jeudi 11 juin 2020

Effet des conditions de stockage sur la stabilité au stockage de l'eau électrolysée neutre non diluée


Effet des conditions de stockage sur la stabilité au stockage de l'eau électrolysée neutre non diluée, source Journal of Food Protection.

Résumé
L'eau électrolysée neutre (EEN) est un désinfectant oxydant qui peut être fabriqué localement sur place mais qui est souvent stocké dans un format prêt à l'emploi afin d'accumuler les volumes importants requis pour une utilisation périodique ou saisonnière.

La stabilité de conservation du désinfectant EEN a donc été évaluée dans diverses conditions de stockage pour guider l'élaboration de protocoles pour son application industrielle. À cette fin, de l'EEN fraîche avec une concentration de chlore disponible (CCD) de 480 mg/L, un pH de 6,96 et un potentiel de réduction d'oxydation (POR) de 916 mV a été stocké dans différentes conditions.

Il s'agissait de bouteilles en polypropylène ouvertes ou scellées, de trois rapports aire de la surface/volume (AS:V) différents (0,9, 1,7 et 8,7) et de deux températures (4 et 25°C). L'EEN stockée à 4°C était significativement plus stable que l'EEN stockée à 25°C, où le CCD et le pH diminuaient de 137 mg/L et 0,7, respectivement, tandis que le POR augmentait de 23 mV après 101 jours de stockage à 25°C, la CCD a diminué à <0,01 mg/L après 52 jours dans des bouteilles avec un rapport AS:V de 8,7 avec une diminution similaire après 101 jours dans des bouteilles avec un rapport AS:V de 1,7.

Cependant, le pH a diminué jusqu'à 3,7 unités de pH, mais le POR a augmenté jusqu'à 208 mV. L'efficacité antimicrobienne de l'eau électrolysée oxydante 'vieillie' avec différents CCD et POR, mais le même pH (c.-à-d. 3,4 ± 0,2) a été évaluée par rapport à Escherichia coli et Listeria innocua pour déterminer toute différence dans l'activité antimicrobienne résiduelle.

L'eau électrolysée oxydante avec une CCD ≥7 mg/L et un POR de 1 094 mV a provoqué une réduction d'au moins 4,7 log, tandis que l'eau électrolysée oxydante avec une CCD non détectable et un POR considérablement élevé (716 mV) a eu peu d'effet antimicrobien (<1 log réduction). Les résultats de cette étude indiquent que l'efficacité de l'EEN en tant que désinfectant pour les applications à grande échelle comme l'horticulture peut être maintenue pendant au moins 3 mois lorsqu'elle est stockée dans des conteneurs fermés avec un faible rapport AS:V à basses températures.

Nanomatériaux dans l’alimentation: Identification et évaluation des risques par l'Anses


Une actualisation de l'information de l'Anses du 9 juin 2020 rapporte « Nanomatériaux dans l’alimentation : les recommandations de l’Anses pour améliorer leur identification et mieux évaluer les risques sanitaires pour les consommateurs »

Depuis la fin des années 1990, un nombre accru de nanomatériaux sont intégrés, du fait de leurs propriétés spécifiques, dans la composition de produits de la vie courante et notamment de produits alimentaires. Face à la diffusion des nanomatériaux manufacturés dans notre quotidien, de nombreux questionnements relatifs à leur identification, leurs impacts sur la santé humaine et sur l’environnement, ainsi que la manière de les réglementer, ont vu le jour. L’Anses porte une attention particulière au sujet et a publié, depuis 2006, plusieurs expertises sur les nanomatériaux. Dans cette lignée, l’Agence propose aujourd’hui un état des lieux de la présence de nanomatériaux manufacturés dans l’alimentation ainsi qu’une méthode permettant de déterminer l’approche la plus adaptée pour l’évaluation des risques sanitaires des aliments contenant de tels matériaux.

Le travail d’expertise mené par l’Agence a permis de recenser les principaux usages des nanomatériaux manufacturés dans le domaine alimentaire :
  • En tant qu’additif, pour améliorer l’aspect et l’appétence du produit alimentaire (en modifiant la structure, la couleur, la texture, par ex. les additifs E 341iii – phosphates tricalciques - ou E551 – silice amorphe) ;
  • En tant que matériaux au contact des aliments, pour leurs fonctions d’améliorations de la sécurité du conditionnement (par ex. fonction anti-microbien assurée par le nano-argent) ;
  • Enfin, il a été identifié la présence d’ingrédients à vocation nutritive, pouvant se trouver à l’état nanoparticulaire (ex. du carbonate de calcium utilisé dans les laits infantiles pour atteindre une teneur suffisante en calcium).
En France, la déclaration des substances à l'état nanoparticulaire, obligatoire depuis 2013 via le registre R-Nano géré par l’Anses, prévoit que les fabricants, importateurs et distributeurs de plus de 100 grammes de substances à l'état nanoparticulaire par an fassent état de l’identité des substances, les quantités manipulées ainsi que les usages prévus. Malgré ces obligations, l’identification et la traçabilité des nanomatériaux dans le domaine de l’alimentation s’avèrent encore aujourd’hui limitées. Elles constituent pourtant une étape indispensable à l’évaluation des risques sanitaires.

37 nanomatériaux manufacturés référencés, une majorité des catégories alimentaires concernées
A partir de données publiées dans la littérature scientifique, l’Agence a référencé 37 substances, utilisées en tant qu’additifs ou ingrédients alimentaires et pour lesquelles elle considère que la présence de nanoparticules est avérée (7 substances : le carbonate de calcium, le dioxyde de titane (Pour lequel la mise sur le marché en France de denrées alimentaires contenant l’additif (E171) est suspendue pour un an à compter du 1er janvier 2020 ), des oxydes et hydroxydes de fer, le silicate de calcium, les phosphates tricalciques, les silices amorphes synthétiques, des composés organiques et composites) ou suspectée (30 substances dont : l’aluminium, l’argent, l’or, le phosphates de magnésium, le citrate d'ammonium ferrique, les sels de sodium, de potassium et de calcium d’acides gras, etc.).

Dans le cadre de cette expertise, l’Agence se base sur sa propre qualification du terme « nanomatériau manufacturé » :
  • Un nanomatériau manufacturé est un matériau de nature organique, inorganique ou composite, produit par l’Homme à des fins applicatives et composé en tout ou partie de particules constitutives présentant au moins une dimension comprise entre 1 et 100 nm (nano-échelle).
  • Les dimensions des particules constitutives peuvent être supérieures à 100 nm si ces dernières présentent une surface spécifique importante ou des propriétés propres à la nano-échelle.
  • Les particules constitutives peuvent se retrouver sous la forme d’agrégats ou d’agglomérats dont les dimensions peuvent être largement supérieures à la nano-échelle.
  • Les matériaux pour lesquels la fraction nanométrique n’aurait pas été produite intentionnellement au cours des processus de fabrication rentrent dans le cadre de cette qualification.
On lira Nanomatériaux dans les produits destinés à l’alimentation. Avis de l’Anses. Rapport d’expertise collective. Mai 2020. Edition scientifique, 238 pages.

La chaîne de production d'huile d'olive extra vierge est susceptible de fraude


« Chaîne de production d'huile d'olive extra vierge susceptible de fraude », source communiqué de l'Université de Waneningen.

Jing Yan de Wageningen University & Research a mené des recherches sur la vulnérabilité à la fraude de la chaîne de production d'huile d'olive. Elle a obtenu son doctorat le 10 juin 2020.

Dans sa thèse «Investigation sur la fraude dans la chaîne d'approvisionnement en huile d'olive extra vierge: identification des points vulnérables et développement de nouvelles méthodes de détection de la fraude», elle décrit où la fraude se cache dans la chaîne de production d'huile d'olive extra vierge et quelles méthodes peuvent être utilisées pour le démontrer.

Lire la thèse complète, ici.

L'authenticité de l'huile d'olive difficile à démontrer
L'huile d'olive extra vierge a récemment gagné en popularité en raison de sa qualité et de ses bienfaits potentiels pour la santé. C'est un produit coûteux et donc susceptible de fraude.

La fraude à l'huile d'olive se produit souvent en raison de l'ajout d'huile d'olive de qualité inférieure et d'huiles de graines moins chères, en particulier des huiles raffinées.

Les caractéristiques de l'huile d'olive extra vierge, telles que les propriétés chimiques et physiques spécifiques, sont influencées par divers facteurs, notamment le niveau de maturité, l'origine géographique, les méthodes de transformation et les conditions de stockage. De plus, les fraudeurs de l'huile d'olive sont de plus en plus malins. En conséquence, l'authenticité de l'huile d'olive extra vierge est difficile à démontrer.

La thèse de Yan montre également que le plus grand risque de fraude réside dans les détaillants et le commerce inter-entreprises. Cela est dû en partie aux options plus étendues dans le temps et le lieu de la chaîne et, d'autre part, à l'absence de mesures de contrôle adéquates.

Méthodes pour détecter la fraude
La recherche doctorale a également développé des méthodes permettant de détecter la fraude. D'une part, il s'agit de méthodes de dépistage rapide, qui utilisent de petits équipements portables, des substances volatiles et du bruit. D'un autre côté, une méthode de laboratoire a été développée qui peut détecter avec précision les fraudes de faible niveau avec l'huile raffinée et elle est basée sur les contaminants créés lors du raffinage.

La description des maillons faibles de la fraude dans la chaîne de production d'huile d'olive extra vierge et le développement de méthodes pour la détecter contribuent à réduire la fraude dans la chaîne de l'huile d'olive. Cela peut également prévenir la concurrence déloyale et garantir que les consommateurs en ont pour leur argent.

OMS: Des aliments dangereux continuent d'affecter des millions de personnes en Europe


« OMS Europe: Des aliments dangereux continuent d'affecter des millions de personnes en Europe », source article de Joe Whitworth paru le 10 juin 2020 dans Food Safety News et complété par mes soins -aa.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la région européenne ne peut pas se permettre de perdre de vue d'autres menaces pour la santé lors de l'épidémie de coronavirus.

Des responsables du Bureau régional de l’OMS pour l’Europe ont dit que des aliments dangereux affectent toujours des millions de personnes pendant la pandémie de COVID-19 et que la région doit continuer à améliorer la sécurité sanitaire des aliments.

On estime que chaque année, 23 millions de personnes tombent malades dans la région européenne de l'OMS et 4 700 décèdent après avoir consommé des aliments contaminés, selon les données publiées par l'OMS en 2015. Les aliments dangereux jouent également un rôle dans le développement socio-économique des pays car ils affectent le commerce international et les débouchés.

En 2019, l'OMS Europe a averti que ces chiffres n'étaient que la pointe de l'iceberg et que le nombre réel de cas n'était pas connu. Les statistiques se traduisent par 44 personnes tombant malades chaque minute à cause d'aliments contaminés.

Le risque ne peut être éliminé; il faut le gérer
Le Dr Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l'OMS pour l'Europe, a dit « La sécurité sanitaire des aliments est une question de santé complexe, et c’est l’affaire de tous. Les risques liés à la sécurité sanitaire des aliments ne peuvent pas être entièrement éliminés, mais doivent être gérés tout au long de la chaîne alimentaire, de la ferme à la table. La réduction des risques dans ce domaine exige une collaboration entre les secteurs et les parties prenantes, et à travers les frontières nationales. »

Cette année, la Journée mondiale de la sécurité sanitaire des aliments est célébrée en pleine pandémie de COVID-19. Si cette crise requiert à juste titre une attention de haut niveau de la part des gouvernements, des entreprises et du public, la Région européenne ne peut se permettre de perdre de vue les autres menaces sanitaires, et doit continuer à améliorer la sécurité sanitaire des aliments. Cela doit notamment impliquer :
- un leadership et un engagement de haut niveau de la part des responsables politiques ;
- une coordination entre les secteurs, les parties prenantes et les pays et l’établissement de partenariats entre ces derniers ;
- l’allocation de ressources adéquates ;
- la responsabilité de tous les acteurs concernés afin de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité sanitaire des aliments.

Selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), le nombre de signalements d'épidémies d'origine alimentaire dans le système utilisé pour détecter et évaluer les incidents multinationaux a diminué en avril, mais l'activité est revenue à la normale en mai.

L'OMS Europe travaille avec les autorités de santé et de sécurité sanitaire des aliments de la région pour mettre en œuvre le Plan stratégique pour la sécurité sanitaire des aliments, y compris les zoonoses d'origine alimentaire 2013-2022.

Les causes les plus fréquentes de maladies d'origine alimentaire sont des agents pathogènes tels que norovirus, Campylobacter et la toxoplasmose parasitaire. Salmonella non typhique cause le plus de décès. Les autres causes de décès comprennent Listeria monocytogenes et Echinococcus multilocularis.

L'EFSA sensibilise à la sécurité des aliments
Un sondage de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a révélé l'année dernière que si 2 Européens sur 5 sont intéressés par la sécurité des aliments, seulement 1 sur 5 dit que c'est leur principale préoccupation lors du choix des aliments. Les aliments dangereux contenant des bactéries, des virus, des parasites ou des substances chimiques nocifs provoquent plus de 200 cas de maladie.

« La pandémie de COVID-19 est un rappel opportun des dangers posés par les agents pathogènes et de l'importance de bonnes pratiques d'hygiène. Bien que les aliments ne soient pas une source ou un véhicule de transmission du COVID-19, l'urgence a trop douloureusement montré l'impact que ces maladies peuvent avoir sur la santé publique et le bien-être socio-économique », a dit Bernhard Url, directeur général de l'EFSA.

« Il ne fait aucun doute que la sécurité des aliments en Europe est une responsabilité partagée. La coopération permet non seulement de partager la charge de travail et les ressources nécessaires, mais fournit également le réseau pour canaliser les informations et les meilleures pratiques afin que chacun en Europe puisse bénéficier du système de l'UE. »

L'EFSA a organisé une session de questions-réponses sur Twitter cette semaine avec des réponses de Url et du secrétaire du Codex, Tom Heilandt. Des questions ont été soumises par des particuliers et des groupes tels que le BEUC (Organisation européenne des consommateurs) et FoodDrinkEurope, qui représente l'industrie européenne des produits alimentaires et des boissons.

En réponse à une question de Food Safety News sur la tendance des infections à E. coli producteurs de shigatoxines (STEC), Url a dit: « En examinant les années précédentes, les STEC ont été stables de 2016 à 2017, devenant la troisième maladie la plus signalée dans l'UE. en 2018. Nous examinerons les données de 2019 lorsqu'elles auront été collectées et nous verrons s'il y a une tendance à la hausse constante. »

Url a dit qu'il n'y avait pas de réponse simple lorsqu'on lui a demandé une augmentation du nombre de personnes malades, hospitalisées et décédées dans des épidémies d'origine alimentaire dans l'UE en 2018 par rapport à 2017.

« Il existe des fluctuations annuelles qui pourraient être influencées par de nombreux facteurs, notamment les saisons, les voyages et le climat. C’est pourquoi nous avons tendance à examiner les tendances pluriannuelles qui permettent de comparer les chiffres globaux », a-t-il déclaré.

Peut-être que la baisse des inspections joue-t-elle un rôle ? -aa

Un porte-parole de l'EFSA a dit que la crise du COVID-19 a souligné le rôle crucial de la préparation, de la surveillance et de la collaboration interdisciplinaire aux niveaux national, régional et international ainsi que de l'hygiène alimentaire de la ferme à l'assiette.

« En consultation avec la Commission européenne et l'ECDC, l'EFSA a accordé un mois supplémentaire aux États membres pour respecter leur délai légal de déclaration », a dit le porte-parole. « Il reste à voir l'impact de la réaffectation des ressources du COVID-19 par les États membres sur la qualité des données, le cas échéant. Cela sera vérifié lorsque nous analyserons les données. »

mercredi 10 juin 2020

COVID-19 et confinement en France: qu'est-ce que cela a apporté ?


Le titre de l'article du Figaro du 10 juin 2020 doit être pris avec précaution, « Le confinement aurait permis d’éviter 690.000 morts en France. Deux études évaluent les effets des mesures de distanciation sociale prises dans différents pays. »

D'une façon générale, il faut se méfier des titres et lire plutôt le contenu et constater que cela n'a rien avoir avec le titre souvent accrocheur ...
Fallait-il ou non confiner? Maintenant que l’épidémie marque le pas, cette question surgit inévitablement. «C’est le propre des politiques de prévention, explique Pascal Crépey, chercheur en épidémiologie et biostatistiques à l’École des hautes études en santé publique à Rennes. Un peu comme avec la vaccination, quand la maladie commence à ne plus se voir, il est facile d’expliquer qu’il n’y a plus lieu de s’en prémunir.» Dans le cadre du Covid-19, deux travaux de modélisation publiés dans la revue Nature ce lundi viennent nous apporter quelques éléments de réponse.


Précisément, voici donc les deux études parues dans Nature:
Une étude de l'Université de Californie Bekeley, « Emergency COVID-19 measures prevented more than 500 million infections, study finds » ou Les mesures d'urgence liées au COVID-19 ont empêché plus de 500 millions d'infections, selon une étude.
Des mesures d'urgence de santé publique conçues pour ralentir la pandémie de COVID-19 en Iran et dans cinq autres pays (dont la France -aa) ont empêché des centaines de millions d'infections et contribué à éviter une catastrophe mondiale, selon une nouvelle étude d'une équipe du Global Policy Lab de l'UC Berkeley.
Les mesures sanitaires d'urgence mises en œuvre dans six grands pays ont «considérablement et substantiellement ralenti» la propagation du nouveau coronavirus, selon les recherches d'une équipe d'UC Berkeley publiées dans la revue Nature. Les résultats viennent alors que les dirigeants du monde entier luttent pour équilibrer les coûts économiques énormes et très visibles des mesures de santé d'urgence contre leurs bénéfices pour la santé publique, qui sont difficiles à voir.

« Lockdown and school closures in Europe may have prevented 3.1m deaths » ou Le confinement et les fermetures d'écoles en Europe pourraient avoir empêché 3,1 millions de morts, source Imperial College London.
Des confinements à grande échelle et d'autres interventions non pharmaceutiques en Europe ont réussi à réduire les niveaux de transmission du SRAS-CoV-2.
Telle est la conclusion d'une étude de modélisation réalisée par des scientifiques de l'Imperial College de Londres, publiée dans Nature, qui suggère que les mesures de confinement ont été suffisantes pour contrôler la croissance de l'épidémie.
L'équipe, du MRC Center for Global Infectious Disease Analysis, du Jameel Institute (J-IDEA) et de l'Imperial's Department of Mathematics, a estimé les réductions de transmission sur la base de données combinées de 11 pays européens jusqu'au début du mois de mai 2020. Ils préviennent que les résultats offrent une vue d'ensemble de la situation actuelle qui peut ne pas tenir pleinement compte des différences d'approche.

Du 2 au 29 mars 2020, les pays européens ont commencé à mettre en œuvre d'importantes méthodes non pharmaceutiques (telles que les fermetures d'écoles et un confinement national) pour contrôler l'épidémie de COVID-19.

On lira aussi dans Contrepoints du 23 mars 2020, « Covid-19: premier bilan de la mortalité ».
L’épidémie de Covid-19 paraît se terminer après avoir connu son «pic» à la mi-avril. Dominique Andolfatto et Dominique Labbé dressent un premier bilan et, à travers celui-ci, tentent d’évaluer la gestion de cette crise par les pouvoirs publics.
Bien sûr, on pourra toujours objecter que la politique du gouvernement aura permis de limiter l’épidémie de covid-19. En effet, à compter de la mi-mars 2020, prenant appui sur la loi d’urgence pour faire face à l’épidémie de covid-19 (loi du 23 mars 2020), c’est un véritable Etat d’exception sanitaire qui a été mis place. Totalement inédit, celui-ci a conduit à des mesures très contraignantes, supprimant la plupart des libertés civiles et publiques, mettant à l’arrêt des pans entiers de l’économie, obligeant à un « confinement » généralisé. Jamais, en temps de paix civile, de telles mesures n’avaient été adoptées, certains commentateurs allant jusqu’à parler de « dictature sanitaire ».
La France est-elle trop pauvre pour proposer une protection digne de ce nom à ses citoyens, mais aussi à ses agents qui œuvrent pour le bien public ? C’est la question que nous pouvons nous poser.
Le pic parisien arrive en 48e position au 14 avril (ex-aequo avec quinze autres départements : le Rhône, le Bas-Rhin, les Yvelines, le Nord, le Val d’Oise, la Somme, la Gironde, le Loiret, les Alpes Maritimes, l’Aube, le Doubs, le Maine et Loire, la Charente Maritime, les Côtes d’Armor et l’Allier). Ces pics sont intervenus près d’un mois après le début du confinement général de la population…
Au total, la diffusion du covid-19 sur le territoire français s’est faite selon le schéma et un rythme qui semble propre à ce type d’infection. Le confinement général de la population ne semble pas avoir entravé cette diffusion. Un dépistage plus systématique et la mise à l’écart des personnes à risque auraient sans doute produit de meilleurs résultats comme l’illustre l’exemple allemand (avec un taux de mortalité quatre à cinq fois inférieur à celui de la France).
En premier lieu, un bilan statistique permet de mesurer l’ampleur de l’épidémie (rapportant celle-ci à d’autres épisodes épidémiques), puis de s’intéresser à sa diffusion, à sa prévalence – son impact dans la population – et à la mortalité à l’hôpital.
En second lieu, ces différents constats conduisent à poser la question essentielle qui émerge alors : comment expliquer les différences de mortalité selon les territoires observés ? Trois analyses en lien avec l’intensité du pic épidémique, la gravité des cas et la date de ce pic apportent la réponse avant d’introduire une dimension comparée et de déboucher sur plusieurs conclusions qui questionnent les politiques publiques de santé en France.
Ce constat, rapproché des dates de pic, suggère que le confinement général de la population et le fort ralentissement de l’activité économique n’ont guère influé sur l’expansion de l’épidémie et que le virus s’est propagé selon une dynamique propre.
Enfin, le questionnement de l’action gouvernementale ne pourra pas être esquivé. En effet, en mars 2020, les autorités françaises se sont posées en « chefs de guerre » face à l’épidémie. Elles ont eu recours à un « confinement » général extrêmement dur pour tenter de ralentir la diffusion du virus dans le pays. De plus, les autorités ont mis sur la touche la médecine de ville, interdit aux médecins de prescrire certains médicaments et aux pharmaciens de les délivrer ; elles ont levé le secret médical et obligé les médecins à transmettre à l’administration le nom des patients atteints de covid-19. Elles ont édicté une réglementation « sanitaire » tatillonne. Elles ont mis l’économie quasiment à l’arrêt et obéré pour longtemps l’équilibre de l’assurance maladie et de l’assurance chômage sans parler des coups très durs portés au système scolaire.

Enfin, on lira un article de Jean-Pierre Nordmann paru dans Contrepoints du 12 mai 2020, « Les modèles du Premier ministre se révèlent… faux ! »
Le confinement tel que pratiqué en France ne permettrait pas de réduire significativement la mortalité par rapport à d’autres approches plus ciblées.
le confinement tel que pratiqué en France ne permettrait pas de réduire significativement la mortalité par rapport à d’autres approches plus ciblées. Une pré-étude sur les cas constatés de Covid, réalisée par les prestigieuses Universités de Zürich et Bâle, nous indique par exemple que la décision de lockdown, en complément d’autres actions, ne réduit que de 5% le nombre de nouveaux cas parmi les 20 pays étudiés (dont la France), un impact bien moindre que celui d’autres mesures moins contraignantes (interdiction des rassemblements, fermeture des frontières, etc).

Cet article indique que « la modélisation de l’EHESP du 22 avril 2020 peut questionner » ...

Mise à jour du 12 juin 2020. On lira Coronavirus : confinons-les… et qu’ils se taisent !, article paru le 11 juin dans Contrepoints par Jean-Pierre Nordmann.
Opinion: pourquoi certains chercheurs s’obstinent-ils à nous abreuver de modélisations théoriques fausses alors que l’épidémie serait vraiment terminée ?

EFSA: « La sécurité sanitaire des aliments, c'est l’affaire de tous, aujourd’hui comme demain » – Édition 2020 de la Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments


«Garantir la sécurité des aliments est la mission quotidienne de l’EFSA mais il incombe à chacun de nous de s’y intéresser, aujourd’hui et à l’avenir si nous voulons limiter l’impact du changement climatique et bâtir des systèmes alimentaires mondiaux durables au profit des consommateurs, des producteurs et de nos ressources naturelles.» – Bernhard Url, directeur exécutif de l’EFSA.

La sécurité des aliments représente une responsabilité commune. Le 7 juin 2020, l’EFSA célèbre la deuxième Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments, aux côtés de ses partenaires nationaux, européens et internationaux, notamment les parrains de l’événement au sein des Nations unies : le Codex Alimentarius, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ainsi que l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Nous joignons nos efforts pour sensibiliser à cette problématique cruciale et inspirer des actions contribuant à prévenir, déceler et gérer les risques d’origine alimentaire, et participer ainsi à la sécurité de l’approvisionnement alimentaire, à la santé humaine, à la prospérité économique, à l’agriculture, à l’accès au marché, au tourisme et au développement durable.

La sécurité sanitaire des aliments est souvent considérée comme un fait acquis. Si deux Européen·nes sur cinq déclarent se préoccuper de la sécurité de ce qu’elles·ils mangent, seule une personne sur cinq en fait son critère principal pour sélectionner ses aliments. Sauf dans des cas extrêmes, comme lors d’une intoxication alimentaire par exemple, la sécurité des aliments passe souvent inaperçue. Des denrées alimentaires dangereuses contenant des bactéries, des virus, des parasites ou des substances chimiques nocives sont à l’origine de plus de 200 maladies, pouvant aller d’une simple diarrhée à un cancer.

Le directeur exécutif de l’EFSA, Bernhard Url, déclare : « Dans le cadre de la Journée mondiale de la sécurité sanitaire des aliments 2020, nous voulons mettre en avant trois piliers importants du système de sécurité des aliments au sein de l’Union européenne, à savoir « Une seule santé » des systèmes alimentaires durables et une responsabilité partagée au regard de la sécurité des aliments. ».

« Il s’agit là de fondements majeurs du système de sécurité des aliments au sein de l’Union européenne, dans le cadre duquel les organisations européennes et nationales, ainsi que nos nombreuses parties prenantes, contribuent à positionner les normes européennes de sécurité des aliments, de santé et de bien-être des animaux ainsi que de protection de l’environnement parmi les normes les plus strictes au monde ».

Faits en bref* :
Saviez-vous que l’hygiène alimentaire (68 %) et la santé animale (65 %) font partie des thèmes de sécurité des aliments les plus connus des citoyens de l’UE ?
trois des préoccupations les plus courantes en matière de sécurité des aliments chez les Européen·sont l’usage abusif de produits pharmaceutiques chez les animaux d’élevage (44 %), les résidus de pesticides dans les aliments (39 %) et les polluants de l’environnement (37 %).
Les Européens placent en premier lieu leur confiance dans les informations sur les risques alimentaires fournies par les scientifiques (82 %) et les organisations de consommateurs (79 %), suivies des agriculteurs (69 %), des autorités nationales (60 %), des institutions de l’UE (58 %) et enfin des ONG (56 %).

Danemark: une épidémie à Campylobacter liée à du lait a rendu malades plus de 100 personnes.



Voici un article de Joe Whitworth paru le 10 juin 2020 dans Food Safety News qui traite d'une épidémie à Campylobacter liée à du lait qui a rendu malades plus de 100 personnes.

Plus de 100 personnes sont tombées malades dans une épidémie à Campylobacter au Danemark liée à une laiterie locale.

L'administration vétérinaire et alimentaire danoise (Fødevarestyrelsen), le DTU Food Institute et le Statens Serum Institut (SSI) ont investigué sur les cas de maladie qui ont commencé à Bornholm fin mai.

Les entretiens avec des patients indiquent que le lait de Bornholms Andelsmejeri (Bornholm Dairy) est la source de l'infection, mais les analyses des produits ont été négatifs pour Campylobacter. Bornholm Dairy est une coopérative appartenant aux producteurs de lait de Bornholm.

Du 28 mai au 5 juin, 107 personnes vivant à Bornholm ou ayant récemment visité l'île ont été testées positives pour Campylobacter. L'alarme a été déclenchée pour la première fois par l'hôpital de Bornholms et au moins 10 personnes ont dû être hospitalisées après la Pentecôte.

Le SSI a contacté les patients et leur a demandé ce qu'ils mangeaient et buvaient avant de tomber malade. L'agence a également interviewé un groupe témoin de citoyens en bonne santé. Les réponses sur ce que 34 patients ont mangé et bu ont été comparées aux réponses de 68 personnes en bonne santé vivant à Bornholm.

L'épidémie a culminé fin mai. Les autorités estiment qu'il s'agit d'un incident isolé et qu'il n'y a toujours aucun produit sur le marché qui pourrait rendre les gens malades.

Campylobacter est la principale cause d'infection gastro-intestinale au Danemark. En 2019, plus de 5 300 cas ont été enregistrés, ce qui est le nombre le plus élevé jamais enregistré.

Analyses du produit négatives
La Danish Veterinary and Food Administration (DVFA) a prélevé des échantillons de lait mais aucune trace de Campylobacter n'a été retrouvée.

« Il n'a pas été possible de trouver Campylobacter dans le lait, nous n'avons donc pas la preuve physique. Nous avons prélevé des échantillons sur quatre jours de production, chaque jour, quand ils font une production, ils en sortent des échantillons de référence et les mettent au réfrigérateur et les stockent pendant quelques jours », a déclaré un porte-parole de la DVFA.

« Donc, lorsque nous avons entendu parler du problème, nous avons testé les échantillons de référence et il n'y avait aucun Campylobacter. C'est peut-être parce que c'est une faible concentration. Une autre possibilité est un problème de production qui a déjà eu lieu. Au cours des prochaines semaines, d'autres canaux seront examinés, il pourrait s'agir de l'eau ou des animaux producteurs de lait. »

Le porte-parole a déclaré que seul le lait et non le fromage a été affecté mais a refusé de répondre à une question sur la distribution de lait potentiellement contaminé.

La laiterie a cessé de produire pour faire une revue technique des équipements de production et de nettoyage, selon la DVFA.

Un communiqué de la société a dit qu'aucun Campylobacter n'avait été retrouvé dans les produits laitiers, que l'usine était propre et exempte de défauts et que toutes les procédures légales avaient été suivies. Elle a ajouté qu'il n'y avait aucune possibilité que le lait pasteurisé puisse être mélangé avec le lait non pasteurisé.

Tous les produits de consommation analysés à partir du 26 mai n'ont révélé aucune présence de Campylobacter et ni dans le site par des ingénieurs de services externes autorisés et la DVFA n'a trouvé aucun problème.

Les personnes infectées par Campylobacter souffrent généralement de diarrhée, de fièvre et de crampes d'estomac. Ils peuvent également avoir des nausées et des vomissements. Ces symptômes commencent généralement deux à cinq jours après l'ingestion de Campylobacter et durent environ une semaine.

Rappel de désinfectant pour les mains conditionné dans une bouteille de gin, ça se passe en Australie ...


Il n'y a pas que chez nous qu'il y a des rappels de produits de désinfection pour les mains,  voir ici et ici, mais en Australie, c'est un peu plus particulier … jugez plutôt …

Un rappel urgent de produit a été émis pour une bouteille de gin fabriqué dans l'Etat de Victoria, mais qui serait en fait un désinfectant pour les mains.

Apollo Bay Distillery a rappelé la bouteille de SS Casino Gin après un incident d'étiquetage, après sa mise en vente au Great Ocean Road Brewhouse sur la côte de l'État entre 17h00 vendredi dernier et 19h30 dimanche.

Selon l'avis de rappel, les bouteilles contiennent 1,45% de glycérol, 0,125% de peroxyde d'hydrogène, qui sont couramment utilisés comme produits de nettoyage et dans les désinfectants pour les mains.

« Les produits contenant du glycérol et du peroxyde d'hydrogène peuvent provoquer des maladies/blessures s'ils sont consommés. »

Les acheteurs ont été avertis de ne pas boire le gin car la consommation pourrait entraîner de graves effets secondaires, notamment des nausées, des maux de tête, des étourdissements, des ballonnements, des vomissements, la soif et la diarrhée.
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mardi 9 juin 2020

Les virus d'origine alimentaire vus par le BfR


L'Anses a mis en évidence Salmonella dans le cadre de deuxième journée mondiale de la sécurité sanitaire des aliments. Le blog en a parlé ici et ici.

Le BfR, quant à lui, a souhaité mettre l'accent sur différents virus avec ce communiqué, « Gardez la diarrhée et la jaunisse à distance »; source BfR 20/2020 du 5 juin 2020.

Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments : comment se protéger des virus.

En ce qui concerne les «virus», la plupart des personnes pensent à «coronavirus» de nos jours. Mais la transmission de ce nouveau coronavirus dans les aliments est peu probable et n'a pas été prouvée. Dans les aliments, cependant, d'autres virus sont à craindre comme cause de maladie. Il y a quatre principaux coupables: les norovirus et les rotavirus et les agents pathogènes responsables des hépatites A et E. À l'occasion de la «Journée mondiale de la sécurité sanitaire des aliments» le 7 juin 2020, l'Institut fédéral allemand pour l'évaluation des risques (BfR) souligne comment les consommateurs peuvent se protéger contre ces agents pathogènes. «Si vous suivez des règles simples d'hygiène en cuisine, vous pouvez réduire considérablement le risque d'infection», explique le président du BfR, le professeur Andreas Hensel.

Les «profils» des quatre virus les plus courants dans les aliments sont présentés ici:
Norovirus: Ils déclenchent des maladies gastro-intestinales chez l'homme, qui peuvent être associées à des diarrhées et des vomissements. En plus des infections humaines directes ou des surfaces contaminées, l'agent pathogène est souvent transmis à d'autres personnes par le biais d'aliments crus tels que la laitue, les fruits et les fruits de mer. Les baies congelées peuvent également contenir des norovirus viables, car ils ne sont pas affectés par le froid. Le nombre total de cas enregistrés en Allemagne à l'Institut Robert Koch (RKI) en 2019 (y compris la transmission alimentaire) est de 78 679.

Rotavirus: Les rotavirus provoquent également des maladies gastro-intestinales chez l'homme, qui entraînent des diarrhées, des vomissements et des douleurs abdominales. Les petits enfants sont particulièrement à risque. Dans de rares cas, le virus peut également être transmis à d'autres personnes via les aliments. Le nombre total de cas enregistrés au RKI en 2019: 36 876.

Virus de l'hépatite A: Le virus peut provoquer une inflammation aiguë du foie (jaunisse infectieuse) chez l'homme. L'infection survient le plus souvent via la consommation d'aliments contaminés ou d'eau potable lors de voyages à l'étranger, mais dans certains cas également via des aliments importés. Le nombre total de cas enregistrés au RKI en 2019: 873.

Virus de l'hépatite E: La maladie est similaire à l'inflammation du foie causée par le virus de l'hépatite A. L'agent pathogène est souvent transmis par des aliments insuffisamment chauffés provenant de porcs domestiques et de sangliers. Les animaux peuvent être infectés sans montrer de signes de maladie. Dans ce cas, le virus se trouve généralement déjà dans l'aliment et non sur celle-ci. Le nombre total de cas enregistrés au RKI en 2019: 3 725.

La plupart des agents pathogènes alimentaires sont sensibles à la chaleur. Par conséquent, les aliments doivent être chauffés à 70°C ou plus pendant au moins deux minutes. Il est également conseillé de chauffer suffisamment les baies congelées avant consommation. Les aliments consommés crus, comme la salade et les fruits, doivent être soigneusement lavés. Évitez tout contact entre les aliments crus et prêts à consommer (par exemple entre la viande crue et la laitue) car les agents pathogènes peuvent être transférés aux aliments prêts à consommer (contamination croisée).

Un nouveau Laboratoire national de référence pour les virus d'origine alimentaire a été mis en place au BfR fin 2019. Il mène des recherches sur ce groupe d'agents pathogènes et sur leur détection (souvent difficile) dans les aliments et conseille les autorités de contrôle des aliments du gouvernement fédéral allemand («Länder»).

COVID-19: Le rôle clé du masque mis en évidence dans une récente méta-analyse


Selon un article parue dans la revue The Lancet, la distance physique, le port du masque et la protection oculaire sont des éléments clés pour la prévention du COVID-19.

Le choix de divers mécanismes de protection respiratoire, y compris les masques et les masques respiratoires, a été un problème épineux, dans la pandémie H1N1 de 2009 à l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest en 2014, jusqu'à la pandémie actuelle du COVID-19.

Les directives COVID-19 publiées par l'OMS, les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis et d'autres agences ont été cohérentes quant à la nécessité d'une distance physique de 1 à 2 m, mais contradictoires sur la question de la protection respiratoire avec un masque facial ou un masque respiratoire.

Cet écart reflète des preuves incertaines et aucun consensus sur le mode de transmission du coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère 2 (SRAS-CoV-2). Pour la protection des yeux, les données sont encore moins certaines. D'où conséquent, un examen systématique et une méta-analyse par Derek Chu et ses collègues publiée dans The Lancet est une étape importante dans notre compréhension de l'utilisation des équipements de protection individuelle (EPI) et de la distance physique pour le COVID-19.

Aucun essai contrôlé randomisé n'était disponible pour l'analyse, mais Chu et ses collègues ont systématiquement examiné 172 études observationnelles et synthétisé rigoureusement les preuves disponibles de 44 études comparatives sur le SRAS, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), COVID-19 et les bêtacoronavirus qui causent ces maladies.

Les résultats ont montré une réduction du risque de 82% avec une distance physique de 1 m dans les établissements de santé et les milieux communautaires. Chaque 1 m supplémentaire de séparation a plus que doublé la protection relative, avec des données disponibles jusqu'à 3 m. Ces preuves sont importantes pour étayer les directives communautaires sur la distance physique et montrent que la réduction des risques est réalisable par la distance physique. De plus, cette découverte peut éclairer la levée des restrictions sociétales et des moyens de rassemblement plus sûrs dans la communauté.

La règle de la distance de 1 à 2 m dans la plupart des directives hospitalières est basée sur des résultats obsolètes des années 40, avec des études de 2020 montrant que de grosses gouttelettes peuvent voyager jusqu'à 8 m.

La séparation des gouttelettes et de la transmission aéroportée est probablement quelque peu artificielle, les deux voies faisant probablement partie d'un continuum pour les infections respiratoires transmissibles.

La protection contre les infections présumées par gouttelettes par l'utilisation de respirateurs, mais pas de masques, prend en charge un continuum plutôt que des états discrets de gouttelettes ou de transmission aéroportée. Des études expérimentales et hospitalières ont montré des signes de transmission par aérosol du SRAS-CoV-2.

Une étude a trouvé un virus viable dans l'air 16 h après aérosolisation et a montré une plus grande propension aéroportée au SARS-CoV-2 par rapport au SARS-CoV et au MERS-CoV.

Chu et ses collègues ont rapporté que les masques et les masques respiratoires réduisaient le risque d'infection de 85%, avec une plus grande efficacité dans les milieux de santé que dans la communauté. Ils attribuent cette différence à l'utilisation prédominante de masques N95 (FFP2) dans les établissements de santé que dans la communauté; dans une sous-analyse, les masques respiratoires étaient efficaces à 96% par rapport aux autres masques, qui étaient efficaces à 67%. L'autre constatation importante pour le personnel de santé par Chu et ses collègues est que la protection oculaire a entraîné une réduction de 78% de l'infection; une infection par voie oculaire peut survenir par transmission par un aérosol ou auto-inoculation.

Pour les personnels de santé dans les locaux COVID-19, un masque respiratoire devrait être la norme minimale de soins. Cette étude réalisée par Chu et ses collègues devrait inciter à revoir toutes les lignes directrices recommandant un masque médical pour les agents de santé s'occupant de patients COVID-19. Bien que les masques médicaux protègent, la santé et la sécurité au travail des agents de santé devraient être la priorité absolue et le principe de précaution devrait être appliqué. Les infections évitables chez les personnels de santé peuvent entraîner non seulement des décès, mais aussi la mise en quarantaine de nombreux personnels de santé et des éclosions nosocomiales. Dans les établissements du National Health Service au Royaume-Uni, jusqu'à un personnel de santé sur cinq a été infecté par le COVID-19, ce qui est un risque inacceptable pour les personnels de première ligne. Pour répondre aux pénuries mondiales d'EPI, les pays devraient assumer la responsabilité de l'augmentation de la production plutôt que de s'attendre à ce que les personnels de santé travaillent dans des EPI sous-optimaux.

Chu et ses collègues signalent également que les masques respiratoires et les masques multicouches sont plus protecteurs que les masques monocouches. Cette découverte est vitale pour informer sur la prolifération des modèles de masques en tissu faits maison, dont beaucoup sont à une seule couche. Un masque en tissu bien conçu doit avoir un tissu résistant à l'eau, plusieurs couches et un bon ajustement facial.

Cette étude prend en charge l'utilisation universelle des masques, car les masques étaient tout aussi efficaces dans les établissements de santé que dans les milieux communautaires lorsqu'ils étaient ajustés pour le type d'utilisation du masque.

Une preuve croissante pour la transmission présymptomatique et asymptomatique de SARS-CoV-2 prend également en charge l'utilisation universelle du masque et la distanciation. Dans les régions à forte incidence de COVID-19, l'utilisation d'un masque universel combinée à une distance physique pourrait réduire le taux d'infection (aplatir la courbe), même avec des masques légèrement efficaces.

L'utilisation d'un masque universel pourrait permettre de lever en toute sécurité les restrictions dans les communautés cherchant à reprendre leurs activités normales et pourrait protéger les personnes dans des lieux publics surpeuplés et au sein des ménages. Les masques portés dans les ménages de Pékin, en Chine, ont empêché la transmission secondaire du SRAS-CoV-2 s'ils étaient portés avant l'apparition des symptômes du cas index.

Enfin, Chu et ses collègues réitèrent qu'aucune intervention n'est totalement protectrice et que des combinaisons de distanciation physique, d'utilisation de masques faciaux et d'autres interventions sont nécessaires pour atténuer la pandémie de COVID-19 jusqu'à ce que nous ayons un vaccin efficace. Jusqu'à ce que des données d'essais contrôlés randomisés soient disponibles, cette étude fournit les meilleures preuves spécifiques pour la prévention du COVID-19.