lundi 6 mars 2023

One Health : Des bactéries résistantes à des antimicrobiens couramment utilisés sont encore fréquemment détectées chez les humains et les animaux, selon l'ECDC et l'EFSA

«Des bactéries résistantes à des antimicrobiens couramment utilisés sont encore fréquemment détectées chez les humains et les animaux»,
source EFSA du 6 mars 2023.

Une résistance de Salmonella et Campylobacter aux antimicrobiens couramment utilisés est fréquemment observée chez les humains et les animaux, révèle un rapport publié aujourd'hui par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Cependant, la résistance simultanée à des antimicrobiens d'importance critique pour les humains a généralement été détectée à de faibles concentrations, sauf pour certains types de Salmonella et de Campylobacter coli dans plusieurs pays.

«La résistance aux antimicrobiens est l’une des plus grandes menaces auxquelles nous sommes confrontés dans le monde entier et elle affecte tant les humains, que les animaux et l’environnement. Travailler ensemble reste essentiel pour résoudre ce problème complexe. Dans notre travail, nous incarnons l'approche «Une seule santé», qui tient compte des liens étroits et de l'interdépendance de la santé des humains, des animaux, des plantes et de l'environnement dans son ensemble», ont déclaré dans une déclaration conjointe Mike Catchpole et Carlos Das Neves, respectivement scientifiques en chef de l’ECDC et de l’EFSA.

Des tendances encourageantes ont été observées dans plusieurs pays, où une proportion croissante de bactéries provenant d'animaux producteurs d'aliments se sont révélées sensibles à tous les antimicrobiens testés. En outre, la prévalence des bêta-lactamases à spectre étendu (BLSE) et de bactéries E. coli productrices de bêta-lactamases AmpC (AmpC) diminue.

Une diminution de la résistance de Salmonella à l'ampicilline et à la tétracycline a également été observée chez les humains dans plusieurs pays au cours de la période 2013–2021. Ce phénomène était particulièrement évident pour S. Typhimurium, un type de Salmonella couramment associé aux porcs et aux veaux, qui est souvent multirésistant aux médicaments. Les données montrent également des tendances à une diminution de la résistance de Campylobacter jejuni à l'érythromycine chez les humains et les poulets de chair.

Ce type d'antimicrobien est très important dans le traitement de la campylobactériose.

Toutefois, pour la même période, le rapport montre également une tendance croissante de la résistance de S. Enteritidis et de C. jejuni à la ciprofloxacine chez les humains. S. Enteritidis et C. jeuni causent la plupart des cas d'infection à la salmonellose et à la campylobactériose chez les humains.

Des tendances similaires ont été observées chez C. jejuni provenant de poulets de chair entre 2009 et 2020, où la résistance à la ciprofloxacine a augmenté dans plusieurs pays. Le niveau de résistance à la ciprofloxacine chez Campylobacter est maintenant si élevé que cet antimicrobien ne peut plus être recommandé dans le traitement des infections graves à Campylobacter chez les humains.

La résistance de E. coli aux carbapénèmes demeure rare chez les humains et les animaux producteurs d'aliments . Les carbapénèmes étant une classe d'antimicrobiens de dernier recours, toute découverte d'une résistance chez les bactéries zoonotiques serait préoccupante. Par conséquent, il faut continuer à surveiller de près et à étudier la résistance aux carbapénèmes.

On lira dans ce contexte «La résistance aux antibiotiques en santé animale en 11 questions», document du 16 novembre 2022 de l’Anses.

L'antibiorésistance est une problématique majeure à la fois pour la santé humaine et animale. L'émergence et la diffusion de souches de bactéries résistantes aux antibiotiques remettent en question l'efficacité de ces traitements. Préserver l'efficacité des antibiotiques constitue donc un réel défi de santé publique qui nécessite une approche intégrée selon le concept One Health, une seule santé humaine et animale.

Belgique : Disparités des résultats des inspections privées versus inspections publiques lors de la transformation de la viande et dans les abattoirs.

«Effet des Private Assurance Schemes (PAS) sur les résultats d'inspection du programme de contrôle de l'AFSCA dans le secteur de la transformation et dans les abattoirs (SciCom 2022/11)», source avis du conseil scientifique de l’AFSCA.

Question
Il est demandé au Comité scientifique d’examiner si la présence d'un «Private Assurance Scheme», ou «norme d'audit privée», peut avoir un effet sur la garantie de sécurité alimentaire que doivent donner les opérateurs dans la chaîne alimentaire. Il est demandé que cet effet soit mesuré sur la base d'une équivalence à partir des résultats des inspections de l’AFSCA chez les opérateurs dans la chaîne alimentaire plutôt que sur une équivalence de contenu et des lignes directrices des PAS étudiés. Pour ce faire, les résultats d'inspection entre les entreprises «certifiées PAS» (qui disposent d’un PAS pour l’une ou la totalité de leurs activités) et les entreprises «non certifiées PAS» seront comparés. Plus précisément, ces comparaisons concerneront le résultat d’inspection (favorable/favorable avec commentaires/défavorable) et certaines mesures éventuelles (PV, avertissement) suite à une inspection de l’AFSCA en fonction de :
- la validation concomitante ou non d’un système d'autocontrôle ;
- le code Lieu-Activité-Produit (LAP) ;
- le (sous-) secteur ;
- les scopes des listes de contrôle d'inspection utilisées.

Conclusions
Le Comité scientifique constate qu'il existe un effet positif global de la présence d'un PAS en l'absence d'un ACS (AutocControl System ou Système d’Autocontrôle de l’opérateur) validé dans le secteur de la transformation. En revanche, cet effet positif n'est pas démontré dans les abattoirs, ce qui y souligne l'importance des inspections de l'AFSCA et confirme la valeur ajoutée de l'ACS. Le Comité scientifique constate que la présence d'un ACS et d'un PAS permet d'améliorer les résultats et de réduire le nombre de mesures reçues concernant les éléments qui sont évalués lors d'une inspection. Sans la validation de l’ACS, une disparité plus importante entre les opérateurs pourrait donc être attendue à la suite de ce type de comparaison. En d'autres termes, la présence d'un ACS validé améliore les résultats d'inspection, comme l’avait déjà montré Jaxcsens et collaborateurs (2013), et l'effet d'un PAS est moindre si l'on dispose déjà d'un ACS validé. Cela confirme également que l'ACS peut être un bon substitut pour une partie des inspections, mais pas dans tous les secteurs.

Recommandations
Le Comité scientifique recommande d'automatiser ces analyses comparatives afin qu’elles puissent être répétées avec des données actualisées à une certaine fréquence (par exemple, annuellement). Des analyses similaires pourraient également être réalisées pour d'autres secteurs et d'autres PAS.

Le gruyère victime d’un généricide aux Etats-Unis

Un généricide est un terme utilisé pour décrire le processus volontaire au terme duquel un nom d’un produit alimentaire avec une indication géographique protégée, ici le gruyère, devient un nom générique descriptif d’un produit alimentaire américian. Défintion modifiée par mes soins issue de ce site pour rendre compte de la situation développée ci-après.

Le gruyère n'est pas seulement suisse, décide la justice américaine
Une cour d'appel américaine l'a confirmé vendredi: le terme gruyère fait bien référence aux Etats-Unis à un nom commun et ne peut être réservé aux seuls fromages de ce type originaires de Suisse ou de France.

L'interprofession du Gruyère, qui représente les acteurs du secteur en Suisse, et le Syndicat interprofessionnel du Gruyère, son pendant français, avaient bien tenté d'inscrire le terme au registre américain des marques certifiées. Mais face au refus de l'organisme, ils avaient porté plainte et avaient perdu en première instance début 2022.

Des juges d'une cour d'appel ont conforté cette décision. Il n'existe pas aux Etats-Unis les mêmes protections qu'en Europe sur l'appellation des produits alimentaires, font-ils valoir dans leur verdict. L'agence chargée de la sécurité sanitaire des aliments, la FDA, définit bien des critères pour le gruyère, comme l'existence de «petits trous» ou le fait qu'il soit vieilli pendant au moins 90 jours. Mais n'inclut pas des critères sur l'origine géographique.

Salué par le secteur laitier américain
Aussi «du fromage, peu importe où il a été produit, est étiqueté et vendu comme du gruyère aux Etats-Unis depuis des décennies». Et ce, qu'il ait été produit dans l'Etat américain du Wisconsin ou importé depuis les Pays-Bas, l'Allemagne ou l'Autriche, ajoutent-ils.

En conclusion, écrivent-ils, les plaignants ne peuvent pas aller à l'encontre de «ce qui ressort clairement du dossier: les consommateurs de fromage aux États-Unis comprennent que le terme «gruyère» fait référence à un type de fromage, ce qui rend le terme générique».

Cette décision a été saluée par plusieurs acteurs du secteur laitier aux Etats-Unis, dont la Fédération des producteurs américains de lait, qui espèrent qu'elle incitera les fédérations professionnelles françaises et suisses à «cesser de tenter d'exproprier un nom commun d'aliment» en enregistrant une marque.

Les fédérations suisse et française sont en revanche «déçues», selon leur avocat. «Nous pensons que la situation réelle sur le marché américain est différente de ce qu'a décrit la cour d'appel, et nous poursuivrons vigoureusement nos efforts pour protéger la marque de certification du produit de qualité Gruyère AOP aux États-Unis», a indiqué Richard Lehv dans un message transmis à l'AFP.

Longue bataille
Cette décision fait suite à une longue bataille juridique entre l'Interpofession du Gruyère (IPG) et une association américaine d'exportations de produits laitiers, qui s'est opposée à la labellisation de la marque «Gruyère» instaurée aux Etats-Unis en 2013.
Après sa défaite en première instance l'année dernière, l'IPG avait regretté que le gruyère suisse ne se retrouve en concurrence avec un produit «du même nom, mais totalement différent». L'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) se désolait également de cette décision qui, selon lui, ne pouvait que nuire à l'ensemble de la filière.

Les fromagers européens exhortent le 4e circuit à protéger la marque «Gruyère» du «généricide» : «Tout le monde sait qu'il a été fabriqué en France et en Suisse bien avant qu'il y en est aux États-Unis», a déclaré Richard Lehv de chez Fross Zelnick Lehrman & Zissu.
Le gruyère remonte à près 1 100 ans après JC.

A propos d'un rappel d'oranges de Tunisie en France

L’information sur un rapppel d’orange maltaise de Tunisie de la marque Orsero, El Hana et en vrac le 3 mars 2023 par RappelConso a suscité chez moi une interrog, à propos du motif du rappel : «Décision des autorités suite à la mise en place de la MUS (mission des urgences sanitaires) dans le cas d'un dépassement de LMR avec ARFD non applicable.» Quézaco pour le consommateurs ?

Hum, hum, s’agit-il de pesticide ? Pourquoi ne dit-on pas clairement !

La notification au RASFF de l’UE par la France le 3 mars 2023 est plus explicite : chlorpyrifos et imazalil au-dessus de la LMR dans des oranges de Tunisie.

Ce que ne dit pas la notification au RASFF de l’UE, c’est que produit a été aussi rappelé au Luxembourg le 3 mars en raison de la résence d’une «teneur élevée d’un résidu phytopharmaceutique».

Autre curiosité, l’affichette du rappel par les distributeurs qui est identique, tant en France qu’au Luxembourg, ne mentionne pas le motif du rappel, jugez plutôt.
Enfin, et c’est à noter, les organges ont été commercialisées du 10 au 20 février 2023 et le rappel a eu lieu le 3 mars 2023, étonnant, non ?

Le libellé du motif du rappel de RapppelConso demandant des précisions et un éclairage, le blog vous propose, dans un but d’information, des précisions ...

LMR: Limite Maximale De Résidus
Une denrée conforme à la législation européenne est considérée saine pour la santé du consommateur. Dans ce cas-là, les résidus éventuels se trouvent au-dessous de la limite maximale de résidus (LMR). Dans le cas d’un dépassement de la LMR, il est très important de vérifier si ce dépassement pose un problème pour la santé publique. En utilisant la valeur de l’ARfD et les outils de l’Agence Fédérale Belge pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA), il est possible d’évaluer s’il existe un risque réel imminent pour la santé publique. L’AFSCA dispose d’un outil en ligne afin que vous puissiez vous-même effectuer l’analyse des risques. Pour accéder à cet outil, cliquez au lien «Calcul PSTI* - Evaluation du risque pour le consommateur en cas de dépassement d’une limite maximale en résidus de pesticides (LMR)» à cette page web de l’AFSCA**.

Qu'est-ce qu'une dose de référence aiguë (ARFD)?
L’ARfD représente la quantité de résidus de pesticides qu’un individu ne doit pas dépasser au cours d'un repas ou d’une journée et est exprimée en kg de poids vif.

Pourquoi le concept de dose de référence aiguë?
Avec l’évaluation des pesticides on a découvert qu’une seule ingestion de certains végétaux avec un taux relativement élevé de résidus pouvait conduire dans certains cas à des intoxications aiguës. Pour évaluer la possibilité d'une telle intoxication, le concept de dose aiguë (ARfD) a été mis en place. Ce concept a été ajouté à l’évaluation des effets des contaminants. Auparavant, seuls les effets chroniques étaient évalués, à partir desquels on ne faisait que mesurer les effets à long et moyen terme d’une consommation de contaminants.

La valeur estimée de consommation (PSTI, Predicted Short Terme Intake / IESTI, International Estimate of Short-Term Intake) et la donnée toxicologique de référence (ARfD) sont ensuite comparées :
Si PSTI < ARfD : Absence de risque pour le consommateur.
Si PSTI > ARfD : Risque pour le consommateur.

*Les paramètres ci-dessous permettent d’évaluer la quantité du pesticide en dépassement qui serait ingérée par le consommateur (PSTI ou IESTI):
LP : Large Portion, elle est exprimée en kg/jour et correspond à la consommation au 97,5 percentile pour la denrée considérée.
U : Poids unitaire de la denrée exprimée en kg.
FV : Facteur de variabilité dépendant du poids unitaire de la denrée.
PF : Facteur de transformation ou Facteur d’épluchage (déterminé comme le ration des résidus dans le produit transformé/pelé divisé par la concentration en résidus dans le produit non transformé/non pelé). Cette donnée n’est pas disponible pour tous les couples pesticides/produits.
pc: Poids corporel moyen.

** Ce fichier permet de d'évaluer si une denrée ne respectant pas une LMR représente un risque sérieux pour la santé des consommateurs. L'estimation de l'ingestion d'un pesticide donné au cours d'un repas/journée (Predicted Short Terme Intake [PSTI]) est effectué suivant les méthodes de calcul actuellement en vigueur dans l'UE.

Références

Mise à jour du 7 mars 2023
Patatras, RappelConso signale désormais le rappel d'orange maltaise le 7 mars en lieu et place du 3 mars indiqué dans l'article, voir aussi le rappel chez Auchan le 3 mars. Totalement incompréhensible !
Le résultat est que le Luxembourg a eu quatre jours d'avance sur la France.

Une étude montre que les Allemands sous-estiment le risque des aliments crus

«Une étude montre que les Allemands sous-estiment le risque des aliments crus», source article de Joe Whitworth paru le 5 mars 2023 dans Food Safety News.

L’article proposé ci-après ne représente pas la totalité de l’article pour une raison simple, le blog a traité la dernière partie dans l’article suivant, Le couple franco-allemand ne fonctionne pas. L’Allemagne annonce 311 rappels de produits alimentaires en 2022, soit près de 8 moins qu’en France !

Des Allemands mangent souvent des aliments crus ou pas assez cuits et ils ne sont pas pleinement conscients des risques associés, selon une étude.

Les résultats proviennent d'une édition spéciale du Consumer Monitor de l'Institut fédéral allemand d'évaluation des risques (BfR) qui s'est concentré sur les aliments crus.

«Les risques pour la santé des aliments crus sont souvent sous-estimés. Les maladies peuvent être évitées avec de simples règles d'hygiène en cuisine. Les groupes de personnes sensibles en particulier ne devraient manger que des aliments d’origine animale crus qui sont suffisamment cuits», a dit Andreas Hensel, président du BfR.

L'enquête menée auprès de 1 004 personnes en septembre 2022 visait à savoir quels groupes d'aliments sont consommés crus et à quelle fréquence, comment les Allemands évaluaient leurs avantages et leurs risques pour la santé, et quels agents pathogènes sont associés avec ces aliments.

De nombreux répondants ne se sentaient pas bien informés sur les risques pour la santé de la farine crue, mais davantage de personnes étaient à l'aise avec les recommandations d'hygiène et les conseils de stockage des aliments crus.

Sensibilisation au risque
Les aliments crus particulièrement appréciés sont la saucisse et le jambon, qui sont consommés quotidiennement ou plusieurs fois par semaine par plus d'un tiers des personnes interrogées.

Au moins une à trois fois par mois, 73% des participants mangent de la viande crue et des produits de charcuterie, suivis de fromage à pâte molle au lait cru. Les autres aliments consommés régulièrement par environ un tiers des personnes interrogées sont la viande crue, le poisson fumé à froid et les baies surgelées. Près de 1 personne sur 5 boit du lait cru au moins une à trois fois par mois.

Lorsqu'on leur a demandé si le fait de grignoter de la pâte crue contenant de la farine était dangereux pour la santé, 38% ont répondu oui, mais 34% ont répondu non. Les personnes peuvent tomber malades s'ils mangent de la pâte non cuite, selon les responsables de la santé.

La majorité des répondants voient un risque moyen à élevé pour la santé avec le poisson cru et les fruits de mer crus, la viande crue, les œufs crus et la pâte crue. Cependant, les baies surgelées sont perçues comme les moins risquées. D'autres aliments que la plupart des personnes interrogées associent également à un faible risque pour la santé sont le fromage à pâte molle au lait cru, le poisson fumé à froid, la saucisse crue et le jambon cru.

Bien que la campylobactériose soit la maladie bactérienne d'origine alimentaire la plus fréquemment signalée en Allemagne et en Europe depuis des années, un peu moins d'un quart des personnes la connaissent. Un peu plus d'un quart ont entendu parler des E. coli producteurs de shigatoxines (STEC). Presque tout le monde avait entendu parler de Salmonella, tandis que plus de 80% connaissaient norovirus et 69% la listériose.

Les personnes ont classé Salmonella comme le risque le plus élevé de six agents pathogènes pour les 11 aliments interrogés. Dans la plupart des cas, Listeria était le second.

Près des trois quarts avaient vu un recommandation sur un emballage ou dans les espaces de vente concernant le fait de bien chauffer les articles avant de les consommer, mais seulement un tiers connaissaient les recommandations sur le lait cru concernant l'ébullition avant de le boire.

Corrélation entre la température élevée de l'eau de mer et les infections à Vibrio et Shewanella, Danemark, 2010-2018

«Corrélation entre la température élevée de l'eau de mer et les infections à Vibrio et Shewanella, Danemark, 2010-2018», source EID.

Résumé
De 2010 à 2018 au Danemark, 638 patients ont eu des infections à Vibrio diagnostiquées et 521 patients ont eu des infections à Shewanella diagnostiquées. La plupart des cas sont survenus les années où la température de l'eau de mer était élevée. L'augmentation substantielle de ces infections, dont certaines provoquent une septicémie, appelle une sensibilisation clinique et des politiques de notification obligatoires.

Conclusion
Dans cette étude nationale, nous montrons une corrélation entre le nombre d'infections humaines à Vibrio et Shewanella et la température de l'eau côtière en été au Danemark de 2010 à 2018. De plus, nous avons pu cartographier la résidence de la plupart des cas dans des zones géographiques avec des côtes à faible salinité. Une combinaison des effets du changement climatique (tels qu’une augmentation de la température de la surface de la mer côtière à des latitudes plus élevées pendant l'été) et d'une population plus âgée indique la nécessité d'une sensibilisation accrue au risque de ces infections émergentes et à leur impact sur la santé publique.

La hausse des températures entraînera une augmentation de la charge de morbidité de ces infections marines dans une zone en expansion de l'hémisphère nord. Nous proposons que les personnes au Danemark exposées à l'eau de mer en été envisagent de couvrir les plaies ouvertes avec un pansement étanche, en particulier les personnes âgées et immunodéprimées. Nous recommandons également aux personnes de laver soigneusement les nouvelles coupures exposées à l'eau de mer et d'informer les professionnels de santé de l'exposition récente à l'eau de mer lorsqu'ils consultent un médecin. Les personnes dont les tympans sont défectueux doivent utiliser des bouchons d'oreille. Notre étude appuie la catégorisation de toutes les infections à Vibrio et Shewanella chez l'homme comme des maladies à déclaration obligatoire au Danemark et dans d'autres pays d'Europe qui ont des frontières maritimes pour surveiller l'incidence de ces infections.

Référence
Gildas Hounmanou Y, Engberg J, Bjerre K, Holt H, Olesen B, Voldstedlund M, et al. Correlation of High Seawater Temperature with Vibrio and Shewanella Infections, Denmark, 2010–2018. Emerg Infect Dis. 2023;29(3):605-608. https://doi.org/10.3201/eid2903.221568

dimanche 5 mars 2023

Destruction de ‘bassines’, justice laxiste !

Le blog vous avait proposé plusieurs articles sur un sujet d’actualité les réserves d'eau ou «bassines» que vous pourrez retrouver ici.

Après les actes de délinquances contre des réserves d’eau (‘bassines’), on pouvait légitiment s’attendre à des peines sévères par la justice. Deux personnes étaient poursuivis pour avoir participé, le 6 novembre 2021 à Cram-Chaban, en Charente-Maritime, à la destruction d’une des cinq réserves d’eau appartenant à l’Association syndicale d’irrigation des Roches.

Et bien, pas du tout, un vrai scandale !

Ce jeudi 2 mars 2023, le tribunal correctionnel de La Rochelle a condamné deux trentenaires à 500 euros d’amende et 200 euros d’amende avec sursis après les avoir jugés coupables de «dégradation du bien d’autrui avec circonstances aggravées.»

Mise à jour du 7 mars 2023
Après la série des crétins qui détruisent des bassines, voici d’autres crétins qui sont tout aussi ignorants, La France Agricole nous informe «Amende avec sursis pour six faucheurs volontaires».

Six faucheurs d’OGM ont été condamnés, lundi à Dijon, à une amende avec sursis de 800 euros chacun, pour destruction de colza, a-t-on appris auprès de leur avocat. 

Détruit car le colza était supposé OGM, c’est tout simplement démoralisant !

A propos des cultures de végétaux OGM résistants à la sécheresse

samedi 4 mars 2023

Crises sanitaires, crises de l’information : aux sources du terme «infodémie»

C’est une suite d’un article de février 2020 dans lequel L'OMS s'inquiètait de 'l'infodémie' et commence à contrer les rumeurs à propos du virus.

Crises sanitaires, crises de l’information : aux sources du terme «infodémie», source communication de l’Institut Pasteur.

Comment s’articulent les enjeux épidémiologiques et médiatiques en période de crise sanitaire ? Comment faire le lien entre les propagations virales et informationnelles ? Plusieurs scientifiques, experts en communication ou éthiciens ont tenté d’apporter des éléments de réponse au cours d'un colloque organisé en décembre à l’Institut Pasteur.

Défini comme la circulation rapide d’un grand nombre d’informations, vraies ou fausses, le néologisme «infodémie» a gagné en popularité pendant la pandémie de Covid-19. Le 2 décembre 2022 s’est tenu à l’Institut Pasteur le colloque «Epidémie, pandémie… Infodémie : l’autre urgence sanitaire», organisé avec Université Paris Cité. Retour sur ce riche moment d’échanges à travers quelques pistes de réflexion et certaines des questions essentielles abordées durant cette journée.

Un colloque associant des experts de tous horizons
Pourquoi organiser un colloque sur l’infodémie associant sciences biologiques et sciences humaines et sociales ? L’idée de ce colloque a émergé lors de discussions régulières entretenues entre le département de Santé globale de l’Institut Pasteur et le Centre Virchow-Villermé d’Université Paris Cité. Les notions d’infodémie et d’infodémiologie historiquement abordées par les sciences de l’information et de la communication, ont été récemment mises en avant par l’OMS. Intéressante d’un point de vue épistémologique et de santé publique, cette analogie entre épidémie virale et épidémie d’informations a peu à peu abouti à l’idée d’un colloque pluridisciplinaire mêlant différents champs d’expertises et associant l’Institut Pasteur et le Centre Virchow-Villermé d’Université Paris Cité.

Questionner le terme «infodémie»
Quel regard critique porter sur le terme « infodémie » ? Est-il réellement pertinent ? Le colloque a décrit les changements drastiques concernant la circulation et la réception par le public des informations en matière de santé publique : une quantité massive d’informations diffusées largement en des temps très courts, notamment sur les réseaux sociaux, des contenus de tous types, sans filtre ni hiérarchie, avec un impact physique et mental sur la société. Ce nouvel écosystème informationnel qui s’est mis en place à travers le web 2.0 a changé la donne en altérant la parole publique. Les messages scientifiques, médicaux et de santé publique se sont trouvés mis à mal, noyés par l’affluence d’informations venant de toutes parts. Si un grand nombre d’informations véhiculées sont vraies ou sans danger, certaines sont fausses, trompeuses et parfois mêmes délibérément erronées. On parle alors de pathologie de l’information qui, selon les cas, recouvre les termes de mésinformation, désinformation, désordre informationnel, fake news, rumeur, diffamation, propagande, complotisme ou conspirationnisme. Le terme « infodémie » regroupe toutes ces notions. Pour autant, ses effets doivent être nuancés car les informations diffusées ne suscitent pas toujours l’approbation et sont même souvent sources de dérision. Les publics sont désormais plus vigilants. L’influence de l’infodémie apparaît donc relative dans certains domaines.

Les réseaux sociaux, un rôle à nuancer
Si le rôle des réseaux sociaux est souvent évoqué dans la désinformation de masse, n’a-t-on néanmoins pas trop tendance à minimiser l’importance des médias traditionnels et des situations d’échanges privés ? La compréhension de la déformation potentielle de l’information ne doit pas se limiter à l’étude des réseaux sociaux. Tout d’abord car la corrélation entre la diffusion de fake news sur les réseaux sociaux et l’augmentation de la méfiance à l’égard des autorités sanitaires, comme lors de l’hésitation vaccinale par exemple, n’est pas toujours démontrée. Ensuite, parce que d’autres facteurs d’influence entrent en jeu. La sphère familiale, l’entourage médical, le milieu social, culturel, professionnel ou encore les discours politiques ont un rôle déterminant dans la circulation d’informations et l’adoption de certains comportements. Les médias traditionnels -télévision, radio, presse- ont eux aussi une importance cruciale dans la propagation d’informations, et peuvent tout autant conditionner l’émergence de fake news. En conclusion, les réseaux sociaux ne sont pas seuls responsables de la désinformation, d’autres sphères d’influence agissent sur les choix des individus en matière de santé.

Un dialogue science/société à reconfigurer
La crise sanitaire et le manque relatif de confiance envers les institutions n’obligent-ils pas les scientifiques à créer de nouveaux espaces de dialogue et de partage avec la société ? Prévenir les impacts négatifs de l’infodémie engage la responsabilité des scientifiques et des personnels de santé. Il est essentiel de former les professionnels sur ces problématiques et de faciliter la compréhension et l’appropriation des messages par les publics visés. Préserver la qualité des relations avec le public, entretenir sa confiance et le sensibiliser à l’esprit critique, dans un esprit d’ouverture et de dialogue : toutes ces démarches s’avèrent capitales. Plus concrètement, les chercheurs et chercheuses doivent être mobilisés pour rendre accessibles les connaissances et créer des espaces de partage avec la société. Dans les laboratoires, musées, universités, lieux publics, culturels ou scolaires, les actions en ce sens sont nombreuses. Les scientifiques doivent rester à l’écoute de la société, comprendre les attentes de la population et savoir y répondre avec l’expertise qui est la leur, tout en faisant part de leurs controverses et en sachant exprimer les limites de leurs connaissances.

De la crise Covid à la crise climatique
Quelles sont les leçons communicationnelles de la crise Covid qui pourraient nous permettre de mieux appréhender une autre crise concomitante, par exemple celle du réchauffement climatique ? Pour une grande partie de la population occidentale, le changement climatique, pourtant maintenant largement documenté scientifiquement, apparaît comme un sujet complexe, abstrait, qui n’affecte pas encore le quotidien. La menace est aussi perçue de manière différente. Alors que la peur d'être contaminés par le virus affecte une grande partie des individus, le changement climatique n’est pas considéré comme contagieux. A l’inverse, de nombreux travaux montrent que l’argument de santé publique est l’un de ceux qui résonnent le plus fort auprès des populations, et qu’il est l’un des plus enclins à induire des changements de comportement. La manière d’aborder ces différents enjeux induit très fortement la perception de l'urgence et la volonté de réagir : fournir par exemple de nouveaux récits autour du changement climatique en qualifiant l'urgence environnementale d'urgence sanitaire permettrait notablement de réduire les barrières psychologiques. Ainsi l’attention des populations pourrait être favorisée en mettant l'accent sur les co-bénéfices directs de l'action climatique en faveur de la santé.

A propos de la consommation de réglisse par les femmes enceintes

«La consommation de réglisse par les femmes enceintes nuit-elle au développement mental et physique des enfants ?», source Communication du BfR n°10/2023 du 14 février 2023.

Dans une étude d'observation finlandaise, les enfants de mères qui avaient consommé plus de 250 g de réglisse (environ 500 mg d'acide glycyrrhizique) par semaine pendant la grossesse ont été comparés à des enfants de mères qui n'avaient pas consommé ou seulement environ 125 g de réglisse par semaine. Les résultats ont montré que les enfants du premier groupe différaient par certains paramètres de leur développement physique et mental des enfants dont les mères n'avaient pas consommé de réglisse ou avaient consommé beaucoup moins de réglisse par semaine. Les auteurs de l'étude ont interprété les différences observées comme des effets néfastes de l'exposition de l'enfant à naître (fœtus) à l'acide glycyrrhizique, un ingrédient de la réglisse. Sur la base des résultats de l'étude, ils ont recommandé que les femmes enceintes soient mises en garde contre la consommation de réglisse.

L'Institut fédéral d'évaluation des risques (BfR) a évalué l'étude réalisée par Räikkönen et al. (2009 ; 2010 ; 2017a) et, comme le Comité scientifique norvégien pour l'alimentation et l'environnement (VKM, 2018), sont arrivés à la conclusion que les données recueillies dans l'étude ne permettent pas de faire des communications fiables sur une éventuelle relation causale entre la consommation de réglisse pendant la grossesse et le développement physique et mental de la progéniture.

Il est connu que l'acide glycyrrhizique peut entraîner une modification du métabolisme minéral avec accumulation de sodium et perte de potassium lorsqu'il est consommé en grande quantité. Les conséquences sont une augmentation de la pression artérielle, une rétention d'eau dans les tissus (œdème) et une faiblesse musculaire. Étant donné que les informations destinées aux consommateurs sur l'emballage de la réglisse n'indiquent pas la teneur en acide glycyrrhizique de chaque produit, les consommateurs souffrant d'hypertension artérielle, de maladies cardiovasculaires et de diabète, ainsi que les femmes enceintes, doivent s'abstenir de consommer en permanence de grandes quantités de réglisse.

Dans ce contexte, on lira de l’Anses «Effets indésirables induits par la réglisse consommée dans le cadre alimentaire. Étude des cas enregistrés par les centres antipoison (de janvier 2012 à décembre 2021). Connaître, évaluer, protéger. Rapport d’étude de toxicovigilance Octobre 2022.

Dans la publication Vigl’Anses, voir aussi ce document de novembre 2022, Boissons, bonbons et autres aliments à base de réglisse : à consommer avec modération.

Mise à jour du 31 mars 2023