de viande hachée.»

Encore une histoire de thermomètre ...

Par ailleurs, dans ce document de Santé publique France, il n’est pas fait mention du fait que «Les préparations à base de farine (pizza/pâte à cookies/gâteau/tarte/crêpe...) ne doivent pas être consommées crues ou peu cuites.» que l’on trouve pourtant dans les «Mesures de prévention pour éviter la transmission de la bactérie E. coli responsable du SHU» qui se trouvent être dans Syndrome hémolytique et urémique pédiatrique en France : chiffres clés 2021.

Des mises à jour s’imposent ici et là …

Le tweet de la semaine !

 Merci à Olivier Masbou et son excellent blog-notes de m'avoir signalé cette information.

Une décennie plus tard : comment le scandale de la viande de cheval a changé la façon dont le monde pense à la sécurité des aliments

Photo de Darren Staples/Reuters

Le scandale à la viande de cheval n’est pas encore terminée comme le montre l’article du blog sur un «Nouveau scandale de la viande de cheval». Aussi ce qui suit me semble particulièrement intéressant, ainsi Kevin O'Sullivan de The Irish Times a écrit un très intéressant article, «Une décennie plus tard : comment le scandale de la viande de cheval a changé la façon dont le monde pense à la sécurité des aliments».

L'Irlande a été accusée, puis félicitée, d'avoir dénoncé une fraude alimentaire endémique.

Ce mois-ci, il y a 10 ans, un scandale alimentaire a éclaté en Europe qui semblait initialement provenir d'Irlande. Cela a entraîné le retrait de millions de produits des rayons des supermarchés.

La découverte choquante de viande de cheval dans ce qui était étiqueté comme de la viande bovine par la Food Safety Authority of Ireland (FSAI) a rapidement mis au jour une fraude internationale à une échelle qui a remis en question les chaînes d'approvisionnement à travers le continent.

Des entreprises alimentaires se sont pointées du doigt les unes les autres plutôt que leur mauvaise gestion et leurs lacunes en matière de contrôle de la qualité. Une fois de plus, une réglementation laxiste au sein de l'UE sur les aliments, et en particulier la viande, a été exposée.

L'industrie alimentaire et les grands transformateurs de viande se sont radicalement modifiés car la confiance dans leurs produits s'est évaporée du jour au lendemain. La traçabilité améliorée devait être portée à un nouveau niveau ; cela faisait partie intégrante de leur survie.

Cela a entraîné une refonte majeure des systèmes d’analyses alimentaires - notamment en Irlande, qui a introduit les tests ADN les plus sophistiqués dans le but de sauver sa réputation d'aliments de qualité supérieure.

Cependant, un écart de prix flagrant entre la viande de cheval impropre à la consommation humaine et la viande bovine de première qualité - une marge qui s'est accrue depuis - signifie que les réseaux criminels chercheront inévitablement à trouver le maillon le plus faible des chaînes d'approvisionnement. Malgré des tests intensifiés soutenus par des réglementations rigoureuses et un partage de renseignements sans précédent, il existe des preuves pour confirmer la persistance de cette menace, qui, une fois réalisée, compromet gravement la provenance des aliments.

Émergence d'un scandale
En novembre 2012, la FSAI a testé une gamme de steaks hachés surgelés bon marché et de plats cuisinés de supermarchés pour détecter la présence d'ADN d'autres espèces non déclarées. Elle a trouvé de l'ADN de cheval dans plus d'un tiers des échantillons de steak haché et de porc dans 85% d'entre eux.

La majorité des plats cuisinés à base de viande bovine contenaient également de l'ADN de porc, mais pas de cheval. Un échantillon de Tesco s'est avéré être composé à 29% de viande de cheval au lieu de viande bovine. Jusque-là, les supermarchés et les services réglementaires n'avaient pas testé la viande de cheval dans les produits à base de viande bovine, car personne ne s'attendait à ce qu'elle soit là.

Parce que les découvertes étaient si graves et susceptibles de causer d'énormes dommages aux intérêts commerciaux, la FSAI a passé deux mois à retester avant d'annoncer ses conclusions le 15 janvier 2013, après qu'une réunion du Cabinet a examiné ce qui avait été découvert. Personne ne savait combien de temps la contamination avait duré.

La FSAI a identifié trois usines comme source de produits de viande bovine qui avaient été contaminés ou frelatés: Silvercrest Foods en Irlande, Dalepak dans le Yorkshire et Liffey Meats en Irlande. Silvercrest et Dalepak sont toutes deux des filiales d'ABP Food Group, l'un des plus grands transformateurs de viande bovine en Europe.

ABP a blâmé ses fournisseurs continentaux, la FSAI disant qu'ils se trouvaient aux Pays-Bas et en Espagne. Elle a déclaré plus tard que la viande de cheval était entrée dans sa chaîne par l'intermédiaire de fournisseurs en Pologne.

Les autorités polonaises ont nié que des entreprises polonaises aient fourni de la viande bovine contenant de la viande de cheval tandis qu'ABP a insisté sur le fait qu'elle n'avait jamais fourni sciemment de viande bovine contenant de l'ADN équin à l'un de ses clients. Cela a été confirmé dans les conclusions du rapport du ministère de l'Agriculture sur la question.

Pendant ce temps, d'énormes blocs de viande congelée dans un entrepôt frigorifique d'Irlande du Nord, propriété de Freeza Foods, qui avait été mis en quarantaine par des responsables suspects de son étiquetage et de l'état de son emballage, contenaient 80% de viande de cheval.

Freeza Foods a déclaré que la viande avait été livrée à son magasin par le courtier en viande McAdam Foods, mais qu'il l’avait rejetés et n'avait continué à les stocker qu'à titre de mesure de «bonne volonté» pour McAdam. McAdam a déclaré que la viande leur avait été vendue par un négociant en viande de Hull, FlexiFoods, qui importait de Pologne et d'ailleurs. Cela touchait au cœur du réseau d'approvisionnement illicite.

Le lanceur d’alerte
Le professeur Alan Reilly, alors directeur général de la FSAI, a réagi avec une totale incrédulité lorsque les premiers tests sont revenus. Lorsqu'ils ont obtenu la vérification le 11 janvier, il y avait près de 30% de viande de cheval. Ils étaient stupéfaits. Ils pensaient qu'ils avaient fait une erreur. «Je pensais, Vous ne pouvez pas avoir de viande de cheval dans des hamburgers», se souvient Reilly.

Il était parfaitement conscient que les enjeux n'auraient pas pu être plus élevés pour le secteur de la viande bovine irlandaise et pour le marché alimentaire européen au sens large, où les produits irlandais étaient exportés en quantités énormes. Il a fait remarquer en février 2013: «Si je me trompais dans les tests de viande de cheval, je vendrais désormais The Big Issue». (The Big Issue est un journal de rue -aa).

Ils ont répété les tests avec de nouveaux échantillons pour s'assurer qu'il ne s'agissait pas d'un problème de sécurité des aliments. Ils ont testé des médicaments vétérinaires – notamment la «bute», le médicament antidouleur vétérinaire, la phénylbutazone – et n'en ont pas trouvé à des doses suffisamment élevées pour qu'il soit dangereux pour l'homme.

Ils ont dû informer les entreprises de fabrication de produits alimentaires concernées, qui ont ensuite informé les supermarchés qu'elles fournissaient ce qui avait été trouvé. De grandes quantités de leurs produits contaminés ont immédiatement été retirés des rayons. Il est vite apparu que ce n'était pas seulement un problème irlandais - cela s'étendait à travers l'Angleterre, la Grèce, la France et au-delà.

Certains médias irlandais ont attaqué la FSAI pour avoir rendu public le scandale, «mais ce que nous avons découvert était une fraude internationale massive», note Reilly.

L'alerte
Avec l'accent initial mis sur l'Irlande et en particulier sur la FSAI pour avoir dénoncé la fraude, ce fut une période difficile pour l'agence. «L'Irlande était dans le collimateur et nous ne savions pas ce qui se passait. Quelqu'un en Irlande a ajouté cela à la chaîne alimentaire, et nous n'avons pas pu fournir les réponses.»

Une grande entreprise a envoyé un expert britannique qui a commencé à dénigrer leurs analyses, mais la FSAI a déployé un outil de numérisation d'ADN le plus efficace disponible, connu sous le nom de «tests ciblés». Pendant ce temps, la fraude a dominé l'actualité mondiale pendant des jours ; CNN en a fait la une pendant des semaines.

Les tensions avec la UK Food Standards Agency ont perturbé des relations normalement bonnes car elle a affirmé que l'Irlande avait reçu une dénonciation et qu'elle n'en avait pas été informée – une ligne poussée par le ministre de l'environnement, Owen Paterson assiégé au centre du scandale et à sa fin.

À la réflexion, Reilly dit que c'était «un des premiers exemples de fausses nouvelles» - une recherche d'excuses alors que «les Britanniques ne l'ont pas trouvée». Par la suite, il en est venu à croire que la viande de cheval dans la chaîne alimentaire européenne aurait pu passer pour de la viande bovine pendant près de trois ans.

Reilly a alerté le système d'alerte rapide européen ou RASFF, seulement pour s’entendre dire «ce n'était pas un problème de sécurité des aliments». Cela ne les a peut-être pas préoccupés, mais cela a mis en évidence une énorme lacune dans ce système, estime-t-il. Reilly a donc personnellement alerté les responsables des autorités nationales de sécurité des aliments, leur disant de sortir et de tester les produits. «Et ils en ont trouvé bien plus que nous.»

Plus tard en 2013, la Commission européenne a organisé un programme de surveillance coordonné de la viande chevaline dans les produits de viande bovine sur le marché de l'UE : 4,66% des échantillons ont été testés positifs à des niveaux supérieurs à 1% de viande chevaline (certains échantillons contenaient 100% de viande chevaline étiquetée comme étant de la viande bovine).

Reilly dit que dans leur échantillonnage initial, ils ne cherchaient pas de viande de cheval. «Nous vérifiions simplement à quel point les produits de viande que les consommateurs devaient acheter en toute confiance étaient étiquetés honnêtement.»

Tout en déployant une nouvelle technologie développée par la société irlandaise IndentiGEN, il s'agissait essentiellement d'un outil de recherche, ajoute-t-il. Puis, lorsqu'il s'est agi de vérifier la quantité d'ADN équin, l'entreprise de traçabilité alimentaire a pu développer rapidement un nouveau système alors que la pression montait pour identifier les sources.

Les coupables
L'escroquerie consistait à importer de la viande de cheval bon marché du Canada, de la Belgique et de la Roumanie et à la vendre sous forme de viande bovine avec un profit considérable.

Malgré une longue enquête du ministère de l'Agriculture, qui a mis en cause plusieurs entreprises irlandaises, aucune n'a été poursuivie. «Aucune entreprise alimentaire en Irlande n'ajoutait intentionnellement de la viande de cheval à ses produits», souligne Reilly. Certaines entreprises, cependant, achetaient la viande la moins chère possible pour les hamburgers et étiquetaient mal les produits sans certification, ni test d'authenticité, ce qui est désormais la norme.

«Le bras long de la loi a fini par rattraper les responsables de l'ajout frauduleux de viande de cheval aux produits de viande bovine», ajoute-t-il.

Des peines privatives de liberté ont été prononcées contre des cadres supérieurs de FlexiFoods et Dino & Sons au Royaume-Uni en 2017, et de l'entreprise française de transformation de viande Spanghero en 2019. Le commerçant néerlandais Johannes Fasen a également été condamné à deux ans de prison pour avoir mal étiqueté 500 tonnes de viande vendue. à la société française Comigel. Il a été désigné comme la figure clé du réseau de transport illégal de viande.

L'ancien ministre français de la consommation, Benoît Hamon, tient une fiche d'information sur l'emballage de la viande après avoir annoncé que le fournisseur Spanghero avait vendu de la viande de cheval étiquetée comme de la viande bovine. Photo de Jacky Naegelen/Reuters.

Une enquête menée par les autorités espagnoles a montré que l'organisation blanchissait de l'argent et falsifiait des documents d'identité d'animaux pour réaliser des gains rentables estimés à environ 20 millions d'euros par an en vendant de la viande de cheval hachée provenant d'animaux morts ou malades comme étant de la viande bovine.

En 2015, un tribunal néerlandais a découvert que deux grossistes en viande appartenant à Willy Selten avaient acheté et transformé plus de 330 tonnes de viande de cheval en 2011 et 2012, la revendant à des clients, dont certains en Irlande, qui pensaient acheter de la viande bovine pure. Il a été condamné à 2 ans et demi de prison.

Le système a changé
L'actuelle directrice générale de la FSAI, Dr Pamela Byrne, détaille un système d'inspection des aliments radicalement modifié, renforcé par un cadre réglementaire plus strict et une coopération internationale visant à lutter contre la fraude alimentaire et le manque d'authenticité des produits - tout cela à cause du scandale de la viande de cheval.

Cela est évident à l'échelle mondiale, mais particulièrement au niveau de l'UE, dit-elle. La Commission européenne a renforcé le cadre juridique avec de meilleurs contrôles tout au long de la chaîne alimentaire. Le partage d'informations et de renseignements par l'intermédiaire des agences nationales de sécurité sanitaire des aliments est rapide. Plus important encore, cela a accru la sensibilisation aux risques de fraude lorsque des inspecteurs de divers organismes publics, y compris les autorités locales qui inspectent les locaux.

Elle souligne le succès de «l'opération Opson», une opération conjointe d'Europol et d'Interpol, une opération ciblant les aliments et boissons contrefaits et de qualité inférieure.

En 2019, cette opération a saisi pour plus de 100 millions d'euros d'aliments et de boissons potentiellement dangereux. Il y a eu plus de 670 arrestations et des enquêtes sont en cours dans de nombreux pays. La police, les douanes, les autorités nationales de réglementation alimentaire et les partenaires du secteur privé de 78 pays ont pris part à l'opération qui a duré cinq mois.

En Irlande, la Dr Byrne affirme que la législation sur les lanceurs d'alerte a amélioré le flux d'informations, ce qui «permet d'identifier des non-conformités substantielles».

Grâce à son travail avec IndentiGEN, les tests ADN ciblés ont été remplacés par le «séquençage de nouvelle génération» qui détecte avec succès la falsification d'ingrédients végétaux et est susceptible d'être déployé pour tester la viande bovine et la volaille dans toute l'UE. «Il est désormais possible de scanner l'intégralité du contenu ADN d'un aliment sans aucune connaissance ou suspicion préalable de ce qui peut ou non être présent dans cet aliment.»

Cette capacité a été approuvée par le centre commun de recherche (joint research centre) de l'UE, qui est désormais doté d'un centre de connaissances sur la fraude alimentaire et la qualité, chargé de fournir des connaissances scientifiques actualisées (en particulier sur les tests), de coordonner les activités de surveillance du marché et de mettre en place des systèmes d'alerte précoce.

Sur le terrain, la Direction de l'Agriculture, de l'Alimentation et de la Marine (DAFM) assure une présence permanente dans les abattoirs agréés. Des visites régulières sont effectuées dans d'autres usines de transformation des viandes approuvées par le Ministère. La fréquence de ces inspections, qui se concentrent principalement sur les exigences de sécurité des aliments, est déterminée par une évaluation des risques, comme l'exige la législation de l'UE, ajoute-t-elle.

La responsabilité du respect des réglementations européennes en matière de sécurité des aliments, comprenant des exigences de traçabilité, incombe en premier lieu aux exploitants du secteur alimentaire. Le Ministère dispose d'un système de contrôles officiels ciblés robuste et rigoureux, fondé sur les évaluations des risques. Les niveaux officiels de contrôle et d'inspection sont à leur tour surveillés de manière indépendante par l'Office alimentaire et vétérinaire de l'UE et par la FSAI dans le cadre d'un contrat de service, ajoute-t-elle.

En ce qui concerne la viande de cheval, elle dispose de procédures détaillées pour l'abattage des chevaux dans les abattoirs sous sa surveillance et les a communiquées ainsi que les contrôles requis tant à son personnel qu'aux exploitants. Il a également assuré la liaison avec les agences de délivrance de passeports équins en Irlande et a élaboré des protocoles permettant aux exploitants d'abattoirs de vérifier les détails des passeports auprès de ces agences pour s'assurer qu'ils sont valides et que seuls les chevaux éligibles à l'abattage sont abattus. «Lorsque des passeports falsifiés accompagnant des chevaux à l'abattoir sont détectés, ces animaux sont abattus et retirés de la chaîne alimentaire.»

Une menace persistante
La viande de cheval impropre à la consommation humaine, étiquetée à tort comme de la viande bovine de qualité, a la réputation notoire d'être trafiquée par des réseaux criminels.

En 2020, des animaux vivants et plus de 17 tonnes de viande chevaline ont été saisis dans des abattoirs en Belgique, Irlande, Italie, Pays-Bas et Espagne. Les inspecteurs ont découvert que 20% des passeports étrangers utilisés pour les chevaux présentaient des signes de contrefaçon.

L'année dernière, une enquête d'Europol sur un réseau criminel impliquant la vente illégale de viande de cheval en Espagne, Belgique, Allemagne et Italie avait abouti à l'arrestation de 41 personnes. Bien que l'ampleur de cette activité illégale soit faible par rapport à 2013, elle indique qu'il n'y a pas lieu de se complaire.

La FSAI et le DAFM ont soutenu les enquêtes récentes de l'UE et d’Europol concernant la fraude à la viande de cheval.

Les leçons
En juillet 2013, le ministre de l'Agriculture de l'époque, Simon Coveney, a déclaré à TheJournal.ie que «la plupart des problèmes résultaient d'une mauvaise gestion, et non d'une gestion illégale» dans le contexte irlandais - l'Irlande avait agi rapidement et amélioré ses protocoles.

«En 48 heures, ce scandale est devenu un scandale européen et en fait, comme il s'est avéré, grâce à ce processus, désormais qu'il est terminé d'une certaine manière, tout le scandale de la viande de cheval a renforcé la réputation de l'industrie alimentaire irlandaise parce que nous sommes ceux qui en fait avons exposé le problème en premier lieu», a-t-il dit.

Quant à la FSAI, Reilly dit, «nous l'avons traversé et avons finalement obtenu la reconnaissance pour avoir découvert le scandale», une source de grande fierté pour son équipe d'intervention.

Le monde pense différemment de la sécurité des aliments à la suite de la crise. Il y avait tellement d'emphase sur «la salmonelle et les microbes», c'est-à-dire l’hygiène, dit-il. Les gens ne devraient pas perdre de vue cela même si les grandes fraudes alimentaires remontent au 19ème siècle. Parallèlement, cela a accru la notoriété de l'industrie. La règle est désormais de ne rien acheter en toute confiance et de le tester : «Les entreprises n'achètent plus le moins cher du bon marché.»

NB : Merci à Joe Whitworth d’avoir signalé cet article.

lundi 9 janvier 2023

Nouveau scandale de la viande de cheval

«Les chevaux d'une ferme-laboratoire finissaient en boucherie», source La France Agricole avec l’AFP.

Strictement exclus de la consommation humaine, des chevaux réformés d'une ferme-laboratoire de Sanofi-Pasteur avaient pourtant terminé en boucherie : dans ce vaste dossier de fraude à la viande chevaline, 25 prévenus sont jugés à partir de ce lundi 9 janvier 2023, devant le tribunal correctionnel de Marseille. «Tromperie sur la qualité substantielle d'une marchandise», «faux dans un document administratif», entre autres chefs de renvoi: pendant trois semaines, marchands de bestiaux, grossistes en viandes et vétérinaires vont devoir s'expliquer sur ces «pratiques frauduleuses de grande ampleur» relevées par la juge d'instruction en charge de ce dossier au pôle de santé publique de Marseille.

Jusqu'en Italie et en Espagne
Sur le banc des parties civiles, les victimes : Sanofi-Pasteur, mais aussi l'ordre national des vétérinaires, des associations de consommateurs et des bouchers. Ouverte en 2012, sur la base d'une lettre anonyme, l'enquête a notamment démontré que des chevaux de la ferme-laboratoire de Sanofi-Pasteur d'Alban-la-Romaine (Ardèche) avaient été conduits à l'abattoir de Narbonne (Aude), mais aussi dans ceux de Vérone et de Barcelone, principalement pour le compte d’un grossiste en viandes fournissant une vingtaine de bouchers dans le sud de la France.

Ces animaux ayant servi à la fabrication de sérums antirabiques, antitétaniques ou antivenimeux, leur viande était pourtant strictement interdite à la consommation humaine. Selon la magistrate, le «principal acteur de cette fraude» récupérait ces chevaux auprès d’un commerçant et agriculteur dans le Gard. Celui-ci vendait à la ferme-laboratoire des trotteurs réformés des courses hippiques, au prix de 1000 à 1100 euros hors taxe. Au terme de leur exploitation pour la fabrication des sérums, ces animaux, destinés à une retraite paisible, lui étaient rétrocédés 10 euros par tête.

Lors des transactions suivantes, la mention «équidés définitivement retirés de l'abattage pour la consommation humaine» était supprimée des documents d'identification et des fiches de traitement médicamenteux des chevaux. Puis ils étaient revendus, abattus, pour finir dans les rayons des boucheries.

Un «risque toxicologique» faible
Sur les 185 chevaux réformés de Sanofi dont les enquêteurs ont retrouvé la trace, 80 avaient été cédés 300 à 800 euros par tête. Selon les enquêteurs, les animaux de Sanofi-Pasteur présentaient de volumineux ganglions et kystes au niveau de l'encolure, en raison des injections répétées. Des stigmates que les spécialistes de l'abattoir ne pouvaient pas ne pas voir.

Une expertise a cependant démontré une «absence significative de risque toxicologique» pour les consommateurs de cette viande, même crue. Mis en examen au départ pour tromperie, le vétérinaire et trois techniciens de l'abattoir de Narbonne, ont finalement bénéficié d'un non-lieu. S'il y a eu «un manque de diligence, voire une négligence» dans le contrôle des chevaux, «il n'est pas établi que (ces personnels) ont agi avec mauvaise foi», a noté la juge d'instruction.

Huit autres vétérinaires travaillant pour des marchands et rabatteurs de chevaux seront par contre jugés pour complicité de tromperie et faux dans un acte administratif. La plupart ont reconnu avoir fourni à leurs clients des feuillets de traitement médicamenteux vierges, ou avoir attesté de la bonne santé d'animaux destinés à l'exportation sans même les voir.

Des irrégularités sur les documents d'identification
Autant de malversations qui, selon l'accusation, ont permis de brouiller toute traçabilité de la viande. En lien avec le commerçant français, deux négociants espagnols auraient permis l'abattage en Espagne de chevaux ne pouvant l'être en France en raison de ces irrégularités dans leurs documents d'identification.

Ce procès intervient quelques mois après un précédent qui avait vu comparaître 18 prévenus français, belges et néerlandais, pour escroquerie et tromperie basée sur une fraude documentaire massive de passeports équins, là aussi pour faire rentrer de la viande interdite dans la filière de l'alimentation humaine. Dans ce dossier, jugé en juin, le tribunal correctionnel de Marseille rendra son jugement mercredi.

On lira aussi l’article du Figaro, en accès libre, «Nouveau scandale de la viande de cheval».

C'est un nouveau scandale qui éclabousse le monde de la viande, près d'un an après «l'affaire Spanghero», où de la viande de cheval avait été vendue pour de la viande bovine. Vingt et une personnes, dont quatre vétérinaires installés dans l'Aude, le Gard, la Drôme et le Cantal, ont été interpellées et placées en garde à vue lundi dans onze départements pour une affaire de vente de viande de cheval réputée impropre à la consommation. Une information judiciaire pour «fraude aux normes sanitaires» est ouverte depuis novembre au pôle santé publique du tribunal de Marseille.  

Mise à jour du 12 janvier 2023

Mise à jour du 17 janvier 2023
On lira dans Food Safety News , «Sentences handed out in French horse meat trial».

Mise à jour du 20 janvier 2023

Mise à jour du 28 janvier 2023
«Ce trafic a mis dans l'assiette du consommateur de la viande de cheval interdite à la consommation, c'est aussi simple que cela» : jusqu'à un an de prison ferme a été requis mardi au procès d'une vaste fraude impliquant notamment des chevaux d'une ferme-laboratoire de Sanofi-Pasteur.

Mise à jour du 3 mars 2023
Escroquerie à la viande chevaline : 24 prévenus condamnés à Marseille.
Ils avaient trompé bouchers chevalins et consommateurs en leur vendant une viande impropre à la consommation humaine provenant notamment de chevaux de laboratoire de la ferme Sanofi : vingt-quatre prévenus ont été condamnés mardi 28 février à Marseille, pour une vaste fraude commise il y a dix ans.

La viande avariée pourrait être plus facile à détecter grâce à un biocapteur conçu à l’Université Concordia

«La viande avariée pourrait être plus facile à détecter grâce à un biocapteur conçu à l’Université Concordia», source communiqué de l’Université Concordia.

L’équipe de recherche du laboratoire de microfluidique de Shih a élaboré un système à usage unique, rapide et fiable qui détecte la putrescine dans les échantillons de viande bovine.

La chaîne d’approvisionnement qui alimente le marché de la viande partout au monde est hautement complexe et généralement très efficace. Mais lorsque des perturbations survenant dans un coin de la planète peuvent entraîner des retards de transport vers des régions situées de l’autre côté de l’océan ou sur un autre continent, l’altération de la viande devient un risque bien réel pour les producteurs et les fournisseurs d’aliments de même que pour les consommateurs. Et cela est d’autant plus vrai lorsque les protocoles d’inspection des aliments sont laxistes.

Pour garantir la salubrité des aliments, un groupe de recherche de l’Université Concordia a mis au point une nouvelle technologie peu coûteuse, fiable et facile à utiliser qui permet de déceler la présence d’une toxine appelée putrescine dans la viande de bœuf. Comme le suggère son nom, la putrescine est responsable des odeurs nauséabondes que dégagent les viandes en putréfaction; si elle est consommée en grande quantité, elle peut causer des maux de tête, des vomissements, de la diarrhée et des palpitations cardiaques. Elle a également été associée à un risque accru de cancer colorectal.

Les membres de l’équipe de recherche expliquent dans un article de la revue Applied Bio Materials comment ils ont élaboré ce biocapteur synthétique sous forme de dispositif papier en utilisant une protéine présente dans la nature.

«La conception d’un biocapteur à action rapide et facile à utiliser qui donne aux gens la possibilité de vérifier la qualité des aliments qu’ils consomment est une réalisation très stimulante», affirme l’auteure principale de l’article Alaa Selim (M. Sc. 2022), actuellement doctorante à la Vaccine and Infectious Disease Organization de l’Université de la Saskatchewan. «Nous avons voulu créer un dispositif que tout le monde peut utiliser, jetable et exempt de toute substance toxique.»

Ses coauteurs sont ses anciens collègues doctorants au Laboratoire de microfluidique de Shih, soit James Perry, Mohamed Nasr et Jay Pimprikar, ainsi que Steve Shih, professeur agrégé de génie électrique et informatique.

Des résultats qui se précisent au fil du temps
La technique qui sous-tend le capteur se fonde sur la protéosynthèse acellulaire, qui consiste à générer une protéine en utilisant les mécanismes biologiques cellulaires sans avoir recours à une cellule vivante. Les chercheurs ont découvert que la protéine PuuR, qui agit comme répresseur de la putrescine et que l’on trouve dans la bactérie E. coli, pouvait être utilisée pour indiquer la présence de putrescine.

En laboratoire, de la putrescine a été ajoutée à une solution contenant le système acellulaire générant le répresseur, puis la solution a été placée sur un papier et exposé à la lumière ultraviolette afin de vérifier la présence de putrescine. Au bout d’une heure, les chercheurs ont noté que le biocapteur avait détecté la présence de putrescine; après quatre heures, ils ont acquis la certitude que leurs relevés étaient très précis.

L’équipe a ensuite procédé à un test sur un échantillon de viande. De minces tranches de bœuf conservées au congélateur, au réfrigérateur et à la température ambiante ont été comparées durant plusieurs jours pour déterminer la quantité de putrescine accumulée. Comme on pouvait s’y attendre, les échantillons conservés au congélateur et au réfrigérateur présentaient des taux de putrescine très bas, tandis que ces taux étaient très élevés pour la viande conservée à la température ambiante, suffisamment pour rendre une personne malade. L’équipe a ensuite comparé les résultats du biocapteur à ceux obtenus à l’aide des analyses chromatographiques de pointe utilisées dans l’inspection des aliments et a constaté une corrélation des résultats.

Une technologie fondamentale
Bien que l’arrivée sur le marché d’une version pleinement fonctionnelle du biocapteur ne soit pas pour demain, l’équipe de recherche est optimiste quant au potentiel du dispositif.

«Nous pensons que notre travail est un premier pas vers l’usage de capteurs dans l’industrie de la préparation de la viande», indique le Pr Shih, titulaire de la chaire de recherche de l’Université Concordia sur la microfluidique aux fins d’analyses biologiques et chimiques. «De plus, nous croyons que cette technique peut être utilisée dans d’autres domaines comme la détection de la contamination environnementale par des métaux lourds et le diagnostic du cancer et d’autres maladies.»

Selon Alaa Selim, ce qui importe le plus aux consommateurs est leur santé et celle de leur famille. «J’aimerais que tous les consommateurs, quelles que soient leurs connaissances en technologies, soient en mesure d’utiliser cet outil, qu’il s’agisse d’un universitaire, d’une mère de famille occupée ou de personnes travaillant dans l’industrie de la restauration.»

Lisez l’article cité : «A Synthetic Biosensor for Detecting Putrescine in Beef Samples

NB : L’image est de Georgia E. Perry.