dimanche 26 avril 2020

Les essuie-mains en papier sont beaucoup plus efficaces pour enlever les virus des mains que les sèche-mains à air pulsé, selon une petite étude



Voici qu’un résumé d’une conférence conforte mes propos …

« Une petite étude montre que les essuie-mains en papier sont beaucoup plus efficaces pour éliminer les virus que les sèche-mains », source European Society Of Clinical Microbiology and Infectious Diseases, via EurekAlert!

Une étude qui aurait du recherche être présentée à l’èche-mains à air pulsé pour enlever
L'étude est réalisée par la Dr Ines Moura, Université de Leeds, Royaume-Uni, et ses collègues Duncan Ewin et le professeur Mark Wilcox, de l'Université de Leeds et Leeds Teaching Hospitals NHS Trust.

Le séchage des mains est important pour minimiser la propagation des microbes dangereux, dont le nouveau coronavirus, car le fait de ne pas les éliminer augmente le transfert vers des surfaces environnementales et augmente les possibilités de transmission et de propagation.

Dans cette étude, les auteurs ont cherché à savoir s'il existe des différences dans l'étendue de la transmission du virus, selon la méthode de séchage des mains, au-delà des toilettes/lavabo vers l'environnement hospitalier.

Quatre volontaires ont simulé la contamination de leurs mains/mains gantées à l'aide d'un bactériophage (qui est un virus qui infecte les bactéries, et qui est donc inoffensif pour l'homme). Leurs mains n'ont pas été lavées après une contamination car c'était pour simuler des mains mal ou insuffisamment lavées. Les mains ont été séchées à l'aide d’essuie-mains en papier (EMP) ou d'un séchoir à air pulsé (SAP). Chaque volontaire portait un tablier, pour permettre de mesurer la contamination du corps/des vêtements pendant le séchage des mains. Le séchage des mains a été effectué dans les toilettes publiques d'un hôpital et, après en être sorti, des échantillons ont été prélevés dans des zones publiques et de l’hôpital.

Des zones environnementales et des surfaces (n = 11) ont été prélevés après contact avec les mains ou le tablier. Les prélèvements du site étaient des portes (portes à pousser et à tirer), des rampes d'escalier, des boutons d'ascenseur, des chaises dans les zones publiques et de l’hôpital, des téléphones, des boutons d’interphones d'accès aux salles, la tubulure du stéthoscope, le pavillon du stéthoscope, des tabliers eux-mêmes et des fauteuils qui avaient été indirectement en contact avec le tablier. Pour ces derniers, les volontaires ont été invités à croiser les bras sur leur poitrine tout en utilisant le tablier, avant de se reposer sur les bras de la chaise.

L'équipe a constaté que les méthodes SAP et EMP réduisaient statistiquement de manière significative la contamination virale des mains (respectivement, de ~ 100 et ~ 1000 unités de virus/μl, (voir la figure dans le résumé complet).

Pour 10 des 11 surfaces, une contamination environnementale significativement plus importante a été détectée après utilisation du SAP par rapport à l’EMP. Toutes les surfaces échantillonnées après l'utilisation du SAP ont montré une contamination par les phages, contre seulement 6 surfaces après l'utilisation de l’EMP. La contamination de surface moyenne après contact avec les mains était plus de 10 fois plus élevée après utilisation du SAP par rapport à l’EMP (indiquée par une différence de 1,1 sur l'échelle logarithmique: 4,1 vs 3,0 log10 copies/μl). La dispersion virale dans le tablier/les vêtements était 5 fois plus élevée avec le SAP par rapport à l’EMP (respectivement, 3,5 et 2,8 log10 copies/μl).

Le transfert de phages du tablier aux fauteuils via les bras croisés n'a été détecté qu'après utilisation du SAP (moyenne de 3,2 log10 copies/μl). Cela suggère que le transfert de microbes vers les surfaces environnementales peut se produire directement à partir de mains qui restent contaminées après le séchage des mains, mais aussi indirectement à partir du corps d'une personne qui a elle-même été contaminée pendant le séchage des mains.

Les auteurs concluent: « Il existe des différences évidentes, selon la méthode de séchage des mains, dans la contamination microbienne résiduelle des mains et du corps du sujet. De manière cruciale, ces différences de contamination se traduisent par des niveaux de contamination microbienne significativement plus élevés après le séchage à air pulsé que l'utilisation de essuie-mainsen papier des mains et du corps au-delà des toilettes/lavabo. Comme les toilettes publiques sont utilisées par les patients, les visiteurs et le personnel, la méthode de séchage des mains choisie peut augmenter (à l'aide de séchoirs à air pulsé) ou réduire (à l'aide d’essuie-mains en papier) la transmission d'agents pathogènes en milieu hospitalier. »

Ils notent également que leurs résultats sont particulièrement importants car il y a eu une migration générale de l'utilisation de essuie-mains en papier vers des sèche-mains à air dans de nombreux contextes et régions du monde, en particulier dans les environnements de santé au Royaume-Uni.

Les directives UK NHS et OMS sur le lavage des mains recommandent d'utiliser un essuie-mains en papier pour sécher les mains (et également d'utiliser un essuie-mains en papier pour fermer le robinet).

Ils concluent: « Nous pensons que nos résultats sont pertinents pour la maîtrise du nouveau coronavirus qui se propage à un rythme soutenu dans le monde entier. Les essuie-mains en papier devraient être le moyen préféré pour se sécher les mains après le lavage et ainsi réduire le risque de contamination virale et de propagation. »

Sur le site Science Media Centre, voici des réactions d'experts à ce résumé non publié d'une conférence sur l’essuie-mains en papier versus le sécheur à air pulsé ...

Le Dr Graham Wheeler, statisticien médical, UCL, a dit:
« Des études antérieures suggèrent que se sécher les mains avec des essuie-mains en papier après le lavage peut réduire la contamination bactérienne et le risque de transmission par rapport aux séchoirs à air pulsé. Cependant, peu d'études sont disponibles pour évaluer quelle approche de séchage des mains réduit le mieux le risque de transmission virale. »

« Il s'agit d'une étude exceptionnellement petite, avec seulement quatre personnes recrutées. Aucune petite étude ne permet de tirer des conclusions définitives sur les avantages de l'utilisation de essuie-mains en papier ou de séchoirs à air pulsé. »

«Dans cette étude, les quatre volontaires ont été invités à ne pas se laver les mains après contamination, pour « simuler de mauvaises pratiques de lavage des mains ». Mais combien de personnes se sont-elles séchées les mains sans les avoir préalablement lavées?

« Les conclusions des auteurs selon lesquelles les personnes devraient utiliser des essuie-mains en papier après s'être lavé les mains ne peuvent pas être tirées de cette étude parce que ce n'est pas ce que les chercheurss ont testé; ils ont examiné quelle méthode de séchage réduisait la contamination croisée des mains non lavées.

« Une meilleure étude permettrait de recruter plus de participants, de demander à certains de se laver soigneusement les mains, et à d'autres de les laver brièvement (ou sans savon), puis de les sécher avec des essuie-mains en papier ou un séchoir à air plusé. Vous pouvez ensuite mesurer les avantages de chaque méthode de séchage dans et entre chaque approche de lavage des mains, et également comparer les résultats à un groupe témoin non hygiène qui ne se lave pas ou ne se sèche pas du tout les mains.

« Cette étude n'a pas été évaluée par des pairs, donc toutes les conclusions doivent être interprétées avec prudence. »

Le Dr Baptiste Leurent, professeur adjoint de statistiques médicales à la London School of Hygiene & Tropical Medicine, a dit:
« Cette étude est une expérience intéressante dans le contexte actuel, mais elle est trop petite pour fournir des preuves pertinentes. »

« Il a comparé quatre personnes qui se sont séché les mains à l'aide de essuie-mains en papier ou d'un sèche-mains à air pulsé et ont examiné la quantité de virus sur leurs mains et diverses surfaces dans un véritable hôpital. Il a été retrouvé une quantité moindre de virus chez ceux qui utilisent des essuie-mains en papier. »

« Cette publication est un court résumé d’une conférence et il est très difficile d'évaluer la qualité de la recherche ou la valeur des résultats. Une limite claire est que l'étude n'a été menée que sur quatre volontaires. Elle n'a pas non plus été randomisée, et on ne sait pas dans quelle mesure les deux groupes étaient comparables. De nombreux autres facteurs pourraient expliquer les différences constatées. Statistiquement, il est en fait surprenant de constater des différences « significatives » avec seulement quatre volontaires.

« Un point important est que dans cette expérience, les volontaires se sont effectivement « lavé les mains » uniquement avec un sèche-cheveux ou des essuie-mains en papier, ce qui est clairement différent de ce qui se passe dans la pratique. Il n'est pas clair comment ces résultats s'appliquent au séchage des mains après le lavage des mains, et la pertinence pour les recommandations actuelles sur le lavage des mains. Si il y a bien quelque chose, cette étude rappelle l'importance d'un lavage des mains approprié. »

Le professeur Kevin McConway, professeur émérite de statistiques appliquées, The Open University, a dit:
« Il est assez difficile d'évaluer la qualité de cette étude et de ses implications. Tout ce que nous avons, c'est un bref communiqué de presse et un bref résumé du document qui aurait du être présenté à la conférence, si elle avait pu avoir lieu. Certains détails de ce qui a été fait sont loin d'être clairs. L’étude n'a pas encore été évaluée par des pairs scientifiques. Et il y a plusieurs autres raisons de se méfier des résultats. Dans l'ensemble, je ne pense pas que cette étude ne fasse rien d'autre qu'indiquer quelque chose qui pourrait éventuellement mériter une étude plus approfondie plus tard.

« À première vue, les résultats peuvent sembler assez clairs, mais il existe de nombreuses raisons potentielles de douter de la signification des résultats. Seuls quatre volontaires ont effectué la contamination et le séchage des mains, c'est très peu. Nous ne savons rien d’eux. S'agissait-il de personnels hospitaliers qui auraient pu découvrir la bonne façon de se sécher les mains avec des essuie-mains en papier ou des personnes du grand public, ou quoi d’autre? Dans tous les cas, il pourrait être important de savoir quelle méthode de séchage des mains ils utilisaient, il n'est pas exclu que des préjugés conscients ou inconscients concernant les essuie-mains en papier ou les séchoirs à air pulsé aient pu affecter la façon dont ils se séchaient les mains. Et est-ce que chacune des quatre personnes a fait l'expérience une seule fois, avec un seul type de séchage à la main, ou chacune a-t-elle utilisé les deux méthodes de séchage à la main à différentes occasions, ou bien encore a-t-elle répété l'expérience pour que le résultat de chaque personne soit la moyenne de plus d'une occasion de séchage des mains? Cela pourrait très bien être important pour l’interprétation des résultats statistiques, mais nous ne savons rien de ces détails. Il n'y a vraiment pas assez pour en dire plus. »

Le Dr Simon Clarke, professeur de microbiologie cellulaire, Université de Reading, a dit:
« Cette toute petite étude examine les effets des essuie-mains en papier par rapport aux sèche-mains à air pulsé sur des mains non lavées, aucun savon n'a été utilisé. Il est important de se rappeler que c'est le savon qui enlève les virus et les bactéries de nos mains lorsque nous les lavons, l'eau est simplement là pour mélanger le savon permettant son application sur la peau puis pour la laver ensuite. Ces résultats ne sont ni surprenants, ni particulièrement utiles dans la bataille pour maîtriser le CoViD-19. »

Le professeur Paul Hunter, professeur en médecine, UEA, a dit:
« Bien que l'étude de Wilcox et ses collègues soit de petite taille, les préoccupations concernant les sécheurs à air pulsé qui propagent l'infection ne sont pas nouvelles. En 2015, Kimmitt Redway de l'Université de Westminster a rapporté une étude montrant que ces séchoirs à air pulsé étaient associés à une « dispersion beaucoup plus grande et plus importante du bactériophage MS2 de mains contaminées artificiellement » par rapport aux séchoirs à air chaud ou aux essuie-mains en papier. Ce que les deux études ont montré, c'est que les sécheurs à air pulsé peuvent entraîner une plus grande dispersion du virus sur les surfaces environnantes et le corps des personnes par rapport aux essuie-mains en papier. »

« Je n'ai connaissance d'aucune étude épidémiologique ayant montré que le type de sèche-mains utilisé était impliqué dans la transmission des infections dans le monde réel. Bien qu'il serait en fait assez difficile d'obtenir de telles preuves même si une telle transmission se produisait. »

« Il est clair que la quantité de virus qui reste sur les mains des gens après le lavage dépend dans une large mesure de l'efficacité avec laquelle les personnes se lavent les mains. Si les personnes ne se lavent pas correctement les mains, d'autres personnes peuvent être à risque en se tenant près de quelqu'un utilisant un tel séchoir à jair pulsé. Cette étude renforce la nécessité de se laver les mains correctement afin d'enlever autant de virus que possible avant le séchage, et l'importance de maintenir une distance de deux mètres des autres personnes pendant la pandémie actuelle de COVID-19, même lors de la visite des toilettes et des lavabos. »

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