Une série d'épidémies à Salmonella au Royaume-Uni causées
par des produits de poulet panés en provenance de Pologne pourraient
avoir touché jusqu'à 5 000 personnes, ont révélé des
responsables.
Les épidémies à l'échelle du Royaume-Uni ont entraîné plus de 1
000 cas de maladie confirmées en 2020 et 2021 avec potentiellement
jusqu'à 4 000 cas supplémentaires qui n'ont été ni confirmés, ni
signalés.
L'incident a également coûté environ 7,7 millions de livres
sterling (8,7 millions d’euros), selon un document détaillant les
projets du gouvernement britannique d'introduire des contrôles sur
les importations à partir d'octobre 2023, dans le cadre de son
Border Target Operating Model.
Incident lié à Salmonella et au
poulet
Le premier avertissement est survenu en octobre 2020 lorsque près de
400 personnes ont été malades lors d'une épidémie à Salmonella
Enteritidis impliquant plusieurs souches. De nombreuses personnes ont
dû être hospitalisées et quatre sont décédées. Cependant, on ne
savait pas si l'infection à Salmonella avait contribué aux
décès.
Les inquiétudes concernant la sécurité sanitaire des produits de
poulet crus, panés et surgelés ont conduit la Food Standards Agency
(FSA) et la UK Health Security Agency (UKHSA) à examiner la
prévalence de Salmonella, E. coli et la résistance
aux antimicrobiens (RAM) dans des produits tels que les nuggets,
trempettes de poulet et goujons, en distribution au Royaume-Uni.
Au total, 310 échantillons ont été testés entre
avril et juillet 2021, et Salmonella a été détecté
cinq fois. Une autre étude de Public Health England, désormais
UKHSA, en 2020 a retrouvé Salmonella
dans 40 des 456 échantillons de produits de poulet en vente en
distribution.
Les données de la dernière étude suggèrent une baisse des taux de
contamination de ces produits entre 2020 et 2021. Les supermarchés
concernés ont changé de fournisseur, ce qui explique au moins en
partie l'amélioration des résultats, la contamination n'étant liée
qu'à quelques producteurs.
Entre mai 2018 et décembre 2020, près de 100 patients ont également
été signalés au Danemark, en Finlande, en France, en Allemagne, en
Irlande, aux Pays-Bas, en Pologne et en Suède. Une personne sur cinq
a été hospitalisée et une personne est décédée.
Problème plus large
Le projet
de Border Target Operating Model introduit des contrôles
sanitaires, phytosanitaires et de sécurité sur les importations.
Celles-ci visent à protéger la santé publique, à fournir des
aliments sûrs tout en maintenant la sécurité d'approvisionnement
des consommateurs et à perturber les activités criminelles avant
qu'elles ne puissent causer des dommages.
L'approche actuelle sera remplacée par un système plus ciblé,
fondé sur les risques, qui utilise des preuves et des données. La
fréquence des contrôles sera basée sur le risque lié au produit
et au pays d'origine. Cela sera mis en œuvre entre la fin octobre de
cette année et le 31 octobre 2024. Les certificats phytosanitaires
seront numérisés à partir de 2023 avec une adoption en fonction de
l'état de préparation des partenaires commerciaux.
La première étape en octobre 2023 introduira la certification
sanitaire des produits animaux à risque moyen, tels que la viande,
les produits laitiers, le poisson et les denrées alimentaires et
aliments pour animaux à haut risque d'origine non animale importés
de l'UE.
Les risques liés à des contrôles inadéquats ont été décrits
comme «significatifs», un exemple montrant qu'une récente
inspection de routine des magasins par les autorités locales au
Royaume-Uni avait détecté des produits carnés congelés, crus et
non cuits marqués comme ne pouvant être vendus que dans le pays
d'origine de l'UE.
Des enquêtes plus poussées ont révélé que les produits avaient
été achetés par deux importateurs, liés à plus de 280 points de
vente au détail au Royaume-Uni. Les produits ont été exportés
commercialement et pré-notifiés sur le système d'importation
britannique. Bien que les produits n'aient pas été testés positifs
pour la peste porcine africaine, le fait qu'ils aient atteint le
Royaume-Uni était une «menace sérieuse et immédiate» pour
l'industrie porcine.
Les responsables gouvernementaux ont déclaré que les marchandises
ne seraient pas arrivées au Royaume-Uni si des contrôles sanitaires
et phytosanitaires avaient été en place, car elles n'auraient pas
été certifiées pour l'exportation par un vétérinaire du pays
d'origine.
«C'est la première fois que nous en entendons parler, et nous
sommes pour le moins alarmés et choqués, mais pas tout à fait
surpris. Nous disons depuis plusieurs années maintenant que le refus
du gouvernement d'imposer des contrôles appropriés sur les
importations de viande de l'UE pose un risque énorme et inacceptable
pour le secteur porcin britannique», a déclaré Lizzie
Wilson, directrice générale de la National Pig Association.
«C'est une preuve claire de cela, comme l'a indiqué le
gouvernement, qui a admis que ce manque de contrôles signifie que de
la viande qui n'a pas été correctement inspectée et qui pourrait,
par conséquent, déclencher une épidémie dévastatrice de peste
porcine africaine au Royaume-Uni a potentiellement été vendue dans
de nombreux points de vente au détail dans ce pays.»