mercredi 10 juin 2020

COVID-19 et confinement en France: qu'est-ce que cela a apporté ?


Le titre de l'article du Figaro du 10 juin 2020 doit être pris avec précaution, « Le confinement aurait permis d’éviter 690.000 morts en France. Deux études évaluent les effets des mesures de distanciation sociale prises dans différents pays. »

D'une façon générale, il faut se méfier des titres et lire plutôt le contenu et constater que cela n'a rien avoir avec le titre souvent accrocheur ...
Fallait-il ou non confiner? Maintenant que l’épidémie marque le pas, cette question surgit inévitablement. «C’est le propre des politiques de prévention, explique Pascal Crépey, chercheur en épidémiologie et biostatistiques à l’École des hautes études en santé publique à Rennes. Un peu comme avec la vaccination, quand la maladie commence à ne plus se voir, il est facile d’expliquer qu’il n’y a plus lieu de s’en prémunir.» Dans le cadre du Covid-19, deux travaux de modélisation publiés dans la revue Nature ce lundi viennent nous apporter quelques éléments de réponse.


Précisément, voici donc les deux études parues dans Nature:
Une étude de l'Université de Californie Bekeley, « Emergency COVID-19 measures prevented more than 500 million infections, study finds » ou Les mesures d'urgence liées au COVID-19 ont empêché plus de 500 millions d'infections, selon une étude.
Des mesures d'urgence de santé publique conçues pour ralentir la pandémie de COVID-19 en Iran et dans cinq autres pays (dont la France -aa) ont empêché des centaines de millions d'infections et contribué à éviter une catastrophe mondiale, selon une nouvelle étude d'une équipe du Global Policy Lab de l'UC Berkeley.
Les mesures sanitaires d'urgence mises en œuvre dans six grands pays ont «considérablement et substantiellement ralenti» la propagation du nouveau coronavirus, selon les recherches d'une équipe d'UC Berkeley publiées dans la revue Nature. Les résultats viennent alors que les dirigeants du monde entier luttent pour équilibrer les coûts économiques énormes et très visibles des mesures de santé d'urgence contre leurs bénéfices pour la santé publique, qui sont difficiles à voir.

« Lockdown and school closures in Europe may have prevented 3.1m deaths » ou Le confinement et les fermetures d'écoles en Europe pourraient avoir empêché 3,1 millions de morts, source Imperial College London.
Des confinements à grande échelle et d'autres interventions non pharmaceutiques en Europe ont réussi à réduire les niveaux de transmission du SRAS-CoV-2.
Telle est la conclusion d'une étude de modélisation réalisée par des scientifiques de l'Imperial College de Londres, publiée dans Nature, qui suggère que les mesures de confinement ont été suffisantes pour contrôler la croissance de l'épidémie.
L'équipe, du MRC Center for Global Infectious Disease Analysis, du Jameel Institute (J-IDEA) et de l'Imperial's Department of Mathematics, a estimé les réductions de transmission sur la base de données combinées de 11 pays européens jusqu'au début du mois de mai 2020. Ils préviennent que les résultats offrent une vue d'ensemble de la situation actuelle qui peut ne pas tenir pleinement compte des différences d'approche.

Du 2 au 29 mars 2020, les pays européens ont commencé à mettre en œuvre d'importantes méthodes non pharmaceutiques (telles que les fermetures d'écoles et un confinement national) pour contrôler l'épidémie de COVID-19.

On lira aussi dans Contrepoints du 23 mars 2020, « Covid-19: premier bilan de la mortalité ».
L’épidémie de Covid-19 paraît se terminer après avoir connu son «pic» à la mi-avril. Dominique Andolfatto et Dominique Labbé dressent un premier bilan et, à travers celui-ci, tentent d’évaluer la gestion de cette crise par les pouvoirs publics.
Bien sûr, on pourra toujours objecter que la politique du gouvernement aura permis de limiter l’épidémie de covid-19. En effet, à compter de la mi-mars 2020, prenant appui sur la loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de covid-19 (loi du 23 mars 2020), c’est un véritable Etat d’exception sanitaire qui a été mis place. Totalement inédit, celui-ci a conduit à des mesures très contraignantes, supprimant la plupart des libertés civiles et publiques, mettant à l’arrêt des pans entiers de l’économie, obligeant à un « confinement » généralisé. Jamais, en temps de paix civile, de telles mesures n’avaient été adoptées, certains commentateurs allant jusqu’à parler de « dictature sanitaire ».
La France est-elle trop pauvre pour proposer une protection digne de ce nom à ses citoyens, mais aussi à ses agents qui œuvrent pour le bien public ? C’est la question que nous pouvons nous poser.
Le pic parisien arrive en 48e position au 14 avril (ex-aequo avec quinze autres départements : le Rhône, le Bas-Rhin, les Yvelines, le Nord, le Val d’Oise, la Somme, la Gironde, le Loiret, les Alpes Maritimes, l’Aube, le Doubs, le Maine et Loire, la Charente Maritime, les Côtes d’Armor et l’Allier). Ces pics sont intervenus près d’un mois après le début du confinement général de la population…
Au total, la diffusion du covid-19 sur le territoire français s’est faite selon le schéma et un rythme qui semble propre à ce type d’infection. Le confinement général de la population ne semble pas avoir entravé cette diffusion. Un dépistage plus systématique et la mise à l’écart des personnes à risque auraient sans doute produit de meilleurs résultats comme l’illustre l’exemple allemand (avec un taux de mortalité quatre à cinq fois inférieur à celui de la France).
En premier lieu, un bilan statistique permet de mesurer l’ampleur de l’épidémie (rapportant celle-ci à d’autres épisodes épidémiques), puis de s’intéresser à sa diffusion, à sa prévalence – son impact dans la population – et à la mortalité à l’hôpital.
En second lieu, ces différents constats conduisent à poser la question essentielle qui émerge alors : comment expliquer les différences de mortalité selon les territoires observés ? Trois analyses en lien avec l’intensité du pic épidémique, la gravité des cas et la date de ce pic apportent la réponse avant d’introduire une dimension comparée et de déboucher sur plusieurs conclusions qui questionnent les politiques publiques de santé en France.
Ce constat, rapproché des dates de pic, suggère que le confinement général de la population et le fort ralentissement de l’activité économique n’ont guère influé sur l’expansion de l’épidémie et que le virus s’est propagé selon une dynamique propre.
Enfin, le questionnement de l’action gouvernementale ne pourra pas être esquivé. En effet, en mars 2020, les autorités françaises se sont posées en « chefs de guerre » face à l’épidémie. Elles ont eu recours à un « confinement » général extrêmement dur pour tenter de ralentir la diffusion du virus dans le pays. De plus, les autorités ont mis sur la touche la médecine de ville, interdit aux médecins de prescrire certains médicaments et aux pharmaciens de les délivrer ; elles ont levé le secret médical et obligé les médecins à transmettre à l’administration le nom des patients atteints de covid-19. Elles ont édicté une réglementation « sanitaire » tatillonne. Elles ont mis l’économie quasiment à l’arrêt et obéré pour longtemps l’équilibre de l’assurance maladie et de l’assurance chômage sans parler des coups très durs portés au système scolaire.

Enfin, on lira un article de Jean-Pierre Nordmann paru dans Contrepoints du 12 mai 2020, « Les modèles du Premier ministre se révèlent… faux ! »
Le confinement tel que pratiqué en France ne permettrait pas de réduire significativement la mortalité par rapport à d’autres approches plus ciblées.
le confinement tel que pratiqué en France ne permettrait pas de réduire significativement la mortalité par rapport à d’autres approches plus ciblées. Une pré-étude sur les cas constatés de Covid, réalisée par les prestigieuses Universités de Zürich et Bâle, nous indique par exemple que la décision de lockdown, en complément d’autres actions, ne réduit que de 5% le nombre de nouveaux cas parmi les 20 pays étudiés (dont la France), un impact bien moindre que celui d’autres mesures moins contraignantes (interdiction des rassemblements, fermeture des frontières, etc).

Cet article indique que « la modélisation de l’EHESP du 22 avril 2020 peut questionner » ...

Mise à jour du 12 juin 2020. On lira Coronavirus : confinons-les… et qu’ils se taisent !, article paru le 11 juin dans Contrepoints par Jean-Pierre Nordmann.
Opinion: pourquoi certains chercheurs s’obstinent-ils à nous abreuver de modélisations théoriques fausses alors que l’épidémie serait vraiment terminée ?

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