« Des
chercheurs présentent leurs travaux lors d'une réunion virtuelle
One Health », source article
de Joe Whitworth paru le 2 juin 2020 dans Food Safety News.
Note
de l'éditeur: cet article, partie 1 sur 2, résume les présentations
orales et par affiches de la réunion de trois jours du programme
conjoint européen One Health.
Un
projet européen contribuant à promouvoir le progrès scientifique
sur les zoonoses d'origine alimentaire a tenu sa réunion annuelle
virtuellement à cause de l'épidémie liée au coronavirus.
La
deuxième réunion scientifique annuelle du programme commun européen
One Health (OHEJP pour One Health European Joint Program) sur les
zoonoses d'origine alimentaire, la résistance aux antimicrobiens et
les menaces émergentes était prévue à Prague en République
tchèque, la semaine dernière, mais avec la pandémie de COVID-19 la
réunion physique a été annulée et remplacée par une réunion
virtuelle.
Les
178 résumés soumis ayant déjà été évalués par le comité
scientifique et le programme étant déjà rédigé, les
organisateurs ont décidé d'accueillir l'événement en ligne avec
des présentations orales et par affiches (posters).
Plus
de 750 participants se sont inscrits à la réunion qui a eu Stef
Bronzwaer, coordinateur de la recherche à l'Autorité européenne de
sécurité des aliments (EFSA), en tant qu'orateur principal.
L'OHEJP
a débuté en 2018 et se termine fin 2022. Il est coordonné par
l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments, de
l'environnement et du travail (Anses) et implique 40 partenaires de
19 pays. D'un coût de 90 millions d'euros, 50% étant financés par
la Commission européenne.
Présentations
orales
Maaike
van den Beld, de l'Institut national pour la santé publique et
l'environnement (RIVM), a parlé de l'amélioration de la sécurité
sanitaire des aliments grâce au séquençage du génome entier (WGS)
et au partage des données.
Aux
Pays-Bas, les données du WGS de la surveillance en laboratoire
nationale de E. coli producteurs de shigatoxines (STEC) et
Listeria par le RIVM sont partagées dans une base de données
avec les données du WGS issues de la surveillance des aliments
collectées par le Wageningen Food Safety Research à la demande de
la Dutch Food and Consumer Product Safety Authority (NVWA).
Dans
cette base de données, 1 578 isolats de Listeria étaient
présents, soit 217 issus de cas groupés (clusters), dont 33
d'origine mixte. Au total, 95 clusters s'étalaient sur plus de deux
ans. Pour le STEC sérotype O157, 190 des 205 isolats étaient
d'origine humaine. Pour le sérotype O26, 102 des 112 isolats étaient
d'origine humaine. Les autres STEC de types O comprennent près de 1
000 isolats, dont 59 pour cent sont humains.
Il
existe des défis liés à l'espèce pour appliquer le WGS et le
partage de données dans la surveillance nationale et le traçage des
sources. Pour Listeria, le confinement du temps pour la
détection des clusters et les stratégies d'intervention est
compliqué. Pour les STEC, il y a un chevauchement minimal entre les
isolats humains et alimentaires. Cependant, la surveillance par WGS
et le partage de données en temps réel ont permis un traçage
rapide des sources et une évaluation des éclosions et ont conduit à
des mesures d'application mieux ciblées.
Claudia
E. Coipan du RIVM a utilisé l'exemple d'une éclosion internationale
à Salmonella Enteritidis liée à des œufs polonais pour
voir si l'harmonisation des flux de travail du typage moléculaire
était nécessaire.
Les
chercheurs ont comparé les résultats de six flux de travail de
typage différents utilisés par les autorités européennes de santé
publique en termes de détection des clusters et de concordance. Ils
ont analysé 180 isolats de cas confirmés et probables,
représentatifs de la variation génétique de l'épidémie, et 22
isolats de Salmonella Enteritidis non apparentés. L'analyse
indique que les différents flux de travail ont généré des
clusters avec des compositions similaires.
Thomas
Brauge de l'Anses a évoqué l'impact de deux désinfectants sur les
cellules de Listeria monocytogenes en biofilm sur de l'acier
inoxydable.
Le
traitement au peroxyde d'hydrogène ou par un ammonium quaternaire
n'a pas enlevé les cellules de Listeria sur les surfaces mais
a changé l'état de viabilité cellulaire avec l'émergence d'une
majorité de cellules viables mais non cultivables (VNC). Ces
cellules VNC ont été transférées sur des tranches de hareng et
sont revenues à un état viable et cultivable sur des milieux
gélosés pendant la durée de conservation commerciale du hareng.
Julio
Alvarez de VISAVET, Université Complutense de Madrid, a expliqué
comment les isolats humains de Salmonella font l'objet
systématiquement du séquençage du génome entier au Minnesota pour
aider à investiguer sur les éclosions, ce qui augmente la capacité
de relier les cas liés mais conduit à un retard dans
l'identification des sérotypes des isolats cliniques et fait établir
une relation entre les cas dans la première semaine après avoir
signalé un problème.
Les
chercheurs ont examiné des modèles temporels pour détecter les
épidémies à Salmonella en l'absence d'informations sur les
sérotypes. Les informations sur les patients signalés au
département de la santé du Minnesota de 2005 à 2018 ont été
utilisées. Les meilleurs modèles candidats ont pu identifier plus
de 75% des éclosions connues dans la semaine suivant la notification
des premiers cas. Les algorithmes développés ont pu identifier les
éclosions connues sur une période de quatre ans et ils ont
également révélé des éclosions potentiellement non résolues.
María
Ugarte-Ruiz, de la même université, a couvert la détection et la
caractérisation antimicrobienne de Salmonella dans les œufs
issus de commerces de détail à Madrid.
L'isolement
de Salmonella a été effectué à partir d'œufs produits en
Espagne de 2003 à 2019 dans le cadre d'un programme de surveillance.
Au cours de cette période de 19 ans, plus de 200 isolats ont été
récupérés appartenant principalement aux sérotypes Enteritidis,
Infantis, Rissen, Anatum et Typhimurium. Dans l'ensemble, les niveaux
de résistance aux antimicrobiens étaient inférieurs à 10%, à
l'exception de la ciprofloxacine, de l'acide nalidixique, de la
tétracycline et de l'ampicilline, bien que les quantités varient
également en fonction du sérotype.
Idesbald
Boone, de l'Institut Robert Koch en Allemagne, a découvert que les
aliments considérés comme présentant un risque élevé de
provoquer des cas d'intoxication alimentaire associés aux soins de
santé étaient servis aux patients.
L'enquête,
parmi 33 établissements de santé italiens et allemands, a exploré
la disponibilité des données, l'accessibilité et l'utilité des
données alimentaires des patients dans les hôpitaux et les
résidents des maisons de santé. Une variabilité a été observée
dans la durée de stockage des données des menus alimentaires et de
leurs formats, du papier aux bases de données électroniques
consultables. En Italie, l'externalisation de la restauration a été
associée à une prise de conscience non optimale de la disponibilité
des données de traçabilité alimentaire.
Présentations
par affiches
Gerald
Umhang, de l'Anses, avait une affiche présentant le projet MEME qui
a démarré en janvier 2020 et compte 20 partenaires dans 15 pays
européens.
L'objectif
est de combler les lacunes de la recherche dans la détection et le
contrôle de l'échinococcose kystique (EK) et alvéolaire (EA).
Produire des données épidémiologiques sur la présence d'œufs de
Echinococcus multilocularis et de Echinococcus granulosus
sensu lato dans la chaîne alimentaire va permettre de se
concentrer sur les légumes destinés à la consommation humaine.
Dans
le cadre du projet, il est prévu que des questionnaires ciblés
soient élaborés pour un échantillon de patients atteints de EK
dans certains hôpitaux et des témoins appariés, afin de faire
progresser les connaissances sur les facteurs de risque liés aux
aliments pour l'infection humaine.
Une
affiche de Karin Troell, de l'Institut vétérinaire national
suédois, décrit le consortium PARADISE. Ce projet, de 2020 à 2022,
contribuera à développer des méthodes de lutte contre les
parasites d'origine alimentaire dans la chaîne alimentaire de l'UE,
car les investigations sur les éclosions et l'attribution des
sources restent difficiles.
Eleonora
Ventola, de l'Istituto Superiore di Sanità, en Italie, avait une
affiche sur Yersinia enterocolitica dans les aliments. La
yersiniose est la quatrième zoonose d'origine alimentaire la plus
courante dans l'UE, selon le rapport sur les zoonoses de 2018.
En
2019, une enquête en Italie a estimé la contamination par Yersinia
enterocolitica pathogène dans différents aliments,
échantillonnés à différents stades de la chaîne de production.
Au total, 437 échantillons, dont du porc, du bœuf, du sanglier et
de la viande de poulet, du lait cru, des crustacés et des légumes
frais, ont été analysés.
L'étude
a révélé que les produits à base de porc étaient la catégorie
la plus fréquemment contaminée par Yersinia
enterocolitica.
La présence de Yersinia
a été évaluée à l'aide de la PCR en temps réel ciblée sur le
gène Ail (impliqué
dans l’attachement et l’invasion des cellules épithéliales)
qui est considéré comme le marqueur de Yersinia
enterocolitica
pathogène. La présence de ce gène a été détectée dans 11
échantillons, tous provenant de viande de porc, de bœuf et de
sanglier.
Une
étude menée par Jacek Sroka, de PIWET, a estimé la prévalence de
l'infection à Toxoplasma gondii chez des porcs et des bovins
abattus pour la consommation humaine en Pologne. Des sérums de 3 111
porcs et 2 411 bovins de 16 régions ont été contrôlés. Des
échantillons du diaphragme et du cœur d'animaux séropositifs ont
été examinés pour l'ADN de Toxoplasma gondii.
Des
résultats séropositifs ont été retrouvés chez 11,9% des porcs et
13% des bovins. L'analyse des données a montré que la
séropositivité augmentait avec l'âge des bovins et les résultats
séropositifs étaient plus fréquents chez les animaux des petites
exploitations. La présence d'anticorps de Toxoplasma gondii
chez les porcs et les bovins et la détection d'ADN parasitaire dans
les tissus peuvent indiquer une menace potentielle pour la santé des
consommateurs.
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